• https://www.esa.int/Applications/Observing_the_Earth/FutureEO/Biomass

      [...]

      This groundbreaking mission will offer unprecedented insights into the state and evolution of the world’s forests. By mapping the woody material in Earth’s forests, this revolutionary satellite will play a crucial role in deepening our understanding of how forests influence the global carbon cycle.

      ESA’s #Biomass Project Manager, Michael Fehringer, said, “After years of innovation and cooperation with the scientific community and the space industry, we’re more than excited to see the satellite ready for launch. This new mission will advance our ability to quantify forest carbon stocks and fluxes, which is key to understanding and assessing the impacts of climate change.

      [...]

  • Thread de #Julien_Gossa sur Mastodon :
    Les scientifiques américains sont réellement en danger. Jouer avec ce type de situation seulement pour gagner un peu de crédit politique est très dangereux.
    https://social.sciences.re/@juliengossa/114375605162671356

    « On n’a déjà pas assez d’argent pour fonctionner normalement » : la France peut-elle accueillir des scientifiques étrangers ?
    https://www.leparisien.fr/futurs/on-na-deja-pas-assez-dargent-pour-fonctionner-normalement-la-france-peut-

    D’abord, il faut bien le dire : ce n’est pas une petite embrouille qui permet pépouze de tirer quelques marrons du feu.

    Les scientifiques américains sont réellement en danger, pour de bon. Pour l’instant, ça coupe surtout dans les #budgets. Mais les #arrestations_arbitraires ont déjà commencé.

    Donc on n’est plus dans le contexte #MakeOurPlanetGreatAgain ou #AIforHumanity, où on pouvait se permettre de raconter n’importe quoi, de claquer quelques millions puis d’oublier le bouzin après s’être auto-congratulé.

    Là, il va y avoir des conséquences concrètes, plus que juste gâcher du fric.
    https://www.huffingtonpost.fr/international/article/macron-a-t-il-vraiment-made-our-planet-great-again-un-an-apres-sa-phr

    Or, tout pousse à croire qu’il ne s’agit qu’un d’un coup de com’ à l’usage exclusif de l’image de M. Macron.

    « Un conseiller a lâché dans les grilles de l’Elysée : "Incroyable, Trump l’a sauvé" ».

    « sauver » M. Macron coute beaucoup moins cher que sauver des scientifiques. Mais à quel prix ?

    https://www.liberation.fr/politique/a-lelysee-le-dernier-carre-des-fideles-demmanuel-macron-20250418_VHMP3NU645AZ5DFC6DNZIHGCIA/?redirected=1

    Dans ce fil, je donnais trois conditions pour que cette démarche se passe bien.

    Aucune n’est remplie, et ça va même à l’exact inverse. On a pratiquement la garantie que ça se passe mal.

    1. Bien accueillir des #scientifiques_étrangers sans mieux traiter en même temps les #scientifiques_français va générer mécaniquement du #mécontentement et du #quiet-quitting.

    Globalement, on ne sauve rien, on ne fait que dégrader la science (qui ne va déjà pas bien du tout).

    Mais en plus le #dispositif est parti pour être famélique, donc pour décevoir les espoirs des scientifiques américains.

    C’est en fait un simple « outil », et l’État financera au maximum la moitié du coût de l’opération.

    https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/lancement-de-la-plateforme-choose-france-science-une-

    Donc plus de la moitié du coût va reposer sur les université d’accueil, qui ne peuvent déjà pas boucler leur budget.

    On imagine le CA :
    – Point 1 : 15 M€ pour accueillir des ricains 💪
    – Point 2 : -20% de postes, -30% de budget des composantes, suppression du chauffage au bâtiment B
    https://www.francetvinfo.fr/sciences/ils-sont-motives-par-la-liberte-academique-le-president-d-aix-marseille

    Le Ministre le sait bien, et ouvre déjà son parapluie : L’effort d’accueil des chercheurs américains « doit se faire au niveau européen ».

    Donc c’est soit les universités, soit l’Europe qui doit payer. En somme, tout le monde, sauf l’État français qui en pourtant commanditaire.
    https://www.nouvelobs.com/sciences/20250419.OBS102961/l-effort-d-accueil-des-chercheurs-americains-doit-se-faire-au-niveau-euro

    Le chiffrage me parait totalement délirant : 330 k€/an pour une équipe, c’est une toute petite équipe, déjà installée en France, et avec un environnement papier/crayon/laptop.

    Et on ne prévoit rien pour accueillir les familles de ces scientifiques, les loger, l’école des mioches, etc.

    Ça mène au point 2, la #politique_scientifique.

    Elle se voit sur la #liste fermée des #thématiques concernées par le dispositif.

    D’abord, cette liste montre qu’on n’est pas du tout sur du papier/crayon/laptop. 330k€ pour une équipe dans ces domaines, c’est juste une blague.

    Surtout, on constate que cette liste exclut les #SHS - c’est-à-dire la discipline la plus en risque aux USA. Et pas seulement en risque de définancement. Ça pue la prison à plein nez.

    Le Ministre répond en substance "oui c’est vrai, mais il y a écologie qui est aussi menacée". L’aveu est terrible.

    L’aveu est terrible car il montre bien que l’intention n’est pas d’accueillir des scientifiques empêchés et persécutés, mais de profiter de la situation pour voler une paire de cerveaux considérés comme rentables par notre gouvernement.

    Tout ça en parlant de refuge pour les #libertés_académiques.

    Se prévaloir des libertés académiques tout en restreignant politiquement les #domaines_de_recherche. Formidable !👏

    Et il y a #écologie et écologie : l’écologie Total (pétrole à tous les étages, mais "vert") et l’écologie "arrêtez vos conneries on va tous crever".

    Laquelle vise le gouvernement ?

    Et là on arrive au point 3. la politique démocratique.

    L’administration Trump attaque très exactement les mêmes scientifiques que Macron attaquait dès 2020 en les considérant « coupable » de « casser la République en deux ».

    Les mêmes qu’on exclu du dispositif de « refuge ».

    https://www.lesinrocks.com/actu/macron-juge-le-monde-universitaire-coupable-davoir-casse-la-republique-e

    M. Macron aurait pu - même sans le reconnaitre publiquement - réaliser que l’offensive obscurantiste à laquelle il a lui-même participé pouvait conduire à des choses très graves, comme ce qui se passe notamment aux USA.

    Mais il a préféré s’entêter, et rester une politique de #vol_des_cerveaux.

    Tout cela est très dangereux, parce que ça va casser le moral des scientifiques français, mais qu’en plus ça va générer beaucoup de #frustration et de #déception auprès des scientifiques américains, dont beaucoup ont réellement besoin d’un #refuge.

    C’est le contraire de l’#humanisme.

    Pour les petits besoins de sa com’ personnelle, M. Macron est en train d’engager la responsabilité et la réputation de la France, mais sans mettre les moyens, et en ciblant l’inutile.

    En vouloir à la France va être tout à fait légitime. Et c’est très grave.

    Le gouvernement : "Tout sauf ces sales wokes. On ne veut que du top star grobraino en énergies fossiles ou en IA."
    L’ED : "Le gouvernement ouvre les frontières aux sales wokes"

    C’était couru, mais la stratégie du gouvernement est vraiment perdante-perdantes.
    ¯\(ツ)

    #France #recherche #accueil #chercheurs_en_danger #scholars_at_risk #ESR #USA #Etats-Unis #disciplines

    • Donc mon université a fait l’ouverture du journal de 8h de France culture avec son programme d’accueil des collègues états uniens dont les recherches sont en danger. 15 millions d’euros pour 10 à 20 collègues, sur le modèle #CPJ. Pour comparaison, j’ai appris que l’accueil de 3 collègues Palestiniens dans le cadre de Pause coûte à la même université... 75 000 euros

      Pour qu’on prenne bien la mesure de la #différence_de_traitement, alors que la présidence de l’université annonce qu’elle mobilise ses équipes pour trouver un logement et des places en école pour les familles des collègues états-uniens, voilà le message que les collègues nous envoient pour pouvoir assurer le minimum décent pour les collègues Palestiniens :

      Et voici le message d’appel à #solidarité concernant le troisième collègue palestinien, qui a le mérite de rappeler les conséquences matérielles de la guerre à Gaza et leur impact scientifique :

      #Palestine #deux_poids_deux_mesures

    • Accueil des chercheur∙ses internationaux en France : de qui se moque-t-on ? Communiqué intersyndical CGT-FO-FSE-FSU-Unef-Sud, 2 mai 2025

      Le 5 mai Emmanuel Macron organise un ersatz de cérémonie d’accueil pour « les chercheurs du monde entier » qu’il appelle à rejoindre la France. Ce soudain intérêt du président pour la recherche, nationale ou internationale, questionne alors que l’enseignement supérieur et la recherche sont très brutalement attaqués aux Etats-Unis, avec une remise en cause tout à la fois des libertés qui président partout à la vie universitaire, de la libre détermination des sujets d’enseignement ou de recherche par les enseignants et les chercheurs, ou des financements permettant le plein fonctionnement des institutions d’enseignement et de recherche.

      Des chercheur·ses sont brutalement licenciés, les budgets d’agences de recherche sur le climat comme la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), sur la santé comme la NIH (National Institutes of Health) ou sur l’espace comme la NASA (National Aeronautics and Space Administration) sont largement amputés, des bases de données sont brutalement fermées, les financements fédéraux de plusieurs universités sont gelés, des étudiant·es sont poursuivis par la justice. De nombreux projets de recherche internationaux sont à l’arrêt, les déplacements de chercheur·ses états-uniens sont entravés, leur participation à des groupes internationaux comme le GIEC remis en question.

      Face à cette lame de fond à laquelle sont confrontées l’université et la recherche publiques, l’intersyndicale de l’ESR rappelle que pour lutter contre l’obscurantisme, il est urgent de défendre la liberté de production et de diffusion des savoirs, comme bien commun et facteur de progrès social. La solidarité envers la communauté de recherche mondiale s’impose et il est indispensable de pouvoir accueillir ces collègues tout comme celles et ceux empêché·es de travailler ou persécuté·es dans leur pays, quel qu’il soit.

      Dans ce contexte, la mise en place d’une plateforme “Choose France for Science”, annoncée par le Président de la République française, en réponse à la situation des chercheur·es aux Etats-Unis est choquante, voire indécente.

      Indécente, car la politique du Président Macron depuis 2017 a considérablement affaible l’Enseignement supérieur et la Recherche (ESR) en France non seulement par un sous-financement chronique, des regroupements forcés et un pilotage accru, mais aussi par des atteintes quasi incessantes à la liberté académique : attaques sans fondement de la Ministre Frédérique Vidal contre les sciences humaines et sociales, supposées gangrénées par de supposés chercheur·ses « wokistes » ou « islamo-gauchiste », sanctions disciplinaires contre des chercheur·ses qui ont exprimés leur solidarité au peuple palestinien, interdiction de conférences et de séminaires sur la situation à Gaza dans les Universités de Lille, Lyon, Bordeaux, etc. S’y ajoutent les dispositions des Zones à Régime Restrictif (ZRR), qui conduisent à des dérives inquiétantes sur les libertés (dont celle de publication) et les recrutements sous couvert de sécurité nationale.

      Et bien sûr le meilleur moyen d’affaiblir la recherche et la diffusion des connaissance est tout simplement d’assécher les finances publiques des établissements concernés. Sous la présidence Macron (2017 – 2022), le nombre de personnels enseignants titulaires a continué de baisser (-3,1% depuis 2015) tandis que celui des personnels enseignants contractuels explosait dans des proportions inquiétantes (+18,5%) et que le nombre d’étudiant·es augmentait (+325 000 / + 12,5%), la part de la richesse nationale consacrée à la recherche est passée de 2,25 % à 2,22 % (quand les États-Unis y consacrent 3,47 %), le bâti universitaire est en phase de délabrement accéléré (57 % de passoires énergétiques, 1/3 de bâtiments « vétustes »). Après les coupes brutales dans les budgets de l’ESR en février 2024 (-600M€), le gouvernement Macron a encore taillé 950 M€ en 2025 (dont -493 M€ sur la mission enseignement supérieur et recherche)…

      Dans ce contexte, les annonces du gouvernement Macron-Baptiste (ministre de l’ESR) ainsi que certains président·es d’université ne visent qu’à redorer leur image à peu de frais.

      Loin de répondre aux besoins criants des travailleur·ses et des étudiant·es de l’ESR public, ces annonces sont choquantes : évoquer une enveloppe de plus de 300 000 € par an par chercheur·se états-unien accueilli quand le salaire moyen d’un·e enseignant·e–chercheur·ses en France s’élève à 63 000 € brut / an (rapport social unique 2022), quand des milliers d’ATER (attaché·es temporaires d’enseignement et de recherche) payés 22 % au-dessus du SMIC (ou 13 % en-dessous pour les 1/2 ATER), quand 170 000 vacataires sont payés sous le SMIC avec plusieurs mois de retard, quand 35 % des agent·es du secteur ont un statut précaire de contractuel. Et que dire de l’effondrement (-27 % depuis 2000 selon l’INSEE) du pouvoir d’achat des agent·es du secteur public, qui conduit à la paupérisation de toutes et tous, et en particulier des plus modestes (collègues de catégorie B et C notamment), qui assurent l’entretien et l’administration indispensables au fonctionnement de nos universités et organismes de recherche.

      La recherche est œuvre collective, et la concentration des moyens sur quelques individus ou sur quelques laboratoires (comme le prévoyait le projet des Key Labs), dont la contrepartie est leur raréfaction pour la masse des autres, est en réalité un frein aux progrès indispensables.

      Les organisations signataires, outre l’accueil décent de collègues empêchés ou persécutés dans leur pays, continuent de demander un budget ambitieux, à la hauteur des enjeux, pour le service public de l’ESR.

      https://academia.hypotheses.org/62050

    • « #Choose_Europe_for_Science » : l’#opération_Potemkine de Macron sur la recherche française

      Le président de la République veut accueillir les cerveaux américains, martyrisés par l’administration Trump. Mais sa peinture de la France en paradis de la recherche et des libertés académiques ne passe pas.

      « Nous« Nous sommes à un moment de rupture où l’impensable est devenu notre réalité. » Les mots d’Emmanuel Macron lundi 5 mai, en clôture de l’événement franco-européen « Choose Europe for Science », ont dû résonner étrangement aux oreilles de la communauté scientifique publique hexagonale : le président de la République parlait-il des États-Unis ou de la France ?

      Notre pays est bien sûr loin de vivre la guerre impitoyable contre la recherche menée par Donald Trump depuis son arrivée au pouvoir, sœur de celles lancées par Javier Milei en Argentine ou encore par Narendra Modi en Inde. Mais, comme le rappelle avec force le professeur de physique Bruno Andreotti, du collectif Stand Up for Science, des « formes de continuité » existent.

      Elles se nichent dans une série de mesures réactionnaires et austéritaires qui nuisent à la qualité de la production scientifique française et qui contribuent à installer, y compris sous la présidence d’un Emmanuel Macron, un « imaginaire fasciste » hostile aux libertés académiques.

      Parlons gros sous, d’abord : ce n’est pas aux États-Unis mais en France que, de crédits rabotés en argent non versé, le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche a fondu de près 10 % ces quatre derniers mois (environ 2,5 milliards d’euros en moins sur les 25 milliards d’enveloppes prévues).

      Structurellement, la recherche publique a vu son financement chuter de 2 % depuis 2019 et le temps nécessaire pour accéder à un emploi stable n’a jamais été aussi long : les contrats courts et précaires y explosent. Plusieurs universités françaises sont même au bord de la faillite, peinant à trouver l’argent pour simplement payer les salaires et les fluides.
      Pour les chercheurs, l’ironie du désespoir

      Les mots, dans ce cadre, ont un sens : interrogée en décembre sur le sort budgétaire réservé à l’enseignement supérieur et à la recherche française, Hélène Boulanger, présidente de l’université de Lorraine, évoquait auprès de Mediapart une véritable « saignée », qui en médecine évoque un traitement de choc pour éviter la mort.

      Le président de la République peut donc bien lancer son « appel de la Sorbonne », mettre 100 millions d’euros sur la table afin d’accueillir les chercheur·es martyrisé·es par l’administration Trump, chérir « la science libre et ouverte », « trésor » du continent européen.

      « Aux États-Unis, [les universités] furent riches, cannibales, miraculeuses, écrit la philosophe Nadia Yala Kisukidi, dans le magazine Politis. En France, elles rament et on les enfonce depuis plus d’une décennie. »

      Les chercheur·es français·es, sur les réseaux sociaux et dans les boucles de messageries professionnelles, ne sont pas dupes : ils et elles rappellent avec l’ironie du désespoir leurs bricolages de bouts de ficelle, les bureaux délabrés, les amphis bondés, les étudiant·es refusé·es en licence, en master, en thèse, ainsi que les efforts déployés chaque jour dans les laboratoires de recherche pour payer un billet de train, financer les contrats postdoctoraux décents, assumer les frais d’un colloque, répondre à une invitation à l’étranger, y compris dans les domaines les plus prestigieux.

      « Dans mon université, à Rennes 2, je ne vais jamais voir la couleur de ces millions, et on se bat quotidiennement pour sauver des postes, s’est ainsi indignée Anaïs Lefevre-Berthelot, maîtresse de conférences spécialiste du genre et des médias aux États-Unis, à l’occasion de la conférence de presse du collectif Stand Up for Science ayant suivi les annonces présidentielles. On va offrir quoi à nos collègues américains, un contrat court de trois ans et un retour au pays ? C’est une opération de communication. »

      Pour la CGT du supérieur, ces annonces en grande pompe sont même « choquantes », surtout quand il s’agit de dédier, comme l’a fait récemment le président de l’université d’Aix-Marseille Éric Berton, entre 600 000 et 800 000 euros par chercheur·e accueilli·e sur trois ans. Le salaire moyen d’un·e enseignant·e-chercheur·e en France s’élève à 63 000 euros brut par année (selon le rapport social unique de 2022 cité par le syndicat) et des milliers de vacataires, parfois payé·es moins que le Smic, attendent des mois avant de recevoir leur dû.

      Personne ne se risque cependant à minimiser les enjeux du séisme scientifique, mais aussi sanitaire et démocratique, engendré par la chasse aux sorcières que vivent actuellement les États-Unis. « Des gens vont mourir » en raison des décisions de l’administration Trump d’arrêter les recherches sur le VIH, sur les vaccins, sur le climat, insiste encore Anaïs Lefevre-Berthelot.

      Le professeur Alain Fischer, spécialiste des déficits immunitaires génétiques, a lui souhaité souligner la nécessaire, bien que minimale, prise de position européenne du jour : « Ursula Van der Leyen et Emmanuel Macron ont rappelé que les valeurs académiques sont indispensables, c’est bien et important qu’ils le fassent. »

      D’autres, et Emmanuel Macron le premier, ont pris garde aussi à ne pas réactiver une forme de concurrence mortifère, se faisant les promoteurs de la solidarité vitale entre communautés académiques. « Il n’y aura pas d’effet d’éviction, n’en déplaise aux malthusiens. La science se nourrit de cette émulation, de cette capacité à recruter et à attirer les meilleurs talents », a ainsi martelé le président à la Sorbonne.

      Mais qui notre pays souhaite-t-il réellement accueillir, et dans quel but ? « Attention de ne pas penser qu’aux stars de la recherche, quand on devrait accueillir en priorité les jeunes, les post-doctorants vulnérables, ceux qui ont sans doute le plus à perdre », a noté Alain Fisher.

      S’agissant des profils, Libération a révélé que les chercheur·es en étude de genre ou travaillant sur les minorités, thèmes honnis par l’équipage trumpiste, seraient exclu·es de la politique d’accueil « à la française ». « On peut défendre nos intérêts stratégiques et en même temps porter une vision universaliste », a assumé l’Élysée auprès de nos confrères. Que les « Marie Curie de demain » (pour citer encore le président) qui souhaitent traverser l’océan afin de rejoindre « l’Europe du savoir » se le disent…
      La France n’a rien d’un paradis académique

      Ce n’est pas non plus la première fois que la diplomatie scientifique fonctionne à géométrie variable : un peu plus de 5 000 visas « recherche » ont été délivrés entre 2023 et 2024, selon les statistiques du ministère de l’intérieur, soit une hausse de 12,5 % en un an, mais la grande majorité des chercheurs et chercheuses accueilli·es dans les laboratoires français sont d’abord… européen·nes.

      La réforme des frais d’inscription pour les étudiantes et étudiants étrangers, mise en œuvre à l’occasion du premier mandat d’Emmanuel Macron, s’applique, elle, chaque année plus durement, pénalisant notamment les étudiant·es venu·es du continent africain, souvent moins doté·es financièrement.

      Enfin, le programme Pause, qui finance depuis 2021 des scientifiques en exil (afghans, syriens, turcs, ukrainiens, russes, et récemment palestiniens, dont la sortie est le plus souvent bloquée par Israël…), a vu son budget passer de 7 millions d’euros en 2023 à 3 millions l’an passé, s’inquiète un membre du conseil d’administration.

      Le décalage entre les discours et la réalité semble tout aussi patent sur la défense des libertés académiques. C’est le même Emmanuel Macron qui, en plein délire sur « l’islamogauchisme », accusait en 2020 les universitaires de « casser la République en deux » et de favoriser « l’ethnicisation de la question sociale », son ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer organisant deux ans plus tard à la Sorbonne un colloque indigent en forme du procès du « wokisme ».

      Après le 7 octobre 2023, plusieurs universitaires ont également dénoncé une forme de traque de toute parole jugée propalestinienne, tandis que Gabriel Attal, alors premier ministre, attaquait directement Sciences Po, dont il disait ceci, dans une sorte d’anti-intellectualisme primaire : « Le poisson pourrit toujours par la tête. »

      Qu’à cela ne tienne : « Le racisme systémique, le nationalisme chrétien, la suprématie blanche, la haine de la culture, le capitalisme hardcore et le vin qui arrache, c’est là-bas. Pas chez nous, écrit d’une plume teintée d’ironie et d’amertume la philosophe Nadia Yala Kisukidi. En France, l’État de droit est en grande forme. Les espaces critiques, qui renforcent la bonne santé des démocraties libérales (médias, justice, université, multipartisme), ne flanchent pas. »

      Depuis la tribune de Choose Europe for Science, on entend enfin, dans la bouche du président de la République, un opportunisme politique à la limite du cynisme. Il s’agit d’attirer et d’accueillir les chercheuses et chercheurs étrangers soucieux d’une « science libre », mais aussi d’en profiter pour réformer « en profondeur » le système français.

      C’est-à-dire « simplifier », « alléger » les processus dans « la transmission entre recherche fondamentale et appliquée », favoriser encore davantage les « financements publics-privés », « aller plus loin dans les contrats d’objectifs, de moyens et de performance » qui s’imposent désormais aux universités françaises, favoriser les grosses unités comme Paris-Saclay, pourtant contestées.

      En bref, copier le « modèle américain », plus efficace que le modèle européen « ces trois dernières décennies », selon Emmanuel Macron. Sans tirer aucune leçon de la rapidité avec laquelle ce même système, brillant et envié partout dans le monde occidental, a été brisé, en à peine quelques mois, par la force d’un seul homme.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/050525/choose-europe-science-l-operation-potemkine-de-macron-sur-la-recherche-fra

    • Etudes sur le #genre ou les #minorités : les scientifiques que la France ne veut pas sauver du trumpisme

      L’Etat veut bien accueillir les chercheuses et chercheurs empêchés de travailler aux Etats-Unis, mais pas tous. Les thématiques considérées comme « wokes » ne font pas partie des cibles du gouvernement.

      C’est l’éléphant qui manque dans la pièce. La France déploie ce lundi 5 mai un grand #plan pour accueillir les scientifiques empêchés de travailler aux Etats-Unis. Dévoilée le 18 avril, la plateforme #Choose_France_for_Science « recensera les projets de recherche » autour d’une liste de #thématiques parmi lesquelles on trouve la santé, le climat, l’intelligence artificielle, le spatial, l’agriculture, les énergies ou encore le numérique. Les études de genre, ou décoloniales, n’y figurent pas. Elles font pourtant partie des thématiques frontalement attaquées par l’administration Trump.

      « Cela n’est pas étonnant. Les attaques contre les recherches médicales ou sur le climat indignent beaucoup plus, en France comme ailleurs, que les attaques ciblant les #sciences_sociales, de la sociologie à l’histoire », se désole la sociologue du CNRS Laure Bereni. Anne Fraïsse, latiniste et présidente de l’université de Montpellier Paul-Valéry, voit là « une forme d’#opportunisme pour attirer des chercheurs étrangers mais pas pour répondre à une forme d’exclusion ».

      Equilibres politiques nationaux

      A l’Elysée, on assume. « On peut défendre nos #intérêts_stratégiques et en même temps porter une #vision_universaliste. Pour le coup, cette initiative est à la croisée de ces deux ambitions-là », assure un conseiller. Les domaines privilégiés sont en lien avec la stratégie, assumée, de « réaffirmer la recherche comme étant un enjeu fort pour le #développement_économique et notre #souveraineté_industrielle ».

      Mathias Bernard, président de l’université Clermont Auvergne, « regrette » lui aussi cette orientation. « Il y a, y compris en France, tout un discours contre les universités qui repose sur la montée en épingle de ce que l’on appelait hier l’#islamogauchisme et aujourd’hui le #wokisme », constate celui qui dirigeait déjà son établissement en 2021, quand sa ministre de tutelle, Frédérique Vidal , dénonçait l’ « islamo-gauchisme »qui, selon elle, « gangrenait » les universités .

      Laure Bereni voit aussi dans ce choix le poids des équilibres politiques nationaux. « Il paraît sans doute plus prudent pour un gouvernement de centre droit dont la légitimité repose sur le soutien tacite du RN, de ne pas défendre des recherches scientifiques sur le genre, la question raciale ou les minorités, qui sont actuellement sous le feu des attaques de droite et d’extrême droite », avance-t-elle. Choisissez la France pour les sciences, donc, mais pas pour toutes les sciences.

      https://www.liberation.fr/sciences/etudes-sur-le-genre-ou-les-minorites-ces-scientifiques-que-la-france-ne-v

      #universalisme

  • Italie : peut-on faire #justice sur les #crimes contre les migrants ?

