person:jacques lacan

  • Jacques Lacan : « La #psychanalyse est sans effet sur la #connerie »
    https://www.franceculture.fr/conferences/college-international-de-philosophie/lacan-psychanalyse-est-sans-effet-sur-la-connerie

    À cette interrogation que Lacan déploie en 1960, le séminaire « L’Éthique de la psychanalyse » a longtemps semblé donner une réponse. Mais la possibilité même d’une telle éthique lui importait sans doute moins que la transformation de la question par sa propre théorie de l’inconscient. Aussi est-ce davantage le développement de la psychanalyse et du discours analytique jusque dans sa radicalité, qui produit des réponses dont la pluralité semble interdire ce qui serait une Éthique.

  • MENSONGES LACANIENS, par JACQUES VAN RILLAER | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/jean-louis-racca/blog/290212/mensonges-lacaniens-par-jacques-van-rillaer

    « Notre pratique est une escroquerie : bluffer, faire ciller les gens, les éblouir avec des mots qui sont du chiqué, c’est quand même ce qu’on appelle d’habitude du chiqué — à savoir ce que Joyce désignait par ces mots plus ou moins gonflés — d’où nous vient tout le mal. »

    Jacques Lacan, 26 février 1977 [1]

    Le fondement essentiel des pratiques de ceux qui se nomment « psychanalystes » sont des textes de Freud et de quelques disciples. Il est donc crucial de connaître le degré de fiabilité des affirmations contenues dans ces publications. Des milliers de personnes croient que Freud, Bettelheim ou Lacan sont des savants parfaitement intègres, qui ont observé méthodiquement des faits, qu’ils ont ensuite mis par écrit sans les déformer. Ces personnes ignorent ou refusent d’admettre les inévitables processus de distorsion du traitement des informations et la pratique du mensonge chez une large proportion des êtres humains, y compris chez les hommes de science.

    DES MENSONGES DÈS LE DÉPART DU FREUDISME

    Le voile sur les mensonges de Freud a commencé à être levé par son disciple Ernest Jones. Dans sa célèbre biographie, Jones signale que le traitement d’Anna O., le cas princeps de la psychanalyse, ne s’était pas terminé comme c’est écrit dans les Etudes sur l’hystérie. Alors qu’on y lisait qu’Anna O. avait été délivrée de tous ses symptômes, Jones signalait qu’après un an et demi de « cure par la parole » la malade avait dû être placée dans un institut psychiatrique. Il ajoutait : « Un an après qu’il eût cessé de la soigner, Breuer confia à Freud qu’elle était tout à fait détraquée, et qu’il lui souhaitait de mourir et d’être ainsi délivrée de ses souffrances [2] ».

    D’autres révélations ont également été faites par des disciples. Ainsi Oskar Pfister, pasteur suisse devenu analyste freudien, a confié à Henri Ellenberger, qui avait fait une analyse didactique sous sa direction, que l’ouvrage de Jones contenait des « légendes », notamment la légende que Freud aurait été constamment attaqué de façon malhonnête [3].

    C’est sans doute Ellenberger, le plus célèbre des historiens de la psychiatrie, qui a porté des coups décisifs aux légendes relatives à l’intégrité scientifique de Freud. Chargé du cours d’histoire de la psychiatrie à la Fondation Menninger (Etats-Unis), il s’est donné la peine de faire une enquête sur le cas d’Anna O qui lui fit découvrir son dossier médical dans la clinique suisse où elle avait été placée, faute d’être aidée par la psychanalyse. On y lisait que la patiente — dont Freud a écrit à plusieurs reprises qu’elle avait été guérie detous ses symptômes [4] — présentait nettement plus de troubles après le traitement qu’avant et qu’elle était même devenue morphinomane durant la cure. Ellenberger a publié ces faits en 1972 [5] et y a consacré quelques pages dans l’édition française de sa monumentale histoire de la psychothérapie [6]. Il a également montré que Freud avait beaucoup plagié et était beaucoup moins original que le grand public ne le croit.
    Peu après, Frank Cioffi a publié l’article « Freud était-il un menteur ? » [7]. Rapprochant simplement des textes de 1896 et de 1924, il montrait que Freud avait menti sur un point capital de sa doctrine. En 1896, Freud écrivait que l’hystérie de toutes ses patientes sans exception s’expliquait par « des séductions subies dans la première enfance ». Il ajoutait : « Les malades ne racontent jamais ces histoires spontanément. On ne réussit à réveiller la trace psychique de l’événement sexuel précoce que sous la pression la plus énergique du procédé analyseur et contre une résistance énorme, aussi faut-il leur arracher le souvenir morceau par morceau. […] Dans la plupart des cas, les souvenirs n’étaient retrouvés qu’après plus de cent heures de travail [8] ». A partir des années 1910, Freud a raconté qu’il avait été trompé par ses patientes, qui lui racontaient spontanément des histoires d’inceste qu’il avait pris naïvement, à l’époque, pour des récits d’événements réels. Freud dit avoir compris ensuite qu’il s’agissait seulement de fantasmes produits par les désirs œdipiens. Il n’a jamais reconnu qu’il avait conditionné ses patientes à inventer ce qui était conforme à sa théorie.

    Par la suite, des historiens du freudisme, à mesure que des archives se publiaient, ont découvert de plus en plus de mensonges et de légendes. Les ouvrages de Crews, Bénesteau, Borch-Jacobsen et Shamdasani, parmi bien d’autres, montrent l’ampleur des mystifications [9].

    Aux mensonges de Freud s’ajoutent ceux de disciples célèbres, à telle enseigne que Cioffi, trente ans après son célèbre article, conclut le bilan des tromperies de Freud et de freudiens par ces mots : « Le mouvement psychanalytique dans son ensemble est l’un des mouvements intellectuels les plus corrompus de l’Histoire [10] ». On pourrait évoquer par exemple les impostures de Bruno Bettelheim [11] ou le Journal d’une adolescente, que Hermina Hug-Hellmut — la première analyste d’enfants — , publia comme le récit d’une adolescente alors qu’elle l’avait entièrement inventé [12]. Nous nous limitons ici aux cas de Jacques Lacan et de son beau-fils Jacques-Alain Miller, son héritier au sens matériel et figuré du terme.

    POURQUOI AVOIR CRÉÉ L’ÉCOLE FREUDIENNE DE PARIS ?

    En 1962, au moment de choisir des études universitaires, la lecture d’ouvrages vantant les prodigieuses victoires de la psychanalyse m’ont incité à opter pour la psychologie [13] . Dès ma 2e année d’études, je me suis adressé à la Société Belge de Psychanalyse, affiliée à l’International Psychoanalytical Association (IPA), pour entamer une didactique freudienne. La présidente m’a répondu qu’il fallait être diplômé médecin ou psychologue avant de pouvoir commencer ce type d’analyse. L’année suivante, j’apprenais par Jacques Schotte, professeur de mon université, qu’il allait fonder, avec quatre autres psychanalystes, l’Ecole belge de psychanalyse (EBP), qui se rattacherait à l’Ecole freudienne de Paris (EFP), que venait de créer Jacques Lacan. Il m’expliqua que, dans l’association lacanienne, les règles étaient moins « obsessionnelles » [14] que dans la corporation « annafreudienne ». En effet, la porte était grande ouverte aux étudiants en psychologie, aux philosophes, aux théologiens, aux prêtres qui quittaient l’Eglise, etc. Je pus ainsi commencer une analyse didactique dès ma 3e année de psychologie, chez Winfried Huber, qui avait effectué la sienne à Paris, chez Juliette Favez-Boutonnier. Celle-ci avait été analysée par René Laforgue, qui l’avait été par Eugénie Sokolnika, qui l’avait été par Freud. J’évoque cette « filiation » parce que, selon la doctrine freudienne, le pouvoir d’être analyste se transmet de la même façon que le pouvoir d’être prêtre catholique : le sacrement autorisant la pratique sacrée est conféré par quelqu’un qui a lui-même reçu cette grâce au terme d’une lignée qui remonte jusqu’au Christ.

    Pendant les quatorze années de mon adhésion à l’EBP, je n’ai jamais entendu parler de lavéritable raison pour laquelle Lacan avait fondé l’EFP en 1964. Le lecteur qui douterait de cette ignorance peut lire d’un bout à l’autre les 420 pages de mon livre Les illusions de la psychanalyse, publié en 1981. La raison essentielle de la création de l’EFP n’y apparaît nulle part, malgré d’abondantes critiques de Lacan. Ce n’est qu’en 1985 que j’en ai été informé par la lecture du livre de François Perrier Voyages extraordinaires en Translacanie [15] . Dans l’EBP, il s’agissait d’une information qui avait été soigneusement dissimulée. Dans l’EFP, elle avait été progressivement occultée. Voici les faits.

    Au début des années 50, les autorités de la Société Française de Psychanalyse (SFP) ont constaté que Lacan menait un nombre considérable d’analyses didactiques. Elles ont également appris que la durée des séances était largement inférieure à la durée réglementaire de 45 minutes. Pire : cette durée diminuait d’année en année pour ne plus être que de quelques minutes. Les autorités psychanalytiques internationales ont alors mené plusieurs enquêtes sur la durée des séances chez Lacan. A partir de 1953, les dirigeants de l’IPA ont, à plusieurs reprises, rappelé Lacan à l’ordre. Chaque fois, il y avait « promesses de Lacan, non tenues, bien sûr, puis colères, amabilités, injures, rapprochements, ruptures » [16] . En juillet 1963, après dix années de mises en garde répétées, l’IPA retirait définitivement à Lacan le titre de didacticien. Le document, intitulé la « Directive de Stockholm » (du nom du congrès où cette décision fut prise), précisait : « Le Dr. Lacan n’est plus désormais reconnu comme analyste didacticien. Cette notification devra être effective le 31 novembre 1963 au plus tard. Tous les candidats en formation avec le Dr. Lacan sont priés d’informer la Commission des études s’ils désirent ou non poursuivre leur formation, étant entendu qu’il sera exigé d’eux une tranche supplémentaire d’analyse didactique avec un analyste agréé par la Commission des études. Cette notification devra être effective le 31 décembre 1963 au plus tard [17] ».

