person:jérôme baschet

  • Deux tribunes (pas forcément passionnantes, mais c’est pour l’archive) :

    « La France doit renoncer à construire l’aéroport de Notre Dame des Landes »
    Giorgio Agamben, Geneviève Azam, économiste, Ludivine Bantigny, Jérôme Baschet, Philippe Bihouix, Christophe Bonneuil, Dominique Bourg, Yves Citton, Florent Compain, François Cusset, Denis Couvet, Amy Dahan, Deborah Danowski, Virginie Despentes, Vincent Devictor, Cyril Dion, Pierre-Henri Gouyon, Émilie Hache, John Holloway, Jean Jouzel, Naomi Klein, Catherine Larrère, Jérôme Leroy, Erri de Luca, Virginie Maris, Bill McKibben, La Parisienne Libérée, Pierre Perbos, Karen Pinkus, Serge Quadruppani, Pierre Rabhi, Marc Robert, Marie-Monique Robin, Kristin Ross, Isabelle Stengers, Eduardo Viveiros de Castro, Patrick Viveret, Médiapart, le 21 février 2016
    https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/210216/la-france-doit-renoncer-construire-l-aeroport-de-notre-dame-des-land

    Vous pouvez aussi signer cet appel ici :
    http://act.350.org/sign/NDDL

    « Un affaiblissement durable de la France se prépare »
    Martine Aubry, Daniel Cohn-Bendit, Axel Kahn, François Lamy et Jean-Marc Germain, Le Monde, le 24 février 2016
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/02/24/martine-aubry-c-est-un-affaiblissement-durable-de-la-france-qui-se-prepare_4

    #France #Notre_Dame_des_Landes #PS

  • Pour respecter les engagements pris lors de la COP21, la France doit renoncer à construire l’aéroport de Notre Dame des Landes

    Qui a déclaré : « A Paris, il y a eu bien des révolutions depuis des siècles, mais aujourd’hui c’est la plus belle et la plus pacifique des révolutions qui vient d’être accomplie : la révolution sur le changement climatique » ?

    Réponse : François Hollande, en clôture de la COP21, la conférence internationale sur le climat, le 12 décembre 2015.

    Mais comment parler d’une révolution sans les actes courageux pour la faire advenir ? L’accord de Paris, adopté à l’unanimité en décembre 2015 à l’issue de la COP21, fixe au monde l’objectif de contenir l’élévation de la température de la planète « nettement en-dessous de 2° C » et de « poursuivre l’action » pour la limiter à 1,5° C. Y parvenir réduirait sensiblement les risques liés au dérèglement climatique, qui modifierait de manière irréversible les conditions d’existence sur Terre.

    Dès aujourd’hui, les émissions excessives de gaz à effet de serre et les dérèglements qu’elles provoquent accentuent les inégalités sociales et font courir de nouveaux risques sur l’ensemble du globe. Six cent mille morts de désastres climatiques depuis 1995 ; 250 millions de réfugiés climatiques à l’horizon 2050 : derrière ces chiffres, c’est la responsabilité de notre génération qui est en jeu. Tous les chefs d’Etat et de gouvernement ont reconnu cette responsabilité dans l’accord de Paris.

    Mais pour véritablement prendre sens, cet engagement doit maintenant dépasser les simples promesses diplomatiques et être mis en œuvre concrètement. Cela passe par la réduction d’activités émettrices de gaz à effet de serre, en particulier la combustion d’énergies fossiles.

    L’engagement pris dans l’accord de Paris n’est pas compatible avec la construction d’un aéroport à Notre Dame des Landes sur près de 2000 hectares de terres agricoles et de milieux naturels (qu’habitent de nombreuses espèces protégées), qui générerait un surcroît d’émissions par l’aviation, le bétonnage d’une des plus grandes zones humides du pays, et la destruction de fermes paysannes.

    A l’inverse, préserver le bocage fertile et riche en biodiversité de Notre Dame des Landes serait le signe de la maturité d’un pays prêt à s’engager dans la voie nouvelle de la transition énergétique et écologique, dont les générations actuelles comme les générations futures ont tant besoin. Abandonner ce projet ne préserverait par ailleurs pas que l’écosystème local : renoncer à un projet émetteur de gaz à effet de serre contribue également à préserver notre avenir à tou.te.s.

