Un trajet en bus 20.
Photographie numérique - ~2min40 avec du son
▻http://jsene.net/bus20
(d’après Philippe de Jonckheere of course)
Un trajet en bus 20.
Photographie numérique - ~2min40 avec du son
▻http://jsene.net/bus20
(d’après Philippe de Jonckheere of course)
d’après Philippe De Jonckheere of course,
T’exagères un peu tu sais. Et tes images me font penser aux Bus Photographs de Robert Frank
Merci pour la référence, mon inculture me perdra, je vais aller voir ça de plus près !
@jsene En fait cette série des Bus Photographs de Robert Frank est assez méconnue et considérée par son auteur comme un échec. C’est son premier projet juste après la parution des Américains qui est un coup de maître qui justement va paralyser le maestro quelques années avant qu’il ne soit capable de produire une nouvelle œuvre (ce qui d’ailleurs sera le film Pull My Daisy , qui aurait pu être un ratage complet si le film n’avait pas été sauvé par le numéro de funambule de Jack Kerouac lors de l’enregistrement de la bande son du film). Mais dans l’échec de Bus Photographs il faut tout de même retenir la tentative de rapprocher deux images sur le même tirage (ce qui est amorcé par le strip de la dernière page des Américains ) (et ce qui sera le lieu même de sa recherche lors de son retour à la photographie avec In Lines Of My Hand ), de même l’idée de griser les marges en les flashant au tirage, qui sont de petites choses annonciatrices de la suite.
Quant à À bas les plagiaires par anticipation !, par définition Robert Frank a inspiré à tant et tant de personnes de s’emparer d’un appareil et de devenir des photographes (moi-même...)
Et j’oublie tout de même de dire, c’est sous entendu, en fait, dans l’évocation des Bus Photographs, que ta série est très réussie. Et puis je suis sensible à l’idée d’images accompagnées par une bande sonore. Forcément.
Merci pour ces éclairages et compliments, je suis très touché ^^
Jean-Christophe Bailly, « Le versant animal. » N°864 | Radio Univers | Radio Univers
▻http://www.radio-univers.com/jean-christophe-bailly-le-versant-animal-n864-3
Puisque l’animal partage avec nous le privilège du regard : il voit et nous voit. Et dans ce regard, Bailly perçoit une pensivité proche de ce que nous ressentons quand nous disons ne penser « à rien ».
C’est-à-dire « un peu comme si en deçà des particularités développées par les espèces et les individus existait une sorte de nappe phréatique du sensible, une sorte de réserve lointaine et indivise, incertaine, où chacun puiserait mais dont la plupart des hommes ont appris à se couper totalement. »
Pour lui, l’animal, comme l’homme, donne sens à ce qui l’entoure : « il n’y a pas d’exclusivité humaine du sens. » (...)
il faut « qu’on sorte de l’exclusivité humaine, qu’on en finisse avec ce credo sempiternellement recommencé de l’homme, sommet de la création et unique avenir de l’homme ».
Si Jean-Christophe Bailly le dit ainsi c’est pour affirmer que la disparition des espèces « se configure en deuil, en absolu du deuil. » « Que serait le monde sans eux ? Ciel sans oiseaux, mer et rivières sans poissons, terre sans tigres et sans loups, banquises fondues avec plus bas des hommes, rien que des hommes se battant autour des points d’eau. Est-ce qu’on peut vraiment vouloir cela ? »
C’est un très beau livre.
(La photo d’illustration est de George Shiras, sur lequel Bailly a aussi écrit : ▻http://exb.fr/fr/le-catalogue/247-l-interieur-de-la-nuit.html)
Je suis en train de lire son dernier, Saisir et comme d’habitude c’est hyper bien et puis cela parle de Robert Frank
Les Américains de Robert Frank réédité chez Delpire
▻https://www.mowwgli.com/42758/2018/08/14/americains-de-robert-frank-reedite-chez-delpire
A l’occasion des 60 ans de la première publication du livre « Les Américains » de Robert Frank, les éditions Delpire viennent de rééditer l’ouvrage culte ! Car si il y a un livre qui aura marqué l’histoire de la photographie, c’est sans aucun doute celui ci, « Les Américains » fait naître une nouvelle iconographie qui aura marqué des générations de photographes…
Cette nouvelle réédition a été revue et corrigée par Robert Frank lui-même, qui se rapproche d’avantage à l’édition américaine.
@philippe_de_jonckheere
#robert_frank #Les Américains #livre #photographe #60ans
Merci @marie_lou Je vais finir par avoir dans ma bibliothèque autant de versions de ce livre qu’il existe de tomes dans La Recherche
@philippe_de_jonckheere Je n’en doute pas, Philippe. C’est bon de te revoir ici. ;-)
▻http://www.numero.com/fr/photographie/rencontre-arles-paul-graham-serie-americaine-american-night-the-present-a-sh
Après Robert Frank, Paul Graham, je m’en lèche déjà un peu les babines. Et sinon je suis surpris de la ressemblance entre sa série “8e avenue et 42e rue”, 17 août 2010, 11 h23’ 03’’, série “The Present” (en couleurs) dont je trouve qu’elle ressemble beaucoup à cette série de photographies North Portal de Barbara Crane (en noir et blanc)
Robert Frank aux Rencontres de la photographie d’Arles !
▻http://www.numero.com/fr/photographie/robert-frank-les-americains-rencontre-photographie-arles-kerouac
▻https://lintervalle.blog/2018/07/06/robert-frank-la-dissolution-du-moi-par-arnaud-claass-essayiste-photogr
Je voulais aussi corriger un penchant à assimiler l’œuvre de Frank au seul ensemble Les Américains. Stephen Shore considère qu’il y a des artistes aptes à une recherche continue sur toute une vie, d’autres qui sont ceux d’une seule œuvre géniale. Il place Frank dans cette seconde catégorie. C’est une lourde erreur. Malgré sa très vive intelligence, je crois que Shore reprend ici une idée convenue. Les choses ne sont pas si tranchées. The Lines of My Hands est l’un des autres chefs-d’œuvre de Frank. La temporalité de la production frankienne globale, ses jeux image/mot à partir des années 1970, son travail de cinéaste ont raison de ce cliché. Il faut avoir une vision plus organique, plus « intégrale » des soixante années de production de Robert Frank, y compris dans ses quelques moments plus faibles, qu’il reconnaît d’ailleurs lui-même. En littérature, Peter Handke soutient qu’un écrivain génial à chaque ligne de chaque page de chaque livre ne serait pas un vrai écrivain.
Si j’osais je dirais que c’est une chose que j’avais déjà comprise en 1989 ! (quand j’écrivais mon mémoire de fin d’études à propos de Robert Frank). Mais vu que c’est Arnaud Claass qui le dit et l’écrit, je ne vais pas faire mon fanfaron, mais en tout cas pour celles et ceux que cela intéresse, c’est là
▻http://www.desordre.net/photographie/photographes/robert_frank/robert_frank.html
Cela arrive de plus en plus souvent et cela ne semble pas trouver de solutions. C’est un petit pro-blème, fort personnel en plus, mais je me demande s’il n’est pas la représentation de quelque pro-blématique plus vaste. De temps en temps, un peu plus souvent depuis la sortie d’Une fuite en Égypte, lorsque je participe à toutes sortes de manifestations, on me demande une biographie, ce qui semble aller de soi, ce qui ne devrait étonner personne et ce que je continue de ne pas comprendre. Et j’imagine que je ne peux pas le comprendre parce que je ne lis jamais de biographies. Je crois que la seule biographie, stricto sensu, que je n’ai jamais lue est celle de Marcel Proust par Harold Pinter et je l’ai lue juste après ma première lecture d’À la Recherche du temps perdu et je vois bien comment je tentais, par tous les moyens, de prolonger le plaisir de la lecture de La Recherche, avant d’affronter une autre lecture dont je pressentais qu’elle aurait du mal à faire le poids, d’autant que j’étais fort tenté de reprendre la lecture de La Recherche depuis le début, et finalement c’est la biographie de Proust qui a pu faire un trait d’union entre La Recherche et je ne sais plus quel livre - possiblement le Proust de Beckett, mais je n’en suis pas sûr, je ne me souviens plus. La biographie de Proust par Harold Pinter est plutôt un très bon livre qui, de fait, s’immisce dans les plis restés ouverts de la biographie fictive du Narrateur, ça peut fonctionner comme produit de substitution pour décrocher de la drogue pure de La Recherche. Un autre exemple qui lui montre que la biographie cela ne fonctionne pas pour moi, c’est celui de Beckett de Deidre Beir qui m’a instantanément laissé sur le côté, aucun intérêt. En fait dans le cas de Proust, il me semble que tout est dans le livre non ? Et dans Beckett, tout est dans les livres non ? Et le reste ne nous regarde pas, si ?
Au siècle dernier, quand j’ai commencé à caresser l’idée de construire un site internet, dont l’idée de départ serait qu’il soit une sorte de portfolio de mon travail de photographe, je regardais ce que les collègues photographes avaient produit dans le genre et je dois dire que j’étais passablement déçu d’y trouver surreprésentée la forme dite de navigation par onglets - qui, dans son principe, continue d’être majoritaire - à savoir un onglet pour les travaux récents, un onglet pour les travaux les plus anciens, un onglet pour les expositions, un onglet pour la biographie, un onglet pour la bibliographie et un autre encore pour les coupures de presse. Et les quelques onglets de biographies que je consultais me donnaient une impression opaque d’ennui, peut-on vraiment s’intéresser à la liste des expositions de son prochain depuis qu’il ou elle est toute petite ? Et est-ce que cela ne relève pas plutôt du Curriculum Vitae ? Et qui peut trouver son content dans la lecture d’un C.V. ? En soi on ne sera pas surpris d’apprendre que la forme du site Désordre est une manière de réaction épidermique, un peu outrée, c’est vrai, au principe même de la biographie.
À vrai dire ce que je devrais me contenter de répondre quand on me demande une biographie, c’est de répondre non, et plus poliment, que je n’en ai pas. Je pourrais même mentir et exagérer un peu, répondre à la personne qui me la demande que j’ai mené une existence à la fois ennuyeuse et vide et qu’il est impossible de lui donner le moindre relief rétrospectif, expliquer que, par ailleurs, je passe le plus clair de mon temps dans un open space ou dans les salles d’attente des différents intervenants thérapeutiques de mes enfants, ce ne serait pas mentir ni exagérer tant que cela. Et même quand je tente ce genre de réponses, vous seriez étonnés et étonnées de l’incompréhension de la personne demanderesse et de son incapacité à se contenter d’une telle réponse.
