• Petite Poucette : la douteuse fable de Michel Serres (Revue Skhole.fr)
    http://skhole.fr/petite-poucette-la-douteuse-fable-de-michel-serres

    Nous nous contenterons dans cet article de discuter le livre de M. Serres sur deux points distincts mais pour partie reliés. D’une part sur sa conception de la technique et de l’histoire humaine comme « extériorisation », qui nous paraît globalement juste mais incomplète et quelque peu schématique ; ces insuffisances théoriques se traduisant en particulier, dans l’ouvrage, par un profond aveuglement politique, qui confine au déni, à l’égard des conditions socio-économiques en général, et surtout de celles dans lesquelles se développent de fait aujourd’hui les technologies numériques. D’autre part, c’est la partie du livre consacrée à l’école et à l’éducation qui fera l’objet d’un examen critique approfondi, dans la mesure où les enjeux éducatifs et scolaires y sont réduits par Serres à la seule question de l’accès au(x) savoir(s) voire à l’information. Ces insuffisances ont selon nous pour effet d’appauvrir dramatiquement ce que pourrait être une pensée philosophique, digne de ce nom, de l’éducation à l’ère du numérique. Pour le dire brutalement et d’un mot, passé l’effet de séduction immédiate, l’opuscule de M. Serres ne nous paraît vraiment pas à la hauteur des enjeux ni même de certaines de ses propres intuitions. De ce point de vue, il se révèle au mieux d’un faible intérêt, au pire dangereusement ambivalent.

    #éducation #TICE #PetitePoucette #NTIC #apprentissage

  • Pas d’ordi à l’école pour les enfants des cadres de Google ou d’eBay
    http://www.vousnousils.fr/2012/02/28/pas-dordi-a-lecole-pour-les-enfants-des-cadres-de-google-ou-debay-522349

    Les employés de socié­tés high-tech de la Silicon Valley dépensent une for­tune pour envoyer leurs enfants dans une école Waldorf dépour­vue d’ordinateurs.

    […] La péda­go­gie de cet établis­se­ment repose avant tout sur l’éducation phy­sique et le tra­vail manuel. Il n’y a pas d’écran en classe : seule­ment du papier, des sty­los, des aiguilles à tri­co­ter, par­fois de la terre glaise. De bons vieux tableaux noirs, des pupitres en bois et des ency­clo­pé­dies sur des étagères contri­buent à l’ambiance rétro.
    Les par­ti­sans de la péda­go­gie Waldorf estiment que les ordi­na­teurs inhibent la créa­ti­vité, le mou­ve­ment, les inter­ac­tions sociales et la capa­cité d’attention. Les trois quarts des parents d’élèves tra­vaillent dans des firmes high-tech et sont sur­con­nec­tés, mais ils n’y voient pas de contra­dic­tion avec ce choix d’éducation pour leurs enfants.

    #éducation #TICE #NTIC

  • L’apprentissage du vocabulaire retardé par les tablettes (Pourquoi Docteur ?)
    http://pourquoi-docteur.nouvelobs.com/L-apprentissage-du-vocabulaire-retarde-par-les-tablettes

    Selon une étude anglaise, le vocabulaire s’acquiert par la conversation. Les enfants qui passent trop de temps devant les écrans auront plus de difficultés dans l’apprentissage des mots.
    […]
    « […] Cette recherche que nous avons mené renforce donc la nécessité de maintenir la tradition orale en parlant le plus possible à nos enfants ».

    #éducation #écrans #vocabulaire #enfants #NTIC #TICE

  • There Are No Technology Shortcuts to Good Education « Educational Technology Debate
    https://edutechdebate.org/ict-in-schools/there-are-no-technology-shortcuts-to-good-education

    All of the evidence stands on its own, but I will tie them together with a single theory that explains why technology is unable to substitute for good teaching: Quality primary and secondary education is a multi-year commitment whose single bottleneck is the sustained motivation of the student to climb an intellectual Everest. Though children are naturally curious, they nevertheless require ongoing guidance and encouragement to persevere in the ascent. Caring supervision from human teachers, parents, and mentors is the only known way of generating motivation for the hours of a school day, to say nothing of eight to twelve school years.

