person:iannis roder

  • Retour du roman national à l’école ? (LeMonde.fr)
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/09/28/retour-du-roman-national-a-l-ecole_4775412_3232.html

    Après leur présentation, le 18 septembre, par la ministre de l’éducation, Najat Vallaud-Belkacem, pour les uns, il est nécessaire que les nouveaux programmes d’histoire contribuent à transmettre et à renforcer le socle des valeurs communes alors que pour les autres, ils sont excessivement franco-centrés.

    – Enseigner plus d’histoire de France n’est pas du patriotisme éculé, par Iannis Roder (Professeur d’histoire-géographie en Seine-Saint-Denis).
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/09/28/enseigner-plus-d-histoire-de-france-n-est-pas-du-patriotisme-ecule_4775351_3
    La réaction de certains jeunes face aux attentats de janvier montre qu’il y a encore des progrès à accomplir pour enseigner la démocratie aux enfants, estime Iannis Roder, professeur d’histoire-géographie.

    – Désormais, seul l’Hexagone existe pour les moins de 12 ans, par Vincent Capdepuy (Géohistorien et membre d’Aggiornamento histoire-géographie).
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/09/28/desormais-seul-l-hexagone-existe-pour-les-moins-de-12-ans_4775383_3232.html
    Les nostalgiques d’un récit concentré autour de l’histoire nationale à l’usage des collèges ont donc gagné la partie des programmes. Un aveuglement désespérant.

    #éducation #école #collège #lycée #histoire #patriotisme #roman_national

    • Définition de « roman » dans le Larousse en ligne :

      Œuvre d’imagination constituée par un récit en prose d’une certaine longueur, dont l’intérêt est dans la narration d’aventures, l’étude de mœurs ou de caractères, l’analyse de sentiments ou de passions, la représentation du réel ou de diverses données objectives et subjectives ; genre littéraire regroupant les œuvres qui présentent ces caractéristiques.
      À l’origine, œuvre narrative en prose ou en vers, écrite en langue romane (le Roman de la Rose, le Roman de Renart, par exemple).
      Histoire compliquée dénuée de vraisemblance

  • Contre la calomnie consensuelle à l’encontre des gens des cités populaires. Par Yvan Najiels
    http://blogs.mediapart.fr/blog/yvan-najiels