    Les #procès contre les #passeurs de migrants se sont récemment multipliés en Italie. Mais les suspects ne sont souvent accusés que d’être des passeurs. Les charges d’#enlèvement, d’#assassinat, d’#extorsion ou de #violence_sexuelle ne s’appliquent pratiquement jamais. Les principaux trafiquants ne sont généralement pas arrêtés, ni inculpés. Ceux qui le sont relèvent du « menu fretin ». Que révèlent ces procès sur les crimes commis contre les migrants entre l’Afrique et l’Europe ?

    En octobre 2022, #Ghebremedin_Temeschen_Ghebru, un ressortissant érythréen aujourd’hui âgé de 37 ans, a été arrêté par #Interpol à l’aéroport international d’Addis-Abeba, alors qu’il embarquait sur un vol à destination de l’Australie. Il a été extradé vers l’Italie, accusé d’être un membre d’une organisation criminelle de #trafic_de_migrants. Il a été notamment accusé d’être un « #hawaladar ». Le #hawala est un système de transfert d’argent informel et non tracé, par lequel, dans ce cas, les paiements effectués par les parents des personnes kidnappées sont envoyés aux trafiquants, puis à leurs divers intermédiaires tout au long du voyage vers l’Europe.

    Cette affaire et celle d’un autre trafiquant présumé originaire d’Érythrée, connu sous le nom de #Welid, extradé aux Pays-Bas une semaine seulement avant Ghebru, ont été résolues grâce à une équipe conjointe de coopération internationale, mise en place en 2018 et impliquant les autorités judiciaires et policières d’Italie et des Pays-Bas, ainsi que celles du Royaume-Uni, de l’Espagne, d’#Europol et, depuis 2022, de la #Cour_pénale_internationale (#CPI). L’équipe se concentre sur la lutte contre la traite des êtres humains et les crimes contre les migrants en #Libye.

    Le procès de Ghebru a débuté en 2023 et se déroule devant la Cour d’assises de Catane, où les premières victimes de son réseau organisé présumé ont été débarquées. L’accusé a été libéré de prison après le premier ré-interrogatoire, qui n’a trouvé aucun motif pour le #crime_d’association, à savoir la participation à une association, organisation ou bande criminelle, sur lesquels les mesures préventives étaient basées. Ghebru est donc retourné en Australie, où il vit et travaille, explique son avocat Michele Calantropo à Justice Info.

    Au cours des deux dernières années, le tribunal a entendu deux témoins à charge. Le prévenu devait comparaîtra ce 3 mars mais, n’ayant pu obtenir de visa, l’audience a été reportée. La défense prévoit de faire comparaître une dizaine de témoins. Calantropo estime que le procès se terminera en 2025. Le bureau du procureur a refusé de commenter ce dossier.

    « Il n’est pas coupable de tous les crimes », assure Calantropo. En 2017, au moment des écoutes téléphoniques sur lesquelles se base l’affaire, l’accusé a séjourné à Dubaï pendant quatre mois, où il « travaillait comme consultant et comptable pour une société d’import-export, discutant avec des clients et des fournisseurs sur les paiements de fournitures, il n’y a pas un seul contact avec les trafiquants », affirme l’avocat. Calantropo ajoute qu’il a déposé tous les documents de la chambre de commerce de Dubaï concernant la société pour laquelle travaillait Ghebru et que nombre de ses témoins témoigneront également à ce sujet.

    Une série d’affaires : les opérations « #Glauco »

    Le procès en cours n’est que le dernier d’une opération beaucoup plus vaste, connue sous le nom de « Glauco ». Tout a commencé avec le tragique naufrage de 2013 lors duquel 300 migrants ont trouvé la mort au large de l’île italienne de Lampedusa. L’enquête criminelle qui en a résulté a abouti à la condamnation de six passeurs et à l’émission de mandats d’arrêt européens et internationaux à l’encontre d’autres membres du réseau criminel qui opérait en Érythrée, en Éthiopie, en Libye et dans de nombreux pays européens. Dirigée par l’équipe de la direction antimafia du parquet de Palerme, cette opération a donné lieu à trois autres séries d’#arrestations au cours des années suivantes. La dernière en date a été l’opération « Glauco 4 », en 2020, au cours de laquelle une douzaine d’autres personnes ont été appréhendées dans plusieurs villes d’Italie.

    Les hommes arrêtés ont été accusés de traite et de trafic de migrants depuis des pays africains vers des centres de détention libyens, puis vers l’Italie et leur destination finale. Les migrants souhaitent rarement rester en Italie et espèrent se rendre dans des pays d’Europe du Nord, comme la Suède, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. Les hommes sont soupçonnés d’avoir géré des #transferts_d’argent vers des comptes à Dubaï dans le cadre du système hawala, par le biais de Postepay, Moneygram ou Western Union.

    Dans les documents officiels, Ghebru est également mentionné comme faisant partie, et soupçonné de diriger, le même réseau international, mais au moment des arrestations, il était toujours en fuite. Le procureur qui travaille sur cette enquête a confirmé les faits lors d’une précédente interview avec Justice Info, mais a préféré ne pas faire de commentaires à ce stade : avec d’autres membres de l’équipe antimafia de Palerme, il a été placé sous protection policière depuis l’automne dernier, après avoir reçu des milliers de menaces pour avoir inculpé l’actuel vice-Premier ministre italien, Matteo Salvini, d’enlèvement et de manquement à son devoir pour son refus de laisser accoster en Italie un bateau de sauvetage de migrants de l’ONG Open Arms, avec 147 personnes à bord, en 2019. Salvini, qui était ministre de l’Intérieur au moment des faits, a été acquitté en décembre 2024.

    À ses débuts, le procès des personnes arrêtées lors de l’opération « Glauco » a semblé présager des grandes lignes de celui de Ghebru. Le premier ré-interrogatoire n’a trouvé aucun motif pour le crime de participation à une association criminelle, et la plupart des hommes ont pu être libérés pendant que la procédure se poursuivait devant la cour d’assises de Catane. Sur les 14 personnes arrêtées, selon les médias italiens à l’époque, deux ont fait l’objet d’une procédure distincte. Ils ont opté pour un procès abrégé, procédure où il n’y a pas de présentation de preuves mais où le juge étudie le dossier et prononce une peine plus rapide et réduite.

    Parmi les 12 personnes restantes, il y avait dix Erythréens, un Ethiopien et un Soudanais. Le 5 décembre 2023, les juges ont déclaré sept hommes coupables en première instance et ont acquitté les trois autres. Les peines ont été fortement réduites, passant de plusieurs années requises par l’accusation, à une fourchette de 10 à 18 mois. Selon le verdict, trois d’entre eux ont été condamnés uniquement pour les délits liés à l’hawala, deux pour délits financiers et trafic et deux autres pour trafic. Les avocats de la défense ont fait appel et le verdict en appel est attendu pour le 6 mars 2025. Il n’y a pas de victimes dans cette affaire.

    Giuseppina Massaiu s’occupe de la défense de trois de ces hommes. Elle explique à Justice Info que ses clients ne sont pas coupables et qu’ils ont toujours rejeté le chef d’accusation de trafic de migrants : « Ils le considèrent comme diffamatoire », ajoute-t-elle. Selon elle, l’accusation n’a pas pris en compte le fait que toute aide, pour entrer en Italie ou pour transférer de l’argent, peut être apportée par solidarité, « la solidarité envers un parent, une connaissance, quelqu’un de la même région ». « Ce devoir social est culturellement très présent dans leur communauté. Par exemple, il y a des cas de migrants qui arrivent en Italie sans papiers ni argent et qui ont besoin de recevoir des virements de leur famille. Et dans le cas des migrants enlevés et détenus par des trafiquants libyens, ce sont les membres de la famille qui paient car, sinon, leurs proches resteraient indéfiniment dans les centres de détention libyens. » L’enquête qui a conduit aux arrestations de « Glauco 4 », puis à l’#extradition de Ghebru, s’est appuyée sur des écoutes téléphoniques, ce que les deux avocats de la défense ont contesté. « De cette manière, les accusations restent assez superficielles », affirme Massaiu.

    Poursuivre du « menu fretin » ?

    Au cours de la dernière décennie, l’Italie a connu peu de procès pour des #crimes contre les migrants qualifiés de #traite_d’êtres humains, d’enlèvements, de violence et extorsion dans les prisons libyennes. Le plus célèbre est le verdict prononcé en 2017 à l’encontre d’#Osman_Matammud, un ressortissant somalien reconnu coupable d’enlèvement à des fins d’#extorsion, de #meurtres et de #violences_sexuelles commises lors de la gestion de « camps de transit » en Libye. Mais la grande majorité des personnes jugées sont accusées du seul trafic de migrants.

    « La tendance est que les trafiquants les plus importants ne sont pas ciblés, ce qui amène les autorités à s’en prendre aux plus petits, car il est difficile de mener des enquêtes dans d’autres pays », note Stefano Zirulia, professeur de droit pénal à l’université de Milan. « Pour montrer au public qu’elles font quelque chose, et parce qu’elles se concentrent principalement sur le territoire et les eaux italiens, les autorités appliquent les lois italiennes, qui sont très strictes et peuvent même être appliquées à ces individus qui n’ont rien fait ou presque. » Zirulia explique que s’il existe un crime distinct de traite d’êtres humains, qui est plus complexe et exige un objectif d’exploitation, en Italie le trafic de migrants est codifié dans l’article 12 de la loi consolidée sur l’immigration, qui « exige seulement de commettre des actes visant à faciliter l’entrée d’un étranger sans papiers ».

    À la suite de l’adoption par l’Union européenne, en 2002, du « #Pacte_sur_les_facilitateurs », à la suite des attentats du 11 septembre 2001, rappelle Zirulia, tous les pays européens ont dû « criminaliser toute forme d’aide à l’entrée irrégulière ». Depuis lors, l’Italie a vu les gouvernements se succéder pour alourdir les peines afin de donner l’impression de s’attaquer aux trafiquants, ce qui a conduit le pays à avoir certaines des peines les plus sévères pour le trafic, selon Zirulia, qui peuvent aller jusqu’à plus de 20 ans de prison. Selon Zirulia, « la #criminalisation généralisée du trafic, telle qu’elle est pratiquée, risque de mettre en péril les #droits_fondamentaux des migrants : le #droit_à_la_vie lorsqu’ils sont en danger et doivent être secourus, et le droit de demander l’asile ».

    Un large éventail d’actes peut tomber sous le coup de cette loi. « Tout ce qui se passe en Libye peut également entrer dans cette définition et, d’autre part, les personnes qui sont elles-mêmes victimes d’un trafic illicite tombent également sous le coup de cette loi. Parfois, ce sont les migrants qui dirigent le bateau dans la dernière ligne droite parce que, tout simplement, ils ont été placés là et qu’il n’y a personne d’autre qui sache le faire, ou ils utilisent un GPS », explique Maria Crippa, chercheuse postdoctorale au département de droit “Cesare Beccaria” de l’université de Milan. La procédure habituelle, explique-t-elle, consiste pour la police à recueillir les déclarations des migrants lors de leur débarquement et à leur demander qui les a amenés là. « Ce n’est pas toujours facile de comprendre si les personnes qu’ils désignent sont affiliées à une organisation ou si elles sont aussi des victimes. »

    Selon un rapport compilé par le collectif Arci Porco Rosso, en 2024, 106 migrants ont été arrêtés pour trafic, soit un pour 600 arrivées. La majorité a été arrêtée juste après le débarquement. Plusieurs ONG qui assistent les migrants en mer ont également été accusées de trafic au fil des ans.

    « En Italie, nous n’avons pas de pouvoir discrétionnaire : si le procureur dispose d’informations, il doit engager des poursuites. Mais dans la pratique, il est possible de choisir les chefs d’accusation à retenir », note Crippa, ajoutant que la grande majorité des affaires vont devant la justice pour trafic de migrants et pour crime d’association, à savoir la participation à organisation criminelle. Ces principes permettent aux autorités d’appliquer plus facilement les lois italiennes à des actes commis à l’étranger et, en cas de verdict de culpabilité, ils peuvent également montrer la dimension plus large du crime.

    Toutefois, cette stratégie d’application de l’article sur le trafic « a des conséquences sur les personnes inculpées, c’est-à-dire le menu fretin ou les victimes elles-mêmes, et sur les faits qui leur sont reprochés », souligne Crippa. « Par conséquent, les condamnations sont, dans la majorité des cas, prononcées pour complicité, et tout l’aspect lié à la traite des êtres humains et aux crimes contre la personne est perdu. » Alors que la traite des êtres humains est un crime contre la personne, le trafic est légalement considéré comme un crime contre l’intégrité des frontières du pays, rappelle Crippa.

    Pour Stella Arena, avocate de l’Association italienne pour les études juridiques sur l’immigration, avec cette #loi, « le procès pénal est devenu un moyen de contrôler les flux migratoires ».

    Pas de coopération avec la Libye

    En Italie, aucune condamnation n’a encore été prononcée à l’encontre de ressortissants libyens pour des crimes commis contre des migrants. « Il y a un problème de responsabilité pour ceux qui sont au sommet du système, qui sont typiquement libyens », explique Crippa. Elle ajoute que le problème est que les autorités italiennes ne peuvent pas se rendre physiquement à Tripoli pour arrêter ces personnes, leur seul moyen étant d’émettre un mandat d’arrêt international et de compter sur les Libyens pour faire le reste. « Tant que cette situation politique se poursuit en Libye, il est clair qu’un accord, ne serait-ce que pour rassembler des preuves, n’est pas possible, alors imaginez pour une demande d’extradition. » Une option serait d’arrêter un suspect dans un pays tiers qui l’extraderait, mais aucune information publique ne permet de savoir si l’Italie a émis des mandats d’arrêt internationaux contre des Libyens.

    Le débat national sur les crimes contre les migrants s’est intensifié après qu’Osama Najim, un criminel de guerre libyen présumé recherché par la CPI, a été arrêté par la police italienne le 19 janvier 2025, avant d’être relâché et renvoyé à Tripoli deux jours plus tard par le gouvernement, en violation de son obligation de coopérer avec la Cour basée à La Haye. Son arrestation et sa libération ont également suscité un débat sur les liens étroits entre Rome et Tripoli. « Nous l’avons vu avec l’affaire Najim, il n’y a pas de réelle volonté d’agir pour stopper les réseaux d’exploitation de la migration », estime Zirulia. Selon lui, les réseaux de trafic de migrants, contrairement à l’organisation verticale de la mafia, sont le plus souvent organisés horizontalement et peuvent être étroitement liés aux appareils d’État. « C’est donc très difficile de réfléchir à la manière de démanteler sa direction. Ce n’est peut-être pas la bonne question, mais nous devons certainement nous demander ce que nous pouvons faire pour cibler les individus qui ont un pouvoir de décision. »

    Au manque de volonté politique et à la difficile coopération avec la Libye s’ajoute un autre obstacle : une vieille lacune de la loi italienne en matière de crimes internationaux. Rome n’a toujours pas intégré l’ensemble des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité dans son code pénal et ne peut donc pas exercer de compétence universelle. En conséquence, « elle perd tout l’aspect des crimes contre l’humanité, de sorte que l’interrelation concernant l’utilisation des migrants comme ressource économique par les milices, comme marchandises à échanger, comme ressource pour maintenir le pouvoir militaire, n’est plus prise en compte », déplore Crippa.

    Omer Shatz, directeur juridique de l’ONG Front-Lex, affirme que la responsabilité des crimes commis contre les migrants ne devrait pas concerner uniquement les trafiquants et les autorités libyennes. Depuis des décennies, les gouvernements italiens ont signé des accords avec leurs homologues de Tripoli, qui incluent le contrôle libyen des flux migratoires. Shatz affirme que les autorités italiennes et européennes, y compris l’agence européenne des frontières Frontex, sont également responsables de l’interception de plus en plus fréquente des bateaux de migrants par des gardes libyens ou tunisiens, et donc de « l’alimentation du commerce du viol, de la torture, de l’extorsion et de la rançon que les familles paient » pour libérer leurs proches des centres de détention en Libye.

    L’avocat international critique le fait que la CPI ait rejoint l’équipe conjointe en 2022, laissant apparemment les poursuites de ces crimes aux mêmes autorités nationales, y compris italiennes, qui n’ont pas les moyens d’aller plus haut dans la chaîne de décision. Alors que la CPI a inclus les crimes contre les migrants dans son enquête sur la Libye, Shatz pense que les autorités italiennes et européennes devraient également faire l’objet d’une enquête en tant que coauteurs des crimes. « Ce sont les acteurs les plus responsables, et c’est pour eux que la CPI a été créée. »

    https://www.justiceinfo.net/fr/142227-italie-peut-on-faire-justice-crimes-contre-migrants.html
    #migrations #réfugiés #3_octobre_2013 #opération_Glauco

  • "Ce n’est plus ma guerre" : voyage sur les traces des #déserteurs ukrainiens, dans les neiges des #Carpates roumaines

    Plus de 22 000 Ukrainiens ont traversé illégalement la frontière avec la Roumanie, pour déserter l’armée ou échapper à la #mobilisation. Un quart d’entre eux ont emprunté une route périlleuse à travers les #montagnes. Les autres ont choisi de passer la #rivière #Tisza à la nage.

    Leur visage est creusé par la fatigue, mais les deux compagnons sont en vie. Roman* retire en toute hâte ses bottes, grossièrement doublées avec des sacs en plastique. En guise de bienvenue, un rayon de soleil éclaire sa barbe mal rasée. « Je suis de Poltava », déclare-t-il en tirant de sa poche un écusson des forces armées ukrainiennes. Ce jeune homme vient de franchir illégalement la frontière pour arriver en Roumanie, au prix d’un périple éprouvant. Il y a quelques semaines, il combattait encore dans le Donbass, comme tireur d’élite. Son camarade Mykhaïlo* semble perdu. Son regard trahit les épreuves des derniers jours, là-haut dans les montagnes.

    Les deux Ukrainiens ont été repérés dans la matinée, après avoir accompli l’essentiel de leur expédition à travers la chaîne des Carpates. Pris en charge par les secours, ils sont conduits dans les locaux de la police aux frontières, où leur sera notifiée leur entrée illégale sur le territoire. Et si les sommets enneigés paraissent majestueux, depuis le village de #Poienile_de_Sub_Munte, ils recèlent également d’innombrables pièges. Les deux fuyards l’ignorent encore, mais un groupe de secouristes a passé la nuit entière sur les hauteurs, à crier leurs noms dans l’obscurité de la nuit.

    Il est environ 23 heures quand l’alerte est donnée par téléphone depuis l’Ukraine. Le frère de Mykhaïlo transmet aux services d’urgence roumains des coordonnées GPS approximatives, et sans doute obsolètes, tout en les menaçant si rien n’est fait. Le #Salvamont_Maramures, service de #secours en montagne, n’a pas besoin de ce genre de pression pour prendre l’affaire au sérieux. Depuis le début de la guerre, ses équipiers ont déjà sauvé plus de 250 déserteurs ukrainiens, au cours de 200 missions en montagne. Trois sauveteurs partent immédiatement à l’assaut des sentiers enneigés, à bord de leur buggy survitaminé qui bourdonne dans la nuit, suivis par un robuste 4X4 de la #police_aux_frontières.

    Les deux véhicules s’arrêtent à trois reprises pour faire retentir de puissantes sirènes et signaler leur présence à des centaines de mètres à la ronde. Pas de réponse. Une douzaine de kilomètres plus loin, le groupe est contraint de continuer à pied, en remontant d’abord le cours d’un ruisseau glacial. Aussi lisse que piégeuse, la #neige avale les jambes sans prévenir, à peu près tous les vingt mètres. Les affaires se compliquent encore à l’approche de la frontière ukrainienne, où le secteur est segmenté par d’indistincts ravins, cachés sous un manteau blanc. Mihai Cantea et ses camarades, pareils à des chamois, grimpent en ligne droite les escarpements.

    Après deux heures d’ascension, les hommes du Salvamont marquent une pause. Au lieu renseigné, à 700 mètres environ de la frontière, personne ne répond à leurs appels. « Ils ont dû changer de secteur, ou ils sont morts », résume Mihai Cantea. Il est 3h40 quand l’équipe entame son long retour. « Bien sûr que c’est frustrant, commente le sauveteur. Mais c’est notre devoir de vérifier. »

    Cette fois-ci, l’histoire se termine bien, puisque les deux hommes sont récupérés le lendemain. Mais depuis le début de la guerre, seize hommes ont déjà péri sur les hauteurs et cinq autres sont portés disparus depuis trois semaines. Ils n’ont jamais pu être localisés, après l’appel de leurs proches. Des Ukrainiens de tous âges tentent leur chance. L’âge minimum de mobilisation est de 25 ans, mais la loi martiale interdit aux hommes entre 18 et 60 ans de quitter le pays.

    « Dix-huit heures pour me descendre en civière »

    Vladislav Duda, lui, est un miraculé. Le mois dernier, il a été secouru en état d’extrême #hypothermie, alors qu’il serrait son petit chat contre la poitrine, pour se réchauffer. Il se trouve aujourd’hui dans un autre pays européen, énième étape d’un périple initié à Kharkiv il y a plusieurs mois. Il a longtemps reporté sa #désertion, de peur de tomber sur des patrouilleurs ukrainiens. « J’avais préféré attendre l’hiver, qu’il fasse plus froid, pour tenter la traversée », raconte ce jeune homme de 28 ans. « Finalement, j’ai rencontré deux gars et on s’est lancés. Là-haut, on mangeait du saucisson et du kacha [une bouillie à base de céréales], on dormait sous la tente. »

    Le petit groupe parvient à gagner le versant roumain, creusé de ravins, à plus de 1 900 mètres d’altitude. « Mais là, les pentes étaient beaucoup trop abruptes. On devait descendre en position assise. J’ai fini par tomber. » Ses deux camarades appellent les secours, puis décident de l’abandonner et de continuer leur route. Vladislav est désormais seul, allongé dans un cercueil de glace, convaincu que le chemin va s’arrêter là. Pour de bon.

    Mais Mihai Cantea finit par le localiser en remontant les traces de pas dans la neige. Sur place, il découvre un homme trempé et grelottant, presque inconscient, qui répète « cat, cat », pour signaler la présence de Peach, le petit chat qu’il tient contre lui, comme une bouillotte. Les secouristes comprennent « cut, cut » et pensent d’abord qu’il souffre d’une coupure. Quoi qu’il en soit, son état de santé inspire une vive l’inquiétude, d’autant que les conditions météo sont trop mauvaises pour faire décoller un hélicoptère. « Il a fallu dix-huit heures pour me transporter en civière, mais je ne me souviens de rien, raconte le rescapé. Juste que le chemin était très long. »

    Pour autant, le fuyard n’exprime aucun regret. « Le plus dangereux, ce n’est pas de passer huit jours en montagne, c’est d’aller à la guerre. Je connais des gens morts trois jours après leur arrivée au front. » Ce journaliste anticorruption, l’un des rares à s’exprimer sous son identité réelle, affirme être depuis la cible de commentaires injurieux en Ukraine, postés sur internet. « Je veux vivre, je ne veux pas me battre pour des gens corrompus », répond-il à ceux qui l’accusent d’être un traître. « Et je ne veux pas rentrer au pays tant qu’il y aura de la corruption. »

    Deux heures de plus, et Vladislav aurait sans doute trouvé la mort, confie Dan Benga, le chef du Salvamont Marmatures. L’expérimenté secouriste conserve des photos et des vidéos de toutes les interventions. La plus longue a duré 133 heures. A cette occasion, l’agence européenne #Frontex avait même engagé trois hélicoptères. Quatre hommes ont été sauvés, six sont morts. Le secouriste montre ensuite les images d’un homme sur le ventre, vêtu d’un simple short et d’un tee-shirt. « La phase finale de l’hypothermie est caractérisée par une irrépressible bouffée de chaleur. Avant de mourir, cet homme avait jeté tous ses habits un peu plus loin. »

    Pieds nus dans la neige pendant des heures

    Amputé de tous ses doigts de pied, Maksym a payé un lourd tribut à la montagne. Au tout début de la guerre, il déménage de Kiev pour s’installer près de la frontière. Quand il reçoit une convocation militaire, il part se cacher dans la forêt, où il végète plus d’un mois. Il paie 2 000 euros à un ancien contrebandier de cigarettes reconverti en passeur, qui se contente de lui dire : « C’est par là. » Il établit un camp de base dans un abri de chasse, en compagnie de trois autres personnes, dont un fils et son père. « J’avais entendu qu’il fallait voyager léger. Ça a été une énorme erreur. »

    Le groupe tente à plusieurs reprises de passer à travers le #Pop_Ivan, redoutable sommet de 1 936 mètres. « Le père de mon ami a dévalé et son fils est allé le récupérer avant de le tracter en plantant son couteau suisse Victorinox dans la glace. » Au sommet, ils appellent leurs familles pour leur dire adieu. Sait-on jamais. « La nuit, le père de mon ami s’est levé. Il a dit qu’il allait dans la cuisine. On l’a entouré pour le réchauffer, mais à 4 heures du matin, il avait disparu. On a crié partout, on ne l’a jamais revu. »

    La mort dans l’âme, le groupe poursuit sa route, mais commet l’erreur de bifurquer vers le secteur de #Criva, le plus dangereux. La suite est un long cauchemar. Après avoir perdu chaussures et chaussettes, Maksym marche pieds nus pendant des heures, en s’aidant parfois de ses mains. Puis il chute et dévale une pente. « C’est quand je me suis assis sur un tronc d’arbre que j’ai vu tout le sang que je perdais » des chevilles. Un autre naufragé parvient enfin à transmettre des coordonnées. Maksym sera hélitreuillé puis hospitalisé à #Baia_Mare, la ville roumaine où s’est également réfugiée sa famille, arrivée légalement.