    Soulignons que Lacan gardait le titre de « psychanalyste » de la SFP et de l’IPA. Il pouvait continuer à analyser des patients, il pouvait même continuer ses cours et séminaires, mais il fulminait et préparait sa riposte : la création de sa propre Ecole de psychanalyse.

    « L’EXCOMMUNICATION MAJEURE »

    Le 20 novembre, devant l’amphithéâtre bondé de l’hôpital Ste-Anne, Lacan tenait un Séminaire au cours duquel il allait se dire victime d’une excommunication comparable à celle infligée par les autorités rabbiniques à Baruch Spinoza :

    « Mon enseignement, désigné comme tel, subit, de la part d’un organisme qui s’appelle le Comité exécutif d’une organisation internationale qui s’appelle l’International Psychoanalytical Association, une censure qui n’est point ordinaire, puisqu’il ne s’agit de rien de moins que de proscrire cet enseignement — qui doit être considéré comme nul, en tout ce qui peut en venir quant à l’habilitation d’un psychanalyste, et de faire de cette proscription la condition de l’affiliation internationale de la société psychanalytique à laquelle j’appartiens.

    Cela encore n’est pas suffisant. Il est formulé que cette affiliation ne sera acceptée que si l’on donne des garanties pour que, à jamais, mon enseignement ne puisse, par cette société, rentrer en activité pour la formation des analystes.

    Il s’agit donc là de quelque chose qui est proprement comparable à ce qu’on appelle en d’autres lieux l’excommunication majeure. Encore celle-ci, dans les lieux où ce terme est employé, n’est-elle jamais prononcée sans possibilité de retour.

    Elle n’existe sous cette forme que dans une communauté religieuse désignée par le terme indicatif, symbolique, de la synagogue, et c’est proprement ce dont Spinoza fut l’objet. Le 27 juillet 1656 d’abord — singulier bicentenaire puisqu’il correspond à celui de Freud — Spinoza fut l’objet du kherem, excommunication qui répond bien à l’excommunication majeure, puis il attendit quelque temps pour être l’objet du chammata, lequel consiste à y ajouter cette condition de l’impossibilité d’un retour.

    Je ne suis pas en train de dire — mais ce ne serait pas impossible — que la communauté psychanalytique est une Église. Cependant, incontestablement, la question surgit de savoir ce qui en elle peut bien faire ici écho à une pratique religieuse [18] ».

    Sept mois plus tard, le 21 juin 1964, c’est le grand coup de théâtre autocratique. Lacan proclame dans son séminaire la création de sa propre société de psychanalyse en ces termes :

    « Je fonde — aussi seul que je l’ai toujours été dans ma relation à la cause psychanalytique — l’Ecole Française de Psychanalyse, dont j’assurerai, pour les quatre ans à venir dont rien dans le présent ne m’interdit de répondre, personnellement la direction [19] ».

    Lacan préfèrera peu après le nom « Ecole Freudienne de Paris ». Il la présidera jusqu’à sa dissolution, par lui-même, en 1980, peu avant sa mort. Inutile d’insister sur le fait qu’il ne mit plus aucun frein à sa frénésie du commerce des didactiques, recevant jusqu’à 80 analysants par jour [20]. Ceux-ci étaient complices. Comme le note François Roustang, ancien jésuite devenu pour un temps analyste lacanien : « Devenir analyste, reconnu par Lacan, était une manière de titre de noblesse, qui ouvrait à la possibilité de se faire une clientèle. Sans lui, nombre d’entre nous n’auraient jamais accédé à ce statut et n’auraient pas eu les moyens d’en vivre. Après avoir donné l’existence à beaucoup, l’analyse devenait le moyen de leur subsistance [21] ». Jean-Guy Godin, qui restera toujours fidèle au gourou, ne dit pas autre chose : « Pour chacun de nous, Lacan était une société, une société par actions dont nous détenions chacun une part ; d’autant que, dans ce début des années soixante-dix, sa cote ne cessait de monter [22] ». Perrier, un des premiers lieutenants de Lacan, écrit : « Il était parfaitement conscient du pouvoir de son nom, de ce que signifiait, pour les gens, de dire : “Je suis sur le divan de Lacan.” D’ailleurs, les séances dites courtes consistaient en un véritable compostage : le sourire et la poignée de main du maître. [23] »

    Durant ma formation à l’EBP, je n’ai entendu parler qu’une seule fois des « séances courtes ». C’était à l’occasion du séminaire d’Alphonse De Waelhens sur le texte « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse ». Lacan y justifie son innovation en disant qu’elle rejoint la technique zen, qu’elle « déconcerte la résistance du patient », qu’elle « brise le discours pour accoucher la parole [24] ». Dans Ecrits, où ce texte de 1953 est réédité, Lacan a ajouté cette note en bas de page : « Pierre de rebut ou pierre d’angle, notre fort est de n’avoir pas cédé sur ce point (1966) ». De Waelhens était passé rapidement sur ce passage, se contentant de dire que cette technique n’était pas en usage en Belgique. Il n’avait pas relevé la note infrapaginale. Il n’avait pas dit — ce que lui devait savoir — que les séances courtes étaient la « pierre » sur laquelle Lacan « n’avait pas cédé », la pierre sur laquelle est édifiée l’EFP et, secondairement, l’EBP à laquelle nous appartenions.

    UNE ÉCOLE FREUDIENNE « OUVERTE »

    En fondant sa propre école, Lacan s’octroyait le moyen de continuer une pratique extrêmement lucrative, mais il allait en outre prendre dans ses filets ce qu’on appelle psychanalyse en France. En effet, tandis que les autres sociétés freudiennes exigeaient généralement une formation de psychologue ou de médecin avant d’entamer la formation analytique, Lacan ouvrait les bras à tout qui se voulait psychanalyste. Il se montrait particulièrement séducteur à l’endroit des philosophes, des mathématiciens et des agrégés de droit [25]. La distinction entre analyse didactique et analyse thérapeutique était abrogée. Sous prétexte de balayer la bureaucratie « ipéiste », la hiérarchie autoritaire et les règles rigides, Lacan déclarait qu’il n’était plus nécessaire d’être psychanalyste, ni même en analyse, pour pouvoir s’inscrire au titre de membre de son Ecole. Simplement il distinguait trois types de membres : les « analystes de l’Ecole » (AE), reconnus par un jury d’agrément, les « analystes membres de l’Ecole » (AME), garantis par l’Ecole, et les « analystes praticiens » (AP), qui s’autorisent d’eux-mêmes [26].

    Jean Clavreul, fidèle lieutenant de Lacan jusqu’à la mort (celle de Lacan et la sienne), a bien décrit comment ce procédé a fait exploser le nombre de lacaniens : « Le prestige de l’Ecole freudienne fut tel qu’il y eut de plus en plus d’adhésions, à tel point que les demandes d’adhésion devinrent aussi importantes que le nombre d’adhérents, plus de six cents à ce moment-là. Cela était dû au fait que Lacan ne prononçait jamais d’exclusion. Pendant quinze années, l’Ecole freudienne n’a jamais exclu personne[27] ». En France,psychanalyse est alors devenu davantage synonyme de lacanisme que de freudisme(orthodoxe) [28]. Lacan était un champion du marketing psy.

    Trois ans plus tard, Lacan sera poussé par ses camarades à formuler des règles plus strictes pour la reconnaissance du titre d’analyste de son Ecole (la « passe »), mais le « Freud français » aura réussi à noyer les analystes affiliés à l’IPA sous le nombre des siens. Son « ouverture » aux philosophes et aux lettrés lui aura permis de noyauter tous les médias et les hautes sphères du pouvoir [29]. Son beau-fils « jouit » encore pleinement de ce pouvoir.

    LA DISSIMULATION CONTINUE

    A ma connaissance, il n’y a aucun écrit de Lacan qui mentionne la véritable raison du refus par l’IPA de continuer à agréer ses didactiques au-delà de 1963. La majorité de ses disciples ont dissimulé autant que lui ce motif et donc la véritable raison de la création de l’EFP. Ainsi Jacques-Alain Miller écrit-il en 2011 dans Vie de Lacan : « Il [Lacan] n’a pas tellement pâli de la rétorsion de l’Autre. Oui, bien sûr, une Association internationale alors basée à Chicago l’a persécuté, chassé — ou plutôt a voulu l’émasculer comme analyste, en lui interdisant de former des gens. N’en faisons pas toute une histoire. En définitive, elle pouvait peu, sinon aider au rinforzando de la calomnie. Lacan, de son côté, avait de la ressource, ne se laissa pas intimider, et manœuvra comme un chef. C’est alors que je l’ai connu, janvier 1964, et je fus le témoin direct, et aussi l’un des instruments, de sa brillante contre-offensive. Il triompha en France, au prix d’y rester enfermé, car coupé du milieu international [30] ».

    Elisabeth Roudinesco, qui détient le pouvoir d’informer les lecteurs du journal Le Mondedes matières psy, évoque le véritable motif, mais en l’édulcorant et en minimisant son importance. Dans Pourquoi la psychanalyse ?, elle écrit que la scission de 1963 se produisit « lorsque Lacan ne fut pas accepté comme didacticien dans les rangs de l’IPA du fait de son refus de se soumettre aux règles en vigueur concernant la durée des séances et la formation des analystes. Lacan refusait, en effet, de se plier à l’impératif de la séance de cinquante-cinq minutes et proposait de l’interrompre par des ponctuations significatives donnant un sens à la parole du patient. [...] Par ailleurs — et c’est sans doute la raison profonde de cette rupture —, Lacan restaurait, par son enseignement et par son style, la figure freudienne du maître socratique à une époque où celle-ci était jugée néfaste par l’IPA [31] » (souligné par J.V.R.)

