person:philippe pétain

    • La communication est une science toujours inexacte, et parfois mensongère. La majorité actuelle en fait la démonstration quotidienne. Car de la même façon que le président de la République dénonce officiellement les comptes anonymes utilisés sur les réseaux sociaux pour mieux s’en servir dans sa propagande (voir ici notre article), il ne cesse de propager des mensonges tout en prétendant combattre les « fake news ».

      C’est Emmanuel Macron lui-même qui s’est approprié cet anglicisme. Mais qu’on les nomme fake news, informations fallacieuses, « infox », fausses nouvelles, ou juste mensonges, l’intention est la même. Tromper en toute connaissance de cause.

      Il ne s’agit en effet pas ici de faire part de divergences d’analyse, de prétendre que le président ment quand il affirme que la suppression de l’impôt sur la fortune est une bonne chose pour l’économie française. Il est probable que le président croie en ce qu’il dit.

      Il ne s’agit pas non plus de s’attarder sur ses jugements à l’emporte-pièce, du type « Je traverse la rue et je vous trouve du travail ». Il est ici question de mensonges purs et durs. De faits sciemment déformés, omis ou transformés.

      Sibeth Ndiaye, la nouvelle porte-parole du gouvernement, anciennement chargée des relations presse à l’Élysée, doit se mordre les doigts d’avoir un jour dit la vérité à L’Express à propos des bobards de l’exécutif : « J’assume de mentir pour protéger le président. »

      Depuis, elle a nié avoir tenu ces propos. Mais ne dément-elle pas pour « protéger le président » ?

      Comme s’il voulait décrédibiliser par avance les informations à paraître, Emmanuel Macron assurait le 26 juillet 2018 à ses amis, aux prémices de l’affaire Benalla, que « nous avons une presse qui ne cherche plus la vérité ». En réalité, c’est l’Élysée qui cherche à l’en détourner.

      Les fausses vidéos de l’affaire Benalla (Emmanuel Macron)

      Ismaël Emelien, en promotion pour la sortie de son livre écrit avec David Amiel, a eu les plus grandes difficultés à se défendre. Le 19 juillet 2018, au lendemain des révélations du journal Le Monde sur les agissements d’Alexandre Benalla, le conseiller spécial du chef de l’État avait orchestré la riposte en faisant diffuser par un compte anonyme sur les réseaux sociaux des vidéos censées dédouaner Benalla.

      Deux problèmes se posent. Tout d’abord, Ismaël Emelien a utilisé une vidéo issue des caméras de surveillance de la police, ce qui est illégal. Il prétend qu’il ne connaissait pas l’origine de ces vidéos. Qu’il n’a pas pensé à se renseigner.

      Mais l’Élysée a aussi fait circuler, avec la bénédiction de Sibeth Ndiaye qui a conseillé aux journalistes d’aller consulter ces vidéos, le film d’un homme très agité poursuivant un groupe d’hommes vêtus de noir, chaise à la main.

      Le problème, comme l’a raconté Le Monde, est qu’il ne s’agit pas du tout du jeune homme immobilisé par Alexandre Benalla place de la Contrescarpe. La vidéo a été tournée le soir, bien après l’intervention musclée d’Alexandre Benalla. Et selon une enquête publiée jeudi 4 avril par le site la-bas.org, l’homme à la chaise poursuivait en réalité des militants « antifas ».

      Mais Emmanuel Macron lui-même a endossé ce mensonge, alors que la comparaison des deux hommes sur ces vidéos ne tromperait pas un enfant familier du jeu des sept erreurs (chaussures de couleurs différentes, blouson sans fourrure…).

      Quelques jours plus tard, le 26 juillet, à la Maison de l’Amérique latine, outre le fait qu’il se plaint de cette « presse qui ne recherche plus la vérité », Emmanuel Macron lance : « Les images tournent en boucle d’une scène inadmissible et que je condamne. Je ne vois jamais la scène d’avant, la scène d’après. Quel est le contexte, qu’est-ce qui s’est passé ? S’agissait-il d’individus qui buvaient gentiment un café en terrasse ? Que s’est-il passé juste ensuite ? »

      Le chef de l’État fait ensuite clairement référence à cette vidéo tournée postérieurement. « J’ai cru comprendre qu’il y avait des images, poursuit-il. Où sont-elles ? Sont-elles montrées avec la même volonté de rechercher la vérité et d’apporter de manière équilibrée les faits ? Non. » Avant de conclure : « Je vois un pouvoir médiatique qui veut devenir un pouvoir judiciaire. »

      La réalité est tout autre. Des investigations journalistiques ont mis en lumière des faits avérés sur lesquels la justice enquête aujourd’hui.

      La perquisition à Mediapart sur les enregistrements Crase/Benalla (Nicole Belloubet)

      Après que nous avons diffusé les extraits d’une conversation entre Alexandre Benalla et Vincent Crase, Mediapart a reçu, le vendredi 1er février, une demande de réquisition de ces extraits par les juges d’instruction de l’affaire du 1er Mai.

      Nous avons tout de suite fait savoir que nous ne nous opposions pas à cette réquisition judiciaire, de façon que des juges indépendants puissent authentifier les documents publiés et statuer, notamment, sur la violation du contrôle judiciaire.

      Cet accord a été renouvelé le lundi 4 février, à 9 heures.

      Pourtant, ce même lundi 4 février, peu après 11 heures, notre journal a fait l’objet d’une tentative de perquisition après l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Paris des chefs d’« atteinte à l’intimité de la vie privée » et de « détention illicite d’appareils ou de dispositifs techniques de nature à permettre la réalisation d’interception et de télécommunications ou de conversations ».

      Deux procureurs du parquet de Paris se sont présentés à notre journal et nous ont annoncé qu’ils venaient pour procéder à une perquisition, et non réquisitionner les enregistrements publiés.

      Vu que nous avions déjà donné notre accord pour la réquisition judiciaire, la tentative de perquisition n’avait qu’un seul objectif : identifier nos sources, et faire peur à tous ceux susceptibles de nous parler.

      Devant l’Assemblée nationale, et pour justifier cette tentative de perquisition, la ministre de la justice Nicole Belloubet a cependant déclaré le 5 février : « Mediapart a dans un premier temps refusé cette remise, mais comme la presse s’en est fait l’écho, depuis, les bandes sonores ont été remises à la justice, ce qui est une très bonne chose, je crois, pour que toute la vérité soit faite dans cette affaire. »

      En mélangeant sciemment les deux procédures, Nicole Belloubet a menti.

      Geneviève Legay, blessée à Nice par un policier (Emmanuel Macron)

      Lors de rassemblements à Nice, le 23 mars, Geneviève Legay, porte-parole d’Attac, est blessée lors d’un rassemblement de gilets jaunes.

      Le lundi 25 mars, le procureur de la République indique, lors d’une conférence de presse, que Geneviève Legay « n’a pas été touchée par des policiers. Il n’y a aucun contact direct entre un policier et cette dame ».

      Dans un entretien avec Nice Matin, publié le lundi 25 mars, le président de la République déclare à son tour, sans la moindre prudence, que « cette dame n’a pas été en contact avec les forces de l’ordre ». Il ajoute quelques phrases qui ont profondément irrité Geneviève Legay : « Pour avoir la quiétude, il faut avoir un comportement responsable. […] Quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci. »

      Or dès le 23 mars, comme nous l’avons révélé, un policier expliquait le jour même du rassemblement sur procès-verbal qu’au vu des premiers éléments de l’enquête, la victime, âgée de 73 ans, avait été heurtée par « un homme portant un bouclier ».

      Au cours de son audition, un autre policier, ayant participé à la charge, avait précisé : « Nous avons chargé, donc effectivement nous avons poussé les personnes devant nous. […] C’est après la charge en me retournant que j’ai constaté qu’une femme était à terre. »

      Le gouvernement et les chômeurs « trop » indemnisés (Édouard Philippe)

      Le premier ministre et la ministre du travail affirment qu’un chômeur sur cinq gagnerait plus au chômage que dans son travail précédent. Ce chiffre est en réalité totalement vicié et aboutit à un mensonge qui salit 600 000 personnes.

      Comment est-ce possible ? Le gouvernement compare deux périodes qui ne sont pas les mêmes. Avec une méthode de calcul différente, l’Unédic aboutit au chiffre de moins d’un salarié sur 25 se retrouvant dans la situation décrite par l’exécutif.

      Pour le sociologue spécialisé dans les politiques de l’emploi Mathieu Grégoire, il s’agit donc d’« un artefact statistique » et d’« une manipulation assez troublante des chiffres ».

