person:voltaire

  • Paris : pas de répit pour les expulsions
    https://fr.squat.net/2016/07/21/paris-pas-de-repit-pour-les-expulsions

    Le 16 juillet 2016, en fin d’après-midi, une ribambellle de personnes habillées en blanc accompagnées d’excentriques musiciens ont defilé le long du boulevard Voltaire jusqu’à la Mairie du 11e arrondissement. Sur le parvis, ils ont foutu un joyeux bordel musical et dans les rues qui les emmenaient (...) — Actualités, manifestation, Paris

  • Emmanuel Todd : « L’étape numéro 4, après le réveil de l’Allemagne, de la Russie, et du Royaume-Uni, doit être le réveil de la France. Suivre les Anglais est conforme à notre tradition révolutionnaire »

    Le Brexit, et après ? L’historien et démographe Emmanuel Todd s’exprime en exclusivité pour Atlantico pour analyser en profondeur la signification du vote britannique en faveur d’une sortie de l’Union européenne. Grand entretien.


    . . . . . Extrait
    Ce référendum sur le Brexit, dans cette logique, c’est l’étape numéro 3 : la réémergence du Royaume-Uni en tant que nation. 

    Et quelle serait la spécificité du Royaume-Uni dans cette dynamique de retour à la nation ?

    Ils ne sont pas les premiers mais c’est probablement l’étape la plus importante parce que c’est l’un des deux pays leader de la mondialisation. Avec Margaret Thatcher, ils avaient un an d’avance sur les Etats-Unis dans la révolution néo-libérale. Ils font partie de ces pays qui ont les premiers impulsé cette logique. Un re-basculement anglo-américain vers l’idéal national est plus important que l’émergence allemande ou la stabilisation russe. Depuis le XVIIe siècle, l’histoire économique et politique du monde est impulsée par le monde anglo-américain. La nation anglaise a deux caractéristiques combinées et contradictoires. Il s’agit d’abord de la culture la plus individualiste d’Europe, la plus ouverte ; c’est le pays qui a inventé la liberté politique. Ensuite, et paradoxalement, c’est aussi une identité nationale à base ethnique pratiquement aussi solide que celle des Japonais. Comme les Japonais, les Anglais savent qui ils sont. 

    Si l’on suit votre raisonnement de retour à la nation, après l’Allemagne, la Russie, et maintenant le Royaume-Uni, quel pays est le suivant ? 

    Pour accepter ce que je vais dire, il faut sortir des poncifs sur l’Angleterre, ces Anglais bizarres qui ont des bus à deux étages, qui roulent à gauche, qui ont de l’humour, une reine respectée, etc…Tout cela est vrai. Mais il faut surtout voir les Anglais en leader de notre modernité, dans la longue durée braudélienne. La révolution industrielle est venue d’Angleterre et d’Ecosse, et elle a économiquement transformé l’Europe. Les révolutions industrielles française, allemande, russe et les autres n’en sont que les conséquences. Mais avant même la transformation économique, les Anglais ont inventé notre modernité libérale et démocratique. Le véritable point de départ, c’est 1688, ce que les Anglais appellent la « Glorious Revolution » par laquelle la monarchie parlementaire a été établie. Si vous lisez les « lettres anglaises » de Voltaire de 1734, vous verrez son admiration pour la modernité anglaise, avec des choses très drôles sur les quakers ou l’absence de vie sexuelle de Newton. En 1789, le rêve et l’objectif des révolutionnaires français, c’est de rattraper l’Angleterre, le modèle de la modernisation politique. C’est le modèle, que j’accepte, de Daron Acemoglu et James Robinson, dans leur bestseller Why Nations Fail, d’autant qu’ils sont très sympas pour la France ; ils soulignent que l’apport de la Révolution française à l’ensemble du continent a été capital, que notre Révolution a généralisé l’idéal d’inclusion du peuple. Reste que c’est l’Angleterre qui a inventé le gouvernement représentatif.

    Dans ce contexte, il n’est pas illogique de constater que le premier référendum qui aura vraiment des conséquences pour l’Union européenne, le référendum historique, a eu lieu au Royaume-Uni. Un référendum est une procédure inhabituelle en Angleterre. Mais l’objet de ce référendum, et cela est très clair, c’est que la première motivation des électeurs du Brexit, selon les sondages « sortie des urnes », c’est, avant l’immigration, le rétablissement de la souveraineté du Parlement. Car jusqu’au Brexit, le Parlement anglais n’était plus souverain alors que le principe de philosophie politique absolu pour les Anglais, c’est la souveraineté du Parlement.
    Je conclus : logiquement, l’étape numéro 4, après le réveil de l’Allemagne, de la Russie, et du Royaume Uni, doit être le réveil de la France. Suivre les Anglais est conforme à notre tradition révolutionnaire.

    A vous entendre, finalement, et en suivant votre logique, l’axe qui convient pour « changer l’Europe », n’est plus le couple franco-allemand, mais le couple Paris-Londres ?

    Oui. Il y aura une Europe des nations. Mais dans cette Europe des nations, pacifique, j’espère, il y aura toujours des problèmes d’équilibre des puissances et, bien entendu, l’Allemagne va rester quelques temps encore la puissance économique prédominante. A moyen terme, la crise démographique et l’aventurisme migratoire des Allemands laissent présager une grave crise politique dans le pays, et sur le continent - mettons dans les 20 ans qui viennent.
    L’une des fautes majeures des dirigeants français est de ne pas avoir compris, de ne pas avoir été capables d’anticiper que le bon rééquilibrage avec l’Allemagne, ce n’était pas l’euro, qui nous détruit, mais l’axe Paris-Londres,
    inéluctable à moyen terme, qui ne définira pas un couple de circonstance parce qu’il est dans la logique des forces et des cultures.

    Il y a un grand mensonge des élites françaises lorsqu’elles prétendent se méfier de l’Angleterre. C’est en réalité le seul pays européen auquel nous faisons absolument confiance et c’est pour cela que c’est le seul pays avec lequel on peut efficacement collaborer sur la sécurité militaire. Ce n’est pas technique, cela révèle un rapport de confiance extrêmement fort. Continuons à dévoiler la réalité. Il n’y a que quelques dizaines de milliers de Français à Berlin alors qu’il y en a des centaines de milliers à Londres. Comme il y a des Anglais en France. Il y a deux mégalopoles jumelles en Europe, qui sont Londres et Paris. Les dynamiques démographiques des deux pays sont les mêmes, proches de deux enfants par femme. Le discours sur l’opposition entre l’Angleterre néolibérale et inégalitaire et sur la France de l’Etat social contient un élément de vérité, mais lorsque l’on observe ces deux pays, on voit qu’ils évoluent en parallèle, sur l’oppression des jeunes, les privilèges des vieux. Toutes les nations sont différentes. Mais l’objectivité comparative doit nous faire admettre que le véritable monde étranger, avec ses jeunes si rares, ses loyers bas dus à la dépression démographique, son union structurelle de la gauche et de la droite, son autoritarisme social, c’est l’Allemagne, pas l’Angleterre. 