    Depuis plus de 40 ans, le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes suscite l’opposition résolue et concertée d’agricultrices et d’agriculteurs, d’associations de protection de l’environnement, d’élu.e.s, d’habitant.e.s de la région, de riverain.e.s, de syndicalistes, ainsi que de nombreuses personnes à travers la France. Sur place, les opposant.e.s au projet d’aéroport mènent des expériences riches en enseignements, dans le domaine de l’agroécologie, de la permaculture, de l’habitat léger, etc. La qualité des études qui ont conduit à l’autorisation de l’aéroport est quant à elle contestable, son utilité même est remise en cause, de même que les dépenses que sa construction implique. L’abandon de ce projet, lancé il y a cinquante ans et désormais dépassé, est la seule position cohérente et pragmatique pour l’avenir de notre climat - c’est en effet à l’aune de l’accord de Paris que doit être jugée la pertinence de ce projet.

    –----

    Premier.e.s signataires :

    Giorgio Agamben, philosophe

    Geneviève Azam, économiste, porte-parole d’Attac

    Ludivine Bantigny, historienne

    Jérôme Baschet, historien

    Philippe Bihouix, ingénieur et écrivain

    Christophe Bonneuil, historien, CNRS

    Dominique Bourg, Philosophe

    Yves Citton, professeur à l’université de Grenoble-Alpes et co-directeur de la revue Multitudes

    Florent Compain, président des Amis de la Terre

    François Cusset, historien

    Denis Couvet, écologue, professeur au Museum national d’histoire naturelle

    Amy Dahan, historienne et sociologue des sciences

    Deborah Danowski, philosophe

    Virginie Despentes, écrivaine

    Vincent Devictor, Ecologue, CNRS

    Cyril Dion, écrivain et réalisateur

    Pierre-Henri Gouyon, professeur d’écologie au Museum national d’histoire naturelle

    Émilie Hache, philosophe

    John Holloway, sociologue et philosophe

    Jean Jouzel, climatoloque, ancien vice-président du groupe scientifique du GIEC

    Naomi Klein, journaliste

    Catherine Larrère, philosophe

    Jérôme Leroy, écrivain

    Erri de Luca, écrivain

    Virginie Maris, philosophe, membre du Conseil Scientifique du Patrimoine Naturel et de la Biodiversité auprès de la Ministre de l’écologie

    Bill McKibben, co-fondateur de 350.org

    La Parisienne Libérée, chanteuse

    Pierre Perbos, président du RAC

    Karen Pinkus, professeure de littérature comparée et d’italien

    Serge Quadruppani, écrivain, traducteur

    Pierre Rabhi, paysan, écrivain et philosophe

    Marc Robert, professeur de chimie, Univversité Paris Diderot

    Marie-Monique Robin, journaliste, réalisatrice et écrivaine

    Kristin Ross, professeure de littérature comparée

    Isabelle Stengers, philosophe

    Eduardo Viveiros de Castro, anthropologue

    Patrick Viveret, philosophe

    #petition : http://act.350.org/sign/NDDL
    #NDDL

  • Nous faire mondes face à l’hydre du capitalisme criminel
    ★ Jérôme Baschet

    Dans les deux cas, ce qui se construit est l’ennemi parfait dont le pouvoir a besoin pour tenter de se (re)légitimer. Le Pouvoir a toujours besoin d’un Grand Ennemi terrifiant contre lequel il nous promet sa protection. Plus cet ennemi incarne la barbarie absolue, plus le Pouvoir peut prétendre avoir une raison d’être. De sorte qu’aussi bien le crime organisé que l’hyperfondamentalisme religieux, dans la mesure même où ils mettent en scène la violence extrême à laquelle ils ont recours, jouent à la perfection leur rôle de Grand Ennemi (sans pour autant qu’il soit nécessaire de penser que « quelqu’un » leur dicte le scénario qu’ils doivent suivre).

    http://lavoiedujaguar.net/Nous-faire-mondes-face-a-l-hydre
    – la version espagnole de ce texte a été lue lors du séminaire « La pensée critique face à l’hydre capitaliste », organisé par l’#EZLN
    (Oventic - San Cristóbal de Las Casas, Cideci-Unitierra, du 3 au 9 mai 2015).