    And, as for technology’s capacity to even the playing field of education, he says, “the introduction of information and communication technologies in [...] schools serves to amplify existing forms of inequality.” This is a specific instance of a broader thesis I argued recently, of technology’s role as an amplifier of existing institutional forces.

    Pro-Technology Rhetoric 9: Technology is transformative, revolutionary, and otherwise stupendous! Therefore, it must be good for education.

    Reality: This myth is pervasive because it is so easy to believe and because we want to believe it so badly. After all, with computers, we can publish our own newsletters, buy gifts in our pajamas, and find the best Italian restaurant in town. And, it would be nice if all we had to do was to sit every child in front of a computer for 6 hours a day to turn them into educated, upright citizens.

    But, why do we believe this? It makes no sense. We don’t expect that playing football video games makes a child a great athlete. We don’t believe that watching YouTube will turn our kids into Steven Spielbergs. We don’t think that socializing on Facebook will turn people into electable government officials. And, if none of those things work, then why do we expect it of writing, history, science, or mathematics?

  • Petite Poucette : la douteuse fable de Michel Serres | Revue Skhole.fr
    http://skhole.fr/petite-poucette-la-douteuse-fable-de-michel-serres

    C’est bien une sorte de conte, une histoire fabuleuse, comme le suggère le titre du livre, que Michel Serres nous propose, et c’est ce qui rend tout d’abord ce petit livre sympathique et enthousiasmant, et explique sans doute son succès : on aimerait y croire, alors que tant d’autres essais et débats ne cessent de nous annoncer au contraire le déclin, la catastrophe, la crise, etc. Mais cet ouvrage relève aussi, nous semble-t-il, d’un dangereux fantasme, dangereux en ce qu’il fait systématiquement l’impasse sur tous les aspects négatifs ou ambivalents des évolutions en question, produisant ainsi une sorte d’illusion idéologique conduisant à justifier l’état des choses en toute bonne conscience.

    Mais d’autre part, les enjeux de l’éducation et de l’apprentissage, en particulier scolaires, ne peuvent être résumés à la seule « transmission du savoir », même bien comprise. « Apprendre », pour un enfant, ce n’est pas seulement acquérir des connaissances - apprendre que – mais aussi, indissociablement et souvent d’abord, développer des capacités et des savoirs-faire déterminés – apprendre à – et même adopter des lignes de conduites, acquérir certaines dispositions générales, intellectuelles et pratiques, changer de perspective, bref grandir en s’éduquant.

    Et c’est pourquoi la perspective « illitchienne » de M. Serres d’une société où règneraient les processus d’« auto-éducation » et d’ « inter-éducation » entre pairs, et où auraient disparu maîtres, disciplines et écoles - voire éducateurs et parents[29] - ne saurait être autre chose qu’une abstraite utopie. Car s’il y a des maîtres - ainsi que des parents - ce n’est pas parce que ceux-ci seraient essentiellement des autorités cherchant à maintenir leur pouvoir sur les jeunes générations, à perpétuer un monde ancien (le leur) en empêchant que la nouveauté advienne[30], et dont on pourrait désormais faire l’économie en s’en libérant enfin : c’est parce que dans toute société humaine, il y a des générations d’âge différents qui cohabitent, entre lesquelles il est nécessaire et utile d’assurer des passages, une continuité dynamique qui n’est pas obstacle mais condition du développement à venir.

    Mais tout occupé à célébrer ainsi l’agonie des sociétés disciplinaires, Serres feint d’ignorer ce qui se dessine pour leur succéder, et que Gilles Deleuze ou Antonio Negri ont pourtant commencé à penser, dès les années 90, sous le nom de « sociétés de contrôle » : un nouveau régime de domination ayant substitué à la logique visible et centralisée de l’enfermement disciplinaire, celle du contrôle instantané et continu, disséminé et réticulaire, d’une multitude d’individus atomisés, tel qu’il est rendu possible et particulièrement efficient par le développement de l’informatique en réseau dans toutes les sphères de l’existence

