person:abdullah öcalan

  • 28.03.2019|Centre Société Démocratique Kurde de Genève, Maison internationale des Associations, 15 rue de Savoises à #Genève.

    Pour dénoncer et briser le silence et l’isolement quant à l’incarcération d’Abdullah Ocalan et à la répression tous azimuts du Peuple Kurde, M. Mehmet Ali Koçan a entamé une grève de la faim illimitée.

    Action concertée, en effet plus de 7000 prisonniers politiques kurdes, ainsi que des kurdes à Strasbourg et à Bruxelles s’y astreignent depuis le 25 mars. M. M, #Ali_Koçan entame au moment de l’entretien ce 28 mars sont 37ème jour de grève depuis le centre Kurde de Genève.

    Cette action de masse vise à interpeller une fois de plus la société civile et les instances internationales dont le mutisme questionne sur les réelles intentions et les rapports entretenus avec le gouvernement Turc.

    Entretien avec M. #Mehmet_Ali_Koçan et l’aimable interpértation de M. Baytar Ramazan.

    http://libradio.org/?page_id=5148
    #grève_de_la_faim #kurdes

  • 12&000 Kurdes attendus à Strasbourg samedi
    https://www.rue89strasbourg.com/12000-kurdes-attendus-a-strasbourg-samedi-148952

    Plus de 12 000 militants et sympathisants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) vont défiler dans les rues de Strasbourg samedi 16 février pour demander la libération d’Abdullah Öcalan, le dirigeant et l’un des fondateur de ce mouvement indépendantiste. (lire l’article complet : 12&000 Kurdes attendus à Strasbourg samedi)

  • Pourquoi des militants kurdes sont en grève de la faim à Strasbourg depuis décembre
    https://www.rue89strasbourg.com/pourquoi-militants-kurdes-greve-faim-strasbourg-148488

    En grève de la faim depuis le 16 décembre, des centaines de militants kurdes en Europe et ailleurs réclament la fin de l’isolement du leader du PKK, Abdullah Öcalan. Quatorze d’entre eux sont à Strasbourg pour attirer l’attention du Conseil de l’Europe. (lire l’article complet : Pourquoi des militants kurdes sont en grève de la faim à Strasbourg depuis décembre)

  • http://www.kedistan.net/2018/05/08/kobane-cooperatives-outil-emancipation-femmes

    Le mouvement des femmes s’appuie sur la théorie de la Nation Démocratique développée par Abdullah Öcalan, leader emprisonné du PKK, et dans laquelle la libération des femmes est un des trois axes majeurs, à côté de la démocratie et de l’écologie. Plus tard, le mouvement des #femmes_kurdes a développé son approche théorique et pratique de l’émancipation des femmes à travers le concept de jineologî, littéralement « science des femmes ». Là où elles sont présentes, les femmes du mouvement mettent en place des structures non-mixtes parallèles aux structures mixtes : assemblée des femmes (organisation), maison des femmes (droits / luttes contre les violences), académie des femmes (formation / éducation), forces de sécurité féminines, etc…

    #kedistan #Kobane #féminisme

    • Chaque jour, nous mangions – des haricots rouges et des tortillas, pour l’essentiel – sous le portrait d’Abdullah Öcalan, leader du PKK embastillé par l’État turc, et dormions dans des lits superposés que l’usage dirait peu ou prou « de fortune ». En zone zapatiste, l’alcool et les drogues sont prohibés, de même que l’usage de pesticides. Les fresques recouvrant chaque bâtiment donnaient à voir les figures nationales, le maïs sacré, Frida Kahlo, la rébellion contre l’ordre néolibéral, l’escargot totémique (symbole du temps à retrouver face à la modernité déferlante et l’hybris capitaliste, avatar de la lutte à construire pierre après pierre), l’incontournable Che ou le combat des Afro-Américains. J’avais noté, amusé, ce slogan peint dans l’ombre d’un toit : « L’algèbre de l’éducation révolutionnaire est la dialectique ».
      Nous avions longuement discuté avec quelques militants zapatistes, dansé – un peu et très mal – et assisté aux cours d’histoire anticapitalistes prodigués à la centaine d’élèves de l’internat, appelés « camarades » par leur « promoteur d’éducation ». « Nous marchons et le gouvernement ne sait plus vraiment comment agir », nous avait confié N., en espagnol et à visage découvert (comme le sont la presque totalité des zapatistes une fois franchie, hors rassemblements semi-publics, l’enceinte des caracoles). Le mystère quant à leur nombre est à dessein entretenu par la direction. « Un zapatiste naît tous les jours, impossible de savoir », avait confirmé notre interlocuteur, paysan et enseignant d’une trentaine d’années. N. affichait des pommettes pleines, de sombres yeux creusant une face qu’une barbiche prolongeait en poils indécis. « Nous n’avons pas la possibilité ni le luxe de partir ou de voyager, car on n’a pas de sous et on doit construire l’autonomie. C’est difficile de vivre en communauté mais c’est ainsi. Nous sommes en guerre. Mais nous avons beaucoup d’espoir : les petits feront ce qu’on n’a pas su faire. Nos parents ne savaient pas lire et il n’y avait pas d’écoles. Beaucoup de bébés mouraient d’une simple fièvre. Le zapatisme a changé tout ça. »

  • Dans le nord de la Syrie, le « laboratoire » kurde

    http://www.lemonde.fr/international/article/2017/12/29/dans-le-nord-de-la-syrie-le-laboratoire-kurde_5235529_3210.html

    « Après le califat » (4|5). Les Kurdes, qui ont joué un rôle central dans la bataille contre l’Etat islamique, mettent en place un modèle de gouvernance calqué sur l’idéologie du Parti des travailleurs.

    Voilà bien longtemps que l’on ne projette plus de films dans l’ancien cinéma d’Al-Thawra. La petite salle appartient au temps révolu où cette ville nouvelle syrienne des bords de l’Euphrate était appelée à devenir la cité idéale du baathisme autoritaire et triomphant des années 1970. Des ingénieurs soviétiques affectés à la construction du barrage voisin — un fleuron national, visible sur les anciens billets de 500 livres syriennes — y vivaient avec leurs familles et celles de leurs collègues locaux.

    Autour du cinéma, les rues sont tracées au cordeau, les immeubles d’habitation ressemblent à des blocs de béton brut de quatre étages. Des figures schématiques d’épis de blé et d’engrenages industriels servent d’ornement urbain. L’ensemble, construit selon les canons de l’urbanisme alors en vogue en URSS, alliée du régime syrien, raconte la promesse non tenue d’un avenir radieux.

    Quatre décennies après sa construction, ce songe architectural soviétique perdu aux confins de la Mésopotamie est tombée aux mains de l’organisation Etat islamique (EI), en même temps que le bourg voisin de Tabqa, en 2014. Rakka, l’ancienne capitale syrienne du « califat », est à une quarantaine de kilomètres en aval.

    Etrange rémanence de l’histoire… Ces quartiers ont accueilli un temps des djihadistes originaires d’ex-URSS. Mais leur utopie totalitaire, elle aussi, a vécu. Au printemps, les frappes de la coalition internationale, dirigée par les Etats-Unis, les ont chassés de ce paysage à l’optimisme décrépi, désormais ponctué de bâtiments effondrés. Aux djihadistes ont succédé, en mai, les Forces démocratiques syriennes (FDS), un groupement arabo-kurde allié au sol de la coalition dans sa guerre contre l’EI.

    Abdullah Öcalan, l’inspirateur

    Depuis, les murs du cinéma d’Al-Thawra ont été repeints. En ce matin gris du début du mois de novembre, la salle est pleine. Sur la scène, deux femmes et deux hommes, dont l’un porte une tenue traditionnelle de chef tribal, discourent. Au-dessus d’eux, cet écriteau : « Administration civile démocratique de Tabqa ». Cette nouvelle structure mise en place par l’encadrement kurde des FDS nomme ce jour-là son conseil exécutif, sous le regard bienveillant et vigilant des kadros, les commissaires politiques du mouvement kurde qui s’adressent à tous en donnant du « camarade ».

    Femmes et hommes au physique dur, marqués par leurs années de guérilla, combattants à la parole précise, forgée par une formation théorique implacable, ils sont présents partout où les FDS ont pris pied dans le nord de la Syrie. Leur rôle : superviser l’instauration, sur les décombres du « califat », d’institutions conformes à l’idéologie mise au point par Abdullah Öcalan, le fondateur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

    Autrefois marxiste-léniniste, ce mouvement politique et militaire, en guerre contre l’Etat turc, a presque l’âge de la ville idéale d’Al-Thawra. Sa création remonte à 1978, au cours d’une réunion nocturne dans un village kurde reculé d’Anatolie orientale. Elle doit beaucoup à la volonté d’un groupe d’étudiants kurdes de Turquie. Formés aux méthodes de la gauche radicale locale, ils sont décidés à faire d’un nationalisme kurde, alors moribond, une force anticoloniale dirigée contre Ankara.


    Monument aux martyrs kurdes à Kamechliyé, ville syrienne située à la frontière turque, le 23 novembre.

    Près de quarante ans ont passé. Même s’il est toujours en conflit avec Ankara, le PKK a renoncé à la sécession et professe dorénavant un assemblage de principes autogestionnaires, féministes et écologistes. Il s’est éloigné du nationalisme kurde pour embrasser le projet d’une émancipation des peuples du Moyen-Orient par leur « autoadministration » et l’abandon du modèle de l’Etat-nation.

    Öcalan, le fondateur vénéré comme une icône, a beau être détenu sur une île-prison de la mer de Marmara, au large d’Istanbul, depuis son arrestation, en 1999 au Kenya par les forces spéciales turques, le PKK est plus puissant que jamais. L’organisation veille à entretenir son ancrage chez les Kurdes de Turquie, délocalisant ses bases de guérilla dans les zones montagneuses du Kurdistan d’Irak pour mieux les protéger et étendant ses ramifications au Moyen-Orient et en Europe. C’est pourtant le conflit syrien qui lui a permis d’ouvrir une nouvelle page de son histoire, et la lutte contre l’EI qui en a fait un acteur majeur de la scène régionale.

    Dès les premiers troubles révolutionnaires de 2011 en Syrie, les enclaves kurdes du nord du pays, qui avaient fourni à l’organisation d’Öcalan une part non négligeable de ses recrues depuis les années 1980, sont investies par des cadres du PKK. Le régime syrien ne conserve qu’une présence très limitée dans ces zones. Elles offrent ainsi au PKK et à ses cousins syriens un terrain idéal pour la mise en pratique de leur idéologie.

    De nouvelles institutions sont mises sur pied. La parité est imposée aux postes à responsabilités. Des komin — communes populaires — sont établies, censées être la cellule de base de l’écosystème sociopolitique qui voit le jour sous la houlette des kadros. Ils ne veulent pas prendre part à une révolution contre le régime syrien qu’ils estiment perdue d’avance, mais profiter de la vacance du pouvoir pour créer leur propre mode de gouvernance.

    Un appareil sécuritaire et militaire

    Dans le même temps, la machine politique se double d’un appareil sécuritaire et militaire structuré. Les Unités de protection du peuple (YPG) et les Unités de protection de la femme (YPJ) sont créées dans les trois « cantons kurdes » d’Afrine, dans le nord-ouest de la Syrie, de la Djezireh, dans le Nord-Est, et de Kobané, à la frontière turque. L’offensive de l’EI contre cette petite localité kurde isolée, à la fin de 2014, change la donne. Alors que Kobané est sur le point de tomber aux mains des djihadistes malgré la résistance acharnée de ses défenseurs — filmée par les caméras du monde entier de la Turquie voisine —, la coalition internationale à dominante américaine intervient dans les airs.

    Cette assistance apportée dans l’urgence se mue bientôt en un partenariat militaire durable. Les forces kurdes sont dotées d’un encadrement efficace, d’une idéologie forte qui les rend imperméables au radicalisme islamique. Au-delà, elles ne considèrent pas la lutte contre le régime de Damas comme une priorité. Dès lors, elles constituent le partenaire idéal qu’il manquait à la coalition pour vaincre l’EI en Syrie.

    « Kobané a tout changé pour nous », admet un haut kadro kurde, le « camarade » Badran. « Il y a eu un changement dans l’équilibre des forces, se souvient-il. Nous sommes devenus les partenaires de la coalition pour combattre le terrorisme. Et cela nous a permis de jouer un rôle plus important qu’avant sur le terrain. » Dès 2015, les unités YPG et YPJ sortent des enclaves kurdes et progressent le long de la frontière syro-turque, dont elles interdisent l’accès aux djihadistes, tout en se préparant à lancer l’offensive sur Rakka.

    L’aide de la coalition se renforce et les unités à dominante kurde, désormais regroupées avec leurs alliés arabes au sein des FDS, avancent vers le sud, finissant par s’emparer de Rakka en octobre 2017, avant de poursuivre leur progression vers la frontière irakienne, le long de l’Euphrate et à travers le désert de l’Est syrien.

    Femmes en uniformes et chefs tribaux arabes

    C’est ainsi qu’en Syrie, la guerre menée par la coalition a provoqué l’émergence dans son sillage d’un territoire politique dont l’étendue correspond grossièrement à la rive gauche de l’Euphrate. Ce sont les FDS, emmenés par un corps de cadres kurdes, qui l’ont organisé et se sont chargés de lui faire prendre forme. Ces hommes et ces femmes, inspirés par une organisation issue de l’extrême gauche turque et du nationalisme kurde convertie aujourd’hui à l’autogestion, ont organisé un vaste territoire à large majorité arabe à mesure qu’offensive après offensive, l’EI en était chassé.