    LE POUVOIR CURATIF DES CURES FREUDIENNES ET LACANIENNES

    Depuis longtemps, la médiocrité des résultats que Freud obtenait par ses traitements est connue et bien documentée [32]. Ceci n’empêche nullement les frères Miller d’affirmer que Freud guérissait sans difficulté, comme par magie. Ils affirment ce fait, mais l’expliquent de façon tout à fait différente.

    Jacques-Alain donne une explication freudienne classique : « Au départ, les cures analytiques avaient des résultats rapides et spectaculaires. Il suffisait de livrer à un patient la clé de l’Œdipe, c’était si révolutionnaire que cela le métamorphosait. Au fur et à mesure, la nouveauté se dissipait, les cures devenaient plus longues, plus complexes [33] ». Autrement dit : si les cures sont devenues si longues, voire interminables, c’est parce que tout le monde parle désormais du complexe d’Œdipe.

    Gérard, lui, avance une explication typiquement lacanienne : « L’aliénation du sujet à la chaîne signifiante, c’est ce que la psychanalyse naissante avait mis au jour. Qu’est-ce que l’âge d’or de la découverte freudienne, sinon ce temps béni des dieux où les symptômes analysés cédaient comme par miracle ? Lecture émerveillée des premiers textes de Freud... La psychanalyse dévoilait le lien du sujet au langage, témoignait de l’emprise du signifiant sur le corps, réussissait à annuler la souffrance par la parole. [34] » Autrement dit : si les cures sont devenues si longues, c’est parce que tout le monde sait que le symptôme est langage et que sa disparition tient en une analyse de Signifiants.

    Lacan a été pour le moins discret sur les effets de ses propres cures. Il s’est toujours plu à affirmer que la psychanalyse n’est pas une psychothérapie. Ainsi dans sa célèbre interview à la télévision, il déclare : « La psychothérapie, quelle qu’elle soit, tourne court, non qu’elle n’exerce pas quelque bien, mais qui ramène au pire [35] ». Même discours lors de l’ouverture de la section clinique de l’université Paris VIII : « La psychothérapie ramène au pire... Ce n’est pas la peine de thérapier [sic] le psychique. Freud aussi pensait ça. Il pensait qu’il ne fallait pas se presser de guérir [36] ». Les témoignages d’anciens lacanienssont accablants. Perrier par exemple écrit : « J’aurais aimé que Lacan publiât ses chiffres : c’est fou ce qu’on se suicidait chez lui ! Pour sa part, il avait horriblement peur de la mort. Une anecdote est restée célèbre : il avait foutu à la porte Diatkine, parce que ce dernier fantasmait sur la mort. Ça aussi, c’est très grave. Si Lacan a tué tout son monde, c’est parce que seul le cheminement de la pensée l’intéressait. Les êtres humains, il s’en foutait. Et la séduction qu’il exerçait sur eux dépouillait ses malades et ses clients de toute capacité d’autodéfense, ou peu s’en faut [37] ».

    Freud a toujours écrit que la psychanalyse n’était pas en mesure de traiter les psychoses, qu’il appelait « névroses narcissiques » [38]. Dans les années 1920, il a essayé de traiter un adolescent psychotique, Carl Liebmann, qu’il a qualifié de « paranoïaque super-intelligent » et pour lequel, écrit-il, il s’est « donné beaucoup de mal ». Il en parle dans sa correspondance avec Ferenczi [39], mais n’a jamais rien publié à ce sujet et pour cause : il n’a obtenu aucun résultat positif. Aujourd’hui des lacaniens prétendent, grâce à Lacan, faire mieux que Freud : ils affirment que l’autisme est une « psychose », qu’il leur revient de « traiter », et qu’il est de leur devoir de « combattre les thérapies cognitivo-comportementales » [40]. On attend toujours la publication d’études empiriquement validées.

    DE QUELQUES AUTRES MENSONGES

    Lacan s’est illustré par d’autres formes de tromperie, notamment le plagiat. Par exemple, il a repris à Henri Wallon — sans le citer — la description du stade du miroir. René Zazzo, parmi d’autres, a dénoncé cette malhonnêteté [41], ce qui n’empêche pas nombre delacaniens et d’autres d’enseigner qu’il s’agit d’une « découverte » de Lacan.

    J.-A. Miller s’est fait une spécialité des fausses citations pour diaboliser les TCC et spécialement Skinner. Nous avons déjà eu l’occasion de montrer comment il a utilisé la formule d’un journaliste « We Can’t Afford Freedom » (Nous ne pouvons nous payer le luxe d’être libre) placée sur la couverture d’un numéro du Time où il était question de Skinner, pour en faire une citation exprimant des intentions qui n’étaient absolument pas celles du célèbre professeur de Harvard [42]. Dans son récent « Lacan quotidien » (25-01-2012), on peut lire une autre citation attribuée à Skinner (« Je n’ai poursuivi dans ma vie qu’une idée — une véritable idée fixe. Le mot “contrôle” l’exprime », etc.) qui est en réalité le propos d’un personnage du roman de Skinner Walden Two. C’est comme si attribuait à Camus des phrases d’un personnage de son Caligula. Chacun jugera du niveau éthique et épistémologique du procédé.

    Peut-être le mensonge le plus nuisible de Lacan aura été de faire croire que sa logomachie recelait un sens profond, que seule une longue initiation permettait de comprendre. Cette « imposture intellectuelle » — pour reprendre le titre du célèbre ouvrage de Sokal et Bricmont — a égaré des milliers de personnes dans des exégèses ad infinitum et les a détournés d’activités réellement thérapeutiques. La tradition du mensonge, inaugurée par Freud, est plus que jamais vivante dans le lacanisme.

    ANNEXE : L’ÉTHIQUE DE LACAN SELON JACQUES-ALAIN MILLER

    Extraits de : Vie de Lacan écrite à l’intention de l’opinion éclairée.
    Ed. Navarin, 2001, 24 p.

    « Par beaucoup de traits, et même par un trait essentiel, Lacan n’était pas et ne se croyait pas un homme de bien. “Je n’ai pas de bonnes intentions”, dit-il une fois à son séminaire, moquant les préjugés de ceux qui pensent bien » (p. 12).

    « Il est clair que Lacan voulut être une exception, et s’assumait comme tel. [...] Il évoquait sa vie, écoutez bien, comme “une vie passée à vouloir être Autre malgré la loi” » (p. 15).

    « Que veut dire ce “malgré la loi”, à le prendre au sérieux ? Lacan s’avoue fièrement transgresseur, et joue au délinquant, au vaurien, au voyou. [...] Lacan est en effet quelqu’un qui bravait la loi, et dans les plus petites choses. » (p. 16)

    « Certains se plaisent à lui prêter des passions basses, qui sont, j’en jurerais, les leurs : fortune, notoriété, pouvoir. Mais tout cela va de soi pour l’homme de désir, ce sont des moyens de son désir, ce n’est pas son désir. Lacan incarnait au contraire ce qu’il y a d’énigmatique, de peu rassurant, voire d’inhumain dans le désir » (p. 19).

    « “Tâcher toujours plutôt à changer mes désirs que l’ordre du monde”, la belle maxime cartésienne qui résume tout ce qui est sagesse antique et moderne, n’était pas pour Lacan. Il était du parti contraire. Il entendait, lui, changer autour de lui le train des choses, leur train-train, et avec une obstination, une persévérance, une constance, qui faisait mon admiration » (p. 20).

    « Les anecdotes lacaniennes sont toutes vraies, même celles qui sont fausses, car, en saine doctrine, la vérité se distingue de l’exactitude, et elle a structure de fiction. Tout ce qui court sur le personnage de Lacan, de vu, d’entendu, ou de forgé, inventé, ou simplement de mal entendu, qui le diffame ou qui l’encense, converge à peindre l’homme de désir, et même de pulsion, qu’il était. » (p. 21).

    #psychose #escroquerie #lacan #psychanalyse

    • PSYCHANERIES
      https://sporenda.wordpress.com/2018/02/05/psychaneries

      On ne sait par où commencer tant ce psychanalyste accumule les non-sens et les absurdités. D’abord, affirmer que la pédophilie était quasi-inexistante lorsque l’ordre patriarcal était incontesté est évidemment massivement contrefactuel historiquement. Doit-on rappeler qu’en Angleterre par exemple, les bordels d’enfants des deux sexes étaient parfaitement légaux et nombreux à l’époque victorienne ? Qu’il était coutumier que les maîtres violent leurs très jeunes servantes ? Qu’un grand nombre des patientes de Freud avaient subi des incestes et des viols pédophiles (ce que Freud a décidé de dissimuler par souci de sa carrière et de protection de l’ordre patriarcal) ?

      Et il y a l’affirmation hallucinée que c’est la mort du roi-père (belge) qui signe la multiplication des Dutroux. Moralité : pour éliminer la pédophilie, restaurons la monarchie. Face à de telles bouffées délirantes, on serait tenté-e de conseiller à van Meerbeck d’aller consulter de toute urgence.

      Mais le paralogisme culminant de van Meerbeck, c’est lorsqu’il pose que l’inceste des mères est la partie invisible de l’iceberg : si l’inceste maternel est visible nulle part, c’est justement la preuve qu’il est partout. Par contre, si les cas d’incestes par père ou beau-pères sont majoritairement écrasants dans les cours d’assises et les médias, c’est en fait parce qu’ils n’existent (presque) pas.

