person:didier

  • Les 600 hauts fonctionnaires qui gagneraient plus de 150.000 euros par an sur Orange Actualités
    https://actu.orange.fr/france/les-600-hauts-fonctionnaires-qui-gagneraient-plus-de-150-000-euros-par-a

    Dans son livre « Les intouchables d’État » (Robert Laffont), le journaliste de « L’Obs » Vincent Jauvert se penche sur les très hauts fonctionnaires. Le grand reporter a enquêté pendant deux ans.
    Il révèle notamment l’existence de la liste confidentielle « REM 150 ». Derrière ce nom de code, la liste des 150 cadres du ministère de l’Économie rémunérés plus de 150.000 euros brut par an, soit mieux payés que le chef de l’État. Mais quelque 450 autres membres de cette élite, sous la tutelle de la Santé ou du Quai d’Orsay, gagneraient également davantage qu’Emmanuel Macron.

    L’enquête de Vincent Jauvert, parue le 18 janvier, pourrait accroître la défiance de l’opinion à l’encontre de ce qu’il appelle la « noblesse d’État ». « Je ne m’attendais pas à découvrir un tel déclin de l’esprit public, un tel mépris des règles éthiques », écrit-il, cité par L’Obs qui publie des extraits du livre.

    • Le directeur régional des finances publiques d’Île-de-France trois fois mieux payé qu’un ministre

    Le journaliste a pu se procurer la liste « REM 150 », datée du 4 octobre 2016. Un document estampillé « confidentiel », adressé à une poignée de cadres de Bercy. Il s’agit de la liste des 150 hauts fonctionnaires du ministère de l’Économie et des Finances gagnant plus de 150.000 euros brut par an, soit plus que le chef de l’État. « Dès son arrivée au pouvoir en 2012, François Hollande a baissé le salaire du chef de l’État et du Premier ministre de 30%, pour le fixer à 150.000 euros net par an, raconte l’un des rares destinataires au journaliste, cité par L’Obs. Nous voulions savoir qui, à Bercy, était mieux payé qu’eux et, de ce fait, qui gagnait combien parmi les cadres dirigeants de ce ministère ».

    Dans cette liste, le mieux rémunéré est le Trésorier-payeur général (TPG) d’Île-de-France, rapporte Le Parisien : en 2015, il s’agit de Philippe Parini, un sarkozyste nommé par François Hollande, selon le quotidien, qui touche cette année-là 255.579 euros net, soit 21.298 net par mois. C’est trois fois plus qu’un ministre, précise Le Parisien. « Au total, 104 administrateurs généraux des Finances publiques, un corps de l’Ancien Régime fort prospère, figurent dans ce palmarès », écrit Vincent Jauvert. La liste « REM 150 » compte aussi , « tous les princes de Bercy » - les directeurs -, « et même deux simples chefs de service », mieux payés que le président.

    • Un mystérieux conseiller « contractuel »

    Le journaliste met aussi en lumière la rémunération d’un simple conseiller « contractuel » d’un ministre de Bercy, rémunéré 181.395 euros brut en 2015, soit 150.622 net. Pour quel ministre travaille-t-il ? « Je peux certifier qu’aucun conseiller, en particulier aucun contractuel, ne gagnait 180.000 euros (brut), ni au cabinet de Christian Eckert (secrétaire d’Etat au Budget) ni au mien », assure à l’auteur Michel Sapin, à l’époque en charge des Finances. Et d’ajouter : « Je ne peux pas vous donner la même assurance s’agissant du cabinet Macron (chargé de l’Economie) dont j’ignorais et ignore les rémunérations. » L’Élysée ne souhaite pas commenter. « Il ne nous appartient pas de donner des informations relatives à la vie privée des personnes », explique à L’Obs Sibeth Ndiaye, conseillère presse de la présidence, qui occupait le même poste à Bercy.

    Révélations : les très gros salaires des 600 fonctionnaires mieux payés que le chef de l’Etatpar L’Obs

    Une autre note confidentielle sur laquelle le journaliste a mis la main, remontant à 2013, révèle que plus de 600 hauts fonctionnaires - dont plus de 300 diplomates - gagnaient alors plus de 150.000 euros par an. Le mieux payé, toutes catégories confondues, est le gouverneur de la Banque de France, l’énarque inspecteur des Finances François Villeroy de Galhau, avec 350.845 euros brut annuels, cite Le Parisien. Il bénéficie en outre, « de par sa fonction, d’autres revenus », ce qui porterait son gain total à 450.907 euros par an, selon les confidences du président de la Cour des comptes Didier Migaud. Qui lui ne touche « que » 177.000 euros net par an.

    • Ambassadeur dans un pays dangereux, un poste lucratif

    Parmi les mieux payés de la République, figure par ailleurs l’ambassadeur de France en Afghanistan, le poste diplomatique le plus dangereux. « Il gagne 29.000 euros net par mois, dont une indemnité de résidence non imposable, indexée sur la difficulté du poste, de 23.000 euros. En 2012, il s’agissait de Bernard Bajolet, un ami de François Hollande, qui le nommera patron des services secrets extérieurs (DGSE) l’année suivante. Aujourd’hui, c’est François Richier, ancien conseiller stratégique de Nicolas Sarkozy », explique L’Obs. « Juste derrière, presque à égalité, les ambassadeurs dans d’autres capitales très risquées, comme Bagdad en Irak ou Sanaa au Yémen. »

    « Au-dessus de 200.000 euros brut par an, nous avons découvert aussi l’ancien ministre socialiste de la Santé Claude Évin », révèle à Vincent Jauvert l’un des destinataires de cette note. Il se trouve alors à la tête de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France, où Nicolas Sarkozy l’a nommé en 2009.

    • Muriel Pénicaud chez Business France

    Le journaliste évoque aussi le cas de la ministre du Travail Muriel Pénicaud. « Début 2015, Emmanuel Macron (alors ministre de l’Économie, ndlr) et Laurent Fabius (Affaires étrangères, ndlr) décident de la nommer à la tête de Business France, l’agence chargée de promouvoir les PME françaises à l’étranger », écrit L’Obs. Après négociations, elle « obtient 225.000 euros brut par an. Près de 19.000 euros par mois. »

    • Il révèle notamment l’existence de la liste confidentielle « REM 150 ». Derrière ce nom de code, la liste des 150 cadres du ministère de l’Économie rémunérés plus de 150.000 euros brut par an, soit mieux payés que le chef de l’État. Mais quelque 450 autres membres de cette élite, sous la tutelle de la Santé ou du Quai d’Orsay, gagneraient également davantage qu’Emmanuel Macron.

      Macron, petit joueur ?
      #oligarchie #aristocratie (républicaine) #raie_publique #couic

  • Les matons n’en sont pas à leur premier mouvement… chaque année quasiment, ils tentent le coup. Ils obtiennent toujours quelque chose. Bien sur ils ne gagnent jamais la considération d’une société qui, malgré sa paranoïa et ses penchants sécuritaires, continue à les mépriser. Ces #porte_clefs à perpétuité rappellent en effet par leur simple présence, qu’il y a des prisons, ces non lieux que tout le monde s’efforce d’oublier. Bien sur, ils ne gagnent rien pour les prisonniers ou pour améliorer les « conditions de détentions ». Bien sur, ce qu’ils gagnent, ils le gagnent toujours CONTRE les prisonniers : suppression de parloirs, de cantines, multiplication des fouilles, plus de moyens de contrôle, arsenal…
    http://lenvolee.net/matonquipleure
    Nous reviendrons dans le prochain numéro du journal sur ce mouvement de janvier 2018 encore en cours ; et surtout sur ce qu’il implique et entraîne à l’intérieur pour les prisonniers. En attendant nous vous proposons la lecture d’un texte d’août 2013 paru dans le numéro 36 du journal, qui revenait sur ce que nous avions baptisé « le printemps français des matons » et qui pointait l’émergence d’un nouveau syndicat que l’on a vu depuis s’exposer longuement à l’antenne (SPS).
    #lenvolée


    http://berth.canalblog.com/archives/2013/10/18/28207222.html
    #Berth #matons #prison

    • Près de 4 000 agressions physiques contre des surveillants ont été comptabilisées en 2017. Un peu moins de onze par jour. Comme 4 000 gouttes d’eau. La dernière vient de faire déborder le vase. Des surveillants fâchés, excédés, ou simplement inquiets, choisissent de bloquer les prisons. Pas mécontents de se saisir d’événements somme toute ordinaires en détention pour faire valoir leurs revendications. Pourquoi pas, c’est de bonne guerre. C’est donc un peu la guerre. Et n’invite aucunement à la considération.

      Il nous importe, nous qui sommes « du côté de ceux qu’on enferme » 1 de préciser ce que blocage veut dire : la suppression des parloirs, de la distribution du courrier, des extractions vers l’hôpital ou le palais de justice, de l’entretien avec l’avocat...

      Autant d’événements majeurs qui viennent jalonner la vie morne du prisonnier pour lui faire entrevoir une lueur d’espoir, une chaleur amicale, un soin, un aménagement de peine… Les surveillants aspirent à la considération. De laquelle font-ils preuve ?

      FO Pénitentiaire en titrant par exemple, « Prisons, l’état d’urgence », rejoint parfaitement le constat que nous pouvons faire, mais le syndicat se trompe de colère. Verrait-on un berger, victime d’un coup de corne, s’en prendre méchamment à tout le troupeau ? Et pour quel résultat ? Bloquer les prisons ressemble à s’y méprendre à une punition collective. Interdite.

      Le personnel tire sa considération de son environnement : la place que la société, à travers notamment ses institutions, lui assigne. En construisant des établissements surdimensionnés, sécuritaires et inhumains, la puissance publique lui offre un outil de travail inadapté, propre à nourrir les difficultés du quotidien. Parlementaires et magistrats, en tolérant depuis 1875 la sur occupation des cellules, ne disqualifient pas simplement la vie ordinaire des captifs, ils multiplient à l’envie l’exposition des personnels à des situations problématiques.

      En persévérant dans la punition, leur « passion contemporaine », selon Didier Fassin, les responsables politiques ne semblent trouver de salut que dans l’annonce en boucle de la construction de nouvelles prisons. Coûteux, déraisonnable, inefficace. Tel directeur d’établissement nous disait que dans sa prison légèrement sous-occupée, il avait procédé à la fermeture des quartiers disciplinaire et d’isolement, lieux de suicides et de conflits.

      Le personnel tire la considération qu’on lui doit de sa maturité, du regard bienveillant qu’il doit conserver, malgré tout, pour la personne qu’il doit contraindre. Certains y parviennent et les personnes détenues ne s’y trompent pas. Certains autres, dans leur comportement autoritaire, violent parfois, odieux aussi à l’égard des familles, ruinent le capital de considération dont ils pourraient bénéficier. Et que dire de ces solidarités épouvantables qui voient manifester des personnels en faveur de l’un des leurs, pris la #violence aux poings et renvoyé devant un tribunal 2.

      Notre culture ambiante disqualifie à ce point les auteurs d’infractions que la maltraitance à leur endroit apparaît légitime. Personne n’en sort grandi. Et sûrement pas celles et ceux à qui nous déléguons le soin de les prendre en charge. La boucle est ainsi bouclée.

      Bernard Bolze

      -- Publié le 22 janvier 2018.

      https://www.prison-insider.com/ressources/analyses/ledito/l-edito-de-prison-insider-janvier-2018
      #prison_insider

  • Francis Ngannou, pieds et poings déliés - Libération
    http://www.liberation.fr/sports/2018/01/18/francis-ngannou-pieds-et-poings-delies_1623490

    Venu du Cameroun, échappé à la rue, formé à Paris, le colosse du MMA combat pour le titre poids lourds, ce samedi à Boston .

    Francis Ngannou se souvient d’un exercice de logique au collège qui consistait à agencer le mieux possible des immeubles à l’intérieur d’une surface restreinte. Le professeur l’a soupçonné de triche. Son rendu paraissait trop carré pour être honnête. La lumière, dit-il, a jailli dans la foulée : au tableau, il a expliqué ses conclusions avec tellement d’aisance qu’il récolta un bonus : + 2. « Mais j’avais déjà reçu 19/20. » 21, donc. Il raconte la séquence avec une voix posée et rythmée, comme dans un documentaire nocturne sur les nuages ou les mouflons. Dans une autre vie, il se serait bien vu architecte.