    Et comment s’opérera cette période de transition vers une Europe des Etats-nations ?
    . . . . . . . .
    L’article dans son intégralité : http://www.atlantico.fr/decryptage/emmanuel-todd-etape-numero-4-apres-reveil-allemagne-russie-et-royaume-uni-

    #Emmanuel_Todd #Brexit #Démocratie #Nation #Angleterre #Allemagne #France #euro #Brexit #Frexit #Démographie #Démocratie

  • J’ai décidé de ne pas seulement m’énerver pour les attaques contre les #cyclistes à Genève (v.cet article de la TdG : http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/cyclistes-paient-prix-fort-infractions/story/17916252), mais également de faire une petite action... A chaque fois qu’une piste cyclable est encombrée par une voiture, scooter ou similaire, au lieu de seulement m’énerver, je sortirai mon appareil photo pour montrer les dangers qu’encourent les cyclistes à #Genève.

    Parcours maison-bureau. Deux véhicules qui n’ont rien à faire sur des pistes cyclables. Photos prises le 15.07.2016.

    #vélo #Suisse #pistes_cyclables

  • Pour demain : Les Femmes sans voile accusent (article de juillet 2015...) 10 juillet, dévoilons le machisme religieux ! - Journée mondiale contre le voile : pourquoi personne n’en parle ! - Même les journaleux de Voltaire se trompent...
    http://www.marianne.net/les-femmes-voile-accusent-100235239.html
    https://vigilantes2015.wordpress.com/2016/07/04/10-juillet-devoilons-le-machisme-religieux
    http://www.bvoltaire.fr/emmanuellefrankl/journee-mondiale-contre-le-voile-pourquoi-personne-nen-parle,270263
    #femmes #voile #machisme #religions

  • #Julien_Coupat : « La loi travail est l’affront qui fait monter au front »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/130616/julien-coupat-la-loi-travail-est-laffront-qui-fait-monter-au-front

    Manifestation du 28 avril à Paris. © CG Le « réseau affinitaire Coupat » est-il derrière les débordements observés lors de la mobilisation contre la loi El Khomri ? #Manuel_Valls l’a dit à l’Assemblée, une note de la #DGSI, qui a fuité dans la presse, l’affirme également. Julien Coupat et Mathieu Burnel, tous deux mis en examen dans l’affaire de Tarnac, répondent dans Mediapart : « Ce qui se passe actuellement dans ce pays, c’est que la politique classique n’offre de toute évidence aucune issue à une situation devenue intolérable, et que de plus en plus de gens en prennent acte. »

    #France #Comité_invisible #insurrection #loi_sur_le_travail #manifestation

    • Ce que joue Philippe Martinez dans ce conflit, c’est la légitimité contestataire de son organisation par rapport aux autres formations syndicales, et sa propre légitimité contestataire au sein de cette organisation – légitimité qui lui faisait parfaitement défaut même après le dernier congrès de la #CGT. Cela étant, à voir dans tant de villes le nombre de CGTistes qui rejoignent le cortège autonome de tête et défilent, drapeaux au vent, avec les jeunes masqués, quand ils ne s’organisent pas carrément avec eux, on ne peut sous-estimer la distance qui s’est faite, en bien des endroits, entre la direction et sa base. On ne s’explique d’ailleurs pas les postures prises par Philippe Martinez ces derniers temps si l’on ne mesure pas la nécessité, pour la direction, de résorber cette distance.

      À ce point, il n’est pas sûr qu’il y ait encore quelque chose comme « la CGT », qui au reste a toujours été une fédération. Il y a la CGT qui rosse des manifestants à Marseille et celle qui défonce des locaux du PS au Havre. Il y a la CGT qui sabote des lignes téléphoniques en Haute-Loire, autoréduit la facture de centaines de milliers d’usagers d’EDF et celle qui voudrait bien négocier quelques clopinettes avec le gouvernement. Il y a la CGT qui a pour objectif d’être devant la CFDT et celle qui a pour objectif le blocage de l’Euro. Il y a même des SO [services d’ordre – ndlr] qui se battent entre eux, en pleine manifestation, pour déterminer la marche à suivre. Peu de gens y comprennent quoi que ce soit, et certainement pas le gouvernement.

      Cela posé, il ne faut jamais oublier que, depuis le 9 mars, les centrales ne font que suivre le mouvement. L’appel à manifester initial émanait de youtubeurs et d’une pétitionnaire. Les centrales s’y sont jointes parce qu’elles n’avaient pas le choix. Comme on dit à Nantes, « ce n’est pas la manifestation qui déborde, c’est le débordement qui manifeste ».

      La figure du « casseur » occupe depuis des semaines médias, politiques et sociologues. Comment le définissez-vous ?

      Il y a de la casse, indéniablement. Il n’y a pourtant pas de « #casseurs ». Médias, politiques et sociologues devraient moins s’attarder à essayer de cerner les introuvables contours du « casseur » que de se demander simplement : pourquoi, désormais, tant d’actes de casse sont-ils accueillis, dans les cortèges de tête, par des applaudissements ? Pourquoi, lorsqu’une innocente borne d’Autolib’ se fait fracasser, la foule entonne-t-elle un « tout le monde déteste Bolloré » ?

      Au moins depuis l’apéro chez Valls, où le boulevard Voltaire avait été intégralement décrassé de ses banques dans l’assentiment général, au son de slogans fort explicites, il se trouve de plus en plus de gens pour manifester leur approbation de la destruction, quand celle-ci vise des objectifs évidents. Le fait qu’un acte de ravage pur et simple déclenche de la liesse dans les cortèges de citoyens démasqués n’est-il pas plus surprenant, et plus intéressant, que l’acte en lui-même et son mystérieux « auteur » ? Quand on lui montre la lune, l’imbécile regarde le doigt.

      S’il n’y a pas de « casseurs », il y a bien des gens qui s’organisent pour prendre l’initiative dans la rue ou, à tout le moins, pour ne pas subir la gestion de troupeau policière. On comprend sans peine que cela rende hystérique le pouvoir : partout où des gens s’organisent directement, celui-ci est rendu superflu, mis au chômage, destitué. C’est donc ce processus qu’il faut propager partout, dans tous les secteurs de la vie, à toutes les échelles de l’existence. Un hôpital pris en main par les infirmières et les aides-soignantes sera toujours plus respirable qu’entre les mains de managers, comme c’est le cas désormais.