    • Je vais vous étonner mais je suis assez d’accord avec la critique de Julien Gautier... et avec le bouquin de Serres. Pour moi, Gautier, qui prétend démolir l’opuscule de Serres, le complète utilement. Le livre de Serres est court, très court. On ne peut pas exiger de son auteur qu’il couvre tous les cas et toutes les nuances. Aujourd’hui, dans la sphère médiatique (les autorités, ceux que Serres appelle les semi-conducteurs car leur discours ne va que dans un seul sens, celui du danger de l’Internet, de l’informatique, des nouvelles technologies, qu’il faudrait absolument civiliser). Il est donc tout à fait justifié de frapper fort en sens inverse, comme le fait Serres. Son livre est un manifeste. Reproche t-on à Marx que son Manifeste du Parti Communiste était tellement court et virant souvent au schématique et au caricatural ? Le but d’un manifeste est de réveiller. Serres proclame que les technologies de l’information et de la communication ne sont pas forcément négatives et que les inquiétudes des semi-conducteurs sont avant tout dues à leurs peurs d’être dépossédés de leur pouvoir (un aspect très concret des « conditions concrètes dominantes dans lesquelles se développent aujourd’hui les technologies numériques » dont Gautier oublie complètement de parler).

      Alors, bien sûr, c’est plus compliqué que cela, Serres est trop unilatéral, etc. C’est pour cela que j’apprécie qu’on complète et nuance sa pensée. Mais Serres a raison sur le point principal : les vieilles institutions craquent de partout et nous avons une occasion de les changer.

      Enfin, sur l’éducation, Gautier est aussi caricatural que Serres. Serres laisse en effet entendre que l’éducation peut se faire juste en laissant Petite Poucette et sa tablette devant le Web. Mais Gautier, en critiquant cette vision, défend une vision tout aussi unilatérale (et franchement corporatiste), un monde merveilleux où tous les enseignants seraient parfaits, passionnants et auraient tous à cœur le progrès de leurs élèves, vers l’état de bon citoyen heureux. Que l’école puisse servir à l’endoctrinement, à l’abrutissement, à l’apprentissage de la haine (l’école de Jules Ferry tournée vers la ligne bleue des Vosges) est complètement oublié.

      (J’ajoute que, si l’article de Gautier est bien écrit et argumenté, la grande majorité des commentaires sont ahurissants de nullité, tendance « vieux con », à faire passer Finkielkraut pour un fana d’Internet et Topaze pour un pédagogue. Involontairement, ces commentaires participent bien à la démonstration de Serres comme quoi les semi-conducteurs ont peur de la remise en cause de leur position.)

  • L’école, c’est fini
    http://www.liberation.fr/evenements-libe/2013/01/29/l-ecole-c-est-fini_877624