    « Le Prédateur », son surnom, a réalisé son dernier gros coup le 2 décembre, aux Etats-Unis. Une minute et des poussières de spectacle, le temps de jauger, puis d’allonger un Néerlandais en mondovision. Uppercut du gauche, KO, dodo. Hourra. Francis Ngannou fait du MMA, mélange d’une demi-douzaine de sports de combat (pieds, poings, prises au sol), machine à cash et grenier d’histoires qui remplirait des bouquins de mille pages.

    La sienne oblige à écouter sans couper : des parents divorcés alors qu’il a 6 ans, une enfance pauvre et solitaire au Cameroun et une carrière scolaire terminée adolescent. Gamin, il fait déjà des boulots d’adulte au pied du mur. Tailleur de pierre, entre autres. En 2013, il émigre en France sans un rond, avec l’ambition de percer en boxe anglaise. Aucun palmarès, si ce n’est une petite expérience au pays. « Je m’étais mis une pression énorme sur les épaules : je voulais vraiment être un champion. » A Paris, il trouve rapidement une salle où mettre les gants. Son gabarit de menhir (1,95 m, 117 kilos) et ses facilités en « un contre un » fascinent. Des tauliers du lieu l’aident à se sortir de la rue - il est SDF. Didier Carmont, l’un d’eux : « On a fait ce que nous avions à faire, naturellement. Est-ce vraiment important d’entrer dans les détails ? Quand il est arrivé chez nous la première fois, il ne se lamentait pas, et très vite, il s’est senti à la maison. C’est un ami, j’ai l’impression de l’avoir toujours connu. » Puis : « C’est vrai qu’il a un physique. Mais il ne faudrait pas tomber dans le cliché de l’Africain naturellement puissant. On ne se sort pas de sa situation, on ne progresse pas aussi vite, sans intelligence. » Au fil des semaines, ses bienfaiteurs les plus au fait du milieu lui expliquent que le noble art est une impasse à court terme (une vieille bâtisse dont les coulisses sont des labyrinthes), mais que le MMA est un building illuminé, doté d’un ascenseur tout neuf (une multinationale en expansion). Il ne sait pas ce que c’est, mais se met au boulot. En quatre ans de pratique, le voilà presque tout en haut. Samedi, le Camerounais, 31 ans, combattra pour le titre des poids lourds face à l’Américain Stipe Miocic, actuel détenteur de la couronne.

    Christian M’Pumbu, son ami et compagnon d’entraînement, indique le coin de son œil avec l’index : à cet endroit précis, il a pris le panard du colosse, large comme un hors-bord. Un an plus tard, l’ancien champion de MMA, qui en a donc vu d’autres, en parle comme d’une séance de spiritisme. Pour le reste, il glisse deux précisions : « Avec ce qu’il a vécu, il y a des moments où il faut le laisser seul, où il ne veut pas trop parler. A vrai dire, ce n’est pas un grand bavard. » Et : « Je l’ai vu sur des photos aux Etats-Unis. Il avait des jumelles autour du cou… un vrai touriste. » Francis Ngannou vit en ce moment à Las Vegas. Ce qu’il en dit ? Pas grand-chose. « Je m’entraîne. Et sur mon temps libre ? Je m’entraîne encore. C’est mon travail à plein temps ! » En fonction des questions, c’est tout ou rien, soit le récit ou bien les trois petits points. Le Camerounais est un texte à trous, triste, nerveux et joli à la fois.

    A Paris, il a d’abord dormi dans un parking. « On m’a parlé du 115… De foyers et de chambres à partager avec d’autres. Des alcooliques, des gens dépressifs. Je ne voulais pas. Je n’étais pas là pour accepter la situation. Je voulais m’écarter de tout ce qui était négatif. » Les conseils ici et là le mènent à la MMA Factory, dans le XIIe arrondissement. Le lieu est géré par Fernand Lopez, l’entraîneur français le plus réputé, ingénieur de formation et, surtout, habile entrepreneur. Les qualités du petit nouveau lui sautent aux yeux. Il le prend en main et le façonne. Depuis, il ne le lâche plus.

    Parfois, « le Prédateur » décortique son sport en termes bibliques : « David peut battre Goliath. Le MMA comporte un nombre incalculable de techniques. Tu domines et là, ton adversaire te saisit la cheville, puis te fait une clé. C’est beau quand David peut gagner. » Et parfois, il le ramène sobrement à de la survie : « Si tu ne mets pas des coups, c’est ton adversaire qui le fera. »

    Le MMA : baston indécente dans une cage octogonale pour les uns, spectacle très technique pratiqué par des bonshommes surentraînés pour les autres. En France, les compétitions sont encore interdites (une exception), mais les entraînements et les streamings (l’Hexagone est dans le top 10 des consommateurs à l’échelle du monde) font des cartons. Hypocrisie.

    Francis Ngannou est originaire de Batié, petite commune de l’ouest du Cameroun où il retourne pour les vacances. Il a trois frères et une sœur. Le récit : « Enfant, j’allais de maison en maison, je changeais d’école tout le temps. J’étais pauvre. » Les trois petits points : son cercle, sa routine, son parcours entre l’Afrique et la France. Gosse, il s’amusait avec d’autres à imiter les prises de Jean-Claude Van Damme. « Je n’ai pas eu d’amis d’enfance, parce que je n’avais pas le bon profil. Qu’avais-je à offrir ? Parfois, j’avais envie de parler, mais il n’y avait personne. Je n’allais pas me torturer avec ça. Alors je me suis dit qu’on pouvait vivre sans amis. »

    Il se lance sur le tard dans la boxe anglaise. A 22 ans. Il dit que son premier combat au pays est aussi une affaire de fulgurance. Alors que son vis-à-vis le malmène, il se rebelle en repensant à son rêve : une couronne mondiale. Victoire dans l’anonymat, après une journée de manutention. « L’arbitre m’a arraché mon adversaire d’entre les mains. » Le Camerounais signe son premier contrat avec l’Ultimate Fighting Championship (UFC) en 2015. La Ligue américaine a la main sur le business du #MMA et l’image de ses combattants. A cette échelle, on parle d’un géant du divertissement qui vend des machines à coller des pains, des récits et des synopsis de biopic. Son rendez-vous de samedi, à Boston, lui assure d’office un chèque de 500 000 dollars. Didier Carmont : « Je suis certain qu’il a gardé la boxe dans un coin de sa tête. Un jour ou l’autre, il voudra y revenir. » Dans sa vie d’après, #Ngannou se verrait bien en hommes d’affaires. « J’impressionne souvent les gens en calcul mental. Enfant, à l’école, le prof demandait parfois combien faisait 5 moins 6.Tandis que tous les autres cherchaient, j’avais déjà trouvé. »
    Ramsès Kefi - photo : Laurent Troude pour Libération

    Francis Ngannou a été battu sur décision à Boston.
    #ufc #boxe #sports_de_combat

  • GPA : « Non au marché de la personne humaine »
    http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2018/01/19/gpa-non-au-marche-de-la-personne-humaine_5243840_3232.html

    Tribune. En un temps où l’on s’insurge contre les violences faites aux femmes, où l’on traque les stéréotypes de genre et où l’on revendique l’égalité des sexes, il serait opportun que l’usage commercial de leur corps dans l’industrie procréative mobilise davantage l’opinion publique et les médias.

    Au lieu de cela, on observe une étrange complaisance à l’égard de ce que l’on nomme abusivement une « technique », alors que la maternité de substitution est une « pratique sociale » qui consiste à louer la vie d’une femme, jour et nuit, pendant neuf mois.

    Pour lui donner un aspect altruiste, on appelle gestation pour autrui (GPA) la convention par laquelle une femme s’engage à devenir enceinte (par insémination artificielle ou transfert d’embryon) et à accoucher d’un enfant qu’elle remettra dès sa naissance, et moyennant paiement, à ses « parents contractuels ». Personne ne peut ignorer que cette pratique fait partie d’un marché procréatif mondialisé en pleine expansion, qui inclut, comme en Californie, la vente du sperme et des ovocytes. Là où il existe, ce marché constitue une forme nouvelle d’appropriation du corps féminin.

    Lire aussi : « On ne peut plus ignorer les enfants nés par GPA »

    L’enjeu des choix législatifs nationaux et internationaux en ce domaine est considérable, face à la pression de tous ceux qui trouvent un intérêt financier important dans cette affaire : cliniques, médecins, avocats, agences de « mères porteuses », auquel s’ajoute l’intérêt subjectif de ceux que les agences appellent sans vergogne les « clients » et qui désirent obtenir un enfant à tout prix.

    L’objet d’un tel commerce n’est pas seulement la grossesse et l’accouchement, c’est aussi l’enfant lui-même, dont la personne et la filiation maternelle sont cédées à ses commanditaires.
    On convient à l’avance du prix du « service »

    Dans son principe, une telle transaction commerciale (elle l’est toujours, même si l’on déguise le paiement en indemnité ou dédommagement) est contraire aux droits de la personne humaine et s’apparente à une forme de corruption. De corruption en effet, puisqu’elle attribue une valeur marchande et à l’enfant et à la vie organique de la mère de substitution. Car l’un et l’autre sont des personnes, sujets de droits, et il existe une différence, capitale en droit, entre les personnes et les biens. De plus, depuis l’abolition de l’esclavage, nul ne peut exercer sur une personne humaine les attributs du droit de propriété.

    C’est pourquoi, en matière d’adoption, la Convention de La Haye interdit tout arrangement programmant à l’avance l’abandon d’un enfant par sa mère de naissance et tout paiement de l’enfant par les parents adoptifs.

    Or c’est un tel arrangement préalable qui est en cause avec la maternité de substitution : on convient à l’avance du prix du « service » rendu par la mère et donc du prix de l’enfant à naître. Et celle qui accouche est bien la mère biologique, même lorsque l’enfant n’hérite pas de ses gènes, car un embryon n’a aucune chance de devenir un enfant sans un corps féminin qui lui assure son lent développement biologique. On ne fait pas un enfant seulement avec des gènes.
    « Depuis l’abolition de l’esclavage, nul ne peut exercer sur une personne humaine les attributs du droit de propriété »

    La GPA est ainsi une façon de falsifier la filiation maternelle de l’enfant en substituant une mère « intentionnelle » à sa mère de naissance. Certains demandent à la France de transcrire tels quels les actes d’état civil établis à l’étranger sur la base d’une GPA, sachant que cette transcription légitimerait la GPA et mettrait immédiatement en cause notre législation. Or, en dépit de mensonges réitérés sans relâche, ces enfants ont heureusement des papiers, par exemple des passeports américains, ou délivrés par d’autres pays, et si l’un de leurs parents est français ils obtiennent un certificat de nationalité. Dans son arrêt du 26 juin 2014, la Cour européenne des droits de l’homme elle-même a reconnu que la famille Mennesson vivait en France « dans des conditions globalement comparables à celles dans lesquelles vivent les autres familles ».

    Certains soulignent que des femmes « consentent », en connaissance de cause, à servir de mères porteuses, et donc qu’elles acceptent leur propre aliénation et leur propre marchandisation. Sans doute : mais l’inégalité économique entre la femme et ses clients explique assez ce genre de consentement. Et surtout, dans une société où il y a des lois protectrices des droits fondamentaux, il n’appartient pas aux individus de passer entre eux des contrats contraires à ces droits. C’est pourquoi, en France, nul ne peut consentir légalement à vendre un de ses reins, ni s’engager à devenir esclave.
    Résister au « marché total »

    Dans cette affaire, débattue dans notre pays depuis presque trente ans, il s’agit de comprendre que la demande d’enfant est déjà un effet de l’offre médicale, dès lors que la médecine, oubliant l’impératif de ne pas nuire, collabore avec les marchés du corps humain au nom de la liberté des contrats. Dans certains pays, des médecins ne voient pas non plus d’inconvénient à greffer sur leurs patients des reins achetés à des « donneurs » vivants, ou même extorqués par des trafiquants aux populations les plus déshéritées, comme les réfugiés.

    Le corps médical doit ainsi s’inquiéter de savoir s’il veut sacrifier son éthique à une idéologie ultralibérale qui tend à réduire la personne humaine à une ressource biologique disponible sur le marché. Dans le passé, ne l’oublions pas, des médecins éminents se sont compromis avec des idéologies encore plus redoutables : la bioéthique est née à partir des procès de Nuremberg.

    La responsabilité du législateur est ici immense, car le respect des droits de la personne humaine et de son corps est l’un des principaux critères susceptibles de définir une société civilisée.

    Les Etats doivent-ils renoncer à la protection des personnes en les abandonnant aux lois du marché ? L’enfant doit-il être conçu comme un produit dont le prix fluctue selon l’offre et la demande ?