    photos du #Semillero : https://www.flickr.com/photos/valkphotos/sets/72157651920994107

    #Zapatisme #Chiapas #Mexique #Daesh #Terrorisme #Capitalisme #Pouvoir

  • Nous faire mondes face à l’hydre du capitalisme criminel

    Jérôme Baschet

    http://lavoiedujaguar.net/Nous-faire-mondes-face-a-l-hydre

    La version espagnole de ce texte a été lue lors du séminaire « La pensée critique face à l’hydre capitaliste », organisé par l’EZLN (Oventic - San Cristóbal de Las Casas, Cideci-Unitierra, du 3 au 9 mai 2015).

    Il serait bien insuffisant de me contenter de remercier l’EZLN pour l’invitation à ce séminaire si opportun, qui, ces jours-ci, ne fait que commencer. Ce dont je voudrais, plus profondément, remercier les zapatistes c’est, sur le plan personnel, de m’avoir offert l’opportunité, la possibilité de transformer ma vie et, de manière plus générale, d’avoir ouvert, pour tous et toutes, l’une des brèches les plus lumineuses qui existent dans le sombre monde d’aujourd’hui. De sorte qu’ils nous permettent non seulement d’entrevoir ce qu’il pourrait y avoir derrière le mur mais aussi de nous approcher, de toucher et de sentir la force sensible de la vie digne qu’ils font croître, déjà, de ce côté-ci du mur. (…)

    #capitalisme #zapatisme #antisystémisme #économie #narcotrafic #islamisme #Daech #résistance #Kurdes #brèches #mondes

  • Décapitaliser les consciences
    http://www.laviedesidees.fr/Decapitaliser-les-consciences.html

    Le #capitalisme contemporain est auto-destructeur. Le médiéviste Jérôme Baschet en expose les raisons et dessine les voies de la société qui pourrait lui succéder. Une réflexion sur le « bien vivre » qui emprunte les sentiers de l’utopie pour penser l’émancipation.

    Livres & études

    / capitalisme, #utopie, #peuple

    #Livres_&_études

  • Dans le Mexique d’Ayotzinapa : quand le monde d’en-haut s’effondre, écouter les voix d’en-bas

    Jérôme Baschet

    http://lavoiedujaguar.net/Dans-le-Mexique-d-Ayotzinapa-quand

    « Vous avez entendu ?
    C’est le bruit de leur monde qui s’écroule,
    c’est celui du nôtre qui resurgit. »

    Communiqué de l’EZLN, 21 décembre 2012.

    Depuis deux mois, la situation au Mexique — où les massacres, les disparitions forcées et la violence massive de la supposée « guerre contre le narco » n’ont pourtant rien d’inédit — est devenue littéralement intenable. L’atrocité d’Iguala est connue de tous. Dans la nuit du 26 au 27 septembre dernier, les policiers de la troisième ville de l’État du Guerrero tirent en rafales sur plusieurs autobus transportant des étudiants de l’école normale rurale d’Ayotzinapa (et, dans la confusion, sur un autre où voyageait une équipe de football juvénile), faisant de nombreux blessés graves et tuant six jeunes gens — l’un d’eux retrouvé torturé, les yeux et la peau du visage arrachés —, tandis qu’une seconde attaque, perpétrée au moment où les survivants tentaient d’informer des journalistes locaux, mène à la disparition de quarante-trois étudiants, conduits au poste de police, jetés dans des camionnettes officielles, puis remis aux sicaires du cartel « Guerreros Unidos », sans qu’on sache, de manière absolument certaine, ce qu’ils sont devenus depuis. (...)

