person:bruno tertrais

  • S’armer face au péril russe ? emmanuel macron ferait bien de relire quelques manuels d’histoire Edouard Husson - Atlantico (Bruit des bottes) - 7 Novembre 2018
    http://www.atlantico.fr/decryptage/armer-face-au-peril-russe-emmanuel-macron-ferait-bien-relire-quelques-manu

    Le président de la République aurait-il oublié le rôle de la Russie lors des conflits de 1918-1918 et de 1939-1945 ?

    Déclaration de guerre depuis Verdun ?  
    Emmanuel Macron a entamé une tournée commémorative, cent ans après la fin de la Première Guerre mondiale. Le mardi 6 novembre 2018, il était à Verdun, capitale de la paix, lieu plus que symbolique où, en 843, s’affirmèrent pour la première fois, dans un texte officiel, clairement, une langue “française” et une langue “allemande”, base de la construction progressive des Etats nationaux. C’est à Verdun toujours qu’un millénaire plus tard la France et l’Allemagne, lointaines héritières de la “Francie occidentale” et de la “Francie orientale”, se livrèrent à la plus terrible bataille de la Première Guerre mondiale.

    En dix mois, 700 000 soldats en tout furent tués, presque autant du côté allemand que du côté français. C’est le moment de se souvenir. En 1984, pour le 70è anniversaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale, François Mitterrand et Helmut Kohl s’étaient spontanément donné la main pendant la cérémonie. La photo, peut-être plus émouvante encore que celle montrant le Général de Gaulle et le Chancelier Adenauer à la cathédrale de Reims, a fait le tour du monde et symbolise la réconciliation entre les ennemis d’hier. Aujourd’hui, Emmanuel Macron était seul ; c’est seulement samedi 10 novembre qu’il retrouvera la Chancelière, à Rethondes, lieu où furent signés les armistices de novembre 1918 et de juin 1940. L’ensemble des commémorations est, nous a-t-on dit, dédié au thème de la paix. Certains commentateurs ont regretté qu’il n’y ait pas de défilé militaire. Mais c’est ainsi, le président a invité la Chancelière allemande à prononcer le discours d’ouverture du Forum sur la paix.
     
    Il n’en est que plus paradoxal qu’Emmanuel Macron ait choisi Verdun pour faire une déclaration qui contredit largement l’esprit annoncé des commémorations. Je ne parlerai pas ici du côté paradoxal qui consiste à instrumentaliser la mémoire de la Grande Guerre au point de transformer la semaine de recueillement en opération de communication politique destinée à mettre en scène un président qui ne fréquente pas seulement la France des grandes métropoles, la “France d’en haut”, mais sillonne des villes moyennes, visite des sites industriels en difficulté entre ses discours de commémoration. Non, restons dans le cadre défini de la commémoration, de la guerre et de la paix. N’est-il pas proprement stupéfiant d’avoir choisi Verdun pour, lors d’un entretien radiophonique, en appeler à la création d’une “vraie armée européenne” et désigner un ennemi, explicitement, la Russie ? 
     
    Cette Russie souvent autoritaire mais à qui la République française doit d’exister encore
    Vous avouerez qu’il est pour le moins étonnant d’entendre dans la bouche d’un chef de l’Etat en pleine commémoration pacifique : “On ne protégera pas les Européens si on ne décide pas d’avoir une vraie armée européenne face à la Russie qui est à nos frontières et qui a montré qu’elle pouvait être menaçante” . Peu importe qu’Emmanuel Macron nuance ensuite son propos en disant souhaiter un “dialogue de sécurité avec la Russie”. Les propos essentiels sont surprenants à quelques jours de l’accueil du président Poutine à Paris, dans le cadre des commémorations. Surtout, quels que soient les griefs que l’on puisse avoir vis-à-vis de la Russie actuelle ou de son gouvernement, est-ce le moment de mettre en avant des contentieux ou bien de se rappeler ce qui nous rapproche ? S’agit-il de résoudre des disputes entre dirigeants de 2018 ou bien de se recueillir devant l’héroïsme et la souffrance des peuples en 1914-1918 ? 
     