      Ne vous y trompez pas : cette mise en accusation constante des mères par la psychanalyse, décrites comme fusionnelles au point d’être vampiriques et immanquablement incestueuses, c’est une opération de détournement d’attention et d’inversion de responsabilité qui vise à exonérer et protéger les pères incestueux : on agite le chiffon rouge d’incestes maternels imaginaires pour cacher la réalité factuellement constatable des nombreux incestes paternels (4 millions de personnes ont été victimes d’inceste en France selon un article de l’Express).

      Séparer la mère des enfants, et les faire passer du côté du père, c’est l’objectif primordial de la psychanalyse. En faisant de la mère une ogresse dont il faut à tout prix éloigner les enfants pour les soustraire à son amour dévorateur–noble tache « civilisatrice » qui est l’apanage du père–la psychanalyse vise à les « groomer » pour les préparer à devenir de bons petits soldats de l’ordre patriarcal ; soumission impossible si les enfants restent identifiés à leur mère, et aux valeurs dites féminines d’empathie, de coopération, de care et de souci du bien collectif dont la (bonne) maternité est porteuse.

      Notez aussi que séparer la mère des enfants et l’empêcher ainsi de les protéger présente l’avantage de faciliter l’accès sexuel des pères incestueux et des pédophiles aux enfants. Et que, dans l’ordre masculin d’inversion des valeurs, quand un meurtrier tue sa femme, c’est de l’amour et il doit être excusé. Mais quand une femme aime et protège ses enfants, (et pourrait fâcheusement s’interposer entre eux et les prédateurs sexuels), c’est de l’inceste, et elle est salie et stigmatisée.

      Stigmatiser la mère « incestueuse » largement imaginaire pour escamoter la réalité de l’inceste paternel tout en facilitant l’accès des prédateurs sexuels aux enfants en les soustrayant à la protection maternelle : coup double–le patriarcat est vraiment très fort.

  • The CIA Reads French Theory: On the Intellectual Labor of Dismantling the Cultural Left
    http://thephilosophicalsalon.com/the-cia-reads-french-theory-on-the-intellectual-labor-of-dism

    For in an intriguing research paper written in 1985, and recently released with minor redactions through the Freedom of Information Act, the CIA reveals that its operatives have been studying the complex, international trend-setting French theory affiliated with the names of Michel Foucault, Jacques Lacan and Roland Barthes.

    The image of American spies gathering in Parisian cafés to assiduously study and compare notes on the high priests of the French intelligentsia might shock those who presume this group of intellectuals to be luminaries whose otherworldly sophistication could never be caught in such a vulgar dragnet, or who assume them to be, on the contrary, charlatan peddlers of incomprehensible rhetoric with little or no impact on the real world. However, it should come as no surprise to those familiar with the CIA’s longstanding and ongoing investment in a global cultural war, including support for its most avant-garde forms, which has been well documented by researchers like Frances Stonor Saunders, Giles Scott-Smith, Hugh Wilford (and I have made my own contribution in Radical History & the Politics of Art).

    Le document de la CIA en question:
    https://www.cia.gov/library/readingroom/docs/CIA-RDP86S00588R000300380001-5.PDF

  • Qu’est-ce qui s’est passé vraiment à Cologne ? D’après un éminent anthropologue algérien, « un problème de langage, un déficit de communication. »

    http://analysedz.blogspot.com/2016/03/le-syndrome-de-cologne-ou-lorgie.html

    Suite au débat médiatique suscité par l’article de Kamel Daoud dans le « Monde » où l’anthropologie, voire la psychanalyse, se muent en débat idéologique jusqu’à faire intervenir publiquement le Premier ministre français, je me réveille de mon amnésie pour évoquer un ancien souvenir.
    Il ne s’agit pas pour moi d’entrer dans la surenchère de l’invective, sachant que la liberté d’expression est mon maître mot, à condition que l’on ne s’improvise pas psychanalyste, anthropologue ou sociologue à moindre frais. Je voudrais seulement rappeler un fait peu connu chez nous : celui de la fête du carnaval dont les préparatifs durent plusieurs jours jusqu’à la fête des Cendres (Mardi gras).
    Au cours de l’année académique 1966-1967 je me trouvais à Maastricht proche de Köln (Cologne) et d’Aachen (Aix-la-Chapelle), ancienne métropole de la chrétienté sous les Carolingiens (9ème siècle), pour une enquête sociologique sur les conditions de vie des mineurs maghrébins dans les charbonnages du Limbourg belgo-néerlandais ayant pour chefs-lieux respectifs Liège et Maastricht(*). Le carnaval est fêté conjointement par les citoyens de Cologne et de Maastricht, distants d’une centaine de kilomètres à peine.
    On y assiste alors à une permissivité qui contraste avec la vie austère des deux cités luthériennes, qui ont accueilli depuis l’Edit de Nantes les Huguenots, protestants condamnés à l’exil sous le règne de Louis XIV. Il n’est pas rare, en effet de rencontrer à Maastricht des noms bien français. La bibliothèque municipale y contient des ouvrages francophones datant du 16ème siècle. Quiconque a vécu à Maastricht, en tout cas à cette époque, est saisi par la grande exubérance de la population, notamment les jeunes, dans une ambiance où la bière coule à flots et où tout semble permis. Une bonne partie des gens de Maastricht continue la fête à Cologne et vice-versa. Des amis néerlandais m’avaient confié qu’un nombre anormalement élevé de naissances sous X surviennent neuf mois après les fêtes du carnaval ! …
    Encore une fois, je ne suis pas psychanalyste, je constate un fait, celui de l’orgie collective permise le temps du carnaval, une fête bien catholique malgré son soubassement païen (ce qui n’est pas propre à la religion catholique). Comment qualifier les évènements festifs encadrés par ce rituel populaire qui était bien présent à Cologne au moment des faits rapportés par la presse, précisément sur le précèdent mettant en cause des migrants maghrébins ? Je laisse le soin aux spécialistes d’investiguer sur les circonstances précises de ce fait divers. Il se peut que mon propos soit à côté du débat et des faits qui l’on suscité. Je voudrais néanmoins restituer un fait que les populations autochtones de cette région de l’Europe de l’Ouest connaissent très bien.

    En effet, au-delà de cet épisode, je rappelle sans rentrer dans les dédales de l’anthropologie historique, voire religieuse, que la Rhénanie (qui englobe le sud-ouest de l’Allemagne et la zone contiguë flamande c’est-à-dire le Limbourg belgo-néerlandais) font partie de ce qu’on appelle les sociétés agraires tout au moins pour ce qui est de leur histoire médiévale. Dans le cas d’espèce, il s’agit de producteurs traditionnels de houblon, d’où la prépondérance de la bière dans la région. Dans toute société agraire, qui tranche avec les civilisations pastorales, il existe des rituels dédiés à la fécondité : fécondité de la femme, s’inscrivant dans le cycle végétal, et ponctués par des rituels célébrant la fertilité de la terre : les Saturnales décrites par les auteurs latins ne sont pas différentes de nos « nuits de l’erreur » (leylat el gh’lat, sorte de simulation d’un coït anonyme), vieux rituel judéo-berbère dont subsistent quelques traces sur les hauteurs de l’Atlas tellien. Abdallah Hamoudi nous en a donné une excellente restitution monographique à propos de la fête de ‘Achoura dans un village marocain près de Beni Mellal (« La victime et son masque », PUF, 1987). Dans l’antique Palestine des Cananéens, Astarté faisait office de déesse de la fécondité : les Cananéens étaient agriculteurs sédentaires et comme tous les peuples de leur espèce, on y découvre un panthéon dédié à la fertilité, du sol, des femmes. Dagon était le dieu de la charrue, Baal le dieu du grain. Dans toutes ces civilisations agraires, quelles que fussent leurs latitudes géographiques et leurs appartenances (Indo-européennes, Sémito-chamitique, amérindienne etc.), il y a deux constantes :
    1. La mise en scène érotique de l’acte de production pour la survie, ce qui exclut toute interprétation normative.
    2. La fragilité du statut paysan pour des raisons logistiques évidentes : le paysan sédentaire depuis le néolithique a toujours été menacé par le pasteur nomade à la recherche de pâturages. Ibn Khaldoun à admirablement développé cette épopée de la prédation pour le Maghreb médiéval. Mais la séquence médiévale décrite par ce dernier n’est qu’un épisode dont les origines remontent à la protohistoire.

    De tout ce qui précède, il y a la symbolique du sexe, ou plutôt de l’Eros. Dans le panthéon des cultures agraires du monde, nous avons affaire à une dialectique irréductible de la sexualité et du mysticisme, du profane et du sacré. Pour revenir au « syndrome de Cologne », j’ai la faiblesse de croire que les préparatifs du carnaval (qui commencent le 11 novembre pour s’arrêter au mercredi des Cendres) donnent lieu -autant que je m’en souvienne- à une érotisation de la fête, processions masquées, ivresse physiologique, ambiance lubrique etc., j’ai vu à Maastricht des scènes d’accouplement débridés dans les recoins de rues ou à l’entrée des immeubles la nuit aidant. Je me suis toujours demandé pourquoi ce contraste flagrant entre le conformisme très puritain des jours ordinaires, et cette revanche dionysiaque à l’occasion du carnaval.
    Je n’ai pas suivi dans les comptes rendus médiatiques si le carnaval a été signalé, car la Saint-Sylvestre s’y trouve encadrée. Encore une fois, les religions canoniques laissent apparaître des pratiques païennes, ce qu’on appelle « syncrétisme » pour faire simple. Le rapport à l’Eros, donc au corps sexué, est un problème ontologique qui se passe de psychologie différentielle. Il n’y a qu’à se reporter à Freud, et plus encore à Frazer et à Robertson Smith (le découvreur du personnage totémique et de « l’assassinat du père »). Qu’il y ait une spécificité du rapport au sexe dans l’islam des musulmans n’est qu’un épiphénomène culturaliste qui n’élimine pas le fondement archétypal du rapport à l’Eros, lequel concerne l’humanité.
    Dans ce qui s’est passé à Cologne, me semble-t-il, ce n’est pas tant le caractère scandaleusement agressif des migrants, qu’un problème de langage, un déficit de communication. Jacques Lacan a fait du langage ce par quoi Eros advient. La libido est d’abord langage avant d’être corps. Plus que de la mésalliance éthique, il s’agit d’un brouillage de code. Sinon, sur le rapport au sexe, tout au moins au niveau où je situe le débat, celui de l’anthropologie générale, il n’y a rien à signaler quant à une spécificité barbare du comportement des « arabo-musulmans » ou des musulmans tout court, en dehors de ce qu’on peut appeler un fâcheux quiproquo.

