person:alain chouet

  • Syrie : les dangers de l’après Bashar El-Assad
    http://www.marianne.net/Syrie-les-dangers-de-l-apres-Bashar-El-Assad_a220851.html

    Loin de soutenir le régime syrien qualifié d’« autoritaire, brutal et fermé », l’ancien chef de la DGSE s’inquiète surtout de l’empressement des pays occidentaux « à favoriser partout les entreprises intégristes encore moins démocratiques que les dictatures auxquelles elles se substituent et à vouer aux gémonies ceux qui leur résistent » ainsi que les incohérences d’un Occident si « prompt à condamner l’islamisme chez lui, et qui se retrouve à en encourager les manoeuvres dans le monde arabe et musulman ».

    Une schizophrénie surprenante et un pari risqué : « l’avenir dira (…) si les investissements massifs du Qatar et de l’Arabie dans nos économies en crise valaient notre complaisance face à la montée d’une barbarie dont nous aurions tort de croire que nous sommes à l’abri ».

    Propos d’Alain Chouet, ancien responsable de la DGSE, il y a tout juste quatre ans.

  • Antiterrorisme : la destruction du renseignement

    "La DGSI, et même le renseignement extérieur, semblent sourds et aveugles à ce qui se trame au Moyen-Orient en général – et en Syrie en particulier. Et même impuissants à exploiter les informations transmises par d’autres centrales. Les services français avaient pourtant bénéficié, avant les attentats du vendredi 13 décembre 2015, d’« informations que plusieurs services de renseignement arabes ont transmises à leurs homologues occidentaux », et selon lesquelles « six capitales ont été ciblées en priorité par l’État islamique : Paris, Londres, Moscou, Le Caire, Riyad et Beyrouth ». Selon ces renseignements, plusieurs « émirs » étaient chargés de superviser des opérations dans chaque zone visée et disposaient d’une large autonomie opérationnelle. Ils ne répondaient qu’à Abou Ali al-Anbari, le chef du Conseil de sécurité et de renseignement de l’État islamique.

    Selon les mêmes informateurs, Abdelhamid Abaaoud était chargé d’organiser des attentats terroristes en France, en Espagne et en Italie. Un autre « émir » terroriste, d’origine pakistanaise, serait chargé de la Grande-Bretagne. Cette stratégie de la terreur aurait été décidée lors d’une réunion tenue autour d’Abou Bakr al-Baghdadi, fin juin 2015, à Mossoul. Dès lors, les opérations terroristes en Europe devaient être menées par des djihadistes aguerris en Irak ou en Syrie, placés directement sous les ordres de cadres du Conseil de sécurité et de renseignement de l’État islamique et non plus par des groupes spontanés ou autres « loups solitaires », comme jusqu’en janvier 2015.

    De même, le lundi 16 novembre 2015, un responsable gouvernemental turc affirmait, on l’a dit, que la police de son pays avait alerté la police française par deux fois, en décembre 2014 et en juin 2015, à propos d’Ismaël Mostefaï, l’un des terroristes kamikazes du Bataclan, mais qu’elle n’avait reçu aucun retour. Pourtant, son cas était particulièrement inquiétant : « Les services secrets savaient dès 2009 qu’Ismaël Mostefaï, l’un des kamikazes du Bataclan, s’était radicalisé à Chartres, dans un groupe dirigé par un vétéran du djihad, cerveau d’un attentat au Maroc en 1994. Au printemps 2014, la DGSI a perdu la trace de Mostefaï après l’avoir repéré à Chartres, quelques mois après son probable retour de Syrie. Il avait franchi la frontière turque le même jour qu’un autre kamikaze du Bataclan, Samy Amimour. »

    Les services français auraient également reçu des signalements du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le service algérien, à propos d’Ismaël Mostefaï. Le DRS aurait repéré le futur tueur du Bataclan et l’aurait surveillé fin 2014. Le service algérien avait en effet découvert qu’il était membre d’une cellule de recrutement de djihadistes pour la Syrie, au nom de laquelle il aurait été chargé de transporter des messages, de l’argent et des faux documents. Par ailleurs, le site d’information Mondafrique évoquait, en novembre 2015, un signalement du DRS à la DGSE, en octobre. Mais, une fois encore, ces informations n’auraient pas été sérieusement exploitées.

    Enfin, la communication entre les différents services français de renseignement et de police semble avoir été catastrophique jusqu’au bout. À l’automne 2015, plusieurs responsables de la lutte antiterroriste se plaignaient ainsi de la rétention d’informations pratiquée par la DGSI, laquelle avait visiblement le plus grand mal à partager ses fiches « S » (atteinte à la sûreté de l’État). La DRPP, la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire, mais aussi la DNRED et Tracfin s’en plaignaient clairement, surtout depuis les attentats de janvier 2015. Même la DGSE semblait souffrir de cette rétention d’informations, alors qu’une cellule de liaison entre ce service de renseignement extérieur et le renseignement intérieur était logée au siège de la DGSI, à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).

    Et pourtant…

    « J’ai acquis la conviction que les hommes de Daech ont l’ambition et les moyens de nous atteindre beaucoup plus durement en organisant des actions d’ampleur, incomparables à celles menées jusqu’ici. Je le dis en tant que technicien : les jours les plus sombres sont devant nous », prévenait le juge d’instruction Marc Trévidic, le 30 septembre 2015, dans Paris Match, alors qu’il quittait le pôle judiciaire antiterroriste, après dix ans d’enquêtes. Le vendredi 13 novembre 2015, son avertissement devint prédiction.