Alors que me reste-t-il à faire ? Ce que je fais un peu tout le temps. Écrire ce qui me passe par la tête sur le sujet demandé. Je vous montre ce que cela donne :
Philippe De Jonckheere (1964 - 2064)
1944 Mon père voit passer un V1 dans le ciel à Lille
1951 Robert Frank prend une fillette en photo à Paris. Ce sera ma mère
Né le 1964ème anniversaire du massacre des innocents
1986-91 Arts Déco et études à Chicago
1990 Assistant de Robert Heineken, des miracles tous les jours
1991 Retour, ça va mal
1993 Mort de mon frère A.
1991 Mai de la Photo à Reims, seule exposition d’envergure, censurée. Ça foire, toujours 1995-98 Exil à Portsmouth
1999 Naissance de Madeleine
2000 Désordre.net. Ça foire, m’entête
2004 Naissance d’Adèle, Nathan diagnostiqué autiste et Papa opéré du cœur, le même jour
2009 Manière de Voir : Internet, révolution culturelle
2012 Robert Frank, dans les lignes de sa main
2013 Rien
2014 Rien
2015 Frôle la catastrophe le 13 novembre. Apnées (PDJ, D. Pifarély, M. Rabbia)
2016 Pas grand-chose
2017 Une Fuite en Égypte
2018 Raffut
2019 Le Rapport sexuel existe
2020 Élever des chèvres en open space
2021 Frôlé par un V1
2022 Les Anguilles les mains mouillées
2024 Sur les genoux de Céline
2025 - 2064 : étudie la contrebasse et rejoins la ZAD de la Cèze
2064 Suicide.
Vous aurez compris que c’est une version courte parce que naturellement mon premier jet était infiniment plus long et on m’a tout de suite fait comprendre que cela dépassait généralement les limites du genre. Ce que je n’ai pas toujours bien compris surtout quand la finalité c’était internet, médium pour lequel je ne comprends pas bien la notion de limite d’espace. En revanche pour ce qui est d’un imprimé, je peux comprendre qu’effectivement mon premier jet, un peu au-delà de 3000 signes, est excessif, je veux bien en rabattre un peu et d’ailleurs je trouve un certain plaisir dans cet exercice de sculpture textuelle presque, à savoir retirer des pans entiers de son existence, tel projet d’envergure mais dont je ne suis plus si fier, telle manifestation dont je pense que nous devions être dix ou vingt dans la salle pour le vernissage, et puis ensuite raboter et poncer les phrases une à une, tenter de gagner quelques misérables signes par ci par là - c’est d’ailleurs en travaillant à ce ponçage que je m’aperçois que Sur Les Genoux de Céline est, en fait, un bien meilleur titre que La Petite Fille qui sautait sur les genoux de Céline. Comme quoi, je suis nettement plus arrangeant qu’on ne croit et je ne néglige aucune piste.
Des fois, quand on me demande de raccourcir, j’ai tellement le sentiment qu’on me demande de maigrir en somme, que je ne garde que ce qu’il y a de plus léger, c’est-à-dire la partie pour ainsi dire fictionnelle de ma biographie, dans laquelle tout est vrai, même les bouts qui sont inventés.
Philippe De Jonckheere (1964 - 2064)
1944 Mon père voit passer un V1 dans le ciel à Lille
1951 Robert Frank prend une fillette en photo à Paris. Ce sera ma mère
Né le 1964ème anniversaire du massacre des innocents
1964 - 2012 pas grand-chose
2013 Rien
2014 Rien
2015 Frôle la catastrophe le 13 novembre. Apnées (PDJ, D. Pifarély, M. Rabbia)
2016 Pas grand-chose
2017 Une Fuite en Égypte
2018 Raffut
2019 Le Rapport sexuel existe
2020 Élever des chèvres en open space
2021 Frôlé par un V1
2022 Les Anguilles les mains mouillées
2024 Sur Les Genoux de Céline
2025 - 2064 : étudie la contrebasse et rejoins la ZAD de la Cèze
2064 Suicide.
Et parfois, même après de tels efforts, louables, de prendre moins de place, on trouve encore à redire, alors là, autant vous le dire tout de suite, je fais ma mauvaise tête et j’envoie la biographie définitive suivante :
Philippe De Jonckheere (1964 - 2064)
Et pour tout vous dire, c’est arrivé une fois, qu’on me cherche vraiment, à force d’insistance, j’ai fini par envoyer n’importe quoi, mon CV d’informaticien. Tête de la personne qui avait trop insisté (et qui ignorait, par ailleurs, que j’étais informaticien).
Je n’ai aucune raison de me fâcher avec la dernière personne qui me demande ma biographie et qui est un peu embêtée avec mon premier, puis mon deuxième, envois, j’aime beaucoup cette personne et je lui dois beaucoup. De plus cette biographie doit rejoindre celle d’autres auteurs et auteures auxquelles a été demandée une participation textuelle à un très remarquable catalogue d’œuvres, contemporaines pour la plupart, la commande était passionnante, très libre, les conditions de rémunération à la fois généreuses et expéditives, je pense que c’est la première fois et sans doute la dernière que je sois payé AVANT le Bon-À-Tirer, autant vous dire mon embarras avec cette question de la biographie. D’autant que j’aimerais tellement contenter cette amie.
Je tente de faire valoir que de reprendre une telle biographie ce serait comme de tenter de re-vivre une autre vie, que les items présents dans cette biographie appartiennent à un passé qui ne peut plus être altéré et croyez bien que pour certaines choses j’aimerais pouvoir changer le cours de certaines périodes de mon existence (et que me soit, par exemple, épargné les grandes douleurs de l’année 1993, si c’était si facile, aussi facile que la suppression d’une ligne dans une biographie), mais je vois bien que cet argument porte peu, on me soupçonne, peut-être pas à tort, d’avoir donné, par endroits, dans la fiction. Touché !
Inventer du tout au tout - Il y a peu, dans un autre texte, Frôlé par un V1, dans lequel, pour les besoins de la narration, j’avais besoin de me composer une fausse biographie, j’avais écrit ceci :
Philippe De Jonckheere, né en 1965 à Paris, de parents enseignants et syndica-listes, une enfance heureuse à Loos dans le Nord, puis une adolescence tumultueuse et accidentée à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), marquée par la toxicomanie. Après plusieurs cures de désintoxication, il reprend des études notamment au Lycée Autogéré de Paris et entre in extremis aux Arts Déco de Strasbourg en 1987 - bon dernier de sa promotion -, études qu’il abandonne vite, en 1988, pour partir en Allemagne fédérale, à Berlin, en grande partie pour fuir le service militaire et tenter de profiter des derniers soubresauts de l’école berlinoise de peinture, qu’en bon petit punk de banlieue il ido-lâtre. Il rencontre brièvement Nina Hagen qui l’encourage à rendre encore plus mau-vaise sa bad painting, qui ne s’encombrait déjà pas beaucoup d’élégance. La chute du mur de Berlin en 1989 le chasse, plus exactement l’ambiance de la ville devenue délétère, notamment ses loyers de plus en plus occidentaux, et il suit sa petite amie d’alors, une Allemande, Bettina, qui part chercher à Amsterdam une vie dans les marges, comparable à celle qui était la leur à Berlin. À Amsterdam, il s’intéresse de nouveau à la peinture, mais d’un point de vue historique, notamment, à la peinture flamande, mais surtout à Rembrandt (1606 - 1669) sur les autoportraits duquel il travaille, produisant notamment une très longue vidéo dans laquelle s’enchainent, en fondus très lents, les autoportraits de Rembrandt, donnant à voir, avec lenteur donc, le vieillissement du peintre. Avec l’arrivée du numérique dès le début des années nonante il propose une version programmatique de ce vieillissement, l’œuvre étant désormais ralentie à la vitesse réelle du vieillissement, le passage d’une image à l’autre, d’un autoportrait à l’autre, se faisant en autant de temps qu’il faut pour passer d’une date d’un autoportrait à l’autre. L’œuvre connait un retentissement singulier parce qu’elle est achetée par un collectionneur de renom à Los Angeles. Là où une voie toute tracée de plasticien s’ouvrait à lui, il décide de tourner le dos à cette célébrité qu’il juge à la fois frelatée et stérile - quel caractère ! - et de se consacrer désormais à des formes narratives dont la génération est partiellement conduite par des effets de programmation, reposant beaucoup sur le hasard - il prédéfinit des récits types et les organise en arborescences complexes au carrefour desquelles le hasard intervient de façon invisible. C’est une œuvre mal comprise, adulée par quelques fanatiques, notamment pour les traces qu’il existe de cette œuvre sur son site internet, Désordre, et qui lui valent, malgré tout - notamment le mauvais caractère -, de temps en temps de participer à des colloques à propos des nouvelles formes d’écriture, situation qu’il vit d’autant plus en imposture qu’il a désormais choisi de figer certains de ces récits numériquement générés et de les faire publier - chez Inculte -, citons Une fuite en Égypte, dont il reste des traces de code - les fameux points-virgules - et Raffut, qui est au contraire un récit dont la trame est avérée mais dont l’écriture a été confiée à un programme d’intelligence artificielle à partir de la déclaration de police qui figure en toutes lettres dans le texte. On perd sa trace en 2025, date à laquelle il semble rejoindre la résistance zadiste de la vallée de la Cèze dans les Cévennes. Sa date de décès est inconnue.
Mais, en fait, qu’est-ce qui peut bien m’empêcher de composer une vraie biographie - Ne se-rait-ce que pour contenter cette amie que je suis peut-être en train de tourmenter inutilement, pensée qui m’est intolérable. Je pourrais indiquer que je suis né en 1964, que j’ai étudié aux Arts Déco puis à l’École de l’Art Institute de Chicago, que j’ai été l’assistant de Robert Heinecken et l’élève de Barbara Crane et qu’à partir de là tout a capoté et que je me suis retrouvé assis sur un siège à cinq roulettes dans un open space, que j’ai tenté de m’en sortir en construisant un œuvre sur Internet qui porte le nom de Désordre, qu’en dépit d’espoirs fous et d’un travail acharné, cela ne m’a pas libéré du siège à cinq roulettes, que j’ai écrit deux romans dont le dernier vient de sortir et on s’en tient à cela. En somme c’est un ratage - primo-romancier à 52 ans -, et je me demande si un peu d’orgueil n’est pas précisément ce qui me retient d’envoyer une véritable biographie, dans un fichier texte correctement calibré, à mon amie.