    Commémorer la Grande Guerre et exalter la paix, n’inclut-il pas de se souvenir que sans le combat héroïque et les pertes énormes de l’armée tsariste à l’automne 1914, l’armée allemande aurait eu suffisamment de divisions à ramener vers l’ouest pour écraser notre armée ? N’est-ce pas le moment de rendre hommage au million huit-cent mille morts de l’armée russe ? Ne doit-on pas quitter la politique contemporaine pour se rappeler le paradoxe d’un peuple, d’un empire, russes, qui, aussi coercitifs fussent-ils, ont par deux fois sauvé notre régime républicain au XXè siècle ? En 1914-1917, en lui permettant de se renforcer suffisamment pour contenir la poussée de l’armée impériale ? Entre 1941 et 1945 pour vaincre le nazisme et permettre au Général de Gaulle de réinstaller la République ? Cinq millions de morts, civils et militaires, pendant la Première Guerre mondiale ; vingt-sept millions de morts, civils et militaires, entre 1941 et 1945. Tel est le tribut payé par l’Empire des tsars puis l’Union Soviétique à la défense de la liberté en Europe. Nous avons vainement attendu un geste des Européens de l’Ouest envers la Russie en 1989-1990. Jamais aucun chancelier allemand n’est allé à Moscou pour y déployer l’équivalent de la visite à Reims, de l’agenouillement de Willy Brandt à Varsovie ou de la poignée de mains de Verdun. Et même si l’on a décidé de détester sans nuances les gouvernants et les régimes russes successifs, il serait adéquat, durant dix jours, de penser en priorité aux peuples. En particulier quand on a pour ambition de faire reculer les populismes. Nos dirigeants se rendent-ils compte que, jusque dans la forme qu’ils donnent à leurs commémorations, ils mettent à distance les soutiers de l’histoire, les humbles et les pauvres qui fournirent le gros des combattants ? N’est-ce pas une semaine où parler de tous ceux qui, trop souvent dans les deux derniers siècles, ont dû supporter les conséquences de décisions prises par des dirigeants coupés du peuple ?

    Instrumentalisation anti-russe de la dissuasion nucléaire française ?  
    Même si nous décidions d’abandonner la cause des peuples, il y a bien d’autres critiques à formuler envers la déclaration du président français sur les ondes d’Europe 1. Je comprends bien que si l’on veut une armée, une “vraie armée”, il faut un “vrai ennemi”. Cependant Emmanuel Macron se rend-il compte de ce qu’il déclenche en mettant le doigt dans l’engrenage d’une structuration de la défense européenne à la fois émancipée des Etats-Unis (“On doit avoir une Europe qui se défend davantage seule, sans dépendre seulement des Etats-Unis, et de manière plus souveraine”) et tournée contre la Russie ? Lorque le Général de Gaulle prônait l’émergence d’une “Europe européenne”, elle devait bien s’émanciper des Etats-Unis et en même temps construire une architecture de sécurité avec la Russie.

    L’un ne pouvait pas aller sans l’autre aux yeux du fondateur de la Vè République. Ajoutons que si nous croyons à l’Europe, si nous voulons être fidèles à l’esprit de paix qui constitue le soubassement de l’édifice européen organisé, il nous faut de toutes nos forces refuser l’idée d’une “défense européenne” à la fois anti-américaine et anti-russe. 
     
    Regardons de plus près, en effet, ce qui est en train de de passer. Rien de plus instructif que de lire le dossier que consacre la revue allemande Internationale Politik, éditée par le think tank quasi-gouvernemental Deutsche Gesellschaft für auswärtige Politik (Société Allemande de Politique Etrangère) dans son édition datée de novembre-décembre 2018 à la “nucléarisation de la défense européenne”. On y voit Michael Rühle, collaborateur allemand de l’OTAN, y refuser l’idée que l’Allemagne puisse signer le nouveau traité des Nations Unies sur l’interdiction des armes nucléaires. Pour autant Rühle, tout comme Wolfgang Ischinger, président de la Conférence sur la Sécurité de Munich, ne reprennent pas à leur compte la perspective d’une “bombe nucléaire allemande”. Ils savent qu’elle susciterait aussitôt une réconciliation des Etats-Unis et de la Russie aux dépens de l’Allemagne. Mais alors, comment combiner le respect apparent de la dénucléarisation de l’Allemagne réunifiée et l’envie de plus en plus affirmée d’une partie du monde dirigeant allemand de pouvoir inclure l’arme nucléaire dans sa stratégie ? Wolfgang Ischinger pose ouvertement la question d’une extension de la dissuasion nucléaire française à l’Union Européenne et d’un co-financement allemand. Dans le même numéro d’Internationale Politik, le Français Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la Recherche stratégique, écarte l’idée d’un co-financement ou d’un partage de la dissuasion au sens plein du terme, mais l’expert français n’exclut pas, en cas de retrait américain d’Europe, que la France puisse stationner quelques têtes nucléaires en Allemagne et en Pologne et que les pays ne disposant pas de la bombe s’engagent, eux, à procurer un soutien conventionnel à une attaque nucléaire française. 
     