    Et pourtant, surtout depuis les tueries de Mohamed Merah, en mars 2012, les gouvernements ont multiplié les réformes du dispositif judiciaire antiterroriste. Pas moins de quatre lois ont été votées en quatre ans, et les décrets d’application de la plus récente, la loi sur le renseignement promulguée le 24 juillet 2015, ont été publiés à peine plus d’un mois avant les attentats de novembre 2015. En réponse à la tentative de fusillade du 21 août 2015 dans le Thalys Amsterdam-Paris, l’Assemblée nationale devait même commencer, mardi 17 novembre 2015, l’examen d’un nouveau projet de loi élargissant les pouvoirs de fouille des agents SNCF, RATP et des policiers dans les transports. Vendredi 13 novembre, Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, présentait un plan de lutte contre les filières d’armement du banditisme et du terrorisme, à la préfecture des Hauts-de-Seine.

    Et pourtant, encore, la loi relative au renseignement promulguée le 24 juillet 2015 avait considérablement étendu les pouvoirs des services de renseignement, en légalisant des techniques de surveillance très intrusives, comme la sonorisation de locaux et de domiciles, les IMSI-catchers, ces valises qui imitent le fonctionnement d’une antenne-relais sur laquelle se connectent donc les téléphones mobiles proches et qui permettent l’interception de conversations…

    Les moyens financiers et en effectifs des services du renseignement avaient également été renforcés. Transformée en DGSI, en juin 2014, et placée directement sous la tutelle du ministre de l’Intérieur, la DCRI s’était vu promettre 432 postes supplémentaires ainsi qu’un budget supplémentaire de fonctionnement de 12 millions d’euros par an. Le plan antiterroriste annoncé par le Premier ministre Manuel Valls, en janvier 2015, y ajoutait un renfort de 1 400 policiers et gendarmes supplémentaires sur trois ans, dont 1 100 pour le renseignement intérieur…

    Et pourtant, enfin, en juillet, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve avait créé et placé sous son contrôle direct un état-major opérationnel de prévention du terrorisme (EMOPT) censé coordonner les différents services et éviter que de nouveaux djihadistes ne passent entre les mailles du filet du renseignement. L’EMOPT « est chargé de piloter la totalité du dispositif de détection et de suivi des individus radicalisés susceptibles de commettre un acte terroriste », soulignait Bernard Cazeneuve, le 29 octobre 2015, à l’Assemblée nationale.

    « Sponsors » de l’État islamique

    Dans son entretien avec Frédéric Helbert, le juge d’instruction antiterroriste Marc Trévidic insistait : « La menace est à un niveau maximal, jamais atteint jusqu’alors. D’abord, nous sommes devenus pour l’État islamique l’ennemi numéro un. La France est la cible principale d’une armée de terroristes aux moyens illimités. » Or, la question des « moyens illimités » du terrorisme islamiste est le tabou par excellence de la communication politique. Un tabou que les vrais experts du renseignement n’ont parfois plus le cœur de respecter.

    Alain Chouet a été le chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE, de 2000 à 2002, après avoir été en poste à Beyrouth, Damas, Rabat, etc. Au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, il affirmait ne pas avoir été surpris par ceux-ci : « Cela fait au moins un an que les spécialistes du renseignement agitent le drapeau pour prévenir du risque imminent d’attentat. Il faut bien comprendre que l’État islamique ayant une vraie stratégie pour se développer sur le terrain en tant qu’État, et commençant à perdre pied quand ses ressources se tarissent, opère une transition vers le terrorisme international, comme Al-Qaïda à son époque. Il s’agit pour l’État islamique de garder sa crédibilité, ses sponsors et ses soutiens. »

    À propos de ces « sponsors » et « soutiens » du terrorisme projeté par l’État islamique, Alain Chouet ne mâchait pas ses mots : « Oui, il y a les sponsors idéologiques et financiers du terrorisme. Les pétromonarchies du Golfe, qui essayent par tous les moyens – et en particulier par la diffusion de l’idéologie salafiste – d’empêcher la constitution d’un axe chiite du Liban jusqu’à l’Iran, qui ont un problème de légitimité musulmane, et qui veulent empêcher toute dérive démocratique. L’Arabie saoudite, par exemple, s’emploie depuis trente ans à distiller le message salafiste et wahhabite en Europe, à travers des écoles et des fondations, et le résultat est là aujourd’hui. » Le propos est on ne peut plus clair et net. J’y reviendrai précisément un peu plus loin.

    Comme pratiquement toutes mes autres sources au sein du renseignement, l’ex-chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE dénonçait aussi vigoureusement la bureaucratisation du métier : « À la DGSE, aujourd’hui, il doit y avoir 4 500 à 5 000 personnes, dont 1 000 qui font de l’administratif. Le problème n’est pas tant les effectifs que la qualité et l’utilisation des effectifs, comme à la DGSI. J’ajoute qu’à la gendarmerie, il y a 80 000 personnes qui, à une époque, quadrillaient le territoire et parlaient à tout le monde. On les a reconvertis en percepteurs d’impôts et pères fouettards sur le bord des routes, au lieu de créer un corps spécifique, une police des routes. Du coup, le maillage territorial du renseignement et la défense opérationnelle du territoire ont été affaiblis. »

    Destruction du renseignement financier

    Mais ce qui a sans doute été le plus affaibli, pour ne pas dire tout simplement brisé, c’est le renseignement financier. Le jeudi 26 novembre 2015, Aleph me le dit, une nouvelle fois, crûment : « Lorsque les RG travaillaient sur le financement du terrorisme, ses enquêteurs tombaient aussi souvent sur d’autres malversations : évasion fiscale, financement politique illégal, corruption… Je suis convaincu que le démembrement et l’absorption des RG par la DST, lors de la création de la DCRI, en 2008, ont été voulus par Nicolas Sarkozy et ses généreux amis qui avaient beaucoup à craindre du renseignement financier. » Résultat : les arcanes du financement d’un terrorisme toujours très coûteux sont plus obscurs et impénétrables que jamais pour le renseignement français.