    Il s’agit de savoir dans quelle société nous voulons vivre et d’avoir le courage de résister au « marché total », comme c’est encore le cas de la plupart des pays européens. L’honneur de notre pays serait, avec d’autres, de travailler à l’abolition universelle d’une pratique qui touche aujourd’hui, dans le monde, les femmes les plus vulnérables.

    Eliette Abécassis, écrivaine ; Sylviane Agacinski, philosophe ; Marie Balmary, psychanalyste ;
    Pilar Aguilar Carrasco, représentante du groupe espagnol No somos vasijas ; Marie-Jo Bonnet, historienne des femmes ; José Bové, député européen ; Lise Bouvet, philosophe, politiste et traductrice féministe ; Didier Cahen, écrivain ; Laure Caille, présidente de l’association Libres Mariannes ; Geneviève Couraud, présidente de l’association l’Assemblée des femmes ; Michèle Dayras, médecin, présidente de SOS Sexisme ; Maria De Koninck, professeure émerite à la faculté de médecine de l’Université Laval ; Anne Desauge, secrétaire générale d’Elus locaux contre l’enfance maltraitée (Elcem) ; Ana-Luana Stoicea-Deram, présidente du Collectif pour le respect de la personne ; Laurence Dumont, députée, initiatrice des Assises pour l’abolition universelle de la GPA ; Alice Ferney, écrivaine ; Eric Fiat, professeur de philosophie morale et d’éthique médicale, à l’université Paris-Est Marne-la-Vallée ; René Frydman, gynécologue obstétricien ; Cristina Gramolini, présidente de l’association nationale Arcilesbica, Italie ; Florence Gruat, cadre hospitalière sup, docteure en éthique ; Diane Guilbault, présidente du groupe pour les droits des femmes du Québec ; Béatrice Joyeux-Prunel, historienne de l’art contemporain ; Frédérique Kuttenn, professeure émérite d’endocrinologie de la reproduction ; Catherine Labrusse-Riou, ­professeure de droit à l’université Paris-I ; Anne-Yvonne Le Dain, géologue, agronome, ancienne députée ; Manuel Maidenberg, pédiatre ; Christine Mame, présidente d’Elus locaux contre l’enfance maltraitée (Elcem) ; Francesca Marinaro, représentante de l’association italienne Se non ora quando - Libere ; Yaël Mellul, ancienne avocate, présidente de l’association Femme & libre ; Florence Montreynaud, historienne et féministe ; Françoise Morvan, présidente de la coordination française pour le lobby européen des femmes, membre du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes ; Isabelle Moulins, présidente du Centre évolutif Lilith de Marseille ; Nicole Péry, ancienne secrétaire d’Etat aux droits des femmes et vice-présidente du Parlement européen ; Yvette Roudy, ancienne ministre des droits des femmes ; Dominique Schnapper, directrice d’études à l’EHESS, ancienne membre du Conseil constitutionnel ; Martine Segalen, ethnologue, professeure émérite des universités ; Didier Sicard, professeur émérite de médecine et ancien président du Comité consultatif national d’éthique ; Myriam Szejer, pédopsychiatre et psychanalyste, présidente de l’association La Cause des bébés ; Jacques Testart, biologiste de la procréation ; Henri Vacquin, sociologue ; Monette Vacquin, psychanalyste ; Jean-Louis Vildé, professeur émérite pour les maladies infectieuses ; Jean-Pierre Winter, psychanalyste.
    Associations et collectifs : Association nationale Arcilesbica, Italie ; Assemblée des femmes ; Collectif pour le respect de la personne (CoRP) ; CQFD Lesbiennes Féministes ; Coordination des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception (Cadac) ; Elus locaux contre l’enfance maltraitée ; Femme & Libre ; groupe No somos vasijas ; Pour les droits des femmes du Québec (PDF Québec) ; association Se non ora quando - Libere ! (Espagne) ; Libres Mariannes ; collectif Ressources prostitution ; SOS Sexisme

    #Reproduction #GPA #Féminisme

  • Contraception masculine : quelles sont les méthodes disponibles en France ?
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/01/14/contraception-masculine-quelles-sont-les-methodes-disponibles-en-france_5241

    Cinquante ans après la loi Neuwirth, légalisant en France la fabrication et la mise à disposition de contraceptifs, en dépit d’un modèle en évolution, le poids du contrôle des naissances repose encore majoritairement sur les épaules des femmes.

    Depuis le 1er janvier 2017, le Planning familial propose, à Paris, des journées de consultation groupées adressées aux hommes. Mais celles-ci n’attirent pas les foules. « Les premiers mois, il y avait une personne par consultation, ces derniers temps, on est entre trois et quatre », estime Caroline Rémy, coprésidente du Planning familial.

    Lors des consultations, les hommes recherchent avant tout « une méthode un peu plus fiable que le préservatif, qui peut craquer de temps en temps », poursuit Caroline Rémy :

    « Ils veulent aussi partager la contraception avec leur femme et être une forme de soutien dans les méthodes contraceptives. »

    Lire (en édition abonnés) : 50 ans après l’autorisation de la pilule, trois générations de femmes livrent leur expérience
    Toujours pas de pilule pour les hommes

    Il faut dire que les alternatives au préservatif ne sont pas encore largement popularisées. La pilule contraceptive, qui représentait encore en 2016 le principal moyen de contraception d’une femme sur deux, selon l’Institut national d’études démographiques (INED), n’existe toujours pas pour les hommes. « Je pense qu’il n’y a pas un afflux de demandes et donc les laboratoires ne se penchent pas vraiment sur la question », juge Mme Rémy.

    « On a largement les moyens scientifiques de développer la pilule pour homme », assure quant à elle Cécile Ventola, chercheuse à l’INED, qui note un intérêt au statu quo et une frilosité des laboratoires pharmaceutiques.

    « Toutes les innovations en matière de contraception féminine qui ont été réalisées dans les dernières décennies n’ont pas été portées par l’industrie pharmaceutique mais par des organismes publics : anneau vaginal, stérilet hormonal, etc. »

    Pour Pierre Colin, cofondateur de l’Association pour la recherche et le développement de la contraception masculine (Ardecom), il s’agit d’un faux problème :

    « Pourquoi une pilule ? On entend les femmes parler de leur contraception, elles en ont marre de leur pilule et le stérilet en cuivre a beaucoup de succès à cause de ça. »

    « Depuis quarante ans, on a deux types de contraception — trois avec la vasectomie — et on est une centaine d’hommes “contraceptés” en France. »

    Lire : Apogée et déclin de la pilule, tabou de la stérilisation : 50 ans de contraception en France
    L’injection d’hormones

    Peu médiatisée, la contraception hormonale masculine consiste en des injections hebdomadaires de testostérone. Une méthode qui, en plus d’être méconnue, est lente à se mettre en place. « Il faut faire des spermogrammes [au cours du traitement], déjà ça va rebuter certains hommes qui ne vont pas se compliquer la tâche », dit la coprésidente du Planning familial. Il faut attendre jusqu’à trois mois pour l’arrêt de la production de spermatozoïdes :

    « Le cycle masculin ne s’arrête pas aussi rapidement que le cycle féminin. Les trois premiers mois, vous n’êtes pas vraiment “contraceptés”. »

    Au cours de l’utilisation, les piqûres sont autoadministrables et coûtent « dix euros par semaine en pharmacie », précise Pierre Colin. Ce traitement hormonal est réversible mais, là encore, il faut attendre trois mois pour pouvoir à nouveau procréer.

    Ce traitement doit impérativement faire l’objet d’une discussion préalable avec un professionnel de santé. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande un usage limité à dix-huit mois, et réservé aux « hommes de 25 à 45 ans n’ayant pas certains antécédents (cardiovasculaires, hépatiques, de cancers, d’obésité, psychiatriques, etc.) ou ne consommant pas de tabac », rappelle l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).

    Une autre méthode, nommée « contraception masculine thermique », consiste en une légère augmentation de la température des testicules, « méthode qu’on appelle également “slip chauffant” », précise Caroline Rémy. Il s’agit donc d’un sous-vêtement ajusté qui place les testicules dans une certaine position pour les réchauffer. Le prix ? « Cinq euros de plus qu’un slip normal », répond Pierre Colin. Il faut porter ce sous-vêtement sept jours sur sept, et quinze heures par jour. Là encore, la méthode est réversible mais met jusqu’à trois mois pour devenir efficace ou cesser de l’être.

    Pour la contraception thermique comme hormonale, le nombre d’utilisateurs est flou : « Je pense que ça se compte sur les doigts d’une main, peut-être deux, dit Cécile Ventola. Les usagers potentiels ne savent pas que ça existe et les médecins non plus », regrette la chercheuse.

    Attention, le « slip chauffant » n’est pas une méthode reconnue par l’OMS, et l’Agence nationale de santé publique (ministère de la santé) fait savoir au Monde qu’elle refuse de prendre position sur son efficacité contraceptive et d’en faire la promotion pour le moment. Santé publique France déclare cependant suivre les travaux de l’Ardecom, « interlocuteur privilégié sur la méthode en France ». Les études sur cette méthode sont, pour le moment, limitées. « On doit le porter tout le temps, et ce n’est pas fiable », disait l’urologue Didier Legeais sur Franceinfo.
    La stérilisation reste taboue en France

    Enfin, l’ultime moyen de contraception masculine, la vasectomie, est également très peu répandu en France, où la stérilisation est autorisée depuis 2001. Elle concerne environ mille hommes en France, selon l’Ardecom et le Planning familial. Il s’agit d’une opération des testicules qui va bloquer de façon permanente la production de spermatozoïdes.

    Cette méthode n’est pas toujours réversible, aussi les hommes qui y recourent ont-ils la possibilité de congeler du sperme gratuitement avant l’opération. Selon Pierre Colin, elle est pratiquée par « une cinquantaine de médecins » en France. « L’Angleterre est beaucoup plus en avance et a beaucoup plus accès à la vasectomie, qui est proposée dans beaucoup de centres et par beaucoup plus de praticiens qu’en France », dit Caroline Rémy.

    Pour développer l’accès et le recours à la stérilisation, il faudrait « un changement de mentalités large », estime la coprésidente du Planning familial, alors que la plupart des personnes interrogées évoquent les effets d’une politique nataliste française, couplée à un manque de sensibilisation parmi les professionnels de santé. Contre les préjugés, Pierre Colin rappelle que l’érection et la libido ne sont en rien affectées par cette opération.

    Je trouve la manière de présenté le remonte-couilles-toulousain très contre productive. Oui il faut le porter 15h par jour, c’est assez léger comme contrainte, ca coûte rien, on peu le faire à la maison, pas de big pharma dans l’affaire et pourtant c’est jugé peu fiable et pas validé par l’OMS. Alors que c’est la seule méthode contraceptive réversible masculine accessible actuellement.

    #contraception_masculine #RCT

  • #Didier_Fassin au chevet des « vies inégales »
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/100118/didier-fassin-au-chevet-des-vies-inegales

    Médecin devenu anthropologue, Didier Fassin se fait philosophe pour expliquer en quoi les inégalités sociales révèlent des « hiérarchies morales » donnant plus de valeur à certaines vies qu’à d’autres. Dans son ouvrage La #vie. Mode d’emploi critique, il montre que les formes de vies imposées à ceux qui ne comptent pour rien reflètent les « impasses » des démocraties contemporaines, « incapables de se hisser à la hauteur des principes qui fondent leur existence même ».

    #Culture-Idées #anthropologie #biopolitique #éthiques_de_la_vie #formes_de_vie #migrants #politiques_de_la_vie

  • Didier Epsztajn et Patrick Silberstein : Nous, melons, bamboulas, ritals, espingouins, portos, niakoués, polaks, youpins, romanos, métèques… – Le blog de Christine Delphy
    https://christinedelphy.wordpress.com/2018/01/10/didier-epsztajn-et-patrick-silberstein-nous-melons-bambou

    Didier Epsztajn et Patrick Silberstein : Nous, melons, bamboulas, ritals, espingouins, portos, niakoués, polaks, youpins, romanos, métèques…

    Nous sommes les filles et les fils de ce que Louis-Ferdinand Céline désignait comme « ce grand ramassis de miteux, de chassieux, puceux, transis, qui ont échoué ici poursuivis par la faim, la peste, les tumeurs et le froid, venus vaincus des quatre coins du monde ».

    Nos parent-e-s et nos grands-parent-e-s ont figuré sur l’affiche rouge un jour de 1944 ou ont été jetés dans la Seine un jour de 1961. Nous sommes les enfants de celles et ceux que les Papon ont arrêté-e-s, déporté-e-s, raflé-e-s, ratonné-e-s, interné-e-s aux Milles, à Argelès ou à Drancy.