    Mais que voudrait dire des armes nucléaires françaises stationnées en Allemagne et en Pologne sinon une déclaration de guerre (froide) à la Russie ? Sommes-nous vraiment sûrs que c’est ce que nous voulons, nous autres peuples d’Europe ? Et puis, que signifie cette envie soudaine de se débarrasser de la présence américaine en Europe depuis que le président Trump a exigé une augmentation des contributions des membres européens de l’OTAN au budget de la défense occidentale ?

    Croit-on vraiment que des pays qui ont besoin qu’on exerce sur eux, comme l’a fait le président américain, une pression considérable pour augmenter leur budget de la défense se laisseront entraîner dans l’effort nécessaire pour créer une défense crédible face à une Russie traitée en ennemie - et qui est aujourd’hui, qualitativement, la meilleure armée du monde ? Tout ceci, au fond, n’est pas vraiment pensé. Et ajoutons, pour finir que cette Europe qu’on nous propose est singulièrement dénuée de repères historiques, d’éthique et de valeurs. 
     

    La seule convergence franco-allemande possible : en communauté de valeurs avec les Anglo-saxons et en paix avec la Russie
    Passons rapidement en revue le siècle qui nous sépare de la fin de la Première Guerre mondiale. Dès l’entre-deux-guerres, on voit que l’Allemagne est traversée par une double aspiration : celle d’une entente avec les Etats-Unis (pour sa démocratisation) ; et celle d’une entente avec la Russie (pour garantir la paix de l’Europe). Hitler s’oppose à cette double aspiration ; et, profitant de la crise pour arriver au pouvoir, il emmène l’Allemagne dans une fuite en avant mortifère qui débouche sur une guerre contre, à la fois, les Etats-Unis et la Russie soviétique. Après 1945, l’extraordinaire intelligence collective dont fait preuve l’Europe, la grande Europe, avec ses « pères fondateurs », Schuman et Monnet, de Gaulle et Adenauer, Jean XXIII et Willy Brandt, Margaret Thatcher et Mikhaïl Gorbatchev, Jean-Paul II et Vaclav Havel, pour énumérer les plus importants d’entre eux, permet, au bout du compte, la réconciliation du tropisme américain et du tropisme russe de l’Allemagne. L’Allemagne sait depuis Bismarck que la paix en Europe n’est garantie que si elle s’entend étroitement avec la Russie ; mais elle sait aussi, depuis Stresemann, que ce n’est pas en Russie mais en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis qu’elle doit aller chercher la recette de sa démocratisation. Voilà pourquoi la France, si elle veut travailler opportunément avec l’Allemagne à l’organisation du continent, ne peut en aucun cas encourager l’Allemagne à se couper à la fois des Etats-Unis et de la Russie. Or c’est bien la pente sur laquelle Emmanuel Macron est en train de se laisser entraîner. 
     
    Non, notre vocation est de suivre une autre voie ! Mais une voie, comme l’avait montré le Général de Gaulle, qui est convergente avec les intérêts profonds de l’Allemagne et de l’Europe. La République française est soeur des deux autres grandes nations qui ont inventé la liberté. Nous ne devons en aucun cas accepter une Europe qui se coupe de Londres ni de Washington. De Gaulle a toujours su, de l’appel du 18 juin à la crise des missiles de Cuba, que dans les grandes crises nous étions aux côtés des Britanniques et des Américains. Mais nous ne devons pas pour autant nous laisser entraîner dans la tendance fréquente des Américains et des Britanniques à la confrontation avec la Russie. De Gaulle a voulu la bombe atomique pour la France de manière à ne pas dépendre des soeurs anglo-saxonnes, à pouvoir dire non le jour où elles s’emballeraient (pensons au refus français de la guerre en Irak en 2003, soutenu par l’Allemagne et la Russie). En revanche, il était impensable pour de Gaulle de « partager la dissuasion », en particulier de laisser nos cousins germains s’approcher de l’arme nucléaire. Laisser faire cela aurait été pour lui : 1. Nier le sacrifice de millions de Français et d’autres Européens pour abattre le militarisme allemand ; 2. entériner la coupure de l’Europe d’avec la Russie ; 3. et même ne pas laisser d’autre choix à la Russie, au bout du compte que la confrontation avec le reste de l’Europe. Le raisonnement gaullien est encore plus valable aujourd’hui : sans une entente avec la Russie, comment pouvons-nous sérieusement penser placer le continent européen en situation d’équilibre avec l’Asie ? Comment pouvons-nous prétendre, en 2018, combattre sérieusement l’islamisme et ses milices sans une coopération étroite avec Moscou ? 
     