    Aleph confirme ainsi les analyses contenues dans un document confidentiel d’une rare sévérité, rédigé par un collectif d’officiers de la DCRI, ce « FBI à la française ». Rédigé sur 14 pages, en style parfois télégraphique, ce véritable audit du service de renseignement, mais aussi de nombreuses autres directions de la police nationale compétentes en matière de délinquance financière, a été remis le 16 février 2013 aux parlementaires du groupe de travail sur les exilés fiscaux, constitué un mois et demi plus tôt. « Avant la réforme de 2008, les renseignements généraux disposaient d’un réseau territorial de remontées d’informations économiques et financières. Ses services centraux disposaient d’un accès aux déclarations Tracfin et apportaient des éléments de travail à Tracfin. Les RG avaient mis en place un maillage au sein des employés des établissements bancaires pour faire remonter de l’information financière en amont de Tracfin et recueillir des informations non filtrées. Lors de la réforme des services de renseignement survenue en 2008, la recherche du renseignement financier a été centralisée au sein de la sous-direction en charge de la protection du patrimoine économique et financier de la DCRI… » Et dès lors, les informations recueillies sont tombées dans les oubliettes du « secret défense ».

    Aussi, la note très précise des officiers de police encourageait les élus à interroger, si possible dans le cadre d’une commission d’enquête parlementaire, les anciens et actuels patrons ou responsables de la DCRI (dont Bernard Squarcini, Gilles Gray, Éric Bellemin-Comte…), notamment celles et ceux qui étaient et sont encore chargés du renseignement économique et financier. Les auteurs du document suggéraient même aux parlementaires des questions lourdes de sens, révélant, d’une part, la surveillance étroite opérée par la DCRI sur l’organisation de la fraude fiscale internationale et dénonçant, d’autre part, la non-transmission à la justice des informations considérables recueillies lors de cette surveillance.

    Bernard Squarcini, Gilles Gray, Éric Bellemin-Comte… Dans le cadre d’une esquisse d’enquête sur la destruction du renseignement français, quelques questions sur leurs itinéraires professionnels se posent tout naturellement."

    https://blogs.mediapart.fr/antoine-peillon/blog/230316/antiterrorisme-la-destruction-du-renseignement

  • Hier soir, diffusion en deuxième partie de soirée sur France 2 de l’émission « Un oeil sur la planète » intitulée « Syrie, le grand aveuglement » et présentée par Samah Soula.
    C’est un renversement RADICAL de la narrative qui a dominé jusqu’ici les médias occidentaux qui a été donné à voir aux téléspectateurs du service public.
    Bon nombre de points discutés plusieurs fois sur seen this y ont été pêle-mêle évoqués :
    – de la présence de groupes armés violents très tôt s’immisçant parmi les manifestants
    – la volonté diplomatique occidentale de ne pas voir la résilience et le soutien relatif du régime dans une partie de la population
    – le biais des médias et l’obsession anti-Assad des occidentaux
    – l’influence des pétromonarchies sur une opposition extérieure déconnectée des réalités du terrain
    – la question du salaire des groupes armés syriens de l’étranger, la domination des groupes jihadistes sur la rébellion armée très tôt en 2012
    – l’armement de ces groupes par les occidentaux dont la France avec la violation de l’embargo européen (et les missiles anti-chars Milan)
    – la possibilité que le régime ne soit pas responsable de l’attaque à l’arme chimique de la Ghouta orientale et qu’al-Nusra avait lui aussi des armes chimiques utilisées plus tôt à Khan al-Assal
    – la dimension géopolitique et énergétique du conflit, ...

    Avec des interviews d’Alain Chouet, G. Malbrunot, Randa Kassis, Frédéric Pichon, ...

    Durée 1h24, visionnable en replay ici : http://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/un-oeil-sur-la-planete/un-oeil-sur-la-planete-du-jeudi-18-fevrier-2016_1310651.html
    ou sur youtube là : https://www.youtube.com/watch?v=Kh8FnLJFTMA

  • Je pense qu’on peut désormais renoncer à l’idée d’avoir des discussions rationnelles avec ces « experts de la Syrie » : ici Joshua Landis trouve « important » de lire le bobologue des jihadistes, « qui est toujours intelligent » :
    https://twitter.com/joshua_landis/status/693523119374360576

    Important to read @RomainCaillet who is always smart

    La référence, en l’occurence, est cette « Introduction à la jihadologie », dans laquelle l’un des points les plus intellectuellement ravigorants consiste à expliquer que les universitaires qui n’adhèreraient pas aux charmes de cette nouvelle discipline (collectionner les vignettes Panini de jihadistes, pour reprendre @le_bougnoulosophe) sont des complotistes influencés par des « intellectuels du monde arabe » (entre guillemets) eux-mêmes complotistes :
    http://www.terrorisme.net/p/article_260.shtml

    Autre raison d’éviter ce thème de recherche, la crainte de nombreux chercheurs de susciter la réprobation des « intellectuels du monde arabe », dont une bonne partie voit dans le jihadisme, non pas un courant politique minoritaire, mais un « complot occidental », financé par les pays du Golfe et dirigé par les services de renseignements israéliens (sic !). Sous une forme plus atténuée, ce complotisme touche aussi des universitaires parfois reconnus, dénigrant ces « jihadologues » incapables de comprendre que derrière ces « idiots utiles » de jihadistes se cachent un « État profond » ou d’autres « marionnettistes » régionaux.

    • Colère salutaire de Myriam Benraad :
      https://twitter.com/myriam_benraad/status/693210229786435584

      Pionnier de la « jihadologie » par dénigrement non étayé, non sourcé des « universitaires complotistes » : il fallait le faire. Bravo l’artiste.

      https://twitter.com/myriam_benraad/status/693591793397534720

      Expert en retweetage des vidéos de l’État islamique et vous voulez nous imposer « ça » comme monument de la pensée ? Allez vous faire foutre.

      https://twitter.com/myriam_benraad/status/693698006995091456

      RC, ne m’envoie pas tes employeurs « anciens de » pour me dire que mes livres sont mauvais. Raffine tes techniques stp. Petit monsieur va.

      https://twitter.com/myriam_benraad/status/693826874384998401

      Ca te fait de l’universitaire complotiste avec tout ca : va te faire foutre gros connard. C’est assez complotiste pour toi la j’espere ?