    #Mexique #Ayotzinapa #massacres #disparitions #Etat #zapatistes

  • Adieux au capitalisme
    http://www.zinzine.domainepublic.net/index.php?theurl=emmission2.php&id=2385

    Discussion avec Jérôme Baschet, auteur de ’’Adieux au capitalisme, Autonomie, société du bien vivre et multiplicité des mondes’’ paru aux éditions de la Découverte. Il est temps de rouvrir le futur. Et d’engager résolument la réflexion sur ce que peut être un monde libéré de la tyrannie capitaliste. C’est ce que propose ce livre, en prenant notamment appui sur les expérimentations sociales et politiques accumulées par l’insurrection et les communautés zapatistes, une « utopie réelle » de grande envergure. Durée : 1h. Source : Radio Zinzine

  • « Il serait vain de croire qu’on peut construire sans résister et stérile de résister sans construire »
    http://cqfd-journal.org/Il-serait-vain-de-croire-qu-on

    Avec Adieux au capitalisme – Autonomie, société du bien-vivre et multiplicité des mondes (La Découverte, 2014), Jérôme Baschet concentre un état des lieux très stimulant de la critique sociale actuelle. L’auteur, connu comme chroniqueur de l’épopée zapatiste du Chiapas, est aussi historien du Moyen Âge. Entretien. Source : CQFD

    • Il faut évidemment en finir avec le faux universalisme européen, qui n’est que l’universalisation de valeurs particulières, propres à l’Occident. Pour cela, on peut distinguer entre un multiculturalisme systémique, qui fait un usage fonctionnel, voire marchandisé des différences et une véritable interculturalité entendue comme dimension nécessaire d’un projet d’émancipation radical. Les zapatistes luttent pour « un monde dans lequel il y ait place pour de nombreux mondes ». Le monde postcapitaliste ne saurait être un univers unifié, soumis à un projet homogène. Il suppose au contraire une libération de la multiplicité. Il est évident, par exemple, que les Indiens amazoniens, les urbains européens ou les ruraux d’Asie du Sud-Est ne feront pas les mêmes choix de vie et n’auront pas la même idée de ce qu’est le bien-vivre. Il est indispensable non seulement de respecter cette diversité, mais aussi d’être en mesure de surmonter les difficultés, voire les risques de tensions ou de conflits, qui peuvent en découler. Cela ne peut se faire sans une capacité de compréhension des autres cultures, sans une disposition à l’écoute, à la relativisation de soi et au dialogue, engagé sur un plan de stricte égalité. C’est exactement cela que l’on peut nommer interculturalité.

      NDDL est très clairement un exemple d’espace libéré. Parler d’espaces libérés ne suppose pas qu’ils soient entièrement soustraits à la domination des logiques capitalistes. Ils ne sont que partiellement libérés et demeurent en butte à la répression, aux contraintes systémiques qui bloquent leur extension et les minent de l’intérieur. Même les zapatistes, qui ont sans doute créé l’un des « espaces libérés » les plus amples et les plus radicaux que l’on puisse connaître aujourd’hui ont bien conscience qu’ils ne sont pas sortis du capitalisme et qu’ils sont au contraire assiégés par les pouvoirs qui le servent et par les règles économiques qui le caractérisent. Un espace libéré est donc nécessairement à la fois un espace de construction et un espace de combat, qui résiste pour ne pas être réabsorbé par la synthèse capitaliste et qui lutte pour s’étendre. Il serait vain de croire qu’on peut construire sans résister, et stérile de résister sans construire.

      On ne peut s’en remettre ni à l’attente du basculement de la révolution, ni aux choix de désertion des individus ou des micro-collectifs. Il faut aller au-delà de ces deux scénarios. Il s’agit de construire dès maintenant dans les luttes, les résistances, la vie des collectifs, mais aussi dans les choix individuels consistant à défaire, dans la mesure du possible, l’emprise que le capitalisme exerce sur nous, à travers le travail, la consommation et la production concurrentielle des subjectivités. C’est fondamental, car cela permet notamment d’amplifier l’expérimentation d’autres manières d’être et d’autres relations avec autrui. Travailler à nous débarrasser des ego compétitifs, de la vanité d’avoir raison contre tous les autres et de tant d’attitudes qui réduisent notre capacité à agir de manière coopérative est vital pour la suite.

  • L’imposture zapatiste au Chiapas
    http://zones-subversives.over-blog.com/2014/03/l-imposture-zapatiste-au-chiapas.html

    Les organisations gauchistes et maoïstes du Mexique décident de s’implanter dans les zones rurales durant les années 1970. Ses bureaucrates masquent leur autoritarisme derrière une mascarade de démocratie participative. « Le projet classique d’encadrement des populations par une organisation d’avant-garde autoritaire était masqué par un discours démagogique de démocratie de base », observent Sylvie Deneuve et Charles Reeve. Marcos et l’EZLN apparaissent comme les héritiers de cette implantation maoïste en milieu rural. Ils adoptent les mêmes pratiques, avec des assemblées qui permettent de protéger le pouvoir des chefs. Pour s’implanter, l’organisation néo-zapatiste s’appuie sur le communautarisme indigène. Mais cette implantation dans les zones rurales du Chiapas débouche vers une marginalisation par rapport au reste de la population mexicaine.