    Alors oui, vive la paix ! Mais pas une fake peace, grosse d’affrontements imprévus et incontrôlables, où l’on désigne la Russie comme ennemie. Vive la réconciliation franco-allemande ! Mais fondée sur une vision globale des intérêts de l’Europe, dont nous ne voulons pas qu’elle devienne définitivement, pour reprendre la formule de Paul Valéry au lendemain de la Grande Guerre, un simple « cap de l’Asie ». Vive « l’Europe européenne » ! Mais fondée sur le bon sens de ses peuples et non sur les élucubrations idéologiques de dirigeants sans repères. 

    #emmanuel_macron #guerre
    #instrumentalisation #Verdun
    #communication_politique
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    #dissuasion_nucléaire #Allemagne
    #guerre_froide #France

  • Ces diplomates qui s’activent pour Macron en coulisses -
    Vincent Jauvert | Publié le 18 avril 2017 à 18h57
    http://web.nouvelobs.com/presidentielle-2017/20170418.OBS8155/ces-diplomates-qui-s-activent-pour-macron-en-coulisses.html

    Beaucoup de hauts fonctionnaires du Quai-d’Orsay travaillent discrètement depuis des mois pour le candidat d’En Marche ! La plupart préfèrent, au nom de l’obligation de réserve, demeurer discrets. Qui sont-ils ?

    C’est l’ancien condisciple de Macron à l’ENA, Aurélien Lechevalier, ex-conseiller diplomatique d’Anne Hidalgo à la Mairie de Paris et ancien conseiller culturel à Beyrouth, qui anime l’équipe diplomatique. Plusieurs importants diplomates en poste font part de leurs avis : parmi eux, le directeur adjoint du cabinet de Jean-Marc Ayrault, Guillaume Ollagnier (qui fait, dit-on, le lien avec l’ensemble du cabinet), Emmanuel Bonne, actuel ambassadeur au Liban, Justin Vaïsse, directeur du Centre d’Analyse, de Prévision et de Stratégie du Quai-d’Orsay, Antoine Michon, le chef de la division « climat et environnement » au ministère des Affaires étrangères, ou encore, comme l’a révélé le « Journal du Dimanche » dimanche dernier, l’ambassadeur français à Washington, Gérard Araud, ex-représentant de la France à l’ONU. L’un des principaux poids lourds du Quai qui pourrait être nommé sherpa à l’Elysée en cas de victoire du jeune inspecteur des finances, plutôt inexpérimenté en matière de politique étrangère.

    D’autres figures de la diplomatie font partie du réseau Macron : notamment l’ancien directeur de la DGSE, Jean-Claude Cousseran, qui a été ambassadeur en Syrie et en Egypte, Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique et spécialiste des affaires nucléaires, Muriel Domenach, ex-consule à Istanbul et directrice du comité interministériel de la prévention de la radicalisation), ou encore la directrice de l’ENA, Nathalie Loiseau, une ministre plénipotentiaire proche d’Alain Juppé et ex-directrice générale du ministère des Affaires étrangères. Celle que certains voient déjà secrétaire générale du Quai-d’Orsay refuse de confirmer. « En tant que fonctionnaire, déclare-t-elle, je ne m’exprime pas publiquement sur mes choix politiques. »

    Pas encore très arrêté sur ses choix internationaux, Emmanuel Macron prête aussi une oreille attentive aux conseils de l’ancien ministre mitterrandien Hubert Védrine, qui lui téléphone régulièrement, et du chiraquien Dominique de Villepin, qui aurait assisté au meeting de Bercy, le 17 avril, s’il n’avait pas été en déplacement à l’étranger. On murmure aussi que l’entourage d’Emmanuel Macron aurait recommandé au candidat de ne pas trop s’afficher avec le bouillant Villepin, étant donnés les liens de celui-ci avec le Qatar.