    • Également une série de @le_bougnoulosophe :

      https://twitter.com/bougnoulosophe/status/693529757628112900

      1. Je l’ai dit la « jihadologie » est le dernier avatar de l’orientalisme, comme ce dernier, elle a des fondements racistes...

      https://twitter.com/bougnoulosophe/status/693530174902657024

      2. Le petit escroc de Romain Caillet nous en donne la preuve, voici comment il voit les "intellectuels arabes"...
      [même citation que ci-dessus sur les « complotistes »]

      https://twitter.com/bougnoulosophe/status/693531734953050114

      3. S’il entendait ce monceau de conneries (arrogantes et diffamatoires) le pauvre Edward Said ferait des triples saltos dans sa tombe !

      https://twitter.com/bougnoulosophe/status/693533706817003521

      4. R.Caillet n’innove pas : une vieille lubie des orientalistes de prétendre connaître les « Arabes » mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes.

      https://twitter.com/bougnoulosophe/status/693534787642986496

      5. Déjà E.Renan expliquait que « l’oriental » n’était pas transparent à lui-même qu’il avait besoin de l’orientaliste pour se révéler à lui...

    • Oui assez étonnant, d’autant que depuis quelques temps, Landis qui avait toujours eu pour lui, malgré des analyses erratiques, une certaine honnêteté factuelle qui le distinguait de la plupart des « spécialistes » français de la Syrie, avait saisi qu’au-delà de la question du régime et de Bashar, l’option maximaliste de l’opposition et de ses sponsors portait la guerre à un niveau supérieur : celui de la viabilité de l’Etat. Il était aussi un des rares à noter que l’alternative régime/opposition n’habitait pas ou plus les esprits de la plupart des Syriens, d’abord pressé de voir finir cet interminable conflit - chose qui à mon avis est vraie depuis bien longtemps déjà.
      Illustration dans cette série de tweets échangés avec l’inénarrable Thomas Pierret :
      https://twitter.com/joshua_landis/status/691257067156312064
      https://twitter.com/joshua_landis/status/691261223959027712

      Caillet, lui, est une starlette médiatique avec un travail académique récent et encore maigre. Et ça me fait drôle de voir que Benraad, qui est dans la même catégorie de ce point de vue là, reprend comme il se doit notre Calimero de la jihadologie. Un bon point pour elle, je dois l’admettre.
      Car, à côté, sur l’Irak, elle a été l’invitée permanente, alors qu’on aurait attendu plutôt Luizard, étrangement absent des ondes. De surcroît, Benraad qui s’est faite la championne de la thèse des #sunnites_humiliés en Irak - mais sans épargner les Américains, il est vrai -, ce qui reste tout de même problématique, la projette sans plus de précaution que ça sur le terrain syrien quand elle s’est trouvée sur le plateau de Taddéi, ou d’autres.
      Pour avoir lu le « Piège Daech » de Luizard, pas très bon et probablement issu d’une commande éditoriale, Luizard ne commet pas ce genre de bêtises et quelques unes de ces pages où il compare le confessionnalisme du régime syrien et celui de l’Irak post-2003 montre qu’il a un peu plus le sens de la nuance que sa jeune collègue. On y trouve même quelques bonnes pages sur le deal Barzani-Daech qui mena à la prise de Kirkouk et de Mossoul par les deux contractants, avant que le deal ne soit rompu par la prise du Sinjar ; pages qui prennent tranquillement le risque de se faire traiter de « complotiste » dans l’atmosphère actuelle.

      Bon, bref, un peu déçu moi aussi.

      PS : Rigolo tout de même, une fois de plus, de voir comment les jugements symétriquement opposés des Burgat boys et de Kepel sur l’islamisme puis le jihadisme, reposent sur les mêmes analyses, les mêmes fascinations grossissantes et la même dénonciation du complotisme...

    • Sinon, assez amusant : personne ne semble avoir relevé que Caillet évoque (mais trop essayer de le réfuter) l’argument selon lequel la « jihadologie » ferait le jeu des tarés :
      http://www.terrorisme.net/p/article_260.shtml

      La principale raison de ce rejet demeure cependant idéologique : la crainte de donner des arguments à l’extrême-droite en plaçant sous les projecteurs un phénomène anxiogène, légitimant des sentiments xénophobes au sein de la population française.

      Or que disait l’article qui le présentait si positivement dans Libé ? Romain Caillet. Jihad geek
      http://www.liberation.fr/planete/2015/04/01/romain-caillet-jihad-geek_1233089

      Suivi principalement par des journalistes, des jihadistes et des identitaires d’extrême droite, Caillet tweete inlassablement entre 13 heures et 5 heures du matin.

      Hum… « C’est dur d’être aimé par des cons » ?

    • D’ailleurs vous avez des références sérieuses sur la question du « terrorisme international », ou plutôt « jihadisme armé » ? Il y a le bouquin d’Alain Chouet qui est extrêmement intéressant, mais parfois aussi idéologique (dans le mauvais sens du terme) et surtout date beaucoup (le monsieur est sorti des services en 2002 je crois..). Je suis donc à la recherche de sources sérieuses en anglais et français. Et Kepel, vous en pensez quoi ?

