person:georges duby

  • Un hommage au grand géographe qu’était Marcel Roncayolo (1926-2018).

    https://www.editionsparentheses.com/spip.php?page=rubrique&id_rubrique=0

    « La ville comme territoire du géographe »

    « La ville est toujours la ville de quelqu’un. » Ainsi Marcel Roncayolo titrait-il un article publié il y a une dizaine d’années.
    Au terme d’une carrière de géographe de l’urbain marquée par le souci d’enrichir l’analyse de l’évolution des villes d’une composante humaine, sensible et biographique, Marcel Roncayolo revient à la ville de ses aïeux (à l’instar du Retour à Marseille de René Allio), comme un parcours à la fois introspectif et à même de révéler les soubassements émotionnels des idées qu’en tant que géographe il a développées.

    « C’est bien la lecture de Julien Gracq qui m’a donné ici le cœur de livrer une lecture renouvelée de la ville en “fouillant” mon expérience intime de Marseille, celle d’une ville à la fois transmise par les héritages familiaux, vécue pendant le temps formateur de l’enfance et de l’adolescence et analysée dans mes travaux de chercheur. Le témoignage que je livre dans cet ouvrage s’ancre sur les itinéraires qui, dans ma ville natale, le Marseille de l’enfance et de l’adolescence, m’ont ouvert à la connaissance du monde, ont façonné ma personnalité et modelé mon regard sur la ville, partant, ma conception de l’urbain. Raconter sa vie et raconter sa ville sont ainsi étroitement associés. »

    L’ouvrage se compose d’une première partie autobiographique, illustrée de documents personnels, où l’on découvre à travers les parcours qui lui étaient familiers à la fois sa ville subjective et une mise en perspective de ce qui le marquait déjà, enfant, dans cette ville-monde — état de la métropole et prémices de son évolution —, et d’une seconde partie constituée de balades — re-connaissance des lieux soixante ans après — effectuées dans les années 2000, en compagnie de Sophie Bertran de Balanda (architecte et urbaniste) qui en réalise l’iconographie à travers une centaine d’aquarelles exécutées sur le vif.

    Observateur de la ville contemporaine, longtemps marcheur inconditionnel, l’auteur nous ouvre les yeux, à travers ces promenades urbaines, sur l’importance des lieux que nous habitons et qui nous forment durablement.

    #géographie #urban_matter #macel_roncayolo

    • Message ds colègues de Nanterre :

      Chères et chers collègues,

      Nous avons le regret de vous informer du décès samedi dernier à Paris de Marcel Roncayolo, ancien professeur au département de géographie de l’UFR Sciences Sociales et Adminstration (SSA).

      Marcel Roncayolo (1926-2018)
      Un éclaireur solitaire

      Marcel Roncayolo, qui vient de nous quitter dans sa quatre-vingt-treizième année, était bien plus qu’un grand universitaire, spécialiste de géographie urbaine, une personnalité d’influence, un penseur faisant autorité sur les processus de l’urbanisation, et surtout un décrypteur sans égal de la « grammaire » de « sa » ville, Marseille. Longtemps ignoré du grand public et tenu à l’écart par ses pairs, surtout en France, il a ouvert en pionnier les chemins de la connaissance et de l’action, bien avant qu’en 2012, le jury du Grand Prix de l’urbanisme ne lui rende hommage pour l’ensemble de son œuvre.

      C’est qu’en priorité peut-être, Marcel Roncayolo privilégiait l’engagement dans la cité, la responsabilité, parfois discrète, de l’intellectuel dans la conduite des affaires et l’infléchissement politique, au meilleur sens du terme, des sociétés. Dès le milieu des années 50, jeune assistant à la Sorbonne, il collabore, aux côtés de son ancien condisciple normalien, Claude Nicolet, futur directeur de l’Ecole française de Rome, aux Cahiers de la République, très écouté, paraît-il, de son inspirateur, Pierre Mendès France, intéressé par ses analyses de géographie sociale (« Géographie électorale des Bouches-du Rhône », co-écrit avec Antoine Olivesi, dans les Cahiers de la Fondation nationale des sciences politiques, n°113, 1961). Plusieurs décennies plus tard, après son passage par l’Université de Nanterre, on retrouvera un souci identique de réunir dans un même lieu analyse et politique de la ville (Territoires en partage, Nanterre, Seine-Arche : en recherche d’identité(s), Parenthèses, 2006).