    Dans l’ancienne salle de cinéma d’Al-Thawra, alors que l’Administration civile démocratique de Tabqa élit son conseil exécutif local et ses comités paritaires, l’avenir nébuleux de l’après-guerre se lit dans les travées et sur les murs. L’assistance composée de jeunes femmes kurdes en uniformes, de chefs tribaux arabes en habits traditionnels, de dames aux voiles fleuris et de garçons en tenues décontractées, approuve à main levée la nomination de ses délégués. La salle est décorée de banderoles couvertes de slogans : « La réalité de la nation démocratique est la coexistence entre les peuples » ; « Les femmes ont le droit de s’auto-organiser de manière indépendante »


    A Tabqa, certains quartiers ont été endommagés par la guerre. Malgré leurs habitations en partie détruites, les civils y vivent encore. Des enfants jouent à la guerre devant une de ces maisons ravagées.

    Ces slogans ont été écrits uniquement en arabe. La rhétorique est bien celle des cadres kurdes mais ici, à Al-Thawra et à Tabqa, il n’est pas opportun de mettre cette identité en avant. « Nous sommes d’abord syriens ! », dit une kadro kurde présente sur le parvis du cinéma alors que la réunion se termine et que l’assistance hétéroclite s’éparpille en petits groupes. « Nous participons à la construction d’une Syrie démocratique pour tous les peuples en suivant les idées du président Öcalan », précise cette femme d’une quarantaine d’années.

    Alliances de circonstances

    La mise sobre, voire ascétique, qu’elle arbore, son air militaire malgré les vêtements civils, son phrasé kurde, émaillé de néologismes propres au mouvement, racontent la nature d’une organisation en mesure de transformer le corps et l’esprit de celles et ceux qui la servent. Cette avant-garde, formée dans les bases reculées de l’organisation, au Kurdistan irakien, est déployée partout où le mouvement combat, gouverne ou maintient une présence. Ses membres ont perdu leurs noms de naissance, remplacés par des pseudonymes. Le mariage leur est interdit, de même que les possessions matérielles. Leur existence est vouée au PKK et à son implacable aspiration à transformer le réel.

    Leur présence tranche, devant l’ancien cinéma, avec celle de certaines personnalités tribales de la région, connues pour avoir frayé avec les anciens maîtres djihadistes de Tabqa. « Bien entendu, nombreux sont les chefs de tribu qui ont fait allégeance à Daech, reconnaît le cheikh Hamid Al-Freidj, coprésident du Conseil de Tabqa. Ils sont ensuite venus voir les camarades [des FDS] et il y a eu une procédure de réconciliation. Ils leur ont donné une nouvelle chance. » L’entrée de la salle, désormais vide, est surmontée d’un slogan qui semble sonner plus juste que les pétitions de principe affichées ailleurs avec grandiloquence : « Nos victoires ne sont pas définies par le nombre des ennemis tués mais par le nombre de ceux que nous rallions. »

    Alors que l’idéologie de l’encadrement kurde a remplacé celle des djihadistes de l’Etat islamique, les cheikhs tribaux collaborent au nouveau système comme ils s’étaient accommodés du précédent. « Il faut réunir les gens de bonne volonté pour avancer… », justifie un cadre kurde, le camarade Shiyar, face au paradoxe apparent de la politique menée par les FDS : proposer un changement révolutionnaire en s’appuyant sur les structures sociales les plus conservatrices.

    Pas seulement un projet kurde

    La cheville ouvrière de ce grand dessein paradoxal s’appelle Omar Allouche. Ancien homme d’affaires originaire de Kobané, M. Allouche n’est pas un cadre mais un compagnon de route du mouvement kurde. Il déclare avoir été l’un des premiers à accueillir Abdullah Öcalan, lorsqu’en 1979 celui-ci était venu se réfugier en Syrie pour échapper aux forces de sécurité turques. Depuis le retour de l’organisation dans le pays, il a mis à sa disposition son entregent et un vaste réseau de contacts parmi les notables arabes. « Depuis le début, nous savions qu’il allait falloir compter avec les populations arabes et que notre projet en Syrie ne pourrait pas être seulement un projet kurde », précise Omar Allouche.


    Statue à l’effigie d’un soldat kurde martyr mort au combat à Kobané, le 20 novembre. Le doigt sur la gâchette, car il est mort dans cette position.

    De fait, les trois enclaves kurdes du nord du pays que le mouvement aspirait à réunir en une bande territoriale continue sont séparées par de vastes zones de populations arabes. « Nous avons commencé par créer des partis politiques arabes, mais ça n’a pas fonctionné. La seule solution, c’était de s’appuyer sur les tribus », dit M. Allouche.

    Le début du partenariat entre les forces kurdes et la coalition internationale a conforté les dirigeants des FDS dans leur pari tribal. En reculant, les djihadistes laissaient derrière eux une société sinistrée où l’encadrement politique kurde pouvait faire émerger des intermédiaires. « Le politique ne peut pas se faire sans le militaire », confiait au printemps Omar Allouche dans la bourgade d’Aïn Issa, où se trouvent les locaux du Conseil civil de Rakka, alors que les FDS s’apprêtaient à lancer l’assaut sur la capitale djihadiste.

    Isolés par la Turquie

    « Avant chaque offensive, nous avons travaillé à la constitution de conseils locaux composés de personnes hostiles à Daech, tout en maintenant des contacts avec des notables présents à l’intérieur des zones qui étaient visées », expliquait-il alors. L’installation de ces institutions dans les zones reprises à l’EI va ensuite de pair avec le recrutement massif de jeunes hommes arabes dans des FDS, bien qu’elles demeurent encadrées par des commandants kurdes.

    La mise sur pied du Conseil civil de Rakka a suivi cette logique. Sa composition occupait déjà Omar Allouche plus d’un an avant le début des opérations militaires. « La coalition internationale considère que sa mission en Syrie est de détruire l’Etat islamique. Elle s’intéresse uniquement au militaire, pas au politique », dit-il, tout en regrettant le manque d’engagement en matière civile de la part des alliés occidentaux des FDS. Si le Conseil civil de Rakka a finalement été reconnu comme l’acteur de référence pour la gouvernance de cette ville et de ses environs, il ne bénéficie que d’un soutien diplomatique limité. En cause, la position de la Turquie. « Les pays occidentaux coopèrent avec nous militairement mais ils ne sont pas prêts à s’investir davantage en raison de leurs relations avec la Turquie », constate Omar Allouche.

    Du point de vue turc en effet, le territoire que se sont taillé les FDS dans le nord de la Syrie est perçu comme une menace existentielle, tandis que le PKK poursuit sa guérilla contre les forces armées d’Ankara dans les régions kurdes du sud-est du pays, contiguës du territoire des FDS. Pour cette raison, la nature révolutionnaire du mouvement, l’ampleur de son projet et sa vocation universaliste tendent à échapper à ses interlocuteurs étrangers. Souvent perçu comme un simple représentant des intérêts de la minorité kurde de Syrie, le mouvement entend se distinguer nettement de cette posture, ses revendications ne concernant pas les droits d’une population particulière mais un modèle de gouvernance.


    Un soldat des forces démocratiques syriennes, (FDS) chauffe de l’eau à Raqqah, le 17 novembre.

    Face au régime de Damas

    « Les gens qui dirigent ce projet pensent sincèrement que les Etats-nations ont échoué. Il faut qu’ils continuent à effacer toute trace de nationalisme dans leur pratique, estime à Kamechliyé, Hikmet Al-Habib, un membre arabe d’une des structures de gouvernance instaurées par les FDS. Mais ils font des efforts. Au début les Kurdes appelaient cette zone le “Kurdistan occidental”, ensuite le Rojava (« l’ouest » en kurde). Maintenant ils parlent du nord de la Syrie… »

    Si la direction des FDS demeure essentiellement kurde, la formation de cadres locaux a commencé. « Pas besoin de les envoyer dans les montagnes, assure Hikmet Al-Habib. Des académies ont été créées ici pour former des kadros arabes. » L’enseignement qui y est dispensé est directement inspiré de l’idéologie du mouvement et de son chef historique, Abdullah Öcalan.

    Avec le reflux de l’EI, l’ancien territoire du « califat » en Syrie est désormais partagé entre le mouvement kurde et ses alliés locaux d’une part, et le régime de Damas de l’autre. La vallée de l’Euphrate dessine la limite entre ces deux blocs. « En Syrie, aujourd’hui, il n’y a plus que nous et le régime », rappelait, après la chute de Rakka, la camarade Badran : « Soit on coopère, soit c’est le chaos. » De fait, le mouvement kurde et les FDS contrôlent non seulement le grenier à blé du pays mais également ses principales infrastructures hydroélectriques, ainsi que d’importantes ressources naturelles. A l’automne 2016, à la suite de la chute de Rakka, les FDS ont ainsi chassé les djihadistes des vastes champs d’hydrocarbures de la province de Deir ez-Zor, y compris le champ gazier d’Omar, le plus grand de Syrie.

    L’espoir d’une reconnaissance politique

    Bien que les deux parties aient un intérêt mutuel à coopérer, leur vision de l’avenir diffère. Le régime de Bachar Al-Assad entend reprendre possession de l’ensemble du territoire national et y restaurer son autorité. Les FDS, eux, entendent obtenir la reconnaissance formelle de leurs acquis politiques dans le Nord par une nouvelle Constitution. « Nous refusons tout arrangement ponctuel avec le régime sans cadre général », répondait en novembre Fawza Youssef, membre éminente du mouvement kurde en Syrie. « Il faut que nous négociions un accord global alors que nous sommes en position de force, ajoutait-elle. Les accords locaux donnent l’occasion au régime de se renforcer pour redevenir une menace dans quelques années. Nous voulons un changement de Constitution et la construction d’une Syrie fédérale et démocratique. Jusqu’à ce que cet accord soit trouvé, nous renforçons notre modèle : une autonomie géographique, qui n’est pas fondée sur l’appartenance ethnique. »

    En octobre et en décembre, des élections locales et législatives ont eu lieu dans les zones tenues par les FDS. Ces scrutins, qui n’avaient rien de déterminant du point de vue politique, visaient à approfondir un système qui continue d’évoluer et de se structurer tant qu’il a l’espace pour le faire.

    Face à Damas, la partie kurde est prête à négocier l’intégration des FDS, qui n’ont pas cessé de recruter depuis la bataille de Rakka, à une nouvelle armée syrienne, ainsi qu’à partager le contrôle des frontières et à organiser celui des revenus issus de l’exploitation des ressources naturelles. Le régime, en revanche, multiplie les signaux négatifs, révélateurs de son raidissement : le territoire en formation dans le nord de la Syrie est systématiquement désigné comme un espace à reconquérir et ceux qui le dirigent comme des « traîtres ».

    Sans le soutien de la coalition, que les FDS jugent dépourvue de vision politique en Syrie, le mouvement a placé ses espoirs dans un éventuel rôle de médiation de la Russie, alliée du régime et avec laquelle il coopère localement dans l’enclave kurde d’Afrine, dans le Nord-Ouest. La posture offensive du régime de Damas et la rhétorique de plus en plus incendiaire de ses responsables risquent cependant de semer le trouble parmi les alliés arabes du mouvement kurde. Hikmet Al-Habib, un cadre arabe des FDS, l’admettait récemment :

    « Beaucoup de chefs tribaux sont des opportunistes qui suivent le sens du vent. Maintenant que l’Etat islamique est vaincu et que le régime et nous sommes face à face, ils hésitent à choisir leur camp. »

  • Comment le PKK a piégé les services secrets turcs

    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2017/10/26/comment-le-pkk-a-piege-les-services-secrets-turcs_5206183_3218.html

    L’organisation kurde a organisé cet été un guet-apens au Kurdistan irakien pour arrêter le chef adjoint des opérations du MIT et son responsable de la lutte contre le PKK. Elle les détient toujours.

    L’affaire passe pour l’un des coups les plus durs portés par la guérilla kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) à l’Etat turc, dans le conflit qui les oppose depuis 1984. Durant l’été, le PKK est parvenu à enlever au Kurdistan irakien deux responsables de haut niveau de l’Organisation nationale du renseignement (MIT), les services secrets turcs.

    « Durant l’été, le PKK a réussi l’un des plus beaux coups de son histoire », résume un responsable des renseignements kurdes irakiens. L’opération, qui aurait été menée sans que les autorités locales kurdes en aient été avisées, s’est traduite d’après lui par l’enlèvement, au Kurdistan irakien, du chef adjoint des opérations du MIT et du responsable de la lutte contre le PKK au sein des renseignements turcs, alors qu’ils étaient venus superviser la capture d’un leader de l’organisation kurde.

    Depuis les années 1990, le PKK a établi des bases dans des zones de montagnes reculées du Kurdistan d’Irak, aux frontières de la Turquie et de l’Iran, qui échappent au contrôle des autorités kurdes. Régulièrement visées par des frappes aériennes turques, ces installations, rendues imprenables par un relief très accidenté, abritent des camps d’entraînement, des sites militaires et le quartier général de l’organisation.

    « Le piège s’est refermé sur eux »

    C’est là que se trouve le sommet d’un QG dont les ramifications vont du nord de l’Irak aux grandes villes de Turquie en passant par le nord de la Syrie, soit partout où le PKK et ses alliés contrôlent des territoires, et disposent de cellules clandestines ou de cadres politiques et militaires. Les principaux responsables du PKK y sont basés depuis l’arrestation, par Ankara, de son chef historique, Abdullah Öcalan, en 1999.