    #Cologne #immigration #réfugiés #islam #arabe #viol

  • « Il faut être clair : un monde a pris fin, il n’y aura pas de retour en arrière »
    http://www.bastamag.net/Il-faut-etre-clair-un-monde-a-pris-fin-il-n-y-aura-pas-de-retour-en-arrier

    Pour combattre efficacement l’Etat islamique et son offre #Politique de mort et de désespoir, « nous devons réfléchir à la révolte qui est à la racine de ces crimes », suggère l’anthropologue Alain Bertho, qui prépare un livre sur « les enfants du chaos ». A la racine du mal, la fin des utopies, enterrée avec l’effondrement de tous les courants politiques progressistes. Le XXIe siècle aurait oublié l’avenir au profit de la gestion du risque et de la peur, indifférent à la colère des jeunes générations. Entre (...)

    #Décrypter

    / A la une, Politique, #Altermondialisme, Indignés de tous les pays..., #Entretiens, #Classes_populaires, Guerres et résolution des (...)

    #Indignés_de_tous_les_pays... #Guerres_et_résolution_des_conflits

    • Tous connaissent un déclic commun : une conversion, une rupture et la découverte d’une autre discipline de soi pour redonner un sens à leurs vies.
      La réussite d’une telle offre politique, celle de l’État islamique, tient au fait que, pour des gens déstabilisés, elle donne du sens au monde et à la vie qu’ils peuvent y mener. Elle leur donne même une mission.(...)
      Comme dit Slavoj Zizek : « Visiblement, il est plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme. » Pour les djihadistes, cette fin est proche dans un monde de chaos politique, moral, économique ou climatique. Le projet politique de Daech donne du sens à leur chemin vers la mort. Il leur propose un destin. À l’espoir de la #libération_individuelle_et_collective qui portait les mobilisations passées, ils ont substitué une problématique de fin du monde et de jugement dernier.
      Leur libération, c’est de mourir en martyr ! (...) « Il n’y a que les martyrs pour être sans pitié ni crainte et, croyez-moi, le jour du triomphe des martyrs, c’est l’incendie universel » , prophétisait Jacques Lacan en 1959. Nous y sommes.(...)

      Ils ne font pas la guerre pour créer un État, comme lors d’une lutte pour l’indépendance : ils créent un « État » pour faire la guerre. L’État islamique n’a aucune vision de la paix sinon le triomphe final du califat contre des ennemis de plus en plus nombreux. Mais depuis 2001, l’idée de « paix comme but de guerre » (vieille conception clausewitzienne) n’a déjà plus cours chez les grandes puissances embarquées dans une « guerre sans fin » contre le terrorisme. Quels sont les buts de guerre ou les objectifs de paix de la coalition en Syrie ou en Irak ? On n’en sait rien. Le djihadisme nous a entraînés sur son propre terrain.(...)
      Avec l’effondrement du communisme et la clôture de toute #perspective_révolutionnaire, c’est l’avenir qu’on a perdu en route. C’est l’idée du possible qui s’est effondrée. Nous ne sommes plus dans une démarche historique. On ne parle plus d’#avenir mais de #gestion du risque et de probabilité. On gère le quotidien avec des responsables politiques qui manipulent le risque et la peur comme moyens de #gouvernement(...)
      A-t-on bien réfléchi à ce que pouvait être la figure d’une révolte sans espoir ? Ces rages radicales sont aujourd’hui devant de telles impasses qu’elles ouvrent la porte à des offres politiques de mort (...)
      La classe politique est complètement investie dans l’espace du pouvoir et de l’#État et coupée du reste de la société, en décalage total, quel que soit le parti. La #politique n’est plus une puissance subjective capable de rassembler et d’ouvrir des possibles.
      Le poids et la force du mouvement ouvrier reposaient sur sa capacité à agréger des populations variées, notamment immigrées, dans un espoir commun. La fin des #collectifs, de la notion de classes sociales, de l’idée qu’il existe un « nous » a presque fait disparaître la conscience commune d’une action encore possible. (...)
      C’est la politique comme mobilisation populaire et construction du #commun que nous avons perdue et qu’il nous faut retrouver. Quitte à provoquer un peu, je dirai que l’urgence, aujourd’hui, c’est moins la « déradicalisation » et l’hégémonie des marches militaires sur le débat politique que la montée d’une autre radicalité, une radicalité d’espérance collective qui tarisse à la source le recrutement djihadiste. Il nous faut retrouver le sens du futur et du possible, et résister au piège de la mobilisation guerrière que nous tendent les terroristes.

      #Alain_Bertho

    • Nous avons un problème avec la clôture du XXe siècle et l’effondrement du communisme. La fin du communisme, ce n’est pas seulement la fin de régimes et d’institutions en Europe de l’Est et en Russie, c’est un ensemble de références culturelles qui s’écroule, communes à tous les courants politiques progressistes. Malgré la réalité policière et répressive des régimes communistes « réels », un changement de société était, à l’époque, encore perçu comme possible et s’inscrivait dans une démarche historique, une idée du progrès. L’avenir se préparait aujourd’hui. L’hypothèse révolutionnaire qui a ouvert la modernité (la Révolution française) a été une référence politique commune à ceux qui voulaient la révolution comme à ceux qui lui préféraient des transitions pacifiques et « légales » Avec l’effondrement du communisme et la clôture de toute perspective révolutionnaire, c’est l’avenir qu’on a perdu en route. C’est l’idée du possible qui s’est effondrée. Nous ne sommes plus dans une démarche historique. On ne parle plus d’avenir mais de gestion du risque et de probabilité [5]. On gère le quotidien avec des responsables politiques qui manipulent le risque et la peur comme moyens de gouvernement, le risque sécuritaire comme le risque monétaire (la dette), qui parlent beaucoup du réchauffement climatique mais sont incapables d’anticiper la catastrophe annoncée.

      Les jeunes, ceux qui incarnent biologiquement, culturellement et socialement cet avenir de l’humanité, font les frais de cette impasse collective et sont particulièrement maltraités. Les sociétés n’investissent plus dans leur futur, l’éducation ou les universités. La jeunesse est stigmatisée et réprimée. Des pays du monde entier, du Royaume-Uni au Chili en passant par le Kenya, sont ainsi marqués depuis des années par des mobilisations étudiantes parfois violentes contre l’augmentation des frais d’inscription dans les universités. Partout, des morts de jeunes impliquant des policiers génèrent des émeutes : regardez les émeutes de Ferguson ou de Baltimore, aux Etats-Unis ; les trois semaines d’émeutes en Grèce, en décembre 2008, après le meurtre par deux policiers du jeune Alexander Grigoropoulos ; ou les cinq jours d’émeutes en Angleterre après la mort de Mark Duggan en 2011. Pour ces quelques émeutes médiatiquement visibles, il y en a des dizaines d’autres (lire notre article « L’augmentation des émeutes : un phénomène mondial »). Une société qui n’arrive plus à s’inventer pousse les gens vers des mobilisations de désespoir et de rage.

  • [Video] Les déconvertis de la psychanalyse.
    D’anciens adeptes de la psychanalyses, qui l’on vécu, enseigné et pratiqué, explique comment ils ont fini par abandonner voire critiquer, ce qui est qualifiable de pseudo-science ou encore d’escroquerie.

    https://www.dailymotion.com/video/x37mnmz_les-deconvertis-de-la-psychanalyse_school

    Sophie Robert interviewe un philosophe (Mikkel Borch-Jacobsen) et trois anciens psychanalystes (Jacques Van Rillaer, Jean-Pierre Ledru et Stuart Schneiderman). Ensemble, ils évoquent leur attrait pour la psychanalyse et les circonstances de leur déconversion d’un mouvement qu’ils n’hésitent pas aujourd’hui à qualifier de sectaire.

    Partageant leur expérience, ils parlent de « lavage de cerveau » « dépendance à l’analyste » « sur le divan on peut faire croire à quelqu’un n’importe quoi » « Jacques Lacan avait une véritable assuétude à l’argent » « Jacques Alain Miller se prenait pour Saint Paul » « de l’influence du divan sur des people comme Carla Bruni » . Une déconstruction méthodique faite avec flegme et humour, en parfaite connaissance de cause.

    Cette émission devrait contribuer à un débat d’idées sain et salutaire au sujet de la psychanalyse et de son influence en France.

    INVITÉS

    Mikkel Borch-Jacobsen est philosophe, essayiste et professeur de littérature comparée à l’université de Washington. Il est l’auteur de nombreux essais sur l’histoire de la médecine et la psychanalyse, qu’il a enseigné à l’université.

    Jean-Pierre Ledru est aujourd’hui psychiatre en libéral, après avoir exercé la psychanalyse pendant une vingtaine d’années.

    Stuart Schneiderman est essayiste et coach à New York où il anime un blog « Had enough therapy ? ». Il a exercé la psychanalyse pendant plusieurs décennies dans le cadre de l’Ecole de la Cause Freudienne.

    Jacques Van Rillaer est docteur en psychologie, psychothérapeute et essayiste. Professeur émérite de psychologie à l’université de Louvain en Belgique il enseigne aujourd’hui les thérapies cognitives et comportementales, après avoir exercé la psychanalyse pendant plusieurs décennies.