      Que le pouvoir tremble de voir se répandre des processus d’organisation autonomes à la base, et notablement dans les manifestations, n’autorise en rien à entonner la rhétorique anti-casseur. Toute cette rhétorique inépuisable, et vieille comme les manifestations, ne vise qu’à isoler la fraction la plus intrépide, parfois la plus téméraire, des manifestants. Elle vise surtout à couper à chacun d’entre nous l’accès à sa propre faculté de révolte, à nous détourner de la libération que peut former, à un certain point de l’existence, le fait de se masquer, de se ganter et de faire preuve de courage.

  • Manifestons, bloquons et occupons pour continuer le début !

    Jeudi 26 mai - #Offensive

    Appel à manifester jeudi 26 mai (et avant) contre la loi travail et son monde

    Tout le monde pensait que le mouvement ne durerait qu’un petit mois, mais l’ensemble s’est trompé et l’effervescence collective a permis de faire naître une force, jeune et moins jeune, mais unie dans la lutte.

    Cette union s’est traduite par une solidarité dans les actes de solidarité et le fait d’accepter qu’une multitude de pratiques puissent s’exprimer en manifestation ou ailleurs, de manière non-violente ou violente, mais offensives, car arrivant à arracher un peu de liberté ou devrait-on dire d’espace. Le fait d’empêcher la scission des cortèges, lorsque la police charge ou gaze est un exemple concret de victoire.

    Lorsque les bureaucraties syndicales et autres gestionnaires appellent au simple retrait de la loi travail, tout en travaillant avec la préfecture, on ne peut que leur rire au nez.
    
Demander le retrait de la loi travail est certes une nécessité pour porter la lutte, mais s’enfermer dans un simple retrait en devient néfaste, car il laisse supposer qu’avant c’était bien, ou mieux, alors que combattre la loi travail sans s’en prendre à son monde, c’est-à-dire à l’état d’urgence, au projet de réaménagement de territoire, de restructuration dans les entreprises, en gros, au capitalisme, n’a aucun intérêt.

    Les grèves se multiplient, les blocages s’accentuent, l’économie est perturbée. C’est le moment pour la jeunesse de rejoindre les travailleurs, comme elle l’a fait lors des dernières manifestations, pour les aider à bloquer et faire face aux flics qui viennent les déloger. Créer des ponts tangibles, s’inscrivant sur la durée. Une assemblée générale « On bloque tout » concernant les lycéens et lycéennes se déroulera lundi au CICP, 21 ter rue voltaire, métro rue des boulets, de 16h à 18h.

    La répression s’accentue également. Plusieurs dizaines de personnes se sont vues notifier des interdictions de manifester, à Paris, la semaine dernière. Quatre interpellations, assez arbitraires, car fondées sur des notes blanches, donc des données recueillies par les renseignements généraux. Les cibles sont claires : des individus s’organisant et non des actes.
    
Il y a aussi eu plusieurs tentatives d’occuper des lycées pour y mettre en place des projections, des bouffes pas cher, des discussions et d’autres initiatives, qui se sont soldées par des évacuations sous pression policière. En France, on envoie des gendarmes mobiles pour déloger des lycéens, dans une salle de leur établissement, tranquillement en train de discuter. Le fameux dialogue avec la jeunesse, qui se fait à coup de tonfa et de pression.

    Malgré tout, ce n’est pas le moment de flancher. Au contraire, de plus en plus de monde rejoint la lutte, ainsi on remarque que de nombreux groupes s’organisent pour tenir la rue ou imaginer d’autres initiatives créatives et permettant de faire des chouettes rencontres.

    • La prochaine manifestation aura lieu JEUDI 26 MAI, le parcours et l’horaire sont a préciser.
    • En attendant, nous appelons à retenter les occupations de lycée pour créer des situations où l’on a un impact sur le réel, sur ce que l’on organise collectivement et pouvoir s’organiser sans être pris par l’urgence du temps.
    • Soutenir les travailleurs en grève et les rejoindre sur les blocages.
    • Participer à l’assemblée générale lycéenne « on bloque tout », qui aura lieu lundi au CICP, 21 ter rue Voltaire, métro Rue des Boulets, de 16h à 18h.

    Le 22 mai 2016
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    CONTINUONS LE DÉBUT‬

    https://www.youtube.com/watch?v=UnJScwk4euU&feature=youtu.be

    https://plus.google.com/u/0/103770556917896389309/posts/258MaUDTZn3?pid=6287480273706242898&oid=103770556917896389309
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    https://www.facebook.com/Mouvement-Inter-Luttes-Ind%C3%A9pendant-182353848622139

    https://miliparis.wordpress.com

    https://paris-luttes.info/jeudi-26-mai-manifestons-bloquons-5827

  • Siné (1928-2016) et l’Inquisition
    http://www.monde-diplomatique.fr/2008/08/RIMBERT/16178 #st

    Cette fois ça n’a pas marché. Depuis le début des années 1990, on ne comptait plus les adversaires de l’impérialisme, du néolibéralisme, des médias dominants, etc., qualifiés d’antisémites, voire de « nazis (1)  » par quelque gardien de l’ordre social. Le prétexte pouvait être léger, inexistant même. Qu’importe : écrasé par la gravité de l’imputation, l’accusé devait aussitôt exciper de ses états de service antiracistes, évoquer la liste de ses amis et parents promptement transformés en cautions de moralité, autopsier un trait d’humour plus ou moins réussi.

    Rien n’y faisait. Car seul le tribunal de l’Inquisition et ses juges inamovibles (Alain Finkielkraut, Ivan Rioufol, Alexandre Adler, Philippe Val, Bernard-Henri Lévy…) avaient la permission de manier l’irrespect, la provocation, de frôler (ou de franchir) la ligne jaune de la stigmatisation collective. Eux pouvaient justifier — au nom de Voltaire et du droit à la caricature — leurs dérapages sur, par exemple, la couleur des joueurs de l’équipe de France ou l’assimilation de l’islam au terrorisme.

    Torquemada n’avait rien à redouter. Quadrillant les médias, il déployait les techniques décrites dans Le Barbier de Séville« Puis tout à coup, on ne sait comment, vous voyez la calomnie se dresser, siffler, s’enfler, grandir à vue d’œil ; elle s’élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au Ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription. » A une différence près : le « on ne sait comment » de Beaumarchais était dépassé puisque nul n’ignorait à cause de qui Edgar Morin, Pierre Péan et Philippe Cohen, Daniel Mermet, Hugo Chávez, Pascal Boniface, Jacques Bouveresse, Charles Enderlin, Pierre Bourdieu, José Bové... sans oublier Le Monde diplomatique, ont été suspectés ou accusés d’antisémitisme.