    « Depuis que le conflit kurde a repris, en 2015, entre le PKK et la Turquie, le gouvernement turc veut obtenir une victoire comparable à la capture d’Öcalan en arrêtant ou en assassinant un chef du PKK au Kurdistan irakien, explique le responsable des renseignements kurdes. Ils croyaient être sur le point d’y parvenir en août, mais ils étaient infiltrés par un agent double et le piège s’est refermé sur eux. » D’après le récit de cette source, corroboré par un agent d’influence kurde irakien proche du PKK, l’organisation kurde avait placé un de ses membres au cœur des services de renseignement turcs.

    « Depuis plusieurs années, un membre proche du commandement du PKK, qui s’était rendu aux Turcs, fournissait au MIT des informations exactes et de grande valeur sur le PKK, qu’il prétendait avoir collectées grâce à ses réseaux à l’intérieur de l’organisation. Il le faisait en réalité sur ordres des chefs du PKK », raconte la source du renseignement kurde. « Cet agent a acquis la confiance du MIT. Les renseignements qu’il a donnés à ses interlocuteurs ont coûté cher au PKK, mais ses chefs étaient prêts à faire ces sacrifices pour en tirer parti plus tard », explique le proche de l’organisation kurde.

    L’occasion s’est présentée cette année. L’agent du PKK, qui a facilité de multiples succès des renseignements turcs, propose à ses commanditaires du MIT un plan leur permettant de capturer le chef en exercice de l’organisation, Cemil Bayik, 64 ans, un des fondateurs du PKK et le tenant de son aile la plus dure. « Bayik a de graves problèmes de dos. Par l’intermédiaire de son agent, le PKK a fait croire au MIT qu’il allait devoir recevoir des soins dans la région de Souleimaniyé début août et qu’il se déplacerait par discrétion avec une escorte très limitée. » Un plan visant à intercepter la cible est alors mis sur pied avec l’aide de l’agent double.

    Monnaie d’échange

    Une équipe des services de renseignement turcs se rend alors au Kurdistan irakien, et s’installe dans une villégiature prisée des environs du lac Dokan, dont la fraîcheur attire de nombreux vacanciers au cœur du caniculaire été irakien. L’itinéraire que doit emprunter le chef du PKK, fourni au MIT par l’agent double, passe à proximité. « Tout était prévu dans les moindres détails. Un hélicoptère a été stationné dans les environs pour évacuer Bayik. Les Turcs étaient si sûrs d’eux que le chef adjoint des opérations du MIT et le responsable du dossier du PKK avaient fait le déplacement, pour pouvoir ensuite s’attribuer le succès de l’opération. (…) L’agent était présent avec eux », explique la source du renseignement kurde. Le véhicule de Cemil Bayik n’arrivera cependant jamais. Le commandement du PKK, en coordination avec sa taupe, a déployé une unité de combattants qui prend par surprise le groupe d’agents turcs. Les deux responsables du MIT sont pris au piège et emmenés avec leurs hommes vers les bases de montagne du PKK. Après avoir servi le MIT, l’agent infiltré est de retour auprès de ceux qui étaient restés ses vrais commanditaires.

    Le 24 août, au lendemain d’une visite au Kurdistan irakien du ministre turc des affaires étrangères, Bahoz Galali, représentant à Ankara de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK), le parti kurde irakien qui contrôle la zone de Dokan, a été expulsé par le gouvernement turc. « Les Turcs veulent que nous fassions l’intermédiaire pour obtenir la libération des deux agents. Nous sommes en contact avec le PKK, mais ils ne veulent rien savoir, indique la source des renseignements kurdes. Ces prisonniers sont un trésor pour eux. » De fait, l’organisation kurde dispose à présent de sources inestimables et d’une monnaie d’échange tout aussi précieuse face à son ennemi turc.

  • Amir Taaki, le guerrier anarchiste du Web

    http://www.lemonde.fr/festival/article/2017/07/29/amir-taaki-le-guerrier-anarchiste-du-web_5166476_4415198.html

    Après ses combats avec les Kurdes en Syrie, le codeur libertaire surdoué anglo-iranien, pionnier du bitcoin, veut créer un camp d’entraînement haut de gamme pour cyberactivistes.


    Amir Taaki, hackeur et révolutionnaire, dans la ville de Broadstairs (Angleterre) où il a grandi, le 19 juillet 2017.

    Un vaste squat encombré et mal tenu abritant une vingtaine de personnes, dans le centre de Romford, une ville de la banlieue de Londres. Amir Taaki occupe une chambre exiguë au troisième étage. Fébrile, il rêve d’être ailleurs, loin, pour lancer un de ces projets ambitieux et radicaux dont il a le secret.

    Amir Taaki, 29 ans, né au Royaume-Uni d’une mère anglaise et d’un père iranien, est une célébrité dans la communauté internationale des hackeurs. Codeur surdoué, militant du logiciel libre, développeur de jeux vidéo, il fut aussi un pionnier du bitcoin, la principale monnaie électronique en circulation sur Internet.

    En 2014, il dirigea l’équipe de codeurs bénévoles qui créa Dark Wallet, un portefeuille de bitcoins sécurisé et anonyme. Grâce à une architecture complexe, Dark Wallet permet d’échanger des bitcoins en ne laissant aucune trace identifiable sur la blockchain, le registre mondial des transactions.

    Pour cela, Amir parvint à faire travailler ensemble des hackeurs d’horizons différents, depuis les résidents des « colonies éco-industrielles post-capitalistes » de Catalogne, jusqu’à Cody Wilson, un Texan qui fabrique de véritables armes à feu chez lui avec une imprimante 3D.
    Pour les hackeurs et les anarchistes, Dark Wallet est un instrument de liberté, permettant d’échapper à la surveillance des banques et des Etats. C’est aussi l’outil idéal pour frauder le fisc et se livrer à toutes sortes de trafics illicites – ce qui ne déplaît pas vraiment à Amir, anarchiste avant tout.

    Système informatique de démocratie directe au Kurdistan

    Fin 2014, alors qu’il termine la mise au point de Dark Wallet, il entend parler du Rojava (ou Kurdistan occidental), ce territoire du nord-est de la Syrie tenu par les Kurdes de l’YPG (les Unités de protection du peuple) grâce à l’aide militaire des Etats-Unis. Sur Internet, il découvre que, malgré la guerre, cette enclave serait administrée de façon égalitaire et solidaire, selon les principes du « confédéralisme démocratique » théorisé par le leader kurde de Turquie Abdullah Öcalan.

    Amir est totalement séduit : « En tant qu’anarchiste, j’ai senti que mon devoir était d’aller là-bas pour aider ces gens à faire perdurer cette expérience unique au monde. » Il contacte des responsables du Rojava sur Facebook : « Je leur ai proposé mes services, en expliquant que j’avais diverses compétences : l’informatique, les maths, le design, la finance… Ils ont fini par m’inviter. »

    Il rassemble alors le matériel dont il pense avoir besoin pour aider une petite ville à améliorer sa connexion à Internet – ordinateurs, câbles, antennes, connecteurs : « J’imaginais la mise en place d’un réseau local pour instaurer un système de démocratie directe, avec des débats et des votes en ligne. »
    En mars 2015, Amir part pour le Kurdistan irakien, lourdement chargé : « A mon arrivée, les policiers m’ont vu débarquer avec mon matériel, ça les a rendus très méfiants. J’ai passé ma première nuit en prison. » Dès le lendemain, il est récupéré par des officiers, puis emmené au Rojava. Le voyage est long et périlleux.

    Lorsqu’il arrive, rien ne se passe comme prévu : « A cette époque, la situation militaire du Rojava était critique, ils avaient surtout besoin de soldats. Ils m’ont enrôlé dans une unité combattante. Je n’avais aucune formation militaire, j’ai appris à me servir d’une kalachnikov sur le front. » Il participe à trois offensives contre l’Etat islamique, appuyées par l’US Air Force.

    Missions écolos à l’arrière du front contre l’EI

    Sa carrière militaire se termine à la fin de l’été 2015 : « Un commandant a découvert qui j’étais et m’a envoyé à l’arrière, dans la ville de Derika. » Cette fois, Amir est enrôlé dans un « comité économique ». Il travaille à la pose de panneaux solaires, à la production d’engrais, au recyclage des déchets, et en profite pour apprendre le kurde. Il est aussi chargé de discuter en ligne avec des volontaires occidentaux, et de faire un premier tri.

    En mai 2016, Amir décide de rentrer au Royaume-Uni pour organiser l’envoi d’aide au Rojava, mais aussi pour souffler, un peu. Mauvais calcul : à son arrivée à l’aéroport de Londres, il est arrêté et questionné par la police : « Ils savaient beaucoup de choses, ils me surveillaient depuis longtemps. Ils étaient au courant que je me battais du côté des Kurdes, mais ils me considéraient plus ou moins comme un terroriste gauchiste. »

    Après une nuit en détention, il est libéré sur intervention d’un avocat, mais une enquête est ouverte. Ses appareils électroniques et son passeport sont confisqués, il est assigné à résidence chez sa mère à Broadstairs, dans le sud-est du pays, avec obligation de pointer au poste de police trois fois par semaine : « Je mourais d’ennui. Au bout de six mois, j’ai décidé d’aller m’installer à Londres, chez des amis, et la police n’a pas réagi. »

    Il décide alors de voyager à travers l’Angleterre pour rencontrer des groupes anarchistes : « J’ai été déçu, je n’ai vu que des anarchistes de salon, bavards et superficiels. Pour eux, c’était un divertissement, un moyen d’avoir l’air cool. »

    Un camp d’entraînement haut de gamme pour hackeurs
    Puis il s’installe dans le squat de Romford, où il se plonge dans la lecture et la réflexion. Peu à peu, il décide de se fixer une nouvelle mission d’envergure : repolitiser le mouvement des hackeurs européens. Selon lui, cette communauté traverse une mauvaise passe : « Jadis, les hackeurs étaient des militants politiques animés par une vision globale. Ils voulaient utiliser les réseaux pour changer le monde, instaurer une société transparente, égalitaire, participative. Mais aujourd’hui, le mouvement s’est affadi. »

    Pour Amir, la décadence est illustrée par les hackerspaces, ces ateliers collectifs où chacun vient bricoler à sa guise : « Dans ces endroits, les gens s’intéressent exclusivement à la technique, sans projet social, c’est juste pour leur satisfaction personnelle. Ils ont créé un culte du gadget compliqué, ils fabriquent des jouets, des drones… Combien faudra-t-il ouvrir de restaurants végétariens et d’ateliers de réparation de vélos avant de s’apercevoir que c’est une impasse ? »
    De même, le bitcoin, qui aurait pu devenir un instrument de subversion du système bancaire, est tombé aux mains de spéculateurs et de businessmen. Pour ressusciter l’esprit militant des hackeurs, Amir imagine une stratégie sans doute inspirée par son expérience au Rojava : il va créer un camp d’entraînement haut de gamme pour hackeurs.

    « J’accueillerai des jeunes motivés, je leur apprendrai le code et les logiciels libres. Nous nous intéresserons aussi au matériel libre, pour créer des ordinateurs ouverts, modulables, modifiables. Par ailleurs, nous étudierons la philosophie, les critiques contemporaines du capitalisme, la démocratie participative. Nous ferons aussi de l’entraînement physique. »

    Il est persuadé d’être dans l’air du temps : « Tous les jeunes n’ont pas envie de mener une vie douillette avec, comme seule excitation, l’idée d’aller faire du shopping. Certains veulent qu’on leur propose une vie d’efforts, pour le bien commun. » Pour héberger sa future équipe, Amir aura besoin d’un bâtiment, dont il fera un lieu de travail et de vie communautaire. Il doit donc trouver des sponsors et une ville accueillante quelque part en Europe.

    « J’ai répondu que j’œuvrais pour le bien de mon pays. »

    En mai 2017, la justice britannique lui rend son passeport. Il quitte aussitôt l’Angleterre et part à la rencontre des hackeurs et des anarchistes européens : dans le quartier Exarchia, à Athènes, chez des zadistes du val de Suse, près de Turin… A nouveau, c’est la déception : « Ils sont très forts pour s’amuser et porter des vêtements hippies, mais c’est tout. »
    En juillet, il décide de retourner provisoirement en Angleterre, avec un but précis : profiter de ses relations dans le milieu du bitcoin pour lever des fonds, afin de financer son équipe de superhackeurs en résidence.

    Il contacte les professionnels du bitcoin et aussi de l’ether, une nouvelle monnaie électronique en pleine expansion, et demande à s’inscrire comme orateur dans leurs meet-ups, réunions informelles très prisées dans ce milieu : « Je vais y aller franchement. Je vais leur décrire mon projet et leur demander de l’argent sur-le-champ, tout en leur expliquant que ce n’est pas un investissement. Cela ne leur rapportera rien. »

    Mais à son arrivée à l’aéroport de Londres, la mauvaise surprise de l’année passée se répète. Il est arrêté par la police car l’enquête suivait son cours : « Cette fois, ils m’ont parlé de la Grèce, ils voulaient savoir ce que j’avais fait, qui j’avais rencontré, ce que j’en pensais. Les anarchistes grecs semblent les intéresser. J’ai répondu que j’œuvrais pour le bien de mon pays. »

    Il est relâché au bout de trois heures et la police confisque à nouveau son ordinateur et son téléphone : « Avec les lois antiterroristes, ils peuvent tout se permettre. Ils m’ont aussi obligé à livrer mes mots de passe et mes clés de chiffrement. »

    Stratégie future axée sur les crypto-monnaies

    Malgré cet incident, Amir rencontre comme prévu les professionnels londoniens des crypto-monnaies. D’emblée, certains se disent prêts à l’aider, comme le Français Stéphane Tual, ancien banquier chez BNP et Visa, puis cofondateur de l’association administrant l’ether, et patron d’une société utilisant cette crypto-monnaie pour gérer un service de partage et de location d’objets utilitaires.