    Ses orteils sont totalement nécrosés, mats comme du charbon. L’os de ses talons affleure au milieu des chairs rongées. Encore aujourd’hui, le moindre changement de température lui fait vivre un martyre. « Je n’ai plus de muscle sous les pieds et je ressens chaque relief du sol. » Paradoxalement, Maksym a pourtant appris à aimer la montagne, dont il a fait l’inattendu terrain de jeu de ses dernières sorties en famille, comme une rémission. Quand on l’interroge sur un éventuel cessez-le-feu, il botte en touche. « Je ne me sens plus concerné, ce n’est plus ma guerre, répond-il désormais avec détachement. Je me bats pour ma famille, pas pour que des gens remplissent leurs poches avec de l’argent américain. »

    Un dispositif renforcé à la frontière

    Le passage par les montagnes est si dangereux que les trois quarts des déserteurs préfèrent franchir la #rivière_Tisza à la nage, plus à l’ouest, selon la police locale. Ce matin-là, au poste-frontière de #Sighetu_Marmatiei, des femmes et des vieillards traversent le cours d’eau à pied, leur passeport bleu à la main. Des ouvriers tentent de rénover la chaussée défoncée par les voitures des réfugiés. Jusqu’à 5 000 entrées par jour au début de la guerre, contre 2 500 aujourd’hui.

    Le long de cette rivière agitée par les courants, bordée de peupliers et de saules, quelques caméras de chasse sont planquées dans les arbres. Au moindre mouvement, elles envoient des photos et une alarme au centre dédié de la police frontalière, lassée des fausses alertes déclenchées par les pêcheurs et les animaux.

    En patrouille sur la rive, Stefan Grad, l’officier en charge du secteur, reste marqué par la silhouette d’un jeune homme de 18 ans. « Il gardait ses maigres affaires dans un petit sac, il était trempé et de l’eau coulait de ses baskets. Il avait mis son portable dans un préservatif, pour le protéger. » Submergé par le stress et l’adrénaline, il mettra de longues secondes à retrouver son passeport. « Il paraissait vraiment soulagé que nous soyons là. J’ai un fils du même âge à l’université. Mais pour ce gamin-là, tout est difficile avec la guerre. Ça m’a beaucoup touché. »

    Sur les hauteurs alentour, plusieurs véhicules sont stationnés avec des caméras thermiques d’une portée de sept kilomètres. Les yeux rivés sur son écran, l’agent Varadi Roland zoome à la recherche de mouvements suspects, en faisant osciller une manette. Il se concentre également sur des zones plus spécifiques, quand les policiers ont obtenu des informations en amont.

    « Nous avons recensé l’arrivée illégale de plus de 22 000 hommes adultes : 4 500 la première année, 3 900 la deuxième et 13 800 l’an dernier », détaille Iulia Stan, porte-parole de la direction territoriale de Sighetu Marmatiei. En avril dernier, l’âge de la conscription avait été abaissé de 27 à 25 ans en Ukraine, ce qui explique ce rebond d’arrivées illégales. La police aux frontières travaille avec les forces de l’ordre nationales et l’agence européenne Frontex, qui a renforcé son #opération_Terra. L’inspection générale de l’aviation roumaine a également déployé des hélicoptères. Dans le ciel, on les reconnaît à leur couleur bleue, quand ceux de Kiev sont peints en vert.

    L’Ukraine, en tout cas, suit le dossier de très près. « Ne risquez pas votre vie !, écrivent les gardes-frontières sur leurs réseaux sociaux. Les hauts plateaux des Carpates ukrainiennes sont dangereux en hiver. » Les arrestations de fuyards et de passeurs sont régulièrement médiatisées, afin de montrer l’exemple. Ioulia Stan assure toutefois que ses homologues de Kiev ne lui réclament pas les noms des déserteurs. « Ils savent que nous respectons la législation européenne » sur la protection temporaire, accordée quelques jours après le début de la guerre.

    « Je risque douze ans de prison »

    Les civils et les soldats en fuite, pour autant, craignent toujours d’être rattrapés. « Je suis recherché en Ukraine », explique froidement Artem, qui a posé ses bagages en Roumanie après avoir traversé la Tisza. « La police est déjà passée chez moi et je risque douze ans de prison. » Le quadragénaire tait son nom, pour des raisons évidentes. Il prend le temps de jauger ses interlocuteurs, puis raconte son histoire, pendant plus d’une heure.

    Cet ancien militaire a combattu pendant des mois et des mois après avoir rejoint spontanément l’armée, au tout début de l’invasion russe. Sur une vidéo, on l’aperçoit aux commandes d’un blindé pris à l’armée russe, encore floqué de la lettre « Z », sous les hourras de ses camarades. « On devait prendre de la nourriture et des vêtements sur les corps des soldats ennemis. » A #Bakhmout, ce sapeur de formation « pose des mines américaines et désamorce des mines russes Pom-2 et Pom-3 ». Par deux fois, des engins explosent près de lui. « Les médecins n’ont même pas voulu me soigner », glisse-t-il, amer, lui qui souffre toujours de maux de tête et de troubles de la mémoire.

    Alors qu’il est en permission, au printemps 2024, un camarade lui apprend que son unité va être expédiée à Tchassiv Iar, ville ciblée par une offensive russe. « On était clairement envoyés à la mort. J’ai pesé le pour et le contre, et j’ai décidé de partir. » Il prend la route avec ses papiers, son téléphone et un peu d’argent. Puis il fonce en direction de la Tisza, où il parvient à déjouer les patrouilles ukrainiennes et à forcer la ligne de défense. « Les #barbelés sont impossibles à couper, mais avec ma formation militaire, je suis parvenu à les défaire et à créer un trou. » Quelques secondes plus tard, il touche l’autre rive, à hauteur de #Bocicoiu_Mare, et se cache dans la végétation, où il essore ses habits. « C’est allé très vite. »

    « Je ne crois même pas au cessez-le-feu »

    Artem fait aujourd’hui part de son écœurement. « Ce n’est pas seulement la guerre, c’est aussi la politique, la corruption... » Il accuse des officiers d’avoir confisqué les plaques de camarades morts au combat, pour toucher la solde, tout en déclarant aux familles qu’ils étaient portés disparus. « Certains ne voulaient pas combattre et payaient les officiers pour ne pas être envoyés en première ligne. Du coup, ça tombait toujours sur moi et quelques autres, toujours les mêmes. » Il affirme également que « les officiers nous envoyaient comme si on allait cueillir des champignons, tout en sachant très bien qu’on allait se faire attaquer. » L’euphorie des premiers jours a laissé place à une grande lassitude. « Moi, je veux que ça s’arrête et que tous les responsables paient pour ce qu’ils ont fait. »

    Parfois, il se sent tout de même coupable de ne plus pouvoir aider ses compagnons d’armes au combat. « A chaque fois que je les appelle, j’apprends la mort de nouvelles personnes. » En attendant, même ici, aux confins de la Roumanie, les combats continuent d’envahir ses pensées. « Je garderai longtemps le souvenir des corps dans les tranchées. Au supermarché, il me suffit de sentir l’odeur pour savoir si la viande est fraîche ou non. »

    https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/reportage-ce-n-est-plus-ma-guerre-voyage-sur-les-traces-des-deserteurs-
    #Ukraine #réfugiés #montagne #Roumanie #frontières #migrations

    ping @karine4

  • Preludio all’Operazione Guastafeste
    https://resistenzeincirenaica.com/2025/01/27/preludio-alloperazione-guastafeste

    Sabato 1° febbraio a Casa Bettola, incontro con lo storico #Federico_Carlo_Simonelli organizzato da Casa Bettola, Città Migrante e LabAQ16. Durante l’incontro, Simonelli presenterà il suo libro D’Annunzio e il mito di Fiume, riti, simboli e narrazioni, offrendo un’analisi approfondita su come l’impresa dannunziana sia stata costruita e tramandata attraverso simbolismi e retoriche che... Continua a leggere

    #La_Federazione #Gabriele_D’Annunzio #Imprese_di_Fiume #Operazione_Guastafeste #Reggio_Emilia


    https://0.gravatar.com/avatar/6f922a648df6ad1bb6049846b1a53074f50ce6756b33e9c85e2bb6ba1843e0af?s=96&d=

  • La #journaliste #Lavrilleux : la justice aux trousses | Au Poste, média indépendant 100% Live & Libre

    https://www.auposte.fr/la-journaliste-lavrilleux-la-justice-aux-trousses

    #secret_des_sources #Ariane_lavrilleux #secret_defense #ministère_de_la_défense #armées #lecornu #hollande #egypte #dgsi

    Elle risquait une mise en examen pour « appropriation et divulgation d’un #secret de la #défense_nationale ». 

    Dans le viseur de la justice et du ministère des Armées qui a porté plainte ? Des articles publiés en novembre 2021 par Ariane et trois autres journalistes sur Disclose au sujet d’une #opération_militaire_secrète de la #France en #Égypte, baptisée « #opération_Sirli ». Cette mission a conduit à l’#exécution_arbitraire de centaines de #civils égyptiens, le tout sur fond de vente d’armes. Comme le rappelle Disclose dans un récent communiqué, « pour sa participation à cette #enquête, notre journaliste encourt une peine de cinq ans de #prison et 75 000 euros d’amende ». Pour #Disclose, qui dénonce le détournement des moyens attribués à la lutte antiterroriste, « un nouveau cap est franchi dans les #pressions exercées contre les journalistes qui enquêtent sur des #affaires_d’État ».

    Rappelons qu’en septembre 2023, l’appartement d’Ariane Lavrilleux à Marseille avait été perquisitionné à 6 heures du matin. Neuf agents de la DGSI (Direction générale de la Sécurité intérieure) ont alors récupéré toutes les données de ses ordinateurs, et a placé la journaliste en garde-à-vue durant … 39 heures. Ils cherchaient à identifier les sources qui lui ont permis de révéler que la France a aidé la dictature égyptienne à mener une campagne d’exécution arbitraire de civils entre 2016 à 2019.
    Avec Ariane Lavrilleux, on parlera ainsi du respect du secret des sources, sur les barbouzes qui enquêtent sur les journalistes, et parfois les intimident, mais aussi des moyens nécessaires à des enquêtes journalistiques de longue haleine, et notamment leur financement. 

    Justement, ce lundi, plus de 80 organisations de presse, dont l’ONG #Reporters_sans_frontières, les syndicats SNJ et CFDT, l’association du Prix Albert Londres et une série de médias dont StreetPress et Médiacités. demandent au gouvernement de « garantir la protection du secret des sources » Dans un courrier ouvert au Premier ministre, ainsi qu’aux ministres de la Culture, de l’Intérieur, de la Justice et des Armées, ces organismes présentent cinq propositions, élaborées par un groupe de travail constitué de journalistes et de juristes spécialistes du droit de la presse. Depuis la loi Dati, il est en effet possible de lever le secret des sources en invoquant un « impératif prépondérant d’intérêt public », qui est mal circonscrit. « Il est impératif de restreindre le champ » de cette notion, soulignent les organisations signataires. Oui, il y a urgence.

    Marc Endeweld.

  • Mis en cause par François Bayrou, les agents de l’#Office_français_de_la_biodiversité appelés à faire la grève des contrôles
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/01/17/mis-en-cause-par-francois-bayrou-les-agents-de-l-office-francais-de-la-biodi

    Mis en cause par François Bayrou, les agents de l’Office français de la biodiversité appelés à faire la grève des contrôles
    Trois jours après l’attaque frontale du premier ministre contre le travail des agents de l’#OFB, les syndicats de l’établissement public demandent des excuses publiques.

    Par Perrine Mouterde

    Publié le 17 janvier 2025 à 16h39

    Ne plus effectuer aucune mission de police, ne plus réaliser aucune opération en lien avec le monde agricole, ne plus transmettre aucun avis technique… tant que le premier ministre n’aura pas formulé des excuses publiques. Trois jours après que François Bayrou a attaqué frontalement le travail des agents de l’Office français de la biodiversité (OFB), les syndicats de l’établissement public appellent, vendredi 17 janvier, à une grève partielle et à un vaste mouvement de contestation. « En réponse à la remise en cause incessante de nos missions et afin d’éviter de commettre des “fautes”, l’intersyndicale demande à l’ensemble des personnels de rester au bureau », résument dans un communiqué cinq organisations (#Syndicat_national_de_l’environnement, FSU, FO, CGT, Unsa, EFA-CGC).

    Quasiment muet sur les #sujets_climatiques_et_environnementaux lors de sa déclaration de politique générale, mardi 14 janvier, #François_Bayrou a en revanche lancé un acte d’accusation sévère à l’encontre de l’instance chargée de veiller à la préservation de la biodiversité et au respect du droit de l’environnement. « Quand les #inspecteurs de la #biodiversité viennent contrôler le fossé ou le point d’eau avec une arme à la ceinture, dans une ferme déjà mise à cran, c’est une humiliation, et c’est donc une faute », a-t-il affirmé.

    Cette déclaration ne pouvait que remettre de l’huile sur le feu après dix-huit mois de vives tensions entre l’établissement et certains syndicats agricoles. La #FNSEA et la Coordination rurale, notamment, assurent que les agriculteurs sont contrôlés de manière excessive et intimidante par les inspecteurs de l’environnement et réclament leur désarmement. Fin 2023 et début 2024, des personnels et des agences de l’OFB avaient été pris pour cibles lors de manifestations. Fin 2024, lors d’un nouveau mouvement de protestation agricole, une cinquantaine d’agressions et d’attaques ont été recensées.

    « Le premier ministre, qui a outrepassé ses fonctions en se faisant le porte-parole de syndicats agricoles, doit se reprendre et réparer sa faute, affirme aujourd’hui #Sylvain_Michel, représentant #CGT à l’OFB. Il est intolérable que le deuxième plus haut représentant de l’Etat attaque directement un établissement public dont les missions sont dictées par la loi et qui consistent à faire respecter le code de l’environnement. »

    Expression « mal comprise »
    La présidente du conseil d’administration de l’OFB, Sylvie Gustave-dit-Duflo, a également fait part de sa colère après les propos de François Bayrou. « Lorsque le premier ministre prend directement à partie l’OFB sans avoir pris la peine de s’intéresser à nos missions, à ses enjeux, c’est inconcevable, c’est une faute », a déclaré vendredi Me Gustave-dit-Duflo, qui est aussi vice-présidente de la région Guadeloupe. « La probabilité pour qu’une exploitation agricole soit contrôlée par les 1 700 inspecteurs de l’environnement, c’est une fois tous les cent-vingt ans », a-t-elle ajouté.

    Les propos du #premier_ministre avaient déjà fait réagir ces derniers jours. Dès mercredi, un membre du Syndicat national des personnels de l’environnement (SNAPE)-FO, Benoît Pradal, a décrit sur France Inter « l’humiliation » ressentie depuis des mois par les agents de l’OFB et assuré n’avoir aucun problème avec « la majorité » des agriculteurs. « On a le sentiment que ce que veulent [une minorité d’agriculteurs], c’est ne plus nous voir dans leurs exploitations. C’est du même ordre que si les dealers demandaient aux policiers de ne plus venir dans les cités », a-t-il ajouté. La FNSEA et les Jeunes agriculteurs ont aussitôt dénoncé « une comparaison honteuse » et réclamé la suspension des contrôles. Le patron des LR à l’Assemblée, Laurent Wauquiez, a lui réclamé que l’OFB soit « purement et simplement supprimé ».

    L’ancien député Modem Bruno Millienne, conseiller de Matignon, juge que l’expression de François Bayrou a été « mal comprise » et prône « le bon sens et le respect mutuel de part et d’autre ». De son côté, la ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a appelé vendredi à l’apaisement, en rappelant que les agents de l’OFB « font le travail que nous leur demandons ». « Si la loi doit évoluer, c’est aux parlementaires de la faire évoluer. Ce n’est pas aux agents de l’OFB de ne pas respecter la loi », a-t-elle ajouté.

    Etuis de port d’armes discrets
    Outre la suspension d’un certain nombre de missions, l’intersyndicale de l’établissement public invite les quelque 3 000 agents (dont les 1 700 inspecteurs de l’environnement) à cesser toute participation aux réunions organisées en préfecture sur des sujets agricoles ainsi que tout appui technique aux services de l’Etat, aux établissements publics et aux collectivités territoriales. Elle suggère aussi, dans le cadre d’une action symbolique, d’aller remettre en mains propres aux préfets les étuis de port d’armes discrets, censés permettre de dissimuler l’arme sous les vêtements.

    Une circulaire du 3 décembre 2024 prévoit la mise en place immédiate de ce port d’armes discret. Pour Sylvain Michel, cet outil est « de la poudre aux yeux », qui ne réglera en aucun cas les difficultés. « Ceux qui attaquent les armes violemment ne veulent pas de droit de l’environnement, et donc pas de police de l’environnement », a jugé récemment le directeur général de l’établissement, Olivier Thibault. La police de l’environnement est celle qui contrôle le plus de personnes armées chaque année.

    #Perrine_Mouterde

    • « L’Office français de la biodiversité, l’un des principaux remparts contre l’effondrement du vivant, est victime d’attaques intolérables »

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/01/07/l-office-francais-de-la-biodiversite-l-un-des-principaux-remparts-contre-l-e

      TRIBUNE
      Collectif

      Amputer les missions de l’#OFB, en réduire les moyens ou revenir sur ses dotations sacrifierait des ressources indispensables pour sa capacité à protéger la biodiversité et à la défendre face aux pratiques illégales qui la dégradent, explique, dans une tribune au « Monde », un collectif de personnalités d’horizons divers, parmi lesquelles Allain Bougrain-Dubourg, Marylise Léon, Christophe Béchu et Valérie Masson-Delmotte.

      ’Office français de la biodiversité (OFB) a récemment déposé une cinquantaine de plaintes au niveau national pour dégradations et menaces.

      Début octobre, la voiture d’un chef de service du Tarn-et-Garonne a été visée par un acte de sabotage. Le 26 janvier 2024, sur fonds de colère agricole, des manifestants ont tenté de mettre le feu au siège de Trèbes (Aude), tandis que l’enquête ouverte après l’incendie de celui de Brest (Finistère), à l’occasion d’une manifestation de marins pêcheurs mécontents, le 30 mars 2023, vient d’être classée sans suite.

      A Guéret (Creuse), les locaux de l’établissement public ont été saccagés, et des documents volés, pour la première fois ; à Beauvais, un service a été muré, et plusieurs services ont reçu un mail d’insultes et de menaces. D’autres établissements publics – tels que l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement ou l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail – et certains agents ont été victimes d’attaques intolérables.

      3 000 agents répartis à travers la France
      L’OFB incarne pourtant l’un des principaux remparts contre l’érosion de la biodiversité. Cet établissement public, créé par le législateur, en 2019, lors de la fusion de l’Agence française pour la biodiversité et de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, rassemble plus de 3 000 agents répartis à travers la France métropolitaine et les outre-mer. Inspecteurs de l’environnement, ingénieurs, experts thématiques, vétérinaires, techniciens, personnel administratif, œuvrent ensemble pour accompagner les collectivités et les divers acteurs économiques vers des pratiques respectueuses de la nature.

      L’OFB réunit des compétences uniques pour mesurer, analyser et anticiper l’effondrement du vivant. Que savons-nous de la fragilité des espèces ou des écosystèmes déjà affectés ? Quel est l’état de santé des zones humides, des milieux forestiers et marins ? Affaiblir l’OFB, c’est saper les fondations mêmes de notre connaissance et de nos capacités d’action. Le défendre, c’est affirmer que la science est un levier crucial de la résilience de nos sociétés.

      Protéger la biodiversité, c’est aussi la défendre face aux pratiques illégales qui la dégradent. L’une des missions centrales de l’OFB vise à assurer l’application des lois environnementales. Avec ses 1 700 inspecteurs, cette police de l’environnement lutte contre le braconnage, les pollutions et autres atteintes aux milieux naturels et aux espèces protégées. Ses équipes aident également les usagers à mieux comprendre et à respecter les réglementations, en proposant des solutions concrètes et constructives.

      L’OFB n’agit pas seul. Il constitue le cœur d’un réseau d’acteurs qui tissent ensemble des initiatives locales et nationales : Etat, collectivités, citoyennes et citoyens engagés, en particulier dans les associations, entreprises, scientifiques. De la ruralité au cœur des villes, cette force agit pour la préservation de la biodiversité et de l’équilibre de nos territoires.

      La base de notre existence
      Loin de faire cavalier seul, comme certains l’affirment, les agents de l’OFB participent à la résilience des activités économiques, établissent des ponts entre des intérêts parfois divergents, en facilitant le dialogue avec les agriculteurs, pêcheurs, chasseurs, pratiquants des sports de nature ou encore les acteurs de l’énergie. Qu’il s’agisse de la restauration d’un marais, de la survie d’une espèce endémique ultramarine ou de l’éducation des plus jeunes, chaque avancée repose sur cette synergie avec la même ambition : léguer un futur viable aux prochaines générations.

      La biodiversité n’est pas un luxe, elle est la base même de notre existence : l’eau que nous buvons, l’air que nous respirons, les sols qui nous nourrissent. Ses interactions et interdépendances ont permis, au cours de l’évolution, de créer les conditions d’émergence de l’ensemble du vivant. Ce fil fragile menace bientôt de rompre. Quand les océans s’élèvent, que les habitats naturels se dégradent, que les cours d’eau s’assèchent ou débordent, que les espèces sauvages disparaissent à un rythme sans précédent, nous devons faire front et nous unir derrière un unique objectif : protéger la vie.

      Dans ce contexte, amputer les missions de l’#OFB, réduire ses moyens budgétaires et humains ou revenir sur les dotations décidées il y a à peine un an pour les politiques publiques de biodiversité, sacrifierait des ressources indispensables pour notre capacité à agir efficacement pour préserver l’#avenir.

      C’est pourquoi, aujourd’hui, nous appelons élus, #associations, #scientifiques, #citoyennes_et_citoyens à faire front pour soutenir cet #opérateur_public, aujourd’hui sous le feu de #critiques_injustifiées. Celles-ci visent en réalité, à travers l’OFB ainsi qu’à travers l’ensemble de ses agents, des politiques publiques et des #réglementations qui ont mis des années à progresser et à commencer à faire leurs preuves.

      Premiers signataires : Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux ; Antoine Gatet, président de France Nature Environnement ; Erwan Balanant, député (#MoDem) du Finistère ; Sandrine Le Feur, députée (Renaissance) du Finistère ; Marie Pochon, députée (#EELV) de la Drôme ; Dominique Potier, député (divers gauche) de Meurthe-et-Moselle ; Loïc Prud’homme, député (LFI) de Gironde ; Richard Ramos, député (MoDem) du Loiret ; Marylise Léon, secrétaire nationale de la CFDT ; Christophe Béchu, maire d’Angers et ancien ministre ; Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue, directrice de recherches au CEA ; Claude Roustan, président de la Fédération nationale de la pêche. Liste complète des signataires ici.

      Collectif

    • Jean-Baptiste Fressoz, historien : « Les #polices_environnementales subissent de nombreuses entraves »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/28/jean-baptiste-fressoz-historien-les-polices-environnementales-subissent-de-n

      Jean-Baptiste Fressoz, historien : « Les polices environnementales subissent de nombreuses entraves »
      CHRONIQUE

      Jean-Baptiste Fressoz

      Historien, chercheur au CNRS

      La mise en cause de l’Office français de la biodiversité à l’occasion des manifestations d’agriculteurs s’inscrit dans l’histoire des entraves à la protection de l’environnement, observe l’historien dans sa chronique.Publié le 28 février 2024 à 06h00, modifié le 28 février 2024 à 08h15 Temps deLecture 2 min.

      Les locaux de l’Office français de la biodiversité (OFB) ont été plusieurs fois visés par les manifestations d’agriculteurs, par exemple à Mende, le 2 février, et à Carcassonne, le 27 janvier. Le 26 janvier, le premier ministre, Gabriel Attal, avait annoncé le placement de l’établissement public sous la tutelle des préfets. L’OFB fait partie des « polices environnementales », vocable regroupant différentes institutions qui vont des anciens gardes-chasse, gardes forestiers, gardes-pêche – devenus agents de l’OFB – aux inspecteurs des établissements classés (Polices environnementales sous contraintes, de Léo Magnin, Rémi Rouméas et Robin Basier, Rue d’Ulm, 90 pages, 12 euros).

      Le mot « police » a cela d’intéressant qu’il renvoie à l’origine de ces institutions. Sous l’Ancien Régime, la police méritait en effet pleinement son nom, car elle s’occupait de tout ce qui avait trait à l’espace urbain, à la fois l’ordre public, bien sûr, mais aussi l’ordre environnemental, la propreté des rues, l’organisation des marchés, les fumées des artisans…

      Le succès administratif des termes « environnement », dans les années 1970, puis « biodiversité », dans les années 2000, cache la profonde continuité des pratiques et des institutions qui encadrent les usages de la nature. A l’instar de la police d’Ancien Régime, la police environnementale recourt surtout à la pédagogie et aux rappels aux règlements bien plus qu’aux sanctions. Une police qui repose davantage sur les bonnes pratiques que sur des normes strictes et des instruments de mesure.

      On retrouve aussi une même rivalité entre administration et justice tout au long de son histoire. Au début du XIXe siècle, la mise en place du système administratif (préfets et Conseil d’Etat) avait conduit à marginaliser les cours judiciaires dans la gestion de l’environnement : d’un côté, une administration qui pense « production et compétitivité nationale », de l’autre, des cours qui constatent des dommages, des responsabilités et attribuent des réparations.

      Gestion de contradictions
      Les polices environnementales subissent également de nombreuses entraves. Tout d’abord celle liée au manque de personnel : pour surveiller l’ensemble de ses cours d’eau, la France ne dispose que de 250 agents, soit moins d’un agent pour 1 000 kilomètres de rivière. Quant aux établissements classés, on en compte plus de 500 000 en France, pour 3 100 inspecteurs. On est bien loin des 30 000 gardes champêtres qui quadrillaient les campagnes françaises au XIXe siècle !