      Et l’itinéraire professionnel choisi par Marcel Roncayolo ne fait que corroborer l’alliance du projet social et de la carrière universitaire. En 1956, il préfère être agrégé-répétiteur -« caïman » - à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm plutôt que chercheur au CNRS, pour rester en contact avec les étudiants à former. Ses cours demeurent des modèles du genre. Il restera de cet engagement une préoccupation constante de formation des élèves et des futurs enseignants. Elu en 1965 directeur d’études à la 6e section de l’Ecole pratique des hautes études, il ne s’abandonne pas pour autant aux seules joies spéculatives des séminaires. Il endosse la charge de secrétaire de la Présidence auprès de Fernand Braudel dans les années d’élaboration de la future Ecole des Hautes études en sciences sociales, projet auquel il est resté fidèle toute sa vie professionnelle. Il teste aussi dans des « Semaines d’études à Sèvres » la création d’un enseignement économique et social dans les lycées et un baccalauréat de culture générale. L’essai débouchera sur la création très novatrice en 1977 d’une « agrégation de sciences économiques et sociales », dont Marcel Roncayolo laissera le pilotage a son ami l’inspecteur général, Guy Palmade.

      Car, dans le même temps (1978), Marcel Roncayolo prend la sous-direction de l’ENS, bientôt promue en direction-adjointe. Il y restera jusqu’en 1988, réformant au passage l’entrée à l’Ecole, en créant un deuxième concours littéraire, sans obligation de langues anciennes, mais introduction de sciences sociales. Evidemment, toutes ces charges administratives n’ont pas été
      sans conséquence sur l’aboutissement d’une thèse d’Etat, conçue dès le début des années 50, et finalement soutenue en Sorbonne en 1981 (« Ecrits sur Marseille : morphologie, division sociale et expression politique »). Ultime consécration, ou petite coquetterie, chez cet homme bardé d’honneurs et de considérations, elle lui vaut d’être élu professeur des Universités à Nanterre en 1986. Cela ne l’empêche pas de poursuivre ses séminaires, toujours très suivis, à l’EHESS, et d’assurer la direction de l’Institut d’urbanisme de Paris, à Créteil, de 1991 à 1994.
      Pourtant, depuis longtemps, l’essentiel est ailleurs, dans la diffusion des idées sur l’urbanisation, la géographie sociale, et la participation à de grandes aventures éditoriales. Véritable « inventeur » en France de l’Ecole de Chicago, redécouvreur d’Halbwachs, promoteur précoce du concept de « centralité » (colloque d’Amsterdam de 1966), Marcel Roncayolo se lance dans des écritures collectives ou assumées seul (Histoire du monde contemporain (Bordas, 1973, articles dans l’Enciclopedia Einaudi de son ami Ruggiero Romano), s’intéresse à la ville industrielle avec son complice l’historien Louis Bergeron et l’économiste Philippe Aydalot (Industrialisation et croissance urbaine dans la France du XIXe siècle, 1981), participe en 1985 avec le médiéviste Jacques Le Goff au colloque fondateur de la RATP à Royaumont (Crise de l’urbain, futur de la ville, « Propos d’étape »), contribue aux Lieux de mémoire de Pierre Nora (1984-1992 , « Le paysage du savant »). Mais la grande œuvre demeurera les deux tomes de l’Histoire de la France urbaine, patronnée par Georges Duby, où Marcel Roncayolo rédige des chapitres essentiels des deux tomes de La ville de l’âge industriel (1980) et de La ville aujourd’hui ; croissance urbaine et crise du citadin (1985). Maintes fois réédités en livre de poche (Points Seuil), c’est un succès de librairie. Il y manifeste toujours la même attention à traquer à travers les matérialités urbaines, permanences et continuités, mutations et résiliences, et discordances de temps des sociétés urbaines.

      Tour à tour géographe, historien, sociologue, économiste ou politiste, Marcel Roncayolo est inclassable, moins encyclopédiste qu’adepte d’une pluridisciplinarité active. Il est résolument convaincu de l’unité des sciences sociales, convoquant tour à tour Alain, Fustel de Coulanges, Mauss ou les sociologues américains. C’est sans doute cependant l’histoire qu’il a le plus étroitement articulée avec la matérialité de l’espace (Lectures de villes, formes et temps, 2002), au point qu’il fut souvent considéré comme un historien. Usant de la métaphore géologique, il considérait que la ville est à tout instant le résultat de l’affleurement de strates sociales, physiques, politiques d’âges divers. C’est pourquoi il préféra l’analyser à l’aune de la notion de territoire, plus propre à intégrer les temporalités, qu’à celle d’espace (Territoires, Editions Rue d’Ulm, 2016). Cette pluridisciplinarité pratiquée avec exigence le fait survivre aux modes qui ont tour à tour affecté la géographie contemporaine : la sociologie marxiste mécaniste, la modélisation quantitative, le fétichisme des représentations spatiales, et même aujourd’hui la toute puissance de la « géopolitique ». Un regret dans ce florilège : que le maître n’ait jamais songé à inscrire son cœur de doctrine dans une véritable somme synthétique. Un essai brillant, La ville et ses territoires (1990), des définitions souvent facétieuses dans ses réponses à Isabelle Chesneau (L’Abécédaire de Marcel Roncayolo, 2011), ne peuvent tout à fait en tenir lieu.