    Ici, un jour, nos grands-parent-e-s et nos parent-e-s ont choisi de construire leur avenir et le nôtre. Il n’y a nulle usine, nul chantier ou atelier qui ne soit empreint de leur sueur et de leur sang. Il n’y a nul combat social ou politique auquel elles et ils n’ont été mêlé-e-s. Mais l’avenir auquel elles et ils pensaient n’avait rien à voir avec l’apartheid urbain, la chasse au faciès et à l’enfant.

    Ce dont elles et ils rêvaient, c’était de liberté, d’égalité et de fraternité.

    Ce dont nous avons besoin, nous qui avons un nom à coucher dehors avec un billet de logement, nous habitant-e-s de ce pays, nous, melons, bamboulas, ritals, espingouins, portos, niakoués, polaks, youpins, romanos, métèques et autres racailles, c’est d’un grand ministère de la citoyenneté et de l’égalité.

    Nous avons besoin, de mesures concrètes et précises pour combattre les assignations identitaires, les discriminations, les ségrégations, les rejets. Nous n’avons besoin, en revanche, ni de mots creux sur la République, ni de commisération, ni bien sûr d’évacuation musclée, de contrôle au faciès, de violences policières.

    Nous voulons l’égalité et la justice, ici et maintenant, tout de suite, pour toutes et tous.

    Didier Epsztajn et Patrick Silberstein

  • Didier Super : « Si moi je suis transgressif, c’est vraiment que le monde va mal » – Le Comptoir
    https://comptoir.org/2017/09/06/didier-super-si-moi-je-suis-transgressif-cest-vraiment-que-le-monde-va-mal

    Quand je joue mon spectacle, j’ai souvent des sexagénaires qui viennent me voir en tremblant pour me dire : « Merci, ça fait du bien d’entendre ça« . Là, tu te dis : « Wouah, mais on est dans quelle époque ?« Ce que je fais actuellement, c’était encore considéré comme un spectacle normal il y a vingt ou trente ans. Pour moi, il n’y a rien d’incorrect dans ce que je fais, c’est du spectacle qui titille un peu, mais pas plus que d’autres ont pu le faire avant moi. Aujourd’hui, on me prend pour un transgressif, et j’ai pas l’impression d’en être un. Si moi je suis transgressif, c’est vraiment que le monde va mal.

    #Didier_Super #théâtre #théâtre_de_rue #Aurillac #transgession #humilité

  • Une conversation ouverte à propos de la participation politique de chacun-e | Entre les lignes entre les mots
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2017/11/29/une-conversation-ouverte-a-propos-de-la-partic

    Lecture critique du livre « Culture participative » par Didier Epsztajn.

    Ce livre se présente sous la forme d’une conversation croisée, « la science a toujours été une affaire de conversation » malgré les tentatives actuelles de la privatiser et de la réduire à des droits de propriété intellectuelle.

    Une conversation, cela permet, entre autres, de « combler des trous, des hésitations, des impensés dans les propositions de chacun·e », de commenter ou d’éclairer des concepts et des idées, de souligner les chemins et de ne pas réduire la recherche à son résultat final.

    Les trois auteur-e-s considèrent la culture participative « comme un concept évolutif qu’il faut toujours interpréter selon les pratiques et les normes sociales et juridiques existantes. A chaque pas vers une culture plus participative, nous amplifions les enjeux et rehaussons les critères d’évaluation de nos pratiques réelles ».

    Dans une première partie sont abordés l’environnement médiatique, les enjeux des débats politiques autour des techniques numériques, la cyberculture, l’expansion des capacités de communication, les nouvelles formes d’expression créative, le « spectatorat de masse », la capitalisation par des entreprises des pratiques des individu-e-s (rappelant l’incorporation du travail vivant dans l’accumulation capitaliste), les plateformes de médias, « les technologies ne sont pas participatives, contrairement aux cultures » (ce qui devrait interroger sur leurs possibles utilisation ou non à d’autres fins), la participation à quelque chose et l’interaction avec quelque chose, l’inhérence de la participation à toutes les formes de pratiques sociales, les participations et les résistances, la volonté des concepteurs de « circonscrire les utilisateurs à un petit nombre d’activité acceptables », les nouvelles frontières et hiérarchies dans des espaces où potentiellement chacun-e pourrait contribuer, les privilèges « souvent ignorés dans les discours méritocratiques » (la méritocratie, selon moi, est à dénoncer comme vecteur de construction de l’inégalité), les obstacles sociaux et technologiques à une « participation pleine et entière », l’individualisme et l’égocentrisme. De nombreux éléments pour comprendre les enjeux et les possibles de la « culture participative »…

    Le second chapitre est consacré aux cultures et pratiques de la jeunesse.

    Il y reste beaucoup à analyser autour de la vie privée et publique des jeunes, en gardant le cap sur leurs auto-organisations possibles, « J’estime qu’il est essentiel de permettre aux jeunes d’explorer, de prendre des risques et de chercher un sens au monde qui les attend, eux et leurs camarades de classe », la construction sociale des individu-e-s et l’opportunité des apprentissages, les partages…

    Dans le troisième chapitre, les auteur-e-s discutent des « genres de participation » et des « écarts de participation ». Comment les modalités d’implication dans les médias « respectent elles aussi certains styles et conventions » ?,

    Les auteur-e-s abordent les politiques de participation « suivant la couleur de peau et la classe sociale » (qu’en est-il du sexe ?), l’illusion de la diversité

    Chapitre IV : « Apprentissage et littératie ». L’apprentissage comme effet secondaire de la production créative, les effets de la collaboration ou de la coopération, les toujours situés apprentissages, la littératie comme aptitude à interagir

    La cinquième partie traite de la « culture commerciale », le focus technologique (un vrai fétichisme), les outils qui renforcent les inégalités, les liens entre néolibéralisme et libertarien-ne-s, le web 2.0, le gaming et le mobile, la disparité des motivations, les problèmes de financement

    Ce qui pose bien évidement les questions de « démocratie, engagement civique et activisme » (chapitreVI), les groupes (les auteur-e-s parlent de communautés) d’apprentissage informel, la pensée d’alternatives, le « pouvoir en réseau », les buycotts, les propres conditions des jeunes, les espaces sécurisés, les autres formes de la politique…

    Je trouve intéressant dans la critique par Didier Epsztajn la confrontation entre l’approche aux Etats-Unis, telle qu’elle est développée par le livre et la tradition militante d’opposition que l’on connaît en France. Il y a un autre enjeu de la culture participative, qui mériterait d’être plus souvent débattu, c’est celui de la mondialité. Alors que les réseaux couvrent la planète, les débats sont toujours orientés par les conditions du débat aux endroits d’où sont émises les idées.

    Je reste dubitatif sur des notions comme « empowerment », « agentivité », (si les rapports sociaux ont des effets matériels puissants, ils ne sont pas pour autant des cages de fer closes, ils comportent toujours des contradictions, et les individu-e-s n’y sont jamais réduit-e-s simplement à les subir ; pour le dire autrement les êtres humains construisent leurs histoires sous contraintes), « subculture », « libertarien », l’enseignements des mathématiques de façon concrète…

    Je regrette que les prismes de classe, du genre et des processus de racisation dans la culture, les pratiques et les sociabilités ne soient pas systématisées. Il ne suffit pas d’indiquer que l’âge est la forme la moins reconnue « parmi les diverses dominations structurelles telles que la couleur de la peau, la classe sociale et le sexe », ni seulement traiter de la « politique de participation » suivant ces divisions sociales.

    #Culture_Participative #Didier_Epsztajn #danah_boyd #Mimi_Ito #Henry_Jenkins #C&F_éditions

  • Vers une interdiction de la cigarette et du tabac dans les livres
    https://www.actualitte.com/article/edito/vers-une-interdiction-de-la-cigarette-et-du-tabac-dans-les-livres/85993?origin=newsletter

    Mais pourquoi pas la littérature ? Après tout, le livre est la première industrie culturelle de France ! Et puis, on a déjà pris le pli : il y eut en 2005, à la BNF, cette exposition autour de Sartre, privé de sa légendaire cigarette sur l’affiche de l’exposition. Alors, pourquoi ne pas pousser le bouchon et par souci de santé publique, doucement glisser aux auteures, illustrateurs, romanciers, dessinatrices et consorts, qu’il faut se mouiller et en finir avec les sèches !

    D’ailleurs, ça s’est déjà fait : lors de la publication des mémoires de Jacques Chirac, chez Nil, en 2009, le président s’était fait sucrer sa clope, frappé par la loi Evin. On se souvient en effet du passé de fumeur du président de la République. Avant d’arrêter officiellement en 88, alors que la campagne contre le cancer lancée de 2003 à 2006 avait fait les gorges chaudes de l’Élysée.

    Comment oublier — on s’éloigne un peu des maisons d’édition — le timbre Malraux sans clope, lui aussi passé sous les fourches caudines de la photoshopisation de notre société ? À cette époque, le député Didier Mathus avait même tenté de faire réviser la loi Evin, pour que soit exclu de son champ d’application le patrimoine culturel.

    Le Haut Conseil à la Santé publique avait estimé que donner « un signal d’assouplissement [était] contraire aux objectifs de la lutte contre le tabagisme ». Aussi, merci, mais non. En effet, la proposition « pourrait constituer un cheval de Troie permettant de développer le marketing ».

    L’application de la loi Evin au cinéma n’en reste pas moins une vieille rengaine, et dans le monde des lettres, pas moins. « De fait, l’on impute souvent à la loi Évin plus qu’elle ne dit ni ne prescrit puisque ce texte ne s’oppose qu’aux seules représentations prosélytes du tabac dans l’espace public », rappelait Pascal Mbongo, professeur des Facultés de droit.

    #Littérature #Edition #Dogmatisme

  • 200 rues parisiennes rendent hommage à la colonisation et c’est inadmissible | Entre les lignes entre les mots
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2017/11/20/200-rues-parisiennes-rendent-hommage-a-la-colo

    Est-il normal que des rues et boulevards parisiens portent les noms d’esclavagistes ou généraux ayant tenu des propos racistes ? C’est la question que se posent Didier Epsztajn et Patrick Silberstein dans leur Guide du Paris colonial et des banlieues.

    Rues, boulevards, avenues, places et autres voies, sans oublier collèges, lycées, statues et monuments, sont autant de témoins muets, mais ô combien parlants, de l’histoire telle qu’on nous la raconte et nous l’impose. Une histoire qui, comme l’écrit Robert Aldrich (1996) « reste marquée par cette volonté d’inscrire l’action coloniale sur les rues et les places de Paris ».

    Sur les quelque 6 000 artères, places, promenades et impasses de la capitale, elles sont plus de 200 à parler explicitement du fait colonial. On y retrouve des officiers ayant fait leurs classes « aux colonies » avant, pour la plupart d’entre eux, d’atteindre les plus hautes fonctions en 14-18 et qui y seront de retour, pour les plus jeunes, dans l’entre-deux-guerres. Il y a aussi des « explorateurs », souvent officiers de marine ou de l’infanterie coloniale en « mission », des bâtisseurs, des ministres et des députés. On croise également des littérateurs, des savants, des industriels, des banquiers, des « aventuriers », des déclassés, voire des exaltés. Plus discrets et moins épiques, ils ne bénéficient cependant guère de la reconnaissance toponymique.

    Un peu partout, dispersées dans la capitale, se trouvent des rues et des avenues dont les noms qui, tout en ayant l’apparence de la prétendue neutralité d’un guide touristique, sont autant de points de la cartographie coloniale qui sentent bon le sable chaud et qui font tintinnabuler les vieilles rengaines du « temps des colonies » (Liauzu, 2002). Les rues de Constantine, de Kabylie, de Tahiti, de Nouvelle-Calédonie, d’Annam, du Tonkin, du Dahomey, de la Martinique, de la Guadeloupe ou du Congo ne sont pas une invitation au voyage, mais le rappel subliminal que ces terres étaient ou sont encore pour certaines d’entre elles, comme la Kanaky, des possessions françaises et qu’elles ont été le théâtre de la force des armes et de la « mission civilisatrice » de l’universalisme à la française.