      Entraves qui tiennent ensuite à la faible prise en charge judiciaire de ces affaires : les atteintes à l’environnement représentent ainsi une part infime des affaires correctionnelles. Entraves liées enfin à l’état du monde agricole français : moins de 2 % de la population exploite plus de la moitié du territoire métropolitain ; logiquement, les agriculteurs concentrent la majorité des contrôles. Et la peur de la violence d’un monde agricole en détresse économique taraude les inspecteurs : un contrôle de trop peut enclencher la faillite…

      Robert Poujade, tout premier ministre de l’écologie de 1971 à 1974, avait conté son expérience au Ministère de l’impossible (Calmann-Lévy, 1975). La police de l’environnement est une « police de l’impossible », davantage caractérisée par ses contraintes que par ses pouvoirs, une police « d’avant-garde » par certains aspects, mais qui tente de faire respecter des règles souvent anciennes, une police enfin qui n’est soutenue par aucune campagne de sensibilisation massive, contrairement à ce qui a été fait, par exemple, pour la sécurité routière, et qui se trouve devoir gérer les contradictions entre système productif et politique. Selon la formule des auteurs de Polices environnementales sous contraintes, « l’écologisation de nos sociétés n’a rien d’automatique et demeure un processus hautement contingent, sinon un objectif essentiellement discursif ». Les reculades de Gabriel Attal face aux revendications de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles confirment cette sombre appréciation.

      #Jean-Baptiste_Fressoz (Historien, chercheur au #CNRS)

    • « Il appartient aux autorités politiques de #défendre l’#existence de l’Office français de la #biodiversité, chargé d’appliquer les #réglementations_environnementales »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/03/02/il-appartient-aux-autorites-politiques-de-defendre-l-existence-de-l-office-f

      « Il appartient aux autorités politiques de défendre l’existence de l’Office français de la biodiversité, chargé d’appliquer les réglementations environnementales »
      TRIBUNE
      Collectif

      L’OFB est devenu le bouc émissaire de la crise agricole, déplorent dans une tribune au « Monde » les représentants des organisations siégeant au conseil d’administration de cet établissement national. Pour eux, la coopération entre agriculture et biodiversité est une évidente nécessité.Publié le 02 mars 2024 à 06h30 Temps deLecture 4 min.

      Le #déclin_de_la_biodiversité à une vitesse et à une intensité jamais égalées est #scientifiquement_établi depuis des années, et particulièrement dans les rapports de la Plate-Forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (#IPBES). Les menaces sur l’eau et la biodiversité sont toutes d’origine humaine et s’exacerbent mutuellement.

      Cet #effondrement_de_la_biodiversité, conjugué au changement climatique, remet en question l’habitabilité de notre planète et interroge l’avenir du vivant, humain et non humain.

      Face à ce constat, l’Etat a créé en 2020 un établissement national spécialisé, l’Office français de la biodiversité (#OFB), consacré à la protection et à la restauration de la biodiversité en métropole et dans les outre-mer. Le législateur et le gouvernement lui ont assigné des missions essentielles, en particulier :

      – la connaissance et l’expertise : mieux connaître les espèces, les milieux naturels, les services rendus par la biodiversité et les menaces qu’elle subit est essentiel pour protéger le vivant ;

      – un appui aux politiques publiques : à tous niveaux, les équipes de l’OFB appuient les politiques publiques pour répondre aux enjeux de préservation de la biodiversité ;

      – la gestion et restauration des espaces protégés : parcs naturels marins, réserves, appui aux parcs nationaux, travail en réseau… ;

      – la contribution à la police de l’environnement, qu’elle soit administrative ou judiciaire, relative à l’eau, aux espaces naturels, à la flore et la faune sauvages, à la chasse et à la pêche ; à la lutte contre le trafic des espèces sauvages menacées d’extinction.

      Manque de moyens
      Quatre ans après sa création, l’OFB continue de consolider son identité et sa place dans le paysage institutionnel. En manque d’un véritable portage politique, ce « fer de lance de la biodiversité » a vu ses missions s’étoffer et se complexifier considérablement, tandis que ses effectifs n’ont augmenté qu’à la marge.

      Le manque de moyens humains reste une entrave à l’action, à tous niveaux.

      Par exemple, sur les seules missions de police judiciaire, à l’échelle du territoire national, l’OFB ne compte que 1 700 inspecteurs pour prévenir et réprimer les atteintes à l’environnement (surveillance du territoire, recherche et constat des infractions, interventions contre le braconnage, …), qui doivent également contribuer à la connaissance, apporter leur expertise technique, sensibiliser les usagers, réaliser des contrôles administratifs sous l’autorité du préfet, etc. Mais d’autres agents et métiers de l’OFB sont également en tension.

      Durant les manifestations de colère agricole, l’OFB se voit conspué, ses implantations locales dégradées, ses agents vilipendés. L’OFB est devenu le bouc émissaire de la crise agricole, en l’absence de réponses concrètes sur le revenu des paysans.

      La santé des agriculteurs en premier lieu
      Ces attaques réitérées contre l’OFB sont inacceptables, car elles visent, au travers de l’établissement et de ses agents, à affaiblir les politiques publiques de protection et de sauvegarde de la nature, de l’eau et de la biodiversité.

      Parce que l’eau et la biodiversité renvoient à la complexité du vivant, le bon sens, qu’il soit populaire ou paysan, ne peut suffire à protéger ou à restaurer un fonctionnement équilibré des milieux naturels. L’OFB est un outil précieux de connaissance et d’expertise pour accompagner et garantir la mise en œuvre des politiques publiques (collectivités, habitants, filières professionnelles, etc.). La remise en cause de certaines de ses missions et de sa capacité d’agir générerait des reculs concrets et dommageables pour l’intérêt général et nos modes de vie.

      Elle ne constituerait aucunement un gain pour le monde agricole, dont une grande partie a déjà intégré les enjeux de préservation des milieux et des cycles naturels. Rappelons que, en faisant appliquer les réglementations environnementales, l’OFB et les autres opérateurs publics de l’environnement protègent aussi la santé de tous les citoyens, celle des agriculteurs en premier lieu.

      A l’inverse de la tendance à opposer agriculture et protection de la nature, la coopération entre agriculture et biodiversité est une nécessité évidente : le système agroalimentaire intensif aujourd’hui dominant constitue l’une des principales pressions sur la biodiversité, dont l’érosion continue provoque, en retour, une fragilisation de tous les modèles agricoles.

      Rappeler les lois, voire sanctionner
      Les politiques publiques, comptables vis-à-vis des générations futures, ne doivent pas renoncer à la transition agroécologique ; elles doivent au contraire l’accompagner, la guider et la soutenir, au bénéfice de la biodiversité, de l’atténuation et de l’adaptation du changement climatique, de la santé des humains (et en premier lieu des producteurs), des autres êtres vivants et de l’agriculture elle-même.

      Nous soutenons sans réserve tous les paysans qui s’engagent dans cette transition agroécologique, dans un modèle à la fois vertueux pour l’environnement et où les femmes et les hommes qui nous nourrissent vivent dignement de leur travail, sans mettre en jeu leur santé et celle des citoyens.

      Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés « Face au changement climatique, l’agriculture biologique doit être soutenue »

      L’OFB a sa place au côté d’une agriculture en pleine mutation, pour accompagner les paysans de bonne volonté, engagés dans la transition, mais aussi pour rappeler les lois et règlements en vigueur, voire sanctionner ceux qui ne respectent pas la loi, qu’ils soient des entreprises, des agriculteurs, des collectivités ou des individus.

      L’Etat doit lui en donner véritablement les moyens, avec des effectifs à la hauteur de ces enjeux et des agents reconnus qui vivent, eux aussi, dignement de leur travail. Comme pour d’autres établissements publics pris pour cible par des groupes d’intérêts économiques, il appartient aux autorités politiques de défendre l’existence de cet organisme dont les missions sont définies dans le cadre légitime de l’action publique de l’Etat

      Les signataires de cette tribune proviennent tous d’organisations siégeant au conseil d’administration de l’Office français de la biodiversité : Véronique Caraco-Giordano, secrétaire générale du #SNE-FSU, Syndicat national de l’environnement ; Antoine Gatet, président de France Nature Environnement ; Bernard #Chevassus-au-Louis, président d’Humanité et biodiversité ; Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux ; Claude Roustan, président de la #Fédération_nationale_de_la_pêche en France ; Vincent Vauclin, secrétaire général #CGT_environnement (domaine OFB et #parcs_nationaux).

    • À #Poitiers, l’immense désarroi de la police de l’environnement | Mediapart
      https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/150225/poitiers-limmense-desarroi-de-la-police-de-l-environnement

      À Poitiers, l’immense désarroi de la police de l’environnement
      Harcelés par les syndicats agricoles, les agents de l’Office français de la biodiversité se sentent abandonnés et constatent une perte de sens de leur travail. D’autant que François Bayrou les a jetés en pâture dès son arrivée à Matignon, les accusant d’« humilier les agriculteurs ».

      Lucie Delaporte

      15 février 2025 à 10h28

      PoitiersPoitiers (Vienne).– Sur la porte vitrée du local subsistent encore les traces laissées par la Coordination rurale (CR). Des graines mélangées à une substance visqueuse et, çà et là, quelques autocollants du syndicat : « Stop à l’agricide », « OFB stop contrôle ».

      Dans la nuit du dimanche 2 février, les locaux de l’agence départementale de l’Office français de la biodiversité (#OFB) à Poitiers ont été pris pour cible par des militants du syndicat agricole proche de l’extrême droite. Des #graffitis ont été tracés sur le bâtiment, des sacs de légumes pourris déversés devant les locaux. « Un camion entier », précise Alain*, le premier agent à être arrivé sur les lieux.

      C’est la sixième fois en un an et demi que cette antenne de l’OFB de la Vienne est attaquée. Le procureur de la République a ouvert une enquête en flagrance pour les dégradations matérielles mais aussi pour harcèlement, au regard de la répétition de ces actes de malveillance.

      Dans cette âpre campagne où le syndicat disputait son leadership à la FNSEA, l’OFB aura été sa cible répétée. « On leur a servi de bouc émissaire idéal », résume un agent que nous rencontrons dans la salle de repos où sont collées des affichettes montrant des agents couverts de déchets avec le slogan « Nous ne sommes pas des punching-balls ».

      Après le témoignage sur France Inter d’un responsable syndical de l’OFB qui avait comparé à des « dealers » les agriculteurs hors la loi, le climat s’est enflammé. « Une voiture de l’OFB qui entre dans une exploitation sera brûlée sur place », a déclaré peu après dans un meeting le secrétaire général de la CR, Christian Convers.

      Grève du zèle
      Né en 2020 de la fusion de l’Agence française pour la biodiversité et de l’Office français de la chasse et de la faune sauvage, l’OFB, qui compte 2 800 agents, est encore mal connu du grand public. Il exerce des missions de police administrative et de police judiciaire relatives à l’eau, aux espaces naturels, aux espèces, à la chasse et à la pêche.

      À Poitiers, quelques jours après cette sixième attaque contre ses locaux, l’antenne tourne au ralenti. « On fait une grève larvée. Globalement, on ne fait pas de police pénale, pas de contrôle administratif. On essaie de solder les procédures en cours et on va surtout voir des espèces sur le terrain », résume un agent qui, comme tous les autres, requiert l’anonymat.

      On se dit qu’un agriculteur va peut-être franchir la ligne rouge, avec le sentiment que, s’il le fait, il sera soutenu par les syndicats agricoles et par le premier ministre.

      Gilles, agent à l’OFB
      Après une manifestation le 31 janvier devant la préfecture, les agents poursuivent le mouvement par cette grève du zèle, en écho à une année étrange où leurs tutelles – le ministère de l’agriculture et celui de la transition écologique – leur ont demandé de lever le pied sur les contrôles face à l’ampleur de la contestation agricole.

      « C’est notre quotidien : se faire insulter ou agresser par des gens qui viennent déverser des détritus juste parce qu’on essaie de faire respecter des lois votées au Parlement », indique Alain, qui fait visiter les lieux.

      Un mètre de lisier dans la voiture
      Le lâchage en règle des agents de l’OFB par deux premiers ministres, sous la pression du mouvement agricole, a été très douloureusement ressenti. Lors de son discours de politique générale, François Bayrou a évoqué l’« humiliation » infligée, à ses yeux, au monde agricole par les agents de l’OFB, qui arborent une arme lors de leurs interventions. 

      « On s’était déjà fait crucifier en janvier sur place par Attal sur sa botte de foin, qui avait repris au mot près le slogan de la FNSEA : “Faut-il être armé pour contrôler une haie ?” », s’étrangle Alain, qui rappelle les agressions continuelles que subissent les agents. 

      Depuis fin 2023, l’OFB a recensé 90 actions contre ses locaux mais aussi des actes malveillants visant directement ses agents. En octobre, le chef de l’OFB du Tarn-et-Garonne, juste après une réunion sur les contrôles à la chambre d’agriculture, a constaté qu’une des roues de son véhicule avait été démontée. « Un collègue s’est retrouvé avec un mètre de lisier dans sa voiture », raconte Max en buvant sa chicorée, parce qu’il s’est rendu compte que le café portait trop sur ses nerfs déjà assez malmenés.

      « Il y a une violence qu’on ressent de plus en plus. Ce climat-là multiplie le risque d’avoir un contrôle qui se passe mal. On se dit qu’un agriculteur va peut-être franchir la ligne rouge, avec finalement le sentiment que, s’il le fait, il sera soutenu par les syndicats agricoles et par le premier ministre », poursuit-il.

      Travailler à l’OFB a un coût, surtout quand on habite dans un village. « Là où j’habite, je suis blacklisté. C’est un village très agricole. Je l’ai senti quand on est arrivés. Ma femme ne comprenait pas. Je lui ai dit : “Cherche pas : tout le monde se connaît, ils savent le métier que je fais” », explique l’agent.

      Un autre raconte avoir fait l’erreur d’aller regarder ce qui se disait sur les réseaux sociaux à propos de l’OFB. Insultes, menaces, dénigrement… « C’est désastreux. On est les emmerdeurs, payés par vos impôts, pour protéger les papillons, les amphibiens. Et à partir du moment où l’État qui m’emploie me désavoue, quelle légitimité j’ai à continuer à faire ce travail-là ? »

      Depuis 2023, du fait des dérogations de la préfecture, l’eau d’une grande partie de la Vienne n’est officiellement plus « potable », à cause de ces pollutions, mais « consommable ».

      L’accusation de « harceler » le monde agricole provoque ici l’agacement. « D’abord, on focalise sur le monde agricole, mais ce n’est qu’une petite partie de notre travail. On contrôle les collectivités, les entreprises, les particuliers aussi », souligne Max, la trentaine. À raison de 3 000 contrôles par an pour 400 000 exploitations, une exploitation a une chance de se faire contrôler tous les cent vingt ans. « Ici, on a verbalisé vingt exploitations sur les phytos [produits phytosanitaires – ndlr] l’an dernier sur les 3 500 du département. La vérité, c’est qu’on devrait faire beaucoup plus de contrôles. On est treize agents, ici, on devrait plutôt être quarante pour bien faire notre métier », assure-t-il.

      Car ce qu’ils racontent sur l’ampleur des atteintes à l’environnement qu’ils constatent au quotidien fait froid dans le dos. « Sur la qualité de l’eau, c’est une catastrophe ! À certains endroits, on en est venus à interconnecter des points de captage pour diluer la pollution », rapporte un policier. Un cache-misère pour rendre moins visibles des niveaux de pollution inédits.

      Julien est ici le spécialiste de l’utilisation des produits phytosanitaires. Il décrit les conséquences désastreuses de ces produits utilisés trop souvent hors des clous et qui restent parfois plusieurs décennies à l’état de métabolites dans les sols et les nappes phréatiques.

      Interdit depuis 2013, le chlorothalonil, un fongicide, continue de faire des ravages. « Il y a certaines zones dans le département où on était à quasiment 70 fois la norme ! » Pour lui, de telles concentrations indiquent que le produit a sans doute été utilisé récemment : « Les agriculteurs peuvent se fournir à l’étranger, sur Internet. »

      Depuis 2023, du fait des dérogations de la préfecture, l’eau du robinet d’une grande partie du département n’est officiellement plus « potable », à cause de ces pollutions, mais « consommable », c’est-à-dire les seuils très précis de pollution qui régissent les normes de potabilité sont dépassés mais dans des proportions qui n’impactent pas immédiatement la santé humaine. Dans ce cas, les préfectures peuvent, temporairement, publier des décrets dérogatoires. Sur le long terme, qui vivra verra… Une situation dénoncée par les associations environnementalistes dans l’indifférence générale. 

      Yves s’agace de l’aveuglement des pouvoirs publics sur le sujet : « La conscience des élus de la gravité de la situation de l’eau, elle est... faible, euphémise-t-il dans un demi-sourire. Ils ne se rendent pas du tout compte ou alors ils disent : “On va trouver des solutions curatives, on va traiter l’eau.” Mais, même dans les récentes usines de filtration à 15 millions d’euros qui ont été construites ici, on continue de trouver ces métabolites. » Il faut des filtres de plus en plus performants, plus chers et finalement payés par les contribuables.

      Moi, je n’ose même plus parler de biodiversité puisqu’on regarde toutes les populations se casser la gueule…

      Un policier de l’environnement
      Faire appliquer la loi serait, au minimum, un bon début. Mais c’est précisément ce qu’on les empêche de faire en leur imposant des procédures longues et complexes, avec très peu de moyens.

      Pour ces agents, observer au quotidien l’effondrement de la biodiversité dans l’indifférence générale est un crève-cœur. « On est un peu comme des urgentistes qui voient passer des cadavres toute la journée. Moi, je n’ose même plus parler de biodiversité puisqu’on regarde toutes les populations se casser la gueule… J’en suis juste à me dire : essayons d’avoir encore de l’eau potable demain », affirme Alain.

      Le droit de l’environnement est-il trop complexe ? Un argument qui est beaucoup revenu pendant le mouvement des agriculteurs. Alain reconnaît que certains aspects sont très techniques, y compris pour lui, mais souligne que cette complexité est souvent le fruit d’un intense travail de lobbying des industriels et des groupes de pression.

      « Le #lobbying a tendance à complexifier encore plus la loi, avec une multitude de sous-amendements parfois difficilement interprétables… On se dit que c’est exprès pour que ce soit inapplicable ! Ce serait bien de simplifier la loi mais que cette simplification ne se fasse pas au détriment de l’environnement, comme c’est la plupart du temps le cas », juge-t-il.

      Agrandir l’image : Illustration 3
      Une saisie d’un bidon de glyphosate. © Lucie Delaporte
      Julien assure que concernant les « phytos », grand sujet de crispation avec les agriculteurs, la « complexité » a bon dos : « Les exploitants ont quand même une formation pour obtenir un certificat individuel d’utilisation des produits phytosanitaires, et sur chaque bidon de phytosanitaire, la règle d’utilisation est écrite : “À ne pas appliquer à moins de 5 mètres ou 20 mètres d’un cours d’eau”, etc. »

      Dans une profession agricole qui a été encouragée à utiliser massivement des pesticides pendant des décennies, engendrant une dépendance de plus en plus grande à la chimie, certains agriculteurs préfèrent simplement ignorer des réglementations qui les contraignent.

      « On a fait des formations justement pour expliquer la réglementation. Comme sur le terrain on entend toujours que c’est très compliqué, on s’attendait à avoir des salles pleines. Sur les 3 500 exploitations dans la Vienne, une cinquantaine d’agriculteurs sont venus », soupire un agent chevronné.

      Avec des formules qu’ils veulent diplomatiques, ils décrivent tous un monde agricole qui s’est globalement affranchi des règles sur le respect de l’environnement, avec la bénédiction des pouvoirs publics qui ont décidé de fermer les yeux. « Il faudrait faire une étude sociologique : pourquoi les exploitants agricoles ne se sentent-ils jamais en infraction ? Ils nous disent : “Mais nous on gère en bons pères de famille, intéressez-vous plutôt aux délinquants, aux dealers dans les cités.” C’est quelque chose qui a été entretenu parce qu’il y a très peu de contrôles en agriculture. Et forcément, dès qu’il y en a un petit peu, tout de suite, la pression monte », analyse Julien.

      Si, de fait, les contrôles sont rares, les sanctions ne sont pas non plus très dissuasives. Dans le département, un agriculteur qui se fait contrôler pour non-respect de la loi sur l’utilisation des pesticides est condamné à faire un stage payant de 300 euros. « Ce n’est pas très cher payé quand on voit les dégâts pour les écosystèmes », soupire Alain.

      La faiblesse des contrôles pourrait d’ailleurs coûter cher à la France concernant les aides de la politique agricole commune (PAC). « Il y aurait 9 milliards d’aides et pas de contrôles ? Ça ne marche pas comme ça », relève un agent. L’Union européenne conditionne en effet ses aides au respect d’un certain nombre de règles environnementales garanties par un bon niveau de contrôle et pourrait condamner la France. 

      Ma hantise, c’est qu’un agriculteur se #suicide.

      Gilles, agent de l’OFB
      Malgré leurs vives critiques, tous les agents rencontrés insistent sur leur attachement à un monde agricole qu’ils connaissent bien et qu’ils savent effectivement en détresse. « Mon père était exploitant agricole. Je viens de ce milieu, prévient d’emblée Julien. Avec le Mercosur, l’année dernière était pourrie par le climat avec une baisse de la production… Ils ont l’impression de perdre sur tout. On est le coupable idéal parce que c’est facile de taper sur nous. »

      Essentielle à leurs yeux, leur mission de police n’est pas toujours facile à endosser. « Ma hantise, c’est qu’un agriculteur se suicide, raconte Gilles. C’est arrivé à un collègue après un contrôle. On prend le maximum de précautions, on appelle la DDT [direction départementale des territoires – ndlr] pour savoir s’il y a des risques psychosociaux avant d’intervenir chez un exploitant par exemple. »

      Faire respecter le droit de l’environnement, notamment sur les « phytos », est aussi dans l’intérêt des agriculteurs, plaident-ils. « Certains agriculteurs sont dans le déni. Moi, j’essaie de leur parler des impacts sur leur santé, celle de leur famille », explique Max. Il se souvient d’un agriculteur qui avait passé quinze jours à l’hôpital après s’être pris des pesticides en retour d’air dans la cabine de son semoir : « Il crachait du sang. Mais de là à changer… Ils sont convaincus qu’il n’y a pas d’autres solutions, alors que rien qu’en modifiant certaines pratiques, ils peuvent baisser drastiquement le recours aux phytos. »

      Il y a aussi désormais des points de non-retour. Yves se souvient de la prise de conscience d’un agriculteur qui a un jour fait venir un pédologue pour comprendre ce qui se passait sur son exploitation : « Il lui a dit que les sols de ses 600 hectares étaient morts ; ça lui a mis une claque. » Beaucoup d’agents interrogés voudraient voir leur travail à l’OFB en partie comme un accompagnement de ces agriculteurs aujourd’hui englués dans la dépendance aux produits chimiques.

      L’éclatante victoire dans le département de la Coordination rurale, qui veut supprimer le maximum de normes environnementales, ne va pas vraiment en ce sens.

      Au sein de l’antenne de Poitiers, le découragement gagne les agents. Beaucoup nous font part de leur envie d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte. « Je regarde les offres d’emploi, c’est vrai », reconnaît l’un d’eux. « Je n’ai pas envie de servir de caution verte au gouvernement. Si on nous dit demain : le monde agricole, vous ne le contrôlez plus, vous faites les particuliers, les entreprises et les collectivités…, là, j’arrêterai. J’aurai l’impression de clairement voler les contribuables en prenant un salaire pour quelque chose de totalement inutile : il faut remettre les enjeux à leur place », poursuit ce jeune agent, que ses collègues décrivent comme un « monstre dans son domaine ».

      Gilles se remet mal d’une discussion récente avec une collègue. « Elle a fait vingt-quatre ans de service. Une fille hyperperformante dans plein de domaines, mais là, elle n’en peut plus. Elle a craqué nerveusement. Elle fait une rupture conventionnelle. Elle ne veut même plus entendre parler d’environnement, c’est devenu insupportable pour elle. »

  • Le capital : une brève mise à jour, Temps Critiques
    http://tempscritiques.free.fr/spip.php?article550

    ÉTAT ET CAPITAL : SITUATION ACTUELLE

    Dans les idées et articles (...) qui circulent aujourd’hui sur le capital ou le #capitalisme, il est à remarquer qu’il est peu question de l’#État et, comme incidente, peu question non plus de la puissance en général et du pouvoir particulier qu’elle confère. L’accent est le plus souvent mis sur le profit, notion passe-partout et sans vertu explicative au niveau microéconomique (pourquoi Elon Musk ou Jeff Bezos voudraient-ils faire encore plus de profit ?) et sans vérification probante au niveau macroéconomique du calcul d’un taux général et de ses variations (cf. l’improbable tendance à la baisse du taux de profit promise par Marx il y a bientôt deux siècles). Ce que beaucoup appellent le néolibéralisme impliquerait cette quasi-disparition actuelle d’un État qui ne conserverait que ses fonctions régaliennes. Ce qu’il faut bien appeler une « vision » plus qu’une perception est mise en avant jusqu’à la caricature, afin de mieux l’opposer à un État d’avant et, in fine, à un capitalisme d’avant, tout aussi caricaturalement envisagé et par conséquent peu défini. Ainsi, on a parfois l’impression que, pour la gauche française d’aujourd’hui, le programme du CNR, ce n’était pas du capitalisme, mais le socialisme à visage humain !