Mais en fait non, ce n’est pas cela, c’est le caractère insignifiant d’une telle existence qui me retient, et finalement pas seulement de la mienne, de toutes nos existences, toutes insignifiantes, alors que je suis au contraire admiratif de nos réalisations qui elles ne sont pas insignifiantes, tant s’en faut. Et qu’il me semble justement qu’il y a là un enjeu d’émancipation. Il y a encore une dizaine d’années et un peu au-delà, j’étais, de temps en temps, invité à participer à des conférences à propos d’Internet, je disqualifiais souvent la chose en parlant de tables-rondes-derrière-une-table-rectangulaire, débats dans lesquels je tenais souvent le mauvais rôle, celui de l’envahisseur, du méchant internet qui allait faire mettre la clef sous la porte à toutes les maisons d’édition du royaume, et invariablement la question qu’on me posait systématiquement c’était de savoir quel était mon modèle économique ? Mon esprit d’escalier m’a souvent empêché de trouver la bonne réponse à cette question cocasse, à l’exception d’une fois où j’ai répondu, tandis que je partageais l’estrade avec deux éditeurs, que je répondrais à cette question, si et seulement si, les éditeurs répondaient à la question de savoir quel était leur modèle politique ? Tête des éditeurs.
Avec l’âge, réalisant le caractère à la fois futile et passager d’une existence, la mienne, et celles de celles et ceux qui m’entourent d’une façon ou l’autre, je trouve de plus en plus dérisoire la question de la biographie, pour ne pas dire obscène et adverse, quand, au contraire, je trouve une beauté sans bords à nos inventions, nos œuvres et nos tentatives de modes de vie. Acculé, je me défends avec mes armes : la fiction.
Inventons nos biographies à l’image de nos œuvres et de nos vies.
Mathieu m’appelle, Inculte poursuivi en justice
Par le syndicat des correcteurs payés à la virgule
Et donc pas très contents d’Une Fuite en Égypte
Je me pousse du col certainement
Mais j’ai souvenir de Perec dans La Boutique obscure
Qui cauchemarde d’un retour des e dans La Disparition
Je pars en open space
Avec le tapuscrit de Raffut
Sous le bras. Ce n’est pas sérieux
C’est tellement plus fluide
Depuis les corrections de Mathieu
Peine parfois à croire que c’est moi qui écris
Au fur et à mesure de la relecture
Je note des idées d’images
Dans les marges
Photographie de salle d’attente aux urgences
Maison aux avions d’Arthur Vanabelle
Mégots d’Irving Penn (on peut rêver !)
Sushis en rayogrammes
Plateaux-repas de Robert Heinecken
Jouets épars dans salle d’attente orthophonie
Jeu labyrinthe
Anneau d’esclave
Photographie du tribunal
Photographies de Lynne Cohen
Chemin d’accès au périphérique à Auteuil
Parking à mon travail
Plats de spaghetti façon Yves Trémorin
Autoportrait filtre tournoyant
Portraits de Martin
Au BDP, je peine un peu sur Frôlé
Depuis quelques temps le BDP
N’est plus favorable à ma concentration
Chez Psy
Je bafouille
Je raconte mal un rêve
Et j’en viens à parler de mes filles
Que j’aime tant et que peut-être
J’étouffe ou peut-être je lance avec force dans la vie
C’est le retour
Du père anarchiste
Et de la mère juive : moi. Ego
L’après-midi mes collègues me prennent en pitié
Je viens de leur expliquer que je devais rendre
Mon manuscrit avant les douze coups de minuit
Je passe prendre Émile chez l’orthophoniste
Elle me réexplique ses recommandations
Pour faciliter la lecture des dyslexiques
En fin d’après-midi, mes enfants me prennent en pitié
Je viens de leur expliquer que je devais rendre
Mon manuscrit avant les douze coups de minuit
Papa travaille
Zoé cuisine
Émile grommelle
Après le repas
Des spaghetti pour les photographier
Je retourne travailler
Je boucle texte
Je boucle recommandations
Je boucle images
Il est tard
Mais je m’octroie une pause
L’Amérique dans le viseur de Laura Israel
Etonnant film qui épouse son sujet
Un film sur Robert Frank
Avec et par Robert Frank, à la Robert Frank
Les Américains remis à une plus juste place
Au regard du reste, en fait pléthorique
De l’œuvre, notamment cinéma, notamment collages
►https://www.arte.tv/fr/videos/050350-000-A/robert-frank-l-amerique-dans-le-viseur
Ruez-vous sur ce documentaire à propos de Robert Frank, j’y reviendrais.
La page
►https://www.arte.tv/fr/videos/050350-000-A/robert-frank-l-amerique-dans-le-viseur
(et ça marche mieux pour youtube-dl pour le télécharger)
Alors c’est de loin le meilleur documentaire que j’ai vu à propos de l’animal. Sans doute parce que l’on sent son inhabituelle coopération, pas seulement dans l’ouverture des archives et certaines sont rares, je vous prie de le croire, mais aussi parce qu’il tombe son habituel manteau-caparace.
La chronologie du film est très équilibrée, c’est même inhabituellement court pour ce qui est Américains et au contraire assez long pour ce qui est des expérimentations, cinématographiques, vidéographiques et photographiques plus récentes.
Le rythme est parfois un peu rapide pour ce qui est du défilement des images photographiques, même quand on connait très bien les images en question, ce qui est quand même mon cas.
Et comme à chaque fois, on passe trop vite sur la partie sans doute la plus surprenante de son travail, les collages photographiques, mais j’ai dans l’idée que c’est aussi parce que sur ce sujet, il n’est jamais très disert, comme si dans cette partie de son travail étaient enfouis ses véritables secrets, et plus sûrement ses douleurs intimes.
Donc, mangez-en, c’est du bon.
Rêve d’un balcon face à une mer déchaîné
Rêve d’un petit déjeuner dans un café
En pyjama, rêve d’apprentissage de l’homosexualité !
Transition difficile
Entre monde des rêves
Et monde du lundi matin
Zoé me fait tourner en bourrique
Je me fais tourner tout court
Oublis et kilomètres inutiles
Pas grand-chose
De la matinée
On me lit en open space
On me lit en open space
Début des ennuis ?
Un chef se dit stupéfait
Un chef se dit stupéfait
Oui, début des ennuis
À n’en plus douter
Pause méridienne
Je pars au BDP
Tapuscrit sous le bras
J’en oublie l’heure
Digressions à tout-va
Endiguer le flot ou le déchaîner ?
1839
1957
1987
1839 : invention
1957 : premier poème
1987 : entrée dans le numérique
Invention par Talbot, Daguerre et Niepce
Les Américains de Robert Frank
Photoshop ®©™ 1.0
Je suis le pire des dictateurs
Je réécris l’histoire sans cesse
Et mes victimes (de purges) sont nombreuses
Retour en open space
Je perds toute mesure
Et pose tapuscrit sur clavier
Tradition de la galette en open space
Intérimaires et prestataires
Ne sont pas invitées : y a de l’ambiance !
Retour à la maison
Mail de mon conseil
Plongée archéologique dans archives
Quenelles gratinées au parmesan
Salade de chicons, noix, poires
Fruits
Zoé n’aime pas les quenelles
Scène de théâtre
Éclats de rire avec les enfants
Le Capitaine Thomas Sankara
De Christophe Cuvelin
Film amateur qui se fie aux apparences
Film qui s’attache au folklore
De Sankara et qui passe entièrement
À côté de son caractère visionnaire
Film qui éprouve quelques tendresses
France-africaines dans des archives
De sommets Mitterrand - Sankara
Film qui ne mène pas du tout l’enquête
À propos du meurtre de Sankara
Pas même une interrogation
Film
In fine
Colonialiste
Film pseudo documentaire
Qui ne résiste à aucun effet
Décoratif !
Film qui suinte même
Le mépris
Un film de droite en somme
Et la soirée au Kosmos
Piratée par un conseiller municipal
Qui fait une belle démonstration de petit pouvoir
Je fais une petite heure de guitare
Au casque
Pour laver ma déception cinéphile
@arno je me demande si je n’ai pas hérité un peu de tes pouvoirs maléfiques. Il y a peu on m’a commandé un texte pour accompagner un catalogue dans lequel figure une oeuvre de Hamish Fulton. On m’a inutilement encouragé à prendre une distance très libre par rapport à l’oeuvre en question, dont finalement le thème, et c’est également celui de l’exposition, est l’égarement.
Du coup mon texte est une énumération de situations d’égarements curieuses. Parmis lesquelles, celui-ci :
Écureuil
(Royaume Uni, Sud de l’Angleterre, Nord de la France, le 28 septembre 1995) Je me souviens de mon premier voyage en Angleterre. M’installant à Portsmouth, je m’étais acheté un atlas des routes anglaises avec dans l’idée que pour les années à venir j’aurais l’occasion de sillonner ce pays dont je connaissais finalement si peu de choses. Pour l’un de mes premiers retours en France, j’avais décidé de prendre le carferry ― le Pride of Kent ― à Dover pour rejoindre Calais, d’où je projetais de conduire jusqu’à Watten où je devais retrouver Pascal. C’était d’ailleurs, je l’ai compris plus tard, mon dernier voyage à Watten, et, en fait, Pascal n’était pas là, c’est Rémi qui m’a reçu, avec lequel j’ai découvert, le lendemain matin, dans un numéro d’Art Press, abandonné aux toilettes, la tenue de la grande exposition de Robert Frank au Rijst Museum à Amsterdam, finissant nos cafés, Rémi et moi étions partis aux Pays-Bas, laissant les miettes de notre petit-déjeuner sur la table ― se rappeler, une mauvaise fois pour toutes, que j’ai eu, un temps, cette remarquable liberté de mouvement ―, l’après-midi je dépensais mes derniers florins pour admirer, les vingt dernières minutes avant la fermeture du musée, la Ronde de Nuit de Rembrandt, tant de choses dans l’existence peuvent parfois tenir à tellement peu ― un ancien numéro d’Art Press laissé aux toilettes. Quelques jours plus tôt j’étais allé visiter la cathédrale de Chichester, petite ville un peu à l’Est de Portsmouth sur la côte. J’avais pour cela emprunté ce ruban d’autoroute qui sépare les deux villes côtières et qui, de fait, longe la Manche. Aussi quelques jours plus tard pour relier Dover, en partant de Portsmouth, j’avais imaginé, sans le vérifier, que cette autoroute entre Portsmouth et Chichester devait continuer au-delà de Chichester, en direction de Brighton et, enfin, de Dover. Hélas ce n’est pas du tout le cas et, peu de temps après avoir dépassé Chichester, j’ai compris que les routes côtières n’avaient plus rien de direct, ni de très rectiligne. Après Brighton, que j’avais fini par relier tant mal que bien, je manquais complètement de repères et je me suis tout à fait perdu. Je me suis arrêté en bord de route pour tenter de m’orienter et, fouillant dans la boîte à gant, j’ai constaté que j’avais oublié de prendre avec moi le fameux atlas que je me faisais pourtant une joie d’étrenner. J’étais en colère contre moi-même d’autant que dans cette même boîte à gant, je trouvais une carte routière de France, bien inutile : j’étais perdu dans le sud de l’Angleterre, pas en France, maugrée-je. Et pourtant, l’ouvrant, machinalement, je me suis aperçu, avec un plaisir incrédule, que cette carte de France comportait, en haut à gauche, au Nord-Ouest donc, un bout de l’Angleterre, le Sud-Est de l’Angleterre, qui était parfaitement représenté et détaillé et que, comble de chance, cette petite parcelle d’Angleterre était précisément celle dans laquelle je m’étais égaré. J’ai donc pu, sans aucun mal, m’orienter et retrouver mon chemin en Angleterre, à l’aide d’une carte de la France.