    Selon lui, la stratégie d’Amir est plus réaliste qu’il n’y paraît : « Les gens l’écouteront et le soutiendront, parce que c’est une star. Sa réputation est impeccable, au niveau technique comme au niveau éthique. Il aurait pu devenir riche grâce au bitcoin, il a préféré aller risquer sa vie pour une juste cause. Je vais l’inviter à mon prochain meet-up, puis nous monterons une opération de financement en ethers. » Si l’argent commence à rentrer, Amir espère lancer sa nouvelle aventure dès cette année – de préférence dans une ville qui accepte ce genre d’initiative.

  • Rojava • Les analogies avec la Commune-Kedistan
    http://www.kedistan.net/2017/01/30/rojava-analogies-avec-commune

    @Ad Nauseam - Abdullah Öcalan a théorisé durant une partie de son incarcération le concept du “confédéralisme démocratique”, appliqué aujourd’hui dans le processus en cours au Rojava. Dès 1993, il tente une conversion radicale du mouvement marxiste-léniniste dont il est le leader, en un mouvement décentralisé, (...)

    #Kedistan / #Mediarezo

  • The Kurds of Lebanon: identity, activism and ideology - KurdishQuestion.com
    http://www.kurdishquestion.com/article/3815-the-kurds-of-lebanon-identity-activism-and-ideology

    Many members of the Kurdish community in Lebanon cannot give a solid answer to the question of whether they consider themselves Kurdish first and foremost, or Lebanese. It’s a conundrum shared by many other national and ethnic groups in the country, who arrived in the 20th century as refugees and immigrants, but were only ever partially integrated into the political and social fabric of Lebanon. Here, some Kurdish families have been prominent member of Beirut society since Ottoman times, while others are newly arrived refugees from Syria, with little hope of ever gaining official permission to stay in the county, let alone citizenship. Under these circumstances, Lebanese Kurds are caught between integration in the local Sunni community, and allegiance to independence movements back in Kurdistan. The community is fractured between being “Lebanese” and being “Kurdish”. As with many diaspora communities, those who cling to Kurdish identity are just as split; between support for the Barzani government in Iraqi Kurdistan and the democratic confederalist ideology of the PKK and PYD.

    In the 1980’s the Kurdish population of Lebanon numbered between 60,000 and 90,000, and was centred in Beirut and its suburbs. Most had left rural Turkey in the earlier half of the century, fleeing persecution at the hands of Turkish nationalists. Sixty years later, the small community was only partially accepted in Lebanon; a country where political power is tied to strong ethno-religious sects. Thus, the Kurds were largely ignored, or treated as second rate members of the Sunni community. It was under these circumstances that the Kurdistan Worker’s Party (PKK) under the leadership of Abdullah Ocalan moved into the Beqaa valley in eastern Lebanon.

  • Öcalan parle à nouveau du processus de paix-Kedistan
    http://www.kedistan.net/2016/09/13/ocalan-message-rencontre

    @Ad Nauseam - Abdullah Öcalan, leader des Kurdes, n’avait pas eu de contact avec ses avocats depuis le 27 juillet 2011, avec sa famille depuis le 6 Octobre 2014. Les rencontres avec la délégation İmralı avaient cessé depuis 5 avril 2015. La dernière entrevue remontait à une rencontre avec le Comité européen pour la (...)

    #Kedistan / #Mediarezo

  • Les grèves de la faim pour Öcalan-Kedistan
    http://www.kedistan.net/2016/09/08/greve-de-la-faim-ocalan

    @Ad Nauseam - Le leader du PKK, et l’inspirateur du mouvement kurde, Abdullah Öcalan est toujours détenu sur l’île prison d’İmralı. Aucune nouvelle n’a pu être prise d’Öcalan depuis 5 avril 2015. Les possibilités de rencontres sont empêchées par le régime Erdogan depuis 5 ans avec ses avocats, et, depuis plus d’un an avec (...)

    #Kedistan / #Mediarezo

  • Appel pour Abdullah Öcalan
    https://rebellyon.info/Appel-pour-Abdullah-Ocalan-16821

    Abdullah Öcalan, leader du PKK, est emprisonné par la Turquie depuis 1999. Or sa famille, ses ami-e-s et ses avocat-e-s sont sans nouvelles de lui depuis plusieurs mois. Dans le contexte actuel de coup d’État et de durcissement sans précédent de la répression, ils et elles ont lancé un appel destiné (...) — Analyse et réflexion, Répression - prisons, Résistances et solidarités internationales, 1, 2, 3, 4

  • Rassemblements pour Abdullah Öcalan-Kedistan
    http://www.kedistan.net/2016/08/11/rassemblements-pour-abdullah-ocalan

    @Ad Nauseam - La diaspora kurde, en Europe et ailleurs, se mobilisera ce samedi 13 août un peu partout dans les grandes villes, pour attirer l’attention sur le sort du prisonnier politique kurde le plus emblématique de Turquie, Abdullah Öcalan. Il est l’un des fondateurs et le dirigeant du Parti des travailleurs (...)

    #Kedistan / #Mediarezo

  • BHL encaisse un « sku(r)de » -

    http://www.rojbas.org/2016/06/02/bhl-encaisse-skurde

    L’ancien-nouveau “philosophe” à la chemise blanche fendue jusqu’à l’âme, a encaissé la semaine dernière un “sku(r)de” ou sévère camouflet détonnant dans les locaux de la toute nouvelle “représentation du Rojava en France” (Kurdistan de Syrie), en se pointant à l’esbrouffe et sans y être invité à l’inauguration de cette pré-ambassade à Paris des combattants Kurdes syriens contre Daech.
    150 invités dont plusieurs personnalités -Bernard Kouchner, les écrivains Pascal Bruckner et Patrick Deville, le géopolitotogue Gérard Chaliand pour ne citer qu’eux- avaient répondu à l’invitation conjointe du grand ordonnateur de l’évènement, l’écrivain-aventurier Patrice Franceschi (auteur de “mourir pour Kobané”) et très impliqué dans la cause des combattants kurdes du Rojava où il se rend régulièrement, et du PYD (parti de l’Union démocratique) kurde, branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) d’Abdullah Öcalan..
    Mais le Malraux du pauvre, quant à lui (qui vient de commettre un documentaire tout à sa propre gloire sur les Peshmergas d’Irak de Massoud Barzani, les cousins ennemis du PKK), n’avait évidemment pas reçu de bristol, compte tenu de toutes les casseroles et lessiveuses qu’il trimbale au long de son itinéraire erratique et égocentré.

    • https://blogs.mediapart.fr/patrick-gabriel/blog/010616/bhl-encaisse-un-skurde-0

      « Que venez-vous faire ici ? Vous n’êtes pas invité ! »
      Bhl, blanc comme une cuvette de lavabo et peu habitué à être morigéné de la sorte en public, a risqué pour tenter de se justifier de sa présence incongrue : « je viens de faire un film documentaire sur les Kurdes d’Irak…. »
      "Moi je m’occupe des Kurdes de Syrie !" a répondu fermement Patrice Franceschi qui a confié plus tard, « comme d’habitude, il a débarqué pour se faire valoir…. »

      Après quelques minutes, l’ex-maoïste copain de Sarkozy a taillé piteusement la route et refranchi sans un mot et toute honte bue la porte pallière.

  • Bookchin Archive
    http://dwardmac.pitzer.edu/Anarchist_Archives/bookchin/Bookchinarchive.html

    MURRAY BOOKCHIN’S COLLECTED WORKS
    http://dwardmac.pitzer.edu/Anarchist_Archives/bookchin/Bookchinarchive.html

    Murray Bookchin and the Kurdish resistance
    https://roarmag.org/essays/bookchin-kurdish-struggle-ocalan-rojava

    Bookchin’s municipalist ideas, once rejected by communists and anarchists alike, have now come to inspire the Kurdish quest for democratic autonomy.
    ...
    The Next Revolution includes the 1992 essay The Ecological Crisis and the Need to Remake Society. In it, Bookchin argues that “the most fundamental message that social ecology advances is that the very idea of dominating nature stems from the domination of human by human.” For an ecological society to develop, first the inter-human domination must be eradicated. According to Bookchin, “capitalism and its alter-ego, ‘state socialism,’ have brought all the historic problems of domination to a head,” and the market economy, if it is not stopped, will succeed in destroying our natural environment as a result of its “grow or die” ideology.
    ...
    In the late 1970s, while Bookchin was struggling to gain recognition for the value and importance of his theory of social ecology in the US, an entirely different struggle was emerging on the other side of the world. In the mountainous, predominantly Kurdish regions of southeastern Turkey, an organization was founded that would eventually come to adopt and adapt Bookchin’s social ecology.

    The organization called itself the Kurdistan Workers’ Party, or PKK after its Kurdish acronym, and in 1984 it launched its first attacks against the Turkish state.
    ...
    Despite the utopian desire of one day seeing the different Kurdish territories united, the struggle of the PKK focused primarily on the liberation of North Kurdistan, or Bakur — the Kurdish territories occupied by the Turkish state. Over the course of the 1990s, however, the PKK slowly started to drift away from its desire to found an independent Kurdish nation state and started exploring other possibilities.
    ...
    after the collapse of the Soviet Union in 1991, the PKK had already started to critically reflect on the concept of the nation state. None of the traditional homelands of the Kurds were exclusively Kurdish. A state founded and controlled by Kurds would thus automatically host large minority groups, creating the potential for the repression of ethnic and religious minorities in the same way the Kurds themselves had been repressed for many years. As such, a Kurdish state increasingly came to be seen as a continuation of, rather than a solution to, the existing problems in the region.

    Finally, having analyzed the interdependence of capitalism and the nation state on the one hand, and between patriarchy and centralized state power on the other, Öcalan realized that real freedom and independence could only come about once the movement had severed all ties with these institutionalized forms of repression and exploitation.
    Democratic Confederalism

    In his 2005 pamphlet, Declaration of Democratic Confederalism, Abdullah Öcalan formally and definitively broke with the PKK’s earlier aspirations of founding an independent Kurdish nation state. “The system of nation states,” he argues in the document, “has become a serious barrier to the development of society and democracy and freedom since the end of the 20th century.”

    In Öcalan’s view, the only way out of the crisis in the Middle East is the establishment of a democratic confederal system “that will derive its strength directly from the people, and not from globalization based on nation states.” According to the imprisoned rebel leader, “neither the capitalist system nor the pressure of imperialist forces will lead to democracy; except to serve their own interests. The task is to assist in developing a grassroots-based democracy … which takes into consideration the religious, ethnic and class differences in society.”

    Tatort Kurdistan
    http://tatortkurdistan.blogsport.de

    #Kurdistan #Turquie #anarchisme #écologie_sociale #municipalisme

  • Le discours démocratique et féministe d’Abdullah Öcalan.
    http://orientxxi.info/magazine/le-discours-democratique-et-feministe-d-abdullah-ocalan,1285,1285

    C’est une longue évolution politique et idéologique qu’a connue Abdullah Öcalan, fondateur et dirigeant du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). À l’heure où s’intensifient les combats dans le Kurdistan turc et où le Rojava (Kurdistan syrien) proclame son autonomie, retour sur la pensée d’un homme qui garde une extraordinaire aura parmi les Kurdes.

    #Ocalan #Kurdistan #PKK

  • Democracy without the state
    Jonas Staal builds parliament in northern-Syria
    Metropolis M » Features » Democracy without the state
    http://metropolism.com/features/democracy-without-the-state

    Jonas Staal:

    The reason for being here is a collaboration with the Democratic Self-Administration of Rojava and the artistic and political organization New World Summit, that I founded in 2012. Together we are building a new public parliament in the Rojava region and organizing two international summits. It is through the New World Summit that the collaboration with the Democratic Self-Administration came about and that the members of my organization have been welcomed here three times since 2014.

    To give some context to this region: “Rojava” means “West” in Kurdish, and refers to the western part of Kurdistan – many people tend to refer to it as northern-Syria. The Syrian civil war in 2011 forced Assad to concentrate his army to the south of the country and left behind a power vacuum in the north. Kurdish revolutionaries took this momentum to reclaim their land and, in collaboration with peoples from the region such as Arabs and Assyrians, to declare their political autonomy in the form of “democratic confederalism.” This process is known today as the “Rojava Revolution.” In the democratic model that came as a result notions such as self-governance, gender equality and communalism take a central role. The revolutionary Abdullah Öcalan, who has been imprisoned by Turkey since 1999, describes this model as “democracy without the state.” Essentially: stateless democracy.

    The New World Summit consists of different people, such as researcher and producer Younes Bouadi, programmer Renée In der Maur, architect Paul Kuipers, photographer Ernie Buts and designer Remco van Bladel. Together, we have been developing for several years parliaments for stateless political organizations, amongst others in Berlin (2012) and Brussels (2014). These parliaments consist of large scale architectural constructions in which we so far were able to facilitate representatives of more than thirty stateless political organizations from all over the world, such as the Basque Country, Azawad, Somaliland, Baluchistan, West-Papua and Tamil Eelam. We believe the sphere of art is that of the imaginary, a space where we can develop new models of political representation and performative practices of politics.