    Chacun peut voir, chacun peut mesurer que, depuis les attentats effroyables à Charlie Hebdo et dans une supérette juive de Paris, le consensus médiatico-parlementaire a endossé l’antienne qui jusqu’à présent n’était franchement assumée que par MM. Zemmour, Finkielkraut, Taguieff ou encore Redeker et nombre de journalistes de Marianne ainsi que par Mmes Schemla, Sorel, Bougrab et quelques autres.
    Ce discours se justifie aux yeux de ses auteurs par un prétendu retour de l’antisémitisme dans les cités populaires, les banlieues et les quartiers dans lesquels résident, disons-le, beaucoup de gens venus d’Afrique noire ou du Nord. Il soutient, par une sinistre ironie de l’Histoire, la nécessité d’épurer la France d’une partie de sa population. Cela parce que les actes de Youssouf Fofana, assassin d’Ilan Halimi, de Mohamed Merah ou d’Amedy Coulibaly, preneur d’otage il y a plus de 10 jours à l’Hypercacher de la Porte de Vincennes, semblent enfin donner raison à celles et ceux qui dénoncent l’aveuglement supposé de nombre d’intellectuels et/ou de politiques à propos d’un retour, donc, d’une vieille passion criminelle française.
    Pour qui, et c’est mon cas, écoute souvent France Inter le matin, la doxa de MM. Finkielkraut et consorts est devenue, depuis les attentats des 7 et 9 janvier 2015, le discours de l’Etat et de ses relais. Ce matin encore, Iannis Roder, professeur d’histoire-géo à St-Denis, venait dire, au micro de Patrick Cohen, à quel point nos élèves (j’enseigne aussi en Seine-Saint-Denis) seraient antisémites, sexistes et, pour tout dire, des graines d’islamistes. Un discours qui, il y a une trentaine d’années, aurait fait scandale du côté de la gauche parce que paru dans le Figaro Magazine qui annonçait, en 1985, « Dans 30 ans, c’est sûr, la France sera une république islamique » est désormais l’antienne assumée d’une gauche républicaine décomplexée qui a fait, depuis 30 ans environ, le lit du Front national dont, hélas, les thèses islamophobes se sont répandues dans la société française.
    Le consensus raciste d’Etat et de l’opinion qui lui est homogène est donc tel que ce matin, sur France Inter, des « thèses » en vérité pas éloignées de la prose d’Eric Zemmour étaient proférées le plus naturellement du monde avec, au cours de l’entretien avec Iannis Roder, la parole donnée à Emmanuel Brenner (en vérité Georges Bensoussan), auteur il y a un peu plus de dix ans d’un livre intitulé Les territoires perdus de la République.
    Le titre de ce livre est édifiant. Puisque territoires perdus il y a, il est vital de les reconquérir par une guerre ("Nous sommes en guerre", disent de nombreux républicains consensuels) qui ressemblerait à une Reconquista et cela annonce, chez Brenner-Bensoussan comme chez Zemmour, un profond désir de guerre civile afin d’en finir avec la supposée barbarie archaïque orientale et musulmane qui infesterait nos banlieues populaires. Haro sur les mahométans et les mahométanes !, nous disent, en écho aux croisés chrétiens du Moyen-Âge, les croisés de la République et de l’Occident.
    C’est que, nous dit Brenner-Bensoussan, les enfants des cités populaires, les Maghrébins et/ou les musulmans comme l’énonce clairement la quatrième de couverture de son livre, sont antisémites. D’ailleurs, son livre fait état de quelques cas d’incidents qui prouvent que le nazisme est de retour, pas moins !, puisqu’il a du reste implicitement renvoyé nos élèves à cette figure du Mal radical, omettant juste de signaler que cette figure est... occidentale !
    Je suis moi aussi professeur dans le 9-3 et j’ai eu cette année une remarque antisémite d’un éléve soralien en classe. Les autres élèves se sont élevés contre le propos négationniste de leur camarade et je sais que, dans nos établissements de villes populaires, la lecture, par ex., du livre de Primo Levi, Si c’est un homme émeut au plus au point les classes.
    Que ce livre émeuve les élèves alors qu’a contrario les visites à Auschwitz ne se passent pas toujours très bien s’explique en vérité assez simplement et c’est d’ailleurs le point que dissimulent à dessein MM. Roder et Brenner-Bensoussan. Le discours standard sur l’antisémitisme (avec visite à Auschwitz, parfois) finit toujours par justifier Israël jusque dans ses exactions et sa nature ségrégationniste alors que le livre de Primo Levi - qui qualifia Begin de fasciste - s’inscrit dans l’universel. Rien d’étonnant, toutefois : Iannis Roder écrit régulièrement dans Causeur, la sympathique revue d’Elisabeth Lévy qui, tous les dimanches (oecuménisme occidentaliste, sans doute), invite par ailleurs sur RCJ son compère Finkielkraut à déverser sa haine bien souvent islamophobe tandis que M. Brenner-Bensoussan, depuis Les territoires perdus... a publié France, prends garde de perdre ton âme, ce qui explique l’angle mort de ces deux pompiers pyromanes.