  • Alain Chouet (entretiens avec Jean Guisnel), Au cœur des services spéciaux. La menace islamiste : fausses pistes et vrais dangers , Éd. La Découverte, coll. La Découverte Poche/Essais, 2013, 324 pages.
    Note de lecture Bruno Ollivier
    https://questionsdecommunication.revues.org/8790

    « L’auteur note que, avec l’aide armée des Occidentaux, les régimes laïques qui permettaient que vivent ensemble des populations aux croyances et aux origines diverses ont été remplacés par des régimes qui fonctionnent sur des bases ethniques et religieuses. Les États-Unis ont armé et financé les talibans pour renverser le régime laïc afghan, accusé d’être communiste, et ont contribué à l’encerclement de l’urss par des régimes religieux. Après avoir été utilisé pour conduire une guerre contre l’Iran, le régime de Saddam Hussein – qui permettait la coexistence de populations Druzes, sunnites, alevis, etc. dans le même État – a été renversé par les Occidentaux pour voir le pays sombrer dans les conflits religieux. Dès qu’il s’est doté d’une constitution et d’un système électoral permettant le pluralisme, l’émirat de Bahreïn a été envahi par l’Arabie de la famille Saoud qui a renversé le régime élu (sans que les médias occidentaux ne s’en émeuvent). La Syrie risque de se voir transformée en une mosaïque de pays construits sur des fondements confessionnels… Pourquoi ces stratégies des Occidentaux ? Sans doute parce qu’ils préfèrent avoir comme interlocuteurs des petits États ethniques et confessionnels que de grands États laïcs. C’est ce qu’ils ont montré en Yougoslavie. L’argument qu’ils mettent en avant dans leur communication est celui de la démocratie, au nom de laquelle ils renversent les régimes en place. Alain Chouet montre l’hypocrisie de ces positions. »
    https://questionsdecommunication.revues.org/8790

    #Alain_Chouet #islamisme #Géo_stratégie

  • « Il va falloir se poser des questions sur les dispositifs d’intervention multi-#attentats, constate un policier parisien. Nous avons été dépassés sur tout. »

    https://www.mediapart.fr/journal/france/191115/comment-manuel-valls-ete-exfiltre-300-metres-des-tirs

    « C’est de la communication », commente un haut responsable policier à Paris.

    http://lemonde.fr/police-justice/article/2015/11/23/dans-le-val-d-oise-recit-d-une-perquisition-musclee_4815543_1653578.html

    • Comment Manuel Valls a été exfiltré à 300 mètres des tirs (Mediapart) « Les policiers ont évacué M. #Valls cinq minutes après les tirs. » C’est le récit du patron d’un café voisin du domicile du premier ministre, et situé à trois cents mètres de l’attaque de la rue de Charonne. « On a entendu les coups de feu, explique-t-il à Mediapart, et on a pensé à un règlement de comptes. Une personne est arrivée en courant, et elle est allée vers les policiers qui se trouvaient en face. Ils se sont mis en position de tir (en joue). Très vite M. Valls est parti. » Dans un autre bar, aussi, le départ du premier ministre n’est pas passé inaperçu. « On a entendu les coups de feu d’ici, explique l’autre patron. On a vu un convoi qui emmenait Manuel Valls : il y avait cinq ou six voitures noires. »

      La présence de Valls dans le quartier est notoire. Il n’hésitait pas à prendre longuement la pose aux terrasses de certains cafés. Et à fait interdire par force #police bien de manifestations de sans papiers qui risquaient de passer sous ses fenêtres.

      #onépluchénou

      #paywall

    • #police #renseignement #services_secrets

      Un ex-directeur de la DGSE : « On a baissé la garde sur le renseignement humain » | Mediapart
      https://www.mediapart.fr/journal/france/201115/un-ex-directeur-de-la-dgse-baisse-la-garde-sur-le-renseignement-humain?ong

      Manquons-nous de renseignements en provenance de pays déstabilisés ou en guerre comme la Syrie, l’Irak, la Libye ?

      Alain Chouet : Énormément, oui. La France a rompu tous les liens de la DGSE avec les services syriens. Or les services secrets sont faits pour dîner avec le diable, sinon ils ne servent à rien. Que le pouvoir politique ait voulu rompre avec le régime syrien, c’est une décision qu’il a toute légitimité pour prendre. Mais le rôle des services spéciaux est de permettre – si besoin est – de maintenir un canal discret de communication.

      Quand, récemment, les services syriens ont tenté de rétablir un canal discret via d’anciens responsables des services français [il s’agit notamment de Bernard Squarcini, l’ancien patron de la DCRI – ndlr], il leur a été opposé un refus catégorique. Que ce soit à droite ou à gauche, il y a une méconnaissance de ce qu’est un service spécial. Notre métier est de garder le contact avec des gens infréquentables. Nous ne sommes ni des juges, ni des flics, ni des diplomates, qu’on nous laisse parler aux agents syriens ne serait pas une reconnaissance politique du régime de Bachar.

      Avec la Libye et l’Irak, on a aussi perdu quelques bons clients ces dernières années. Ce n’était pas toujours blanc de poil, mais on avait l’habitude de travailler avec eux contre la violence islamiste. On savait que sur une liste de 50 islamistes qu’ils nous envoyaient, il y avait en fait cinq opposants à leur régime. On en tenait compte. Aujourd’hui, on est aveugles, on n’a plus rien qui vienne de ces trois pays. Et dans les zones grises où il n’y a plus vraiment de pouvoir d’État, au Sahel ou ailleurs, il est difficile d’envoyer un blond aux yeux bleus se trimballer, ou de recruter des agents sur place, avec des groupes islamo-mafieux très dangereux qui tuent sans hésiter.

      (…) À la #DGSE aujourd’hui, il doit y avoir 4 500 à 5 000 personnes, dont 1 000 qui font de l’administratif. Le problème n’est pas tant les effectifs que la qualité et l’utilisation des effectifs, comme à la #DGSI. J’ajoute qu’à la #gendarmerie, il y a 80 000 personnes qui, à une époque, quadrillaient le territoire et parlaient à tout le monde. On les a reconvertis en percepteurs d’impôts et pères Fouettard sur le bord des routes, au lieu de créer un corps spécifique, une police des routes. Du coup, le maillage territorial du renseignement et la défense opérationnelle du territoire ont été affaiblis.