    The Kurdish movement has been involved in this process since the very beginning: especially the women’s movement that inspired the philosophies of Öcalan and practices the ideals of stateless democracy to its outer consequences was very important in this process. Revolutionaries such as Sakine Cansiz, murder in Paris in 2013, rejected the idea of the nation-state as a patriarchal construct, inherently intertwined with the doctrine of global capitalism. With Öcalan, the women’s movement concluded that for a stateless people confronted with colonialism and occupation the nation-state can never be a solution, but forms the essential problem.
    The New World Summit always aimed to be a parliament for a stateless democracy, not limited to a specific territory, ethnicity or notion of statehood. This idea is indebted to the vision of the Kurdish movement, and our contributors Rojda Yildirim, Dilar Dirik, Adem Uzun, Havin Güne?er en Dil?ah Osman in specific. It is their political vision made possible a new artistic vision that we as the New World Summit try to realize through our parliaments.

    C’est l’#arbre_à_palabres ? #démocratie
    http://metropolism.com/features/democracy-without-the-state/resources/001.jpg?version=a96764efea7f7099ae8b705e9690b266

  • #Turquie | Selahattin Demirtas (HDP) : “Six millions d’électeurs nous ont mandatés pour la paix”

    Je relaie ici un texte, présenté comme suit par Zeynep Jouvenaux (@zjouvenaux) sur un autre réseau : Le 28 juillet dernier, Selahattin Demirtaş, le co-président du parti #HDP (parti de gauche visant à rassembler tous les peuples de Turquie, que le gouvernement en place veut faire interdire) a prononcé un discours mémorable lors de la réunion de son groupe parlementaire. En voici le texte intégral en français. Selahattin Demirtas est une chance non seulement pour la Turquie, mais pour toute la région. C’est la première fois qu’un politicien kurde déjoue tous les pièges communautaristes en Turquie, et se pose comme un acteur politique pour l’ensemble du pays. Très vivement recommandé ! (cc : @alaingresh)

    Cher-e-s ami-e-s,

    Durant la période électorale, nous avons tous vu, vécu, débattu ensemble des dangers qui menaçaient la Turquie. Nous avons travaillé, nous n’avons pas ménagé nos efforts pour expliquer aux peuples ce que nous espérions pour la Turquie, ce que ces élections signifiaient. On l’a fait comme on le pouvait, avec nos moyens, avec sincérité. Nous avons dit clairement ce que nous avions comme projet à nos électeurs, à nos frères et sœurs, à nos concitoyens. A l’arrivée, nos concitoyens se sont rendus aux urnes pour exprimer leur volonté, malgré des conditions très hostiles et inégalitaires. Nous avions en face de nous un adversaire qui mobilisait tous les moyens de l’Etat, tous les fonds publics pour faire sa propre campagne. Malgré cela, nous avons obtenu 13 % des voix, six millions d’électeurs ont voté pour nous, nous ont fait l’honneur de mener ici, à l’Assemblée nationale pour défendre la justice, la démocratie, la paix, pour prendre le parti de ceux qui sont opprimés, exploités, des pauvres, des femmes, des jeunes. C’est pour cela que nous avons été mandatés.

    “Respecter la volonté des électeurs”

    Cher-e-s ami-e-s,

    Certaines difficultés que nous avons vécues lors de la période électorale ont été relayées dans les médias. Mais vous, qui travaillez sur le terrain, vous avez expérimenté tout cela de très près. La campagne électorale a été très difficile. Malgré cela, nous avons toujours affirmé que nous nous inclinerions devant les résultats, quels qu’ils soient. Notre parti, le HDP a toujours dit que même s’il restait en deçà du barrage des 10 % [ndt. en Turquie, un parti doit obtenir au moins 10% des votes au niveau national pour pouvoir faire entrer un député au Parlement. En deçà de ces 10 % au niveau national, les votes exprimés pour le parti ne comptent pas], il accepterait son sort. Nous avons dit : même si nous ne pouvons pas entrer à l’Assemblée nationale, nous continuerons de travailler, nous essayerons à nouveau, nous estimerons que c’est de notre faute, que c’est à nous de nous améliorer. En tant que dirigeants du Parti, nous nous sommes même engagés à démissionner en cas d’échec, à céder nos places à d’autres camarades, pour poursuivre le combat démocratique.

    Souvenez-vous, à cette période, le Premier Ministre alors en place [du parti AKP] faisait aussi campagne, et nous lançait des mises en garde en disant : « attention, si vous n’arrivez pas à franchir le barrage des 10 %, il ne faut pas venir pleurer. Engagez-vous dès à présent à respecter la volonté des électeurs. Quel que soit le résultat des urnes, soyez prêts à l’accepter ».

    “Ceci est un Coup d’Etat”

    Pourquoi je rappelle tout ça, cher-e-s ami-e-s ? Ceux qui ont déclaré qu’il ne pouvait y avoir de volonté individuelle au-delà de la volonté de la nation, ceux qui ont dit « nous sommes arrivés au pouvoir grâce à la volonté de la nation, si la nation veut notre départ, nous partirons », ceux qui, depuis treize ans, [ndt. AKP est au pouvoir depuis 13 ans] n’ont cessé de répéter le caractère souverain de la volonté de la nation, du peuple, des urnes dont ils tiraient leur légitimité, ceux-là ont décidé aujourd’hui de contrevenir à la volonté du peuple, de nier les résultats des élections, de faire un Coup d’Etat, de former un gouvernement de junte.

    Notre pays s’en est sorti haut les mains des élections législatives du 7 juin. La société a fait son devoir, nos concitoyens se sont rendus aux urnes. Malgré de nombreuses tentatives de fraude, et d’irrégularités dans des bureaux de vote, nos concitoyens ont voté. Le taux de participation était l’un des plus élevés de toute l’histoire de la République. Ces votes ont donné lieu à un nouveau Parlement. A travers leurs votes, les électeurs de ce pays ont demandé un gouvernement de coalition [ndt. AKP a perdu la majorité absolue aux élections du 7 juin, et n’est pas en mesure de former un gouvernement tout seul]

    Mais, ceux qui, depuis 13 ans, nous rabâchent qu’ils sont arrivés au pouvoir par la volonté nationale, ceux qui disent [ndt. Demirtas se réfère à Recep Tayyip Erdogan] “_j_e ne reconnais aucune tutelle, je ne reconnais aucune tentative de Coup d’Etat, moi j’ai lutté contre les Coups d’Etat, je n’en tolérerai aucune”, ceux-là même renient tous ces principes qu’ils faisaient mine de défendre, devant le succès électoral du HDP. Ils viennent de faire un Coup d’Etat. Après le 7 juin, contre la volonté du peuple, en Turquie, nous avons assisté à un coup d’Etat de Recep Tayyip Erdogan. Actuellement, nous avons une junte civile qui a pris possession des organes exécutifs, allant contre la volonté du peuple.

    Ils n’ont aucune légitimité. Leur pouvoir est illégal. D’où tirent-ils leur pouvoir, leur légitimité ?

    “Le gouvernement en place n’est pas légitime”

    Les décisions qu’ils prennent en ce moment même, comme celles de mener le pays à la guerre, ou de nommer des hauts fonctionnaires d’Etat, ou encore d’engager des dépenses sur des fonds secrets d’Etat... Sur quoi les fondent-ils ces décisions ? Le 7 juin, les électeurs vous ont retiré ce pouvoir. Depuis le 7 juin, vous n’avez pas la majorité pour former un gouvernement à vous seuls. Depuis le 7 juin, vous n’êtes pas autorisés à prendre ce genre de décisions tous seuls. Ceux qui agissent ainsi ont clairement fait un Coup d’Etat qui piétine les résultats des dernières élections du 7 juin. Nous en sommes là.

    Et il y a aussi les suiveurs de ce Coup d’Etat. Ceux qui se disent nationalistes [ndt. Demirtas se réfère ici au parti ultra-nationaliste de droite MHP] applaudissent des deux mains ce Coup d’Etat sans honte, sans vergogne. Souvenez-vous de ce qu’il [le chef du parti MHP] disait avant les élections, il disait « si un membre de notre parti se rend au Palais [du Président Erdogan], il sera radié ». C’était ça leur discours aux nationalistes. Mais hier, au Palais, ils étaient tous en garde-à-vous devant le Président.

    Alors ? Vous disiez que vous alliez demander des comptes à Bilal [le fils du Président Erdogan qui semble compromis dans diverses affaires de corruption], _regardez, vous n’avez pas eu Bilal, mais vous avez fini par donner votre Hilal [ndt. allusion au croissant de lune, symbole du parti ultra-nationaliste HDP, qui se dit « hilal » en turc)_

    “Notre seule faute est d’avoir obtenu 13% des voix”

    Cher-e-s ami-e-s, alors de quoi sommes-nous coupables ? Quelle est notre faute ? C’est d’avoir obtenu 13% des voix aux élections, d’avoir porté la volonté du peuple aux urnes et d’avoir donné lieu à la formation d’un nouveau Parlement. A part cela, on ne peut nous imputer aucun méfait. Nous avons lutté pour la démocratie, la fin des inégalités, pour que l’égalité et la liberté deviennent nos modes de vie pérennes dans ce pays. C’est pour cela, c’est pour la paix que les électeurs ont mandaté nos 80 députés aujourd’hui présents dans l’Assemblée nationale. Et dès le premier soir, dès le 7 juin, nous avons dit que nous étions prêts à servir la paix.

    Mais ceux qui ont clamé depuis des années lutter pour la paix, pour la résolution des conflits, pour la fraternité et l’unité des peuples de ce pays ; ceux qui ont solennellement affirmé qu’ils donneraient leur vie pour la paix, en buvant de la ciguë, en devenant des martyrs, ceux-là même nous ont démontré combien la paix ne signifiait rien pour eux en vérité, une fois qu’ils ont perdu leur majorité absolue après le 7 juin. C’est ça le sens de ce Coup d’Etat.

    L’accord de Dolmabahçe était une chance inédite pour ce pays. Le Président l’a renié”

    Souvenez-vous de l’accord de Dolmabahçe [ndt. en février 2015 un accord avait été trouvé entre les forces kurdes et représentants du gouvernement turc en vue du désarmement et de la paix. En mars 2015, le Président Erdogan a condamné cet accord commun, en reniant notamment une quelconque unité, ou entente entre les parties]

    Des délégations formées de nos députés, des représentants d’Imrali [ndt.référence à Abdullah Ocalan, le leader du PKK], des représentants du gouvernement et des députés d’AKP ont fait une déclaration commune. Cette déclaration de Dolmabahçe avait été un tournant crucial pour l’histoire politique turque. Cet accord, ce texte, ne sont pas à prendre à la légère. C’est quelque chose de très sacrée, très morale, très respectable. Je remercie encore une fois tous ceux qui y ont contribué. Chaque partie, que ce soit nos députés, les députés du AKP, les représentants du gouvernement et surtout Monsieur Öcalan qui a rendu possible cette annonce à travers sa ligne politique ferme, chacun d’entre eux mérite nos remerciements. Car, à travers cette déclaration, ils ont remis les clés de la paix aux peuples de Turquie. Ils ont libéré la paix prise en otage par toutes ces puissances qu’on qualifie tantôt d’étrangères, d’obscures, de secrètes, d’agents provocateurs nationaux ou internationaux. Bref ils ont écarté tous ceux qui ont été désignés comme les ennemis de la paix à un moment donné, et ils nous ont confiés cette paix à nous, aux peuples de Turquie. Voilà le sens de l’accord de Dolmabahçe. Cet accord n’était pas une trahison, ni une division du pays. C’était un manifeste, une feuille de route pour la fraternité, la libération de tous, la démocratie et le désarmement. Et nous, forts du mandat que le peuple nous a accordé après les élections du 7 juin, nous avons voulu immédiatement mettre tout cela en œuvre. Nous avons dit que nous respecterions ces principes quels que soient les partis qui allaient former le gouvernement. Nous avons apporté notre soutien à la paix et avons dit qu’on était prêt à collaborer avec tous les partis dans ce sens.

    Le Président de ce pays ne désire pas la paix

    Cher-e-s ami-e-s,

    Nous avons tous suivi avec attention comment ils se sont désolidarisés de l’accord de Dolmabahçe au bout d’une semaine, comment ils l’ont renié. Monsieur le Président a immédiatement réprouvé, contesté cet accord, en allant même critiquer jusqu’à la photo où toutes les parties posaient ensemble. Il a même nié l’existence des pourparlers pour la paix, en déclarant que, de toute façon il n‘y avait même pas de problème kurde dans ce pays. Je le comprends ceci dit. Il s’est fait construire un somptueux palais. Il l’a richement décoré. Il vient de s’y installer à peine. Il a des envies, des ambitions, il aime les titres, la gloire, le pouvoir, l’argent. Or la paix, la résolution des conflits internes, la démocratie, tout cela signifierait pour lui de perdre tout ça. Donc, lui, je le comprends.

    Mais j’ai beaucoup de mal à comprendre tous ceux qui avaient apposé leur signature à cet accord. Tous ces responsables d’Etat qui ont participé aux pourparlers, puis ont fait cette déclaration. Ils ont travaillé jour et nuit pour arriver à cet accord. Alors pourquoi l’ont-ils laissé tomber ? Comme nous, vous y avez passé du temps, donné votre énergie. Nous n’avons rien fait d’illégal, ni d’immoral. Nous avons fait ensemble et publiquement la promesse de la paix aux peuples de Turquie. Et nous n’étions qu’à un pas de la réalisation de cette promesse. Il ne restait plus qu’une semaine pour que tout aboutisse. Aux membres de l’AKP, au Premier Ministre à Monsieur le Président qui nous somment de faire des déclarations pour prouver encore et encore que nous sommes pour la paix. A ceux qui nous reprochent de nous nourrir de terrorisme, de sang, de conflits, je voudrais rappeler cet accord de Dolmabahçe.