    C’est pourtant ce rôle de l’État, certes changeant, et de la puissance publique qui permet de comprendre le lien contradictoire qu’entretiennent économie de marché et capitalisme. En effet, l’économie de marché ne peut exister et a fortiori fonctionner en tant que telle, c’est-à-dire selon les principes libéraux, que lorsque le marché a été institué par l’État (cf. Karl Polanyi). Là où il ne l’a pas été, c’est que, quel que soit le niveau technique atteint, il n’a pas encore dégagé de « forces productives » en vue de l’accumulation et de la reproduction élargie ; l’État est soit encore sous sa forme embryonnaire (les proto-États comme dans l’Athènes de l’Antiquité ou la République romaine), soit il est encore ce que nous appelons un État du premier type (Chine, Égypte pharaonique, etc., ce que Marx qualifiait de « mode de production asiatique »). C’est en effet l’État de deuxième type dans sa forme nation qui a accéléré le mouvement de dissolution des formes communautaires d’une part et favorisé d’autre part l’essor des villes. C’est lui qui a non seulement permis l’éclosion puis le développement des échanges et leur extension, mais a contribué à l’institution du marché, préalable à toute « économie de marché ». Aujourd’hui, dans la tendance des États-nations à se restructurer sous la forme réseau, cette intrication de l’État avec les grandes firmes, au niveau du capitalisme du sommet, fait que ce dernier échappe presque totalement à l’« économie de marché ».

    STRUCTURATION PAR NIVEAUX ET MISE EN RÉSEAUX

    Dans cette nouvelle structuration, le capitalisme du sommet représente le niveau I de la domination capitaliste. Il regroupe les États comme puissance politique, mais aussi économique, avec l’importance prise par les « fonds souverains », les grandes firmes multinationales, les organisations internationales, y compris certaines ONG, les grands syndicats. C’est là que sont censés se régler les grands problèmes de reproduction globale du monde capitaliste et capitalisé : la question de l’environnement et du climat, celle de l’accès aux matières premières et aux nouvelles technologies, la question des paradis fiscaux, la lutte contre le trafic de drogue. À ce niveau du capitalisme du sommet, il y a une indifférenciation des sphères politique et économique : elles sont unifiées ou plutôt totalisées sur la base de la priorité donnée à la fois à la domination (plutôt qu’à l’exploitation), à la puissance (plutôt qu’au profit) et à la capitalisation (plutôt qu’à l’accumulation ; nous y reviendrons) [c’est moi qui graisse, ndc]. Le personnage d’Elon #Musk est le meilleur représentant/symbole de ce capitalisme de la puissance, pour qui le profit au sens traditionnel du terme n’est qu’un élément secondaire (Tesla est un échec de ce point de vue là). Pour paraphraser le Hegel de la Philosophie du droit, Musk est la figure qui « rend effective la réalité substantielle » (transhumanisme, conquête de l’espace). Et Trump est son « digne » pendant politique, mais pour les deux il est clair que cette distinction entre politique et économie n’a plus de raison d’être.

    Le blog de Temps Critiques
    https://blog.tempscritiques.net

    #politique #économie #domination #puissance #capitalisation

    • (...) nous avons réfuté l’idée d’une « valeur » de la force de travail : nous ne la pensions plus comme une marchandise puisqu’elle n’est pas « produite » au même titre que les autres ; elle ne l’est que politico-socialement, par le fait que la capacité de travail humain est transformée en force de travail. Marx lui-même en parlait souvent, et Polanyi plus tard, comme d’une « quasi-marchandise ». Elle n’a donc pas de « valeur », mais seulement un prix, ce qui détruit la base de bien des calculs économiques de Marx. Celui-ci s’est évertué progressivement à faire passer ses résultats pour des lois économiques (cf. son rattachement à la loi d’airain de la baisse des salaires théorisée par Ricardo), abandonnant ainsi sa position préférentielle de critique de l’économie politique bourgeoise pour celle, positiviste, de la « science économique (plus-value et taux d’exploitation, baisse tendancielle du taux de profit, loi de paupérisation, etc.). En revanche, pour des théoriciens aussi différents que Keynes, l’aristocrate anti-bourgeois (« la question de la valeur est aussi vaine que celle sur le sexe des anges »), Castoriadis (la valeur comme « signification imaginaire sociale » ou représentation à partir du no 31 et surtout 35 de Socialisme ou Barbarie) et surtout les opéraïstes italiens dans les luttes d’usine des années 1968-1975 (le salaire « variable indépendante » de Sraffa et Tronti, puis le « salaire politique » de Negri), la « valeur » de la force de travail n’est fonction que du rapport de forces entre les classes sociales dans une conjoncture déterminée spatialement et temporellement. Une bonne prémisse pour abandonner la problématique de la valeur pour celle des prix. La lutte en Guadeloupe sur cette même question des prix avec le Manifeste sur les produits de haute nécessité (février 2009) semblait aussi ouvrir des perspectives. Le capital en tant que rapport social est un rapport de subordination et donc de pouvoir.

      #capital #opéraïsme #IA #general_intellect

    • Ce qui reviendrait à dire que toute soit-disant science économique ne serait qu’une chimère fondée sur des concepts complètement biaisés. A moins que toute cette « science » n’ait pour objet que le seul profit, le « business », activité chérie par les ultra libéraux fascistoïdes. La #prédation, en quelque sorte.

    • @rastapopoulos : rendez-vous à Grenoble le 25 janvier prochain pour une « rencontre du cercle de lecture Critique de la valeur-dissociation » :
      http://www.palim-psao.fr/2025/01/rencontre-du-cercle-de-lecture-critique-de-la-valeur-dissociation-a-greno

      (Désolé de vous décevoir, j’irai pas, c’est trop loin).

      Sinon : parution prochaine (07/02/2025) de cet ouvrage :

      Ernst Schmitter

      L’Economie comme catastrophe

      Une introduction à la critique de la valeur-dissociation

      Traduit de l’allemand par Sandrine Aumercier

      (Editions Crise & Critique, collection Palim Psao, 198 pages, 17 euros)

      Diffusion-distribution : Hobo-diffusion & Makassar

      http://www.palim-psao.fr/2025/01/parution-prochaine-le-7-fevrier-2025-ernst-schmitter-l-economie-comme-cat

  • Bringing up the Bodies. The forensic anthropologists who redress migrant death in #Texas

    On an early morning this past January in Eagle Pass, Texas, a group of women were on their knees in a six-foot-deep hole, shoveling dirt into buckets. The sky was still dark, so floodlights illuminated their work. They were precise with their shovels, holding them vertically out in front of themselves and shaving away lines of soil, rather than shoving them downwards into the ground like most of us do when we dig. After they filled the buckets to the three-quarters mark with gummy clay soil, they passed the buckets up to onlookers above them to be dumped onto mounds alongside the perimeter of the hole.

    One of those standing on the edge was Kate Spradley. Dressed in army-green pants and a thin puffer jacket, she waved her arms to get the group’s attention. “What you have learned this week has prepared you for today, which is the lightning round,” she said.

    What they would be doing at top speed was exhuming human remains. The women were forensic anthropologists with Operation Identification, or OpID, which is based at Texas State University and conducts exhumations across South Texas, seeking to identify and repatriate migrants who have been improperly buried after dying while attempting to cross from Mexico into the United States. The hole where they were working was located in the Maverick County Cemetery, a grass plot the size of a city block. It was so close to the U.S.-Mexico border that you could smell the Rio Grande—at least when you stepped away from the hole, which smelled like decomposition.

    It was the last day of work; the team had exhumed fifteen bodies in the previous two weeks, and they believed there were four more still in the ground. By the end of the day, they would uncover them all, carefully lift them out, and perform “intake” procedures, which entailed removing their clothes and placing them in Ziploc bags, taking notes on any identifying features, and preparing them to be transported to the laboratory at Texas State.
    Small Counties, Big Problems

    OpID started in 2013 in response to the growing crisis of migrant death in the Texas borderlands. While people have long crossed the U.S.-Mexico border, migrant deaths in the borderlands have increased significantly since 1994. That’s the year the U.S. Border Patrol began to ramp up enforcement of common day-laborer crossing sites, an initiative that came to be known as “Prevention Through Deterrence.” Instead of deterring migration, however, the approach pushed routes into harsh, remote, and—at the time—less-patrolled areas.

    Initially, routes shifted to Arizona’s Sonoran Desert. When Tucson’s Pima County Office of the Medical Examiner, which also serves the state’s border counties, noticed the increasing migrant deaths, they developed a protocol for addressing them, including the creation of a nonprofit organization, the Colibrí Center for Human Rights, to work with families searching for missing loved ones. Since 2002, about two-thirds of the migrant remains recovered in Arizona have been identified—nearly twenty-five hundred individuals.

    Over the course of the aughts, because of changing factors in Mexico and Central America, migration routes began to pass through Texas. In 2012, nine-hundred-square-mile Brooks County, located about seventy miles north of the border, replaced the Sonoran Desert as the epicenter of migrant death. Brooks is the site of a large inland Border Patrol checkpoint, which migrants can only circumvent on foot through hot, humid ranchlands.

    Unlike in Arizona, the Texas borderlands are made up of small counties, most of which have no medical examiner. Instead, elected officials called “justices of the peace,” who have no medical training, determine cause of death and sign death certificates. Though Texas’s Code of Criminal Procedure requires inquests into all deaths of unidentified persons, it leaves ambiguity about what such an investigation must entail. One significant gray area is DNA samples, which the code states should be collected “as appropriate.” In practice, this step is often bypassed; justices were allowing county sheriffs’ offices to simply offload migrant remains to a funeral home for burial in local cemeteries, often without records of where they were interred.

    For years, as bodies were discovered in Brooks County, the county sheriff’s office sent remains to local mortuaries for burial at the county’s Sacred Heart Cemetery. This largely escaped public scrutiny until late 2012. Then, as news outlets began reporting a “surge” of unaccompanied child migrants from Central America arriving at the border, local and national attention focused on migration—including on the deaths in Brooks County. Activists and journalists began reading the Texas Code of Criminal Procedure and raising alarm about whether the correct death-investigation protocols had been followed.

    That’s where the forensic anthropologists came in.
    Sorrow in the Borderlands

    Originally from Arkansas, Kate Spradley didn’t know much about the border until, as a doctoral student in biological anthropology at the University of Tennessee, her advisor sent her to Tucson’s Pima County Office of the Medical Examiner to collect data from the remains of migrants stored there.

    One of the reasons that Pima County was able to respond effectively to migrant deaths in Arizona was because they had an anthropologist on staff, Dr. Bruce Anderson. (Medical examiners are pathologists, trained to work with tissue; anthropologists work with bone.) Spradley was impressed by Anderson’s exceptionally high identification rate, despite having limited resources and working with a population for which there was very little data. He had previously worked at a well-funded Department of Defense laboratory involved in identifying missing-in-action soldiers. “And now here he was in this lab, one person, applying the same approach of ‘let’s do everything,’” Spradley said.

    After seeing Anderson’s work, Spradley decided she wanted to work in a border state. She landed at Texas State in 2008. OpID began five years later, after a call from Robin Reineke, cofounder of the Colibrí Center for Human Rights. A woman’s nephew in his early twenties had gone missing while crossing from Mexico. The guide had told her that he had left him behind in Brooks County and that the young man had a brown plaid shirt tied around his knee. The woman had driven to Brooks County and found his death report in the sheriff’s office’s case files, but they weren’t able to tell her where the body was.

    Spradley and Lori Baker, a forensic anthropologist at Baylor University who had been working to identify migrant remains in Texas border counties since the early 2000s, contacted the county sheriff, who directed them to the funeral home. But the funeral home said they hadn’t kept records of where they buried the migrants. Hearing that, Spradley and Baker realized they were going to have to exhume a cemetery’s worth of unidentified remains.

    In May 2013, Baker and another forensic anthropologist, Krista Latham, brought a group of students to conduct the exhumation at Sacred Heart (Spradley had to teach). They started with the most recent burials in the cemetery, which were mostly wooden coffins organized in a relatively orderly pattern. But during the last few days, they began to find remains in bags tucked between coffins. “That was our biggest surprise,” Latham said. “We had to go back and re-search areas with the understanding that not everything was in a coffin.” When they returned the next year, excavating an older part of the cemetery, it was even more disorganized. “It truly was an archaeological endeavor,” she said.

    There were far more remains than the anthropologists expected. It took five visits to complete the exhumation. By the third, Spradley’s team had also gotten involved. Each time they visited, more and more people approached them with information about yet more unmarked burials.

    In one case, a groundskeeper pointed out a site where he had forgotten to replace three markers after mowing the grass. They dug there, and instead of three, there turned out to be eight sets of remains. Later, a man driving through the cemetery tipped the group off without even stopping his truck. “He just slowed down enough to be like, ‘There’s a bunch buried right here, along the street,’” Spradley said. Right where he’d indicated, they found four or five small, custom-made boxes containing unidentified remains.

    Another time, a woman approached Spradley saying, “My husband doesn’t want me to tell you this,” before continuing, “I couldn’t buy the plot next to my father because the funeral home told me that—she used the term ‘illegal’—‘illegal people were buried next to him.’” They went to the area next to where the woman’s father was buried and started to dig an exploratory trench. Immediately, they started to see depressions and soft soil—telltale signs of recent burials. They found two unidentified bodies right next to the father, as though the funeral home had simply taken advantage of the open hole to dispose of some remains. They kept digging in case there were more. In the end, they found twelve bodies.

    By now, OpID has conducted exhumations in seven counties across South Texas. Between those recoveries and direct transfers from surrounding counties, they have 495 cases, 101 of which have been identified.
    Little Scratches

    In September 2022, a TikTok video depicting carelessly buried remains at the Maverick County Cemetery went viral. “These are the migrants that drowned coming over, and they weren’t able to get them into the medical examiner in Webb County because she is full,” the narrator claimed. “So they have buried them unembalmed in these graves.”

    Though OpID had planned to conduct an exhumation at the cemetery long before the video, the video had an impact on the ground. “There’s a before-TikTok and after-TikTok here,” Molly Kaplan, Spradley’s research assistant at OpID and a PhD candidate at Texas State, told me. The before-TikTok side included some of the most careless and disorderly burials the anthropologists had ever seen. Shelby Garza, another OpID member, told me that one individual had been “just thrown”—their legs were sticking up on the east side of the wall, with the rest of their body below in an L shape. Evidently, the local funeral homes had trusted that no one was watching.

    The Maverick County exhumation was novel for OpID in other ways too. While the majority of individuals that OpID exhumes likely die of exposure to the elements, most of these people had drowned. They were also some of the freshest remains that the OpID team, who specialize in bone, had worked with. “The tissue was disintegrating in our hands,” said a master’s student named Amelia Konda.

    They also had a good estimate of how many remains had been buried, and many had possible identifications already—whether because the individual was carrying ID, a witness had been present at the time of their death, or a family member had contacted the county looking for them. Some had even been fingerprinted by Border Patrol before being buried. “We had a kind of manifest here—a known number of remains and potential ID hypotheses. We had never had either of those before,” Spradley told me.

    The twenty-six individuals buried in the cemetery came from Mexico, Guatemala, Honduras, Nicaragua, Venezuela, and Syria. Some of the deceased likely planned to seek asylum. One had crossed to care for his ailing mother. The local funeral home ran out of space while waiting for the fingerprint results to come back, and so the bodies were buried without identification; now they had to be exhumed and identified, likely necessitating the use of DNA testing.

    The previous afternoon, Kaplan and Garza had stayed behind with the cemetery’s two backhoe operators, a father and son team both named Valentín, as they dug the hole from which the team would exhume the final four remains.

    Garza, who was four months pregnant at the time, had attended all of the team’s exhumations but one. She became interested in forensic anthropology as a community college student in San Antonio, after she was assigned an article about humanitarian forensic work in Iraq for a cultural anthropology class that inspired her to join the school’s forensic anthropology club. One day, Spradley came to speak to the club. When Garza transferred to Texas State, she reintroduced herself to Spradley and started to participate in OpID’s early work. Kaplan, meanwhile, grew up in Los Angeles, and came to Texas State from New York City, where she had worked with the Argentine Forensic Anthropology Team. In her role as Spradley’s research assistant, she’s responsible for many of the logistics of navigating DNA labs and government bureaucracies.

    The older Valentín, who only spoke Spanish, wore a turquoise plaid shirt, Wranglers, leather work boots, a straw hat with a feather, and a cross earring. He explained that he had grown up across the river, in Piedras Negras, Coahuila, and came to Eagle Pass when he was fourteen. He operated the backhoe, while his son stood by the hole spotting him. The younger Valentín wore laced work boots and a black zippered jacket; he had a Dallas Cowboys neck tattoo and a tiny rhinestone nose ring. Valentín Jr. yelled over the loud clanking and engine sounds to explain that when the elbow of the backhoe touched the ground, it meant the hole was six feet deep, and they should start keeping their eyes out for “decomp”—soil darkened by the microbial activity responsible for most of decomposition—and body bags.

    When anthropologists see the black decomp layer, it means they’re probably coming to a body bag or some other kind of receptacle. What remains are buried in varies: if a funeral home has handled them, they’re usually in black body bags; others are buried in cardboard boxes, the kind generally used for cremation; still others are simply wrapped in plastic sheets. As Kaplan and Garza started to see cardboard, Valentín communicated to his dad to dig more lightly. “Por encimita,” he said, making a gesture with his hands, as though one were mimicking a tarantula crawling on the other, to indicate that the bucket of the backhoe should move gently across the surface of the soil. “Little scratches,” he added.

    As the elder Valentín continued to dig, Kaplan, Garza, and the younger Valentín started to realize that the cardboard they were seeing wasn’t from the graves they were looking for but scraps from boxes exhumed during previous days. It was already 3:00 p.m., and it had taken an hour to dig the “sterile”—that is, bodyless—hole. But they were determined to find the other four remains. Extending the first pit north, they finally found the remaining graves—the ones that would belong to the “lightning round.”
    De Buenos Aires para el Mundo

    The history of humanitarian forensic anthropology starts with the Argentine Forensic Anthropology Team: “the world’s first professional war crimes exhumation group,” as Thomas Keenan and Eyal Weizman write in Mengele’s Skull.

    In March 1976, a military government seized power of Argentina in a coup d’état. During seven years of rule, they abducted and murdered some thirty-thousand citizens in what came to be known as the “dirty war.” Many were young members of leftist organizations; others were ordinary people from rural regions where authorities saw a threat of Marxist insurgency. They disappeared many of the victims without a trace, using methods such as “death flights,” in which prisoners were injected with sedatives and then dropped from planes into the ocean. In 1983, days after the election that finally replaced the military junta, the new president created a National Commission on the Disappearance of Persons. The next year, following pressure from human rights organizations, the commission brought a team of experts from the American Academy for the Advancement of Science to Argentina to offer recommendations on how best to locate, exhume, and identify the remains of the country’s disappeared.

    One of the invitees was Clyde Snow, a forensic anthropologist who had gained international recognition for identifying the remains of Nazi doctor Josef Mengele in Brazil—an investigation that, as Keenan and Weizman write, “helped consolidate the interdisciplinary process for the identification of missing people [that] has since restored the names and identities of thousands of bodies.” Snow suggested the creation of a specially trained interdisciplinary team that would conduct exhumations and identifications from start to finish, combining established practices from archaeology and biological anthropology with newer forensic approaches. But there was a problem: most Argentine archaeologists and scientists were too scared of state repression to sign up. And so, Snow’s translator, a medical student named Morris Tidball-Binz, suggested training a group of students. They met up in Snow’s hotel room, and Equipo Argentino de Antropología Forense, or the EAAF, was born.

    They started their work at the NN, or “No Name,” sectors of Buenos Aires cemeteries where activists and international human rights actors had long suspected that the remains of disappeared citizens were buried. Many of the remains belonged to people who had been killed at around the age of the students exhuming them.

    As the word disappearance suggests, the military government had insisted that no abductions or murders had taken place. “Forced disappearance is the worst of the worst—it opens a wound and allows it to fester,” said Roxanna Altholz, codirector of the International Human Rights Law Clinic at the University of California, Berkeley, who has provided legal representation to the EAAF. “Families are in anguish and are suffering until they have an answer.” The exhumations provide concrete evidence to support grieving family members’ claims. There isn’t a military government disappearing people in Texas. But when the legal protocols meant to facilitate a deceased individual’s identification aren’t followed, that lack of adherence enacts a form of disappearance. Part of the importance of OpID’s work, Kaplan told me, is the endeavor “to acknowledge that this person existed.”

    Following the success of Argentina’s team, similar teams were created in Chile, Guatemala, Peru, Uruguay, and Mexico to redress disappearances by military dictatorships and war. The teams used EAAF protocols as a blueprint for managing their own cases and exhumations and have adopted its emphasis on working closely and respectfully with family members—sometimes even allowing them to be present at exhumations to provide closure. Meanwhile, the Argentine team, now a nonprofit with an office in New York, has worked in over forty countries applying forensics to mass atrocities. The team eventually started working in the U.S.-Mexico borderlands as an extension of their Mexico program. In 2013, Spradley, Reineke, members of the EAAF, and others gathered for a meeting convened by Arizona’s Binational Migration Institute and formed a group called the Forensic Border Coalition to coordinate their operations, including applying EAAF protocols to OpID’s emerging work.

    Spradley had learned about the EAAF as an undergraduate at the University of Arkansas, where a professor took her and her class to the computer lab to learn how to use internet search engines, which were then new. The professor told the students to look up something they were interested in. Spradley searched for “forensic anthropology.” The EAAF came up. “I was like, ‘Oh my god, I didn’t know people did things like this,’” she told me. “From that moment, I always followed them.” The opportunity to work with the team, then, made her feel “starstruck.” Now, she and the EAAF are close collaborators.

    One day in 2014, they finally found the remains that had set everything in motion for OpID. Two undergraduates asked Spradley if they could volunteer for her. She told them she needed help washing clothes that had been removed from the remains brought back from Sacred Heart, which were stored in Ziploc bags. She could tell the students were disappointed with the task, but they were good sports: they took the bags outside, washed the clothes by hand, and hung them up on the laundry line.

    Spradley stayed inside and scrolled through NamUS, the United States’ missing persons database, as she often did. She passed the profile that Reineke had called her about—the man with a brown plaid shirt tied around his knee. She saw it every week. But this time, she had a brown plaid shirt fresh in her mind’s eye. The students had just hung one up on the laundry line.

    “I ran back out there and looked at all the other personal effects,” said Spradley. It was a match. They’d solved the case.
    Ascending the Stairs

    As the sun started to rise over the Maverick Cemetery, the horizon brightened with dramatic streaks of orange and fuchsia. The anthropologists began removing enough decomp to locate the final body bags. They used specific and unique terms for every aspect of their work: they “followed lines” and “chased bag”; they “gophered.” Even digging was “dirt management.”

    One crouched in a frog pose as she worked, face down over the grave with her hips turned out, one knee on each side of her work. A master’s student named Victoria Soto leaned on the edge of one of the graves and propped herself up by pushing against the opposite side of the hole with her feet. “Flexibility and planking are two key skills,” Spradley remarked. When the women got to the finer-grained work, they began using dustpans, handheld brooms, wooden tools resembling mortar and pestles. There were three types of trowels: the rectangular “margin trowel,” the diamond-shaped “pointed trowel,” and the “Japanese hoe.”

    As the hole got deeper, another master’s student, Shelly White, volunteered—as she did every day it was needed—to carve stairs. As an undergraduate, White had participated in OpID’s early searches and exhumations in Brooks County. It made an impact on her; at lunch the previous day, she had rolled up her pant leg to show the others a tattooed desert scene of wild lavender, mesquite tree, and vultures found in the area.

    The Eagle Pass exhumation was White’s first time back since she had spent five years as a contract archaeologist after graduating, working everywhere from Belize to North Dakota. “I’m really good at digging now,” she told me. In forensic work, she explained, you speed-dig because you have to exhume as many remains as possible in a given timeframe. “You’re looking for a giant plastic bag, and you’re not going to miss it.” In archaeology, you have to examine everything, as any tiny rock could be part of the history you are documenting. But going slowly, White said, means “you never end up in a six-foot hole without a way to get out.” Hence the stairs.

    When the steps were ready, Spradley, Garza, and Kaplan descended into the hole and checked the exhumations’ progress. “You should try them, Caroline,” Kaplan said to me. I did. They were impressively sturdy—there was no give, just the sense of climbing into and out of the solid earth. Later, however, the stairs would become an emotional transition zone between the dirt management that many of the anthropologists thought of as “their element” and the more somber work of intake that was still to come.

    At around eleven thirty in the morning, four of the anthropologists suited up in masks, sterile booties, and plastic aprons with long sleeves they duct-taped to nitrile gloves. They were the “dirty” people—those who would touch the body bags and the decomp surrounding them. They laid a white body bag next to the grave site. The outside of the bag has to stay “clean.” The people who have touched decomp can’t touch the bag; they can only set the body inside.

    “One, two, three,” those in the hole said together with those above. The women in PPE lifted the body and set it on the white bag in one strong and swift motion. Everyone clapped. “That was beautiful,” those watching said, cheering them on as though they were soccer teammates. The dirty team climbed out and left the hole to the clean team, who came in to zip up the bag.

    “You’re going to go up those beautiful steps,” directed Garza. They did, carrying the white-wrapped body suspended between them. But as they walked silently to the intake tent, the earlier camaraderie turned funereal.
    The Intimacy of Discovery

    After bringing up the bodies, the OpID anthropologists turned to the more intimate and emotionally challenging work of intake. It generally takes place in a tent for privacy. The structure’s synthetic material trapped the heat and exacerbated the smell. Still, they tried to stay upbeat, knowing there had hours of labor ahead of them. “I don’t even notice the smell anymore, I’m just one with everything,” said Soto.

    The group started each intake by examining the deceased individual’s mouth. Next, they removed the individual’s shirt and looked for identifying features like tattoos or scars on their torso and back. Finally, they removed their shoes, pants, underwear, and socks, in that order. “I always apologize at this part,” Konda explained to me. They photographed each step and put everything into Ziploc bags to wash back at the lab.