    Bien évidemment, au fil du temps et des inversions de rapports de force, d’autres noms ont pu se glisser sur les plaques bleues pour dire que le Paris de 1792, de 1848, de la Commune et de la Libération est encore debout. La place Gabriel-Péri, les rues Guy-Môquet, Jacqueline-Jakubowicz et Groupe-Manouchian respectivement dénommées en 1944, 1945, 1954 et 1996, le carrefour du Général-Pâris-de-la-Bollardière, ce général qui dénonça l’usage de la torture en Algérie, dénommé en 2007, et quelques autres sont là, comme des coins enfoncés dans le Paris du « parti colonial ».

    Il est temps de « renoncer à la légende » (Manceron, 2006) et de mettre fin à la glorification du brigandage colonial et aux hommages à des personnages qui seraient, en vertu du droit international d’aujourd’hui, considérés comme des criminels de guerre ou des criminels contre l’humanité. Il n’est pas supportable que le Maréchal de France Bugeaud, « insulte permanente à l’émancipation des peuples et aux Algériens en particulier, et à la République qu’il a toujours combattue et haïe » (Le Cour Grandmaison, 2017), parade sur nos avenues. Il n’est pas supportable que des établissements scolaires portent le nom de Paul Bert, partisan d’une éducation limitée pour les peuples colonisés qui voulait « placer l’indigène en position de s’assimiler ou de disparaître ». Il n’est pas supportable que des établissements scolaires portent le nom de Colbert, le « ministre de Louis XIV […] qui jeta les fondements du Code noir, monstre juridique, qui légalisa ce crime contre l’humanité », qui « fonda la compagnie des Indes occidentales, compagnie négrière », l’homme qui « symbolise à la fois la théorie et la pratique » (Sala-Molins et Tin, 2017).

  • Un millier de personnes manifestent à Paris contre l’esclavage en Libye
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2017/11/19/un-millier-de-personnes-manifestent-a-paris-contre-l-esclavage-en-libye_5217

    Un millier de personnes ont manifesté samedi 18 novembre à Paris contre des cas d’esclavage en Libye, selon la préfecture de police de Paris. Ils réagissaient à la diffusion d’un reportage de CNN montrant des migrants vendus aux enchères. Les manifestants ont répondu à l’appel de plusieurs associations, et notamment d’un Collectif contre l’esclavage et les camps de concentration en Libye (CECCL), créé à la suite de cette diffusion.

    Brandissant des pancartes « non à l’esclavage en Libye », ils étaient rassemblés vers 16 heures, avenue Foch, non loin de la place de l’Etoile où étaient positionnées des forces de l’ordre. Plusieurs personnalités, comme le comédien Omar Sy, le footballeur Didier Drogba ou l’ancienne Miss France Sonia Rolland, avaient relayé les appels à manifester : « Soyons solidaires et au rdv pour protester contre cette torture et cette violence », avait tweeté Omar Sy.

    #esclavage #manifestation

  • En lançant la force G5 Sahel, la France intensifie sa #guerre en Afrique
    http://www.wsws.org/fr/articles/2017/nov2017/sahe-n18.shtml


    Pour tous ceux qui se demandent pourquoi il y a tellement de #migrants qui viennent de cette zone-là

    Déjà dévasté par l’intervention impérialiste en Libye en 2011 et au Mali en 2013, le #Sahel est menacé d’une nouvelle escalade militaire, alors que les grandes puissances et notamment la France intensifient leur intervention dans cette région stratégique riche en matières premières.

    La nouvelle force régionale organisée par la France, le G5 Sahel – qui regroupe le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad – a lancé sa première opération Haw Bi (« Vache noire ») du 27 octobre au 11 novembre dans la zone frontalière entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Cette force opère en coordination avec les troupes françaises et la MINUSMA, mission de maintien de la paix de l’ONU au Mali (12.000 soldats). Ses patrouilles étaient dirigées contre des combattants islamistes ou touaregs locaux hostiles à Paris et au pouvoir central malien à Bamako.

    « C’est une opération en forme de test », affirme le commandant de la Force, le général malien Didier Dacko. Selon l’armée française, cette opération de « contrôle de zone » a réuni 350 soldats du Burkina, 200 soldats nigériens et 200 militaires maliens.

    Depuis son élection, le Président Emmanuel Macron promet d’intensifier la guerre lancée par son prédécesseur dans l’ancien « pré carré » colonial français, sur fond de profondes tensions géostratégiques entre l’Europe, les Etats-Unis et la Chine. Le 2 juillet, Macron a participé à un sommet extraordinaire des chefs d’État du G5-Sahel à Bamako. Le sommet a lancé la nouvelle force, qui comprend environ 5.000 soldats fournis par les pays de l’alliance.

    Macron a confirmé que la France restera en Afrique et gardera ses 4.000 soldats déployés dans le cadre de l’opération Barkhane au Mali malgré le lancement de la force G5. Il a dit que la France resterait engagée au Mali « aussi longtemps qu’il le faudra » dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Il n’a donné aucune indication de quand Paris pourrait retirer ses troupes.

    #colonialisme #ressources
    https://seenthis.net/messages/645624
    http://www.defense.gouv.fr/operations/operations/sahel/dossier-de-presentation-de-l-operation-barkhane/operation-barkhane

  • « La numérisation de l’école mérite un débat public contradictoire »
    http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2017/10/30/la-numerisation-de-l-ecole-merite-un-debat-public-contradictoire_520

    Par Valérie Brun (professeure d’histoire-géographie), Sandrine Calvignac (professeure d’anglais), Daniel Lahana (professeur de mathématiques), Liêm-Khê Luguern (professeure d’histoire-géographie) ; Amélie Aschenbroich, Elsa Cordier, Didier Escande, Karen Gehrke, Stéphane Tourman (parents d’élèves du collège Albert-Camus de Gaillac, dans le Tarn)

    Notre affaire a fait son petit bruit. Dans le Tarn, au collège Albert-Camus, des profs sont poursuivis, mis en cause et perquisitionnés pour une sombre histoire de « vol de tableaux noirs »…

    Le conseil départemental, qui finance la rénovation du collège, avait décidé qu’à la rentrée l’établissement ne serait équipé que de tableaux blancs. Ceci en dépit de nos multiples démarches et courriers, restés sans réponse, pour préserver notre outil de travail. Le 28 juin, en plein jour, en présence de la direction de l’établissement, et aidés de parents d’élèves solidaires d’une action qu’ils considèrent légitime, nous démontons quelques tableaux noirs. Nous souhaitions les remettre en service à la rentrée. Une douzaine de gendarmes arrive, alertée d’un « cambriolage au collège ». Les tableaux, déjà̀ chargés dans un véhicule, sont remis dans le hall du collège sous leur escorte.

    La suite des événements s’avère plus grave encore. Nous sommes convoqués à la gendarmerie. Nous sommes auditionnés et découvrons alors avec stupeur le contenu de l’accusation. Nous sommes interrogés sur d’autres vols : deux tabourets, deux tables d’élèves, des chariots, des rideaux… Faut-il préciser que nous n’avons rien à voir avec tout ça ? Nous sommes fichés. Pris en photo de face, de profil, de trois-quarts, nos empreintes sont relevées. L’absurde ne s’arrête pas là : suite à nos auditions, nos domiciles sont perquisitionnés.

    La symbolique des « tableaux noirs »

    Que nous est-il reproché ? D’avoir cherché à préserver un outil de travail que nous jugeons indispensable pour l’enseignement de nos disciplines ? D’avoir agi selon les objectifs du développement durable enseignés aux élèves, conformément aux recommandations de l’institution ? Dans une telle situation, chacun d’entre nous, s’il choisit d’agir contre l’absurdité, qu’elle soit d’ordre pédagogique, écologique ou financier, peut se retrouver broyé.

    La symbolique des « tableaux noirs » étant trop forte, tout a été fait pour les noyer sous un fatras d’objets disparus pour nous faire passer pour des délinquants et contester la portée pédagogique de notre acte. Le risque que des professeurs, ici ou ailleurs, décident de contester, par quelque moyen que ce soit, le système dans lequel ils sont pris, justifie la réaction d’extrême violence que nous subissons.

    Il aura fallu plus d’une dizaine de milliers de signatures pour la pétition de notre comité de soutien, le concours de personnalités de tous horizons, pour que les poursuites contre nous soient « suspendues ». Pour autant, nous restons « fichés » et les mensonges et la malveillance de nos accusateurs n’ont pas été punis. Notre dossier n’étant pas « vidé » de cette affaire, nous restons aujourd’hui à la merci des brimades institutionnelles, alors que tant de choses restent à dénoncer.

    L’impératif du tableau blanc

    Avec le sentiment tragique de vivre dans un monde qui tourne à la farce, nous tâchons aujourd’hui d’éclaircir cette situation ubuesque. Dans un collège gouverné par un management dans l’air du temps, nous, les professeurs, sommes devenus des opérateurs. Nous devons non seulement nous soumettre aux réformes successives, mais aussi aux contraintes « techniques » multiples, motivées par les lobbyings de la rénovation.

    Pendant ce temps, les conseils élus pour nous représenter restent sourds aux besoins criants que nous exprimons pour pouvoir exercer notre métier. Le pouvoir politique, propriétaire de notre établissement, comme ailleurs, considère les constructions, les rénovations, les équipements comme des cadeaux. Mais des cadeaux au service de qui ? Le plan numérique dans l’éducation nationale a débouché fin 2015 sur un accord entre Microsoft et notre ministère qui se refusent à appuyer le développement et l’usage des logiciels libres.

    L’impératif du tableau blanc n’est qu’une manifestation de la numérisation à marche forcée, incontournable, qui traverse l’éducation nationale. Il se prête aux vidéos, aux projections, là où le tableau noir est has been. Le tableau blanc est le support indispensable pour l’utilisation des cours « clés en main » et standardisés dont l’offre est illimitée sur la Toile, aux kits pédagogiques proposés par des multinationales (Nestlé, Danone, Total…), aux évaluations et corrections type QCM au moment même où l’éducation nationale peine à recruter et doit faire appel à de nombreux contractuels non formés.

    Le tableau noir est l’expression de cette résistance à la « prolétarisation » de notre métier. D’ailleurs rien ne nous dit encore que l’enseignement gagne quelque chose à cet appareillage numérique, notre quotidien nous démontre que des solutions sont à proposer dans la construction de relations riches, du côté de la liberté et de l’autonomie des élèves. Il est crucial d’exprimer que l’appareillage numérique ne peut pas se substituer à la relation profondément humaine qu’est le rapport entre le professeur et son élève. Nous voulons que soient reconnus nos savoirs, nos savoir-faire et notre bon sens sur le terrain.

    Symptômes d’une idéologie de l’innovation

    Les possibilités numériques doivent être pensées avec nous, par nous. Nous refusons que des « experts » puissent nous demander de soumettre notre expérience, notre souci des élèves, de l’enseignement et de l’apprentissage aux exigences de « l’innovation » qui, on le sait bien, aura déjà changé de forme demain. Notre autorité ne peut venir que du fait que nous sommes vraiment là pour quelque chose : pas pour occuper, pas pour programmer, pas pour surveiller. Nous résistons à la banalisation de ces relations déshumanisées, que ce soit avec nos élèves ou au sein de nos institutions.

    En reconnaissant les symptômes d’une idéologie de l’innovation et d’une crispation autoritaire, nous pouvons faire de notre histoire autre chose qu’un fait divers ; et tracer les lignes de l’ère que nous vivons : la start-up nation et les perquisitions.

    Nous demandons aux collectivités locales et à l’Etat un véritable bilan de l’équipement numérique : combien de milliards d’euros ont été dépensés dans ce domaine depuis ces quinze dernières années ? Comment a été ventilé cet argent public (quelles entreprises en ont été bénéficiaires) ? Et surtout, quel est son impact pédagogique ? A-t-il permis d’améliorer la réussite des élèves en matière de lecture, d’écriture, d’acquisition des connaissances et de l’esprit critique ? A-t-il permis de réduire les inégalités à l’école ?

    Nous voulons un débat public contradictoire, essentiel, sur la numérisation de l’école, à l’écart des lobbys industriels. En attendant, nous demandons publiquement le retour des tableaux noirs aux côtés des tableaux blancs pour tous ceux et toutes celles qui le souhaitent. Saisissons-nous de cette affaire pour parler de l’école, des politiques locales, et plus largement du travail.

  • L’omniprésident Emmanuel Macron défend le principe selon lequel la richesse des « premiers de cordée » peut sortir la société de la crise. Mais pour l’auteur de cette tribune, la recherche de la richesse économique ne fait en rien le bien commun.


    https://reporterre.net/Premiers-de-cordee-Les-riches-sont-un-fardeau-pour-la-collectivite

    Didier Harpagès est l’auteur de Mourir au travail ? Plutôt crever ! Ce qu’est le travail et ce qu’il pourrait être, qui vient de paraître aux éditions Le Passager clandestin. Il collabore régulièrement à #Reporterre.