    • #psychanalyse #critique #Lacan #Freud

      Fort lien avec https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Livre_noir_de_la_psychanalyse
      puisque parmi les invités, 2 des auteurs principaux.

      Mais tous sont liés aux thérapies cognitivo-comportementales, PNL, #comportementalisme (même un qui est #coach maintenant).

      Je me demande si on peut critique la psychanalyse sans être dans le comportementalisme anglo-saxon non plus. Mais à vrai dit je prononce des mots sans comprendre grand chose, vu que je n’y connais rien. :D

    • On est loin de l’idée a présent d’un comportementalisme du type que l’on peu comparer avec dresser un animal.
      Ce qui distingue surtout la psychanalyse c’est son absence de scientificité (refus du débat, de prouver que cela fonctionne etc.).
      Une des personnes présente dans ce débat, a écrit « la nouvelle gestion de soi » qui propose d’essayer de s’aider soi-même par ex. en élaborant ses outils. Ce n’est plus donc forcément un tiers qui grosso-modo te dirai comment bien te comporter (ce qui sous entendrai un probable enjeu de domination), mais bien toi qui tente de changer avec l’aide de connaissance acquise sur le sujet que l’auteur transmet.

    • Oui oui, c’est pour ça que je disais que je n’y connais rien. :)

      Cela dit « des connaissances acquises transmises par un auteur », ça fait potentiellement de la domination aussi si c’est juste un seul auteur et qu’on ne croise pas les infos (enfin pas obligé ça peut être un⋅e auteur⋅e très bien avec un livre « scientifique » parfait, mais je dis « potentiellement »). Vu que ça peut très bien être un livre qui dit « c’est comme ça que les choses fonctionnent, c’est comme ça qu’il faut faire pour s’en sortir », etc.

      C’est du développement personnel en fait… :D
      (d’ailleurs un des intervenants est « coach » au US maintenant, huhu)

    • non non, c’est basé sur les études scientifiques. C’est à dire que d’autres scientifiques derrières on validé les informations (après les avoir testé). Ce que fait cet auteur en particulier, c’est qu’il les rassemble et donne son avis de praticien.

    • C’est pas le tout de parler d’études scientifiques il faut pouvoir aussi les exposer.
      Je marque seulement le post pour revenir ensuite.

      "Les institutions de la santé ne veulent plus faire référence à la psychanalyse parce l’énorme marché financier misé sur l’autisme avec des prises en charge dans le privé réouvre la brèche d’un retour au traitement chimique des "fous". L’avancée des neurosciences qui apporte tout un champ génial de compréhension a été mis en opposition à la psychanalyse alors qu’elles pouvaient être complémentaires, revivifiant la psychanalyse qui en grandement besoin.

      Derrière cette attaque, il y a des buts cachés : les labos pharmaceutiques qui préfèrent qu’on utilise leurs drogues plutôt que des entretiens avec des psys, les gouvernements qui veulent diminuer les dépenses publiques en termes de personnels médicaux et pas celles qui favorisent les trusts de la santé, les classes dirigeantes qui en ont assez d’une conception qui se moque ouvertement de l’idéologie dominante, de son idéologie, de ses religions.

      Il y a une offensive d’ensemble qui est liée par tous les bouts à la crise de la société capitaliste.

      Il s’agit de s’attaquer à un philosophe hostile à la société bourgeoise, à ses valeurs, à son Etat, à son idéologie, à ses religions, à son hypocrisie.

      Il s’agit de s’attaquer à un domaine de la santé, pour réduire les dépenses de celle-ci dans le domaine de l’hôpital public, des dépenses des caisses sociales.

      Dans l’hôpital public, la psychanalyse est de plus en plus réduite à la portion congrue. La philosophie des investissements est : le plus d’argent possible pour le matériel et le moins pour les personnels… L’hôpital-entreprise doit trouver sa rentabilité, sa gestion, ses économies, son efficacité rapide, ses réformes, ses moyens techniques et financiers… La psychanalyse ne trouve pas sa place là-dedans…

      Il s’agit de défendre les religions et leur rôle dans l’ordre moral, pour étayer l’édifice branlant de l’ordre capitaliste, contre l’athéisme de Freud.

      Il s’agit de défendre l’individualisme forcené contre la conception sociale de Freud. Même si Freud n’est nullement socialiste, ce n’est pas un hasard si le premier pays qui ait reconnu ses leçons soit la Russie de Lénine et de Trotsky.

      Au travers de la crise économique mondiale, il s’agit de supprimer toute une partie des équipes médicales auprès du malade pour diminuer les dépenses publiques tout en préservant et en favorisant l’industrie du médicament, celle des trusts pharmaceutiques même s’il vaut mieux faire une analyse que se bourrer de médicaments !

      Pour juger de la validité de la psychanalyse, discutons aussi science puisqu’ils prétendent le faire !

      Freud cherchait une base matérialiste aux névroses et au fonctionnement des rêves, des inhibitions, de l’ensemble du psychisme humain. A l’inverse, Jung va redonner un caractère mystique à tous ces phénomènes ce qui le réconcilie avec toutes les autorités sociales et permet de développer une psychanalyse réactionnaire alors que celle de Freud se heurtait à toutes les institutions idéologique de la société. ......

      Il est intéressant alors de remarquer que si l’on condamne à l’heure actuelle la psychanalyse de Freud, il se développe toutes sortes de thérapies courtes qui puisent leurs références dans la pensée Jungienne.

      Avec l’introduction également d’interventions en coaching d’entreprise, coach qui utilisent un verbiage psychanalytique, pansements aux souffrances au travail.

      En psychiatrie, on assiste à une nouvelle hiérarchisation des pathologies psychiques les unes soutenues par des lobbies de grosses d’associations privées.

      Et pharmaceutiques quand tous les moyens humains sont réduits pour d’autres pathologies.

      La notion de la « peur du fou » est de nouveau porteuse dans la presse.

      Cette nouvelle chasse aux sorcières va même jusqu’à la demande de suppression de termes psychanalytiques dans certaines publications ou films pour qu’ils puissent être distribué dans les réseaux grand public.

      La psychanalyse travaille avec son patient à un travail sur lui même, à mettre en pratique le questionnement sans réponse binaire, loin du vrai ou faux, bien ou du mal.

      Le doute, l’association d’idées, la recherche d’un processus de changement qui n’appartient qu’à celui qui pose un acte de questionnement est mis au premier plan.

      L’attaque contre la psychanalyse vise plus loin… On ne veut plus d’un dynamisme de la pensée. S’attaquer à la psychanalyse est le même mouvement que réduire la place de la philosophie dans la société. Il est bien significatif que le gouvernement japonais ait décidé de supprimer à l’université toutes les études philosophiques et sociales"

    • Il s’agit de s’attaquer à un philosophe hostile à la société bourgeoise, à ses valeurs, à son Etat, à son idéologie, à ses religions, à son hypocrisie.

      Euh par contre lolilol quoi… Vu que quand on étudie les faits historiques réels, les lettres à ses amis, etc, justement Freud était un mec obsédé par le fric, hypocrite et cynique.

    • Qui cherche à détruire la psychanalyse de Freud et pourquoi ?
      http://www.matierevolution.org/spip.php?article4877
      est le texte cité ci dessus par @unagi, tout à fait discutable (intérêt majeur, il rassemble de très nombreuses références en ligne utiles quant à ce débat), mais moins débilitant que le scientisme (dont Freud qui failli être neurologue fut lui même loin d’être exempt, à son époque ) opposé à la psychanalyse par les évaluateurs technocratiques et leurs divers suiveurs. À faire mine de vouloir supprimer toute souffrance, nous pourrions même être soulagées de la difficulté du fait même de penser. Le bonheur dividuel, dernière promesse de ce monde.

      "Le vieux docteur mourut. Sassal dut passer beaucoup plus de temps dans son cabinet à écouter. (...) Puis, toujours débordé, mais ayant plus de temps à consacrer aux malades ordinaires, il se mit à s’observer et à observer les autres.
      Il entreprit de lire - Freud en particulier. Pour autant qu’on pût le faire seul, il analysa nombre de ses traits de caractère et leurs racines dans le passé. Ce fut une opération douloureuse - comme le disait Freud lui-même en parlant de son auto-analyse. Pendant environ six mois, conséquence de la résurrection de ses souvenirs, Sassal devint sexuellement impuissant. Il est impossible de dire aujourd’hui si cette période critique résultait de son choix d’examiner en son for intérieur les bases de ce qu’il avait projeté jusqu’alors sur l’extérieur comme ’l"inimaginable", ou bien si entrant dans une période critique, il avait décidé de s’observer avec davantage d’attention. Que ce soit l’un pou l’autre, ce n’était pas sans ressembler à la période d’isolement et de crise qui, dans la médecine sibérienne et africaine, précède l’émergence professionnelle du chaman ou de l’ inyanga . Les Zoulous ont un nom pour ce processus. L’ inyanga, disent-ils, souffrent parce que les esprits ne le laisse pas en paix et il devient « une maison des rêves ».
      Lorsqu’il refit surface, Sassal était toujours aussi extrémiste. Il avait troqué une forme simple et juvénile d’extrémisme contre une forme plus complexe et plus mature : les interventions d’urgence contre le pressentiment que le malade devait être traité comme une personnalité entière et que la maladie était souvent une forme d’expression plutôt qu’une capitulation devant les périls naturels."
      Un métier idéal, histoire d’un médecin de campagne, John Berger, 1967. Avec des photos de Jean Mohr.