      Selon le gouvernement, ce sont les salariés en contrats courts, généralement peu qualifiés et peu rémunérés, qui sont censés « trop » profiter de l’assurance-chômage. Et en dépit du calcul erroné, c’est sur eux que le gouvernement devrait faire porter l’essentiel des économies à venir.

      Le nombre d’ultras parmi les gilets jaunes (Emmanuel Macron)

      Le jeudi 31 janvier, Emmanuel Macron reçoit cinq journalistes pour une « discussion informelle » autour d’un café. Le président de la République se montre très offensif au moment de dénoncer les violences commises lors des manifestations des « gilets jaunes ». Selon lui, elles seraient l’œuvre « de 40 à 50 000 militants ultras qui veulent la destruction des institutions ». « Face aux violences orchestrées par les extrêmes », rapporte Paris-Match, le chef de l’État « met en garde contre la ‘‘fachosphère’’ et la ‘‘gauchosphère’’ qui ont surinvesti les réseaux sociaux ».

      Pourtant, dans les jours précédents, selon nos enquêtes, des notes des services de renseignement sont remontées à l’Élysée. Et elles disent précisément l’inverse de ce que prétend Macron.

      En effet, à ce moment-là, l’ultradroite se désengage « à Paris comme en province ». Selon la DGSI, « la scène d’ultradroite est quasi inexistante au sein des cortèges ». Même au plus fort de leur mobilisation les premières semaines du mouvement, les services ne comptaient que « quelques centaines d’individus » relevant de cette mouvance.

      À l’ultragauche, alors ? Pas plus. « L’ultragauche s’est impliquée de manière limitée dans un mouvement perçu comme populiste et réactionnaire », écrit-on à la DGSI. Des sources dans différents services de renseignement donnent un même chiffre de 300 militants « au grand maximum » d’ultras de droite et de gauche réunis au plus fort du mouvement, début décembre. En mars, ils n’étaient plus que quelques dizaines.

      Dans la même interview, le président de la République décrit le mouvement des gilets jaunes comme « une manipulation des extrêmes, avec le concours d’une puissance étrangère : la Russie de Poutine ». Or la DGSI et la DGSE n’auraient toujours pas trouvé la moindre trace d’ingérence russe. Et l’Élysée n’a jamais voulu nous faire part de ses sources sur le sujet.

      Le retour des djihadistes français (Emmanuel Macron)

      « Contrairement à ce que j’ai pu lire ou entendre, il n’y a pas un programme de retour des djihadistes qui est aujourd’hui conçu, nous restons sur la même doctrine », explique à l’occasion du « grand débat » Emmanuel Macron à des élus de la Région Grand Est. Selon lui, il n’y aurait donc jamais eu de programme de retour des djihadistes français. Pas question de donner l’impression de tergiverser.

      Selon nos informations, les services des ministères des affaires étrangères, de la défense, de l’intérieur et de la justice travaillaient pourtant bien depuis l’automne 2018 au retour des djihadistes détenus par les Kurdes de Syrie.

      Les conditions du programme de retour étaient tenues pour acquises par les principaux acteurs du dossier lorsque, dans la première quinzaine de février, le président de la République a changé d’avis.

      Qu’est-ce qui a fait changer Emmanuel Macron de position et l’a ainsi fait aller à l’encontre des préconisations de son administration ? L’Élysée n’a pas répondu à nos sollicitations.

      Le chlordécone ne serait pas cancérigène (Emmanuel Macron)

      « Il ne faut pas dire que ce pesticide est cancérigène. » En une phrase, le président de la République a soulevé l’indignation, en particulier des élus d’outre-mer qui lui faisaient face le vendredi 1er février, à l’Élysée, pour une rencontre dans le cadre du grand débat national.

      La discussion portait sur la dangerosité du chlordécone, un pesticide extrêmement toxique et perturbateur endocrinien, classé « cancérigène possible » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dès 1979 et utilisé jusqu’en 1993 dans les bananeraies en Guadeloupe et en Martinique. Ce jour-là, pour le président, « il ne faut pas dire que c’est cancérigène. Il est établi que ce produit n’est pas bon, il y a des prévalences qui ont été reconnues scientifiquement, mais il ne faut pas aller jusqu’à dire que c’est cancérigène parce qu’on dit quelque chose qui n’est pas vrai et qu’on alimente les peurs ».

      Presque tous les Guadeloupéens et les Martiniquais sont contaminés au chlordécone, selon une étude publiée par Santé publique France en 2018. Et les sols sont pollués pour quatre cents à sept cents ans.

      Estomaqués par les propos du président, l’urologue Pascal Blanchet et le chercheur à l’Inserm Luc Multigner ont répondu en rappelant, entre autres, que « l’exposition au chlordécone est associée à une augmentation de risque de survenue du cancer de la prostate ».

      Face à la polémique, l’Élysée a maladroitement tenté de faire machine arrière, plaidant le malentendu, sans convaincre personne.

      La mort de Jamal Khashoggi (Jean-Yves Le Drian)

      Dès le 6 octobre 2018, soit quatre jours après la disparition de Jamal Khashoggi, un notable saoudien exilé aux États-Unis et devenu chroniqueur au Washington Post, qui n’est jamais ressorti de son consulat à Istanbul où il venait chercher des papiers administratifs, les autorités turques commencent à laisser filtrer des informations auprès de la presse indiquant que le journaliste a été tué dans l’enceinte diplomatique.

      Les jours suivants, la police et le gouvernement turcs distillent de plus en plus de preuves des agissements d’une équipe de tueurs saoudiens composée de proches du prince hériter Mohammed ben Salamane, qui aurait interrogé, torturé, puis découpé en morceaux la victime.

      Le 11 octobre, Ankara laisse entendre qu’elle possède un enregistrement audio de ce qui s’est déroulé à l’intérieur du consulat, qui ne laisserait aucune doute sur la culpabilité des Saoudiens.

      Le 10 novembre, le président turc Recep Tayyip Erdogan affirme que l’enregistrement a été fourni aux États-Unis, au Royaume-Uni, à la France, à l’Allemagne et au Canada.

      Pourtant, Jean-Yves Le Drian, ministre des affaires étrangères bien timide sur le dossier, nie le 12 novembre sur France 2 avoir eu connaissance de l’enregistrement. Et il ajoute : « Si le président turc a des informations à nous donner, il faut qu’il nous les donne », soulevant l’indignation des autorités turques.

      Après une longue enquête, Mediapart a obtenu la confirmation auprès de sept diplomates et fonctionnaires du renseignement français que le Quai d’Orsay, à son plus haut niveau, avait bien eu accès à ces enregistrements à la date où le ministre s’exprimait.

      L’hommage au maréchal Pétain (Florence Parly)

      À l’occasion des cent ans de l’Armistice, l’état-major des armées souhaitait organiser, « en présence du président de la République », un hommage aux huit maréchaux de la Grande Guerre, dont Philippe Pétain. Dans un premier temps, l’Élysée laisse passer cette option, qui se retrouve inscrite dans le programme officiel des célébrations.

      Mais face à l’ampleur de la polémique, l’hommage est finalement retiré in extremis. Ce qui n’empêche pas la ministre des armées Florence Parly de jurer au micro de BFM-TV que « l’État-major n’a jamais imaginé rendre hommage au maréchal Pétain », mais qu’il souhaitait uniquement « rendre hommage aux maréchaux qui sont aux Invalides ».

      Cette cérémonie était pourtant bel et bien prévue, comme l’a d’ailleurs confirmé l’Élysée à Mediapart. Et il n’y a pas de place pour le doute. Chaque étape de cette « itinérance mémorielle » avait été minutieusement préparée : les dossiers de presse sur le site de la Mission du centenaire et sur celui du ministère de l’éducation nationale ne faisaient pas mystère de la présence du président de la République.

      Pataugeant dans ses dénégations, Emmanuel Macron aura au passage jugé « légitime » de rendre hommage au maréchal Pétain, soulignant que le dirigeant du régime de Vichy avait été « pendant la Première Guerre mondiale un grand soldat », même s’il a « conduit des choix funestes » pendant la Seconde. Des déclarations qui ont fait bondir la plupart des historiens.