  • Les Arènes | L’Atlas des frontières
    http://asile.ch/2017/01/09/les-arenes-latlas-des-frontieres

    Les frontières sont-elles là pour protéger ou pour exclure ? Pour relier ou pour séparer ? Sont-elles la cause des guerres ou leur conséquence ? Et comment évoluent-elles au gré des époques, des conflits et des migrations ? A travers quarante cartes et infographies, Delphine Papin et Bruno Tertrais nous racontent le monde dans L’Atlas […]

  • François Burgat : « C’est la victoire usurpée d’une minorité soutenue par des régimes autoritaires »
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/12/13/francois-burgat-c-est-la-victoire-usurpee-d-une-minorite-soutenue-par-des-re

    Je sélectionne dans la partie en accès libre de la "libre opinion" de Burgat ces passages. Adopte-t-il ici le discours délirant d’une (grosse) partie de l’opposition qui consiste à déligitimer le gouvernement syrien du seul fait qu’il serait minoritaire ? Les crimes de ce régime ne sont donc pas un argument suffisant ? Il faut aussi lui reprocher de ne pas être la majorité légitime ? Les sunnites sont-ils "humiliés" de ne pas être au pouvoir bien que religieusement majoritaires ? Quant à la dénonciation de l’occupation russe d’Alep, c’est tout de même une grosse ficelle rhétorique, pas vraiment digne de son auteur.

    François Burgat : « C’est la victoire usurpée d’une minorité soutenue par des régimes autoritaires » (...) En Syrie, quelle que soit la teneur de l’actualité des jours prochains, une page de notre histoire contemporaine, aussi noire qu’importante, est en train de se tourner. Ce ne sont point les Russes qui vont quitter Alep mais bien ses habitants les plus légitimes. Car cette fausse « victoire » est celle d’une minorité politique déchue, très artificiellement perfusée par une double ingérence étatique, sur une majorité abandonnée de tous.

    Toujours dans ce bref extrait accessible, l’opposition qui est construite ferait sourire si la question n’était pas si tragique. On lit ainsi qu’il y a d’un côté une minorité (le régime syrien) soutenue par des régimes autoritaires, les Iraniens et les Russes avec leurs soutiens chiites et, de l’autre, une majorité abandonnée par "les prétendus défenseurs de la démocratie"... Je passe sous silence les pays occidentaux pour ne pas être inutilement polémique, mais la Turquie, les Saoudiens, les Qataris, des "défenseurs de la démocratie" ? Pourquoi faut-il que l’engagement aux côtés d’une partie du soulèvement syrien s’accompagne d’un tel parti-pris, voire même d’une telle mauvaise foi ?

    Ce faux triomphe n’est pas celui d’une partie de la société syrienne sur une autre. Seule l’a rendu possible la conjonction de la passivité irresponsable des Occidentaux face à une intervention étrangère directe – iranienne et plus largement chiite puis russe – hors de proportion avec celles des soutiens, arabes ou autres, de l’opposition. C’est donc la victoire d’une minorité perfusée par des autoritarismes étrangers sur une majorité abandonnée par les prétendus défenseurs de la démocratie. C’est une victoire des armes de l’hiver autoritaire sur les espoirs du printemps démocratique.

  • « La France, le Président et la bombe » ou 53 minutes de propagande atomique…
    http://obsarm.org/spip.php?article270

    Ce mardi 22 mars à 20h40, dans le cadre de l’émission « Le monde en face », France 5 diffuse un documentaire — réalisé par Stéphane Gabet avec l’infatigable thuriféraire Bruno Tertrais et le journaliste Jean Guisnel, que l’on a connu plus inspiré — entièrement tourné vers la glorification de la bombe atomique et la politique de dissuasion nucléaire. Pas de grandes révélations dans « La France, le Président et la bombe » qui met en scène toute l’arrogance de hauts responsables — quasi essentiellement des (...)