    Il ne nous restait plus qu’une semaine, dix jours, pour résoudre de manière stable et pérenne le plus gros problème de la Turquie, pour arrêter le sang qui coule depuis 40 années. Nous avons travaillé, mené ces pourparlers pendant deux ans et demi. Il nous restait 10 jours pour aboutir. Pourquoi y avez-vous renoncé ? Pourquoi vous n’annoncez pas publiquement les raisons de votre désengagement de cet accord ? Pourquoi, pourquoi y avez-vous renoncé ? Imaginez-vous. Il y une organisation armée, le leader de cette organisation [référence à PKK et à Abdullah Öcalan] annonce qu’il va faire un appel à tous ses guérillas, les rassembler dans la semaine qui suit dans un congrès exceptionnel pour leur dire de déposer les armes définitivement. Nous, nous nous sommes réjouis de cette nouvelle. Pourquoi, vous, vous avez paniqué à cette nouvelle ? Monsieur le Président, pourquoi avez-vous paniqué devant la perspective que le PKK dépose les armes ? C’est vous qui avez empêché de déposer les armes ! On a l’impression que si aujourd’hui les membres du PKK quittaient leurs montagnes pour déposer leurs armes, le Président Erdogan leur bloquerait le passage, en leur disant « mais je vous en prie, regagnez la montagne, poursuivez la lutte armée ». Car il n’a pas l’intention d’aboutir à la paix. Je le dis très clairement, il faut que ceci soit très bien compris par tous nos frères et sœurs, par nos concitoyens, par tous ceux qui vivent en Turquie : le Président de ce pays a stoppé le désarmement du PKK, a tout fait pour l’en empêcher.

    Alors que nous étions parvenus à un point déterminant avec l’accord de Dolmabahçe, il a tout balayé d’un revers de la main, en anéantissant tous les fruits des pourparlers. Il a mis fin au processus de paix. Car, tous les sondages d’opinion lui ont démontré que si la paix se réalisait, cela serait contraire à ses intérêts, que la paix serait un obstacle pour lui, l’empêcherait d’obtenir le changement de la Constitution au profit d’un régime présidentiel, comme il le souhaite. Alors il s’est dit : « à quoi bon ces négociations, ce processus pour la paix si cela m’empêche d’instituer le régime présidentiel ? »

    Ceux-là même qui nous qualifient de traîtres à la patrie, de séparatistes, de terroristes, ont livré ce pays dans les flammes de leurs propres mains.

    ~Regardez, je l’exprime en jurant sur tout ce en quoi je crois, toutes mes valeurs sacrées. La situation est aussi claire que cela. Toute la population devrait agir en sachant cette vérité simple.

    “Il n’y a aucune menace séparatiste”

    Il n’y avait pas de menace de séparation, ni de guerre, cette menace n’existe toujours pas. L’organisation appelée PKK a abandonné la stratégie de séparation il y a 20 ans de cela. Il n’existe pas de menace ni la peur de séparation dans le pays. Elle a annoncé qu’elle allait faire un congrès pour le désarmement. De quelle menace parle-t-on ? Il n’y avait donc pas de menace, la seule chose que vous deviez faire, la plus importante et honorable, c’était de maintenir les négociations pour arriver à un résultat final en une semaine ou 10 jours. Maintenant, si on avait fait la paix avec le PKK, si, de facto, la force du PKK n’était plus une menace pour la Turquie, et c’était possible... Ça aurait pu arriver en février. On aurait pu mettre ça en œuvre de facto en mars. Qu’est-ce qui se serait passé dans ce cas, cher-e-s frères et sœurs ? Une Turquie qui aurait fait la paix avec le PKK, une Turquie qui serait sortie de la menace armée du PKK, elle aurait pu se mettre à respirer à l’intérieur comme à l’extérieur, réfléchissez-y. Ainsi, elle aurait pu devenir un acteur de la paix pour tout le Moyen Orient. A ce moment-là, fallait-il se battre contre l’EI ? Cette Turquie qui aurait fait la paix avec le PKK, aurait pu se battre, avec le PKK, contre l’EI.

    Cela est politiquement possible, est éthiquement juste et légitime aux yeux de la population, on aurait pu donc le faire. Mais ils n’ont pas préféré ceci. Car Erdogan a bien dit qu’ils avaient besoin de 400 députés, donnez-nous 400 députés et vivez sereinement, tout se passera bien, sans embrouilles, c’est ce qu’il a dit. Si vous ne les donnez pas, il n’y aura pas de paix pour vous dans ce pays. Regardez, cher-e-s ami-e-s, nous avions prévu les délires qui nous attendaient quand nous nous étions fixés le but de franchir le barrage des 10 %. Et nous avons essayé de vous expliquer lors de nos réunions, dans nos appels à notre peuple, comment, dans cette folie, ils allaient nous conduire vers le feu.

    Ağrı Diyadin, les provocations pendant la période des élections, l’attentat lors du rassemblement, pour la campagne électorale à Diyarbakir, les attaques fascistes à Erzurum, les attentats à Adana, Mersin, les attaques contre les 176 permanences de notre parti. Tout cela était les signes de cette folie.

    “Toutes les victimes sont nos frères et soeurs, nos enfants”

    Maintenant, je suis sûr que les peuples de Turquie voient mieux dans quelle situation ces gens sont capables de nous plonger. Cher-e-s frères et sœurs, nos mères qui ont envoyé leurs enfants faire leur service militaire, nos mères dont les enfants sont des policiers, leurs pères... Ce sont nos enfants, nos frères et sœurs. Les enfants des personnes avec qui nous devons vivre en fraternité sur ces terres, nos frères. La mort d’un seul parmi eux ne pourrait nous faire sentir que de la douleur, que de l’amertume...

    “Ces jeunes ne meurent pas pour défendre la patrie, ils sont sacirifés pour les intérêts du Palais présidentiel”

    Mais ces mères et pères devront savoir : ils n’envoient pas ces enfants à la mort pour la patrie, c’est pour défendre le Palais que les cadavres de ces enfants arrivent entourés de drapeaux turcs. Pour le Palais, pas pour la patrie. Cette patrie appartient à nous tous. Si elle est menacée défendons-la ensemble, main dans la main. Si notre patrie est attaquée par l’ennemi, luttons ensemble, nous l’avons déjà fait plusieurs fois dans le passé. Nous l’avons fait en 1071, dans les années 1920. Faisons-le ensemble encore une fois aujourd’hui, défendons la patrie ensemble mais que personne ne nous demande de sacrifier nos enfants pour les profits d’un parti, encore moins pour le règne et la puissance d’une seule personne. Vous devrez aussi hausser votre voix.

    Des enfants, ça ne s’élève pas facilement. Nous sommes, la plupart, des parents. Nous voyons dans quelles difficultés grandissent nos enfants.

    Ne les sacrifions pas pour les bénéfices d’un palais, ni pour ses ambitions ni pour son pouvoir. Il ne s’agit aucunement de la défense de la patrie. Il n’existe pas de menace. Ce sont des tromperies. Alors que nous étions à un seul pas de la paix, au lieu de franchir ce pas et d’attraper la paix, ils ont préféré cette méthode. En ce moment, cher-e-s ami-e-s, malheureusement les corps des défunts arrivent de tout part. Ils arrivent des montagnes, des vallées, des villes, des villages, des places publiques. Ils arrivent dans les mosquées, dans les Cemevi, [lieu du culte des alévi]. Mais ce sont, tous, les enfants de ce peuple. Et ce complot, cette sale combine est calculée de telle manière que le sang coulera.

    “Les sales combines du pouvoir”

    Les Kurdes mourront, les Turcs mourront, les membres du PKK mourront, les soldats mourront, la police mourra. Les civils mourront. Et c’est le HDP qui sera tenu pour responsable pour tout ce sang versé, à travers des opérations de manipulation psychologique que l’AKP déploie comme des armes de guerre. C’est ça le calcul, la sale combine. En ce moment, avec GLADIO, l’organisation qu’ils ont créée, liée au palais, ils mettent en place une sale guerre. Cher-e-s ami-e-s, l’Etat a une méthode, une stratégie, les Etats font aussi des opérations secrètes. Tous les Etats le font, il n’existe point d’Etat propre. Ils le font. Ils le font faire aux services secrets de renseignement, ils font des réunions secrètes, mais Erdogan, il n’utilise même plus que l’Etat. Il a sa propre organisation, son propre budget, son propre argent. Il a ses fonds secrets et même en dehors de ça, il a son propre argent. Les renseignements arrivent directement à lui. Pas aux registres officiels du MIT (Service Secret de Renseignement National), c’est lui qui reçoit toutes les informations secrètes. Il décide de tout avec son équipe, son cercle restreint. Ils mettent en place des forces de contre-insurrection. Il a sa propre force de police, sa propre justice, ses propres médias. Il a ses propres "trolls" de guerre sale, des réseaux sociaux, et ils sont salariés. Et il a tous mis en activité. Opérations contre les syndicats, à EĞİTİM-SEN ( le syndicat de l’éducation), opérations contre la jeunesse, guerre psychologique contre le HDP. Ordre au procureur général de la Cour Suprême de la République pour ouvrir une procédure de fermeture de notre parti. Préparations dans plusieurs domaines d’un complot avec des raisons quelconques. Tentatives de criminalisation du HDP en créant des preuves de pacotille pour préparer un complot, comme celui concocté contre notre cher député Faysal SARIYILDIZ. Tout ceci est mis en place par l’organisation GLADIO. Cher-e-s ami-e-s, savez-vous quand est-ce que le feu vert a été donné pour tout ceci, après les élections ? Au massacre de Suruç. Celui qui a fait le massacre de Suruç est aussi GLADIO, cette organisation privée. Je vais m’exprimer cher-e-s ami-e-s.

    Les messages du massacre de Suruç

    Que s’est-il passé là-bas ? Des jeunes révolutionnaires brillants ont été massacrés par le biais d’un pauvre diable qui avait rejoint les rangs d’EI mais qui répondait directement à GLADIO, qui était à son service. 32 précieux enfants de ce pays ont été massacrés, mis en morceaux. Premier résultat qu’ils souhaitaient obtenir, c’est de donner le message suivant aux révolutionnaires de ce pays : Si vous maintenez votre solidarité avec Kobane et Rojava, on vous réduira en morceaux. Le second était adressé aux peuples de Turquie s’étant réunis autour du HDP : Si vous continuez à vous assembler autour du HDP, on vous réduira en morceaux. Le 3ème message était au HDP, si vous insistez sur votre politique, on mettra vos jeunes en morceaux. Le 4ème résultat : ils se sont posés comme les victimes de l’EI. Un gouvernement, dont le soutien à l’EI est connu du monde entier, s’est montré comme victime de l’EI grâce à cette sale combine, ce sale massacre.

    Les leaders du monde entier appellent Monsieur le Président pour lui exprimer leurs condoléances mais lui, vu qu’il est victime de l’EI, il n’appelle aucune famille pour exprimer ses condoléances. Regardez-moi cette victime de l’EI. Regardez cette sale combine. Tout de suite après, cher-e-s ami-e-s, deux agents de police dans ont été exécutés dans leur sommeil. C’est une affaire crapuleuse, quoi qu’on en dise.

    “Un piège pour tous les peuples de Turquie”

    Ça fait aussi partie de la provocation. Le meurtre du soldat tué à Adıyaman reste aussi une affaire obscure, pas encore élucidée. Regardez, tout ceci arrive dans le même jour ou dans les jours qui se suivent. Et en partant de cela, on appuie sur un bouton pour une opération militaire et politique préparée et organisée bien avant. Ils font quelques sorties contre l’EI juste pour sauver les apparences, afin de se montrer au monde entier comme victime de l’EI et dire qu’ils font la guerre contre l’EI. Mais en vérité, ils utilisent ceci pour cacher leur opération contre le HDP. La vraie grande opération est contre le HDP. Ils bombardent Kandil avec des avions de guerre et attisent le feu en espérant que leurs adversaires vont répondre par des contre-attaques. Et les résultats de tout cela, ils veulent les mettre sur les épaules du HDP. A une potentielle future période d’élections, ils diront ceci aux peuples de Turquie : Voilà, vous avez voté pour ces terroristes, pour ceux qui ont massacré nos soldats et nos agents de police. Regardez, c’est eux qui ont mis le pays en guerre. Le complot est aussi clair que ça. Si les peuples de Turquie ne prennent pas position face à ce calcul si clair, s’ils n’y arrivent pas, si nous n’avons pas le courage d’élever la voix en unison pour la paix, cette sale combine continuera. Mais si tous ensemble, nous disons que que nous ne voulons pas de guerre, que nous ne les laisserons pas faire la guerre, les deux adversaires devront immédiatement sortir de leurs positions de conflit. Si nous leurs disons : nous n’avons pas trouvé nos enfants dans la rue.

    “On peut lutter tous ensemble, tous unis”

    Nous ne les avons pas élevés pour qu’ils soient victimes de votre règne au palais, cela s’arrêtera. Ils abandonneront s’ils voient qu’ils perdent des votes. Les votes, ce sont les votes qui nourrissent leurs veines. Comme si ces votes leur étaient donnés par perfusion. Au moment où vous la retirez, le danger s’arrête. Que les peuples de Turquie n’aient pas peur ! Le HDP est une grande chance pour ce pays, cher-e-s ami-e-s. Une grande chance pour l’unité et la fraternité dans ce pays. Une grande chance pour la paix au Moyen-Orient. Regardez ceux qui nous attaquent. Regardez leur manière de faire. Regardez les arguments qu’ils utilisent. Vous verrez mieux toutes ces vérités si claires.