      Un paparazzi placé en garde à vue pour rien (l’Élysée)

      Le Palais n’a pas attendu les derniers mois pour diffuser des craques. Dès septembre 2017, l’Élysée fait fuiter dans Challenges une information censée montrer à quel point Emmanuel Macron est un président magnanime. « EXCLUSIF. Emmanuel Macron vient de décider d’abandonner ses poursuites judiciaires qu’il avait engagé [sic] contre un paparazzi. »

      La réalité est autre. Selon des informations obtenues à l’époque par Mediapart, s’il est mis un terme à cette affaire très médiatisée, c’est en fait parce que le parquet de Marseille a classé sans suite l’enquête préliminaire ouverte en août pour « harcèlement » et « atteinte à la vie privée ». La plainte de l’Élysée ne tenait pas la route : le photographe mis en cause, Thibaut Daliphard, n’avait commis aucun des délits que l’Élysée lui reprochait.

      Ce photographe avait été contrôlé une première fois par un officier de sécurité devant la résidence privée de Marseille où les époux Macron passaient quelques jours de vacances au mois d’août, et s’était vu répondre qu’il n’y aurait pas de possibilité de prendre des clichés ce jour-là.

      Le lendemain, l’Élysée venant de confirmer que le couple présidentiel y passait ses vacances, le photographe s’était présenté à nouveau devant la résidence pour aller aux nouvelles, sans appareil photo.

      Selon Thibaut Daliphard, il s’était alors heurté à un homme qu’il avait pris pour un policier et qui lui avait déclaré : « Je n’aime pas votre métier », « Ce que vous faites, c’est du harcèlement », puis « Je vais vous placer en garde à vue, je vais vous faire coffrer pour 48 heures ».

      Selon Thibaut Daliphard, alors qu’il attend les forces de l’ordre, son téléphone sonne. « Je décroche le téléphone, il me saute dessus, essaie de me l’arracher, je me débats, puis il me dit : vous êtes en garde à vue, vous n’avez pas le droit de téléphoner. » Puis arrivé au commissariat du VIIIe arrondissement de Marseille, le commissaire présent sur place lui aurait confié : « Je suis désolé, on me demande de vous placer en garde à vue. »

      Thibaut Daliphard restera six heures en cellule. Le matériel, la carte-mémoire et l’ordinateur de ce journaliste sont fouillés.

      Ce n’est qu’un an plus tard, à l’été 2018, que Thibaut Daliphard découvrira que l’homme qui l’a violenté n’était pas un policier. Mais Alexandre Benalla.

  • Polémique Le Corbusier : « Juger les attitudes d’un artiste d’hier dans le climat d’aujourd’hui est bien de notre époque »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/04/05/polemique-le-corbusier-juger-les-attitudes-d-un-artiste-dans-le-climat-d-auj

    Chronique. La descente aux enfers se poursuit pour Le Corbusier (1887-1965). L’architecte suisse devenu français en 1930 était considéré comme le dieu de la modernité des années 1920 et 1930 – grands ensembles rationnels pour les masses et maisons pures, blanches et élégantes pour les riches. Mais au fil des ans et des publications, ce Picasso du béton fut qualifié de réactionnaire, vichyste, fasciste, stalinien, antisémite et pro-Hitler. Ce qui donne un millefeuille nauséabond et un personnage qui, même mort, n’est pas fréquentable. Tout cela figure dans une tribune collective, publiée le 2 avril sur le site du Monde.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi « L’antisémite Le Corbusier ne doit plus bénéficier d’aucun soutien public »

    Ce portrait a déjà été brossé dans trois livres sortis en 2015 à l’occasion d’une exposition Le Corbusier au Centre Pompidou. Le contraste était vertigineux : le musée mettait en lumière un génie des formes ; les livres dénonçaient sa face noire. Entre les deux camps, ce fut rude. Mais la tribune est d’abord inédite par le profil des neuf signataires : on y trouve des anti-corbuséens de longue date, mais aussi, et c’est une surprise, le cinéaste Jean-Louis Comolli et l’historienne Michelle Perrot, voix du féminisme, du mouvement ouvrier et aussi de l’univers carcéral, un sujet que les « anti-Corbu » associent aux bâtiments du maître.

    La tribune demande aussi au ministre de la culture, Franck Riester, de se désengager du projet de musée Le Corbusier, à Poissy (Yvelines). De se retirer de la Fondation Le Corbusier, dans le 16e arrondissement de Paris. Et d’agir pour que soit déboulonnée la statue de l’architecte inaugurée il y a quelques semaines à Poissy. Puisque, selon les signataires, Le Corbusier « ne doit plus bénéficier d’aucun soutien public », ils auraient pu demander que nos écoles d’architecture, financées par l’Etat, suppriment l’artiste des enseignements, que ses bâtiments soient fermés à la visite, que les plaques à son nom soient retirées, et que ses œuvres soient expulsées des musées.
    Faire vaciller la statue de l’homme

    Le ministère de la culture nous a fait savoir qu’il ne fera rien de tout cela et qu’il appartient aux historiens de se prononcer. Pas simple car deux camps s’invectivent. Le Corbusier a voulu travailler pour Philippe Pétain et Benito Mussolini. Oui, mais aussi pour Léon Blum, en 1936. Il écrit des mots louangeurs sur Adolf Hitler, mais aussi d’autres de mépris sur l’Allemagne nazie.

    #grand_homme

  • Ces souffrances, je les ressens profondément et je veux que tous les Français sachent bien que leur adoucissement est l’objet constant de mes pensées.

    Je veux qu’ils sachent aussi que je comprends leur impatience, leur exaspération même devant l’insuffisance trop fréquente des remèdes apportés à leurs maux.

    Philippe Pétain, 13 août 1940

    Et, pour ajouter aux malheurs du temps, le site maréchal-petain.com, où l’on pouvait trouver ces fortes paroles compassionnelles est à vendre ($499, le nom de domaine est enregistré à Osaka…) je me vois donc contraint de recopier à partir de mon exemplaire du recueil de ses discours…

    EDIT (pour référence ultérieure)
    les messages jusqu’à celui du 12/08/1941 (et donc, la reprise exacte (mais commentée) du recueil), manquent les suivants, ici
    http://pages.livresdeguerre.net/pages/sujet.php?id=docddp&su=48

  • Macron : « Il faut séparer le Pétain qui a fait fusiller des mutins du Pétain qui a fait déporter des Juifs »
    http://www.legorafi.fr/2018/11/08/macron-il-faut-separer-le-petain-qui-a-fait-fusiller-des-mutins-du-petain-q

    Paris – Emmanuel Macron a tenté de nouveau de séparer Philippe Pétain en deux entités bien distinctes, entre un Philippe Pétain bien identifiable qui a collaboré avec les nazis et un Philippe Pétain qui se montra très impartial pour stopper les mutineries de 1917.
    https://medias.liberation.fr/photo/1169535-prodlibe-itinerance-macron-premiere-guerre-mondiale.jpg?mo
    « C’est très difficile, tout est très lié » a-t-il après dix heures d’opération de communication. « J’ai peur que le sujet ne résiste pas mon opération de com’ et que tout sa bile de haine, d’antisémitisme et de racisme qui était très ancrée dans la personne ne créé une dramatique hémorragie incontrôlable ». Il reconnaît cependant que l’autre partie n’est pas plus reluisante. « On a quelqu’un dont le rôle était de calmer les mutineries, il y a de nombreux soldats fusillés pour l’exemple, c’est très difficile à justifier » souligne-t-il « Oh puis zut » ajoute-t-il, appuyant sur un un levier qui fait basculer la table d’opération, renvoyant Philippe Pétain aux Enfers.

  • [1945] La condamnation du Maréchal Pétain
    https://www.les-crises.fr/1945-la-condamnation-du-marechal-petain

    Comme ce document est très dur à trouver, nous publions l’arrêt de la Haute-Cour de Justice du 15 août 1945, condamnant Philippe Pétain à la peine de mort (qui sera commuée) et à l’indignité nationale (voir ici le contexte du procès). Nous mettons à la suite l’acte d’accusation de Pétain par le procureur-général Mornet rédigé […]

    #Histoire

  • Dans le scandale Macron-Pétain, tu dois absolument remarquer que personne ici ne rappelle les faits d’armes du Maréchal dans la guerre du Rif (terminée en 1926) : les massacres dans une guerre où les français ne faisaient jamais de prisonniers, et évidemment les bombardements systématiques à l’arme chimique des villages (avec son allié espagnol, Franco, qui commence déjà à être appelé caudillo).

    Mais l’indignation typiquement françaoui du moment démarre en 1940… (Dans le France post-coloniale, même l’indignation vertueuse peut chlinguer).