  • L’ancien chef du service de la DGSE : « Nous sommes alliés avec ceux qui sponsorisent depuis trente ans le phénomène djihadiste »
    http://www.crashdebug.fr/actualites-france/10914-l-ancien-chef-du-service-de-la-dgse-nous-sommes-allies-avec-ceux-qu

    http://www.crashdebug.fr/images/stories/addons/images/Images+globales/2015/novembre/hollande_quatar_16_11_2015.jpg

    Quand je vous parlais de prendre ses responsabilités... Du reste, si vous ne l’avez pas encore vue, ne loupez pas l’interview mémorable de Ziad Takieddine à ONPC ça serait dommage... (Informations complémentaires)

    Merci aux Brindherbes engagés...

    Update 16.11.2015 IMPORTANT : Terrorisme et « État Profond »

    Pour Alain Chouet, ancien chef du service de renseignements de sécurité à la DGSE, la « guerre de civilisation » et celle contre le « terrorisme » brandies par le gouvernement comme par l’opposition de droite constituent une imposture qui en masque une autre, celle de l’alliance militaire entre les pays occidentaux et les parrains financiers du djihad.

    HD. Comment analysez-vous le profil de Yassin Salhi ? Correspond-il à celui du « loup solitaire » ou à celui d’un terroriste (...)

  • L’ancien chef du service de la DGSE :« Nous sommes alliés avec ceux qui sponsorisent depuis trente ans le phénomène djihadiste »
    http://www.crashdebug.fr/index.php/actualites-france/10914-l-ancien-chef-du-service-de-la-dgse-nous-sommes-allies-avec-ceux-qu

    http://www.crashdebug.fr/images/stories/addons/images/Images+globales/2015/novembre/hollande_quatar_16_11_2015.jpg

    Quand je vous parlais de prendre ses responsabilités..... Du reste si vous ne l’avez pas encore vue, ne loupez pas l’interview mémorable de Ziad Takieddine a ONPC ça serait dommage... (Informations complémentaires)

    Merci aux Brindherbes engagés...

    Pour Alain Chouet, ancien chef du service de renseignements de sécurité à la DGSE, la « guerre de civilisation » et celle contre le « terrorisme » brandies par le gouvernement comme par l’opposition de droite constituent une imposture qui en masque une autre, celle de l’alliance militaire entre les pays occidentaux et les parrains financiers du djihad.

    HD. Comment analysez-vous le profil de Yassin Salhi ? Correspondil à celui du « loup solitaire » ou à celui d’un terroriste agissant pour le compte d’une organisation structurée ?

    ALAIN CHOUET. (...)

  • Alain Chouet : « Nous sommes alliés avec ceux qui sponsorisent depuis trente ans le phénomène djihadiste »
    http://www.humanite.fr/alain-chouet-nous-sommes-allies-avec-ceux-qui-sponsorisent-depuis-trente-an

    HD. Comment analysez-vous le profil de Yassin Salhi ? Correspond-il à celui du « loup solitaire » ou à celui d’un terroriste agissant pour le compte d’une organisation structurée ?

    ALAIN CHOUET. Il ne s’agit pas d’un loup solitaire mais plutôt d’un crétin solitaire ! Les réactions médiatiques sont dans l’ensemble pathétiques. La presse a soutenu pendant trois jours que c’était un dangereux terroriste et j’ai refusé toute interview à ce sujet parce qu’il semblait bien qu’il s’agissait d’un acte personnel sans lien avec la mouvance terroriste. Ce type pète les plombs, tue son patron avant de tenter de rationaliser son acte comme le font tous les psychopathes et les sociopathes. Alors il hurle « Allahou Akbar », et il envoie une photo au seul copain qu’il connaît qui se trouve en Syrie, peut-être dans l’espoir que l ’« État islamique » revendique son acte.

  • CF2R - CENTRE FRANÇAIS DE RECHERCHE SUR LE RENSEIGNEMENT
    http://www.cf2r.org/fr

    Chérif Amir, Histoire secrète des frères musulmans, Ellipses, Paris 2015.

    Avant-propos d’Eric Denécé, directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R)

    Préface d’Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE.

    Le mouvement des Frères musulmans a pour objectif de recréer le califat islamique disparu en 1923 et de soumettre le monde à un islam radical régi par la charia. Dans cette perspective, son idéologie extrémiste et sectaire prône le jihad armé, laquelle est servie par une organisation solide, totalement dévouée à l’atteinte de ces buts depuis plus de huit décennies, par tous les moyens, y compris les plus violents.

    Car en effet, derrière une façade pouvant laisser croire à une certaine respectabilité, la confrérie n’est qu’un mouvement terroriste ayant fait de très nombreuses victimes. Né en Egypte en 1928, à l’initiative d’Hassan Al-Banna, le mouvement n’a cessé d’essayer de prendre le pouvoir dans ce pays, perturbant profondément son évolution historique et politique, coopérant tour à tour avec le pouvoir en place ou s’y opposant le plus souvent. La lutte entre la confrérie, les pouvoirs successifs et le peuple est donc une composante majeure de l’histoire moderne de l’Egypte. . . .