Et donc : ▻http://www.lemonde.fr/societe/video/2017/12/11/calais-un-ferry-britannique-s-echoue-les-passagers-evacues-en-securite_52279 (il faut regarder le vidéo pour apprendre le nom du bateau)
▻http://www.lavoixdunord.fr/277898/article/2017-12-10/le-ferry-echoue-regagne-le-port
Capitaine d’un sous-marin
Je me porte au secours d’une frégate
Dont mon père est le capitaine
Les discussions pleines d’intelligence
Avec ma fille Sarah
Sur le chemin de la gare
Les discussions pleines de rire
Avec ma fille Zoé
Au petit-déjeuner
Les discussions pleines de surprises
Avec mon fils Émile
Dès son réveil grognon quand même
Circulation fluide
Dans les petites rues
De Montreuil
Dans le parking (pas réveillés)
Je croise (difficilement)
La voiture du gardien de nuit (on se sourit)
Le soleil
Se lève
Sur l’open space
Grosse session de travail
Sur Frôlé par un V1
Au café, frigorifié
Le soleil
Se couche
Sur l’open space
Sortie de l’école de Zoé
Longue discussion avec Delphine
Une parente d’élève très investie
Les citadins découvrent
Que les poules ont des poux
Tout un monde
Une pensée pour Cécile
Une Fuite en Égypte
Perd une lectrice
Hier, Tanya m’apprenait
Que Phil lisait
Une Fuite en Égypte
Entente tacite
Avec Floriane
J’emmènerai Zoé à Rennes
Regard de Zoé
Qui s’illumine à mesure
Que je lui parle de Rennes
Avec l’irlandaise psychologue
Accord sur l’essentiel
Zoé va tellement mieux, il faut continuer
Il faut continuer
Je ne peux pas continuer, il faut continuer
Je vais donc continuer (Samuel Beckett)
Discussion libre avec Zoé
Nous commandons des pâtes
Par téléphone à Émile
Pâtes au pesto
C’est lundi
Ce n’est donc pas raviolis
Ce soir est un grand soir
Un soir de ciné-club
Step Across The Border, j’y monte
Step Across The Border
Nicolas Humbert & Werner Penzel
Quelle claque cinématographique !
Step Across The Border
Dans la tête de Fred Frith
Littéralement
Step Across The Border
Un de ces miracles cinématographiques
Qui nous plonge au cœur du mystère
Step Across The Border
Nous plonge au cœur du mystère
De la musique, de l’art
Step Across The Border
Quand apparait Robert Frank à l’écran
Et je pensais à lui depuis le début du film
Step Across The Border
Traversé par des fantômes
Jonas Mekkas, Robert Frank
▻http://www.desordre.net/musique/bittova.mp3
Step Across The Border
Traversé par des anges
Iva Bittova, John Zorn, Tom Cora…
Step Across The Border
Fred Frith joue du violon
Aux mouettes
Step Across The Border
J’écrivais la semaine dernière de jouer
De la contrebasse aux sangliers
Step Across The Border
Beauté du montage en argentique
A couper le souffle
Step Across The Border
Montre le cœur même de la recherche
Quand même Frith gratouille en faisant n’imp
Step Across The Border
Le son de mon réveil
Je suis donc en train de rêver ?
Step Across The Border
La générosité de Nicolas Humbert
Qui explique le montage en argentique
Step Across The Border
Les bobines pré montées
Et qu’Humbert assemble à l’épaisseur
Step Across The Border
Nicolas Humbert, enfin quelqu’un qui a vu
Conversations in Vermont de Robert Frank
Je troque mon Robert Frank
Dans les lignes de sa main
Contre le DVD de Step Across The Border
En partant
Nicolas Humbert
M’embrasse
Tout ceci n’a pas pu avoir lieu
A seulement cent mètres
De ma maison ? Si !
Avant d’aller me coucher
Je me repasse le début de
Step Across The Border
Je visite une exposition avec Pierre
Un artiste dont le nom ne me dit rien
Ce sont des œuvres majeures
À l’autoradio ce matin
On s’extasie de la reprise
De la croissance française
C’est un 1,8%
Au lieu de 1,7% attendu
Extase de la speakerine
Ce n’est pas très beau
Un orgasme
Économique
Si j’étais dictateur
J’interdirais les téléviseurs
Dans les cafés
Si j’étais dictateur
J’interdirais les téléphones
De poche
Si j’étais dictateur
J’interdirais les plans de sauvegarde
De l’emploi
Si j’étais dictateur
On ne pourrait pas aller
Comme un vendredi ou comme un lundi
Si j’étais dictateur
Le travail salarié
Serait facultatif
Mais alors quelle sorte
De dictateur
Je serais ?
Pendant qu’on enterre Phil
Je suis en réunion
Et ça barde
De la terrasse du café à Montreuil
Au loin je vois passer Sylvain
Qui hier soir jouait à Nanterre
Je retrouve ma grande Sarah
Dans le temple de consommation
Elle me fait rire, elle est tellement belle
Sarah aux caisses : ? je te surveille
Moi (ironique) : ? ah zut j’ai oublié de payer cela
Sarah : ? mais comment tu fais ? je te surveillais
Je dépose Zoé au théâtre
Elle imite sa prof d’histoire-géo
Zoé, le théâtre c’est dans dix minutes
En rangeant les courses
Découverte et quelle
De Garth Knox
Quand j’y pense
Cette semaine
Deux concerts exceptionnels
Vous êtes Philippe De Jonckheere ?
Oui, je vois que je ressemble à ma photo
J’ai beaucoup ri avec Une fuite en Égypte
? J’ai beaucoup ri avec Une fuite en Égypte
? Surtout la scène de la morgue ?
? Surtout la scène de la morgue !
Ça vous dirait d’être
Libraire d’un soir
Et moi, pas la moindre gêne, oui !
Et donc si je devais
Être le libraire d’un soir à Charybde
Mes sept livres fétiches ?
Les Américains, I remember, Oui,
Mon année dans la baie de personne
Here, les Onze, les voix sous la cendre
Robert Frank, Joe Brainard, Thomas Bernhard
Peter Handke
Richard Mc Guire, Pierre Michon, Zalmen Gradowski
Je peine
À écrire
Trois lignes : au lit !
Vivian Maier, la femme qui faillit ne jamais exister
▻http://7lameslamer.net/vivian-la-femme-qui-faillit-ne-1416.html
Le processus qui mène de l’ombre à la #lumière s’est amorcé dès 2007 mais il ne parviendra jamais à mettre la main sur #VivianMaier vivante. Ce n’est qu’en 2009 que l’étrange #destin de Vivian Maier se noue : on retrouve enfin sa trace mais elle vient de mourir, deux jours auparavant. Tout est en place pour que naisse une #légende, celle de Vivian Maier, #photographe de rue, dont l’oeuvre immense ne sera révélée qu’après sa mort.
D’un autre côté, on peut aussi penser que cette histoire vraiment très belle est celle qui fait que l’on s’intéresse à un fond photographique qui, en fait, n’a rien d’exceptionnel.
Quant à :
Son nom désormais est une référence internationale et l’on ne manque pas, à chaque fois que l’on évoque ce parcours singulier, de citer d’autres femmes photographes : Tina Modotti, Germaine Krull, Cristina Garcia Rodero, Lisette Model, Sarah Moon, Bettina Rheims, Helen Levitt, etc
On peut raisonnablement se demander si la personne qui a écrit cet article dispose de la moindre connaissance de l’histoire de la photographie pour nommer des exemples, à l’exception de Listte Lodel, aussi peu notables de femmes photographes : Diane Arbus, Barbara Crane, Mary-Ellen Mark, Cindy Sherman, Sally Mann, Joyce Neimanas, Barbara Kasten, Emmet Gowin, Imogen Cunningham, Margaret Bourke-White et donc, Lisette Model (qui sont les premières à me venir à l’esprit) forment un aéropage nettement plus convaincant. Ca sent un peu la reherche désespérée via google de quelques noms de femmes photographes.
Nous maintenons que son travail de photographe est exceptionnel. Par ailleurs, les femmes photographes que nous citons nous semblent parfaitement dignes d’être citées et Google n’a rien à voir là dedans. Chacun ses références. Les vôtres sont tout aussi pertinentes et il ne nous viendrait pas à l’esprit de prétendre que « ça sent la recherche désespérée via Google ».
Bon je relis mon message, je lui trouve des défauts sur la forme et je vous prie de m’en excuser. En revanche sur le fond, je me dis que je dois être bouché à l’émeri pour ne toujours pas comprendre depuis sept ou huit ans quel est l’intérêt de ce travail photographique qui est celui d’une amatrice éclairée et pas maladroite. Je ne discerne pas de point de vue dans ce travail. De même je n’y vois pas cette nécessité qui fait les oeuvres. Vivian Maier qui était sans doute une dame très gentille avec laquelle j’aurais sans doute aimé boire une bière sur Division, ou même allé me promener dans le Loop pour y prendre des photographies même, ne produit pas la moindre image surprenante, voire personnelle. Elle n’invente aucun code esthétique, aucun de ses tirages ne semble prendre le parti d’une lumière ou d’une autre (ceci dit je fais exactement le même reproche à Cartier-Bresson, et d’ailleurs je crois que je préfère les photographies de V.M. à celles de HCB) et, finalement, ses images sont très peu disantes, elles ne racontent pas vraiment un récit, sauf peut-être celui d’une femme qui avait trouvé le moyen remarquable de se désennuyer pendant ses dimanches. Dit comme ça cela peut paraître sévère, au contraire, je trouve que cela faisait d’elle a priori une bonne personne, même attachante, mais malheureusement pas une artiste, ce dont il est permis de douter que ce soit-là quelque chose à quoi elle aurait aspiré.
Nombreuses de ses images sont contemporaines des Américains de Robert Frank ou du New York de William Klein, et pareillement à Chicago, au même moment, Harry Callahan, Aaron Siskin, Barbara Crane déjà ..., je sais c’est un peu tuer une mouche avec une masse, mais ce n’est pas, à mes yeux, et à mon entendement bouché à l’émeri, la découverte que l’on tente de vous faire accroire depuis 2009 (et si j’avais mauvais esprit je soupçonnerais beaucoup son découvreur de s’être copieusement employé à faire de ce corpus une oeuvre exagérée), ce n’est pas non plus Lee Friedlander découvrant les photographies de Bellocq pour prendre un exemple de ce genre de découvertes.