    • Il y a bâti son (immense) popularité sur cette illumination à Verdun, 2 ans après le début des combats, en «  découvr[ant] que #le_feu_tue   » (P. Valéry dans le discours de réception de Philippe Pétain à l’Académie française, le 22 janvier 1931).

      Ce qui montre, s’il en était besoin, le niveau de ses petits camarades…

    • A part #Pétain, il y avait #Joffre aussi. L’historien Roger Frænkel (l’auteur de Joffre, l’âne qui commandait les lions) a montré à quel point ce général - fait maréchal et dont de nombreuses rues et places portent encore son nom - était crapuleux, manipulateur, menteur et d’une médiocrité crasseuse. En cachant les désastres militaires du début de la guerre, il s’est fait responsable de la mort de plus de 300 000 soldats.

      Il y a quelques années, nous avons commis un atlas avec l’ami Vidal dans publié par un mensuel dont je tairai le nom, dans lequel Roger Frænkel avait résumé les faits d’armes de ce #grand_homme : Je reproduis ici les 4 000 signes de ce texte :

      Le général Joffre (1852-1931) est à l’origine d’un mot qui, sans que beaucoup le sachent, perpétue son souvenir : « limoger ». Il donna l’ordre, en effet, d’assigner à résidence à Limoges, en septembre-octobre 1914, une centaine de généraux qu’il jugeait incapables. Mais sa propre gloire est-elle bien méritée ?...

      LES ARMÉES FRANÇAISES SOUS LE COMMANDEMENT D’UN ÂNE, DOUBLÉ D’UN IMPOSTEUR

      Lorsqu’en 1911, le gouvernement français le propulse à la tête de l’État-major, Joseph Joffre, simple général de division, est encore inconnu. Formé à l’École Polytechnique, il n’est pas breveté par l’École de guerre – il appartient au Génie – et ses faits d’armes se limitent à la prise de Tombouctou le 12 février 1894, à coups de fusils et canons contre une bande d’indigènes équipés de javelots.

      C’est donc sous l’autorité d’un homme inexpérimenté que l’armée française se prépare à la guerre. Avec le colonel Grandmaison, Joffre élabore une tactique d’offensive à outrance au détriment de la défense du territoire. Le plan XVII, achevé en 1913, encourage – oui, encourage – les Allemands à déployer leur propre stratégie (le Plan Schlieffen) connue du ministère français de la Guerre depuis 1904 et qui prévoit d’attaquer la France par la Belgique. L’objectif de Joffre est ainsi d’attirer les troupes allemandes à la frontière franco-belge, pour ouvrir la voie à une victoire rapide en Lorraine.

      Les opérations d’août 1914 furent ce qu’elles devaient être. Volontairement tenus dans l’ignorance des objectifs poursuivis, les généraux français appliquent les instructions docilement ; l’armée allemande est laissée libre d’envahir la Belgique et peut avancer vers les Ardennes. Les troupes françaises attaquent à Sarrebourg et Morhange, mais, loin de surprendre l’ennemi, se heurtent à une défense solide : les Allemands, eux, ont pensé à protéger leurs frontières.

      Toutes les batailles livrées entre le 8 et le 24 août 1914 – toutes, sans exception – se soldent par des désastres. Le recul est général, la Belgique, submergée. Ces semaines furent les plus sanglantes du conflit : en seize jours, la France déplore autant de morts qu’à Verdun en quatre mois (INDIQUER DATES DE VERDUN ?).
      Pendant un an et demi, les défaites se succèdent, mais Joffre reste aux commandes. Ce n’est qu’en décembre 1916 qu’Aristide Briand obtient la démission du général qui, en compensation, est élevé à la dignité exceptionnelle de « Maréchal de France ». Pourquoi ce retard ? Pourquoi cet honneur ? En partie parce que, seul maître à bord dans la zone des combats, notre généralissime s’est rendu coupable de falsifications qui lui ont permis, grâce aux artifices d’un entourage menacé comme lui d’être congédié, de se maintenir en place.

      Pour cette opération de sauvetage personnel, il fabrique des informations erronées, destinées à tromper le gouvernement sur la réalité de la situation. Taisant les revers subis, il explique avoir disposé ses armées en supériorité numérique dans les meilleures positions, attendant qu’elles accomplissent leur devoir : « la parole est maintenant aux exécutants qui ont à tirer parti de cette supériorité », écrit-il dans un télégramme au ministre de la guerre le 26 août 1914.
      Vingt-quatre heures plus tard, affectant l’air navré du chef qui vient d’être contredit dans ses espérances, il avoue des désastres vieux de plus jours et accable les prétendus responsables : « Force est de se rendre à l’évidence. Nos corps d’armée, malgré la supériorité numérique qui leur avait été assurée, n’ont pas montré en rase campagne les qualités offensives que nous avaient fait espérer les succès partiels du début ».
      Une « évidence », des « succès partiels » ? En tués, blessés, disparus et prisonniers, la saignée d’août 1914 touche, côté français, plus de 370 000 hommes. Les généraux sur le terrain, qui n’ont fait qu’obéir aux ordres, sont décrétés coupables et « limogés ». La supériorité numérique revendiquée n’était pourtant qu’un mensonge.

      Les faits ne sont plus réfutés par personne, mais le souvenir de cette débâcle foudroyante a laissé peu de traces dans la mémoire nationale : Joffre demeure le fameux « vainqueur de la Marne », celui qui réquisitionna les taxis parisiens pour acheminer des hommes au front, celui que la foule ovationna le 14 juillet 1919 sous l’Arc de Triomphe, celui qui eut droit à des funérailles nationales, et dont le Parlement déclara en janvier 1931 qu’il « a bien mérité de la Patrie ». Combien de rues, places et autres avenues portent encore ce nom, celui d’un chef de guerre médiocre et affabulateur ?

      Comme pour Faidherbe, il faudra penser à faire débaptiser tout ce qui sappell Joffre dans ce pays.

      #bande_de_psychopathes #criminels_de_guerre

    • De Gaulle, donc :

      « Des événements excessifs, l’usure de l’âge mena le Maréchal Pétain à des défaillances condamnables, mais la gloire qu’il avait acquise à verdun et qu’il garda pendant 25 ans en conduisant l’armée française à la victoire, ne saurait être contestée et méconue par la patrie ! »

      Amen !

      Je comprends mieux d’où vient la France qui chérit les défilés militaires.

    • Je ne souviens pas qui a écrit que si les crimes d’Hitler sont considérés comme supérieurs à tous les autres, c’est largement parce qu’il a appliqué à des ressortissants européens le traitement usuellement appliqué, cela de manière plutôt banale et sans provoquer de grande indignations en Europe, aux peuples colonisés (Chomsky peut-être ?). Pas parce que, dans l’absolu, il aurait « innové » dans les procédés génocidaires (gazer des civils et éradiquer des populations entières).

      À part un peu la torture en Algérie, les crimes coloniaux français sont totalement occultés. Ce qui m’épate, c’est qu’à l’heure de l’internet et de l’accès immédiat à une foule de sources, des indignations vertueuses en 140 caractères à tout bout de champ, on arrive encore à passer totalement à côté des crimes de guerre et crimes contre l’humanité d’un type aussi connu. Gazer les populations civiles des villages de nos colonies, c’est un détail même pas digne d’être mentionné.

      Quand il y a eu des commémorations sur Churchill, au moins j’ai vu passer un bon nombre de rappels des indignités coloniales du bonhomme sur Twitter.

    • @nidal, tu penses sans doute à Aimé Césaire dans Discours sur le colonialisme :

      [...] et qu’au fond, ce qu’il ne pardonne pas à Hitler, ce n’est pas le crime en soi, le crime contre l’homme, ce n’est pas l’humiliation de l’homme en soi, c’est le crime contre l’homme blanc, c’est l’humiliation de l’homme blanc, et d’avoir appliqué à l’Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes d’Algérie, les coolies de l’Inde et les nègres d’Afrique.

    • S’il faut s’indigner, il n’est pas nécessaire d’aller loin dans l’histoire et le temps. Cette horrible guerre coloniale au Yémen peut très bien faire l’affaire… Maréchal Macron ?