  • A lire l’interview d’Alain Chouet (ex directeur d’une branche de la DGSE) au site Oumma.com sur l’Etat islamique :
    http://oumma.com/211647/alain-chouet-letat-islamique-manquera-bientot-de-ress

    Selon Chouet, Da3ch se serait lancé à l’assaut de Mossoul après avoir perdu le soutien des saoudiens à la suite de la disgrâce de Bandar :

    Les choses se sont compliquées début 2011 avec l’émergence des troubles en Syrie. Les services spéciaux saoudiens du Prince Bandar Ben Sultan et le Qatar se sont lancé dans des initiatives rivales pour accélérer la chute de Bashar el-Assad. Les Saoudiens ont organisé en Syrie l’émergence d’un front salafiste anti-régime sous la désignation de Jabhat al-Nosra tandis que les Qataris ont lancéune « OPA hostile » sur l’EIIL en diversifiant ses activités sur la Syrie en complément de l’Irak et en concurrence avec les autres groupes djihadistes.
    Et tout ce paysage confus s’est transformé à l’été 2013 quand le coup d’État feutré qui a eu lieu à Qatar a écarté l’Emir et son activiste Premier ministre et recentré les investissements de l’Émirat sur des activités économiques plutôt que politiques. Dans le même temps, à la lueur du désordre politique et social induit en Égypte par la gestion des Frères Musulmans, le cabinet royal saoudien - plutôt partisan d’un ordre régional apaisé et d’un système de coexistence plutôt que d’affrontement avec l’Iran - a repris la main sur les extrémistes du clan familial, écarté le Prince Bandar et ses partisans, apporté son soutien au coup d’État du Maréchal Sissi et, surtout, condamné et criminalisé les activités djihadistes au Levant.
    Brutalement privés de soutiens extérieurs significatifs, Jabhat el-Nosra et surtout l’EIIL se sont retrouvés condamnés à une fuite en avant, coincés sur place et contraints d’y trouver les ressources financières et militaires nécessaires à leur survie. Ce n’est pas par hasard que le premier objectif de l’EIIL dans sa fulgurante offensive du printemps dernier a été de s’emparer de la succursale de la banque centrale d’Irak à Mossoul pour y rafler près d’un demi-milliard de dollars en or et en billets.

    Dans une autre partie saillante de l’interview il exprime ses doutes quant à la capacité de Da3ch à administrer les territoires conquis et donc à y maintenir des sources de financement hors d’une logique de prédation par définition éphémère.

    • la Présidence américaine vient dire qu’elle « n’a pas encore de stratégie dans la lutte contre le djihadisme »….

      Je veux croire qu’il s’agit là d’une manœuvre du Président Obama pour contraindre l’Arabie et le pétromonarchies du Golfe à « choisir leur camp » et à cesser leurs pratiques de double langage qui consiste à condamner verbalement le terrorisme tout en soutenant un peu partout dans le monde les groupes terroristes salafistes et les djihadistes en vue de neutraliser les initiatives démocratiques ou l’influence de l’Iran qu’ils considèrent comme également dangereuses pour le maintien de leur pouvoir.

      Tout est dans le "je veux croire"...

    • @gonzo : Oui... Probablement que Chouet, qui a longtemps dénoncé l’étonnante complaisance occidentale à l’égard des circuits de financement du golfe de certains de ses ennemis terroristes déclarés, n’y croit pas beaucoup lui non plus.

  • Alain Chouet : « L’Etat islamique manquera bientôt de ressources humaines et financières » | Oumma.com
    http://oumma.com/211647/alain-chouet-letat-islamique-manquera-bientot-de-ress

    Comment expliquez-vous que la presse francophone n’ait parlé que tardivement de cette scission d’Al-Qaida, aujourd’hui à la tête de l’Etat islamique. On sait pourtant que depuis la mort de Ben Laden, certains djihadistes ont refusé de prêter allégeance à Zawahiri.

    Alain Chouet : La réalité est que, depuis 2002 et l’offensive alliée contre le régime Taliban d’Afghanistan et ses protégés djihadistes, Al-Qaïda relève plus du mythe que de la réalité. C’est un mythe qui a été entretenu par le fait que tout contestataire dans le monde musulman, quelles que soient ses motivations et ses objectifs, a bien compris qu’il devait se réclamer de l’organisation qui avait épouvanté l’Amérique s’il voulait être pris au sérieux. C’est un mythe qui a été entretenu par certains dirigeants des pays musulmans qui ont bien compris qu’ils devaient coller l’étiquette Al-Qaïda sur leurs opposants s’ils voulaient pouvoir les réprimer tranquillement. C’est enfin un mythe qui a été entretenu par les dirigeants et les médias d’un certain nombre de pays occidentaux pour légitimer leur politique sécuritaire intérieure et extérieure.

    Mais dans la galaxie salafiste, tout le monde sait bien que Al-Qaïda se résumait depuis 2003 à un Ben Laden réfugié dans un « resort » des services pakistanais et à un sentencieux Ayman Zawahiri distribuant les bons et les mauvais points de djihadisme et s’appropriant verbalement des actes de violence commis un peu partout dans le monde qu’il n’avait ni commandités, ni prescrits ni contrôlés.

    Il était difficile pour des djihadistes ambitieux de remettre en cause la figure emblématique de Ben Laden mais plus facile de s’affranchir de la tutelle morale de Zawahiri. En particulier pour des chefs de bande locaux qui n’avaient que faire du « djihad mondial » sans bénéfice immédiat et souhaitaient plutôt se bâtir un petit sultanat local où ils pourraient exercer un pouvoir sans partage et rançonner la population. C’est ce type de raisonnement, joint aux aléas des rivalités locales et des surenchères entre l’Arabie et le Qatar, qui a poussé un Abou Bakr al-Baghdadi à rejeter le parrainage d’Al-Qaïda et - comme on dit en France - à s’autoproclamer « Calife à la place du Calife ».

  • mondafrique.com - Boko Haram, le monstre utile
    Par Alain Chouet - Publié le 17 Mai, 2014
    http://mondafrique.com/lire/international/2014/05/17/boko-haram-le-monstre-utile

    (...)
    Le controle de la rente pétrolière

    À y regarder de plus près, les opérations de Boko Haram s’inscrivent dans un double contexte : d’une part un rapport de force politique et militaire entre le nord du pays musulman (45% de la population) et le sud christianisé (35%) ou animiste (20%), et d’autre part, par voie de conséquence, un problème de contrôle des ressources hydrocarbures dont le pays est le 6ème exportateur mondial mais qui se trouvent essentiellement au sud. Depuis une quinzaine d’années, les nordistes musulmans qui contrôlaient historiquement les postes de responsabilité de l’armée et de l’administration au sein de l’État ont progressivement perdu leur position de dominance au profit d’élites sudistes. Cette perte de statut, de prestige et surtout d’un contrôle de la rente hydrocarbure qui permettait de fidéliser politiquement les populations du nord a suscité de vives réactions et largement contribué à alimenter le courant extrémiste musulman incarné dès 2002 par Boko Haram.