    #premiers_de_cordée #macronnite_aiguё

  • Affaire Brisseau : le jour où l’actrice Noémie Kocher a brisé l’omerta sur le harcèlement - L’Obs

    http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20171019.OBS6198/affaire-brisseau-le-jour-ou-l-actrice-noemie-kocher-a-brise-l-o

    Seul ? Dans un dossier épais, Noémie a gardé les coupures de presse de l’époque, comme autant de coups de poignard. Louis Skorecki dans « Libération », écrivant d’ailleurs que « Tippi Hedren, harcelée par Hitchcock ’avait dit non à ses avances. Mais ne l’avait pas traîné en justice’ ». « Les Inrocks » expliquant doctement que « les différentes parties dissimulaient leur ignorance profonde de ce qu’est le cinéma ». Le pire ? Cette pétition lancée en faveur du cinéaste, « artiste blessé », sans un seul mot pour ses victimes, qui rassemblait toute la fine fleur du cinéma d’art et d’essai, Olivier Assayas, les frères Dardenne, Claire Denis et tant d’autres. « Que des personnes dont j’admirais le travail. »

    (...)

    Claire Doubliez, avocate de Noémie Kocher et de Véronique H., se souvient. « Quand j’ai pris le dossier, je n’étais pas optimiste. C’est toujours très compliqué ces affaires car il faut démontrer le non-consentement. Et comme il s’agissait d’essais, avec rôles à la clé… Mais lors de l’instruction, on a exhumé tout un système. L’accumulation des témoignages nous a permis de démontrer cette relation d’emprise et d’obtenir une condamnation. » Car tous les témoignages étaient concordants. Comme pour Weinstein. Hélène de Fougerolles ou Marion Cotillard ont elles aussi témoigné. La mère de Vanessa Paradis a évoqué « un incident » lors du tournage de « Noce blanche », la toute jeune actrice conditionnant la poursuite du film à la présence constante de sa mère pendant le tournage.

    #harcèlement_sexuel #viol #cinéma

    • Au procès, Jean-Claude Brisseau, assuré certainement du soutien de ses pairs, n’a jamais exprimé la moindre culpabilité. On peut même dire qu’il a eu le dernier mot, puisqu’il a ensuite à nouveau justifié ses actes dans un livre, puis dans le film « les Anges exterminateurs », encensé par la critique. Les « Cahiers du cinéma » relevaient son « absolu respect pour les personnes qui sont filmées ». « Libération » martelait : « L’affaire Brisseau fut surtout un procès fait au cinéma français d’auteur », et s’enflammait dans un plaidoyer pro domo, signé Antoine de Baecque, auteur justement du livre d’entretiens avec le cinéaste.
      « Jean-Claude Brisseau est un homme dont la seule perversion est de vivre son cinéma comme perpétuellement coupable. Je ne crois donc pas une seconde à la vérité des accusations dont il a fait l’objet quand je vois ’les Anges exterminateurs’, film admirable et pleinement convaincant : la manière même dont il filme les jeunes femmes, [...] est d’une telle justesse, [...] qu’il est pour moi, c’est mon intime conviction, aux antipodes d’un harceleur, d’un violeur, d’un homme agressant une femme. Un appel en forme de film. Jean-Claude Brisseau a été sauvé et blanchi par son cinéma. »
      "J’ai brisé l’emprise"

      Un appel en forme de film ? Si en 2006, le cinéma a acquitté Brisseau, une nouvelle fois, la justice, elle, l’a condamné une nouvelle fois. Comme le relevait notre confrère Didier Jacob, dans le silence le plus total, Julie Q., qui avait été déboutée, a gagné en appel, condamnant le cinéaste pour agression sexuelle. Plus terrible. Deux comédiennes dont l’une joue dans « les Anges exterminateurs » vont accuser Brisseau de viol en 2007. Une information judiciaire a été ouverte, l’homme a été entendu comme témoin assisté, mais la procédure a été abandonnée, faute d’éléments permettant d’établir le « non-consentement ».


      #culture_du_viol #fraternité #artiste

    • Oui il y a toujours cette confusion (chez « le public » ou chez des victimes) de voir la victime comme un statut permanent, ou le résultat d’une action de la victime, alors que le fait qu’on soit active ou passive ne change strictement rien : on est victime parce qu’il y a un agresseur qui agresse, peu importe qu’on se soit défendu ou pas, on est victime de.

  • Fiscalité : tous accros aux subventions _ 80 000 euros par emploi créé

    http://www.lemonde.fr/economie-francaise/article/2017/10/23/fiscalite-tous-accros-aux-subventions_5204739_1656968.html

    Près de 100 milliards d’euros : c’est le coût prévu en 2018, pour l’Etat, des dépenses fiscales. Exonérations, réductions ou crédits d’impôts, aides directes, allocations, primes, taux garantis… Pas moins de 450 niches irriguent ainsi l’économie privée. Si leur efficacité est souvent très relative, les lobbys n’hésitent pas à brandir l’argument massue de l’emploi pour les défendre.

    Alors que s’achève, à l’Assemblée nationale, l’examen en première lecture des recettes du budget de l’Etat pour 2018, les Français auront découvert que les « cadeaux » faits sous la forme de « dépenses fiscales », devenues le mode d’intervention privilégié de la puissance publique, atteindront 100 milliards d’euros l’année prochaine.

    Un montant spectaculaire, mais qui n’est qu’une partie du soutien public. Et qui fait de la France un véritable paradis d’aides – ou un « enfer fiscal », pour certains – sous la forme d’exonérations de cotisations, de réductions ou de crédits d’impôts, de franchises, sans oublier les aides directes, allocations, avances remboursables, primes, taux garantis ou réduits ; bref, toutes sortes de « subventions » réservées aux initiés qui savent s’y retrouver dans un maquis d’une infinie complexité.

    Qui ne bénéficie pas d’au moins une aide directe ou indirecte ?

    En fait, les aides publiques se sont installées comme un ingrédient vital du système économique français. Il y a les services publics marchands, pour lesquels les usagers paient une part de plus en plus faible du service rendu : pas plus de 25 % des coûts de leur déplacement en TER, contre 55 % il y a vingt-cinq ans et 70 % il y a quarante ans. Le signal prix ne fonctionne plus car tout a été fait pour réduire le reste à charge des usagers, et ce, quels que soient leurs revenus.

    Au-delà, les aides irriguent tous les secteurs privés marchands, à commencer par les gros utilisateurs de main-d’œuvre : l’industrie, la construction, le transport, l’hôtellerie et restauration, le commerce, la banque, l’aide à domicile, l’édition et la presse… Entre les exonérations générales (29,6 milliards d’euros en 2017) ou spécifiques (7,5 milliards) de cotisations sociales et le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE, 21 milliards en 2018), plus de 58 milliards d’euros d’aides viennent réduire le coût du travail pour l’employeur. Qui, en France, ne bénéficie pas d’au moins une aide directe ou indirecte ? Pour les seules entreprises, Aides-entreprises.fr répertorie pas moins de 2 024 aides financières nationales, européennes ou locales.

    Au point que ces subventions sont utilisées comme un argument commercial par les professionnels. Le vendeur de chaudière à condensation qui brandit tout à la fois le crédit d’impôt transition énergétique, la TVA réduite, la prime énergie, sans oublier les aides de l’Agence nationale de l’habitat (ANAH) ou l’éco-prêt à taux zéro. La société de petits cours privés qui vend la déduction fiscale de 50 %, comme le font les sociétés de services de ménage, de livraison de plateaux-repas, de jardinage, etc. L’agence immobilière qui demande immanquablement : « Combien d’APL toucherez-vous ? » Ou encore les as de la défiscalisation qui affichent tout de go : « Loi Pinel ? Encore mieux que la loi Duflot ! Plus de souplesse, plus de réductions d’impôts : zéro impôt pendant 6, 9 ou 12 ans. » Et promettent, presque accessoirement, de devenir « propriétaire dans une grande ville ».

    Au point, aussi, que certains secteurs privés entiers, ceux qui ont une très faible valeur ajoutée, ne pourraient plus vivre sans ces aides. Comme l’agriculture, où les subventions d’exploitation (8,2 milliards d’euros en 2016) représentent près du tiers de la valeur ajoutée, et plus que la rémunération de ses salariés. Ou encore les services à la personne, où les 11,5 milliards d’euros d’aides (en 2014) représentent jusqu’à 63 % de la valeur ajoutée du secteur.

    « Solidarité et domesticité »

    Une plongée dans l’histoire des services à la personne montre comment le système des aides se développe et s’enracine dans la société. Au départ, on cherche à résoudre un problème qui fait consensus : aider les personnes handicapées ou dépendantes, au nom de la solidarité. Dès 1948, on crée une exonération pour les particuliers employeurs ; puis, en 1991, une réduction d’impôts à hauteur de 50 % des dépenses. Alors que l’aide est destinée aux services rendus par le biais d’associations, on l’élargit, en 1996, aux entreprises privées qui « mettent des travailleurs à disposition des personnes physiques ».

    Des milliers d’entreprises se créent et s’organisent pour souffler à l’oreille du gouvernement qu’elles sont aussi la solution au problème du chômage. En 2005, le plan Borloo vient ainsi ajouter un deuxième objectif à ces aides : créer de l’emploi. Et annonce que cela doit permettre d’en créer 3 millions ! En 2006, on élargit la liste des services à toute prestation « à condition qu’elle soit comprise dans une offre de services incluant un ensemble d’activités effectuées à domicile ». Ce qui, concrètement, ouvre la voie des subventions à tous les services de confort, de l’assistance informatique à la promenade des chiens en passant par la surveillance de la résidence principale ou secondaire.

    Ainsi, résume l’économiste Florence Jany-Catrice, professeure à l’université Lille-I, « au nom de la création d’emplois, on a regroupé deux logiques très différentes sous une même politique publique : l’une de solidarité, et l’autre de domesticité. En fusionnant ces deux enjeux sous le terme de services à la personne dans une narration publique confuse, on a permis aux grands acteurs privés comme O2, Shiva, etc. de faire indirectement subventionner les services du quotidien. Grosso modo, 5 milliards d’euros de défiscalisation de services de confort, qui ne profitent qu’aux 10 % des Français les plus riches. Cette confusion leur permet de brandir l’impératif de solidarité dès lors que quelqu’un cherche à remettre à plat ces aides ».

    De fait, a calculé le Trésor, sur les 11,5 milliards d’euros d’aides en 2014, seulement 7,2 milliards ont concerné les publics fragiles. Quant aux créations d’emplois, il y en a eu cent fois moins qu’annoncé : « Entre 2006 et 2010, pas plus de 30 000 emplois en équivalent temps plein créés, si on prend en compte la dynamique antérieure », a calculé Florence Jany-Catrice.

    Sans diagnostic du problème à résoudre

    Pour un secteur qui employait 1,4 million de personnes en 2014, soit 450 000 équivalents temps plein (ETP). Et pour un coût considérable : 36 000 euros par an pour chaque emploi créé en ETP dans ces services à la vie quotidienne, a calculé le Trésor. C’est 40 % du coût des « domestiques » qui se trouve ainsi payé par l’Etat, ramenant pour les bénéficiaires leur coût à celui du travail au noir. « C’est de la perfusion publique de grandes entreprises privées, alors qu’avec ces milliards, on pourrait financer la dépendance et les associations qui la gèrent », estime Florence Jany-Catrice.

    En France, on peut aussi distribuer beaucoup d’aides publiques sans diagnostic clair du problème à résoudre. En témoigne l’aide au logement, qui s’élève à 41,7 milliards d’euros en 2016, soit trois fois plus qu’il y a trente ans.

    On a d’abord voulu aider les mal-logés en leur distribuant 18,1 milliards d’euros au travers de trois aides personnelles, dont la fameuse APL. Une aide substantielle, puisque les aides aux seuls locataires représentent 23 % de la masse des loyers versés, et 38 % pour les personnes logées en HLM, selon l’économiste de l’immobilier Didier Cornuel. « Déterminée d’abord par le niveau du loyer, l’APL a poussé les loyers à la hausse sur le marché libre et dans les HLM », indique-t-il. Ce qu’Antoine Bozio, directeur de l’Institut des politiques publiques, confirme : « Il a été démontré que quand il y a une APL, les loyers augmentent du montant de l’aide, signifiant que l’aide est captée quasiment par le seul propriétaire, bailleur privé ou social. »

    L’aide à la demande ayant montré ses limites, on a donc aussi choisi d’aider l’offre – l’idée étant qu’il y a pénurie d’offre – par un ensemble de niches fiscales, dont des taux réduits de TVA sur les travaux dans l’ancien ou des incitations en faveur de l’investissement locatif dans le neuf. Ces incitations ont été conséquentes : en 2015, cette dernière aide finançait 24,3 % de l’acquisition, selon les calculs de Didier Cornuel. Mais, là aussi, explique l’économiste, « l’inflation des prix des biens immobiliers s’est transmise aux dépenses publiques, car les aides à l’investissement sont définies en pourcentage du montant de l’investissement, dans la limite d’un plafond ». Autrement dit, la politique du logement a donc surtout fait monter les prix.