    • Pétain : le rôle méconnu du maréchal dans la Guerre du Rif
      08.11.2018 Par Louis Witter
      https://ledesk.ma/culture/petain-le-role-meconnu-du-marechal-dans-la-guerre-du-rif

      (...) Alors que l’armée espagnole est victime de plusieurs défaites face aux résistants rifains à partir de 1921, la France sent que la République mise en place par Abdelkrim El Khattabi menace ses projets coloniaux en Afrique du Nord et décide d’intervenir dans la Guerre du Rif. La principale déroute espagnole, celle de juillet 1921 à Anoual, pose les bases de la féroce contre-offensive franco-espagnole qui interviendra quelques années plus tard. Le Général espagnol Sylvestre y perd quelques 20 000 hommes et se suicide sur le champ de bataille. A la tête du Protectorat français, le Maréchal Lyautey s’inquiète dans une directive du 20 décembre 1924 d’un éventuel retrait des troupes espagnoles et préconise alors une action de l’armée française pour asseoir de nouveau le pouvoir des armées coloniales dans la région. (...)

  • Des voix s’élèvent contre la présence de Charles Maurras dans la liste des commémorations officielles 2018
    https://www.francetvinfo.fr/france/des-voix-s-elevent-contre-la-presence-de-charles-maurras-dans-la-liste-

    Elaboré par le Haut-Comité des commémorations nationales, sous la houlette du ministère de la Culture, le Recueil des commémorations nationales 2018 propose de commémorer la naissance, en 1868, de Charles Maurras, qui partie de la « centaine d’anniversaires susceptibles d’être célébrés au nom de la Nation ».

    Je me demande bien comment il a pu se retrouver dans ce document qui doit quand même être relu avant impression ...

    • La commission qui pond ce guide des commémorations est présidé par un académicien femelle. L’académie française est toujours resté fidèle à Maurras plus qu’a la république. Une fois que Maurras à été condamné pour collaboration avec les nazis et incarcéré, son siège est resté vacant en hommage au #grand_homme jusqu’à sa mort. En 2018 l’académie française exprime toujours son mépris pour la république et son amour inconditionnel pour les antisémites et le nazisme.
      Une raison de plus pour vendre l’académie française au Qatar.

      http://www.madmeg.org/p40/#6/0.821/0.101

      #royalisme #action_française #antisémitisme #Académie #historicisation

      Pour cette publication des 100 commémorations faschottes de la manif pour tous je vais voire si je trouve le nombre de femmes membres et commémorées car à mon avis c’est un bel exemple de machine à effacer les femmes de l’histoire.

    • Le e-monde.fr publie une réponse de Jean-Noël Jeanneney et Pascal Ory, deux historiens membres du Haut Comité des commémorations nationales. L’accroche est ; « l’Etat doit rappeler les moments lumineux de notre histoire comme les périodes les plus sombres. »

      L’émotion qui entoure l’inscription de Charles Maurras dans le Livre des commémorations nationales pour 2018 exige une explication simple et claire. La mission confiée au Haut Comité aux commémorations nationales est de contribuer, au hasard des anniversaires, à une meilleure prise de conscience des épisodes majeurs du passé. Il en propose une liste à la ministre, à qui il revient de les agréer si elle le souhaite.

      Françoise Nyssen l’a fait d’abord, en l’occurrence, avant de changer d’avis. Sont concernés les personnalités et les événements dont notre pays peut s’honorer, mais pas eux seulement. Commémorer, ce n’est pas célébrer. C’est se souvenir ensemble d’un moment ou d’un destin. Distinction essentielle : on commémore la Saint-Barthélemy, on ne la célèbre pas. On commémore l’assassinat d’Henri IV par Ravaillac, on ne le célèbre pas. On commémore la Grande Guerre, on ne la célèbre pas.

      http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/01/28/commemorer-ce-n-est-pas-celebrer_5248372_3232.html

      C’est rigolo d’apprendre que la naissance de Maurras est une date importante au point d’être comparée à la Saint-Barthélémy. Si c’était pour se souvenir des méfaits de cet homme et de son parti, alors il faudrait choisir une commémoration du 28 janvier 1945 date de sa condamnation à la réclusion à perpétuité et de son indignité nationale ou 1947, date de l’interdiction d’Action Française (qui n’est pourtant plus interdite à ce qu’il me semble).

      Commémorer la naissance de Maurras quel intérêt à part banaliser Action Française et faire un geste amical envers l’extrême droite catholique française de #sens_commun #manif_pour_tous et autres ami·es en marche de Blanquer ? Est-ce qu’on va commémoré la naissance de Laval et de Papon dans la foulée ?

      #action_française #extrême_droite #grand_homme

    • On ne peut que se réjouir de la décision de Françoise Nyssen de retirer Charles Maurras de la liste des commémorations nationales de l’année 2018. On espère que la ministre de la Culture procédera également au retrait du nom de Jacques Chardonne, qui fut comme Maurras un antisémite forcené et un complice actif de la Collaboration. Mais on aimerait surtout que les raisons du retrait soient comprises, retenues — remémorées à l’avenir — et ne soient pas recouvertes par d’étranges sophismes qui circulent et sont repris par des esprits dont on ne l’attendait pas.

      Il y a, bien sûr, ceux dont les réactions ne surprennent pas : les néo-maurrassiens. Jean-Christophe Buisson, directeur adjoint du Figaro Magazine, n’a pas eu peur d’écrire sur Twitter que ceux qui ont dénoncé la présence de Maurras sur la liste des commémorations nationales ne l’ont pas lu. On lui suggérera une autre possibilité : qu’ils l’aient lu plus à fond que lui et qu’ils aient pris au sérieux ce qu’il disait lui-même de sa pensée, à savoir qu’elle était strictement indissociable de la haine des juifs, des protestants, des « métèques » et des francs-maçons. Il est inutile ici de dresser un florilège des textes les plus abjects de Maurras. Rappelons simplement qu’il prôna, jusqu’à la fin de sa vie, un « antisémitisme d’État » qui ramènerait les juifs français au rang de simples « campeurs » sur le territoire. Et qu’il fut un des responsables de l’assassinat de Pierre Worms, cible en tant que juif de la milice de Vichy.

      Il y a ceux qui, tel Yann Moix, oubliant toute décence en même temps que leurs amitiés anciennes, n’hésitent pas à qualifier le refus de commémorer la naissance de Maurras de « révisionnisme » (sic) qui trahirait une volonté d’effacer ou de dissimuler le passé. Comme si le refus d’une commémoration nationale de l’anniversaire d’un homme condamné en 1945 à la dégradation nationale était la même chose que la volonté de passer son importance sous silence.
      « Commémorer, c’est se souvenir »

      Il y a enfin les membres du Haut Comité aux Commémorations nationales qui s’obstinent à justifier leur choix, comme le font Jean-Noël Jeanneney et Pascal Ory dans une tribune publiée par Le Monde, en affirmant que « commémorer n’est pas célébrer ». Commémorer la Saint-Barthélemy ou l’assassinat d’Henri IV, nous disent-ils, ce n’est pas célébrer. C’est « se souvenir ». Cette dernière affirmation est juste et la distinction, pour le coup, n’est pas fallacieuse ; elle est parfaitement légitime en certains contextes. Mais, dans le contexte présent, elle est honteusement sophistique.

      Tout d’abord, parce que « commémorer la naissance de Maurras » ne peut pas avoir le sens de « commémorer un massacre ». Il ne s’agit pas ici de commémorer la naissance de Maurras comme une tragédie, ni de commémorer sa dégradation nationale en 1945. Ce qu’on commémore, c’est quelqu’un qu’on tient pour une figure importante parce qu’on lui reconnaît, comme à Chardonne, des qualités d’écrivain ou d’intellectuel. « Commémorer » ici a inévitablement le sens d’une reconnaissance de grandeur qu’on met en balance avec des méfaits qui se trouvent ipso facto minimisés. La preuve : inscrirait-on Marcel Déat, Jacques Doriot, Pierre Laval, Philippe Henriot sur la liste des commémorations nationales ? Bien sûr que non. Pourtant ils ont la même importance historique que Maurras ou Chardonne. Mais leur nom choquerait davantage, parce qu’on ne peut pas voir en eux le « grand écrivain ». Il suffit de se reporter aux présentations euphémisantes du site des Commémorations nationales pour constater que Maurras et Chardonne y sont traités avec déférence.

      On est loin de l’affirmation avancée par les membres du comité, de vouloir « évoquer officiellement les pages noires de [notre] Histoire ». Car en la matière, de pages noires il n’y a pas dans la brochure éditée. Rien, en ce qui concerne Chardonne, sur son œuvre collaborationniste et ses escapades en Allemagne à l’invitation de Joseph Goebbels. Chardonne qui écrivait en juin 1943 dans un livre hagiographique sur les SS : « Si l’on peut découvrir les secrets de la valeur et vraiment éduquer les êtres, les méthodes du national-socialisme sont incomparables », ou encore : « Quand Israël est roi, un pays est perdu » (Le Ciel de Nieflheim).

