Début de rêve au Japon
Fin de rêve dans sa bouche
C’est à l’image des détours que je prends dans la vie
Encouragé par la géographie
De ce nouveau rêve
Je change de draps
Zoé dans la voiture ce matin
Tu sais Papa, je n’ai jamais cru
Au Père Noël, je souris
Quand mes copines me parlaient
Du père Noël
Je ne voyais pas de quoi elles parlaient
Et quand elles me disaient qu’il leur apportait
Des cadeaux, je répondais que moi
J’allais les chercher moi-même avec toi dans un magasin
Open space désert et ensoleillé
Et j’ai tout le rêve, l’anguille, de ce matin
À reprendre : joie matinale sans fard
À force d’inscrire le signe ?
Tous les mardis à la même heure
Je finis par faire un trou dans mon agenda
Chaque semaine, j’imprime
Les récits des rêves de la semaine
Que je relis en bas de chez le psy : je révise ?
Au carrefour un fou
Poursuit un piéton de son discours
Et empiète sur la chaussée
Il s’en faut de peu
Qu’ils ne soient fauchés
Emportés par la folie d’un seul
Je suis foudroyé du regard
Par une femme propre sur elle
Pour avoir donné la pièce à un mendiant
« Il ne vous a même pas remercié »
Me fait-elle remarquer
Esprit d’escalier
Dans le métropolitain je croise une modèle
Que je vois tous les jours dans la com’ de la boîte
Dans le métropolitain, elle fait la gueule
Au café les arguments simplistes
De jeunes gens affranchis
Paroles récitées par cœur
Tous les mardis je prends mon café
En terrasse et en compagnie
D’un monsieur en déambulateur
Son arrivée sur les lieux
Son installation, sa commande, sa consommation
Durent le temps pour moi de relire six pages
Toutes les personnes assises
À ce café sont comme moi
Obèses
Toutes les personnes assises
À ce café sont comme moi
Elles parlent toutes seules
Toutes les personnes assises
À ce café sont comme moi
Elles arrivent tout droit de Saint-Anne, moi j’y vais
Et maintenant
Je sais pourquoi
J’écris
Ferait
Aussi bien
D’arrêter ?
Non, justement, quand j’écris
C’est vraiment moi
Que j’essaye de réparer
Quand je photographie
Ce n’est pas moi
A qui je tente de venir en aide
Un peu de ménage
Sarah révise sa méthodologie
Je passe la wassingue
Quel con j’ai oublié au bureau
Mes dernières corrections des Anguilles
Je ne prends pas soin de mes rêves
Il fait un temps radieux
Fenêtre ouverte sur un air immobile
Dans ma tête en revanche
Et je déchire
Une douzaine de pages
De rêves. Corrections faites
Que corrige-t-on
Quand on corrige
Le récit d’un rêve ?
B. est là
Devant moi
Resplendissante
Nous marchons dans les rues ensoleillées
Nous nous asseyons, nous parlons
C’est un peu la Vie à bord du Redoutable
Je la surprends
Par un dîner végétarien
Sans légume
Huîtres, citron
Pieuvre, huile d’olive, sel, paprika
Tiramisu
Nous parlons
À propos de la vie passée
À bord du Redoutable
On rit (beaucoup)
On pleure (un peu)
On part au cinéma
Le Redoutable
De Michel Hazanavicius
Film détestable
Michel Hazanavicius est un con
Qui se croit très fort en montant aujourd’hui
En numérique comme Godard faisant hier en analogique
C’est, entre autres choses
Ne pas comprendre que ce ne sont pas
Les développeurs qui ont inventé le montage numérique
Les développeurs n’ont rien inventé
Ils ont encodé
Les inventions de Godard (et d’autres)
Le désir de domination (de Godard)
Inextinguible qui sourde (chez Hazanavicius)
En dit long sur les complexes (d’Hazanavicius)
Hazanavicius ne se rend même pas compte
Que la seule qualité de son film
Est paradoxale : Godard y survit
Finalement Hazanavicius
Est comme les journalistes de son film
Seulement intéressé par les potins
Du livre d’Anne Wiazemski
Il ne retient que l’amertume
Cuisinier d’endives !
Je n’aime pas
Jamais
Quand B. me dit au revoir
#mon_oiseau_bleu