    Many of the anthropologists said the hardest part of the work is not handling the remains themselves but coming face-to-face with effects—the keepsakes, talismans, and handwritten lists of phone numbers that once represented the hope of a new life. During one intake, Konda grabbed a shoe and checked inside, since that’s where migrants often store important paperwork. She found an identification card. “I happened to look at the birthday. He was only two years older than me, and his birthday was around the time he probably drowned,” she told me. “He probably thought he would have made it by his birthday.” She added: “I learned that I can’t think like that because I’ll cry. Crying is OK, but I was not hydrated enough to risk crying in that hot tent!”

    At Eagle Pass, the process was messier than what anthropologists were used to. The contents of migrants’ stomachs had been released, and with the remains relatively fresh, skin was still decomposing. It stuck to the clothes in moist strips; some of the skulls had skin on one side and not on the other.

    Though their peppiness deflated, the anthropologists handled the work with tact and grace. Their composure was, in many cases, a personality trait that drew these women to OpID in the first place but also something they supported one another in learning. When Konda shared that she had had recurring nightmares over the course of the exhumation—one in which she needed to call 911 but couldn’t, and another in which decomposing bodies had come back to life—Kaplan told her solemnly, “We all have those dreams.”

    It’s the ability to push through the emotional strain of the work that, Konda said, defines the team members. “You have to be able to be compassionate, but still work through it without being immobilized. It takes a special kind of person.”
    The Final Cleanse

    Several months after the exhumation, I visited OpID’s lab at Texas State’s Forensic Anthropology Research Facility. It’s located on a forty-five-hundred-acre working ranch, down a five-mile driveway lined with oak trees and wildflowers. There are butterflies, grasshoppers, cacti, and birds, along with cows and goats—part of the university’s agricultural programs—that traipse all over the property: I found manure on the lab building’s doorstep.

    On the south side of the building, Soto and a volunteer were cleaning clothes from Eagle Pass. They scrubbed the decomp off with brushes and then started a cycle of washing: using a plunger, they stuffed each item into a bucket of water and detergent, pulled it out to scrub it more, and repeated as many times as necessary. They could tell things were clean when they stopped feeling gummy, Soto explained. Then they saturated the clothing with OdoBan to eliminate odors and hung the items up to line-dry, accompanied by a notecard with their case number.

    While the Ziploc bags of personal effects had gone into the queue to be washed, the remains that came back from exhumation had gone to the ranch’s decomposition facility, a ten-minute drive further down the road, where they were laid out in body bags under the sun. Since it’s a research facility, the area is mainly used for decomposition studies on donated bodies, which are laid out naked, unbagged; OpID keeps its remains in bags under a separate metal-framed structure that Spradley calls the “mass disaster tent.”

    Gradually, OpID members bring the bagged remains from the tent into the lab to clean them and create their forensic profiles. The first step is to pick the bones out of the body bag. Laying in the Texas sun for weeks or months, the skin and other tissue will have disintegrated. “It can be soupy,” Spradley explained. Once they’ve pulled the bones out, they put them into a steel-walled kettle—the kind you’d see in an industrial kitchen—for maceration. They clean any remaining tissue off the bones with dentistry tools and a toothbrush at a nearby lab sink. Then, in the narrow osteology lab that doubles as OpID’s office, they lay out the bones in standard anatomical position. During my visit, a skeleton brought from Brooks County laid there, its head resting on a small, square purple pillow. Spradley moved one of the upper ribs from the left to the right side, correcting a student’s mistake. Then she started to point things out to me. She estimated the skeleton as that of someone young, because the scapula and pelvis don’t completely fuse until the middle of one’s twenties.

    After completing the forensic profile, OpID’s lab manager creates a profile in NamUS and mails one of the small foot bones to the University of North Texas to be added to the FBI’s DNA database. Then they pack the remains carefully into a box and shelve them in OpID’s climate-controlled storage area to wait for their match alongside three hundred others that have yet to be identified.
    Justice in Evidence

    Forensic anthropology teams’ work has a profound social significance: it brings closure to suffering families. “[Families] cannot rest until they know what happened to their missing loved ones,” said Andrea García Borja of the International Organization for Migration’s Missing Migrants Project. “Having an answer gives them a way to move forward, to start mourning and move forward from the search, [which] is incredibly exhausting, expensive, and that really consumes so, so, so much of their lives.”

    This work also carries political and legal importance: forensic evidence can provide the grounds to hold governments and others who commit human rights violations accountable for their deeds. “Each time we retrieve the skeleton of a young person with a bullet hole in the back of the neck, it becomes more difficult to argue your way around it,” Clyde Snow told the Argentine newspaper Página/12 in 1993.

    Yet some argue that the rise of the human rights movement, of which humanitarian forensic work is part, has required major political sacrifices. In Sovereign Emergencies, a history of the growth of human rights activism in response to military governments in Latin America, Patrick William Kelly explains that organizations and activists had to “rid [themselves] of radical politics” in favor of the “politics of empathy” that became the only way to effect any change. Many of the activists and anthropologists in Texas describe their work along these lines—as a humanitarian endeavor outside of politics. In such a sharply divided state, there are pragmatic reasons to present their efforts as apolitical. Texas’s unusual bureaucracy means that migration activists, Border Patrol, law enforcement, and local officials work closely together. Until 2022, when Texas channeled all border funding into the enforcement-centric Operation Lone Star, OpID even received funding from the office of staunchly anti-immigration Governor Greg Abbott. “We can work to change the system,” said Latham, “but if we make enemies of the people working in the same system, then we can’t do our job.”

    At the same time, deaths in the borderlands are also depoliticized: media, enforcement agencies, and elected officials often frame them as unfortunate consequences of the decision to migrate or the result of smugglers who don’t value human life. It is migration advocates and humanitarian workers who argue to the contrary that the U.S. Border Patrol’s Prevention Through Deterrence strategy is a form of state violence analogous to the crimes endured by the victims forensic anthropologists have exhumed in Latin America and elsewhere. The Arizona organizations Coalición de Derechos Humanos and No More Deaths have stated that the policy “has turned the natural landscape into a lethal weapon that injures, kills, and disappears border crossers.” For her part, Kaplan said: “It’s structural violence and policy, not direct violence. But ultimately, it’s the same.”

    At the federal level, both political parties support the type of immigration enforcement that activists say is responsible for migrant death, with its focus on security rather than safe passage. Few, if any, politicians are calling for the removal of the border wall, for the abolition of the Border Patrol, or for a truth commission to investigate Prevention Through Deterrence. Those politics remain on the horizon. But the work of forensic anthropologists is future-oriented in its own way: each identification they make helps build a historical record of what has happened.

    “We can’t understand the impact of deterrence policies unless we document who dies in the desert,” said Altholz, the human rights lawyer. “OpID and the Forensic Border Coalition make it so that so many family members can find some measure of justice. And it’s justice they have delivered, not that the state has delivered.”

    https://thebaffler.com/salvos/bringing-up-the-bodies-tracey
    #USA #Mexique #mourir_aux_frontières #frontières #morts_aux_frontières #migrations #réfugiés #Etats-Unis #Eagle_Pass #OpID #identification #Operation_Identification #justice #antrhopologie_forensique

    ping @6donie

  • Pourquoi réserver un train est devenu un enfer (et pourquoi ça va empirer)

    Entre la multiplication des #marques et la #complexité de la #billetterie, l’ouverture à la #concurrence rend le #paysage_ferroviaire « kafkaïen », dénoncent les usagers.

    Aléop, Zou !, Lio, InOui, Trenitalia… Le paysage ferroviaire s’est transformé ces dernières années en une indigeste salade de #logos. Côté billetterie, ce joyeux capharnaüm entraîne un lot d’#aberrations : des #guichets #TER qui ne vendent pas de billets #TGV, des #cartes_de_réduction qui ne fonctionnent pas dans toutes les régions, l’application #SNCF_Connect qui n’affiche aucun billet Trenitalia ou Renfe...

    Et ce n’est qu’un début. Le paysage ferroviaire risque de devenir « insensé », prévient le président de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut), François Delétraz. Une inquiétude largement partagée dans le petit monde du ferroviaire, y compris chez les partisans inconditionnels de l’ouverture à la concurrence : on assiste à « une extraordinaire #fragmentation [qui pose] une énorme préoccupation », s’alarmait le très respectable président de l’Autorité de régulation des transports, Thierry Guimbaud, lors du colloque annuel de l’Afra, le lobby des entreprises ferroviaires, le 8 octobre à Paris.

    « La situation est préoccupante », reconnaissait le même jour Claude Steinmetz, le patron de #Transdev, le premier challenger de la SNCF sur les TER. D’après ses calculs, il existe 45 titres de réduction différents pour les TER, toutes régions confondues. « L’opérateur historique [la SNCF] a onze sites internet de distribution, ajoutait-il. Comment voulez-vous qu’on s’y retrouve ? »

    Cette #complexification, pas vraiment en phase avec l’engouement des Français pour le train et l’urgence de décarboner les transports, est une conséquence directe de l’ouverture du réseau ferré à la concurrence. Big bang que dénoncent les syndicats de cheminots, notamment à travers un appel à la grève, à partir du mercredi 11 décembre au soir.

    La guerre des #applis

    Concernant les TER, transport du quotidien et clé de voûte de la transition énergétique des transports, la fin du #monopole_public est gérée par les régions. Comme elles investissent pour tenter d’améliorer l’offre, elles souhaitent que cela se voie. « Elles ont presque toutes mandaté des agences de com’ pour trouver un nom de marque — improbable — pour se différencier de leurs voisines tout en tournant le dos à la SNCF et à son bon vieux TER », raille la Fnaut, le 9 décembre dans un communiqué. Fluo, BreizhGo, Lio... Chacune déploie également sa propre #politique_tarifaire et son propre système de #réduction.

    Dans cette #jungle, plusieurs #applications de vente de billets comme SNCF Connect ou #Trainline espèrent s’imposer et promettent de rendre fluide le « #parcours_client ».

    Pour l’heure, elles se livrent surtout une guerre sans merci. Écrasant leader, SNCF Connect (85 % des ventes) refuse de vendre des billets pour ses concurrents (#Trenitalia et la #Renfe) et leur met des bâtons dans les roues. Elle ne leur permet pas de vendre tous les tarifs disponibles et ne partage pas les informations trafic en temps réel. Trainline se plaint également de ne pas réussir à trouver sa #rentabilité, en raison des #commissions faméliques que lui verse la SNCF (2,9 % sur la vente des billets, contre 10 % pour un billet Trenitalia).

    Pour ne rien arranger, les régions n’ont aucune intention de faire confiance à ces applications de billetterie. Elles développent, chacune dans leur coin, leur propre système de distribution. Et comme les TER, demain, seront gérés par une multitude de compagnies différentes, ce sont les #régions qui vont centraliser l’information et la transmettre, avec plus ou moins de bonne volonté, à SNCF Connect, Trainline et consorts.

    « Impossible, pour le commun des mortels,
    de s’y retrouver »

    Cette complexification trouve une illustration déjà bien visible à Marseille : « Entre les Ouigo, les TGV InOui, la Renfe qui propose une liaison avec Barcelone, les TER gérés par la SNCF et bientôt les TER gérés par Transdev, vous avez cinq #opérateurs différents dans une même gare. Mais il n’existe aucun endroit où on peut tout acheter, résume François Delétraz. Impossible, pour le commun des mortels, de s’y retrouver. »

    Mais alors, que fait la police ? Pour l’heure, les règles sont encore à écrire et le gendarme du ferroviaire, l’#Autorité_de_régulation_des_transports, saisi de nombreux contentieux, prévient que les arbitrages sont pour bientôt. La Commission européenne compte également mettre de l’ordre dans ce Far West ferré. D’ici fin 2025, elle doit présenter un projet de règlement forçant les compagnies ferroviaires et les applications de vente de tickets à jouer la même partition.

    « On espère que cela améliorera la visibilité, souligne Vincent Thevenet, spécialiste ferroviaire de l’ONG Transport & Environment. Ce qu’il faut surtout éviter, c’est arriver à un système où les #prix seraient différents d’une plateforme à l’autre, avec un risque de #spéculation à la baisse ou à la hausse. Dans le transport aérien, c’est un gros problème. » L’initiative européenne ne se concrétisera pas avant plusieurs années et pourrait ouvrir ensuite une phase de guérilla juridique longue et couteuse, nouvelle tradition du monde ferroviaire.

    La situation ne manque pas d’ironie. Après trente ans d’efforts pour fabriquer une concurrence, largement artificielle, entre des entreprises ferroviaires européennes, toutes publiques, l’Union européenne les enjoint désormais de s’entendre et de se coordonner pour éviter le fiasco.

    Contactée par Reporterre, #SNCF_Voyageurs renvoie la responsabilité aux régions. « Ce sont elles qui définissent notamment les politiques tarifaires et la billettique », souligne l’entreprise. SNCF Voyageurs n’est plus qu’un simple « exploitant des services ferroviaires » comme un autre. L’entreprise publique s’est simplement préparée à affronter l’extraordinaire #morcèlement du ferroviaire. « Notre filiale SNCF Connect & Tech propose des solutions pour répondre aux appels d’offres lancés par les régions pour l’exploitation de leurs systèmes d’information et de billettique », souligne l’entreprise.

    Un « #allotissement » qui complique tout

    La billetterie n’est pas le seul sac de nœuds à dénouer. Pour faciliter l’entrée de concurrents à la SNCF, les régions découpent le réseau TER en une multitude de petits « lots ». Chacun fait l’objet d’un #appel_d’offres et est attribué pour dix ans à un délégataire de #service_public. Même la SNCF, lorsqu’elle remporte le lot, doit créer une nouvelle filiale.

    « Résultat, dans dix ans nous aurons une centaine de PME du rail. Les régions affirment qu’avec leurs bras musclés elles parviendront à harmoniser tout ça, mais cela entraînera une litanie de problèmes », s’inquiète Frédéric Michel, guichetier à la gare Saint-Charles de Marseille et militant Sud-Rail. Les compagnies doivent par exemple partager l’information aux voyageurs en temps réel, synchroniser les horaires pour faciliter les correspondances, gérer les aléas.

    Le premier TER non SNCF doit circuler mi-2025 sur la ligne Marseille-Toulon-Nice. Comment #Transdev, filiale de la Caisse des dépôts en voie de #privatisation, s’entendra avec les autres acteurs en cas d’avarie ? « Aujourd’hui, c’est déjà compliqué de gérer les #ruptures_de_correspondance entre un TER et un TGV, alors qu’on appartient à la même entreprise. Demain, avec une entreprise concurrente, ça n’existera plus », souligne Frédéric Michel.

    « Qui va payer l’hôtel et le billet de rechange des passagers qui ont raté leur Ouigo à cause d’un retard de TER sur Transdev ? La région Sud y réfléchit. Ça commence dans six mois et elle ne sait pas comment faire », affirme François Delétraz.

    Le train, un service marchand comme un autre

    Cette #désorganisation générale du réseau est concomitante à une #transformation fondamentale : depuis vingt ans, le train s’éloigne progressivement d’une logique de #service_public pour épouser les pratiques commerciales du privé. Et la quête de rentabilité est désormais exacerbée à la SNCF, à cause de la pression de son principal actionnaire, l’État, qui lui impose de doubler la somme qu’elle fait remonter chaque année pour financer l’entretien du réseau vieillissant (6,5 milliards d’euros).

    C’est cette pression qui explique la hausse continue et diffuse des #tarifs (8,2 % en moyenne sur un an selon l’Insee en 2023), la suppression des dessertes non rentables et des #guichets en gare, la hausse à 19 euros de la commission pour l’échange d’un billet InOui six jours avant le départ, la fin des billets non personnalisés qui pouvaient être troqués... La liste est potentiellement sans fin, des irritants qui pénalisent les « usagers » devenus « clients ».

    Des syndicats de cheminots au lobby des entreprises ferroviaires, en passant par les élus et les usagers, tous les acteurs du monde ferroviaire sont au moins d’accord sur un point : l’argent public manque cruellement en France pour faire face au mur d’investissement nécessaire à la sauvegarde et au développement d’un réseau vieillissant. Constat implacable de l’association allemande Alliance pour le rail, qui publiait en juillet dernier un classement des pays européens en matière d’#investissement_ferroviaire. La France apparaît bonne dernière.

    https://reporterre.net/Pourquoi-reserver-un-train-est-devenu-un-enfer-et-pourquoi-ca-va-empirer
    #réservation #train #transport_ferroviaire #SNCF #France #billets

    voir aussi :
    https://seenthis.net/messages/1087591
    @sombre

  • Mayotte : l’impossibilité d’une île. C’est le titre d’un texte de Détènem Touam Bona - emprunté au très misogyne (et beaucoup plus que cela) Michel Houëllebcq - où il décrivait à l’occasion de l’ #opération_Wuambushu une situation sociale fortement corrélée à la réalité géopolitique et néocoloniale des « poussières d’empire » comme cette petite île de l’Océan Indien faisant partie de l’archipel des Comores.

    Le titre est repris pour une vidéo d’un Lundi Soir dont l’objet est la présentation de l’ouvrage éponyme d’un certain Rémi Carayol.

    Le texte de Détènem Touam Bono :
    https://lundi.am/Mayotte-l-impossibilite-d-une-ile

    Lundi Soir du 2/12/2024 (vidéo ou podcast) :
    https://lundi.am/Mayotte-ou-l-impossibilite-d-une-ile

    Petite précision de la rédaction de Lundi Matin :

    Le titre a été honteusement volé à celui de ce fabuleux article de Dénètem Touam Bona que nous avions publié en mai 2023.

  • Pour une #sécurité_sociale de la #mort

    Si des aides de la Sécu existent pour les #obsèques, une #prise_en_charge totale des défunts et des endeuillés reste à définir pour des #funérailles remboursées, estime un collectif rassemblant des personnalités civiles et des professionnels du deuil.

    Aujourd’hui, la naissance est prise en charge par la Sécurité sociale, tandis que la mort nous coûte très cher, plus de 4 000 euros en moyenne pour une #crémation ou une #inhumation.

    Dans un moment de forte vulnérabilité, le deuil, nous devons faire des choix contraints et captifs, au sein d’un véritable #marché_de_la_mort. Depuis 1993, il revient en effet à la famille de se charger du choix de l’#opérateur_funéraire. Lors de la perte d’un proche, qui ose regarder à la dépense ? Comment assumer de vouloir faire des économies sur les derniers rites accompagnant la personne disparue ? Les familles ont besoin de quiétude et de sécurité dans ce moment délicat.

    De leur côté, les #agents_funéraires méritent également plus de respect pour leur métier essentiel. Anecdote révélatrice : il n’y eut pas d’applaudissements pour les travailleurs funéraires lors du Covid-19. Parmi les problématiques du secteur, l’une des plus importantes concerne la formation funéraire, insuffisante et inégale, sans filière publique clairement identifiée et soutenue. Au lieu de cela, reste une profession parasitée par l’impératif de la vente, la concurrence agressive, les inégalités territoriales, et très exposée aux accidents et aux troubles psychosociaux.

    Payer autrement

    Le régime général de la Sécurité sociale est probablement l’une des plus brillantes inventions de l’humanité. Envié, attaqué et pourtant indispensable, le système de protection sociale tel qu’il fut construit en 1946 nous montre la voie. Gestion par les administrés eux-mêmes et universalité en étaient les principes fondateurs. D’ailleurs, des aides de la Sécu existent déjà pour les obsèques, mais comme aucune information sérieuse n’est diffusée, il est probable que vous appreniez à la lecture de ces lignes l’existence de dispositifs comme le capital décès de la Caisse primaire d’assurance maladie, ou l’allocation en cas de décès d’enfant de la Caisse d’allocations familiales.

    Mettons maintenant une sécurité sociale de la mort à l’ordre du jour. Redéfinissons la dimension collective de la prise en charge des défunts et des endeuillés. Il s’agit bien de payer, mais de payer autrement. Non pas avec notre salaire net, dans un moment de vulnérabilité, mais par une prévoyance commune tout au long de notre vie au sein de la Sécurité sociale, comme pour les soins. Cette cotisation soulagerait la situation financière des familles les plus précaires, et assurerait une sérénité pour tout le monde.

    A la manière du secteur du soin, devenons copropriétaires de ce qui deviendra une nouvelle institution funéraire. Elle aura pour objectif d’assurer à chaque famille les prestations nécessaires pour une cérémonie digne : fourniture d’un cercueil adapté, présence de porteurs, frais de crémation, d’inhumation, ou tout autre mode de sépulture, quelles que soient les spécificités du terrain : décidons ensemble des modalités et des infrastructures appropriées pour accompagner les décès.

    Tant à construire pour se réapproprier nos obsèques

    Ce que nous proposons aujourd’hui, c’est que les entreprises funéraires dont les prestations seront remboursées soient conventionnées selon des critères décidés aussi par les personnes endeuillées elles-mêmes. Nouveaux rituels, salaire des agents, écologie, qualité d’écoute des familles ; il y a tant à faire, il y a tant à construire pour se réapproprier nos obsèques.

    Nous n’acceptons plus que certains territoires soient des déserts funéraires sans équipements adéquats, comme la Guyane, la Lozère, ou le Lot, qui n’ont pas de crématoriums.

    Nous n’acceptons plus qu’en plus d’un deuil presque insurmontable, une famille soit poussée à l’emprunt pour enterrer un proche. Nous n’acceptons plus ni l’humiliation que représentent les slogans inappropriés du funéraire discount, ni les primes managériales poussant des agents fatigués à travailler dans la précipitation.

    Nous n’acceptons plus que la mort et ses travailleurs comptent parmi les jouets des fonds de pension, gérés par des financiers sur les marchés, et que ces derniers aient le pouvoir sur nos morts.

    Nous proposons une société qui ne relègue plus ses morts et celles et ceux qui s’en occupent au second plan. Ne détournons plus le regard.

    Signataires : le Collectif pourune sécurité sociale de la mort, les coopératives funéraires de Strasbourg, Nancy, Tulle, Caen, Lyon, Valence, la CGT funéraire, Enora Cuvilliez directrice d’agence funéraire et d’AbCrémation, fabrication de cercueil en carton, Bernard Friotéconomiste et sociologue du travail, professeur émérite à Paris-Nanterre, Richard Monvoisindidacticien des sciences à l’université Grenoble-Alpes, Juliette Cuisinier-Raynal autrice de l’Embaumeuse et ancienne thanatopractrice, Martin Julier-Costes docteur en sociologie, chercheur associé à l’université Grenoble-Alpes, Nicolas Framontjournaliste et écrivain, Denis Robertjournaliste et écrivain, Jacques Cherblancprofesseur titulaire et directeur de l’unité d’enseignement en études religieuses, en éthique et en philosophie de l’université du Québec, Rony Brauman médecin, ancien de Médecin sans frontières, Juliette Cazes chercheuse indépendante en thanatologie et autrice, Sara Piazzapsychologue clinicienne en service de réanimation et en équipe mobile de soins palliatifs, docteure en recherches en psychanalyse et psychopathologie, Jean-Michel Nivet responsable Charente de la Fédération française de crémation et de l’association pour le droit à mourir dans la dignité, Lisa Carayon maîtresse de conférence en droit à la Sorbonne Paris Nord, Marie-Frédérique Bacquéprofesseure de psychopathologie à l’université de Strasbourg, directrice du Centre international des études sur la mort, Danielle Simonnetdéputée L’Après, Hadrien Clouetdéputé LFI, Christophe Bexdéputé LFI, Ian Brossatsénateur PCF.

    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/pour-une-securite-sociale-de-la-mort-20241031_Q3WMQ45ZTFBWZCL6MRA5H77Q3A
    #sécu #décès #remboursement #France

  • #Frontex spends half a billion on aerial surveillance, new research shows more involvement in pullbacks

    On the 20th anniversary of the founding of Frontex, new details about its complicity with the Libyan Coast Guard have come to light. Activists and lawyers are protesting and taking legal action.

    The European border agency Frontex has invested over €500 million in aerial surveillance in the Mediterranean region since 2017. This is reported by the Italian newspaper “Altreconomia” and complements new investigations by the Liminal research project. Its research shows that the surveillance equipment is not used to protect people at sea, but to force them back to Libya or Tunisia.

    Liminal was founded two years ago at the University of Bologna for the forensic investigation of border violence. In an exhibition currently on display in Paris, Liminal documents at least 240 new cases in which Frontex reconnaissance flights specifically reported boats in the central Mediterranean to the Libyan or Tunisian Coast Guards, who then took the refugees back to the North African countries against their will. Between 2019 and 2023 alone, over 27,000 people were affected by such pullbacks.

    Liminal’s research is based on 319,000 data records from the “Joint Operation Reporting Application” (JORA), Frontex’s internal database system. This is where the agency records all of its activities, including in the central Mediterranean. In a total of 473 cases, Frontex detected boats carrying refugees on their way to Europe before Libyan or Tunisian units intercepted them and forced them to return. The research shows that these routines are not random, but that the reconnaissance flights as part of the Frontex operation “Themis” are used strategically for migration defence.

    A significant part of Frontex’s surveillance work is carried out by drone missions. Among others, the border agency uses two “Heron” drones, produced by the Israeli defence company Israel Aerospace Industries, which are also used for military purposes in the Gaza Strip. One of these drones is stationed in Malta and another in Crete. Frontex tested another drone from Israel in 2019, but this “‘Hermes”’ suffered a total loss after a few months.

    Using JORA datasets from 2016 onwards, the Liminal researchers were able to reconstruct a significant number of cases in which the Frontex surveillance service recorded boats before they were turned back to Libya or Tunisia. These pullbacks are carried out in cooperation with the Libyan Coast Guard, which has received financial and organisational support from the EU since 2017.

    A new set of JORA data requested by Liminal via a Freedom of Information request shows that surveillance teams in Warsaw, where Frontex is based, analyse images in real time and make decisions on who to notify for pullbacks in North Africa. For Operation “Themis” alone, Liminal documented 473 previously unknown cases in which boats were discovered by Frontex and then pulled back to Libya or Tunisia.

