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  • Henri Verdier Blog : Internet est un bien public essentiel. Nous devons défendre son ouverture et sa neutralité (ou en construire un nouveau)
    http://www.henriverdier.com/2017/12/la-neutralitte-dinternet-bien-public.html

    Ainsi donc, pour finir en beauté la première année du mandat de M. Trump, la FCC (l’agence de régulation des télécommunications aux Etats-Unis, supposée indépendante - comme notre ARCEP-, mais désormais présidée par un proche du président) a décidé de se débarrasser de la neutralité du net. C’est la fête chez l’opérateur Comcast qui célèbre l’événement (et les nouvelles baisses d’impôts) en offrant un bonus de 1000$ à chacun de ses plus de 150.000 salariés. Incidemment, AT&T fait de même mais sans mentionner la décision de la FCC.

  • Henri Verdier Blog : Quand Zuckerberg veut faire le bonheur de l’humanité
    http://www.henriverdier.com/2017/07/quand-zuckerberg-veut-faire-le-bonheur.html

    par Henri Verdier

    Comment ? Grâce aux paramétrages des subtils algorithmes qui décident quels amis nous seront présentés, quels sont ceux de leurs messages qui nous seront affichés, quelles publicités, quels services et quelles ressources nous seront proposés. Des algorithmes éduqués avec des méthodes simples et robustes, de grandes quantités de données et, prochainement, un peu d’intelligence artificielle pour mieux reconnaître les images, détecter les émotions dans les conversations, etc. Des algorithmes, aussi, qui seront mis au service d’une philosophie de la régulation propre au réseau social. Ainsi, pour lutter contre les « fake news » (une responsabilité politique que Facebook a initialement refusé d’assumer), l’algorithme analysera le comportement des utilisateurs et recommandera moins les vidéos qui auront été partagées avant sans avoir été visionnées au préalable.
    Au delà de l’inquiétant fantasme de toute-puissance, et de la naïveté (feinte ?) de ce néopositivisme, ou même de notre inquiétude devant ce désir de façonner l’ « Homme nouveau », il faut prendre ces annonces comme le signe de quelque chose de sérieux.

    Smartphones, drones, réseaux sociaux, vidéosurveillance, satellites, véhicules connectés, villes intelligentes, CRM, grands systèmes administratifs… crachent à jet continu des données numériques qui décrivent nos villes, nos corps et même nos émotions. Tout se passe comme si nous construisions une copie digitale du monde. Une carte au 1 /1e, dynamique, maniable, activable, sur laquelle s’appuie une part croissante des activités humaines.

    Ce dernier point est sans doute l’un des plus importants. Il devient chaque jour un peu plus difficile d’envisager de créer quoi que ce soit, ou de communiquer avec qui que ce soit, sans solliciter les données de cette nouvelle matrice, qui devient petit à petit le terreau, l’humus de notre économie. Et par tant, il devient difficile de créer quelque valeur que ce soit, ou d’échanger quoi que ce soit, sans donner un petit peu de valeur à cette matrice, comme nous l’avons montré, avec Nicolas Colin, dans L’Age de la Multitude.

    Peut-être doutez-vous de l’impact réel des réseaux sociaux sur nos représentations du monde ? Effectivement, les premières recherches tendent à relativiser grandement cette supposée influence. Peut être pensez-vous que nous restons libres de ne pas aller sur Facebook ?
    Mais le numérique et ses algorithmes sont depuis bien longtemps sorti des ordinateurs. Les algorithmes décident des contrôles fiscaux, des tirs de drones en Irak ou en Corée, du rythme des feux rouges, des cours de bourse, ou de l’admission des Français à l’université. Ils prennent des décisions politiques.

    Si les GAFA ont du mal à lutter contre les Fake news, ce n’est pas par attachement à la liberté d’expression, c’est que leur modèle profond, fondé sur la publicité, est structurellement bienveillant envers le sensationnalisme.

    Pour cela, il nous faut une nouvelle politique, qui ne peut plus se contenter des concepts et des techniques de pouvoir forgés à la fin des Lumières.
    Il faut désormais se battre sans relâche pour préserver un espace du Commun : une infrastructure nous permettant d’agir et d’innover sans être déterminés par les plateformes et les algorithmes de tiers. L’Etat, en devenant Etat plateforme peut contribuer à desserrer l’étau des plateformes privées.
    Il faudra intégrer au débat public de nouveaux concepts, comme le droit de reprendre possession de ses données personnelles (la « dataportabilité »), le droit à demander l’effacement de ses données, le droit au silence des puces et à celui des algorithmes.
    Il faudra organiser la transparence sur l’existence et le fonctionnement de ces algorithmes, la nécessité de pouvoir en vérifier le fonctionnement effectif, la possibilité de leur demander des comptes, comme s’y emploie desormais l’Etat pour ses propres algorithmes.
    Il faudra apprendre à concevoir des algorithmes qui augmentent les degrés de liberté des individus et à repousser ceux qui se contentent de restreindre leurs choix.
    Il faudra apprendre à débattre collectivement de leurs visées et de leurs impacts, à faire naître une intelligence collective qui nous rende à nouveau responsables de notre destin politique.

    Je ne suis malheureusement pas convaincu que la définition donnée ici de « l’Etat plateforme » soit celle qui intéresse vraiment ceux qui agitent cette idée. Il s’agit au contraire de permettre aux entreprises privées de « plugger » leurs services sur la plateforme d’Etat.

    #Facebook #Politique_algorithmes #fake_news

  • Henri Verdier Blog : Pour une économie politique des Communs
    http://www.henriverdier.com/2016/04/pour-une-economie-politique-des-communs.html

    Notre travail débouche ainsi sur le constat que ces caractéristiques propres aux communs de l’ère numérique sont à l’origine d’une nouvelle donne en termes d’économie politique. La séparation prénumérique entre le marché, les communs et l’Etat a perdu sa rigidité. Les formes d’alliances, de contribution, de mobilisation se diversifient. En particulier, de nouvelles formes d’action publique, fondées sur les communs numériques deviennent envisageables. #c'est ce que nous testons par exemple avec la Base Adresse Nationale, mais aussi avec le projet Le.taxi ou avec Open Fisca. C’est ce que recherche l’ARCEP quand Sébastien Soriano, son président, annonce que "C’est vers ce rôle de cadre souple et facilitateur que notre régulation doit évoluer : Open Data, Crowdsourcing, régulation collaborative... Il nous faut (...)