      Quant à Charles Maurras, la « page noire » tient en à peine deux phrases. Ce qui fait bien peu concernant un homme dont la pensée a irrigué la « Révolution nationale » et qui dîna régulièrement avec Philippe Pétain, chef de l’État. En revanche, l’une de ces deux phrases nous apprend que Maurras fut « antinazi », rien de moins. De fait, il y aurait là toutes les raisons de commémorer Maurras, bombardé « antinazi ». Antinazi de type particulier certes, lui qui dans les années 1930 dénonçait le « bellicisme juif » face aux tensions croissantes avec l’Allemagne. Un « antinazi » dont le journal n’a cessé de paraître jusqu’à la Libération en ayant comme voisin d’immeuble la Milice française, fondée par des maurrassiens dont bon nombre prêtèrent serment d’allégeance à Adolf Hitler et rallièrent la SS. Curieusement, cette Milice, qui traqua sans relâche les Résistants, ne pensa jamais à inquiéter cet « antinazi ». Il est vrai qu’en matière d’antinazisme, on a connu à l’époque plus engagé, à commencer par De Gaulle, et quelques milliers d’autres qui en juin 1940 ralliaient Londres ou jetaient les bases de la Résistance intérieure.
      Célébrer cette page noire ?

      Sans doute est-ce pour commémorer cette « page noire » que le délégué aux Commémorations nationales et Conservateur général du patrimoine s’est également rendu sur Radio courtoisie afin d’évoquer le sujet, sur les ondes d’une radio qui se déclare ouvertement Action française et dont la présidente est la petite-nièce de Charles Maurras ? Car, contrairement à ce qui est désormais affirmé, il ne s’agit pas de commémorer pour rappeler les pages noires de notre histoire. Qu’on aille lire, sur le site des éditions du patrimoine, la présentation du livre des Commémorations nationales 2018. Celle-ci s’ouvre par cette phrase : « Chaque année, le Haut Comité des commémorations nationales sélectionne et propose à l’agrément du ministre de la Culture et de la Communication une centaine d’anniversaires susceptibles d’être célébrés au nom de la Nation. »

      « Célébrer au nom de la Nation » : est-il possible d’être plus clair ? Les commémorations ne concernent pas seulement le passé, elles engagent aussi le présent. Aujourd’hui, ce serait Maurras et Chardonne qu’on pourrait célébrer avec les réserves d’usage, comme on apprécie un alcool avec modération. Il y a quelques semaines, de nombreuses voix, dont celles du Premier ministre, affirmaient qu’une réédition grand public des pamphlets racistes et antisémites de Céline ne posait aucun problème dès lors qu’elle était pourvue de notes de bas de page. Que la compréhension du présent exige la connaissance du passé, et que celle-ci puisse requérir l’édition scientifique de textes criminels ou répugnants, personne ne le conteste. Mais cela ne peut pas signifier qu’il faille encourager les éditeurs à faire de l’argent en commercialisant les crachats que lancèrent des écrivains célèbres sur ceux que les nazis s’apprêtaient à exterminer sous leurs applaudissements. L’étude historique n’a pas besoin que ces crachats sanglants, enrobés sous une couverture prestigieuse, soient vendus comme des pralines offertes à la dégustation de pseudo-esthètes.

      Il n’y a pas un an, la victoire de l’extrême droite était une possibilité concrète dans ce pays, comme ailleurs en Europe où elle parvient par endroits au pouvoir. Prétendre la combattre en banalisant ses maîtres à penser les plus radicaux, ou en les célébrant officiellement, est une contradiction difficilement tenable pour ceux qui ont été élus contre cette menace.

      Une réflexion de fond est désormais urgente quant à la définition de la mission du Haut Comité et quant aux possibles dysfonctionnements qui l’ont conduit à inviter à « célébrer au nom de la Nation » la naissance de deux de ses ennemis les plus féroces — ennemis non seulement de la République, mais de l’idée même d’une humanité commune.

      Les signataires : Tal Bruttmann, historien ; Catherine Coquio, professeure de littérature à l’université Paris-Diderot ; Frédérik Detue, enseignant-chercheur en littérature, Université de Poitiers ; Antoine Germa, scénariste ; Antonin Grégoire, sociologue ; François Heilbronn, Professeur des universités associé à Sciences-Po ; Charlotte Lacoste, enseignante-chercheuse en littérature, Université de Lorraine ; Nadia Méziane, militante antiraciste ; Marie Peltier, historienne ; Jean-Yves Pranchère, professeur de théorie politique à l’Université libre de Bruxelles (ULB) ; Christophe Tarricone, historien.

      http://www.liberation.fr/debats/2018/02/01/maurras-commemorer-n-est-pas-celebrer-un-insupportable-sophisme_1626536

    • https://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20180125.OBS1238/la-france-doit-elle-celebrer-charles-maurras-en-2018.html

      Commémorer Mai-68, pourquoi pas, mais il y a d’autres anniversaires dans la vie. Le détail semble avoir pour l’instant échappé à 99,99% de nos compatriotes, mais 2018 pourrait bien être aussi l’année Charles Maurras (1868-1952). La preuve, le fameux théoricien du « nationalisme intégral » figure, en même temps que Paul Claudel et le philosophe Alain, dans le très officiel « Recueil des Commémorations nationales 2018 », dûment préfacé ici par notre ministre de la Culture :

      "À vous qui aimez l’histoire de France, à vous qui aimez la voir reprendre vie, je conseille chaleureusement la lecture du Livre des Commémorations nationales de 2018. II vous apportera, j’en suis sûre, un grand plaisir et de belles émotions ! »"

      Quand on se souvient un peu du barouf qu’avait déclenché l’inscription de Louis-Ferdinand Céline, en 2011, dans le même calendrier, il y a pourtant de quoi redouter que tout le monde ne partage pas ce joyeux enthousiasme ministériel. Et se demander si Françoise Nyssen avait vraiment en tête la liste des cent et quelques anniversaires répertoriés par ses services avant de signer son petit texte.

      https://francearchives.fr/commemo/recueil-2018

      Avant-propos

      L’intérêt grandissant pour l’histoire, le besoin d’explorer sa mémoire et le goût de la fête expliquent le succès des anniversaires et des commémorations. Cependant, les Commémorations nationales ont ceci de particulier qu’elles ne s’adressent pas uniquement à quelques personnes, initiées et privilégiées, mais à tous ; et chacun est invité ! Pour illustrer la mémoire collective, les événements qui la jalonnent et les personnages qui l’animent, les Commémorations nationales ont fait appel, au titre de 2018, à plus de cent spécialistes enthousiastes. Ils vous entraînent à la découverte de Mai 68, de Roland Garros, de Gounod, de Couperin, de Chateaubriand, de l’hôtel d’Évreux (aujourd’hui palais de l’Élysée) et de bien d’autres ! Je salue le travail réalisé pour cette 31e édition des Commémorations nationales, qui évoluent pour s’adapter à leurs publics. Parallèlement à l’ouvrage, les supports de diffusion se diversifient grâce à l’informatique et au numérique, qu’il s’agisse des tweets quotidiens sur @FranceArchives ou des recueils des années 1999 à 2017, qui sont également disponibles et consultables sur le portail FranceArchives. Ce site Internet assure un rôle de relais et de veille grâce aux « liens » qui renvoient directement aux ressources documentaires et aux manifestations organisées partout en France (théâtre, expositions, concerts, colloques). À vous qui aimez l’histoire de France, à vous qui aimez la voir reprendre vie, je conseille chaleureusement la lecture du Livre des Commémorations nationales de 2018. II vous apportera, j’en suis sûre, un grand plaisir et de belles émotions !

      Françoise Nyssen
      ministre de la Culture

  • L’université poussée sur le chemin de la sélection | L’Humanité
    https://www.humanite.fr/luniversite-poussee-sur-le-chemin-de-la-selection-644130

    La décision définitive n’est pas encore prise. Mais l’odeur empoisonnée de la sélection sent déjà à plein nez. jeudi, le recteur d’académie Daniel Filâtre a remis à la ministre Frédérique Vidal la synthèse de la longue concertation menée depuis mi-juillet sur les nouvelles modalités d’accès à l’université. Trois mois durant, onze groupes de travail, réunissant une multitude d’acteurs du supérieur (syndicats enseignants et étudiants, présidents d’université, recteurs, parents d’élèves, patronat, etc.) ont bûché sur ce vaste chantier censé résoudre le manque de places en fac, problème devenu vertigineux cette année avec 65 000 bacheliers sans affectation au début de l’été. Résultat ? La concertation a, sans surprise, accouché d’un constat de désaccord. Et laissé à nombre de participants la désagréable sensation d’avoir joué les cautions à des mesures décidées par ailleurs.