    “The chain of responsibility in these operations is extremely complex”, Giovanna Reder from Liminal emphasises to “nd”. The information gathered by aircraft and drones passes through several instances, from Warsaw to the operations control centres in Italy, Malta and Greece.

    Liminal shows how Frontex conceals the pullbacks by systematically labelling the operations in the JORA datasets as “prevention of departures”. “Frontex is thus continuing a trend that we have been observing for a long time”, says Reder. Accordingly, the agency is also becoming increasingly non-transparent and is disclosing less and less data in response to requests under the Freedom of Information Act.

    The Libyan Coast Guard has long been suspected of severely mistreating intercepted persons and detaining and abusing them in prisons under conditions that violate human rights. Despite ample evidence of the catastrophic conditions in Libyan camps, Frontex has so far shown no inclination to end its cooperation with the Coast Guard. On the contrary: Frontex’s monitoring capacities have been massively expanded in recent years.

    However, Article 46 of the Frontex Regulation, which is relevant to human rights issues, requires the agency to stop such operations if they promote human rights violations, as in Libya or Tunisia, which encourages pogroms against refugees and abandons them in the desert.

    In response to this practice, which violates international law, the legal organisation Front-Lex, together with the group Refugees in Libya, has taken legal action against Frontex before the European Court of Justice. A plaintiff from Sudan, who has been living in Libyan detention under dangerous conditions since 2019, accuses Frontex of having facilitated his forced repatriation and subsequent torture in Libya by sharing location data.

    Front-Lex lawyer Ifatch Cohen demands on behalf of the plaintiff that Frontex take the protection of human rights seriously. In his argumentation, he refers to EU law, according to which the indirect promotion of human rights violations is not permitted. There is already sufficient evidence of Frontex’s co-responsibility for crimes against humanity in Libya, explains Cohen when asked by “nd”. What is needed is not more evidence, but a competent court that grants Frontex victims access to legal protection. “We hope that judge Maria José Costeira will finally allow our case to proceed”, said the lawyer.

    The 24 October 2024 was the 20th anniversary of the founding of Frontex. There were demonstrations, events and actions in several cities in Europe and Africa, including Brussels, Berlin, Bregenz, Innsbruck, Calais and Dakar.

    The Alarm Phone network, which consists of hundreds of volunteers and celebrated its tenth anniversary in October, also met in the Senegalese capital at the beginning of October. Refugees on the Mediterranean can use the emergency number to ask for help. The Alarm Phone forwards these messages to the relevant maritime rescue centres in the central Mediterranean.

    For 3,650 days and nights, they have been on duty, the network explains. During this time, the activists have been alerted to over 8,000 boats “from all corners of the Mediterranean Sea, the Atlantic region or the English Channel”.

    https://digit.site36.net/2024/10/31/frontex-spends-half-a-billion-on-aerial-surveillance-new-research-show
    #pull-backs #Libye #migrations #réfugiés #complexe_militaro-industriel #surveillance_aérienne #Méditerranée #mer_Méditerranée #drones #complexe_militaro-industriel #Joint_Operation_Reporting_Application (#JORA) #Themis #opération_Themis #Heron #Israel_Aerospace_Industries #chaine_de_responsabilité #prévention_des_départs #gardes-côtes_libyens

    • Oltre 27mila naufraghi respinti in Libia e Tunisia grazie a Frontex. La nuova ricerca di Liminal

      Il gruppo di ricerca del centro con sede a Bologna ha analizzato 319mila “stringhe” del database Jora, nel quale l’Agenzia europea registra le proprie attività. Incluse quelle di sorveglianza sul Mediterraneo: in almeno 473 casi le imbarcazioni sono state avvistate prima dell’intervento delle milizie libiche e dei guardiacoste tunisini. Anche grazie all’Heron drone prodotto dalla Israeli aerospace industries, lo stesso utilizzato per le operazioni militari sulla Striscia di Gaza

      L’Agenzia europea Frontex ha collaborato al respingimento verso Libia e Tunisia di almeno 27.288 naufraghi tra il 2019 e il 2023. Lo rivela uno studio inedito realizzato dal progetto Liminal, centro di ricerca con sede a Bologna, visionato in esclusiva da Altreconomia. “In 473 casi l’Agenzia ha individuato la barca tramite i suoi mezzi di sorveglianza prima che questa venisse bloccata dai guardiacoste libici e tunisini -spiega Lorenzo Pezzani, direttore di Liminal-. Non sono ipotesi o accuse rivolte da Ong ma la stessa Frontex che nei suoi database implicitamente ammette che è stata protagonista di queste operazioni”.

      È la prova che la sorveglianza aerea sul Mediterraneo, a cui l’Agenzia ha destinato oltre 500 milioni di euro di budget tra il 2017 e il 2023, non ha come obiettivo il salvataggio delle persone in mare ma quello di evitare che queste arrivino in Europa. Una “verità” che emerge dalle oltre 319mila “stringhe” ottenute e analizzate da Liminal del database in cui Frontex registra le informazioni relative a tutte le sue attività, comprese quelle dei droni. Tra cui anche l’Heron drone, fornito dall’Israel aerospace industries, che oggi viene utilizzato dall’esercito israeliano per le operazioni militari sulla Striscia di Gaza.

      Liminal si è concentrata sui dati contenuti nel Joint operation reporting application (Jora), un database in cui dal 2011 Frontex registra tutti gli eventi di attraversamento irregolare dei confini di cui viene a conoscenza. Le “stringhe” registrate dal settembre 2016 al settembre 2021 sono state ottenute dal giornalista Emmanuel Freudenthal e contenevano con esattezza i luoghi in cui si trovavano le barche nel momento in cui sono state individuate e in molti casi il porto finale di sbarco: in 197 casi le operazioni si concludono con un respingimento verso Libia e Tunisia. Sui dati dal 2021 al 25 gennaio 2023, Frontex ha fornito i dati con ancora meno dettagli, soprattutto con riferimento al porto finale di sbarco. Il motivo? “Comprometterebbe la protezione dell’interesse pubblico”. O forse il rischio di essere chiamati a rispondere delle proprie azioni.

      Infatti, nonostante l’assenza di quelle informazioni, il gruppo di ricerca ha ricostruito incrociando diverse informazioni contenute nel file almeno 218 casi in cui le barche sono state avvistate dagli assetti aerei dell’Agenzia prima che fossero respinte verso le coste libiche e tunisine. Questi eventi sarebbero però solo la punta dell’iceberg:. Dal 25 gennaio 2023 al 2024, infine, l’Agenzia ha negato a Liminal la possibilità di accedere alle informazioni a causa di “nuovi metodi operativi” per cui la divulgazione di questi dati “ostacolerebbe l’efficacia delle operazioni di Frontex”.

      Analizzando l’enorme database di Jora, poi, Liminal ha individuato un’altra criticità. Nel periodo fra gennaio 2021 and gennaio 2023 viene introdotta una nuova operazione, “Fsc aerial surveillance”, in cui sono presenti 1.580 casi per i quali come “reporting country” viene indicata la Polonia. L’Fsc è il Centro di sorveglianza che si trova a Varsavia, sede centrale di Frontex, in cui i membri dell’European monitoring team (Emt) analizzano le immagini trasmesse in tempo reale dai velivoli dell’Agenzia. Di questo team fanno parte anche membri delle forze dell’ordine dei Paesi membri, tra cui anche la Guardia di finanza e la Guardia costiera italiana. Fra tutti i casi categorizzati come “FSC aerial surveillance”, i ricercatori di Liminal sono riusciti a individuarne 240 che sono elencati anche come casi di avvistamento avvenuti nell’ambito dell’ operazione Themis che Frontex conduce nel Mediterraneo Centrale, e che si poi sono conclusi con un respingimento. “Anche se in assenza di altri dati non ci è ancora possibile dire molto di più su questi casi, sono tuttavia interessanti perchè rivelano la complessa catena decisionale che caratterizza queste operazioni -spiega la ricercatrice di Liminal Giovanna Reder-. Le informazioni trasmesse da un veivolo che vola a pochi chilometri dalla Libia vengono inviate tramite satellite ai piloti di Airbus che stanno a Malta, alla operation room di Varsavia e anche ai vari centri di sorveglianza degli stati membri coinvolti: tutta questa catena di informazioni è opaca e difficile da ricostruire. Quando avviene un avvistamento, chi è che decide che cosa fare e chi contattare, e in base a quali criteri? Rispondere a queste domande è decisivo sotto l’aspetto della responsabilità”, aggiunge Pezzani.

      In decine di casi, inoltre, Liminal ha incrociato i dati del database con quelli resi pubblici dalle Ong tra cui Alarmphone. “Questo ci aiuta a recuperare quelle informazioni che Frontex ha oscurato nel fornirci le stringhe di Jora -aggiunge Reder-. E anche a marcare le differenze tra come l’Agenzia registra le informazioni, penso al numero dei morti, da quella che poi è la realtà sul campo denunciata dai naufraghi alle Ong”. Tra i casi analizzati c’è quello di un’imbarcazione avvistata il 4 gennaio 2023 quando secondo la posizione inviata ad Alarmphone era già nella zona di ricerca e soccorso maltese: Frontex registra quell’evento nel database, quindi è a conoscenza di dove si trovi, ma i naufraghi vengono con molta probabilità intercettati e respinti dalla cosiddetta guardia costiera libica. “Viene registrata come attività di ‘prevention departure’ che in linguaggio burocratico è la maschera per classificare un respingimento”.

      Questa nuova ricerca di Liminal segue quella pubblicata nell’agosto 2022 in collaborazione con Human rights watch (Hrw) dal titolo “Airborne complicity” in cui grazie a documenti inediti si ricostruiva una “chiara correlazione” tra i voli di Frontex e il tasso di intercettazioni da parte della Guardia costiera libica. “Un andamento che suggerisce e rinforza il fatto che vi sia una collaborazione sistematica tra l’Agenzia e le ‘milizie libiche’, come tra l’altro è emerso anche in diverse inchieste giornalistiche”, sottolinea Reder. E come ha ammesso anche lo stesso direttore esecutivo di Frontex Hans Leijtens che nel febbraio 2024 ha ammesso che in almeno 2.200 casi la posizione delle imbarcazioni è stata inviata alla Guardia costiera libica tra il 2020 e il 2023.

      Anche a seguito di quelle dichiarazioni, le Ong Front-Lex e Refugees in Libya hanno deciso di portare Frontex di fronte alla Corte di giustizia dell’Unione europea per chiedere ai giudici di fermare la collaborazione con le autorità libiche. Il ricorrente è un 29enne di origini sudanesi, malato di diabete, bloccato in Libia dal 2019 e oggi in grave pericolo anche per la sua condizione di salute. “Il fatto che Frontex condivida la posizione con le milizie libiche riduce le possibilità che lui raggiunga l’Europa e lo espone a tortura e trattamenti degradanti -spiega Ifatch Cohen, avvocato che per Front-lex ha promosso la causa-. Diversi rapporti provano come tutti coloro che vengono respinti subiscono detenzione arbitraria e sono quindi sottoposti alla violazione dei loro diritti basilari”. In questo quadro, l’Agenzia dovrebbe fermare di condividere le informazioni ottenute attraverso i suoi velivoli. “Non è necessario che la sua attività provochi direttamente le lesioni subite dal ricorrente: l’articolo 46 del regolamento prevede infatti che le operazioni vengano fermate anche qualora favoriscano anche indirettamente la violazione dei diritti umani”, aggiunte l’avvocato Cohen.

      Gli avvocati hanno chiesto alla Corte di esprimersi con un giudizio d’urgenza perché il ricorrente rischia la vita. Ma Frontex si è opposta. “In altri casi presentati da potenziali vittime, la Corte ha rigettato i casi e non li ammessi perché non era ‘certo’ che i richiedenti, una volta al mare, sarebbero avvistati dall’Agenzia e poi respingi illegalmente -continua Cohen-. Ci aspettiamo forse che la persona bloccata in Libia produca un giudizio mostrando un biglietto di una nave con cui ha tentato di raggiungere l’Europa? Spero che i giudici cambino il loro approccio e adottino una decisione in conformità con la legge. Anche se c’è l’1% delle possibilità che qualcuno subisca un respingimento e di conseguenza sia vittima di tortura gli va riconosciuta la possibilità di ricorrere di fronte a un giudice”.

      A sorreggere tutta la “macchina dei respingimenti” ci sono poi le grandi multinazionali, spesso aziende legate all’industria militare, che garantiscono a Frontex i velivoli. Come raccontato su Altreconomia l’importo dei bandi pubblicati dall’agenzia con riferimento a servizi di sorveglianza aerea passa da 1,6 milioni di euro nel 2017 a 172 milioni di euro nel 2023. Con un numero sempre più ampio di soggetti interessati a queste tipologie di commesse. Tra gli apripista troviamo l’italiana Leonardo Spa (già Finmeccanica), la prima nel 2018 a fornire un drone per Frontex. Ma il progetto di ricerca Liminal si concentra soprattutto sui contratti siglati con le israeliana Elbit Systems (Hermes 900 drone) e l’Israeli aerospace industries (Iai) per l’Heron drone (in questo caso un subappalto da parte di Airbus).

      “Lo stesso che oggi sorvola il Mediterraneo viene utilizzato anche per le operazioni militari su Gaza -sottolinea Pezzani-. L’ennesima inquietante prova della compenetrazione dell’industria militare nel settore del controllo dei confini”. Il 24 ottobre Frontex ha festeggiato i primi vent’anni di vita, costellati da scandali e un ruolo centrale nell’esternalizzazione dei confini europei, nella totale impunità. C’è poco da festeggiare.

      https://altreconomia.it/oltre-27mila-naufraghi-respinti-in-libia-e-tunisia-grazie-a-frontex-la-

      #Fsc_aerial_surveillance #European_monitoring_team (#Emt)

  • Organiser le pouvoir ouvrier. À propos du livre de Marie Thirion | Fabrizio Carlino
    https://www.contretemps.eu/organiser-pouvoir-ouvrier-italie-thirion

    Fabrizio Carlino discute ici le livre de Marie Thirion : Organiser le pouvoir ouvrier. Le laboratoire operaïste de la Vénétie (1960-1973), paru aux éditions Agone il y a quelques mois. Il y revient notamment sur la séquence de luttes radicales qui a marqué l’Italie du début des années 1960 à la fin des années 1970, la signification de l’opéraïsme, l’articulation entre mobilisations ouvrières et élaboration intellectuelle, ou encore la place de l’organisation Potere Operaio.

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    Selon une tradition historiographique désormais bien établie, 1968 en Italie se caractérise par sa durée. La « séquence rouge italienne », ayant ses racines au début des années 1960, ne s’arrêterait qu’à la fin des années 1970. L’opéraïsme a été sans doute l’une des composantes matricielles de ce cycle de luttes, qui a été à la fois largement « fantasmé » (p. 7) par les anciens soixante-huitards, surtout français, mais aussi souvent associé, dans l’opinion publique et par les historiens eux-mêmes, aux « années de plomb », à savoir à une période traversée par les actions violentes menées par les « extrémismes » opposés, les bombes des néofascistes, les attentats meurtriers et les enlèvements – dont celui de Aldo Moro, qui s’est soldé par son exécution par les Brigades Rouges en 1978, a marqué la fin.

    La question du recours à la violence politique, de sa nécessité, sa légitimité ou son rôle néfaste, risque ainsi d’absorber une grande partie de la réflexion sur l’héritage des luttes des années 1970 en Italie. En outre, le prestige intellectuel de certaines de ses figures emblématiques a contribué à renforcer une représentation de l’opéraïsme comme d’un courant de pensée, une tendance hérétique à l’intérieur de l’histoire du marxisme, dont le philosophe politique Mario Tronti est considéré, avec Raniero Panzieri, comme l’un des pères fondateurs.

    L’influence puissante et durable de Toni Negri, qui a traversé et façonné les différentes métamorphoses de la méthode opéraïste, des années 1960 jusqu’aux mouvements des années 2010, en passant par l’Autonomie ouvrière et les nombreuses expressions du post-opéraïsme, est révélatrice de cette double réduction de l’opéraïsme en tant qu’origine intellectuelle et politique de la saison de la lutte armée en Italie. Professeur à l’Université de Padoue entre les années 1960 et 1970, qualifié encore aujourd’hui de « cattivo maestro » (mauvais maître) par la presse italienne, Negri est vu, en effet, non seulement comme un philosophe qui a renouvelé la pensée marxiste, mais aussi comme l’un des responsables de la dérive sectaire et violente du mouvement contestataire issu de 1968.

    Le livre de Marie Thirion, Organiser le pouvoir ouvrier. Le laboratoire operaïste de la Vénétie (1960-1973) constitue une importante contribution à la remise en question de cette représentation simpliste et trompeuse de ce qu’a été l’opéraïsme. Il s’insère en effet dans une lignée d’études qui, depuis une vingtaine d’années[3], essaient d’écrire une « autre histoire » de l’expérience opéraïste, en s’appuyant moins sur les grands textes théoriques (en particulier de Tronti et de Negri) que sur les archives (tracts, compte-rendu d’assemblées, documents préparatoires aux réunions, etc.), sur les enquêtes militantes de l’époque et sur les témoignages, non seulement des protagonistes reconnus, mais aussi des travailleurs et des militants de base.

    Il en ressort un ensemble d’expériences hétérogènes et d’instances contradictoires, de trajectoires individuelles et collectives qui restituent une image complexe et diversifiée, bien loin de celle d’un mouvement qui trouverait son unité dans une série d’axiomes – tels que ceux qui ont été énoncés au début des années 1960 par Tronti[4] – et dont le débouché principal ne serait autre que l’affrontement de plus en plus violent et impuissant, sur le terrain de la lutte armée, au cours de la décennie suivante.

    L’autrice participe à cet effort de reconstruction historiographique en y ajoutant à sa sensibilité sociologique et un point de vue territorial, qui s’avère particulièrement fécond pour étudier les différentes traductions des principes opéraïstes dans les pratiques des groupes et les interactions que celles-ci ont eu à leur tour avec les positions élaborées par les intellectuels. On peut dès lors suivre sur le terrain les paradoxes qui affectent d’emblée la « trajectoire »[5] opéraïste, dans le concret de la dialectique entre différentes réalités et les différents niveaux de l’organisation des luttes, saisis dans leur spécificité.

    Le terme « opéraïsme » dérive de l’italien operaio (ouvrier) et était utilisé, généralement dans une acception péjorative, pour indiquer le réductionnisme des positions qui ramenaient la lutte des classes entièrement sur le terrain des luttes d’usines. Ce n’est que vers la fin des années 1970 que cette catégorie commence à être utilisée pour indiquer une nouvelle ligne d’analyse et d’intervention politique formulée au début des années 1960 autour de la revue Quaderni Rossi, dirigée par le socialiste Raniero Panzieri. C’est dans ce « laboratoire » que sont posées les bases de l’opéraïsme italien.

    On y trouve en effet, comme l’écrit Thirion, « les idées maîtresses de la centralité de l’usine [et] de la non-neutralité de la science et de la technique ». Mais, surtout, on y expérimente une méthode d’enquête militante, dite conricerca (recherche-avec), fondée sur un travail commun entre chercheurs et ouvriers. Il s’agissait de produire des connaissances objectives – concernant par exemple le fonctionnement de l’usine et la condition des travailleurs – qui étaient nécessaires pour organiser les luttes, tout en déclenchant des processus de subjectivation politique. Ainsi l’ouvrier, qui était d’abord l’objet de l’enquête, par sa participation à la conricerca à côté des intellectuels devenait devenir sujet, au sens où le but de cette pratique était de lui permettre d’être acteur à la fois de l’élaboration théorique et « de sa traduction en organisation politique » (ibid.).

    La question de l’organisation prendra toute sa place dans le travail du groupe de travail formé autour d’une autre revue, classe operaia, née en 1964 d’une scission interne à Quaderni Rossi. A l’origine de l’opéraïsme, il y a en effet l’exigence de réinventer les instruments politiques existants, considérés comme inadéquats pour faire face à la nouvelle configuration économique, politique et sociale déterminée par le « miracle économique » qu’avait connu l’Italie à partir des années 1950.

    Il en découle une critique non seulement des institutions – les partis et les syndicats de la gauche – mais aussi de l’orthodoxie marxiste par laquelle se justifiaient différentes formes de stratégie réformistes, perçues comme de plus en plus éloignées de la réalité de la classe ouvrière. A l’encontre de toute une tradition du mouvement ouvrier, les opéraïstes affirment la nécessité pour les travailleurs de se doter d’une organisation autonome, dans laquelle ils peuvent exercer le « pouvoir ouvrier ». C’est dans cette démarche que la partialité du « point de vue ouvrier » est revendiquée comme la condition pour une action révolutionnaire : c’est seulement en se plaçant du point de vue de la classe ouvrière qu’il est possible de produire des connaissances adéquates et de mener des luttes à même de renverser la société existante.

    Cet axiome se justifie dans la théorie par le renversement du rapport entre classe ouvrier et capital tel que Marx l’avait établi : le moteur du développement capitaliste est la classe ouvrière, laquelle est donc placée en position de primauté par rapport au capital. On doit les formulations les plus abouties de ces principes à Tronti, qui a pourtant déclaré que l’opéraïsme italien, commencé avec Quaderni Rossi, se termine avec la fin de classe operaia, à savoir un an avant l’explosion contestataire de 1968, dont les opéraïstes des années 1960 auraient fourni une critique anticipée...


    • Le point de vue adopté par Thirion dans son étude implique une autre périodisation, qui obéit à plusieurs raisons.

      D’abord, l’autrice se réfère à une définition plus large de l’opéraïsme, entendu comme « expérience collective et transversale au mouvement ouvrier » (p. 10), ce qui lui permet de prendre en compte la multiplicité des expériences liées à ce courant et de poursuivre dans la direction indiquée par certains historiens qui invitent à parler d’« opéraïsmes au pluriel ». Ceux-ci connaissent des évolutions en partie indépendantes les unes des autres et suivent des temporalités différentes tout au long des années 1970.

      Ensuite, l’enquête est centrée sur un territoire circonscrit, celui de la Vénétie, située au nord-est de la péninsule italienne. Dans l’organisation des luttes ouvrières de cette région, la référence à la méthode héritée de l’opéraïsme du début des années 1960 s’est en effet poursuivie sans interruption jusqu’à la fin de la décennie suivante, bien que sous des formes différentes et avec un succès variable.

      Enfin, cette perspective territoriale permet de suivre les principes énoncés par les intellectuels dans leur réception et jusqu’à leur application – ou leur rejet – dans l’organisation concrète des luttes, dans les décisions prises au cours des assemblés, dans les usines ou dans les comités de base, dans les réunions de quartier et dans les plus petites cellules de militants.

      Traduits dans des réalités économiques et sociales profondément différenciées, dont ce livre nous livre la description détaillée, les mots d’ordre et les analyses véhiculés par les écrits les plus théoriques se trouvent resignifiés, voire transformés, et produisent souvent des effets contradictoires. Ce livre nous montre aussi comment les issues des luttes dans les usines, puis dans les quartiers – où les opéraïstes avaient commencé à étendre leurs actions suite à l’impulsion donnée par le mouvement de 1968 – exercent à leur tour une influence importante sur les positions défendues par les dirigeants qui essaient d’adapter leur stratégie à l’évolution des rapports de force et aux exigences venant de contextes territoriaux spécifiques.

      Dans cette optique, et contrairement aux affirmations de Tronti, l’expérience de Potere operaio, le groupe fondé en 1967, s’inscrit à plein titre dans l’histoire des opéraïsmes : l’ensemble des variations et des retournements de sa ligne politique peuvent être saisis, comme le fait cette étude, comme autant de tentatives différentes d’application d’un même projet d’organisation du pouvoir ouvrier. Un projet qui vise à transformer la force de travail en classe ouvrière, donc en sujet politique, de manière autonome par rapport aux institutions du mouvement ouvrier traditionnel.

      Le vrai tournant dans cette histoire serait donc plutôt 1973, non seulement en raison des effets du coup d’État de Pinochet au Chili, qui change l’horizon de la lutte pour les groupes issus de 1968, qui y voient le risque imminent de l’établissement d’une dictature fasciste en Italie même, mais aussi parce que cette date est celle de la dissolution de Potere operaio.

      Le point de vue territorial éclaire d’ailleurs aussi la trajectoire de l’opéraïsme vénète par rapport à la question centrale de l’autonomie. Pour les opéraïstes, l’autonomie est d’abord un « postulat théorique » qui sert à affirmer « l’irréductibilité » de la classe ouvrière « aux impératifs productivistes » du « système néocapitaliste » (p. 299). L’étude de Thirion montre comment, dans les années 1960, cela s’est traduit par une tentative d’organiser les élans d’autonomie ouvrière, à savoir d’indépendance par rapport aux organisations de la gauche institutionnelle. La création du Comité de Marghera, zone industrielle près de Venise, qui fera preuve d’une intense activité et d’une certaine longévité, est l’un des principaux succès de cette première phase.

      Cependant, suite aux luttes ouvrières de l’automne 1969 (l’autunno caldo), les organisations autonomes semblent déjà être devenues inadéquates à la nouvelle situation. Au sein de Potere operaio, certains intellectuels, dont Negri lui-même, déclarent la phase de l’autonomie, entendue comme spontanéisme, désormais dépassée. Dans cette deuxième phase, il est question d’un nouveau type d’autonomie, celle de l’organisation. C’est à ce moment que s’opère un double déplacement, à certains égards paradoxal si l’on songe aux origines de l’opéraïsme : le terrain d’intervention privilégié n’est plus l’usine mais le territoire, et la dimension décisive de la lutte n’est plus économique, mais politique. Il s’ensuit une inflexion volontariste et subjectiviste du militantisme et une centralisation et institutionnalisation de l’organisation en vue d’une transformation en parti.