    Regardez un peu le comportement de ceux qui parlent d’une Démocratie Avancée, ceux qui disent que dans la nouvelle Turquie, tout est désormais magnifique... Pendant trois jours, le cercueil d’une jeune femme alévie n’a pas pu quitter le Cemevi du quartier de Gazi encerclé par les forces de l’ordre. Cette jeune femme n’a pas pu avoir de funérailles durant trois jours. Pendant trois jours, ils ont attaqué les croyances sacrées des gens, leur foi, avec des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc, en souillant leur lieu de culte.

    Treize cadavres ! Les cadavres de treize jeunes, ayant perdu la vie à Kobané, attendent depuis 4 jours au poste-frontière de Habur sous 45-50 degrés... Ils ne les acceptent pas en Turquie. Ce sont des citoyens de la République de Turquie. Ce sont les cadavres de héros ayant combattu avec honneur à Kobané. Les cadavres de ces héros qui ont résisté contre votre armée de violeurs, sont bloqués depuis 4 jours là-bas sur ordre du Premier ministre.

    Soixante jeunes sont placés en garde à vue à Urfa. Trois d’entre eux, cher-e-s ami-e-s, furent torturés de manière atroce. Dès le début de leur garde à vue. Ecoutez attentivement. Les membres d’une unité spéciale de la Préfecture de police d’Urfa ont emmené l’un d’entre eux dans un terrain vague, lui ont mis un sac en tissu sur la tête en l’étouffant. Ils l’ont déshabillé entièrement, ils lui ont mis un couteau sous la gorge. Ils lui ont dit : « nous sommes le DAECH, c’est nous le DAECH. » Tout ça figure dans la déposition de ce jeune homme torturé.

    Ils lui ont fait creuser une tombe. Je ne vous parle pas des années 1990, je vous parle de la semaine dernière. Ils l’ont torturé, lui ont infligé des traitements totalement contraires à la dignité humaine que je ne peux pas vous décrire ici, un traitement si inhumain que la victime ne veut pas que le récit des sévices qu’elle a subis soit fait ici. La semaine dernière, en Turquie. Sous le gouvernement AKP. Sous cette mascarade qu’ils appellent la Démocratie Avancée. Si nous n’unissons pas nos efforts cher-e-s ami-e-s, ils vont généraliser ceci à l’ensemble du pays. Nous allons avoir des funérailles chaque jour, un jour un membre du PKK, un autre jour un soldat, le lendemain un policier, le surlendemain un jeune, un autre jour une femme... Ils vont nous laisser porter le poids des cercueils sur nos épaules, nous monter les uns contre les autres pendant qu’eux continuent à savourer leur règne tyrannique, en profitant de l’argent qu’ils ont volé en dépouillant ce pays.

    Pourquoi veulent-ils faire interdire notre Parti ?

    C’est précisément pour cette raison qu’ils veulent faire interdire notre parti, le HDP.~ C’est la raison pour laquelle le HDP représente une menace pour eux. Vous voulez la paix ? C’est l’affaire d’une seule journée. M. Öcalan, que vous détenez en isolement, allait lancer son appel, si vous aviez respecté l’accord de Dolmabahçe. Vous voulez la paix ? Alors pourquoi vous faites des raids avec 40-50 avions de guerre ? Avec une seule de vos directives, vous arrivez à faire décoller cinquante F16 tous les jours. Alors pourquoi aucun bateau ne part pour l’île-prison d’Imrali ? Les avions de guerre ne sont jamais en panne mais le bateau d’Imrali est en panne depuis des années. La paix se trouve sur la trajectoire de ce bateau. C’est une question de bon sens. Si nous avons promis la paix à notre peuple, nous allons respecter notre parole cher-e-s frères et sœurs.

    ~Nous avons eu 13,1 % de voix de paix des peuples de Turquie. Nous avons eux des voix pour la tranquillité. Nous allons évidemment faire le nécessaire, nous allons prendre nos responsabilités. Nos consciences nous l’ordonnent. Le peuple nous l’ordonne. Notre éthique politique nous l’ordonne. Nous n’allons pas tomber dans ce piège, nous n’allons pas céder face à leurs bassesses. Quoi qu’il arrive cher-e-s ami-e-s. Cher-e-s camarades député-e-s, tou-te-s nos ami-e-s du parti. Nous n’allons pas faire de concession sur notre discours de paix. Ils vont nous provoquer, nous attaquer. Leur but est d’éloigner le HDP de sa ligne actuelle fondée sur ses principes. Attention ! C’est le plus grand piège. Evitons-le.

    Leur seul moyen pour revenir à un gouvernement de parti unique est de dissoudre le HDP. Les partis sont créés et dissous par le peuple. Ceux qui nous ont donnés 13% des voix aujourd’hui, pourraient demain nous en donner que 1%. Nous respecterons ceci. Nous considérerons notre parti comme dissout. Mais nulle part dans le monde, aucune décision de justice n’a pu dissoudre réellement un parti. A vous de voir.

    “Levons toutes les immunités parlementaires”

    Vous parlez d’immunité ? Demain, avec 80 collègues député-e-s, nous déposerons nos demandes au parlement pour la levée de nos propres immunités parlementaires. En êtes-vous capables, à votre tour ? Allons-y. Si vous n’avez pas peur, levons tous ensemble nos immunités parlementaires. Nous n’avons rien à nous reprocher, nous n’avons pas peur. Nous n’avons rien volé, nous n’avons rien pillé, nous n’avons pas tué. Nous ne cachons rien à personne. Bien que la justice soit à votre solde, allons-y ! Levons tous ensemble l’immunité parlementaire des 550 députés. Nous allons dire oui. Nous allons dire oui à la levée de nos propres immunités parlementaires. Nous n’avons pas peur de vous. Nous ne nous attendons pas à ce qu’Azraël nous rende la vie...

    Nous faisons confiance à notre peuple. Nous avons toujours dit, nous avons notre Dieu et nous avons notre peuple. Nous avons lutté en y puisant notre force, c’est grâce à cela que nous en sommes là aujourd’hui. Nous allons enrayer cette guerre en résistant ainsi. Nous n’allons pas te laisser faire la guerre dans ce pays.

    Cher-e-s ami-e-s, des moments difficiles nous attendent dans les prochains jours. Nous avons une mission, nous sommes des serviteurs de notre cause. Si nous réussissons à serrer les coudes, à agir ensemble dans la rue, dans les quartiers, dans les usines, jusqu’à dans l’assemblée, dans le respect de nos principes et de nos valeurs, si nous menons une résistance pour la paix, nous allons réussir à arrêter toutes ces sales politiques. Soyez-en sûrs. Nous n’allons jamais céder. Ils ne verront dans nos yeux ni la peur, ni la panique, ni la crainte. Ils en rêveront, mais leur rêve ne se réalisera jamais. Nous ne nous agenouillerons jamais devant eux, nous ne clignerons pas d’un œil. Nous serons aussi déterminés. Nous nous devons d’être clairs en cette période.

    “HDP est le parti des kurdes, des turcs, des turkmènes, des azéris, des assyriens, des yézidis, des sunnites, des alévis, des chrétiens, des arméniens, des femmes, des jeunes, des ouvriers, des agriculteurs, des académiciens.”

    Ce groupe parlementaire représente toutes les personnes qui ont une conscience dans les quatre coins du pays. Nous avons parmi nous des kurdes, des turcs, des turkmènes, des azéris, des assyriens, des yézidis, des sunnites, des alévis, des chrétiens, des arméniens, des femmes, des jeunes, des ouvriers, des agriculteurs, des académiciens. En somme, nous sommes le prototype des peuples de Turquie. C’est ça la Turquie. Et ce groupe parlementaire représente la conscience de la Turquie. Nous ne les laisserons pas piétiner cette conscience. Nous allons en payer le prix quel qu’il soit. Notre peuple, nos frères et sœurs ne porteront plus ce fardeau. Nous ne laisserons pas la guérilla se faire tuer, nous ne laisserons pas le soldat ou le policier se faire tuer. Aucun de ces meurtres n’est et ne sera acceptable à nos yeux. Que ceux-là ne fassent pas les frais, qu’ils n’aient pas à payer, ni de leur vie, ni de rien. Nous sommes là pour ça. Nous avons le mandat du peuple pour payer le prix fort ; c’est la raison pour laquelle ils ont voté pour nous. Nous sommes prêts à payer le prix qu’il faut. Mais ceux qui luttent contre nous, ceux qui nous considèrent comme des ennemis, devront être aussi courageux que nous. Sinon ils perdront et vous verrez bien qu’ils perdront.

    Nous allons le voir tous ensemble. Ils vont perdre face à cette résistance. La volonté pacifique de la Turquie triomphera.~ L’avenir libre de la Turquie vaincra. Pour ce faire, il nous suffit de ne jamais oublier autour de quel principe fondateur du HDP nous sommes réunis. Ils essayeront de nous démoraliser, nous allons rester droits. Ils essayeront de nous faire oublier nos peines, ils se moqueront de nos morts, nous resterons droits. Ils nous feront sentir la discrimination, nous resterons droits. Ils essayeront de nous marginaliser, nous resterons droits. Ils se fracasseront contre notre intégrité. Vous allez voir, ils perdront. Nous allons débarrasser la Turquie de la junte de l’AKP. Nous allons nettoyer la Turquie de cette mentalité de coup d’Etat. Si nous sommes tous d’accord, si nous répondons présents à la Nouvelle Vie, alors bon vent à nous tous. Je vous remercie beaucoup et nous souhaite beaucoup de réussite sur le chemin que nous empruntons.

    • Il est à présent menacé de 24 ans de prison par la justice turque, ainsi que la co-présidente du HDP, Figen Yüksekdağ.
      Selon Henri J. Barkey, directeur des études sur le Proche-Orient de l’institut américain Wilson Center interviewé par l’hebdomadaire allemand Die Zeit, "le combat contre le PKK n’est qu’une diversion, la cible du gouvernement Erdogan est le HDP".

      Le HDP est le premier parti réclamant plus de droits pour la communauté kurde qui est arrivé à entrer au parlement début juin. Il était arrivé à remporter des voix de nombreux électeurs non-kurdes, fatigués de l’éternelle exclusion et de la polarisation entre Turcs et Kurdes. Les 13% du HDP ont coûté au AKP, le parti de M.Erdogan, sa majorité gouvernementale et à Erdogan lui-même une grande partie de son pouvoir. Un nouveau gouvernement n’est toujours pas formé en Turquie.

      « le combat contre le PKK n’est qu’une diversion, la cible du gouvernement Erdogan est le HDP », dit Henri J. Barkey, directeur des études sur le Proche-Orient de l’institut américain Wilson Center . Pour Barkey, l’offensive militaire actuelle poursuit avant tout des buts de politique intérieure. "Erdogan joue un jeu très cynique. Depuis les élections, il est prêt à tout pour aider l’aKP à regagner son pouvoir".

      Avec de nouvelles élections qui seraient nécessaires si fin août il n’y avait toujours pas de coalition, le HDP pourrait, selon le plan Erdogan, retomber sous la barre des 10%, et ainsi être éliminé du parlement. Il suffirait de quelques points, d’une petite part d’électeurs qui se laisseraient attraper à nouveau par la rhétorique habituelle, mais déclamée à présent avec une rage renouvelée d’Erdogan : il faut que nous nous serrions les coudes contre les terroristes kurdes. C’est pourquoi Erdogan et son entourage essaient à chaque occasion d’effacer les frontières entre le HDP et le PKK."

      (extrait de l’article, trad.-minute I.B.)
      http://www.zeit.de/politik/ausland/2015-07/tuerkei-erdogan-friedensprozess-kurden-hdp

    • Vrai ou faux : La Turquie se sert-elle de l’#EI comme prétexte pour combattre les Kurdes ?

      ISTANBUL, 14 août 2015 (IRIN) - À la fin du mois de juillet, la Turquie a lancé des frappes aériennes contre l’autoproclamé État islamique (EI). Les États-Unis ont salué cette initiative, la considérant comme un tournant dans la mise au point d’une stratégie conjointe pour lutter contre le groupe islamiste.

      http://www.irinnews.org/fr/reportfrench.aspx?ReportID=101865

  • #Turquie : arrestations, frappes au #Kurdistan… le triomphe des faucons - L’Obs
    http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20150727.OBS3261/turquie-arrestations-frappes-au-kurdistan-le-triomphe-des-fauco

    Qu’il semble loin, le succès exceptionnel du HDP, lors des élections du 7 juin dernier ! Pour la première fois de l’histoire de la Turquie, un parti pro-kurde franchissait le seuil des 10% – l’un des plus élevés au monde – pour entrer au Parlement et obtenait pas moins de 80 députés d’un coup, avec 13% des voix. Le HDP infligeait un rude revers à l’#AKP, la formation au pouvoir, pour la première fois depuis 2002. L’AKP (Parti de la justice et du développement), s’il restait majoritaire, avait un genou à terre et était contraint de former une coalition pour gouverner. Tandis que le président Recep Tayyip Erdogan, qui comptait réformer la Constitution pour façonner un régime à sa convenance, devait mettre en sourdine ses tentations autoritaires. L’AKP doit maintenant former un gouvernement de coalition – qu’on attend toujours.