      A la réflexion, cette absence n’est pas un hasard. Si Marcel Roncayolo aimait la ville, toutes les villes, et certaines particulièrement, comme Rome, Paris et New-York, il restera le prince d’une seule ville : Marseille, à qui il vouera son dernier ouvrage (Le géographe dans sa ville, 2016), après lui avoir sept décennies auparavant consacré son premier article (« Evolution de la banlieue marseillaise dans la basse vallée de l’Huveaune », Annales de géographie, 1952). Itinéraire jalonné entre temps par des dizaines d’articles, une bonne poignée de livres et de manifestations dédiées à la métropole phocéeenne. La clef du mystère est peut-être la méfiance dans toute généralisation hâtive, dont ses maîtres en géographie urbaine, Raoul Blanchard pour les monographies, Pierre George pour les traités, l’avaient tour à tour vacciné. « D’abord il faut revenir à la géographie, en ce qui concerne la singularité des lieux, qui pourra éventuellement s’articuler à la notion d’héritage », répondait-il un peu mystérieusement à Villes en Parallèle en 2013 (« Carthagène Veracruz, villes-ports dans la mondialisation »).

      Pour terminer sur une note plus personnelle, celui que ses familiers appelaient « Ronca , » n’avait rien du savant austère. Il aimait la bonne chère, les matchs de l’OM (malheur à qui lui téléphonait ces soirs-là !), et, autant qu’il l’a pu, les promenades sur le Vieux Port, dans les grandes villes américaines ou les villes baroques siciliennes, et les étés dans le village corse de son épouse. Il chérissait sa famille, nombreuse, et par-dessus-tout, sa femme, Jeanie, trop tôt disparue. Qu’il repose en paix.

      Jacques Brun, Guy Burgel, Marie-Vic Ozouf-Marignier

  • En finir avec la culture du viol : le 8 mars ! – Sexisme et Sciences humaines – Féminisme
    https://antisexisme.net/2018/02/13/livre

    C’est avec une très grande joie que je vous annonce la sortie de mon livre, consacré à la culture du viol, le 8 mars, aux éditions Les Petits Matins. Après la vague #metoo, j’espère qu’il contribuera à approfondir le débat sur les violences sexuelles. Le livre peut d’ores et déjà être pré-commandé sur le site de la maison d’édition, sur plusieurs sites de vente en ligne (Fnac…) ou tout simplement dans votre librairie locale.


    Michelle Perrot
    (source ; licence CC BY-SA 2.0)

    Michelle Perrot, très grande historienne, spécialiste reconnue de l’Histoire des femmes (pionnière dans le domaine) et de l’Histoire ouvrière, m’a fait l’honneur de le préfacer. Parmi ses ouvrages traitant de l’Histoire des femmes, on peut citer les cinq tomes de L’Histoire des Femmes en Occidents (qu’elle a dirigé avec Georges Duby) et Les femmes ou les silences de l’histoire. Elle est, à l’heure actuelle, en train de finir un livre sur George Sand.

    Un extrait de sa préface :

    Comment comprendre la « culture du viol », expression née aux États-Unis dans les années 1970 ? Il faut déchiffrer cette étrange inversion qui fait des victimes les quasi-coupables, acculées à se défendre, à dissimuler, à se taire, et soupçonnées, quand elles osent parler, de vouloir attenter à la stature et à l’honneur de l’homme, maître du jeu – ou, pire, de dissiper les représentations idylliques de rapports sexuels dont la violence réelle dissout le rêve amoureux. Porter plainte suppose du courage. Tenter de comprendre ces mécanismes doit en donner.