    En juillet dernier, un journal qui se voulut autrefois « bête et méchant » — et qui s’ingénie sur ce point à passer du second degré au premier — a entrepris d’ajouter à la liste le caricaturiste Siné. Torquemada, cette fois incarné par Val, est l’employeur du contrevenant. Il lui a fallu une semaine pour décréter que l’une des chroniques de Siné publiée, avec son imprimatur, dans Charlie Hebdo était… antisémite. L’accusation, fantaisiste, visait-elle à se débarrasser d’un gêneur, comme le pensent à la fois l’auteur du « délit » et d’autres caricaturistes (Martin, Lefred-Thouron, Plantu, Willem, Tignous, Pétillon) ? Récalcitrant, le prévenu a refusé de signer la lettre d’aveux que le patron du journal, s’inspirant pour le coup d’une tradition assez peu satirique, avait rédigée pour lui. Il a été congédié. L’affaire aurait pu en rester là, et Siné demeurer au banc d’infamie, lâché par la plupart de ses anciens camarades, sa photo bientôt gommée des albums commémoratifs.

    Seulement, cette fois, la manœuvre semble se retourner contre ses instigateurs. En marquant leur solidarité avec le dessinateur calomnié, des milliers de personnalités, d’intellectuels, de journalistes et d’anonymes ont signifié que ce manège devait cesser. Et que l’imputation d’antisémitisme, ce « mot qui tue » du débat intellectuel français, ne saurait être utilisée comme argument de convenance pour discréditer un adversaire trop remuant.

    http://zinc.mondediplo.net/messages/25767 via Le Monde diplomatique

  • L’Humanité et les épluchures de ma daronne
    Nadir Dendoune
    http://www.lecourrierdelatlas.com/1130503052016La-chronique-du-Tocard.-L-Humanite-et-les-epluchure

    Au début, j’avais du mal. J’avais 14 ans. Quelques poils sur le Cric. C’était écrit en minuscule. Les articles étaient immenses. Les phrases duraient et duraient : y avait des mots longs comme une ligne de chemin de fer en grève, alors, au départ, je ne lisais que les pages qui parlaient sport et parfois celles de cinéma.
    À l’époque, la lecture, c’était pas mon truc. Je préférais la télé, l’opium des pauvres. Et j’étais pas aidé par les bouquins qu’on nous proposait à l’école. Les profs nous prenaient pour des fils à papa : ils croyaient que nos parents illettrés avaient construit des grosses bibliothèques dans nos apparts exigus.
    Et puis, comme y avait pas de différence entre les « classes », on avait droit au programme pour tous, à base de Voltaire, Proust ou Baudelaire. Chiant à en mourir d’ignorance... Alors pouvoir lire quelques papiers dans l’Humanité , c’était déjà un miracle. Je prenais des plombes à venir à bout d’un article.

  • CGT Police : « Encore une journée où les donneurs d’ordre ont laissé le champ libre aux casseurs, mettant en danger la vie de noscollègues et discréditant le mouvement social. »

    http://www.police.cgt.fr/IMG/pdf_29-04-2016_communique_CGT-Police_manifestation_du_28_avril_2016.pdf

    Enfin, la police nationale commence à ouvrir les yeux et constater qu’elle n’oeuvre pas pour le peuple mais pour les intérêts de la caste corrompue au gouvernement. Personnellement, je n’ai jamais vu de prise de position aussi tranchante à l’encontre de l’exécutif de la part de la police. Ils évoquent même le cas des policiers italiens qui ont rejoints les manifestants à Turin en 2013 comme "un exemple à suivre pour nous".

    Ce geste très fort n’était pas passé inaperçu à l’époque dans les médias citoyens mais cela n’avait malheureusement pas fait d’émules au sein de la police française. On dirait que le ras-le-bol de la police nationale fait évoluer les choses et on ne peut que s’en féliciter. Les voix dissidentes commencent à se faire entendre. En 2014 déjà, un CRS se confiait à l’agence Info Libre sur les ordres dictatoriaux qui ont du mal à passer. En janvier 2016, un autre évoquait les conditions infernales de travail à Calais. Ce mois-ci, un autre CRS évoque les ordres incompréhensibles de sa hiérarchie : en gros, il faut laisser faire les casseurs. Enfin, l’ancien CRS Laurent Cuenca a enjoint ses collègues à ne pas devenir la police privée de l’oligarchie. (Fawkes)

    –------

    Manifestation du 9 avril à Paris vécue par des collègues de terrain

    Lors de la dernière manifestation parisienne du samedi 9 avril 2016 entre République et Nation, dès 14h00, toutes les forces employées ont été averties sur les ondes qu’en tête de cortège un point de rassemblement d’activistes violents était localisé boulevard du Temple avec une camionnette munie d’un drapeau « pirate ». Les autorités ont laissé partir la manif de Républi que malgré la présence de groupuscules violents anarchistes cagoulés. Aucune action n’a été menée pour empêcher la progression vers Bastille puis vers Nation de ce groupe de casseurs.

    À Bastille, un officier CRS a reçu un tir de mortier feu d’artifice tiré par ce groupe dans une jambe : plaies saignantes et profondes. Cet officier est transporté par les sapeurs pompiers. À Nation, les casseurs démontent la chaussée et le mobilier urbain pour les jeter sur des compagnies d’intervention et des gendarmes non protégés par des grilles…

    Où sont les moyens de la DOSTL ? Tels que des barres ponts et les lanceurs d’eau, qui auraient pu éviter aux malheureux collègues des compagnies d’intervention de se faire bombarder pendant plus d’une heure. Plusieurs blessés parmi les collègues des compagnies d’intervention, qui auraient pu être évités si des moyens de protections existants avaient été utilisés. Merci à la haute hiérarchie, bien au chaud dans des bureaux, de se soucier du sort des fonctionnaires de police sur le terrain…

    Ensuite, consigne est donnée de laisser partir les manifestants par petits groupes pour vider la place de la Nation puisqu’aucune action de maintien de l’ordre n’est ordonnée pour contenir, encercler et interpeler les casseurs. Ces derniers se fondent donc dans la foule des manifestants lambda pour quitter la place de la Nation par le boulevard Diderot, de bloquer celui-ci par de nombreuses barricades érigées avec des poubelles, barrières de chantiers et matériels de canalisation très volumineux, empêchant ainsi une progression rapide des véhicules de police….qui auraient pu éventuellement les poursuivre.

    Nouvelle consigne : se rendre à Bastille puisque les casseurs, qui ont quitté Nation au nez et à la barbe des collègues, s’y regroupent avant de disparaître après de multiples dégradations. Tout a été fait pour ne pas inquiéter ces casseurs du début jusqu’à la fin de la manifestation et ce ne sont pas les 140 grenades mp7 lancées place de la Nation qui ont eu le moindre effet pour les contrer efficacement et permettre à la manifestation de se dérouler sereinement.