      Un singulier réducteur de tête :

    • La défense de la psychanalyse par des arguments de gauche du genre anticapitalisme ne me parle pas, pour les raisons indiqué plus haut par rastapopoulos, leur recherche de l’argent est clairement visible de manière historique et encore aujourd’hui avec les poursuivants qui choisissait des clients prestigieux, faisait des séances a durée variable (mais plutôt courte pour obtenir plus de rendez-vous) mais toujours sur un temps long et indéfini.
      Pour ce qui est de l’autisme, la psychanalyse passe toujours par une culpabilisation de la mère, quand a l’enfant, il voudrait procédé avec lui a la libre association... alors qu’il a besoin de structuration.
      Réduire toute l’opposition a la psychanalyse par l’angle de l’industrie pharmaceutique, est une erreur aussi, puisque toutes les alternatives a la psychanalyse ne sont pas médicamenteuse loin de la.

    • Pour reprendre @colporteur tout est discutable mais pourfendre tout un pan de la psychanalyse par l’obsession de l’argent de Freud, lolilol. C’est quoi un fait historique réel et s’il est irréel ca devient quoi ? Merci pour les argumentations. Pour ce qui est de l’autisme la psychanalyse française constitue une bizarrerie que l’on ne trouve pas dans les autres pays, merci de ne pas faire du sous onfrey Tout comme rien ne réduit toute l’opposition a la psychanalyse par l’angle de l’industrie pharmaceutique. Mais pour ca il faut vouloir lire.

    • Ce que je veux dire par « fait historique » (le « réel » étant superfétatoire), c’est que Freud, le premier a choisi sa clientèle parmi les plus riches, et que les suivants, on fait de même en variant les techniques.
      La psychanalyse hors de la France et de l’Argentine ? Comme ou ?

    • C’est RastaPopoulos les faits historiques, rendons à César ce qui est à César. Freud était un bon bourgeois, il ne s’est jamais passé pour révolutionnaire. Il y a énormément de pages critiques et sur la psychiatrie et sur Freud et critiques qui sortent allègrement d’un discours dominant et réactionnaire. Suffit de bosser un peu. En dehors de la France et de l’Argentine ? De l’URSS bien sur.
      Essaie l’association psychiatrie et neurosciences par exemple
      et voit comment les deux disciplines ont été séparées en France et peut être en Argentine.
      Pour vous en dehors du cliché divan rien n’existe, il me semble connaitre une association de psychiatres qui prend en charge les séquelles post torture des demandeurs d’asile qui arrivent en Europe. La psychiatrie prend en charge aussi par exemple les états de stress post traumatiques, guerres, viols, etc, etc..
      Enlarge your champ.

  • Noam Chomsky Slams Žižek and Lacan: Empty ‘Posturing’ | Open Culture
    http://www.openculture.com/2013/06/noam_chomsky_slams_zizek_and_lacan_empty_posturing.html

    Noam Chomsky’s well-known political views have tended to overshadow his groundbreaking work as a linguist and analytic philosopher. As a result, people sometimes assume that because Chomsky is a leftist, he would find common intellectual ground with the postmodernist philosophers of the European Left.

    Big mistake.

    In this brief excerpt from a December, 2012 interview with Veterans Unplugged, Chomsky is asked about the ideas of Slavoj Žižek, Jacques Lacan and Jacques Derrida. The M.I.T. scholar, who elsewhere has described some of those figures and their followers as “cults,” doesn’t mince words:

    What you’re referring to is what’s called “theory.” And when I said I’m not interested in theory, what I meant is, I’m not interested in posturing–using fancy terms like polysyllables and pretending you have a theory when you have no theory whatsoever. So there’s no theory in any of this stuff, not in the sense of theory that anyone is familiar with in the sciences or any other serious field. Try to find in all of the work you mentioned some principles from which you can deduce conclusions, empirically testable propositions where it all goes beyond the level of something you can explain in five minutes to a twelve-year-old. See if you can find that when the fancy words are decoded. I can’t. So I’m not interested in that kind of posturing. Žižek is an extreme example of it. I don’t see anything to what he’s saying. Jacques Lacan I actually knew. I kind of liked him. We had meetings every once in awhile. But quite frankly I thought he was a total charlatan. He was just posturing for the television cameras in the way many Paris intellectuals do. Why this is influential, I haven’t the slightest idea. I don’t see anything there that should be influential .

  • Jacques Lacan, donna une conférence à l’université catholique de Louvain, le 13 octobre 1973. Il va s’ensuivre un événement politique, comme seul l’époque en connaissait. Un jeune étudiant va intervenir pour interrompre la conférence pour se substituer, au discours de Lacan et le retourner contre son propre langage en lui démontrant qu’il incarne et représente, le symbole d’une société bourgeoise, qui finalement ne s’intéresse qu’à une chose : établir l’ordre du discours qui maintient « les pères au pouvoir » ce à quoi répond Lacan : « c’est l’amour qui vous prêche ! » La messe est dite.

    https://www.youtube.com/watch?v=GTT8rpS8jhM

    Retranscription complète de l’échange entre le « non-dupe-ére » et le « maître »
    http://www.valas.fr/Jacques-Lacan-Conference-a-Louvain-le-13-octobre-1972,013

    X – Vous allez me brutaliser, mais je m’exprime à ma façon comme ce monsieur. Est-ce que vous me comprenez ?

    LACAN – Oui, je vous comprends.

    X – Voulez-vous jouer avec moi ?

    LACAN – Oui, tout à l’heure, vous voulez ?

    X – Mais n’avez-vous pas encore assez de ce monologue, non ?

    LACAN – Oui, ça c’est vrai !

    X – Est-ce que vous ne vous rendez pas compte que le public auquel vous vous adressez est par définition même le plus médiocre et le plus méprisable auquel on peut s’adresser, le public étudiant ?

    LACAN – Vous croyez ?

    X – Oui. Vous n’avez pas encore compris que historiquement il est temps maintenant de se rassembler pour autre chose que pour écouter quelqu’un qui parle de quelque chose qui l’intéresse. Au fond, moi, je viens parler maintenant de quelque chose qui m’intéresse, c’est-à-dire les gâteaux.

    PUBLIC – Laissez-le parler.

    X – Pardon. Qui m’invite ? Je m’invite au fond. La petite lubie de ce monsieur est de s’interroger sur le langage, et la mienne est de construire des petits châteaux avec de la pâtisserie (rires). Alors je voudrais encore ajouter que j’interviens au moment où j’ai envie d’intervenir, et que, disons que l’ensemble, ce qui jusqu’il y a environ 50 ans pouvait être appelé culture, c’est-à-dire, expression de gens qui dans un canal parcellaire, exprimaient ce qu’ils pouvaient ressentir, ne peut plus et est maintenant un mensonge, et ne peut plus être appelé que spectacle, et est au fond la toile de fond qui relie au fond, et qui sert de liaison entre toutes les activités personnelles aliénées. Au fond, si maintenant les gens qui sont (17a)ici se rassemblent à partir d’eux-mêmes, et authentiquement veulent communiquer, ce sera une toute autre base et avec une toute autre perspective ; il est évident que ce n’est pas une chose qu’il faut attendre des étudiants qui sont par définition, ceux qui d’un côté s’apprêtent à devenir le cadre du système avec toutes leurs justifications, et qui sont précisément le public qui, avec sa mauvaise conscience, va se repaître précisément des résidus des avant-gardes et du spectacle en décomposition. C’est pour ça que je choisis précisément ce moment pour m’amuser, quoi, parce que si je vois par exemple, des types qui s’expriment authentiquement quelque part, je vais précisément venir les ennuyer, mais j’ai choisi précisément ce moment-ci quoi !

    LACAN – Oui, vous ne voulez pas que j’essaye d’expliquer la suite ?

    X – Quelle suite ? Par rapport à ce que je viens de dire ? J’aimerais bien que vous me répondiez.

    LACAN – Mais oui, bien cher, mais je vais vous répondre. Mettez-vous là, je m’en vais vous répondre. Restez tranquille là où vous étiez. Peut-être que j’ai quelque chose à vous raconter pourquoi pas ?

    X – Vous voulez que je m’assieds ?

    LACAN – Oui c’est ça c’est une très bonne idée… Bon alors, nous en étions arrivés au langage, si vous vous êtes là comme ça exprimé devant ce public, qui en effet est tout prêt à entendre des déclarations insurrectionnelles, mais qu’est-ce que vous voulez faire ?

    X – Où je veux en venir ?

    LACAN – Oui voilà.

    X – C’est la question au fond que les parents, les curés, les idéologues, les bureaucrates et les flics, posent généralement aux gens comme moi, qui se multiplient quoi !, je peux vous répondre, je peux faire une chose, c’est la révolution.

    LACAN – Oui.

    X – Vous voyez et, bon il est clair, au moment où nous en sommes pour le moment, une de nos cibles préférées, ce sont ces moments précis où des gens comme vous, qui sont en train de venir, au fond, apporter à tous ces gens qui sont là, la justification de la misère quotidienne, au fond, c’est ça que vous faites vous !

    LACAN – Oh pas du tout ! (rires).

    X – Oui.

    LACAN – Il faut d’abord la leur montrer, leur misère quotidienne.

    X – Mais c’est justement ce que je voudrais ajouter, c’est qu’on est justement au moment où on n’a plus besoin de spécialistes qui doivent le montrer. Il est clair, que suffisamment de gens, et ça se manifeste pour le moment, la décomposition se manifeste à l’échelle planétaire avec suffisamment de force, pour qu’on voie qu’il règne pour le moment, un malaise, je veux bien concéder cette parenthèse…

    LACAN – Un malaise…

    X – Le public estudiantin est probablement à l’arrière-garde, bien que ce soit probablement de ce côté-là qu’il y ait le plus de troubles spectaculaires et superficiels. Bon, mais il est clair que le malaise et la conscience de son aliénation et de son refus, la familiarité de son aliénation grandit de plus en plus. Il reste maintenant à faire le pas décisif, de voir l’alternative possible. Vous n’êtes certainement pas là pour ça, quoique je ne méprise absolument pas ce que vous venez de faire mais euh… (rires applaudissements). Bon mais maintenant, au fond, je n’ai pas grand-chose à dire ; si tous ces gens ici, se rendent compte qu’au fond, la vie que nous sommes en train de mener en général, doit être changée, au fond, si ces gens là s’organisent entre eux, je voudrais dire encore quelque chose, parce que après, je m’en vais très vite, parce que…

    (17b)LACAN – Non non, pas du tout, il faut rester.