    #Mexique #Chiapas

    • Article totalement farfelu basé intégralement sur un commentaire de Sylvie Deneuve et Charles Reeve datant de… 1996 !

      Et donc ne prenant aucunement en compte tous les changements qui se sont opérés dans les années 2000, puis 2010. Avec en plus une rêverie sur la prolétarisation qui serait la seule manière de déclencher des changements émancipateurs.

      Il ne s’inscrit pas dans la perspective d’une rupture avec le capitalisme.

      Z’ont dû oublié tous les écrits théoriques + les mises en place réelles, qui ont été tentés depuis 18 ans. Normal s’ils se sont arrêtés en 1996.

      Le développement de la condition de prolétaire permet au contraire de faire éclater les communautés pour déclencher des révoltes véritablement émancipatrices.

      Sans commentaire.

      Les organisations avant-gardistes ne remettent pas en cause cet attachement à la petite propriété et privilégient un combat réformiste.

      Comme bien résumé dans l’article récent de @cqfd, ils ont tenté un réformisme au tout début, dans les années 90. Puis se sont pris une claque. Et ont complètement changé de tactique et de manière de faire pour modifier leur vie quotidienne « ici et maintenant », sans attendre de changement de l’état. Encore une fois, ce ne sont que commentaires datés ne reflétant pas toutes les évolutions des 20 (ou au moins des 15) dernières années.

      Marcos et l’EZLN apparaissent comme les héritiers de cette implantation maoïste en milieu rural. Ils adoptent les mêmes pratiques, avec des assemblées qui permettent de protéger le pouvoir des chefs.

      Z’ont encore raté l’apparition (post-96 huhu) des conseils de bons gouvernements, et de toutes les assemblées autonomes qui maillent le territoire. Et le fait que tou⋅te⋅s les représentant⋅e⋅s élu⋅e⋅s sont révocables à tout moment.

      L’EZLN demeure une organisation bureaucratique, avec la seule parole du chef Marcos qui peut s’exprimer.

      Aucun rapport avec la réalité théorique et pratique qu’on a tou⋅te⋅s pu lire ou voir toutes ces dernières années. Ça fait même longtemps que Marcos n’est plus préposé qu’à écrire des histoires marrantes sur internet. Ce n’est pas lui qui décide, qui a un pouvoir coercitif, ou qui gère la vie des gens.

      Le discours de l’EZLN repose sur la séparation maoïste entre l’armée de libération et les masses populaires.

      Au début peut-être. Ce n’est plus le cas depuis longtemps.

      L’organisation du travail reste la même et les militants à la tête des occupations se comportent comme des employeurs. Les circuits de commercialisation restent les mêmes.

      Ça aurait été bien de s’inscrire à la Petite École en 2013/2014 pour pouvoir affirmer un truc comme ça basé sur l’état actuel du fonctionnement des communautés.

      Sans compter que dans le dernier chapitre ils écrivent (plusieurs fois) « Marc George » au lieu de « Marc Geoffroy » ! Haha Marc George quoi ! Ça m’a limite fait flipper.

      Non mais sérieux, ce sont des lycéens qui tiennent ce site ?

      cc @la_voie_du :)

    • Excellente réponse de RastaPopoulos, que “la voie du jaguar” salue ici. Il est possible d’ajouter que déjà en 1996 Reeve, Geoffroy et Deneuve n’étaient pas allés voir dans les communautés zapatistes et dictaient leur condamnation du haut de leur prétention théorique et de comptes à régler en France ou en Allemagne. Les zapatistes – dont ils n’avaient rien à battre – n’étaient qu’un prétexte. Leur brochure n’a pas été rééditée par la suite et le trio, dont les accusations ont été démenties par l’histoire, s’est bien gardé de revenir sur cette question. Leur mince brochure, retrouvée et résumée aujourd’hui par ce blog autoproclamé subversif, a cependant joué un rôle diffamatoire non négligeable dans les années 1997 à 1999, alors que l’EZLN et les communautés zapatistes subissaient des attaques militaires et paramilitaires menées par l’État mexicain sous l’appellation de “guerre de basse intensité”. Cette guerre s’accompagnait d’un pendant médiatique, œuvre de journalistes comme Bertrand de la Grange et Maite Rico. Tout ce petit monde a rejoint les vide-ordures de l’histoire, l’EZLN continue son chemin.