    Toujours ce même samedi, plus tard dans la soirée dans le quartier République, une compagnie de CRS est stationnée boulevard Magenta. Vers 22h45, la station directrice parisienne l’avise qu’un groupe de 200 à 300 anarchistes arrivant de la gare du Nord justement par le boulevard Magenta pour rejoindre la place de la République.

    Ordre lui est donné de se déplacer à l’opposé de son emplacement et de stationner boulevard Voltaire…. Encore une fois la hiérarchie préfère éviter toutes confrontations.

    Ces individus ont rejoint sans encombre la place de la République et ont vu leurs rangs grossir avec des recrues supplémentaires récupérées parmi les plus virulents du rassemblement « nuit debout » déjà sur place.

    Cette « joyeuse bande » est ensuite tombée sur les collègues et n’a pu être repoussée qu’avec l’aide de quelques gendarmes mobiles. Enfin, au lieu de les pourchasser et de les interpeler, pour disperser ce groupuscule ultra violent, la compagnie de CRS a été libérée sur le champ et sommée de quitter les lieux…

    Ces individus ont ainsi pu quitter l’avenue de la République et l’avenue Parmentier pour rejoindre la rue Keller, lieu de résidence du premier ministre. Sur le chemin, ils ont au passage saccagé le commissariat du 11e et de nombreux commerces.

    Enfin, des mesures ont été prises pour défendre le domicile du premier ministre !

    La défense d’intérêts particuliers au détriment de l’avantage de tous ?

    La CGT-Police constate qu’une fois de plus les forces de l’ordre ont servi à protéger les intérêts particuliers de certains. En effet, les policiers n’ont pas été autorisés (et on ne leur a pas donné les moyens) à intervenir pour protéger les manifestants pacifiques, les commerçants, les collègues, des biens, un commissariat… Par contre, pour protéger le domicile du premier ministre, là, tout à été fait.

    La CGT-Police ne peut que rappeler la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, en son article XII :
    « La garantie des droits de l’Homme et du Citoyen nécessite une force publique : cette force est donc instituée pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée ».

    L’État responsable

    Article 223-7 du Code pénal :

    Quiconque s’abstient volontairement de prendre ou de provoquer les mesures permettant, sans risque pour lui ou pour les tiers, de combattre un sinistre de nature à créer un danger pour la sécurité des personnes est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.

    Article 322-3 du Code pénal :

    L’infraction définie au premier alinéa de l’article 322-1 (la destruction, la dégradation ou la détérioration d’un bien appartenant à autrui)est punie de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende, lorsqu’elle est commise par plusieurs personnes agissant en qualité d’auteur ou de complice.

    La CGT-Police ne peut que suggérer aux victimes de l’inaction de l’État à porter plainte.

    Pour quel bénéfice ?

    Les conséquences d’avoir laissé le champ libre aux casseurs :
    – Décrédibiliser les manifestations contre le projet de Loi EL KHOMRI et le mouvement « Nuit Debout » ;
    – Décrédibiliser les forces de police et creuser encore plus le fossé entre police/population ;
    – Faciliter des cas de « violences policières », en choisissant de rétablir l’ordre par la force, plutôt que d’écarter au plus vite les éléments perturbateurs ;
    – Laisser les personnes user de violences en toute impunité,

    La tactique semble claire « diviser pour mieux régner » et éviter le débat de fond sur les choix de société, en mettant en avant des « faits divers ».

    La police avec nous ! Plus qu’un slogan, une possibilité.

    Pour la CGT-Police, il est urgent que les personnels de la Police Nationale puissent exercer pour le bénéfice de toute la population. Nous sommes au service de la République malgré le Nouveau Code de Déontologie de le la Police Nationale, qui reprend des dispositions du Code de la Fonction Publique de 1942.
    " J’espère que nous pourrons garder tout cela sous contrôle après que la police aura découvert que nous volons leur retraites "
    Les attentats de 2015 ont rapproché la police de la population, ce qui semble intolérable pour le gouvernement en place.

    Le gouvernement a peut-être peur que l’on suive l’exemple des policiers italiens, qui ont retiré leur casque antiémeute, lundi 9 décembre 2015 à Turin, en signe de solidarité avec les « forconi » (« fourches »), ces manifestants venus de tous les horizons pour dénoncer la politique d’austérité.
    Nos collègues italiens ont été acclamés par la population, un exemple à suivre par nous, homologues du pays des Droits de l’Homme.

    Une base de revendications communes à tous les salariés

    Le mouvement social ne se gagnera pas pour nous policiers, en faisant des manifestations à quelques centaines dans notre coin. Non, il se fera avec les mouvements sociaux en cours. Nous sommes tous des salariés avec les mêmes revendications :
    – Augmentation des salaires ;
    – Des moyens pour effectuer correctement son travail ;
    – Un respect de la vie privée et familiale ;
    – Embaucher du personnel pour éviter les cadences infernales.

    La CGT-Police demande plus particulièrement pour notre institution :
    – Retrouver un sens humain à notre métier, à savoir protéger la population et non remplir des statistiques, qui ne traduisent que les besoins de communication politique du moment ;
    – Une exemplarité de la haute hiérarchie ;
    – Un respect des textes en vigueur (dignité humaine, discrimination, harcèlement…) ;
    – Une transparence et une objectivité pour les mutations et les avancements ;
    – La fin des sanctions disciplinaires arbitraires ;
    – La fin des enquêtes sur la police par la police afin de privilégier et garantir la neutral

    #NuitDebout #violence #police

  • On ne sait jamais ce qu’on filme

    Des CRS frappent des manifestants menottés lors de l’évacuation de Nuit debout:
    https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/300416/ne-sait-jamais-ce-quon-filme

    Le réalisateur Mathieu Bareyre et l’ingénieur du son Thibaut Dufait nous ont adressé une vidéo de la place de la République, tournée lors de la nuit du jeudi 28 au vendredi 29 avril. « Quelle stupeur fut la nôtre, le lendemain, de découvrir tout ce que contenait ce plan… », écrivent-ils. Nous leur avons demandé un décryptage pour l’accompagner.

    Le soir du 28 avril 2016, nous étions place de la République en train de réaliser un repérage de nuit pour mon prochain film, L’époque.

    Peu après une heure du matin, des tirs nourris de grenades lacrymogènes ont dispersé en quelques minutes la foule rassemblée auprès d’un feu, au pied de la statue centrale. Ce plan a été tourné à 1h37 du matin (date du rush), alors que la place venait d’être entièrement vidée sous l’effet d’un dispositif policier comportant plusieurs centaines de CRS. Je n’ai rien vu sur le moment, je croyais faire un plan d’ensemble sur une ligne de CRS qui se restructurait. Quelle stupeur fut la nôtre, le 29 au matin, de découvrir tout de ce qui se cachait dans le détail du plan...