Je trouve votre position assez sévère mais cependant, je perçois à travers votre discours une vérité qui m’a également touché. Mais je reste tout de même impressionné par ces photos de rue dont certaines sont dans la veine d’un Weegee. C’est finalement l’histoire de cette femme qui rend son œuvre hors norme.
C’est finalement l’histoire de cette femme qui rend son œuvre hors norme.
C’est exactement cela. Et cela ne fait pas une oeuvre. en soi ce n’est pas si triste. Viviain Maier a sans doute eu une existence pleine au sein de laquelle elle a trouvé les moyens d’une certaine émancipation et d’un certain bonheur avec la photographie pour laquelle elle avait des aptitudes largement égales à celles de nombreux photographes dont par ailleurs on nous rabat les oreilles.
Vous avez des exemples pour ce qui est de la comparaison avec Weegee parce que là, j’avoue que je j’y aurais jamais pensé tout seul et je reste à convaincre ?
Mardi, le personnage de mon psychanalyste
Fait son retour dans mes récits
Des Anguilles les mains mouillées , transfert en cours ?
Des fois, quand je me réveille, mes rêves me font rire
Mais alors j’ai le sentiment de rire à mes propres blagues
Ce qui est pour le moins inélégant
D’autres matins quand je me réveille
Mes rêves me font pleurer
Ou me font peur
Et il est arrivé (rarement)
Que mes rêves
Me fassent éjaculer
C’est la rentrée des trois enfants
Et c’est le retour des habitudes-sillons
Bagarre des filles pour l’accès à la douche
Réveil de l’ours des cavernes, Émile
Mon petit déjeuner solitaire et matinal
Devoir houspiller Zoé à la traîne
" Dire qu’on peut rayer
La Corée du Nord de la carte
C’est légitimer son programme nucléaire "
Les migrants
Cibles du trafic
D’organes
Amnesty international
Alerte sur la recrudescence
Des attaques de Boko Haram
Tête de la serveuse
Qui découvre
Ma tête à moi
Je relis mon rêve de ce matin
Il est manifeste que mon inconscient
Épie dans mon agenda : 5/9/17 13 H RDV ?
Au café
Je suis fort inspiré
De retour au bureau, tout sec
Quand j’ajoute des corrections au récit
De rêves vieux de deux mois, quelles sont
Les conséquences sur ma psyché ?
Une mouche (à merde) se pose
Circonspecte sur mon tapuscrit
Sur une partie déjà relue : relit-elle ?
Le retour
De l’analysant
En open space
? Où j’apprends pourquoi
Je suis devenu photographe
Et pourquoi cela ne m’intéresse plus
? Où j’apprends pourquoi
J’aime raconter des histoires
Et pourquoi cela m’intéressera toujours
? Où je comprends pourquoi
Je suis devenu informaticien
Et pourquoi je dois ne plus l’être
Arrive donc parfois
Ces moments dans l’existence
Où l’on y voit un peu clair
Mais les souterrains
Visqueux par lesquels
Il a fallu passer pour ça !
Une photographie déchirée
Un genou en terre et sa béquille
Des pommes de terre pourries
Un jour j’apprendrais
À ne pas pleurer
Les larmes qui ne sont pas les miennes
Mais d’ici là
Je n’ai plus peur la nuit
Je ne mange plus de trop
Macron appelle les propriétaires
À baisser leurs loyers de cinq euros,
Pour compenser les APL
Ce soir je range le garage
Pour en faire
Une salle de cinéma !
Maintenant que je ne suis plus photographe
Je rentre chez un luthier
Et je me mets à la contrebasse ?
Est-ce si simple que cela
Que je puisse écrire range ton garage
Et le soir je trouve le courage de ?
Et quelle seraient
Les autres admonestations
Les plus urgentes ?
Retrouve le courrier du rectorat
Finis de ranger la buanderie
Et tu reprendras bien un peu de ménage
Et maintenant que tu n’es plus photographe
Si tu t’y remettais, un peu, pour voir
Ce que fait un non-photographe
Ce que tu comprends, enfin
Tu es devenu photographe
Pour réparer une photo déchirée
Par perversité tu as aimé
Les photographes retors
Qui enlaidissaient leurs modèles
Diane Arbus
Gary Winogrand
August Sanders
Tu as aimé
La saleté des tirages
Médiocres et pleins de pétouilles
Robert Frank
Joël-Peter Witkin
Robert Heinecken
Tu as aimé
Les images dures
Et les images laides
Bellocq, Weegee
Et les photographies
De la Commune de Disdéri
Tu as aimé
Les photographies
De peu de choses
Josef Sudek
Cy Twombly
Mario Giacomelli
Tu as aimé
Les grands
Magiciens
Lazlo Moholy-Nagy
Robert Heinecken
Barbara Crane
Tu as aimé
Les photographes
Du vernaculaire
Walker Evans
Bart Parker
Jean-Louis Garnell
Tout cela, tous ceux-là
Pour réparer
Une photo déchirée
Tu n’as pas réparé
La photographie déchirée
Et désormais tu t’en moques
Tu te moques de cette image
Que tu n’as pas réparée
Comme de ton premier bain de révélateur
Ne réparant pas cette image déchirée
C’est comme si tu te réparais toi
De ta propre déchirure
Paul Kessel: The Last Stop: Portraits of Coney Island | LENSCRATCH
▻http://lenscratch.com/2017/09/paul-kessel-the-last-stop-portraits-of-coney-island
#photography #newyork #coneyisland #streetphotography #portrait
Cosney Island, possiblement l’un des endroits les plus photographjiés par le gotha de la photo :
Walker Evans
Robert Frank
William Klein
Weegee
Bruce Davidson
Gary Winogrand
etc etc...
Oui, le paradis du street photographer, un monde fou, une lumière de littoral, des installations de fêtes foraines aux formes curieuses et aux effets typographiques omni présents, la porté graphique des planchers en bois et c’est New York !
La foule photographié par Bruce Davidson est incroyable.
Je lis en ce moment En Amérique de Laurent Chalumeau
éditions Grasset avec une préface de Virginie Despentes.
Chapitre V : Poètes New-Yorkais - Sodome-sur-Mer
Luna Park, hot-dogs, cellulite,flambeurs, championnats du monde de boxe, Coney Island a tout inventé. Même la plage à New-York ! Et depuis cent ans, Brooklyn by the sea mérite sa réputation de nid des turpitudes.
Chroniques écrites lorsque Laurent Chalumeau était correspondant à New York pour Rock and Folk, éditées la première fois chez Florent Massot (1997)
Sodome-sur-Mer est parue dans l’écho des savanes en 1985
1714e jour - En Amérique de Laurent Chalumeau, page 338 :
“Il paraît qu’il reste quelques coups à tirer vite fait dans les terrains vagues où rouillent pour l’instant les carcasses des anciens circuits de roller coasters – quelques coups de couteau à recevoir, aussi. Sinon, sans même parler des parties de bonneteau qui jouent à cache-cache avec les patrouilles, on prend tous les paris et on a toujours un poker en train dans les bicoques des petites rues qui croisent Surf Avenue. Bien sûr, derrière les roulottes, ceux que ça intéresse peuvent acquérir des friandises plus corsées que de la barbe à papa. Mais malgré tous les efforts, les perditions proposées aujourd’hui par Sodome-sur-Mer semblent bien modestes, bien rudimentaires, comparées au raffinement et au faste des péchés qui s’y commettaient encore il n’y a pas cent ans.”
▻http://dreamlands-virtual-tour.blogspot.fr/2016/05/sodome-sur-mer-coney-island.html
@vanderling Je m’y suis pris comme un manche, la foule en question est de Weegee. Je vais voir si je ne peux pas remettre de l’ordre pour rendre à Frank ce qui est à Robert
Je me suis rabattu sur celui-ci @tintin parce que son dernier -VIP- était sorti de la médiathèque. J’aimais bien la collection poche revolver de Florent Massot. A l’époque je connaissais aucun des auteurs. J’étais plus attiré par les couvertures, bonne pioche, le n°1 de la collec était Baise-Moi de Virginie Despentes.
Au réveil
Impossible de poser le pied par terre
Je clopine jusqu’aux toilettes. Kafka
Dans le miroir de la salle de bain
Ma tête de cévenol
Et le corps d’un scarabée vouté
Un peu de lecture, mais rattrapé par
Du sommeil lourd et sans rêve
Julia, prévenue, monte et prend peur
Les Moins que rien
Pour Mon Oncle Stanley avec lequel j’ai passé l’une des nuits les plus étranges de ma vie et pour la docteure D. qui m’a bien soigné, ma gratitude à tous les deux
Fontenay-sous-Bois, le 10 août 2017
Chère Docteure
Je ne sais pas comment vous remercier. Déjà, pour commencer, cela vous fera plaisir d’entendre que je vais mieux, grâce à vous, grâce à votre équipe. Les heures que j’ai passées aux urgences de lundi à mardi comptent parmi les plus riches de mon existence, qui compte déjà quelques trésors.
Quand vous êtes entrée dans notre chambre à l’Oncle Stanley et moi, je dois vous dire que je n’en menais pas large et le désespoir guettait. Et j’ai repris espoir en vous voyant beurrer les biscottes de l’Oncle Stanley, je me suis cette toubib qui beurre les tartines du vieux Mr Lawson, je peux d’emblée lui faire confiance.
Vous ne connaissez peut-être pas un photographe helvético-états-unien qui s’appelle Robert Frank et que j’ai étudié il y a une trentaine d’années. Robert Frank a photographié son voisin d’hôpital à Halifax en Nouvelle Écosse au Canada et dans la gélatine il a écrit sa tendresse pour ce Mr Lawson, l’Oncle Stanley. Et c’est à cette série d’images que j’ai tout de suite pensé quand j’ai fait la connaissance du vieux monsieur avec qui j’ai partagé ma chambre.
Vous faites un travail admirable. Vous êtes manifestement compétente, mais vous êtes aussi tellement dévouée et attentionnée, je ne sais pas si en haut-lieu on vous le dit de temps en temps, les hauts-lieux sont parfois ingrats, comme nous allons le voir, en tout cas, moi, je vous le dis. Cela ne changera pas grand-chose à pas grand-chose, cela vous fera peut-être plaisir de l’entendre.
Il y a un peu plus d’un mois, le petit morveux que les veaux de Français ont été guidés d’élire pour président a eu cette parole remarquablement révélatrice, il a parlé des anonymes, en disant « des gens qui ne sont riens ». Vous n’imaginez pas à quel point cela m’a mis en colère. J’ai eu une envie irrépressible de le gifler comme on ne devrait pas gifler un adolescent présomptueux qui vous manque de respect.