    À l’évidence, pour qu’une réforme de l’Éducation soit conçue à la mesure de l’urgence que les gouvernements semblent y attacher, la réflexion doit partir d’un point extrémal : en quoi l’École est-elle nécessaire ? En quoi observe-t-elle le monde tel qu’il est au présent, en quoi transmet-elle la volonté de le transformer ? S’il est réputé faire consensus que les enfants y apprendront la vie en société, il n’est pas évident que les enfants y développeront d’autres compétences que celles déduites de tâches plates et scolaires de mémorisation.
    […]
    Les piètres résultats en France sont le prix à payer d’un système tout entier érigée vers la constitution d’une élite, qui en elle seule recèlerait la capacité de présider aux destinées de la Nation, la recherche des talents rares, la détection des exceptions qui feront la règle consacrant l’idée d’un messianisme méritocratique. En formulant l’hypothèse de l’exception de quelque uns, on l’induit.
    Or, nous avons ici la conviction que l’école républicaine, dont les fondements sont acceptés par tous, parents d’élèves en tête, demeure un des lieux les plus violents de notre société, celui où l’on construit le succès des uns sur l’humiliation des autres. […] L’école peut-elle demeurer le lieu trop commun où l’on enseigne le culte de la culture, l’autorité et la soumission à de grandes figures dont on nous abreuve du génie ?
    […]
    Essentiellement, lorsqu’il s’agit de faire évoluer l’ensemble de ce système, deux attitudes s’opposent : d’une part la crispation autour d’un passé mythifié, celui où les élèves apprenaient sans broncher, sous la férule d’un professeur drapé d’une aura ou d’une autorité légitime, cette autorité par défaut devenant alors l’évidence initiale et première à l’ensemble du système, nous y reviendrons - d’autre part le choix d’un système articulé autour de l’ouverture, du partage du savoir, et d’une autorité professorale qui ne serait pas première mais construite, consentie plus qu’imposée, et qui en tout état de cause ne serait pas le cœur du dispositif éducatif mais un collatéral accepté et second à l’épanouissement des élèves et des enseignants, le tout formulé dans une relation mûre où au fond l’enseignant deviendrait pour les élèves un partenaire de savoir.
    […]
    Il ne s’agit donc pas de numériser nos vieilles méthodes pédagogiques en apposant le terme numérique à chaque utilité scolaire : cartable numérique, tableau numérique, etc..
    Il s’agit de transformer un système qui ne se gravit qu’à la maîtrise de la répétition-restitution, l’enjeu n’étant pas de savoir mais de comprendre.
    […]
    Pour mémoire, un nourrisson apprend largement du fait qu’il est en constant déplacement, qu’il tente tout, qu’il explore son environnement : abattons donc les cloisons physiques entre les classes, ré-agençons les espaces de l’école, car, aussi naturel que cela puisse paraître, asseoir un enfant dans une classe est un acte d’autorité d’une invraisemblable violence et 15 ans durant l’’élève’ ne sera ni debout ni libre de ses mouvements.
    L’apprentissage des langues informatiques ne doit pas être considéré comme un luxe éducatif. Ces langues sont devenues une nécessité, aussi importantes que le sont les mathématiques. Outil d’apprentissage de la rigueur et de la concentration, elles sont parties prenantes des nouvelles humanités.
    […]
    Au fond, il s’agit de revoir avec humilité l’ensemble des processus de diffusion du savoir. Partons d’un constat simple : les enfants acquiert le langage à une vitesse vertigineuse pendant les première années de leur vie, alors qu’ils ne connaissent ni grammaire ni conjugaison, (ce constat devrait être l’occasion d’un plaidoyer appuyé pour la fin de la notation et contre la culpabilisation de l’erreur par l’obsession du zéro-faute). Les enfants en très bas âge ont des capacités remarquables et évoluent selon une courbe d’apprentissage sensiblement constante d’un milieu à l’autre, d’une société à l’autre, d’une culture à l’autre. A quelques semaines d’intervalle, les compétences motrices, sensorielles sont acquises de façon exceptionnellement synchrone.
    Nous formulons l’hypothèse que c’est le jour de l’entrée à l’école que l’ensemble de ces capacités déclinent, le processus de différentiation sociale en exagérant ou en limitant les effets.
    […]

    #éducation #réforme #NTIC

  • Les nouvelles technologies nous échappent :

    « I have always wished for my computer to be as easy to use as my telephone; my wish has come true because I can no longer figure out how to use my telephone. »

    Bjarne Stroustrup’s FAQ
    http://www2.research.att.com/~bs/bs_faq.html#really-say-that

    J’étais dans une boutique de téléphonie mobile tout à l’heure. La scène que j’ai vue m’a fait halluciner. J’ai vu la responsable du magasin confrontée à « Mme Michu » avec un calme et une efficacité impressionnante.

    Mme Michu voulait une facture papier pour son téléphone. Et puis elle ne voulait pas entendre parler d’Internet. Ensuite, elle a expliqué qu’il y avait des « trucs » et des « lumières » sur sa « box ». Enfin, elle voulait le dernier téléphone pour son mari. Lequel ? « Le dernier, là. » La vendeuse l’aiguille : « iPhone ? » La piste semble bonne : « Voilà, le dernier iPhone ». « iPhone 4 ? » C’est ça : « iPhone 2 ». La vendeuse comprend tout de suite : « Samsung Galaxy S II ». Bingo !

    #ntic-téléphonie #ntic-mme_michu #ntic-être_humain #psychologie-intelligence