    D’où la nécessité de monter ce film en deux temps : un premier pour l’exposition du document brut, plan-séquence à peu près fixe ; un second dans lequel une suite de recadrages s’attachent à révéler les gestes qui pourraient passer inaperçus à la première vision.

    Il faut aussi parler de ce que nous n’avons pas pu montrer . Le plan fut tourné quelques minutes avant une charge d’une grande violence, à l’entrée du boulevard Voltaire et de la rue de la République, près du restaurant "La Taverne" où plusieurs dizaines de manifestants venaient d’être relégués. C’est alors que plusieurs CRS nous ont empêché de filmer une personne blessée au crâne et qui saignait abondamment. Tape latérale dans la caméra, coup d’épaule, disposition des boucliers pour obstruer la vision, mise en place d’un dispositif de "bulle" par la venue de renforts, aveuglement de l’optique grâce à des lampes au faisceau puissant : jusqu’à m’administrer un coup de pied pour me faire partir, les CRS ont, pendant ces quelques minutes, tout fait pour que nous ne puissions rien filmer de ce qu’il était en train de se dérouler.

    Et c’est ainsi qu’en France, un invisible se constitue.

    Face à cela, le cinéma peut encore décélérer, recadrer, rendre visible ce qui est passé sous nos yeux : revoir.

    https://www.youtube.com/watch?v=geKfJw9AaRM

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    VIDEO. Manifestation contre la loi travail : un CRS donne un coup de matraque sur la tête d’un manifestant

    Des violences ont émaillé le cortège contre la loi travail jeudi 28 avril dans les rues de Paris. Francetv info a été témoin d’un coup porté par un policier contre un manifestant.

    http://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/carriere/vie-professionnelle/droit-du-travail/video-manifestation-contre-la-loi-travail-un-crs-donne-un-coup-de-matra

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    « Mais avec la caméra là, je peux rien faire ! »

    https://twitter.com/Jurneveles/status/725774342907375617

    Et agacé par mon objectif braqué sur lui, il lâche son LBD et s’en va maronner derrière ses collègues. #Priceless

    https://twitter.com/Jurneveles/status/726376420088385536

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    [FIRST PERSON VIEW] NUIT DEBOUT • PARIS : LA FOIRE À LA GRENADE ET AU LBD

    https://www.youtube.com/watch?v=hzJ1Wy8tMis

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    Manifestation loi travail du 28 avril 2016 à Rennes La police renverse un scooter
    https://www.youtube.com/watch?v=nu3NpyzqqY4

    Manifestation où une voiture de police renverse un scooter puis prend la fuite, il reste blessé à terre. La bac vient s’occuper de son cas : le trainer par terre alors qu’il vient d’avoir un accident de la route.... ><

    Photo du motard trainé par la bac alors qu’il vient d’être renversé par 1 voiture de la PoliceNat, #Rennes 28/04

    https://twitter.com/MG_Rennes/status/726422072994443264

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    Nouvelles #violencespolicières sur cette vidéo d’@akraland : un inoffensif photographe gazé. (à 9 minutes)

    https://twitter.com/Zestryon/status/725446827462529024
    https://www.youtube.com/watch?v=4rPQJxCPZz8

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    Evacuation musclée de Nuit Debout place de la République à Paris http://videos.leparisien.fr/embed/evacuation-musclee-de-nuit-debout-place-de-la-republique-a-paris-2

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    #NUITDEBOUT : UTILISATION DE TASERS CONTRE LES MANIFESTANTS À CLERMONT-FERRAND •
    https://twitter.com/TaranisNews/status/726207733809209344
    http://www.taranisnews.com/post/143606507068/nuit-debout-utilisation-de-tasers-contre-les
    https://www.youtube.com/watch?v=Fc4-IcjB4nE

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    LA MATRAQUE FACILE : Manifestation du 28 avril 2016. Le gars a droite met du sérum physiologique à une nana...et se fait matraquer. Puis les flics essayent d’arracher l’appareil photo
    https://twitter.com/Simon_Guillemin/status/726331867318878208

    #Violences_policières

  • Vor 400 Jahren starb William Shakespeare
    http://www.salzburg.com/nachrichten/diverse/kopf-des-tages/sn/artikel/vor-400-jahren-starb-william-shakespeare-193274


    Pour ce journal autrichier Shakespeare est mort il y a 400 ans précisément, le nouveau dictionnaire monopoliste prétend qu’il aurait encore survécu pendant une dizaine de jours encore jusqu’au trois mai. Quelle importance ... quelle bonne occasion d’identifier son influence sur notre vie actuelle !

    Citons d’abord les journalistes autrichiens.

    Was ist so witzig an Shakespeare? Wissen sie, dass die Welt dieser Tage (23. April) den 400. Todestag des Groß-Dramatikers feiert?

    Shakespeare ist zur Weltmarke geworden. 123 Millionen Google Treffer. Man braucht ihn nicht mehr zu lesen, um ihn zu kennen. Seine Stücke nicht mehr zu schauen, um über die Worte zu staunen. Shakespeares Leben, Shakespeares Zitate, alles abrufbar, per Mausklick.

    Bof, il y a des auteurs bien plus intéressants. Prenons Paul Lafargue, le gendre de Karl Marx.

    La langue française avant et après la Révolution, Etudes sur les origines de la bourgeoisie moderne, Paul Lafargue
    https://www.marxists.org/francais/lafargue/works/1894/00/pl18940000.htm

    Mme de Staël semble penser que l’on peut renouveler la littérature sans toucher à la langue ; Voltaire les croyait au contraire si étroitement liées que tout changement dans l’une devait amener forcément une modification correspondante dans l’autre : s’il se constitue le gardien jaloux de la langue, il attaque avec furie les novateurs littéraires, qui pour excuser leurs tentatives se réclamaient de Shakespeare . Sa campagne contre le plus grand génie dramatique qu’ait produit l’humanité depuis Eschyle mérite d’être connue : elle indique l’état des esprits de l’époque et peut être considérée comme une des premières escarmouches du combat que classiques et romantiques allaient engager après la Révolution sur les œuvres de Racine et de Shakespeare .

    Paul Lafargue raconte la grande influence qu’a eu Shekespeare sur son beau-père. Ses observations contribuaient largement à l’analyse de la société de Marx qui nous a laissé une foule de références et de citations de William Shakespeare.