    La méthode semblait faite pour ça. Une multitude d’intervenants, à égalité de représentativité, dispersés dans onze groupes, avec des positions totalement contradictoires… « Tout était réuni pour qu’aucune position contraire aux vœux du gouvernement n’émerge véritablement et que, au final, le dernier mot lui revienne », relève un des participants. Un constat partagé par une large intersyndicale (CGT, FO, FSU, SUD, Solidaires, Unef et UNL). « Il n’a pas été possible de débattre et de faire avancer nos revendications, explique-t-elle dans un communiqué. Tout cela ressemble plus à une opération de communication qu’à du dialogue social. »

    #université #égalités_des_chances #sélection

    • Vers une fac à plusieurs vitesses ?

      Sur le fond, quelques consensus ont tout de même émergé. Tous les acteurs sont d’accord pour mettre fin au tirage au sort, seul dispositif autorisé actuellement par le Code de l’éducation pour départager les postulants à des licences générales dont le nombre de places est inférieur aux demandes. Tous, peu ou prou, réclament aussi une hausse du budget pour accompagner l’augmentation des effectifs étudiants (40 000 en plus cette année), qui se poursuivra jusqu’en 2025 selon les prévisions démographiques. De même, la plupart estiment qu’il faut augmenter le nombre de places en BTS et IUT, où les bacheliers professionnels peinent à trouver de la place.

      Mais, au-delà de ces évidences, la divergence est restée de mise sur la question centrale de la sélection ou non à l’entrée en fac. Les promoteurs d’une université qui puisse trier ses étudiants ont pu développer à loisir leur vision élitiste du supérieur. La Conférence des présidents d’université (CPU) prône ainsi l’instauration de « prérequis prescriptifs » qui fermeraient, de fait, la porte de certaines licences aux bacheliers ne présentant pas les conditions décidées par chaque université. « On doit tenir compte de la série du bac, de l’avis du conseil de classe, peut-être des notes », plaide François Germinet, président de l’université de Cergy-Pontoise. Et pour les étudiants non servis ? Ils seront forcés de se rabattre sur d’autres filières moins cotées ou « plus professionnalisantes ». Une université à plusieurs vitesses, donc, où le choix des étudiants est subordonné à celui des facs, et non plus l’inverse.

      Une vision à laquelle l’Unef ou encore le Snesup-FSU se sont opposés, rejetant toute forme de sélection ou de prérequis. « Mettre des prérequis revient à choisir les étudiants selon qu’ils sont perçus par les recruteurs en adéquation avec un type de formation, d’apprentissage ou d’évaluation. C’est une sélection, et une normalisation, qui ne dit pas son nom », dénonce le principal syndicat du supérieur. Qui y voit un coup porté à une vraie démocratisation de l’accès au supérieur. Pour lui, comme pour l’intersyndicale, les solutions passent par la mise en place de parcours diversifiés, de tutorats et de soutiens en licence ou encore par le développement des passerelles entre les différentes filières. La question de l’orientation au lycée, où l’on compte un conseiller d’orientation pour 1 000 élèves, est aussi cruciale. Tout comme les moyens donnés aux universités, où le budget par étudiant est deux fois moins élevé que dans les formations sélectives (IUT, école, etc.).

      La balle est désormais dans le camp du gouvernement. Des rencontres bilatérales vont démarrer et la ministre rendra ses conclusions début novembre pour une application dès janvier. Un faux suspense. Dimanche dernier, Emmanuel Macron assurait déjà que « des qualifications minimales » seraient réclamées pour pouvoir s’engager dans une filière. Oubliant sûrement que la concertation qu’il avait demandée n’était pas finie…
      Un faux sondage sur les prérequis

      Selon le magazine l’Étudiant, les trois quarts des jeunes seraient favorables à l’instauration de « prérequis » à l’entrée en licence. 61 % les souhaiteraient indicatifs et 33 % obligatoires… Seul hic : les répondants sont à 90 % des titulaires d’un bac général. Or, les bacs pros et technologiques représentent plus du tiers des bacheliers et sont les premières victimes du manque de places dans le supérieur…
      Laurent Mouloud
      Chef de la rubrique société

    • Encore l’égalité des chances ?

      « Le régime nouveau sera une hiérarchie sociale. Il ne reposera plus sur l’idée fausse de l’égalité naturelle des hommes mais sur l’idée nécessaire de l’égalité des chances, données à tous les français de prouver leur aptitude à servir. Seuls le travail et le talent redeviendront le fondement de la hiérarchie française. Aucun préjugé défavorable n’atteindra un français du fait de ses origines sociales, à la seule condition qu’il s’intègre dans la France nouvelle et qu’il lui apporte un concours sans réserve. »
      Philippe Pétain, message au peuple francais du 11 octobre 1940.

      L’égalité des chances contre l’égalité
      http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=4443

    • @sombre c’est bien parce que j’avais essayé de le lire et pas réussi que je te remerciais de l’avoir donné ici :)
      J’aurais aimé lire aussi Erik Olin Wright : « Les rapports de classe se sont historiquement complexifiés », bref si tu en trouves le temps, n’hésite pas lorsqu’il y’a des papiers un peu fournis dans ce journal.

    • La #réforme #Macron de l’université

      Alors que l’université accueille les enfants de la démocratisation scolaire, la réforme Macron permet aux établissements d’enseignement supérieur de sélectionner leurs étudiants. Défendant l’université comme lieu de formation et de recherches, S. Beaud et M. Millet invitent à s’interroger sur le sens de la poursuite d’études dans une société démocratique.


      http://www.laviedesidees.fr/La-reforme-Macron-de-l-universite.html

      #loi_ORE #Orientation_et_Réussite_des_Étudiants #statistiques #chiffres #enseignement_supérieur #parcours_sup #France

    • Une lettre ouverte aux bacheliers

      Reçue via la mailing-list GeoTamTam, le 5 avril 2018

      Cher.e.s Anissa, Céline, Matthieu ou Killian, vous qui avez candidaté à l’université cette année,

      Le 31 mars dernier, tu as confirmé tes vœux de poursuite d’études sur la plateforme Parcoursup, comme tant d’autres bacheliers. Tu as eu raison de le faire parce que le diplôme est la meilleure protection face au chômage. Ton avenir est désormais dans les mains d’une poignée d’enseignants-chercheurs désignée pour examiner ton dossier dans les formations de ton choix.

      Nous faisons partie de ces enseignants, mais nous refusons d’accomplir cette tâche. Nous refusons de classer ta candidature parmi des milliers d’autres (pour une centaine de places dans nos formations). Nous refusons de porter un jugement sur tes espoirs, tes aspirations et ta capacité à réaliser tes rêves. Cette lettre vise à t’expliquer pourquoi nous nous considérons incapables d’accomplir une telle tâche.

      En tant qu’enseignants à l’université, notre métier n’est pas de prédire tes chances de réussite, mais de t’accompagner dans la poursuite de tes études. Notre mission est de transmettre nos connaissances pour qu’elles puissent te servir à l’avenir. Il s’agit de t’offrir, tant que possible, les moyens de réaliser tes ambitions et, en aucun cas, de les restreindre.

      Cette mission est difficile et nous échouons parfois à la mener à bien. Les difficultés que nous rencontrons ne tiennent pas à la “qualité” de ton dossier scolaire ou la cohérence de tes choix (qui à 18 ans n’ont heureusement rien de certains), mais au manque de moyens dont nous disposons pour te soutenir. Amphis parfois bondés, salles non-chauffées, sans équipement informatique, enseignants précaires, secrétariat surchargé, les gouvernements successifs ont abandonné l’université au profit d’autres établissements, réservés à une “élite”.

      Des moyens, nous n’en avons pas davantage pour examiner ton dossier avec soin. Nous disposons d’un outil d’aide à la décision (un logiciel) qui va permettre d’ordonner automatiquement les milliers de candidatures. Les enseignants ne seront pas en mesure de regarder (ou à la marge) ton projet de formation motivé et ton CV. Ce classement ne pourra donc se faire autrement qu’en donnant la priorité à tes notes au lycée. Or, les sociologues l’ont montré, ces dernières reflètent d’autres choses que ton “mérite”.