    Actualités

    / #Armes_nucléaires, #Prolifération_nucléaire, #Stratégies_nucléaires

  • Irak : après les feux de la guerre, les cancers, par Agnès Stienne (@odilon)
    http://visionscarto.net/irak-apres-les-feux-de-la-guerre

    Après le retrait des forces armées étrangères en 2010, la situation environnementale de l’Irak est calamiteuse. L’industrie chimique, peu réglementée, avait déjà déversé quantité de rejets toxiques dans la nature. Les guerres et les insurrections qui ravagent le pays depuis le début des années 1980 ont, elles aussi, eu des conséquences désastreuses sur l’environnement. Particulièrement lorsque pipelines et sites industriels furent sciemment bombardés, provoquant des fuites incontrôlées de produits chimiques dans les sols et dans l’eau. Les munitions utilisées pour soumettre les villes irakiennes pendant la guerre du Golfe (1990-1991) et l’invasion en 2003 par les États-Unis et leurs alliés en sont une autre, avec de lourdes conséquences sur la santé publique.

    « Atomisées » dans la nature lors des bombardements, les munitions continuent de tuer à petit feu les populations civiles plusieurs années après que les combats aient cessé.

    #Irak #Santé #Cancer #Natalité #Guerre #Armes #Pollution

    • Je signale le site d’un blogueur qui s’intéresse de près aux armes dites à uranium appauvri
      Les bombes à uranium « appauvri », kézako ?
      http://assopyrophor.org/2015/11/23/les-bombes-a-uranium-appauvri-kezako

      Ce qui a d’abord attiré mon attention, c’est le travail de Chris Busby qui a trouvé plus d’uranium 235 qu’attendu (1,2% contre 0,2% attendus, la proportion d’uranium 235 dans l’uranium appauvri) dans les cratères des bombes au Liban et dans les cheveux d’habitants irakiens. Dai Williams a aussi trouvé de l’uranium 235 en excès au Liban. Cela contredit l’hypothèse de l’utilisation d’uranium appauvri dans ces armes. L’uranium appauvri est un sous-produit de l’enrichissement de l’uranium.

    • Ouh la, il a des notions plutôt… floues, avec un joyeux mélange. Les propriétés chimiques (la combustion et la pyrophoricité, p. ex.) dépendent du cortège électronique et ne dépendent en rien de la composition du noyau (propriétés « nucléaires »).

      Ce n’est pas parce que l’U235 chauffe en se désintégrant qu’il est plus pyrophore (au passage, demi-vie de l’U235 : 700 millions d’années…)

      De même si ce qu’il dit 

      Ce qui se produit à l’impact est que l’uranium 235 / le plutonium brûle, et que ce qui reste, c’est la petite proportion d’uranium 238 qui accompagnait l’uranium 235 / le plutonium 239.

      était vrai, je ne vois pas pourquoi l’Iran s’embête à construire des sites avec des milliers de centrifugeuses pour enrichir l’uranium : il suffirait de le brûler et de récupérer les produits de combustion. Le rêve !

      Pour la pyrophoricité, voir l’article WP :

      Pyrophoricité — Wikipédia
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Pyrophoricité

      Liste de matériaux pyrophoriques

      Uranium et plutonium : utilisé comme arme incendiaire par les pénétrateurs en uranium appauvri dont la poussière et les débris lors de l’impact sur la cible s’enflamment et propagent l’incendie. Sous forme finement divisée, il est aisément inflammable et les débris d’uranium des différents usinages sont susceptibles d’ignition spontanée. La bombe GBU-39, d’un usage extrêmement répandu, est un exemple d’ogive pour laquelle le brevet admet l’utilisation d’uranium appauvri.

    • @simplicissimus le truc c’est qu’au départ c’est l’uranium 238 qu’il est très difficile de brûler, or il contient un pourcentage très faible d’uranium 235 (qui lui brûle mieux), cette stratégie ne fonctionne pas vraiment, il vaut mieux sans doute gazéifier et filtrer par centrifugation, ça va plus vite, et en plus on n’a pas à se débrouiller avec de l’uranium 235 oxydé, peu utile pour des bombes atomiques (il faut qu’il soit sous forme métallique dans les bombes atomiques). Et ça explique pourquoi il est très difficile de passer de la concentration naturelle d’uranium 235 à une concentration de 3% et au contraire très facile de passer de 3% à 95% d’U235.
      La capacité à brûler est sans doute en rapport avec la radioactivité alpha (= chaleur latente), 8 fois plus importante dans l’uranium 235 que dans l’uranium 238. C’est cette chaleur latente qui permet au feu de « prendre » lorsque le métal est chauffé. C’est un chimiste qui m’a expliqué ça. La seule expérience que j’ai trouvé où on chauffe de l’uranium 238 ne donne pas de combustion spontanée... http://www-zeus.desy.de/bluebook/ch20/subsection2_4_6_4.html