    Souvenirs personnels sur Karl Marx, Paul Lafargue
    https://www.marxists.org/francais/lafargue/works/1890/00/lafargue_18900000.htm

    C’était un homme, un homme en tout ;
    Je ne reverrai jamais son pareil.

    Shakespeare. Hamlet

    Il admirait Eschyle et Shakespeare qu’il considérait comme les deux plus grands génies dramatiques qu’ait produits l’humanité. Il s’était livré à des études approfondies sur Shakespeare qui lui inspirait une admiration sans bornes et dont il connaissait tous les personnages, même les plus insignifiants. Toute la famille Marx professait un véritable culte pour le grand dramaturge anglais ; ses trois filles le savaient par cœur. Après 1848, voulant se perfectionner dans la connaissance de l’anglais qu’il lisait bien, il rechercha et classa toutes les expressions propres à Shakespeare

    Karl MARX, Introduction à la critique de l’économie politique, Introduction : Production, consommation, distribution, échange (Circulation), IV. Production. Moyens de production et rapports de production. Rapports de production et rapports de circulation. Formes de l’État et de la conscience par rapport aux conditions de production et de circulation. Rapports juridiques. Rapports familiaux.
    https://www.marxists.org/francais/marx/works/1857/08/km18570829.htm

    8. Le point de départ naturellement dans les déterminations naturelles ; subjectivement et objectivement. Tribus, races, etc.

    1. Pour l’art, on sait que certaines époques de floraison artistique ne sont nullement en rapport avec le développement général de la société, ni par conséquent avec celui de sa base matérielle, qui est pour ainsi dire l’ossature de son organisation. Par exemple les Grecs comparés aux modernes, ou encore Shakespeare . Pour certaines formes de l’art, l’épopée par exemple, il est même reconnu qu’elles ne peuvent jamais être produites dans la forme classique où elles font époque, dès que la production artistique apparaît en tant que telle ; que donc, dans le domaine de l’art lui-même, certaines de ses créations importantes ne sont possibles qu’à un stade inférieur du développement artistique. Si cela est vrai du rapport des différents genres artistiques à l’intérieur du domaine de l’art lui-même, Il est déjà moins surprenant que cela soit également vrai du rapport du domaine artistique tout entier au développement général de la société. La difficulté ne réside que dans la manière générale de saisir ces contradictions. Dès qu’elles sont spécifiées, elles sont par là même expliquées.

    Voici le texte original :

    Karl Marx, Einleitung [zur Kritik der Politischen Ökonomie]
    4. Produktion. Produktionsmittel und Produktionsverhältnisse. Produktionsverhältnisse und Verkehrsverhältnisse. Staats- und Bewußtseinsformen im Verhältnis zu den Produktions- und Verkehrsverhältnissen. Rechtsverhältnisse. Familienverhältnisse.
    Notabene in bezug auf Punkte, die hier zu erwähnen und nicht vergessen werden dürfen :
    http://www.mlwerke.de/me/me13/me13_615.htm#Kap_4

    8. Der Ausgangspunkt natürlich von der Naturbestimmtheit; subjektiv und objektiv. Stämme, Racen etc.

    Bei der Kunst bekannt, daß bestimmte Blütezeiten derselben keineswegs im Verhältnis zur allgemeinen Entwicklung der Gesellschaft, also auch der materiellen Grundlage, gleichsam des Knochenbaus ihrer Organisation, stehn. Z.B. die Griechen verglichen mit den modernen oder auch Shakespeare. Von gewissen Formen der Kunst, z.B. dem Epos, sogar anerkannt, daß sie, in ihrer Weltepoche machenden, klassischen Gestalt nie produziert werden können, sobald die Kunstproduktion als solche eintritt; also daß innerhalb des Berings der Kunst selbst gewisse bedeutende Gestaltungen derselben nur auf einer unentwickelten Stufe der Kunstentwicklung möglich sind. Wenn dies im Verhältnis der verschiednen Kunst- <641> arten innerhalb des Bereichs der Kunst selbst der Fall ist, ist es schon weniger auffallend, daß es im Verhältnis des ganzen Bereichs der Kunst zur allgemeinen Entwicklung der Gesellschaft der Fall ist. Die Schwierigkeit besteht nur in der allgemeinen Fassung dieser Widersprüche. Sobald sie spezifiziert werden, sind sie schon erklärt.

    Le Capital, Livre premier, Le développement de la production capitaliste, IV° section : la production de la plus-value relative, Chapitre XV : Machinisme et grande industrie, IX. - Législation de fabrique
    https://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-15-9.htm

    Si la nature même de la grande industrie nécessite le changement dans le travail, la fluidité des fonctions, la mobilité universelle du travailleur, elle reproduit d’autre part, sous sa forme capitaliste, l’ancienne division du travail avec ses particularités ossifiées. Nous avons vu que cette contradiction absolue entre les nécessités techniques de la grande industrie et les caractères sociaux qu’elle revêt sous le régime capitaliste, finit par détruire toutes les garanties de vie du travailleur, toujours menacé de se voir retirer avec le moyen de travail les moyens d’existence [14] et d’être rendu lui-même superflu par la suppression de sa fonction parcellaire ; nous savons aussi que cet antagonisme fait naître la monstruosité d’une armée industrielle de réserve, tenue dans la misère afin d’être toujours disponible pour la demande capitaliste ; qu’il aboutit aux hécatombes périodiques de la classe ouvrière, à la dilapidation la plus effrénée des forces de travail et aux ravages de l’anarchie sociale, qui fait de chaque progrès économique une calamité publique. C’est là le côté négatif.

    https://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-15-9.htm#ftn229

    [14] « Tu prends ma vie si tu me ravis les moyens par lesquels je vis. » ( Shakespeare .)

    Karl Marx, Salaire, prix et profit, La lutte entre le Capital et le Travail et ses résultats
    https://www.marxists.org/francais/marx/works/1865/06/km18650626o.htm

    Parallèlement à cet élément purement physiologique, la valeur du travail est déterminée dans chaque pays par un standard de vie traditionnel. Celui-ci ne consiste pas seulement dans l’existence physique, mais dans la satisfaction de certains besoins naissant des conditions sociales dans lesquelles les hommes vivent et ont été élevés. Le standard de vie anglais pourrait être réduit à celui de l’Irlande, le standard de vie d’un paysan allemand à celui d’un paysan de Livonie.
    ...
    Du temps de la guerre contre les Jacobins, entreprise, comme disait le vieux George Rose, budgétivore et sinécuriste impénitent, pour mettre les consolations de notre sainte religion à l’abri des incursions de ces mécréants de Français, les honnêtes fermiers anglais que nous traitions si tendrement dans un chapitre précédent abaissèrent les salaires des ouvriers agricoles même au-dessous du minimum purement physique et firent ajouter, moyennant les Lois des pauvres, ce qui était nécessaire à la conservation physique de la race. C’était une manière glorieuse de transformer l’ouvrier salarié en esclave et le paysan libre et fier de Shakespeare en un indigent assisté.