    « Cette victoire du HDP sur l’AKP était une chance pour les deux partis de s’affranchir de leurs ailes dures : les pro-lutte armée d’une part, les pro-Erdogan d’autre part », explique Samim Akgönül, chercheur au CNRS et spécialiste de la Turquie. « Mais en cet état de guerre, le président reprend le dessus et le KCK (Groupe des communautés du Kurdistan, un paravent du PKK) dicte ses conditions. Selahattin Demirtas est inaudible mais ce n’est pas le seul, tous les autres modérés aussi. »

    Mais le feu couvait depuis longtemps. Tout au long de la campagne pour les législatives, Erdogan – censé être cantonné, dans la lettre de la Constitution, à un rôle honorifique – n’a cessé de draguer le vote nationaliste aux dépends des Kurdes. A tel point que le président a torpillé en personne un processus de paix initié… par lui-même, dix ans plus tôt, quand il reconnaissait dans un discours historique l’existence du fait national kurde. Erdogan a critiqué son propre gouvernement quand celui-ci a présenté en février, conjointement avec des députés du HDP, un plan de paix en 10 points préparé par Abdullah Öcalan, le leader du PKK – qui appelait par la même occasion à déposer les armes. Une première, vite enterrée.

    • Le ouvertement turc au PKK : « C’est soit les armes, soit la démocratie »
      http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/07/27/la-turquie-lance-l-offensive-contre-les-kurdes_4700539_3218.html

      Les deux parties semblent déterminées à brûler tous les ponts, au risque de revenir aux terribles affrontements de la fin des années 1990, quand le sud-est du pays était ravagé par la guerre entre l’armée turque et le PKK, au prix de dizaines de milliers de morts et de millions de déplacés. Cette escalade aura un coût politique et économique au moment où la Turquie a besoin de plus de croissance et d’investissements.
      Nouvelles élections

      Ce changement de cap survient au moment où le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur), privé de sa majorité parlementaire depuis les législatives du 7 juin, tente péniblement de former un gouvernement de coalition. S’il n’y parvient pas avant la fin du mois d’août, il y aura de nouvelles élections.
      Selon les analystes, l’AKP entre en guerre contre l’EI et le PKK dans l’espoir de récupérer les voix perdues lors du dernier scrutin. Cette soudaine perte de popularité a été vécue comme une claque pour ce parti, vainqueur haut la main de toutes les élections depuis 2002.
      Le Parti républicain du peuple (CHP, kémaliste) joue lui aussi la carte préélectorale en annonçant sa bonne disposition à former un gouvernement avec l’AKP « pour le salut du pays ». Le grand perdant de la nouvelle donne est le Parti de la démocratie des peuples (HDP, gauche, prokurde), jusqu’ici en première ligne pour négocier l’accord de paix entre le PKK et le gouvernement.
      Les dirigeants du HDP se retrouvent désormais entre le marteau et l’enclume, marginalisés par les autorités pour leurs liens avec le PKK, contourné par la direction militaire du mouvement rebelle, moins encline que jamais à rendre les armes.

    • In Turkey’s New Conflict, Erdogan’s Powers at Stake - WSJ
      http://www.wsj.com/articles/in-turkeys-new-conflict-erdogans-powers-at-stake-1438183846

      A rise in nationalist feelings amid the bloodshed and an unfolding crackdown on the government’s Kurdish political foes could bolster AKP’s chances in such a new election, many analysts say.

      A two-percentage point shift from the last election could restore AKP’s absolute majority, making concessions demanded by its potential coalition partners on press freedom, corruption prosecutions and foreign policy unnecessary. This could also allow Mr. Erdogan to proceed with controversial plans to turn Turkey into a presidential republic and solidify his personal power.

  • Jailed PKK Leader Calls on Movement to Drop Arms
    http://english.al-akhbar.com/content/jailed-pkk-leader-calls-movement-drop-arms

    The jailed leader of the Kurdistan Workers’ Party (PKK) on Saturday urged the separatists to take a “historic” decision to lay down their arms, a key step in efforts to end Turkey’s long-running Kurdish insurgency.

    […]

    Reading a statement live on television, Sirri Sureyya Onder, a lawmaker from the pro-Kurdish Peoples’ Democratic Party (HDP), relayed a message from Abdullah Ocalan calling on the Kurdish rebels to hold a congress on disarmament in the spring.

    “We are in the process of ending the 30-year of conflict in the form of a perpetual peace, and our primary goal is to reach a democratic solution,” Onder quoted Ocalan as saying in a joint press conference with Deputy Prime Minister Yalcin Akdogan.

    “I’m calling on the PKK to hold an extraordinary congress in the spring months to take the strategic and historic decision on disarmament,” Ocalan’s message said. “This is a historic call to replace armed struggle with democratic politics.”

  • Turkey: Gov’t, HDP prepare joint text for Kurdish peace

    http://www.hurriyetdailynews.com/govt-hdp-prepare-joint-text-for-kurdish-peace.aspx?pageID=238&nID

    The most critical stage in hectic talks between the government and the Peoples’ Democratic Party (HDP) on the resolution process, which has recently gained visible momentum, has arrived.

    At meetings held on two consecutive days earlier this week, Deputy PM Yalçın Akdoğan and the HDP delegation, composed of Deputy Parliamentary Group Chair Pervin Buldan and Istanbul deputy Sırrı Süreyya Önder, drafted a “joint statement” which was put forward as a condition by the jailed leader of the outlawed Kurdistan Workers’ Party (PKK), Abdullah Öcalan, for the announcement of a “reinforced cease-fire.” In order not to encounter any problem from the PKK side, the HDP sent the text to the PKK headquarters in Iraq.

    President Recep Tayyip Erdoğan, who cut his trip to Latin America a day earlier than planned, also wanted to see the text before it was announced, sources said.

  • Öcalan, leader emprisonné du PKK turc et probablement du PYD syrien - les deux organisations qui fournissent le gros des combatants du YPG, la force kurde qui combat Da3ech au sol - menace la Turquie de cesser les négociations de paix avec le gouvernement Erdögan si Da3ech prenait la ville syrienne de Kobané/3aïn al-arab :
    http://english.al-akhbar.com/content/pkk-leader-threatens-end-peace-talks-turkey-if-isis-massacres-kur

    Jailed Kurdish militant leader Abdullah Ocalan has warned that peace talks between his group and the Turkish state will come to an end if Islamic State in Iraq and Syria (ISIS) militants are allowed to carry out a massacre in a predominantly Kurdish town on the Syrian border.
    ISIS militants have besieged the border of town of Kobani for more than two weeks, sending more than 150,000 Syrian Kurds fleeing to Turkey and piling pressure on the NATO member to intervene.
    “If this massacre attempt achieves its goal it will end the process,” Ocalan, leader of the Kurdistan Workers Party (PKK), said in a statement released by a pro-Kurdish party delegation which visited him in jail on Wednesday.

    Si l’accusation de collusion entre Da3ech et le gouvernement n’était pas assez claire :

    A PKK leader, Dursun Kalkan, also appealed for “all Kurds to unite their forces,” accusing the Turkish government of “collaboration” with ISIS radicals.

    Le tout dans un contexte où la Turquie parle de créer une zone tampon - donc d’envahir le territoire syrien - en utilisant le prétexte de Da3ech, le parlement turc majoritairement acquis à l’AKP d’Erdögan devant être consulté bientôt sur la question d’une implication directe des forces turques sur le terrain :
    http://seenthis.net/messages/298008

    • Sur le thème d’une éventuelle alliance objective entre le gouvernement turc et Da3ech, voici ce qu’en dit l’opposant syrien Haytham al-Manna (représentant à l’étranger du CNCCD) :
      http://www.madaniya.info/2014/09/29/turquie-principal-beneficiaire-du-petrole-extrait-par-daech

      La coalition occidentale baigne dans la contradiction. Ainsi la Turquie entretient à ce jour des relations avec Da’ech. Comment se convaincre que la Turquie est hostile à Da’ech, alors qu’Ankara est le principal bénéficiaire de la commercialisation du pétrole extrait par Da’ech. Certes, la Turquie a retiré 1.000 combattants de Syrie, mais en a maintenu 18.000 dans les villes, les villages et les quartiers.
      Avec l’intensification des raids sur Raqqa et Abou Kamal, la question qui se pose est de savoir quelle force succédera à Da’ech dans les zones qu’il a évacuées. La question est prématurée car la carte politique et militaire est évolutive.
      La confusion est grande sur le terrain. L’on nous annonce le bombardement des positions du khorrassan (subdivision de Da’ech spécialisée dans les opérations extérieures) et l’on constate que les cibles visées n’avaient aucun rapport avec les groupements djihadistes ni avec Jobhat An Nosra, ni avec Al-Qaida.

    • Déjà un train de retard : le parlement turc a autorisé le déploiement de forces turques en Syrie :
      http://www.lefigaro.fr/international/2014/10/02/01003-20141002ARTFIG00359-l-armee-turque-autorisee-a-agir-contre-daech.php

      Le Parlement turc a approuvé jeudi à une très large majorité une motion autorisant l’intervention de l’armée turque en Syrie et en Irak, permettant à la Turquie de rejoindre la coalition internationale formée contre l’État islamique. Le texte permet à Ankara, s’il le juge nécessaire, de déployer des soldats en Syrie et en Irak et d’accueillir sur son sol des troupes étrangères « qui seront utilisées dans un cadre à définir par le gouvernement ».

      Mais contrairement aux attentes des pays de la coalition, cette motion ne signifie pas pour autant que la Turquie fera partie des forces de frappe des opérations aériennes et terrestres contre l’État islamique. À la veille du vote, le président Recep Tayyip Erdogan donnait le ton. « Nous sommes prêts à toute sorte de collaboration pour combattre le terrorisme. Mais tout le monde doit savoir que la Turquie ne se laissera pas utiliser dans des recherches de solutions temporaires », affirmait-il. Avant le vote, il avait fait savoir deux conditions qu’il considère « indispensables » : l’établissement d’une « zone de sécurité » et d’une zone d’exclusion aérienne au nord de la Syrie. Car pour Ankara, les priorités sont avant tout la chute de régime de Bachar el-Assad et éviter une éventuelle autonomie du Kurdistan syrien, contrôlée par le YPG, branche syrienne du PKK.

  • Le nouveau PKK a déclenché une #révolution_sociale au Kurdistan - OCL - Organisation Communiste Libertaire
    http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1574

    En guise d’introduction

    Les positions et références politiques du parti de libération nationale kurde PKK, en guerre ouverte avec la Turquie, ont commencé à changer à la fin des années 1990, lorsque son leader Abdullah Öcalan, emprisonné à vie, dans le contexte post-soviétique de l’écroulement du « #socialisme réellement existant », découvrit les réflexions théoriques de l’#écologie_sociale développées par le militant et intellectuel #anarchiste-communiste étatsunien Murray Bookchin.

    Le PKK a fait siennes et adapté les idées de l’influent et controversé théoricien anarchiste, ainsi que celles d’autres intellectuels et mouvements (comme les #zapatistes) et les a intégré à sa propre proposition, le confédéralisme démocratique. Ce dernier a commencé à être mis en application dans les structures organisationnelles du mouvement de libération kurde et dans les territoires dans lesquels il a une présence, en fondant la Confédération des peuples du Kurdistan (KCK) et en impulsant une nouvelle dynamique : un mouvement de transformation sociale de type #assembléiste et fédéraliste, prenant en charge la « question nationale » et essayant d’y apporter une réponse politique tournant le dos au schéma de l’État-nation et à ses impasses.
    Dynamique singulière au regard du contexte régional dans la mesure où elle s’oppose frontalement à toutes les tendances dominantes en concurrence ou en conflit ; en défendant la laïcité, l’égalité, la libération des femmes et la lutte contre le patriarcat, en expérimentant une économie (de guerre) en #rupture avec le capitalisme et le productivisme, en réinventant et mettant en pratique une réappropriation de la politique par l’instauration d’un embryon d’autonomie politique territoriale, la mise en place d’un pouvoir des assemblées locales et communales et le dépassement des séparations et des enfermements identitaires en prenant en compte l’existence des minorités et des singularités et la pluralité des sujets sociaux… Vaste chantier.

    Ces derniers mois, les #guérilleros – hommes et femmes – du PKK turcs se sont déplacés d’abord en Syrie puis récemment en Irak pour combattre les forces djihadistes de l’État islamique aux côtés de leurs camarades des autres branches du mouvement de libération nationale et sociale kurde. Ces combattant-e-s sont aujourd’hui les seuls à tenir tête aux djihadistes, en Syrie comme en Irak, les seuls qui encouragent et aident concrètement les populations à créer leur propres unités d’auto-défense (notamment en ce moment même les réfugiés yézidis chassés de la région de Sindjar) et parviennent à faire reculer les islamistes, à les mettre en déroute, malgré le déséquilibre des forces, notamment sur le plan matériel de l’équipement militaire.

  • #Turquie, #Kurdistan, #prison, #PKK, #Strasbourg, #droits_homme
    Estrasburgo condena a Turquía por «trato inhumano» al líder kurdo #Abdullah_Oçalan

    El Tribunal Europeo de Derechos Humanos ha condenado a Turquía por haber impuesto una pena de prisión «incomprensible», sin posibilidad de libertad condicional, al líder kurdo Abdullah Oçalan.
    ...

    http://www.naiz.info/eu/actualidad/noticia/20140318/estrasburgo-condena-a-turquia-por-trato-inhumano-a-abdullah-ocalan