    X – Mais si ces gens-là s’organisent, parce qu’au fond, la seule chose qui est à l’heure actuelle nécessaire, c’est qu’il y ait une organisation, il feront autre chose que de venir écouter quelqu’un qui parle, et même qui puisse parler de politique, ou de n’importe quoi, et euh…

    LACAN – Et vous voyez, vous voilà dans l’organisation !

    X – Oui, oui.

    LACAN – Parce que le propre d’une organisation, c’est d’avoir des membres, et les membres, pour qu’ils tiennent ensemble, qu’est-ce qu’il faut ?

    X – de la cohésion.

    LACAN – Je ne vous le fais pas dire ! (rires). C’est là que j’en étais, parce que, figurez-vous que ce que vous êtes en train de raconter là, ça a comme ça un petit air de logique. Vous êtes un logicien.

    X – Vous faites là un grave saut, enfin, parce que ce n’est pas parce qu’on a de la logique, qu’on en fait, c’est un discours de spécialiste.

    LACAN – Pas du tout, votre organisation, qu’est-ce que c’est ? Vous venez de le dire, c’est de la cohésion, c’est de la logique.

    X – Non, ce n’est pas de la cohésion, ce n’est pas de la logique, je m’en fous de ce niveau-là. En partie de la volonté subjective de chacun, de moi, comme d’autres, et comme j’en suis sûr, tout plein dans cette salle probablement, malgré qu’ils soient ici, et qu’ils soient venus euh, vous écouter, mais j’en suis sûr que c’est de la volonté subjective de chacun qui a envie.

    LACAN – Pourquoi parlez-vous de subjective ?

    X – De subjective, c’est au fond, une chose que tout le monde comprend.

    LACAN – Ah, je ne vous le fais pas dire, tout le monde comprend ! (rires).

    X – Bon mais attendez, cette subjective qui, c’est ça le sens, au fond, de l’histoire maintenant, qui veut se lier avec les autres, pour euh…, ce n’est que là que l’alternative sociale, au fond, dans l’intersubjectivité, et c’est là au fond, la cohésion de, ce n’est même pas besoin d’être un logicien, comme vous dites.

    LACAN – Vous n’avez pas remarqué que les révolutions ont pour principe, comme le nom l’indique, de revenir au point de départ, c’est-à-dire de restaurer ce qui justement clochait.

    X – Oui, mais ça c’est un mythe journalistico-sociologique (rires), qu’au fond, il ne faut pas venir spécialement après les heures de cours, pour venir l’entendre dire, mais je suis sûr que tous les professeurs doivent le dire, et au fond, tous les journaux… Je vous dis que c’est une erreur, et que probablement que dans les années à venir, vous verrez l’erreur à vos dépens, probablement, comme aux dépens de tous les spécialistes, qui sont pour le moment comme vous, ici, en train de lécher les dernières miettes du spectacle et je vous en prie, profitez-en ! (rires).

    LACAN – Ça m’étonnerait, ça m’étonnerait que ça soit comme vous dites, la fin du spectacle.

    X – Mais écoutez, sur ce plan là je ne discute pas avec vous, on verra hein ! vous verrez !

    LACAN – Oui on verra, mais c’est pas couru, vous savez !

    X – Enfin oui, à la base, c’est une sale discussion parce que à la base, vous n’avez pas les mêmes intérêts que moi.

    LACAN – Vous ne savez pas. Vous avoueriez vos véritables intérêts ?

    X – Pardon ?

    LACAN – Quels sont vos véritables intérêts ?

    X – Non mais ça au fond, j’ai dit ce que j’avais à dire, je l’ai d’ailleurs dit…

    LACAN – Vous voyez comme vous aimez dire quelque chose !

    X – C’est la première chose que j’ai dite au fond.

    (18a)LACAN – Oui c’est aussi la dernière, parce que vous ne pouvez pas aller plus loin, vous ne pouvez pas aller plus loin que cette idée de volonté subjective, qui est une idée justement, qu’on trouvait, je viens de faire remarquer justement que le sujet n’est jamais pleinement d’accord avec lui-même, même vous qui… la preuve c’est que vous avez tout de suite commencé à parler d’organisation, au moment où…

    X – Là je peux dire quelque chose, peut-être que vous ne voyez pas très clair ?

    LACAN – Juste après le moment où vous avez fait la pagaille, vous voulez l’organisation ; avouez que quand même !

    X – Bon mais monsieur, est-ce que je pourrais vous répondre quelque chose ?

    LACAN – Je n’attends que ça !

    X – Il est aisé de voir que dans une certaine situation donnée, il faut à un moment donné, disons, capter ou plutôt casser ce qui est existant pour qu’à un moment donné, c’est au fond ça la dialectique, au fond.

    LACAN – Car vous en êtes encore là, vous en êtes encore à la dialectique ?

    X – Mais quand vous parliez de, quand vous parliez d’un semblant de contradictions entre la volonté subjective et l’organisation, ce n’est pas une contradiction ; l’organisation à un moment donné est une concession subjective à l’histoire.

    LACAN – Vous voyez que vous en êtes déjà aux concessions, mon Dieu.

    X – Il s’agit, monsieur, la survie dans laquelle nous vivons pour le moment, n’a fait que vivre sur les concessions infligées aux individus. Il s’agit pour le moment de trouver une organisation sociale qui dépasse le point où on en est pour le moment, et qui satisfasse au fond, satisfasse le mieux…

    LACAN – Vous voyez, maintenant, vous en êtes au mieux, qu’est-ce que c’est ce mieux, un superlatif ou un comparatif ?

    X – C’est un dépassement vous comprenez ? Il ne s’agit pas de Jésus ou Dieu ou bien d’une situation, il ne s’agit pas d’absolu ou de, non c’est un dépassement, c’est ça l’histoire.

    LACAN – Qu’est-ce qu’il vous faut quand vous veniez de dire le mieux, il semble bien que c’est un superlatif.

    X – Le plus mieux, enfin. (rires).

    LACAN – Ah voilà, écoutez, vous êtes exactement mon vieux, vous êtes un appui précieux à mon discours, c’est justement là que je voulais en venir, c’est au plus mieux.

    X – Mais je vous écoutais déjà depuis cinq minutes, mais il ne me semblait pas que c’est de ça que vous causiez.

    LACAN – Mais si, je parle de ça, c’est du plus mieux qu’il s’agit.

    X – Il y a ici 300 personnes, vous êtes au départ d’accord avec moi, vous êtes d’accord que au fond, l’université en soi n’est pas là, comme tout le reste d’ailleurs, comme la cigarette gauloise, comme le pain de campagne ou comme vous-même, en tant qu’objet hein (rires) ; vous n’êtes là au fond vous ne pouvez vous justifier que par le fait même que vous êtes là ; il n’y a plus au fond, on n’en peut plus à un moment donné trouver de justification, par exemple à l’université ? Est-ce que quand vous êtes venu causer ici, vous avez dit que l’université est à détruire, à supprimer de fond en comble ?

    LACAN – Je n’ai pas dit ça.

    X – Nous sommes ici 500 personnes qui chacune, du fait qu’on est dans des situations précises, qui a chacune des talents divers, des situations privilégiées, il serait possible, étant donné que l’on partirait du postulat que l’on aurait envie de changer quelque chose, il serait possible de trouver ensemble une forme d’organisation qui puisse être une forme efficace. Est-ce que quand vous venez causer vous parlez de ça, ou bien est-ce que vous parlez d’autre chose, qui à ce moment-là ne fait que… vous parlez 3 heures, puis après on rentre, puis après bon, hein…

    PUBLIC – Tais-toi maintenant.

    LACAN – Bon, alors on continue quand même !

    PUBLIC – Oui.

    #Lacan #Psychanalyse #Langage #Happening #Culture #Spectacle #Société #domination #Politique #Ordre_des_choses #Discours #Maîtres #Organisation #Héritiers #Jeunesse #Aspiration #Aliénation #Vidéo

  • KOllectif du 7 janvier - Brigitte Axelrad sur les délires psychanalytiques concernant l’autisme
    http://kollectifdu7janvier.org/actualites/textes-fondamentaux/28-brigitte-axelrad-sur-les-delires-psychanalytiques-concernant

    À la fin des années 60, la psychanalyse perd sa suprématie un peu partout dans le monde mais, en France, elle trouve paradoxalement un nouveau souffle sous l’influence d’un psychiatre charismatique, Jacques Lacan.

    Les psychanalystes interviewés par Sophie Robert confirment la survivance de cette conception. Répondant à ses questions, ils reprennent en chœur les grands thèmes chers à Bettelheim, Lacan, Klein, Dolto… Ils développent, pour rendre compte des troubles du langage, de la communication et de l’expertise sociale de la personne autiste, les thèmes psychanalytiques de la « mère frigidaire », de la « toxicité maternelle », de la « mère vorace et castratrice » (cf. l’analogie avec le crocodile au début du film qui symbolise le « ventre de la mère », les « dents de la mère ») de la « folie maternelle », de la « mère incestueuse », de la « mère mortifère », etc. La mère est d’après eux toujours « trop » : trop froide, trop chaude, trop vide. Pour résumer, la maternité est psychogène par nature. En face d’elle se dresse « la loi du père » qui lui interdit jouissance et inceste !

    #psychanalyse #autisme