    • Désolé pour cette réponse un peu tardive, je n’avais pas trop le temps de réagir tout de suite.
      En ce qui nous concerne, on n’a pas vraiment de position claire et unanime sur ce qui se passe au Chiapas. Et évidemment, on n’y est pas allés non plus (les vols, ça coûte cher...). Il me semble pourtant que c’est un argument un peu faible pour critiquer le texte, puisqu’il n’y a par exemple bas besoin d’aller en Corée du Nord pour pouvoir dire que ce n’est pas ça, le communisme. Il ne s’agit évidemment pas de comparer l’EZLN au régime nord-coréen, mais pour dire vendre du café bio et équitable, ça a beau être sympa, ça n’a rien de communiste, le café bio étant tout autant une marchandise que les bananes de Chiquita.
      L’aspect intéressant du texte posté est à mon avis justement son analyse de classe. Il me semble tout à fait pertinent de dire que ce mouvement est un mouvement de paysans qui refusent leur prolétarisation. Étant donné que même un bon nombre de prolétaires ne veulent pas l’être, on peut tout à fait comprendre qu’ils ne veuillent pas le devenir. Je suis aussi d’accord que le supposé « caractère émancipateur garanti » des luttes prolétariennes relève de la mythologie marxiste.
      Je trouve toutefois que le texte met le doigt sur quelques problèmes bien réels du discours zapatiste. Les critiques de la glorification des sociétés indigènes, de cette sorte de « nationalisme d’en-bas » et de l’absence de toute analyse de classe me semblent tout à fait pertinentes. En ce qui concerne les mécanismes de prises de décision dans les zones autonomes, j’avoue en revanche que je ne sais pas du tout comment ça se passe sur le terrain et que je manque définitivement de sources fiables (et les communiqués de l’EZLN n’en sont pas une à mon avis) pour avancer un jugement là-dessus.

    • Il se trouve que Reeve a pas mal voyagé, y compris au Mexique (Exotisme s’abstenir : récits d’un voyage en Amérique latine, 1983-1984 ou Voyageurs au bord d’une Amérique en crise : notes sur l’Amérique d’aujourd’hui par deux libertaires, 1992), et il considérait sans doute en savoir assez sur la question sans avoir besoin d’y retourner. De fait, ce qui se passait réellement au Chiapas dans les années 1980 a totalement échappé à sa sagacité. Il a donc jugé de haut à travers la grille de la manipulation par de vilains marxistes-léninistes, ne pouvant imaginer un processus d’auto-organisation des communautés. Le fait de n’être pas retourné là-bas montre juste que ce mouvement ne l’intéressait que pour montrer qu’il n’était pas dupe et qu’il n’y avait rien de nouveau. Cependant, une première mouture de cette brochure a été légèrement modifiée après la parution de Tendre venin, correspondance de voyage au Chiapas et au Guerrero en 1995, de Nicolas Arraitz (voir cette chronique de Michèle Bernstein : http://www.liberation.fr/livres/1995/12/21/la-chronique-de-michele-bernstein-le-retour-de-znicolas-arraitz-tendre-ve).

      Quoi qu’il en soit, le commentaire qui précède, assez surprenant venant d’un éditeur (même pauvre et ne pouvant se payer des voyages, il reste la possibilité de lire), ne répond en rien à ce qu’écrit RastaPopoulos. Ressortir dix-huit ans plus tard un résumé succinct d’une mince brochure polémique écrite sans réelle information et indisponible aujourd’hui, alors qu’il s’est passé une longue et turbulente histoire, que le mouvement zapatiste ne cesse d’évoluer et d’approfondir sa voie vers l’autogouvernement, révèle simplement des intentions polémiques et l’habituel petit jeu du « plus radical », du « plus subversif », etc. Tout cela est marécageux et nauséabond, pour en sortir penchez-vous sur les Adieux au capitalisme (La Découverte, « L’horizon des possibles », 2014), de Jérôme Baschet – qui vit depuis quinze ans la moitié de l’année au Chiapas.