    • Par ailleurs comment expliquer l’existence d’armes au plutonium si de l’uranium 238 suffisait ? En particulier au Pakistan, qui ne doit pas avoir des quantités énormes de plutonium en stock ? http://assopyrophor.org/2015/10/09/des-balles-anti-char-au-plutonium-plutonium-based-anti-tank-bullets

      des balles anti-char basées sur le plutonium qui peuvent se montrer très destructrices contre des blindés ennemis

      (Source : https://t.co/InG7WYKd1e)

    • Au risque de me répéter, la « capacité à brûler » de l’uranium vient de ses propriétés chimiques (indépendamment de sa composition isotopique)

      Uranium — Wikipédia
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Uranium#Propriétés_chimiques

      En raison de son affinité pour l’oxygène, l’uranium s’enflamme spontanément dans l’air à température élevée, voire à température ambiante lorsqu’il se trouve sous forme de microparticules. Il est pyrophorique.

      Pour le chauffage du matériau par la radioactivité, le même article de WP donne une puissance de 0,082 watt par tonne pour l’uranium naturel (à 0,72% d’U235). Sachant que l’activité de l’U235 est 6,35 fois supérieure à celle de l’U238 (rapport des périodes), ça nous met à environ 0,5 W/t pour l’U235 et 0,08 W/t pour l’U238. Compte tenu de la chaleur massique, il faut donc un peu moins de 3 jours pour élever d’un degré la température d’un morceau d’U235 (et 6 fois plus pour l’U238). Ce n’est pas avec ça que l’uranium va s’enflammer spontanément…

      Quand il s’enflamme spontanément, c’est qu’il est sous une forme extrêmement divisée (et, de nouveau, sans lien avec la composition isotopique). Tout le contraire d’une dalle d’uranium comme celle testée dans l’expérience mise en lien. Au passage, il s’agit d’un contexte de sécurité où l’on cherche à tester les conséquences, notamment environnementales, d’un incendie dans le détecteur Zeus. Et si c’est du DU (uranium appauvri) qui est testé, c’est tout simplement parce que c’est le matériau utilisé.

      Quant à "très facile de passer de 3% à 95% d’U235", euh, comment dire ? En effet, yaka.

    • @simplicissimus
      Ce qui prendra feu le plus facilement, c’est de l’uranium 235 sous forme pulvérisée. Mais pour l’expérience avec de l’U238, on a une dalle large mais extrêmement fine (3 mm). Ça devrait quand même contribuer à attiser la réaction ! Or rien ne se passe.

      Par ailleurs ça n’est pas moi qui ait inventé le fait qu’il est technologiquement beaucoup plus difficile de passer de l’uranium naturel à un uranium enrichi à 3% que d’un uranium enrichi à 3% à un uranium enrichi à 95%... (je pense que ma source, c’est Le marché noir de la Bombe, bouquin de Bruno Tertrais)

  • Au JDD, on te me bombarderait bien « des quartiers où peu de civils vivent », de façon « brutale », mais c’est pas des bombardements, c’est de la « dissuasion du point de vue du droit international » (ah bon) : Syrie, vers une intervention "courte et brutale" ?
    http://www.lejdd.fr/International/Moyen-Orient/Actualite/Syrie-vers-une-intervention-courte-et-brutale-625934

    L’hypothèse d’une intervention militaire contre des intérêts stratégiques du régime syrien semble en effet à l’heure actuelle la plus probable. « Il serait plus logique de mener une action rapide avec une coalition limitée qu’une action plus tardive avec une coalition plus large », assure à l’AFP Bruno Tertrais, de la Fondation de la recherche stratégique à Paris. « Nous allons a priori vers une intervention courte et brutale », pense également François Heisbourg. Cette opération punitive, « ou de dissuasion du point de vue du droit international », se mènerait par « des tirs et des raids aériens », ajoute le conseiller spécial. A Damas, les intérêts militaires se situeraient par ailleurs dans des quartiers où peu de civils vivent, ce qui faciliterait une telle action.

    #l'odeur_du_napalm