      À travers une reconstruction détaillée des débats et des conflits entre les organismes de base et la direction nationale de Potere operaio, Thirion montre que ces passages, régis par un retour à un certain léninisme, impliquent « une perte d’indépendance » des collectifs vénètes et des ouvriers dans la gestion des luttes dans les usines par rapport aux directives des dirigeants de l’organisation. D’un autre côté, grâce à la résistance opposée par les collectifs, un écart se creusait entre « l’idéologie postulée au niveau national et leur traduction sur le terrain local ». On assiste ainsi à l’éloignement progressifs entre les militants des usines – qui réclamaient plus de liberté d’action pour les collectifs locaux – et les militants professionnels. Dans cette troisième phase, l’autonomie devient « une alternative valide et viable au léninisme : décentralisée, diffuse, mouvante, plurielle, informelle » (p. 302).

      C’est d’ailleurs dans une conception de l’autonomie assez proche de celle qui émerge au cours de cette troisième phrase que les héritiers de l’expérience opéraïste ont poursuivi leurs luttes après 1973. L’organisation a effectivement fini par se dissoudre dans ce « funeste infini » que l’un des dirigeants de Potere operaio, Franco Piperno, avait voulu éviter en lui opposant « la construction du parti révolutionnaire ».[6]

      L’insurrection que nombre de militants croyaient imminente n’a pas eu lieu et les mouvements des années 1970 ont échoué pour des raisons qui, comme le suggère Thirion, vont bien au-delà de la vague de répression qui s’est abattue sur eux en 1979. Leur échec ne peut néanmoins pas être non plus attribué uniquement aux erreurs d’analyses, aux faiblesses des organisations ou aux limites subjectives des dirigeants concernant la stratégie à suivre.

      Dans la tentative d’esquisser un bilan non seulement négatif de cette période, l’autrice souligne toutefois que c’est grâce à la contribution des opéraïstes, grâce notamment aux luttes des militants de base, souvent menées indépendamment de l’organisation centrale, que les travailleurs ont pu avancer sur le terrain des droits, des conquêtes sociales et de l’émancipation collective. En ce sens, l’un des mérites de cette enquête est d’avoir plus particulièrement mis en lumière le travail des opéraïstes vénètes sur la question de la nocivité industrielle, en soulignant l’importante contribution du Comité de Marghera dans l’émergence d’une « écologie ouvrière ».

      Poursuivre dans la voie dans laquelle s’est engagée l’autrice est sans aucun doute nécessaire pour insérer l’expérience opéraïste dans un contexte plus large, qui engloberait l’évolution de la question environnementale, à l’intérieur la longue histoire des luttes pour les droits des travailleurs. Il est également souhaitable, à partir de ces résultats, de continuer à réfléchir sur le rôle de ces instances locales, constitutives de la constellation opéraïste.

      À la tendance des intellectuels à la mythification d’une classe ouvrière détachée de toute détermination réelle, et à leur quête d’un sujet révolutionnaire introuvable, celles-ci opposaient l’exigence de faire retour aux ouvriers en chair et en os, à leurs besoins réels, à leurs conditions de vie, à leurs lieux de travail et à leurs revendications concrètes – ce qui était d’ailleurs le terrain de départ du travail de Quaderni Rossi et qui n’a été abandonné qu’au cours des années 1970, suite à une évolution paradoxale.

      Il serait pourtant tout aussi nécessaire, dans cette démarche, de ne jamais perdre de vue que les conquêtes en termes de droits des travailleurs et les avancées sur le terrain de l’émancipation sociale, dans la mesure où ils sont aussi le résultat d’un « style de travail » commun aux différents opéraïsmes, n’auraient peut-être pas eu lieu sans précisément le rejet conjoint de la conception progressive de l’histoire, de l’idéologie travailliste et de la stratégie réformiste qui rendaient fondamentalement impuissantes, aux yeux des opéraïstes des années 1960, les organisations du mouvement ouvrier traditionnel.

      *

      Fabrizio Carlino, docteur en philosophie (Université Paris-Sorbonne/Università del Salento), est membre du Groupe de recherches matérialistes (GRM) et secrétaire de rédaction de la revue Cahiers du GRM. Ses publications portent principalement sur l’introduction du marxisme en France et sur la pensée de Louis Althusser.

  • @resistenze_in_cirenaica a publié 5 « carnets de Cyrène » (I quaderni di Cirene), publiés par #Resistenze_in_Cirenaica (https://resistenzeincirenaica.com).
    #Cyrène, du nom d’une ville de Cyrénaïque, en Libye actuelle...

    Les cahiers sont peuvent être achetés sur ce site : https://openddb.it/case-editrici/ric

    Moi, je les ai achetés lors d’un événement qu’ils ont organisés à Bologne en mai 2024 :
    https://resistenzeincirenaica.com/2024/05/14/24-e-25-maggio-due-giorni-di-ibridazioni-in-cirenaica
    (https://seenthis.net/messages/1053726)

    https://resistenzeincirenaica.com/category/i-quaderni-di-cirene

  • Corteo nazionale del 2 giugno a Torino
    https://radioblackout.org/2024/05/corteo-nazionale-del-2-giugno-a-torino

    Il corteo del 2 Giugno prossimo è una prima risposta all’operazione repressiva denominata “City”, che ha colpito alcunx compagnx per i fatti del 4 Marzo di Torino. Pochi giorni prima di quella data, una sentenza della Corte di Cassazione aveva stabilito la permanenza in 41bis del nostro compagno Alfredo Cospito e pareva sancire la sua […]

    #L'informazione_di_Blackout ##2giugno ##operazionecity #repressione

  • Il corpo del Teatro, riflesso del reale
    https://resistenzeincirenaica.com/2024/04/20/il-corpo-del-teatro-riflesso-del-reale

    Opera MundiRigoletto Experientia Un #Film_Musicale di Paolo Fiore AngeliniCon #Raffaele_Abete, #Scilla_Cristiano, #Vladimir_Stoyanov Martedì 23 aprile 2024, ore 21, #CINEMA Jollyvia G. Marconi 14, BolognaAlla presenza del regista e del cast #Opera_Mundi prende spunto dalla messa in scena del Rigoletto di Giuseppe Verdi al Comunale di #Bologna per narrare la vita del... Continua a leggere

    #Annessioni_e_connessioni #Barbara_Francesca_Serofilli #Cristian_Poli #Lavinia_Turra #Paolo_Fiore_Angelini #Teatro_Comunale_di_Bologna


    https://1.gravatar.com/avatar/a58008e2faff908bf3bce3deda6cae65d83f56b910f14098523ef4fc18c7427a?s=96&d=

  • Fermo Mare Jonio: il Ministro Piantedosi ha mentito al Parlamento
    https://www.meltingpot.org/2024/04/fermo-mare-jonio-il-ministro-piantedosi-ha-mentito-al-parlamento

    Giovedì pomeriggio in Senato, il Ministro dell’interno Piantedosi ha risposto all’interrogazione urgente presentata dal senatore Antonio Nicita in merito all’attacco armato da parte della motovedetta libica 658 “Fezzan”, avvenuto lo scorso 4 aprile in acque internazionali, contro naufraghi in acqua e i soccorritori della nave Mare Jonio di Mediterranea Saving Humans. Il titolare del Viminale ha affermato che la nave italiana è intervenuta in un “momento successivo, avvicinandosi alla motovedetta Fezzan quando questa aveva già assolto gli obblighi di salvataggio #In_mare”. Secondo Mediterranea, quando detto da Piantedosi, «è clamorosamente falso». Queste affermazioni sono confermate dal nuovo #Video diffuso (...)

    #Notizie #Accordo_Italia_-_Libia #Decreto_Piantedosi #Italia #Libia #Mediterraneo_centrale #Operazioni_SAR #Redazione #Violazioni_e_abusi

  • Policing migration: when “harm reduction” means “multipurpose aerial surveillance”

    The EU’s latest “#operational_action_plan” on migrant smuggling gives a central role to #Europol, which will receive data resulting from more than two dozen joint police operations launched by EU member states, EU agencies and a range of non-EU states. The UK is heavily involved in the plan, and is leading one activity. One objective is for harm reduction and assistance to victims, but the only activity foreseen is for Frontex to increase use of its “#EUROSUR_Fusion_Services, including the #Multipurpose_Aerial_Surveillance aircraft service.”


    Police against people smuggling

    The action plan (pdf) covers the 2024-25 period and contains an outline of 25 activities listed under eight strategic goals, but offers no insight into the causes of human smuggling, and none of the activities are framed at addressing causes.

    The overall aim is to control migration flows both into the EU and within the EU, and to enhance police cooperation between national law enforcement authorities, EU agencies (Europol, #Frontex and the #EU_police_database_agency, #eu-LISA) and with countries outside the EU, through joint operations and the exchange of information and intelligence.

    Many of the activities include targets for arrests: one led by Poland, for example, foresees the arrest of 200 facilitators of irregular migration per year; another, led by Cyprus, expects at least 1,000 “apprehensions/arrests”.

    In 2015, Statewatch exposed a planned EU-wide police operation against irregular migrants called ‘Mos Maiorum’, which led to significant media coverage and political controversy, as well as numerous actions to inform people of their rights and to try to map police activities. Since then, the number of such operations has skyrocketed, but attention has dwindled.

    European plan

    The 2024-25 plan is part of the #European_Multidisciplinary_Platform_Against_Criminal Threats, a now-permanent initiative (https://www.statewatch.org/statewatch-database/eu-joint-police-operations-target-irregular-migrants-by-chris-jones) through which joint police operations are coordinated. It is managed by Europol, with political control exercised by the member states in the Council of the EU.

    A “leader” is assigned to each activity in the action plan, responsible for initiating and reporting on the relevant activity, with “key performance indicators” often indicated in respect of each one.

    The leaders include nine EU member states (Austria, Cyprus, France, Germany, Greece, Italy, Poland, Portugal and Spain), the UK, as well Frontex, Europol, eu-LISA and the European Police College (CEPOL).

    Europol will provide overall support across all the different activities and is specifically responsible for leading four activities.

    In many activities led by national police forces, it is specified that a goal is also to participate in other Europol initiatives, such as the “Europol Cyberpatrol to target and identify targets” and Europol’s European Migrant Smuggling Centre. The Operational Action Plan stipulates that other, unspecified, “Europol tools” may be used “where appropriate”.

    The action plan specifies that the operational data emanating from the activities is to be shared with Europol to be processed through its Analysis Projects, further swelling the databases at its headquarters in The Hague.

    The first version of the action plan was circulated amongst member states two weeks before the European Commission published a proposal to reinforce Europol’s powers in relation to migrant smuggling, arguing that they were urgently needed – though this assessment was not shared by the member states.

    Strategic goals

    The 26 activities outlined in the plan are designed to contribute to eight strategic goals:

    - Criminal intelligence picture. The activities under this heading are for Europol to provide a “situational picture of migrant smuggling” including threat assessments, updates on migratory routes, “modi operandi” and future trends, which will be made available to member states and third countries. It will involve sharing information with Frontex. Europol also aims to “strengthen the strategic and tactical intelligence picture on the use/abuse of legal business structures by criminal networks” not only in respect of migrant smuggling, but throughout “all main crime areas affecting the EU”.
    - Investigations and judicial response. There are 11 activities planned in relation to this goal. The objective is to prepare and conduct investigations and prosecutions. Police forces of different member states lead the activities and set out specific targets by reference to the numbers of arrests, initiated investigations and identified networks. Each planned activity appears to reflect specific national or local police force priorities. Germany for instance aims to “detect 5,000 irregular migrants” per year, and arrest 500 “facilitators”, whilst France focuses on seizing 100 small boats crossing the Channel to the UK. Spain focuses on air routes, including links between human smuggling and drug trafficking; and Portugal’s aim is to disrupt “marriages of convenience abuse and associated threats” (400 cases specifically). Europol also leads an activity aimed at the development of “intelligence products in support of MS investigations” (50 per year) and Frontex aims to focus on border checks and surveillance measures on the EU external borders (with 1,000 “apprehensions/arrests”).
    - Coordinated controls and operations targeting the online and offline trade in illicit goods and services. The only activity planned in relation to this goal is by the French police forces, to improve law enforcement response against “those utilising the Dark Web and other internet messenger applications to enable illegal immigration and document fraud”. The dark web is identified as an “intelligence gap” in this context.
    - Criminal finances, money laundering and asset recovery. Led by the UK, the activity planned under this goal heading is to disrupt money flows specifically within hawaladar networks.
    - Document fraud. Frontex, as well as French and German police forces each lead activities under this goal aimed at “targeting networks or individuals” involved in document fraud. In this respect, Frontex’s “Centre of Excellence for Combating Document Fraud” has a key role.
    – Capacity building through training, networking and innovation. This involves activities aimed at improving the skills, knowledge and expertise of law enforcement and judicial authorities, led by CEPOL, eu-LISA (on the use of SIS and Eurodac databases) and German police forces.
    - Prevention, awareness raising and harm reduction, as well as early identification and assistance to victims. The only goal that is expressed as being aimed at improving the safety of people is led by Frontex, and is focused on the detection of migrant smuggling through the “use of EUROSUR Fusion Services, including the Multipurpose Aerial Surveillance aircraft service, for [member states] and stakeholders to support more effective detecting, preventing and combating illegal immigration and migrant smuggling.” No mention is made of identification, assistance or victims.
    - Cooperation with non EU partners: under this last goal, one activity is led by Austrian police forces, aimed at expanding the geographical focus of the Task Force Western Balkans to Turkey and “other relevant countries of origin and transit”. The work is already based on intelligence information provided by Europol and Frontex and aims to “enhance mobile phone extractions” (the link here is not clear). The second activity listed under this last goal is led by Europol, and aims to provide a “common platform for EU agencies, military, law enforcement and other stakeholders to exchange intelligence on criminal networks operating along the migration corridors”, creating a broad and focal role for itself in information exchange with a wide range of stakeholders, including private companies.

    For the purposes of the Operational Action Plan, “migrant smuggling” is broadly defined as:

    “…the process of facilitating the unlawful entry, transit or residence of an individual in a country with or without obtaining financial or other benefits. Migrant smuggling entails the facilitation of illegal entry to the EU and of secondary movements within the EU. It can also involve facilitating the fraudulent acquisition of a residence status in the EU.”

    It therefore does not require the involvement of any benefit and includes movements within the EU.

    https://www.statewatch.org/news/2024/april/policing-migration-when-harm-reduction-means-multipurpose-aerial-surveil
    #surveillance #surveillance_aérienne #migrations #réfugiés #données #coopération_policière #European_Police_College (#CEPOL) #European_Migrant_Smuggling_Centre #Europol_Cyberpatrol

  • #Mayotte va ériger un « rideau de fer » de technologies civilo-militaires de surveillance

    Le sous-préfet chargé de la lutte contre l’immigration clandestine à Mayotte vient de publier 11 demandes d’information réclamant aux industriels un arsenal impressionnant de technologies de #surveillance pour combattre le « défi migratoire » dans ce département de la #France d’outre-mer.

    Le 10 février dernier, #Gérald_Darmanin a annoncé qu’ « avec le ministre des Armées, nous mettons en place un "#rideau_de_fer" dans l’eau, qui empêchera le passage des #kwassa-kwassa [des #pirogues légères, qui tanguent énormément, et sont utilisées par les passeurs pour convoyer des migrants d’#Anjouan aux #Comores à Mayotte, ndlr] et des #bateaux, beaucoup plus de moyens d’interception, des #radars, et vous verrez un changement radical ».

    Concrètement, ce dispositif consiste en « une nouvelle vague d’#investissements dans des outils technologiques (radars, moyens maritimes…) permettant de déceler et d’interpeller les migrants en mer », précise le ministère de l’Intérieur à France Info.

    Il s’agit du prolongement de l’#opération_Shikandra, du nom d’un redouté poisson baliste du lagon qui défend son territoire et se montre extrêmement agressif envers les poissons et tout animal (plongeurs et nageurs inclus) qui traverse sa zone de nidification en période de reproduction.

    L’opération Shikandra est quant à elle qualifiée par le ministère d’ « approche globale, civilo-militaire, pour relever durablement le défi migratoire à Mayotte », « qui a permis une première vague d’investissements massifs dans ces outils » depuis son lancement (https://www.mayotte.gouv.fr/contenu/telechargement/15319/116719/file/26082019_+DP+Op%C3%A9ration+Shikandra+Mayotte.pdf) en 2019.

    Il était alors question de déployer 35 fonctionnaires supplémentaires à la #Police_aux_frontières (#PAF), plus 26 gendarmes départementaux et sept effectifs supplémentaires pour le greffe du TGI de Mamoudzou, mais également d’affecter 22 personnels supplémentaires aux effectifs embarqués dans les unités maritimes, de remplacer les cinq vedettes d’interception vétustes par huit intercepteurs en parfaites conditions opérationnelles (quatre neufs et quatre rénovés).

    En décembre dernier, Elisabeth Borne a annoncé le lancement, en 2024, du #plan_interministériel_Shikandra 2, contrat d’engagement financier entre l’État et le département doté de plusieurs centaines de millions d’euros jusqu’en 2027 : « Nous investirons massivement dans la protection des #frontières avec de nouveaux outils de #détection et d’#interception ».

    À l’en croire, la mobilisation de « moyens considérables » via la première opération Shikandra aurait déjà porté ses fruits : « Depuis 5 ans, près de 112 000 personnes ont été éloignées du territoire, dont plus de 22 000 depuis le début de l’année ».

    Les derniers chiffres fournis par la préfecture de Mayotte, en octobre 2023, évoquent de leur côté un total de 60 610 reconduites à la frontière (8 127 en 2020, 17 853 en 2021, 17 380 en 2022 et 17 250 en 2023, l’interception de 1 353 kwassa-kwassa, 17 192 étrangers en situation irrégulière interpellés en mer, et 59 789 à terre, la destruction de 622 barques et 424 moteurs, et la condamnation à de la prison ferme de 285 passeurs.

    https://next.ink/130597/mayotte-va-eriger-un-rideau-de-fer-de-technologies-civilo-militaires-de-survei
    #murs #barrières_frontalières #migrations #réfugiés #chiffres #statistiques #complexe_militaro-industrielle #technologie #frontières #militarisation_des_frontières

  • De la complicité de la France

    Cet épisode pilote revient sur le soutien apporté par l’État français au gouvernement génocidaire rwandais. Les documents secret défense analysés et rassemblés permettent de comprendre les mécanismes qui ont permis l’une des plus atroces compromissions de la Ve République autour de 4 questions : Pourquoi la France s’est-elle impliquée au Rwanda ? A quand remonte l’implication de la France au Rwanda ? Jusqu’à quand la France a-t-elle poursuivi son soutien au régime génocidaire ? Que penser des conclusions du « rapport Duclert » quant aux "responsabilités lourdes et accablantes de la France dans le génocide des Tutsis ?

    https://www.youtube.com/watch?v=zElcjCs4GE8&list=PLnTYnV3R1tVAO35eRrLP1a1QJxXD_Ts5z

    #génocide #complicité #France #Rwanda #vidéo #colonisation #politique_coloniale #Front_patriotique_rwandais (#FPR) #opération_Noroît #armée #armée_française #François_Mittérand #responsabilité #néo-colonialisme #rapport_Duclert #commission_Duclert #excuses #Macron #Emmanuel_Macron #soutien_actif #forces_spéciales #plainte #justice

  • “Action file” on Tunisia outlines EU’s externalisation plans

    An “action file” obtained by Statewatch lays out the objectives and activities of the EU’s cooperation on migration with Tunisia – whose government was heavily criticized by the European Parliament this week for “an authoritarian reversal and an alarming backslide on democracy, human rights and the rule of law.”

    Externalisation of migration control

    The document (pdf), produced as part of the #Operational_Coordination_Mechanism_for_the_External_Dimension_of_Migration (#MOCADEM) and circulated within the Council in December 2023, summarizes ongoing EU efforts to externalise migration and border control to Tunisia. It covers the main developments since the signature of the EU-Tunisia Memorandum of Understanding of July 2023.

    The MoU is cited in the document as a cooperation “framework” whose implementation shall “continue”. Criticism also continues, with the organization Refugees International arguing:

    “The short-term securitisation approach to Tunisia advanced by Team Europe is… likely to fail on at least two fronts: both on its own terms by failing to stem irregular migration, and on legal and ethical terms by tying EU support to the inevitability of grave human rights abuses by Tunisian authorities.”

    From the document it is clear that the EU has intensified political and technical outreach to Tunisia through high-level visits from both EU and member state representatives and that the Tunisian authorities are involved in different initiatives, including through EU agencies, such as Europol and Frontex. The European Police College (CEPOL), the EU Agency for Asylum (EUAA) and Eurojust are also mentioned as potential actors for cooperation.

    The measures listed in the document target all potential migration from Tunisia to the EU. However, distinctions are drawn – including in the language used – between measures addressed to non-Tunisian nationals and measures addressed to Tunisian nationals.

    Measures addressed to non-Tunisian nationals

    For non-Tunisian nationals, “preventing irregular departures from, as well as irregular arrivals to Tunisia” is the key objective of ongoing cooperation in the areas of border management, anti-smuggling and search and rescue. The EU provides Tunisia different amounts of funding through existing projects.

    Border management, including search and rescue

    the EU finances the projects Strengthening the Tunisian Coast Guard Training Pillar, run by #ICMPD (2023-2026) and the #EUTF funded Border Management Programme for the Maghreb region (#BMP-Maghreb) (2018-2024). Both projects aim at developing the Tunisian authorities’ border control capacity, for both land and sea borders, thus including search and rescue activities. This is done through the donation of equipment and the training of the Garde National of Tunisia and the Navy.

    As for equipment, details about the delivery of boats, engines and spare parts for putting search and rescue vessels to Tunisia are included in the document, including the provision of fuel. A new contract will “build and equip a command-and-control centre for the Tunisian national guard at the border with Libya,” to enhance cross-border cooperation with Libya.

    With regard to training, the document mentions a session for two officials in Rome as well as the participation of the Tunisian border control authorities in a Frontex workshop organised in the context of Joint Operation Themis. The MOCADEM reports that Tunisia considers talks on a working arrangement with Frontex “pre-mature.”

    Anti-smuggling

    The EU pursues the Anti-smuggling Operational Partnership (ASOP) to try to develop the Tunisian police capacity to investigate, prosecute and convict smugglers. Training is also key in this area.

    The document mentions a mentorship programme between Tunisia and the EU Member States on migrant smuggling. Cross-border cooperation in investigations is encouraged, also through Europol, information campaigns (in North Africa and along the Central Mediterranean), and regional action. There is an ongoing discussion on a Europol agreement to exchange personal data between Europol and Tunisian authorities.

    Return and reintegration of non-Tunisian nationals

    the EU finances IOM’s project on Migrant Protection, Return and Reintegration in North Africa, concretely supporting assisted voluntary return from Tunisia to countries of sub-Saharan Africa. The MOCADEM document states that the EU engages “with Tunisian authorities to develop a national mechanism for returns facilitation.”

    Direct capacity-building of national authorities to return non-Tunisian nationals to their country of origin is a novelty in the EU migration policies. This is a follow-up of the objective spelled out in the EU-Tunisia MoU of “developing a system for the identification and return of irregular migrants already present in Tunisia”. It is reported that a “new technical assistance programme to further support the return system in Tunisia is under preparation.”

    International protection for non-Tunisian nationals

    As usual, protection programmes receive much lower funding than other cooperation objectives for the securitisation of migration. In Tunisia, the EU will fund a project run by the UNCHR to enhance reception and access to international protection for asylum seekers and refugees.

    Measures addressed to Tunisian nationals

    For Tunisian nationals, the EU aims to increase return and readmission of Tunisian nationals deemed to be irregularly staying in the EU to Tunisia, privileging so-called “assisted voluntary return” and reintegration projects for Tunisian nationals over forced returns. At the same time, the EU stresses the importance of increasing opportunities for legal migration through the launch of a “Talent Partnership” and better visa conditions for Tunisian nationals.

    Deportations

    the EU finances a national reintegration support mechanism called “Tounesna,” as well as the Frontex Joint Reintegration Services, for which Frontex launched a new call for proposals. Key actors in this area are the High Level Network for Return, chaired by the EU Return Coordinator and composed of representatives of all Member States and Frontex.

    In October 2023, Tunisia was identified as one of the seven countries targeted for joint deportation actions. The document reports that the negotiations for an EU-Tunisia readmission agreement and visa facilitation agreements, which started in 2016, have been on hold since 2019 and that “Tunisia has shown no interest to date to relaunch the negotiations.”

    Legal migration

    The EU finances pilot projects under the Mobility Partnership Facility (MPF) and the regional project THAMM (2018-2023), which received extra funding. Again, the launch of an EU-Tunisia Talent Partnership is announced through a Joint Roadmap for a Talent Partnership, which is yet to be finalized.

    In the EU-Tunisia MoU, the EU promised to “take appropriate measures to facilitate legal mobility between the two Parties, including facilitating the granting of visas by reducing delays, costs and administrative procedure.” However, in this document there are no prospects for cooperation on visa policy. The document merely contains a reminder that visa policy is conditional on readmission cooperation.

    Ongoing cooperation

    While the European Parliament this week condemned a decision by the Commission to release €150 million to Tunisia through an urgent written procedure, bypassing the normal-decision making process, with a resolution that said the North African country is undergoing “an authoritarian reversal and an alarming backslide on democracy, human rights and the rule of law.”

    The resolution goes on to say that “over the last year, President Kais Saied has had opposition politicians, judges, media workers and civil society activists arbitrarily arrested and detained.”

    However, the cooperation being coordinated through MOCADEM remains largely beyond the reach of parliamentary scrutiny. As highlighted by a separate article published today by Statewatch and Migration-Control.info, the parliament’s lawyers agree with MEPs that this needs to change.

    https://www.statewatch.org/news/2024/march/action-file-on-tunisia-outlines-eu-s-externalisation-plans
    #Tunisie #externalisation #migrations #réfugiés #financement #Kais_Saied #accord #frontières #EU #UE #Union_européenne #contrôles_frontaliers

    –—

    ajouté à la métaliste sur le #Memorandum_of_Understanding (#MoU) avec la #Tunisie :
    https://seenthis.net/messages/1020591