    • c’est impressionnant de voir la source de ce machin qui a encore trainé l’année dernière avec une émission entièrement basée là dessus. je revenais juste de 6 mois au Mexique, la plupart du temps au Chiapas, et ça m’avait donné envie de hurler tant c’est caricatural et mensonger par omission. Il y a critique, nécessaire et même féconde, et il y a ... ignorance, qui rend toute critique inaudible.

  • L’Escuelita zapatiste et la contagion de l’autonomie
    Partager en touchant le cœur, apprendre en questionnant (III)

    Jérôme Baschet

    http://www.lavoiedujaguar.net/L-Escuelita-zapatiste-et-la,1150

    Difficultés du mandar obedeciendo

    Les manuels ne s’en tiennent nullement à une autosatisfaction de façade. Ils font au contraire une place notable aux difficultés rencontrées, aux erreurs commises et aux insuffisances des réalisations actuelles (tout particulièrement en matière de participation des femmes aux charges de gouvernement ). C’est leur grandeur et c’est un signe manifeste de la force actuelle du zapatisme.

    Parmi les erreurs mentionnées dans les manuels, l’une des plus graves concerne la commune autonome de San Andrés Sakamch’en de los Pobres, l’une des premières à s’être formée, dès 1995. Particularité unique, le conseil autonome a pu récupérer et défendre, malgré toutes les tentatives d’expulsion, l’édifice situé au centre de San Andrés et qui abritait auparavant la présidence municipale officielle. Cela a créé une situation singulière de coopération entre les deux autorités, autonome et officielle, mais aussi sans doute une sorte de rivalité symbolique pour démontrer la capacité du gouvernement autonome. (...)

    #Mexique #EZLN #autogouvernement #résistance

  • L’Escuelita zapatiste et la contagion de l’autonomie
    Partager en touchant le cœur, apprendre en questionnant (II)

    Jérôme Baschet

    http://www.lavoiedujaguar.net/L-Escuelita-zapatiste-et-la,1149

    L’EZLN a choisi de faire découvrir une réalité collective, celle de l’autonomie, sous une forme qui fait une place remarquable à la singularité individuelle. Durant l’Escuelita d’août 2013, il y avait près de mille trois cents élèves, près de mille trois cents familles, près de mille trois cents Votán, c’est-à-dire près de mille trois cents histoires différentes, du fait de la diversité des situations locales, de choix d’organisation différents selon les zones et les villages, ainsi que de la particularité des interactions entre chaque élève, sa famille et son Votán. Le rôle de ce dernier est particulièrement déterminant, au point que le communiqué qui lui est consacré le qualifie de « colonne vertébrale de l’Escuelita ». Outre sa fonction de « précepteur », il a aussi, comme son nom l’indique (Votán est à comprendre comme « gardien et cœur du peuple »), la charge de prendre soin de chaque élève, de veiller à ce qu’il ne manque de rien et soit à son aise (même si certains ont pu trouver le soin mis à exercer cette mission trop insistant, voire quelque peu intrusif). Une telle combinaison écarte ce qui pourrait rassembler à un statut spécifique d’enseignant, qui séparerait le domaine du savoir des autres aspects de la vie. (...)

    #Mexique #EZLN #zapatiste #autogouvernement

  • L’Escuelita zapatiste et la contagion de l’autonomie
    Partager en touchant le cœur, apprendre en questionnant (I)

    Jérôme Baschet

    http://lavoiedujaguar.net/L-Escuelita-zapatiste-et-la

    À ce jour, l’Escuelita zapatiste a permis à plus de cinq mille personnes de venir toucher du doigt, regarder, écouter, goûter, sentir, éprouver et penser la pratique de l’autonomie dans les territoires rebelles du Chiapas. La première session s’est tenue du 12 au 16 août 2013 et les deux suivantes de part et d’autre de la date du vingtième anniversaire de l’apparition publique de l’EZLN, le 1er janvier 1994. Loin de toute concentration spectaculaire et des grands discours de circonstance, pouvait-on imaginer meilleure manière de célébrer l’anniversaire du soulèvement armé que de faire découvrir, en guise de bilan tangible, ce à quoi il a ouvert la voie ?