      Dans ton dossier Céline, tu expliques vivre avec ta mère et ta soeur sans grande aide financière de ton père avec qui tu as peu de contacts. Tu racontes avoir réalisé ton année de terminale en parallèle d’un emploi à mi-temps dans un fast-food. Cela a sans doute eu un effet sur tes notes au lycée (cas extrait de la plate-forme, anonymisé). Mais dans le flot de candidatures, cette lettre, les enseignants ne la liront pas ! Si ta situation familiale (ton origine sociale) a pesé sur ta scolarité (sur tes dispositions à répondre aux exigences de l’école), tu seras à nouveau désavantagée et, sur la base de tes notes, tu tomberas bas dans le classement.

      Matthieu, tu as obtenu de meilleures notes, notamment en Anglais. Il se trouve que tu as réalisé un séjour de plusieurs mois aux Etats-Unis (cas extrait de la plate-forme, anonymisé). Tu ne le précises pas, mais on peut supposer que ce dernier a été financé par tes parents (qui ont davantage de ressources), tu auras la chance de recevoir des “oui” pour l’ensemble de tes voeux dès ta première connection.

      Ordonner les dossiers sans moyens de les examiner précisément ou devoir fermer à certains la porte de nos formations faute de ressources, ce n’est rien d’autre que cautionner des classements scolaires dont on sait pourtant à quel point ils reflètent les inégalités sociales, c’est aussi refuser aux bacheliers la possibilité de découvrir leur voie quelle que soient leurs scolarités antérieures.

      Certains disent, de toute façon, il y en a déjà partout de la sélection, dès le collège et ensuite au lycée. Certes. Justement, il nous paraît d’autant plus important de garder un espace à l’abri de cette hyper sélection. L’université était le seul endroit qui permettait encore à chacun de tenter sa chance dans le supérieur et offrait la possibilité à certains de se réconcilier avec l’école. Tu as pu entendre dire que tu risques de te “planter” à l’université. Oui, 9 % des étudiants ne poursuivent finalement pas leurs études et 25 % se réorientent (DEPP, 2013) vers une autre formation. L’université constitue donc un moment de réflexion avant de réaliser d’autres projets professionnels ou d’études. Ce serait dommage de s’en priver et cette mission d’accompagnement nous convient.

      En refusant de classer ta candidature, les départements de sociologie d’Evry, de Paris Nanterre, de Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, de Versailles-Saint-Quentin en Yvelines,
      l’UFR SHS de Paris-Est Marne-la-Vallée, l’Université Paul-Valéry, Montpellier, ... ne souhaitent ni te fermer les portes de leurs formations ni t’envoyer de mauvais signaux. Au contraire, notre seul combat est de te laisser à toi, Anissa, à toi, Killian et aux autres, la possibilité de faire l’expérience toujours enrichissante de l’université (en conservant le diplôme du baccalauréat comme passeport d’entrée) même si cette dernière n’est finalement pas convaincante.

      Si nous portons tous le même combat et cette même vision, les rectorats et le ministère trouveront sans doute un moyen de vous inscrire tous là où va votre préférence. L’université française n’a pas besoin de trier les candidats, elle a besoin de moyens pour garantir une place à tous les bacheliers dans la formation de leur choix et assurer la réussite du plus grand nombre.

      Département de sociologie de l’Université d’Evry.
      Département de sociologie de l’Université Paris Nanterre.
      Département de sociologie Paris 8 Vincennes-Saint-Denis.
      ….
      soient des départements de sociologie où des motions exprimant le refus de classer les candidatures ont été votées.

      et TANT d’enseignants-chercheurs...

  • Qui est Jean-François Jalkh, le sulfureux président du FN par intérim ? - L’Obs
    http://tempsreel.nouvelobs.com/presidentielle-2017/20170425.OBS8527/qui-est-jean-francois-jalkh-le-sulfureux-president-du-fn-par-in

    Outre ces différentes casseroles judiciaires, des propos sulfureux tenus dans le passé par l’élu frontiste livrent une toute autre facette du personnage discret. Des extraits d’une interview que l’élu a donnée, en 2005, dans la revue « Le Temps des savoirs », peuvent pour le moins surprendre. Jalkh avouait ainsi à l’époque, qu’il considérait comme « impossible d’utiliser [du Zyklon B] dans des [...] exterminations de masse ».

    Sa carrière prend un tournant en 1986, année lors de laquelle il est élu député, comme 34 autres représentants du parti, grâce à la proportionnelle instaurée par les socialistes. Ce proche de Jean-Marie Le Pen se fait également remarquer, lorsqu’il commémore en 1991, à ses côtés, la mort de Philippe Pétain, à l’église traditionnelle Saint-Nicolas-du-Chardonnet.

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  • Dènoncer sous l’occupation

    http://www.dailymotion.com/video/xpgli2_denoncer-sous-l-occupation-1_webcam

    "Jamais, avant Vichy, la délation n’avait été une prescription d’Etat proposée aux « bons citoyens ». Gage donné à l’occupant d’une volonté de collaboration manifeste, le message que Philippe Pétain adresse aux Français, encore sous le choc de l’effondrement du printemps 1940, ouvre une boîte de Pandore.
    Les premiers décrets d’août 1940, qui appellent à la coopération directe pour identifier les opposants, amorcent la machine infernale. Les juifs (1940), puis les communistes (1941), les réfractaires au STO (service du travail obligatoire, 1943), comme tout acteur ou soutien de la Résistance, vont successivement devenir les cibles privilégiées d’une délation affichée au grand jour.
    La dénonciation antisémite reste la plus redoutable. Elle représente 15 % des actes de dénonciation, mais chaque lettre, chaque information est immédiatement vérifiée et le dénoncé, traqué.
    C’est pour entendre ces voix qui peu à peu s’éteignent que le travail de l’historien Laurent Joly et du documentariste David Korn-Brzoza est indispensable. Car le récit des historiens, si scrupuleux soit-il, ne peut avoir l’impact des souvenirs de Sarah, échappée avec sa mère de la nasse du Vél’d’Hiv mais dénoncée par ses voisins au printemps 1944 puis déportée ; ou encore le récit de Louis, fils de boulanger qui vit son père, ancien combattant, assassiné par les hommes de Klaus Barbie à la suite d’une délation…"

    http://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2015/12/05/trois-replay-a-ne-pas-rater_4825130_1655027.html#I7zUicfdVtwtoOD8.99

  • Troublante indulgence envers la collaboration, par Annie Lacroix-Riz
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/07/LACROIX_RIZ/53208

    Plus de quarante ans après que Robert Paxton a liquidé, dans La France de Vichy (Seuil), la thèse de Robert Aron selon laquelle Philippe Pétain aurait servi de « bouclier » aux Français, les notions de « représentations », de « psychologie » et d’éthique triomphent dans le traitement de la collaboration et du gouvernement de Vichy. Sur la Résistance, le propos s’embarrasse moins de nuances. [#st]

    http://zinc.mondediplo.net/messages/5202 via Le Monde diplomatique

  • De fraîche date
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/08/04/un-nouveau-derapage-de-bruno-gollnisch-fait-bondir-le-ps_3457273_823448.html

    Dans une vidéo postée sur son blog, le député d’extrême droite non-inscrit au Parlement européen s’en prend au député de Seine-et-Marne, « un Français de relativement fraîche date » qui lui fait « penser à ces gens que vous invitez chez vous et qui, une fois qu’ils y ont pris pied, veulent y faire venir un petit peu tout le monde ».

    On est bien dans la tradition…

    Je laisse de côté, pour le moment, les mesures très nombreuses que nous avons prises ou qui sont déjà envisagées pour rouvrir à la France- meurtrie les portes de l’avenir : épuration de nos administrations, parmi lesquelles se sont glissés trop de Français de fraîche date ,…

    Philippe Pétain, Message du 13 août 1940
    http://www.marechal-petain.com/appel6.htm

    Mon père, né en France d’une mère française et d’un père étranger, et donc « français de fraîche date » n’a pu, en 1941, faire des études supérieures que du fait de la bienveillance du directeur de l’école qui n’a pas trop regardé ses antécédents.

  • Maréchal Pétain, affiche du « vrai travail » : le détournement qui circule sur les réseaux sociaux
    http://www.huffingtonpost.fr/2012/04/26/marechal-petain-affiche-fake-twitter-photo-vrai-travail_n_1456496.htm

    affiches de Philippe Pétain composées du slogan « vrai travail » utilisé par Nicolas Sarkozy. Là encore, il s’agit d’un #détournement

    ça ça va encore être la faute d’#internet !