Depuis, je prends note de toutes sortes de situations dans lesquelles des moins que rien étalent des richesses insoupçonnées, surtout d’humanité et, cette nuit, dans votre service, j’ai été servi de très copieuses rations de pareils trésors. Vous, votre confrère infectiologue, Kevin, les infirmiers, les aides-soignantes et Mon (inénarrable) Oncle Stanley. À toutes et tous, merci, du fond du cœur, j’ai l’intuition qu’on ne doit pas vous le dire assez. Vous êtes à la fois des sentinelles et des remparts de ce qu’il y a et doit rester de meilleur en nous.
Pour vous remercier, toutes et tous, je vous envoie un extrait d’un texte en cours que je suis en train d’écrire. Cela s’intitule Mon Oiseau bleu , ce sont des poèmes très brefs en trois vers librement écrits sans bien suivre des règles japonaises ancestrales eux appellent cela des haïkus , je ne suis pas très sûr que mes petits poèmes en soient de très bons et surtout de très authentiques, mais au moins ils vous raconteront comment un patient vit les choses dans votre service, dans lequel, je dois vous le dire, on dort très mal !
Avec mon respect, mon amitié et mes remerciements
Philippe De Jonckheere
PS : je joins à cet envoi, un exemplaire de mon roman Une Fuite en Égypte pour la bibliothèque du CE (vous pouvez être la première à le lire avant de le verser à la bibliothèque !). Mon prochain livre sorte en 2018, il s’intitulera Raffut et il parle de rugby et de handicap mental, vous pourrez l’offrir à votre mari !
Aux urgences de Bry-sur-Marne
Dans la salle d’attente
Une belle variété de personnes
Un téléviseur allumé
Longtemps que je n’en avais vu un
En fait tout va bien dans le monde
En fait tout va bien dans le monde
Macron a déjà tout réparé
Encore un peu de terrorisme qui fait chier
Encore un peu de terrorisme qui fait chier
Mais dans l’ensemble tout va
Dormez braves gens
Dormez braves gens
Et, de fait, personne ne regarde
Le téléviseur muet
Le téléviseur muet
Suis-je le seul à le remarquer ?
Tous plongés dans leur téléphone
Une très chouette infirmière
Me demande si je suis belge
Son compagnon s’appelle comme moi
Profession ?
J’ose (pour rire)
Écrivain !
Ah ? dans nos fichiers
Vous êtes connu comme informaticien
J’emmerde l’informatique !
Une chouette docteure
Se frotte les mains avec intérêt
Pour mes rougeurs pas ragoûtantes
Je lui propose de la cartographie expérimentale
Elle dessine au stylo-bille
Les contours de mes rougeurs
Je suis aux urgences
Et je pense aux cartographes
De mon Facebook®©™ bio
Je grelote
En plein mois d’août
Autour de moi les gens sont en nage
On me propose la nuitée
Je ne refuse jamais
De dormir ailleurs
Mon hôte s’appelle Kevin
Un chouette infirmier
Qui me parle comme à un vieillard
Kevin me propose un plateau-repas, j’accepte
Mais je préviens Kevin que je n’ai pas mangé
Depuis trois jours, je vais picorer, au mieux
Kevin, le chouette infirmier
Me fait remarquer que cela ne le changera
Pas des autres patients, tous très âgés
Et, de fait, on amène mon compagnon de la nuit
Un très vieux monsieur qui me fait penser
Immédiatement à Mr Lawson de Robert Frank
Mon Mr Lawson,
Mon Oncle Stanley à moi
S’appelle Roger
Mon Oncle Stanley ne tient plus sur ses jambes
Ne maîtrise plus ni mains ni sphincters
Mais il a une bouille. Et un sourire édenté !
Il n’entend plus très bien
Du coup il parle
Très très très, très, très fort
Et aussi, et ça j’aime
À un point ! il rit
Très très très, très, très fort
Et, le pauvre !
Il a mal partout
Dans n’importe quelle position
Mais il rit
Il a l’œil
Qui pétille
Je comprends mal
Ce qu’il me dit
Mais on se comprend bien
Kevin est un peu las des nombreuses demandes
De changements de positions de Mon Oncle Stanley
Alors j’apprends à me servir des commandes du lit
Mon Oncle Stanley et moi
On trouve des positions
Pas toutes dans le manuel
Et ça le fait rire
Mais rire
Très très très, très, très fort
Je ne vais pas tarder
À découvrir que Mon Oncle Stanley
A d’autres talents
Julia s’égare
Pour me rapporter mes affaires
Fine psychologue, sans sens de l’orientation
Elle a oublié mon respirateur
On rit très très très, très, très fort
Fine psychologue, tête en l’air
Je m’endors
Je me réveille, Julia a branché mon respirateur
Et me tend le masque, m’embrasse, s’en va, je dors
Choses entendues et choses vues
La nuit sera longue aux urgences
Et les nerfs de tous très éprouvés
Des hommes sombres (pompiers ?)
Poussent un brancard sur lequel
Git un homme sans vie
Mais trouvez-nous quelqu’un
Elle est en train de se maculer
Avec ses selles !
Voix de Kevin, paniqué
Mais Madame où est-ce que
Vous allez, vous ne pouvez pas marcher ?
Chute (bruyante)
Kevin hurle (bruyamment)
Un numéro codé
Des collègues rappliquent
Saint-Lazare à 8 heures serait
Plus tranquille pour dormir
Kevin, lampe de poche dans la bouche
Soulève mon bras, prend mes constantes
Et répond au téléphone, il est trois heures
Mais pourquoi ils nous l’amènent
Il ne va pas passer six heures ?
Je ne dors plus, je ne veux plus
Aux toilettes je découvre
Que les rougeurs ont fraudé les frontières
Et sont désormais dans l’aine. J’ai peur
Je prends mon téléphone de poche
Et je tâche de prendre en note
Mes poèmes de ma nuit aux urgences
►http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/agnel_minton.mp3
J’ai passé la nuit
Avec Phil Minton
Et Sophie Agnel
Le vieux monsieur à côté de moi
A un très étonnant répertoire
De raclements de gorge
Et avec la tringlerie de son lit
Il produit une grande variété sonore
Nuit aux urgences
(Tête de Sophie Agnel
Quand elle a reçu
Ces neuf lignes !)
Arrivée de l’équipe du matin, soupirs
Des aides-soignantes qui doivent passer la wassingue
Sur les scènes de guerre de la nuit
La vieille dame qui ne peut plus marcher
Fait une nouvelle tentative d’évasion
J’ai de l’admiration pour son opiniâtreté
Quant à la dame qui fait du Gasiorowski
Elle a, apparemment
De nouvelles idées
Mon Oncle Stanley à moi
A des accidents de pistolet
C’est comme ça qu’on dit
Bref, c’est la foire
La visite de la docteure
Arrive avec le petit-déjeuner, tard
Mon Oncle Stanley à moi
N’a plus aucune maîtrise de ses mains
Mais il tente de se débrouiller
Un jour, peut-être
Je me battrais avec la cellophane
D’un duo de biscottes
La docteure est chouette
Elle vient en aide à l’Oncle Stanley
Elle lui beurre ses biscottes
La docteure est chouette
Elle beurre les biscottes, pendant que cela
Continue d’être la guerre pour les aides-soignantes
La docteure est chouette
Elle prend beaucoup de précautions
Pour ménager l’Oncle Stanley
Elle note deux ou trois trucs
Mesure une plaie avec un petit décimètre
D’écolière, bonne élève, débrouillarde (et souple)
Elle voit que les aides-soignantes sont au clip
Aide l’Oncle Stanley avec son jus d’orange
Et d’un très beau sourire, s’excuse
Vous êtes Monsieur De Jonckheere
Vous êtes arrivé hier à 1800 avec épisodes fébriles
Vous avez un érysipèle, dites-moi
Elle est chouette,
Elle écoute tout attentivement
Elle me fait préciser des trucs
Elle regarde attentivement la cartographie expérimentale
Les rouges gagnent du terrain, mais reculent pas endroits
Elle est rassurante, pas d’amputation ? Non pas encore !
Elle est chouette,
Elle me rassure
Ce n’est pas moche, dit-elle
Elle est chouette
Elle promet de revenir avec un confrère
Infectiologue, pour être sûre, dit-elle
J’échange quelques messages avec Julia
Avec Clément, je rassure mon monde
Mais quelle nuit !
On emmène Mon Oncle Stanley
À la radiographie, ça l’amuse beaucoup
Il rit très très très, très, très fort
►http://www.desordre.net/musique/zappa_illinois_ennema_bandit.mp3
Où je découvre que, par je ne sais quel miracle
J’ai dû faire un test, que sais-je ? sur mon téléphone
Se trouve tout Bongo Fury de Frank Zappa
Je profite de l’absence de Mon Oncle Stanley
Pour écouter Zappa au téléphone
Comme Proust écoutait du théâtre
Sophie Agnel me répond
Je suis devenu ami avec elle
On rigole à propos de Phil Minton
Je lis Les Beaux jours d’Aranjuez
De Peter Handke, splendide
Aux antipodes du navet de Wenders
Dans le couloir j’entends
La chouette toubib parler de moi
C’est un Monsieur, la soixantaine
Arrive l’infectiologue
Je ne savais pas qu’un jour
Je serais content d’en voir un
La chouette toubib lui dit que ma CPS
Était à 220, je corrige, 227
C’est bon, j’ai leur attention
L’infectiologue étudie la cartographie expérimentale
Inspecte mes pieds, trouve à redire
Un mois dans les Cévennes, des pieds de Cévenol
Il montre une région de la carte
Où il décèle le recul des Rouges
Je suis confiant, dit-il
La chouette toubib me sourit
Cette docteure aime ce qu’elle fait
Elle est complètement du côté de la vie
Je vais tout de suite signer
Vos papiers de sortie
Appelez votre fils
Huit heures plus tôt
Je considérais la vie
Amputé
Arrivent Mon Oncle Stanley et son plateau
Pas d’aide soignante, je lui propose de l’aider
Je lui coupe sa viande et lui donne une bouchée
Il a un sourire extraordinaire
Elle est bonne exulte-t-il
Cet homme a encore du plaisir
Il rate une bouchée
On rit très très très, très, très fort
Je voudrais l’embrasser
L’aide-soignante me voit catastrophée
Je la rassure, j’aime ce que je fais
Tellement plus que l’ open space , pense-je
Et je pense justement que si mes collègues
Me voyaient et m’entendaient
Rire très très très, très, très fort…
Avec l’aide-soignante qui a repris les commandes
Pendant qu’elle donne à manger à Mon Oncle Stanley
On parle des citronniers de son enfance, en Algérie
Clément arrive, quand je sors
La guerre est finie
Mme Gasiorowski est passée à autre chose
La chouette toubib me signe les papiers
Elle me donne des prescriptions
Et des conseils, elle rayonne
Elle me demande comment je me sens ?