    En attendant la sortie du livre, je vous propose son sommaire et une vidéo de présentation (réalisée par Clémentine Vagne : merci à elle !) :
    Sommaire

    Préface de Michelle Perrot
    Introduction
    Partie 1 : état des lieux
    Quelques cliches a déconstruire sur les violences sexuelles
    Que dit la loi sur les violences sexuelles ?
    Les violences sexuelles, un phénomène massif
    Des violences aux conséquences graves sur la sante et trop souvent impunies
    Partie 2 : les mécanismes de l’impunité des violeurs
    Des violences minimisées par la justice et la société
    Des mythes et stéréotypes lourds de conséquences
    L’emprise de l’agresseur et la loi du silence
    L’impact des mythes sur le processus judiciaire
    Les conséquences de l’impunité
    Partie 3 : le viol, une histoire de pouvoiret de domination
    Ses axes de domination
    Un contrôle disciplinaire
    Partie 4 : de l’hétérosexualité « normale » au viol
    L’hétérosexualité pour les femmes : entre contraintes et inégalités
    La coercition économique
    La coercition graduelle au cours des interactions sexuelles
    Une dualité femmes-hommes au service de la domination masculine
    Quelle liberté sexuelle et quel consentement pour les femmes ?
    Partie 5 : mettre fin à la culture du viol
    Sensibiliser et éduquer les jeunes (et les moins jeunes)
    Améliorer la prise en charge des victimes de violences sexuelles
    Former les professionnels
    Faire progresser la loi pour une meilleure condamnation des violences sexuelles
    Se donner les moyens de lutter contre les violences sexuelles
    Lutter contre toutes les formes d’inégalité

    https://www.youtube.com/watch?v=jNv5rAeaF_E

  • Les paysages de la Création
    17 juillet 2008

    Je lisais « Art et société au Moyen-Âge » (Georges Duby, éd. octobre 1997) lorsqu’une phrase me fit penser à la Création ou du moins au origine du monde.

    D’abord l’extrait du livre : « Dans une réflexion sur l’histoire des arts européens, ne faut-il pas faire place à cette oeuvre d’art immense et diverse que constituent les paysages ? Quatre, cinq générations de laboureurs, de viticulteurs les ont construits. ils remplissaient inconsciemment les fonctions que les intellectuels assignaient en ce temps à l’homme nouveau : parachever l’ouvrage du Créateur, mettre en valeur le jardin d’Eden… » Nous y voilà. Du jardin d’Eden à la Création, aux origine du monde, il n’y a qu’un pas…

    Et finalement création, Création et origine du monde sont intimement liées : ainsi cette oeuvre de Kimio Tsuchiya « ever » 1990 (Vassivière, Limousin) fait bien sûr penser à une pomme de pin mais me rappelle aussi l’oeuf.

    http://www.ciapiledevassiviere.com/helper.aspx?id=44&page=bois_de_sculptures

    L’oeuf qui « est souvent représenté comme le germe contenant l’univers en puissance, par exemple pour l’orphisme. Il symbolise la rénovation périodique de la nature, la possibilité de renaissance du monde. L’éclosion de l’œuf donne naissance à l’Univers (Pan Gu en Chine, Partholon chez les Celtes, Puruska en Inde, Nommo au Mali ) » (d’après Wikipédia).
    Mais une question demeure : le paysage existe-t-il avant l’homme ou l’homme donne-t-il naissance au paysage ?

    Je répondrais que l’homme a donné naissance au paysage, celui-ci étant « l’ensemble des traits issus de la géographie naturelle ET des apports accumulés des civilisation qui ont façonné successivement le cadre initial et sont entrés dans la conscience de groupe des occupants » (P. George).
    Nature et culture. Création et création…

    #paysages #création

  • C’est mardi, c’est privacy - les identités numériques
    http://www.identites-numeriques.net/26-11-2013/cest-mardi-cest-privacy-6

    Julien Pierre revient longuement et en détail sur la déclaration de Vinton Cerf sur la vie privée comme anomalie. Cerf expliquait d’une manière plus modérée, dans une réponse à une question suite à une présentation, que la protection de la vie privée est à considérer comme une anomalie, si on regarde l’histoire de la vie privée sur le temps long, comme l’ont fait les historiens Georges Duby et Paul Ariès. Vinton Cerf s’interroge sur la difficulté à protéger la vie privée, plus que la nécessité à abolir cette protection. L’anonymat n’est-il pas une illusion de la société de masse ? Notre comportement est le premier a la dégrader. Pour lui, la protection de la vie privée sera demain plus difficile à établir explique-t-il en s’adressant aux firmes commerciales, aux utilisateurs, aux régulateurs... L’enjeu n’est (...)

    #vieprivee