    Et au-delà des frontières du pays, cette inversion des pouvoirs menaçait de soustraire le pays à l’influence des pays de la Péninsule Arabique et du Golfe membres de l’OPAEP. La crainte des pétromonarchies arabes, et sans doute de leurs clients des majors du pétrole, était qu’un Nigeria soustrait à l’influence islamique régulée depuis Ryadh et soumis au pouvoir de ses dynamiques entrepreneurs sudistes se lance dans des formes d’indépendantisme économique et politique contraires aux intérêts bien compris de la majorité des membres de l’OPEP. Il fallait donc éviter tout risque que le Nigeria, à l’exemple de l’Iran (2e exportateur mondial) ou du Vénézuela (5e) se lance dans des aventures « fractionnelles » au pire en nationalisant son pétrole, au mieux en ne respectant pas les quotas de production destinés à maintenir en permanence le prix du baril à son maximum internationalement supportable ou en refusant de garantir l’acceptation du paiement de son pétrole en dollars qui permet aux États-Unis « d’exporter » leur abyssale dette intérieure.
    (...)

    • Boko Haram, la secte djihadiste préférée des monarchies du Golfe
      http://www.marianne.net/Boko-Haram-la-secte-djihadiste-preferee-des-monarchies-du-Golfe_a238916.ht

      Marianne : Comment jugez-vous le plan d’action international présenté par Hollande et qui évoque une riposte régionale ?

      Alain Chouet : Ça sert à montrer qu’on est actif. Mais à part l’armée tchadienne, les armées locales ne valent rien, elles n’ont aucune valeur opérationnelle et je ne perçois pas bien quels seraient les ressorts de l’action du président tchadien, Idriss Déby dans cette histoire. La France dit qu’elle va faire de la coordination et du conseil opérationnel, mais cela comporte une part de risque : si ça tourne mal, ils pourront se retourner vers nous en nous disant que c’est de notre faute parce que nous les avons mal conseillés...

      On compare déjà Boko Haram à Al Qaïda, est ce que cela a un sens ?

      En Somalie, au Sahel, au Nigeria ou au Pakistan, on voit des groupes islamistes qui sont dans des logiques de pouvoir ou d’affrontements locaux, mais les membres de Boko Haram ne prétendent absolument pas au djihad international. C’est un mouvement nigérian et qui n’est pas un nouveau venu sur la scène nigériane. Hollande dit qu’il a des preuves de liens entre Boko Haram et Aqmi, j’aimerais qu’il les donne parce que, à ma connaissance, ça reste très évanescent. Evidemment qu’il y a des trafics d’armes, des histoires d’argent, qui relèvent de la connivence comme on a pu le connaître entre Action directe et la Fraction armée rouge ou des groupes palestiniens… De là à parler d’une unité de mouvement, d’une unité stratégique ou tactique, à mon sens, on en est très loin.

  • Alain Chouet : nos ministres sont-ils mal conseillés ou naïfs sur la Syrie ?
    http://blog.lefigaro.fr/malbrunot/2012/09/alain-chouet-nos-ministres-son.html
    via @manhack
    et déjà proposé par @irakurri

    Je vous propose une analyse d’Alain Chouet, ancien haut-responsable de la DGSE, et spécialiste de la Syrie, pays où il se rend depuis 40 ans. Une analyse iconoclaste sur les événements dramatiques qui se déroulent sur le terrain depuis un an et demi, et plus largement sur les acteurs qui tirent les ficelles dans les coulisses des révoltes arabes en cours. On peut ne pas être d’accord, mais son point de vue argumenté et étayé est à verser au débat.

  • Syrie : les dangers de l’après Bashar El-Assad
    http://www.marianne2.fr/Syrie-les-dangers-de-l-apres-Bashar-El-Assad_a220851.html

    Ancien chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE, expert du monde arabo-musulman, en poste en Syrie durant plusieurs années, lors d’une conférence à Nice de l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale, Alain Chouet vient de livrer son analyse de la situation syrienne. Un exercice de décryptage et de prospective aussi risqué qu’éclairant.

    Première cible de l’auteur, les médias écrits et audiovisuels qui reprennent uniformément les communiqués de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) sans jamais se poser « qui parle ? » derrière ce sigle inoffensif. Rien à voir avec la Ligue internationale des droits de l’homme, l’OSDH qui fonctionne sur fonds séoudiens et qataris « est en fait une émanation de l’Association des Frères Musulmans et il est dirigé par des militants islamistes dont certains ont autrefois été condamnés pour activisme violent ».

    (...)
    Loin de soutenir le régime syrien qualifié d’ « autoritaire, brutal et fermé » , l’ancien chef de la DGSE s’inquiète surtout de l’empressement des pays occidentaux « à favoriser partout les entreprises intégristes encore moins démocratiques que les dictatures auxquelles elles se substituent et à vouer aux gémonies ceux qui leur résistent » ainsi que les incohérences d’un Occident si « prompt à condamner l’islamisme chez lui, et qui se retrouve à en encourager les manoeuvres dans le monde arabe et musulman ».

    Une schizophrénie surprenante et un pari risqué : « l’avenir dira (…) si les investissements massifs du Qatar et de l’Arabie dans nos économies en crise valaient notre complaisance face à la montée d’une barbarie dont nous aurions tort de croire que nous sommes à l’abri » . Nul ne sait ce qu’il adviendra d’un changement de régime à Damas, il appartient néanmoins aux progressistes syriens de se prendre en main pour éviter qu’à une oligarchie militaro-affairiste ne succède un maître salafiste soutenu par « la Maison des Saoud ».❞