    Pour faire un petit détour, ce qui se passe en ce moment en France est l’acte II de la proscription d’une partie du peuple (singulièrement de la jeunesse) de ce pays, déjà observée au moment des manifestations interdites de cet été contre l’épouvantable bombardement de Gaza par l’armée israélienne et avec le soutien du pouvoir socialiste de MM. Hollande et Valls, les mêmes qui désormais voudraient qu’on fasse chanter La Marseillaise en classe et qui bénéficieront peut-être bientôt du soutien de M. Finkielkraut et de Mme Schemla.
    Qu’il y ait de l’antisémitisme en France (et ailleurs), nul n’en doute. Qu’il soit massif et singulièrement vivace dans les quartiers populaires où vivent beaucoup de prolétaires venus du tiers-monde avec leurs familles est tout bonnement une calomnie à laquelle il faut tordre le cou car elle est l’antienne répandue qui légitimerait la haine du parlementarisme blanc et bourgeois contre des « salauds de pauvres » dépeints comme des sauvages barbares équivalents à celles et ceux que la France, « grande nation des Lumières », alla « civiliser » dans la seconde partie du XIXème siècle à coups de canons et de cérémonies de dévoilement sur quelques grandes places de l’Algérie française.
    Ce que MM. Roder, Finkielkraut et/ou Brenner-Bensoussan et ce que Mmes Schemla et Elisabeth Lévy appellent antisémitisme est en vérité un antisionisme brut, non complètement pensé ni intellectualisé d’une certaine manière. Cela ne signifie pas qu’il faille entériner d’éventuels propos antisémites mais d’abord, il serait bon d’avoir un véritable relevé des actes de ce type et ensuite, il faut bien avoir à l’esprit que nombre de celles et ceux qui dénoncent une France dont les banlieues seraient un repaire de brigands antisémites recyclent de fait le discours israélien dont le dessein est de pousser nombre de juifs et de juives à quitter la France pour rejoindre l’état de 1947.
    On a bien vu, lors des manifestations de cet été, certains relais de l’Etat d’Israël colporter, sans craindre le négationnisme pur et simple, que les rues de Paris étaient le théâtre de pogroms et de l’équivalent de la Nuit de Cristal (c’est ce que racontait le député UDI franco-israélien Meyer Habib). On a entendu BHL parler des manifestants propalestiniens comme de « djihadistes du dimanche » et le chef du CRIF, M. Cukierman, tient des propos semblables.
    De fait, dans le discours médiatico-parlementaire, juif et sioniste, c’est la même chose. Le résultat d’Auschwitz, c’est la création d’Israël, dit ce discours qui confisque à usage personnel la mémoire du judéocide. Cette confusion et cette confiscation, organisées à dessein pour servir la cause de l’état d’apartheid israélien, ne sont pas sans effet auprès de certains dans les cités populaires qui, par une solidarité légitime avec la Palestine martyrisée, peuvent évidemment reprendre le vocabulaire de désorientation que leur tend leur ennemi occidentaliste israélien. En Israël, ces ennemis s’appellent Bennett, Lieberman et Netanyahou. En France, ce sont Taguieff, Finkielkraut ou bien encore Roder et Brenner-Bensoussan.
    Césaire disait dans son Discours sur le colonialisme que ce qui choquait beaucoup de gens était que Hitler avait tué des blancs. Cette idée mérite d’être nuancée car les juifs d’Europe d’avant l’Extermination n’étaient pas des blancs. Le blanchissement eut lieu après 1945 et l’Etat d’Israël en est le nom le plus éclatant. Il suffit de voir les photos des gens du shtetl, celles de Roman Vishniac par exemple, pour constater que les Ashkénazes ressemblaient d’un certain point de vue aux musulmans et aux musulmanes des cités populaires d’aujourd’hui. Une tradition qui résiste à la globalisation, à la modernité marchande dans ce que celle-ci a de plus éradicateur subjectivement.

    Qui le sait, parmi nos élèves ? Que montrent les institutions officielles du judaïsme si ce n’est Netanyahu acclamé aux cris de « Israël vivra, Israël vaincra ! » à la Synagogue des Victoires à Paris au soir de la manif Charlie ? Que reste-t-il de la mémoire du Bund, de Léon Trotski, de Rosa Luxemburg, du messianisme matérialiste de Walter Benjamin, des grands parents d’Ivan Jablonka (juifs communistes polonais antisionistes) de Henri Krasucki ou de Marek Edelman, persona non grata en Israël ? Pas grand chose. Un héritage englouti.
    C’est bien pourtant cette histoire-là qui permettrait de parler ou non d’antisémitisme car, sans elle, le nom juif continuera, pour parler comme Cécile Winter, à être enrôlé dans l’étendard Occident déployé dans nos guerres sans fin. Cette mémoire-là, disons le tout net, ne soucie pas nos nouveaux propagandistes guerriers de l’Occident, relais d’un monde sans messianisme et lieutenants de la loi d’airain du capital.