Je réponds soulagé, mais très fatigué
Je n’entrerai pas dans une mêlée, dis-je
Ah je me disais aussi
Vous êtes comme mon mari
Un faux sauvage, un rugbyman
Je la remercie, j’ai tellement d’admiration
Pour cette docteure qui beurre les tartines
De Mon Oncle Stanley, elle est solaire
Je fais mes adieux à Mon Oncle Stanley
Je suis obligé de guider sa main dans la mienne
Cet homme m’a redonné de l’espoir, pour longtemps
Et quand je pars finalement
Il dit très très très, très, très fort
Au revoir mon petit gars !
Je pourrais pleurer
D’être le petit gars
De Mon Oncle Stanley
Arrivés à la maison
Clément m’aide
Je n’ai toujours pas faim
Je tente de grappiller
Quelques heures de sommeil
En pensant à Mon Oncle Stanley
Cela faisait longtemps
Que je n’avais pas vécu
Une telle aventure !
Le reste de la journée
Est évidemment
Très morne
Cela ne peut pas être
Urgences à Bry-sur-Marne
Tous les jours !
Are You Downplaying Luck’s Role in Your Life? - Facts So Romantic
▻http://nautil.us/blog/are-you-downplaying-lucks-role-in-your-life
We’re self-promoters, even to ourselves.Photograph by Alex de Haas / FlickrWhen we succeed, we often take that success, in retrospect, to be the result of suffering that liquid trinity of blood, sweat, and tears. Perhaps fortune favored you here and there but, by and large, it was your effort and talent—not contingency—that won the day. Nonsense, says Robert Frank, a professor of economics at Cornell University and the author, most recently, of Success and Luck: Good Fortune and the Myth of Meritocracy. Just consider the case of the actor Bryan Cranston, a “vivid example,” he says, of the importance of luck’s invisible hand. Cranston got to play Walter White, the school-teacher-turned-meth-dealer in Breaking Bad, because two talented actors, John Cusack and Matthew Broderick, refused the (...)
Robert Frank - L’Amérique dans le viseur
▻http://www.arte.tv/fr/videos/050350-000-A/robert-frank-l-amerique-dans-le-viseur
Figure marquante de la photographie de la seconde moitié du XXe siècle, #Robert_Frank a fait de l’image le matériau premier de sa créativité. Compagnon de route du mouvement beatnik, auteur de l’ouvrage culte « Les Américains », il se livre avec générosité et humour dans ce portrait passionnant.
Encouragé par son aîné Walker Evans, l’Américano-Suisse Robert Frank laissera sa trace dans l’histoire de la #photographie. Pour lui, tout commence avec « Les Américains », son premier livre. Publié à la fin des années 1950, l’ouvrage réunit 83 clichés, savamment choisis parmi les plus de 20 000 qu’il a collectés au fil des trente étapes d’un long périple à travers les États-Unis. « Les visages sont plus intéressants que les paysages, alors je me suis concentré pour me rapprocher des gens », précise le photographe, lorsqu’il raconte la genèse de son deuxième « road trip », effectué après plusieurs mois passés au Pérou. Saisis dans la banalité du quotidien, ses portraits d’hommes et de femmes, travailleurs modestes des villes et des campagnes, ont donné chair aux grands oubliés du rêve américain de l’après-guerre. « À l’époque, rappelle-t-il, la plupart des critiques ont été assez méchants. Ils ont dit : ’Ce type doit haïr l’Amérique pour photographier des gens comme ça.’ [...] J’étais un chasseur. Un chasseur d’images ; ce voyage m’a appris à l’aimer. »
Manuel Valls
Quitte
Le Parti Socialiste
« Une page pour moi se tourne.
Je veux siéger au cœur de cette majorité,
Par cohérence.
Une partie de ma vie politique s’achève.
Je quitte le Parti socialiste,
ou le Parti socialiste me quitte. »
« Je voterai la confiance »
au gouvernement le 4 juillet,
a-t-il ajouté.
Sec
Vieux
Fatigué
Vous êtes un homme de récits (ton psy)
Je regarde par la fenêtre
Pas un récit ne vient
Je regarde par la fenêtre
Longtemps, souvent
Robert Frank
Tu cherches le nom d’un musicien
Tu tombes sur une photo d’elle
On voit ses jambes
Tu cherches le nom d’un musicien
Tu tombes sur une photo d’elle
Elle porte une robe que tu lui as otée
Mon bébé
Ne fait pas ses nuits
Comment l’aider ?
Emmanuel Macron
Sa course à la présidentielle
Adaptée dans un jeu vidéo
La justice refuse
la création d’un centre d’accueil
pour migrants à Calais
Motivez
Vos salariés
Et faîtes des économies
Des commentaires dans le journal
Voient la crise des réfugiés
Comme un problème de voisinage à Calais
« Tu sais Philippe », me dit ma responsable
« Tout ce qui ne te tue pas te rend plus fort
? et un jour quelque chose te tue »
Va
C’est l’heure
Du psy
De la psychologie de comptoir
Avec ta responsable, de la freudienne
(De la pure) avec ton psychanalyste
Exercice de psychanalyse en esthète
Faire coïncider la révélation de toute une vie
Avec l’arrivée imminente d’un orage
L’orage n’éclate pas
Ou trop tard
La révélation sera pour une autre séance
Limite tu te ferais engueuler
Par ton psychanalyste
Tu ne notes plus tes rêves
Limite tu en inventerais un
Sur le champ
Pour ne pas te faire gronder
50 €
Psy
27/06/17
Je n’aurais jamais cru
Écrire un poème
Dans une souche
Bonjour Messieurs-dames
Est-ce que vous auriez une petite pièce
Pour acheter de la drogue
La drogue coûter cher
J’accepte donc aussi les billets
Et parfois je m’achète à manger
▻http://www.desordre.net/musique/braxton.mp3
Dans le métro de New York, 1988
Un saxophoniste joue comme Braxton
If you don’t gimme money, I’ll keep on playin’
Une amie
Psychanalyste
M’envoie un smiley
En sortant du bureau
Tu as rendez-vous avec Aude
Au Bistro Du Marché
Tu as de l’avance
Tu travailles au bistro
Tu devrais faire cela tous les soirs
Avec Aude,
Je comprends
Et j’apprends
Deux heures
Avec Aude
Au café
Nous sommes interrompus
Par l’arrivée dans le même café
De vous savez qui
On est peu de choses
Je suis au bord des larmes devant Aude
Je suis peu de chose
►http://www.desordre.net/musique/mjq.mp3
Je me remonte le moral en écoutant le MJQ
Un enfant fait une crise de nerfs devant chez moi
Je suis ramené à mes colères enfantines
Le soir, énervé
Irascible
Et rien au cinéma
Se pourrait-il que John Lewis
Milt Jackson, Percy Heath et Connie Kay
Fassent partie de ta réserve sanitaire ?
Sarah m’a prêté une version longue
D’un des films du Décalogue de Kieslowski :
Une brève histoire d’amour !
Une brève
Histoire
D’amour
Tu
Ne seras pas
Luxurieux
Je regarde
Une brève histoire d’amour
Pour oublier une brève histoire d’amour
Ton psychanalyste te gronde
Je suis peu de chose, devant elle
Une Brève Histoire d’amour de Kieslowski
This moving photo essay flips the script on race expectations
In a feature titled “Let’s Talk About Race” for O, the Oprah Magazine’s May 2017 issue on race, photographer #Chris_Buck published a photo essay reversing the roles of women of color and white women. Buck, who is white, was commissioned by the editor-in-chief at O, Lucy Kaylin, who curated the feature to encourage more open conversation about race. Kaylin told Mic News that the concept came out of a meeting with Oprah Winfrey herself.
#photographie #clichés #racisme #xénophobie #rôles_inversés
cc @albertocampiphoto @philippe_de_jonckheere @reka
Doug Rickard – Mírame y sé color
▻https://mastersofphotography.wordpress.com/2017/03/30/doug-rickard
Signalé par @freakonometrics sur Twitter
Doug Rickard
30 March, 2017Posted in CitiesTagged E.U.
Rickard’s work evokes a connection to the tradition of American street photography, with knowing references to Walker Evans, Robert Frank and Stephen Shore. He both follows and advances that tradition, with a documentary strategy that acknowledges an increasingly technological world—a world in which a camera mounted on a moving car can generate evidence of the people and places it is leaving behind. Collectively, these images present a photographic portrait of the socially disenfranchised and economically powerless, those living an inversion of the American Dream.
#photographie #états-unis #pauveté #shrinking_cities #décadence
▻http://www.desordre.net/photographie/numerique/quotidien/index.htm
Je repasse en une (un bien grand mot) ce texte (un bien grand mot) de présentation des séries d’images du Quotidien (un bien grand mot aussi), parce qu’il fixait rendez-vous aux visiteurs et lectrices du Désordre début 2017 pour un nouveau tryptique, celui regroupant une image de l’année 2014, une de l’année 2015 et une de l’année 2016. C’est chose faite ( ▻http://www.desordre.net/photographie/numerique/quotidien/index005.htm ). Et voilà donc comment je présentais cette série, début 2014.
Chaque début d’année, je me livre à cet exercice : je choisis une et une seule photographie pour chaque journée de l’année tout juste écoulée. Donc à la question, mais alors tu prends au moins une photographie tous les jours ?, absolument tous les jours ?, la réponse est, ben oui, on pourra dire que j’aurais passé une grande partie de ma vie avec un gros truc noir qui me bouche la vue. Et naturellement c’est l’occasion de faire de cette rubrique, Tous les jours, un point d’entrée sur d’autres recherches en développement dans le reste du site dans le cours de l’année en question (l’image est parfois clicable qui permet justement cette ouverture).
J’ai entamé cette série consciemment en 2007, on peut donc accéder aux séries de 2008, 2009, 2010, 2011, 2012 et donc 2013 que je viens de terminer.
Cela ne s’arrête pas là. Fin 2007, j’ai eu l’idée d’un triptyque, que j’ai appelé le Quotidien (quand j’y pense je ne suis pas très fort pour les titres, les meilleurs titres ce sont souvent mes amis et mes proches qui me les soufflent, B. par exemple a eu l’idée lumineuse de Dans les lignes de sa main pour Robert Frank, là franchement elle m’a tiré d’un terrible embarrras, donc quand vous trouvez que le titre est bon, dites-vous que c’est sûrement parce que je n’y suis pour rien, sinon s’il est mauvais c’est qu’il est bien de moi). Ce triptyque prend au hasard une des photos de la série Tous les jours de 2005 pour l’associer avec une autre image tirée au hasard parmi les images de 2006 et une troisième au hasard parmi les images de 2007.