    80 000 euros par emploi créé

    Mais ces aides ont-elles contribué à satisfaire les besoins que le marché ne parvient pas à couvrir ? Plus prosaïquement, ont-elles servi à loger des gens dans le besoin ou à faire tourner les entreprises du bâtiment ? Didier Cornuel est formel : « Cette politique a alimenté une surproduction de logements, car si le neuf trouve preneur, elle vide l’ancien, dont la vacance s’accroît depuis dix ans, même en région parisienne. » Alors que l’on continue à vouloir construire à tout-va, la réponse paraît étrangement inadaptée : « Pour assurer un logement décent à tous à un coût supportable pour la collectivité, il serait plus économique de réhabiliter l’ancien que de construire du neuf. »

    Tout le monde crie à la pénurie de logements ; se serait-on trompé de diagnostic ? « On a pris le doublement des prix du logement entre 2000 et 2007 pour le signe d’une tension sur le marché, ce qui n’est pas le cas », poursuit Didier Cornuel. Car le diagnostic émane bien souvent des acteurs du logement neuf, derrière lesquels, sans compter les plombiers, électriciens, etc., œuvrent quelque 140 000 salariés en ETP. Un poids social non négligeable, même s’il reste cinq fois moindre que celui de l’hôtellerie et de la restauration – un des secteurs privés les plus aidés par les exonérations de charges et la TVA réduite.

    Il en bénéficie depuis 2004, sans que cela ait eu un impact significatif sur les créations nettes d’emplois, malgré un coût public exorbitant : 80 000 euros par emploi créé entre 2004 et 2009, soit bien plus que le salaire annuel moyen du secteur, a calculé Mathieu Bunel, maître de conférences en économie.

    Mais cela importe peu car son poids social l’autorise, à chaque tentative de remise à plat, de faire un chantage à l’emploi. Une recette qui marche à coup sûr. Bercy a voulu rogner le crédit d’impôt sur les fenêtres, dont le rapport coût-bénéfice est faible ? « De 6 000 à 9 000 emplois seront détruits dès 2018 », a immédiatement hurlé la Fédération du bâtiment… qui a obtenu gain de cause. Dans un pays qui compte plus de 3,5 millions de chômeurs, c’est toujours au nom de l’emploi que les acteurs privés parviennent à défendre leur niche. « Dans chaque niche, il y a un chien prêt à mordre », résument régulièrement les députés.

  • VIDEO. Faute de neige au #glacier des Deux-Alpes, il n’y aura pas de ski pour les vacances de la Toussaint
    http://www.francetvinfo.fr/meteo/neige/isere-toujours-pas-de-neige-au-glacier-des-deux-alpes-une-premiere-depu

    Pour tenter de préserver le ski, la station est en train de mettre en place des enneigeurs. Les premiers essais ont eu lieu dans la nuit de vendredi 20 à samedi 21 octobre. « On utilise de l’#eau qui provient de la fonte du glacier, explique Didier Bobillier, directeur de Deux-Alpes Loisirs. On la transforme en neige quand les conditions de froid sont réunies, on l’étale sur le glacier. Cette neige pendant les périodes chaudes, elle va refondre et revenir alimenter ce lac. »

  • Reçu via la mailing-list geotamtam

    Bâillonner les universitaires

    Bonjour,
    Dans l’affaire de #censure politique de Jacques Sapir par la coupole d’#OpenEdition, depuis le 26 septembre, le silence des universitaires et de leurs associations et syndicats, depuis trois semaines, est impressionnant. A quelques exceptions près : http://libertescheries.blogspot.fr/2017/09/menace-sur-la-pensee-libre-le-blog-de.html
    Dans l’affaire certes plus récente de censure, d’un autre type, mais tout aussi politique du colloque sur l’islamophobie à Lyon 2, les réactions de la communauté universitaire et de ses syndicats, sur le plan national, se fait encore cruellement attendre : https://www.mediapart.fr/journal/france/051017/un-colloque-universitaire-sur-l-islamophobie-annule-sous-la-pression
    La somme des lâchetés individuelles risque de se payer collectivement... au prix fort !
    Voici, la suite de l’histoire, au concret dans un établissement malheureusement toujours pionnier sur beaucoup de domaines : une procédure générale de subordination de toute expression publique des enseignants-chercheurs ainsi soumis au bon vouloir des services centraux de communication et du président de l’université de Strasbourg. Elle a fait, avant-hier, l’objet d’une lettre du président à l’ensemble de l’université que vous trouverez ci-dessous (après mon message) et d’un document de procédure que vous trouverez ci-joint (en PDF) ; lisez le, vraiment, c’est édifiant !
    Naturellement, cette procédure porte atteinte à l’indépendance des enseignants-chercheurs et l’on retrouve la question que je viens de poser aux collègues membres du comité scientifique d’OpenEdition : http://rumor.hypotheses.org/4121/comment-page-1#comment-105984
    « Chers membres du comité scientifique d’Openedition, que pensez-vous de ces « opinions » qui s’expriment à votre sujet dans nos textes normatifs et instances républicaines : la Convention européenne des droits l’homme prescrivant, selon la jurisprudence de la Cour, « la possibilité pour les universitaires d’exprimer librement leurs opinions, fussent-elles polémiques ou impopulaires, dans les domaines relevant de leurs recherches, de leur expertise professionnelle et de leur compétence » (CEDH 27 mai 2014 n°346/04 et 39779/04) ; les principes fondamentaux reconnus par les lois de la république, dont celui de l’indépendance des universitaires, selon la jurisprudence du Conseil Constitutionnel français (CC n° 83-165 DC du 20 janvier 1984 et n° 94-355 du 10 janvier 1995) ; l’article L.111-1/al. 4 du Code de la propriété intellectuelle qui déroge, pour les universitaires, au statut général de la fonction publique ; l’article L.411-3 du code de la recherche qui protège l’autonomie de la démarche scientifique ; les articles L.123-9, L.141-6, L.952-2 du code de l’éducation qui rappellent une norme d’indépendance et de liberté d’expression des enseignants, chercheurs et enseignants-chercheurs ? »
    J’attends leur réponse en ligne... mais en attendant, il faut bien reconnaître que ce qui est arrivé à Strasbourg est le point d’aboutissement logique d’une histoire déjà longue... même en la considérant dans sa brève temporalité des derniers mois :
    Février 2016 : procès contre Bernard Mezzadri, au motif de ce que l’on pourrait appeler un "crime de lèse-majesté", par raillerie, contre le premier ministre Valls ; le parquet et l’université d’Avignon, partie civile (sans autorisation du CA), sont déboutés (mais celui qui était président de l’université au moment des faits, 27 mai 2015, est nommé Recteur par le gouvernement Valls, en décembre 2015) : https://blogs.mediapart.fr/pascal-maillard/blog/180216/relaxe-de-bernard-mezzadri-reaction-de-l-universitaire-et-analyse-de
    Décembre 2016 : déclarations de la présidente de la région d’Ile-de-France annonçant son refus de financer les études sur le genre, les inégalités et les discriminations ; comme le titre Libération : « Valérie Pécresse coupe les bourses aux études de genre », Libération, 15.12.2016 ; cette décision interrompt les finances des thèses de doctorats et des recherches professionnelles sur ce domaine du genre et plus largement de l’intersectionnalité (cf. ci-après) : http://www.liberation.fr/direct/element/valerie-pecresse-coupe-les-bourses-aux-etudes-de-genre_54010
    Janvier 2017 : décision politico-administrative de la direction de Science Po Paris d’interdire la conférence d’un chercheur sur la Russie de Poutine et ses relations avec les activités terroristes par crainte de retombées négatives pour l’établissement dans ses relations universitaires avec ce pays ; c’est précisément l’argument de "l’image de l’établissement" qui est aujourd’hui utilisé par les dirigeants de l’Université de Strasbourg ; cf. « Sciences Po annule une conférence sur la Russie de Poutine », Le Monde, 31.01.2017 : http://www.lemonde.fr/campus/article/2017/02/01/sciences-po-annule-une-conference-sur-la-russie-de-poutine_5072473_4401467.h
    Mai 2017 : menaces politiques contre un colloque en Ile de France sur l’intersectionnalité dans les recherches en éducation, intersectionnalité des imbrications classe/race/genre qui n’est plus bon chic bon genre depuis la décision de Valérie Pécresse : suivies de blocages administratifs rectoraux visant à l’annulation pour motifs de troubles à l’ordre public, puis contournement des blocages par réorganisation différente et restreinte du colloque sous haute protection policière ; voir à ce sujet l’analyse de Didier Fassin : http://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20170518.OBS9602/comment-un-colloque-sur-l-intersectionnalite-a-failli-etre-censu
    Septembre 2017 : censure politique de Jacques Sapir par la coupole d’OpenEdition, fermeture du blog, depuis le 26 septembre 2017 au motif, comme dans l’affaire Mezzadri, de ce que l’on peut appeler un "crime de lèse majesté" à l’encontre du président Macron, pour lui avoir donné leçon notamment sur le concept de laïcité (dernier billet avant censure du blog) et aussi de l’image très "scientifique" de la plateforme de blogs (!) un peu comme l’image de l’université à Strasbourg ; voir par exemple le débat en cours dans la blogosphère notamment ici : http://rumor.hypotheses.org/4121/comment-page-1#comment-105984 et là (surtout dans les commentaires après le mauvais billet) : http://affordance.typepad.com//mon_weblog/2017/09/hypothese-sapir-en-pire-.html
    Octobre 2017 : fin de la procédure judiciaire dans le cadre d’une "procédure-baillon" intentée par l’entreprise Chimirec contre Denis Mazeaud, professeur de droit commentant dans une revue scientifique, une décision de justice... certes la justice lui donne raison, mais comme le remarque P.Robert-Diard (Le Monde) : "La vigilance des juges face à ce type de procédures ne rassure toutefois pas complètement les universitaires. Comme le soulignait le professeur de droit Denis Mazeaud en février 2017 dans la revue La Gazette du Palais au lendemain du jugement de relaxe deLaurent Neyret, « ce qui doit retenir l’attention, c’est le message subliminal adressé à tous les enseignants-chercheurs qui n’ont pas peur de déranger, de s’engager, de faire leur métier (...) et d’exprimer leurs opinions sans concession en toute liberté et en parfaite indépendance. Attention, leur est-il dit, il pourrait vous en coûter très cher et pas seulement en frais d’avocat ! »" : http://sociologuesdusuperieur.org/article/procedures-baillons-la-cour-dappel-de-paris-au-soutien-de-la
    Octobre 2017 : ... menaces politiques contre un colloque sur l’islamophobie à Lyon 2 ; sous la pression de l’extrême droite... là c’est plus simple : le colloque a été purement et simplement annulé : https://www.mediapart.fr/journal/france/051017/un-colloque-universitaire-sur-l-islamophobie-annule-sous-la-pression
    5 Octobre 2017 : procédure générale de subordination de toute expression publique des enseignants-chercheurs de l’université de Strasbourg, ainsi soumis au bon vouloir des services centraux de communication et du président de l’université de Strasbourg. Elle a fait, ce 5 octobre, l’objet d’une lettre du président à l’ensemble de l’université (ci-dessous) et d’un document de procédure édifiant (ci-joint en PDF) ! Plus aucune communication avec les journalistes sans prévenir 10 jours avant le Service de la communication, le Directeur de la composante, le Correspondant communication de la composante et obtenir leurs accords ou à J-2 de la "date prévisionnelle" ! CQFD
    S’agissante de l’analyse juridique de cette note de service à l’université de Strasbourg, je ne peux que dupliquer l’analyse faite sur une autre note de service, d’un autre établissement et à un autre sujet, mais équivalente sur le plan juridique, dans un article récent ( d’ailleurs hautement scientifique puisqu’il est publié sur OpenEdition ! ...dans Rfsic-11 : http://rfsic.revues.org/3194#tocto2n4 )
    "24 - Il s’agit d’une note de service qui, sur le plan juridique, comme le rappel le « Guide de légistique » publié par la Documentation Française et le site de Légifrance29, a la même valeur qu’une circulaire : « Sous des appellations diverses - circulaires, directives, notes de service, instructions, etc. - les administrations communiquent avec leurs agents et les usagers pour exposer les principes d’une politique, fixer les règles de fonctionnement des services et commenter ou orienter l’application des lois et règlements. Si le terme « circulaire » est le plus souvent employé, la dénomination de ces documents qui suivent un régime juridique principalement déterminé par leur contenu n’a par elle-même aucune incidence juridique : une « circulaire » n’a ni plus ni moins de valeur qu’une « note de service ». ».
    25 - Or, ajoute le même guide « une circulaire peut être déférée au juge administratif, y compris lorsqu’elle se borne à interpréter la législation ou la réglementation, dès lors que les dispositions qu’elle comporte présentent un caractère impératif (CE, Sect., 18 décembre 2002, Mme Duvignères, n° 233618), ce qui est le plus fréquemment le cas. Le juge censure alors – c’est le motif le plus fréquent de censure – celles de ces dispositions que le ministre n’était pas compétent pour prendre, non seulement lorsque la circulaire comprend des instructions contraires au droit en vigueur, mais aussi lorsqu’elle ajoute des règles nouvelles. » (nous soulignons). Ce qui vaut pour un ministre valant pour un directeur d’établissement public, et le caractère impératif dans le cas de cette note étant explicite, la conclusion paraît évidente : la création d’une norme d’obligation dans cette note devrait être jugée illégale, mais l’illégalité ne pourra être constatée par le juge administratif que s’il est saisi…"
    En faudra-t-il davantage pour que les universitaires renoncent individuellement et collectivement à la stratégie de la tortue ? ... que les sociétés savantes, les associations professionnelles, les syndicats du secteur, les revues scientifiques, les composantes d’universités s’expriment ?