    En se lançant dans le considérable effort d’organisation qu’a impliqué l’Escuelita, les zapatistes ont manifesté leur désir de partager ce qu’ils ont appris au fil du processus de construction de l’autonomie, depuis la proclamation des communes autonomes, en décembre 1994, et, plus spécifiquement, au cours des dix années de fonctionnement des Conseils de bon gouvernement. Bien que la référence au modèle scolaire ait pu susciter chez certains divers malentendus — alors qu’il s’agit au contraire d’une analogie doublement subversive, comme on le verra —, ils n’ont jamais prétendu pétrifier cette expérience vive ni en faire un modèle ; ils l’ont au contraire présentée comme tout à fait singulière et non reproductible. (...)

    #Mexique #zapatistes #pédagogie-révolutionnaire

  • Vingtième anniversaire de la rébellion du Chiapas
    « Le goût de la liberté des zapatistes »

    entretien avec Jérôme Baschet

    http://lavoiedujaguar.net/Vingtieme-anniversaire-de-la

    En ce vingtième anniversaire du soulèvement indigène du 1er janvier 1994, la dynamique zapatiste est-elle toujours à ce point porteuse de sens et d’espoir pour les résistances altermondialistes et les luttes d’émancipation dans le monde ?

    Au cours des années récentes, principalement de 2007 à 2011, il était courant d’entendre dire que le mouvement zapatiste s’était épuisé. Au Mexique, les médias et certains intellectuels plutôt hostiles entretenaient les rumeurs sur la débandade au sein de l’EZLN (Armée zapatiste de libération nationale) ou sur la mort du sous-commandant Marcos. Pour tous ceux-là, et à dire vrai pour tout le monde, la mobilisation massive du 21 décembre 2012, le « jour de la fin du monde », a été une surprise totale : plus de 40 000 zapatistes ont occupé, dans un silence impressionnant et de manière aussi ordonnée que pacifique, cinq villes du Chiapas (presque les mêmes que le 1er janvier 1994). Cela a constitué un démenti cinglant à toutes les rumeurs, démontrant que la relative discrétion des années précédentes ne signifiait pas un déclin, mais la préparation silencieuse d’une nouvelle étape de la lutte. (...)

    #Mexique #Chiapas #rébellion #autonomie #EZLN

  • Les zapatistes sont toujours là ! - CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales
    http://www.cqfd-journal.org/Les-zapatistes-sont-toujours-la

    paru dans CQFD n°109 (mars 2013), par Jérôme Baschet, illustré par Rémi mis en ligne le 29/04/2013 - commentaires

    Loin des leaders charismatiques et des causes purement exotiques, les zapatistes refont parler d’eux. Des habitants de San Cristóbal de Las Casas tirent un premier bilan de la récente action d’éclat – bien que silencieuse – des communautés rebelles du Chiapas [1]. Annotations :

    « La Sexta » : non pas une organisation centralisée, (...)

    #-Mexique #zapatiste #luttes #Alternatives

  • Nous sommes déjà en chemin, créant d’autres mondes | Jérôme Baschet (la voie du jaguar)
    http://lavoiedujaguar.net/Nous-sommes-deja-en-chemin-creant

    Nous avons déjà commencé. Nous sommes déjà en chemin. Notre NON au capitalisme, notre NON à la machinerie folle de la production-pour-la-production, qui entraîne destructions, injustices, écocide et nous dessaisit de la possibilité de vivre humainement est irrémédiable. Nous commençons à le traduire en actes, en attitudes, en manières d’être et de partager. Nous savons bien que le chemin est long et peut-être ne parvenons-nous même pas encore à saisir pleinement ce à quoi ouvre notre NON à la société capitaliste, au monde de la marchandise, au règne de l’argent. Mais nous avons commencé à cheminer, sans certitude, armés de questions, interrogeant tout et toujours, avec la conviction que d’autres mondes peuvent s’épanouir et avec l’espérance qu’ils puissent se substituer à la globalité capitaliste. (...) Source : la voie du jaguar