Fin 2010, j’ai eu le plaisir de proposer un nouveau triptyque avec les années 2008, 2009 et 2010. Et, vous me connaissez, je me léchais déjà les babines à l’idée que fin 2013 je pourrai produire à la fois un nouveau triptyque et à la fois une page qui reprendrait un carré de neuf photographies prises au hasard parmi les années, 2005, 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012 et 2013. Pour tout vous dire je piaffais d’une impatience un peu inquiète tout de même, parce que ce qui fonctionnait à l’état de triptyque, rien ne m’assurait que cela fonctionnerait aussi sous la forme de ce collage de neuf images.
Et j’ai eu raison à la fois de piaffer et à la fois d’être inquiet, parce quand j’ai lancé la première sonde, le premier script, force est de constater que le résultat était plus souvent décevant que réjouissant. Certes, des fois le hasard faisait bien les choses, mais le plus souvent le hasard bâclait l’affaire, sans compter que la mise en page des neuf images, cela paraît idiot, mais était tout sauf une réussite (je fais statistiquement peu de photographies verticales, leur rareté pose justement un problème pour ce qui est de les accueillir souplement). Bref il a fallu resserrer les boulons ce qui fut fait de la façon suivante, une fois sur dix, une ou plusieurs images sont remplacées par des blancs, ce qui rend la mise en page moins monotone. La taille des images a été reprise de telle sorte que l’ensemble reste visible sur un écran qui ferait 1024 pixels de large. Les tailles des images ne sont pas les mêmes partout, il y a de petites variations sur lesquelles le hasard s’appuie pour construire des pages que l’on espère plus belles de cette façon, moins monotones. Et, last but not least, pour accéder au rafraîchissement de la page, il arrive de temps en temps que le lien actif soit placé sur une seulement des neuf images, pas toujours la même, ça c’est pour vous ralentir un peu, de telle sorte que vous ayez une vraie chance, pour chacune des 239 427 255 106 832 018 688 000 possibilités de pages (et pour les amateurs de réseaux asociaux, je vous enjoins d’attendre d’avoir vu TOUTES ces possibilités avant de vous empresser de signaler une telle page sur ce qui vous tient lieu de ligne de vie) de tisser une narration qui vous est personnelle pour lier entre elles les neuf images que le hasard s’ingénie à vous proposer de façon désordonnée. Au passage on note immodestement comment un certain Jean-Marie Queneau est littéralement enfoncé avec ses misérables cent mille milliards de petits bouts rimés.
Sans compter qu’aussi nombreux que vous soyez à regarder cette page, et même plusieurs propositions de cette page, il est peu probable que deux visiteurs voient, ne serait-ce qu’une seule fois, la même combinaison. CQFD : cette page n’est pas partageable sur les réseaux asociaux, vous ne pourrez pas dire, tiens regarde-ça !, « ça » n’existe que par très faible intermittence. Et vous n’imaginez même pas à quel point cette pensée m’est agréable.
Il ne me reste plus qu’à vous donner rendez-vous début 2017 pour un nouveau triptyque, début 2020 pour un autre triptyque encore, et fin 2020 pour un nouveau « carré » qui cette fois comportera seize images tirées au hasard. Je peux rêver d’être encore dans les parages fin 2029 pour un carré de 25, fin 2038 pour un carré de 36, fin 2053 pour un carré de 49 images, en aurais-je encore les forces alors ?, à l’âge de 89 ans tout de même, en revanche je déclare forfait pour 2068 pour un carré de 64 images, désolé, je m’y suis pris trop tard.
Et puisqu’il est question d’un certain nombre de possibilités de lectures, vous êtes allé faire un tour sur les derniers mois de la Vie ? Parce que là autant vous le dire tout de suite avec 18.000 fichiers images (pour la seule année 2013) jetés sur la page avec autant de paramètres aléatoires, notamment l’emplacement de chaque image tirée au hasard et l’opacité déterminée de façon aléatoire également, le nombre de possibilités doit excéder, et de loin, le nombre de molécules présentes sur Terre. Et ce n’est que la première année. Dès le mois prochain j’entame une nouvelle page de la Vie, intitulé Toute la Vie, et qui amalgamera désormais toutes les photos de cette rubrique toutes années confondues. La page d’accueil du Désordre étant ce qu’elle est également, extrêmement résistante au calcul de probabilités, et qui envoie vers autant de pages qui sont faites de cette façon désormais curieuse et non fixe, autant vous dire que dorénavant plus personne ne voit la même chose sur le site du Désordre. On ne peut donc plus rien partager (signaler) dans le Désordre. Les réseaux asociaux sont enfoncés à leur tour, le nombre de leurs participants ne sera jamais suffisant pour produire des doublons du Désordre. On ne peut pas reproduire le Désordre. Le Désordre gagne.
Bref en 2053 le Désordre régnera, je serai le maître incontesté d’Internet et du nombre de molécules présentes dans toute la galaxie.
On se rassure comme on peut.
J’imagine que c’est le moment où jamais, étant donné les considérations chiffrées du jour, de vous souhaiter une bonne année, comme dirait une connaissance, historien de son état, on est repartis comme en 14.
Et sinon for something completely different , ce n’est pas tant que la rubrique Qui ça ? soit en berne mais disons que ses récentes chroniques sont pour le moment un peu trop personnelles pour être intégrées ici. Mais que @reka se rassure, je continue de prendre des produits, et de la bonne.
▻http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/stooges.mp3
J – 72 : Si je devais faire un film à propos d’une de mes idoles de jeunesse, qui choisirais-je ? Les Beatles ? est-ce que le film Let it be n’est pas déjà le film que j’aurais aimé faire, toutes proportions mal gardées. Frank Zappa ? mais alors je ne pense pas que j’aurais pu me mesurer au déluge visuel de certaines réalisations cinématographiques de Frank Zappa lui-même, du temps des Mothers Of Invention et de 200 Motels . Patti Smith ? là je crois que je n’aurais pas fait mieux que les films de dévotion déjà existants — à croire que je ne sois jamais entièrement revenu de l’érotisme d’ Easter finalement, à la fois la pochette et à la fois Redondo Beach et Kimberly , passons. Lou Reed ? ouh la et me mesurer au génie cinématographique de Warhol, même si les films de ce dernier en collaboration avec le Velvet Underground ne sont pas ses meilleurs, loin s’en faut. Et puis surtout, je crois que si je faisais un film à propos d’une de ces idoles, j’aurais aimé le faire sur le motif comme Robert Frank avec les Rolling Stones dans Cocksucker Blues , et ne pas faire de cadeau à ces idoles, il y serait peut-être même question d’une certaine forme de revanche si ce n’est de vengeance.
Jim Jarmusch, oui, ce sont les Stooges. Ce qui est sans doute pour lui un choix tout à fait cohérent. Oui, mais les Stooges, comment dire, musicalement c’est quand même pas extraordinaire, à part, peut-être, comme j’en discutais avec Julien qui s’y connait nettement plus que moi en musique battue, l’album Fun House et encore c’est vraiment gratter la viande sur un os blanchi par la pluie dans l’écuelle de Médor. Donc je n’ai jamais été très fan des Stooges ou encore d’Iggy Pop dont j’aime malgré tout la chanson Passenger , mais comme on aime bien un tube d’été justement pour ce qu’il nous rappelle l’été en question, je viens d’aller vérifier la date de sortie de Passenger , septante sept, du coup cela ne doit pas nécessairement être un tube d’été. Je m’en doutais un peu. Mais pour Jim Jarmusch, les Stooges, cela paraît assez cohérent : dans Coffee & Cigarettes il y a le très beau duo entre Iggy Pop et Tom Waits qui installe bien l’ambiance de ce film très réussi.
Et cela aurait pu être un film presque parfait, c’est même comme ça que cela part, à la fois pour une manière d’auto-inventaire qu’Iggy Pop réalise filmé assis dans la buanderie de chez lui, Regular Jim, guy next door, Joe Blow comme dit en américain pour désigner Monsieur-tout-le-monde, mais un monsieur-tout-le-monde qui aurait eu une destinée pas tout à fait comme celle de tous les messieurs-tout-le-monde-du-monde, mais dont on sentirait bien aujourd’hui qu’il aimerait bien revenir à cette vie de Monsieur-tout-le-monde qui vit toujours dans sa grande caravane, mais à la fois aussi par le très habile subterfuge de la part de Jim Jarmusch de compenser le manque d’images d’archives strictement relatives aux Stooges en employant force images du vernaculaire américain avec quelques effets de montage très réussis, en incrustation, en incise rapide ou encore en superposition, un véritable plaisir formel de montage qui aboutit à quelques images tierces très éloquentes. Par exemple, des images de l’Amérique de la fin des années 60 dans laquelle la consommation et la puissance économique sont nettement plus prégnantes que celles d’un début de contestation dont on comprend très bien comment elle sera vite assimilée par la culture dominante, Iggy Pop singeant Crosby, Stills & Nash fredonnant Marrakech Express dit, en une poignée de secondes, toute l’inanité de cette fausse révolte, oui, Iggy Pop comme il le revendique lui-même aura beaucoup contribué à balayer vers le seuil de la porte les dernières poussières des années 60 et ce n’était sans doute pas un mal.
Et même il y a rapidement, trop rapidement, une photographie de James Williamson, le guitariste des Stooges, dans son costume de grand cadre chez Sony qui dit bien l’improbabilité complète de tout ce cirque.
Mais il semble que là même où Jim Jarmusch aurait pu porter l’estocade finale à ce grand barouf, là où il aurait pu démontrer que les Stooges étaient surtout des suiveurs du MC5, qu’ils n’ont pas inventer grand-chose, ou encore que le seul hymne finalement c’est I Wanna Be Your Dog et qu’ils doivent leur destinée remarquable à la conjonction d’une chance insigne et d’hommes d’affaires à l’époque qui n’écoutaient même pas les disques qu’ils produisaient et donc pouvaient paraître jouer tout cet argent à une forme halluciné de poker, là où il aurait effectivement fallu envoyer valdinguer tout cela, Jim Jarmusch n’a pas su se départir de son idolâtrie adolescente, ce que je trouve toujours un peu suspect de la part des hommes de son (grand) âge. C’est d’autant plus dommage d’être passé à côté de cette opportunité qu’Iggy Pop semblait partant pour cet inventaire lucide, notamment quand il évoque l’enfer de la toxicomanie, se gardant bien d’y faire référence à la façon de ces habituels anciens combattants du truc. Et ce film Gimme Danger de Jim Jarmusch aurait pu être le véritable équivalent cinématographique du travail photographique de Jean-Marie Delbes et Hatim El Hihi qui, depuis une vingtaine d’années réactualisent avec force coups de tampons de clonage dans le logiciel de retouches d’images numériques les pochettes célèbres de l’histoire du rock, en supprimant les étoiles éteintes. Plutôt que cela Gimme Danger est un film de fan, certes un fan très adroit, notamment au montage, mais un fan. Un fan qui passe à côté d’un véritable documentaire.
Et comme je le disais au début de cette chronique, je n’aurais pas fait mieux avec Patti Smith. Ou les autres précités.