    La suite de l’histoire le dira...
    Bien cordialement,
    Jérôme Valluy
    PS : ce message est public, merci de le retransmettre sur toutes les listes de diffusions, blogs et réseaux sociaux que vous souhaitez informer...
    –----------------------------------------
    De : <president@unistra.fr>
    Objet : Nouvelle procédure pour les relations avec la presse de l’Université de Strasbourg
    Date : 5 octobre 2017 11:15:09 UTC+2
    À : <congresuniversite@unistra.fr>, <dir-comp@unistra.fr>, <dir-labo@unistra.fr>
    Répondre à : <president@unistra.fr>

    Chers et chères collègues,
    Mesdames et Messieurs,

    L’impact médiatique d’un événement, d’une action, d’une prise de position par un membre de la communauté universitaire dans la presse peut avoir des conséquences importantes sur l’image générale de l’université, positivement ou négativement.
    C’est pourquoi le service communication a formalisé une procédure relative aux relations presse, que je vous adresse aujourd’hui. Cette démarche fait suite à l’une des recommandations de l’audit consacré à la fonction communication, qui préconise que le cabinet de la présidence et le service communication soient a minima informés de toute démarche en direction de la presse, ce qui permettra aussi de mieux suivre et repérer les retombées presse générées par ces actions.
    Cette procédure explique très clairement, en fonction des situations, comment procéder et quelle aide le service communication est en mesure de vous apporter.
    Merci d’accorder à cette nouvelle procédure toute l’attention nécessaire et d’informer vos collègues et collaborateurs de son existence et de la nécessité de la mettre en œuvre.
    Très cordialement,
    Michel Deneken
    Président de l’Université de Strasbourg
    Cabinet de la Présidence
    4 rue Blaise Pascal
    CS 90032
    67081 Strasbourg Cedex
    <http://www.unistra.fr>

    #université #liberté_académique #liberté_d'expression

  • La droite et l’extrême droite israéliennes en pleine radicalisation
    https://nantes.indymedia.org/articles/38713

    Le premier débat des « Géopolitiques de Nantes », organisées par l’IRIS, était consacré, vendredi 29 septembre, au Proche-Orient, avec Didier Billion, Samy Cohen, Alain Dieckhoff, Marianne Meunier et votre serviteur - devant un public impressionnant de centaines de personnes attentives qui frappaient par leur jeunesse. Voici mon intervention sur la radicalisation d’Israël...

    #Racisme #Répression #Resistances #antifascisme #XXXLIEN54LIENXXX #Racisme,Répression,Resistances,antifascisme

  • Tout Macron tient dans cette phrase : « Vous n’allez pas me faire peur avec votre tee-shirt : la meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler. »
    pour lui il est inimaginable qu’on ne veuille pas devenir riche, qu’on ne veuille pas porter un costard, qu’on ne puisse se contenter d’un t-shirt. c’est son mépris de classe.
    l’expression du mépris de classe est à Macron, #PrésidentDesRiches, ce que l’air est au commun des mortels... une respiration, un réflexe vital auquel il ne pense plus, le souffle d’une pompe (à fric pou lui, organique pour nous) qui irrigue tout son être, la contraction d’un muscle qui imprime son rythme à la vie. certains mentent, lui, méprise comme il respire.et derrière lui, sa pitoyable bande de winners qui tente de le justifier, de nous faire croire que sa pensée complexe ne peut être comprise des pauvres bêtes de somme que nous sommes. comme le demandait déjà il y a longtemps NTM : mais qu’est-ce qu’on attend...

    http://www.lepoint.fr/politique/gm-s-macron-evoque-ceux-qui-veulent-foutre-le-bordel-plutot-que-chercher-du-

    • A rajouter à la deuxième compilation d’articles sur les #réformes_antisociales du #gouvernement_Macron :
      https://seenthis.net/messages/623691

      #Emmanuel_Macron #EnMarcheVersLeFN

      Alors qu’il discute avec le président de la région Nouvelle-Aquitaine dans un couloir, le président de la République a cette phrase : « Il y a certains, au lieu de foutre le bordel, ils feraient mieux d’aller regarder s’ils ne peuvent pas avoir des postes. Parce qu’il y en a certains qui ont les qualifications pour le faire. »

      (...)

      Déjà quand il était ministre de l’Économie, après avoir évoqué les salariées « illettrées » de l’abattoir breton Gad, il s’était emporté face à un gréviste en mai 2016, lui assénant : « Vous n’allez pas me faire peur avec votre tee-shirt : la meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler. » Une polémique s’était ensuivie sur un supposé « mépris » de classe de la part de l’ancien banquier. Rebelote en juillet dernier, avec sa phrase sur les « gens qui ne sont rien » puis en août, il évoquait la « France [qui] n’est pas un pays réformable » et s’en prenait en septembre aux « fainéants ».

    • 150 licenciés, 15 postes demandant de tout autres qualifications à 150 kms. Il faut courir sa chance, se mobiliser pour l’économie. Tout autre comportement est une déviance qui pourra relever de la (les) punition(s). La phrase de Maquereau c’est du #policemploi pur jus. Le licencié et la chômeuse digne doivent s’activer dans et pour l’emploi, en créer un, vendre des prestations. Et pour servir cette logique de concurrence, la morale du travail. Le fainéant c’est la paresse mère de tous les vices. Il contrevient à l’ordre social qui le produit et pour lequel il doit produire. Un fouteur de bordel, en principe discret, si possible invisible. On doit aller le chercher, le faire bouger (convocation, visites domiciliaires). Qu’il décide, s’affranchissant de sa condition, d’apparaître en nombre plutôt que seul menace l’ordre social.

      L’emploi public d’un langage grossier est revendiqué, quitte à ajouter du mépris de classe au mépris de classe (Castaner sur GM&S : « Je crois qu’on peut être cultivé et parler comme les Français »). Ces provocs répétées choquent, suscitent l’opposition. Pourquoi prendre ce risque ? La politique menée actuellement repose sur une base sociale très étroite. Le régime a besoin d’activer un poujadisme entrepreneurial.
      En marche, c’est la énième vitesse d’une Restauration post 68 qui allait tantôt rampante, tantôt sapant, tantôt par bonds.
      Au fait, on a acheté des monceaux de grenades, ça commence à arroser, la moindre manif, le moindre trouble :La « marche des hospitaliers » réprimée à Paris
      https://paris-luttes.info/la-marche-des-hospitaliers-8809

      edit : L’insulte de macron est voulue…
      https://seenthis.net/messages/635211

    • EGLETONS, ELUS & GM&S - MACRON : ET LA REALITE, BORDEL ?!

      Macron, en visite à Egletons n’a pas daigné rencontrer ni les élus ni les GM&S. Le pouvoir utilisant les gaz lacrymogènes contre des élus de la République, on n’a jamais vu ça...

      https://www.youtube.com/watch?v=qzIHOF2pAuk

      Il y a quelque chose de pourri en Macronie. Certains se sont rendus compte, mercredi, que ça sentait même vraiment le gaz. Encore choqués par l’accueil qui leur a été réservé à Égletons, les élus se réunissaient jeudi à Guéret pour décider des suites à donner à cette atteinte. Ce jour-là, l’objectif était double pour les élus de la Creuse, de la Haute-Vienne et de l’Indre : montrer leur désaccord sur le projet de reprise que ce soit sur le nombre de repris et sur les conditions de départ déplorables de ceux qui ne le sont pas... et avoir un débat plus large sur la vie dans leurs territoires. Une rencontre qu’ils ne voulaient pas agressive mais constructive pour laquelle ils ont sollicité le préfet, « le canal habituel ». On connaît la suite, refus, lacrymo et bordel... Un mot dont s’est excusé Emmanuel Macron qui maintient le fond. C’est pourtant justement le fond qui est moche. Un cynisme qu’ont eu du mal à encaisser les élus, le maire de Guéret Michel Vergnier en tête. « Oh oui, on peut très bien aller à Ussel quand on vit sur la Souterraine, Saint-Sulpice-le-Guérétois ou Guéret... Franchement, ça prouve la méconnaissance totale des territoires et un mépris incroyable », reprenait le président de l’association des maire de Creuse en préambule de la réunion. Quant au lacrymo, tous l’ont encore en travers de la gorge. « Ce que je souhaite, c’est qu’on réponde à ça de manière unitaire », pose Michel Vergnier qui précise que les élus du territoire ont le soutien des élus de l’AMF : « Taper et gazer des élus, c’est quand même quelque chose de pas banal. » Pour les élus, il apparaît nécessaire d’apporter une réponse immédiate, d’exiger un rendez-vous et d’accompagner la demande de moyens de pression... Les propositions n’ont pas tardé à fuser. « J’ai une idée à soumettre », s’avance Didier Martinez, maire du Monteil-au-Vicomte, qui voulait parler avec le président, mercredi, de GM&S, des emplois aidés, de la taxe d’habitation... « Eh bien, Macron n’a pas voulu me voir... je ne vois pas pourquoi j’aurais à le voir tous les jours dans ma mairie. » Le portrait enlevé ou retourné fera partie des directives envoyées lundi, à tous les maire de Creuse. Tout comme l’affichage grand format du dessin de Michel Janvier où le masque à gaz rejoint l’écharpe dans la panoplie des élus. Deux actions pour exister dans l’immédiat, qui pourraient en appeler d’autres, plus dures, en cas de non-réponse : fermetures de mairies, boycott, grève administrative, voire, l’idée a été soulevée, une démission collective... Par ailleurs a été soulevée aussi l’implication des creusois de manière plus générale. David Gipoulou, élu sur Guéret insiste, sur le dossier GM&S, point de départ du mécontentement, l’importance de la force du peuple. Et la nécessité de l’informer. « J’entends des gens qui respectent les GM&S, et j’ entends aussi un petit venin qui circule et que le député de la Creuse continue de distiller. » Ce venin, c’est la théorie selon laquelle 120, c’est mieux que rien, et revendiquer plus, c’est le risque de les perdre. « Un piège », rappelle Claude Guerrier, maire de Saint-Sulpice-le-Guéretois, « la moyenne d’âge est passée de 50 à 56 ans... ça condamne déjà l’entreprise à court terme. Un cadre, pourtant proche d’Alain Martineau a évalué à 175 le nombre d’emplois nécessaires pour répondre aux commandes. » Ne tient plus aux creusois de se rappeler ce qu’a vécu Aubusson hier, d’imaginer ce qui peut arriver sur Guéret demain... pour ne pas terminer, pour reprendre l’image de Claude Guerrier, « dans une réserve, comme de bons sauvages à qui on lancera des cacahuètes ... »

      Michelle Tirone