    Karl MARX, Le Capital, Livre premier, Le développement de la production capitaliste, VIII° section : L’accumulation primitive, Chapitre XXVII : L’expropriation de la population campagnarde
    https://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-27.htm

    Dans les dernières années du XVIII° siècle, la yeomanry, classe de paysans indépendants, la proud peasantry de Shakespeare , dépassait encore en nombre l’état des fermiers. C’est elle qui avait constitué la force principale de la République anglaise. Ses rancœurs et ses habitudes formaient, de l’aveu même de Macaulay, le contraste le plus frappant avec celles des hobereaux contemporains, Nemrods grotesques, grossiers, ivrognes, et de leurs valets, les curés de village, épouseurs empressés des « servantes favorites » de la gentilhommerie campagnarde. Vers 1750 la yeomanry avait disparu [12].
    ...
    [12] A letter to sir T. C. Banbury, Brt : On the High Price of Provisions, by a Suffolk gentleman, Ipswich, 1795, p. 4. L’avocat fanatique du système des grandes fermes, l’auteur de l’Inquiry into the Connection of large farms, etc., Lond., 1773, dit lui-même, p. 133 : « Je suis profondément affligé de la disparition de notre yeomanry, de cette classe d’hommes qui a en réalité maintenu l’indépendance de notre nation ; je suis attristé de voir leurs terres à présent entre les mains de lords monopoleurs et de petits fermiers, tenant leurs baux à de telles conditions qu’ils ne sont guère mieux que des vassaux toujours prêts à se rendre à première sommation dès qu’il y a quelque mal à faire. »

    Karl Marx, Un chapitre inédit du Capital, Résultats du procès de production immédiat, II. La production capitaliste comme production de plus-value
    G. Les deux phases historiques du développement économique de la production capitaliste, a) Soumission formelle du travail au capital
    https://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-inedit/kmcapI-6-2G.htm

    L’ouvrier transforme lui-même son argent en les valeurs d’usage, marchandises, de son choix : comme possesseur d’argent et acheteur, il se trouve vis-à-vis des vendeurs de marchandises dans le même rapport que tous les autres acheteurs. Certes, ses conditions d’existence - outre le montant de son salaire - l’obligent à dépenser son argent dans le cercle relativement étroit des moyens de subsistance. Cependant celui-ci peut évoluer. Par exemple, les journaux font aujourd’hui partie des moyens de subsistance nécessaires de l’ouvrier anglais. Il peut faire des économies et amasser un petit pécule, ou bien dilapider son salaire en buvant, etc. Quoi qu’il en soit, il se comporte en agent libre et doit s’en tirer tout seul : il est lui-même responsable de la manière dont il dépense son salaire. Il apprend à se dominer lui-même, contrairement à l’esclave, qui a besoin de son maître.

    Tout cela ne vaut, cependant, qu’en égard à la transformation du serf ou de l’esclave en salarié libre. Les conditions capitalistes apparaissent alors comme une promotion dans la hiérarchie sociale. C’est l’inverse, pour le paysan indépendant ou l’artisan que l’on transforme en salarié. Quelle différence entre la fière et libre paysannerie anglaise dont parle Shakespeare , et les journaliers agricoles anglais !

    Laissant de côté les influences purement économiques qui préparaient l’expropriation des cultivateurs, nous ne nous occupons ici que des leviers appliqués pour en précipiter violemment la marche.

    Le Capital, Livre premier, Le développement de la production capitaliste, I° section : la marchandise et la monnaie, Chapitre III : La monnaie ou la circulation des marchandises, III. - La monnaie ou l’argent., a) Thésaurisation.
    https://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-3-3.htm#ftnref42

    De même que toute différence de qualité entre les marchandises s’efface dans l’argent, de même lui, niveleur radical, efface toutes les distinctions [6].

    Voici l’observation de Shakepeare précédant l’analyse de Marx :
    https://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-3-3.htm#ftn42

    [6] Gold, yellow, glittering precious Gold !
    Thus much of this will make black white ; foul, fair ;
    Wrong, right ; base, noble ; old, young ; coward, valiant
    ...What this, you Gods ! why ibis
    Will lug your priests and servants front your sides ;
    This yellow slave
    Will knit and break religions ; bless the accursed ;
    Make the hoar leprosy adored ; place thieves
    And give them, title, knee and approbation,
    With senators of the bench ; this is it,
    That makes, the wappend widow wed again
    ...Come damned earth,
    Thou common whore of mankind

    « Or précieux, or jaune et luisant’ en voici assez pour rendre le noir blanc, le laid beau, l’injuste juste, le vil noble, le vieux jeune, le lâche vaillant !... Qu’est-ce, cela, ô dieux immortels ? Cela, c’est ce qui détourne de vos autels vos prêtres et leurs acolytes Cet esclave jaune bâtit et démolit vos religions, fait bénir les maudits, adorer la lèpre blanche ; place les voleurs au banc des sénateurs et leur donne titres, hommages et génuflexions. C’est lui qui fait une nouvelle mariée de la veuve vieille et usée. Allons, argile damnée, catin du genre humain... » (Shakespeare, Timon of Athens.)

    #marxisme #économie #histoire

    • Je me demande si c’est pertinent d’accorder de l’attention à ces imposteurs.

      Finkielkraut, Minc, BHL, Fourest, Zemour, Glucksmann et assimilés : Pour l’instant ils sont un peu visibles parce que beaucoup repris par leurs copains dans les médias, mais ce qu’on appelle leur « pensée » est tellement pas valable dans le contexte humaniste qu’un fois disparus, on les retrouvera surtout dans les poubelles de l’histoire, voire ils disparaîtront complètement sans laisser aucune empreinte. Diderot est mort en 1784, Voltaire et Rousseau en 1778, ils restent furieusement contemporains et on ne parle que d’eux. Deleuze mort en 1995, est quotidiennement cité. Glucksmann mort en 2015 a totalement disparu des écrans radars et de la mémoire collective.

  • PARIS - JEUDI 14 AVRIL #loitravail #nuitdebout

    https://www.youtube.com/watch?v=pJvy1M0H6PI

    http://paris-luttes.info/greve-actions-manifs-suivi-de-la-5349

    Suivi du Jeudi 14 avril :

    22h50 : Le quartier est totalement quadrillé, les flics cherchent les manifestant.e.s

    22h40 : Charge des flics, au croisement de la rue Cavendish/rue Manin, beaucoup de flics, CRS... un peu partout

    22h30 : La manif a dépassé Colonel Fabien. Les CRS remontent à toute allure vers là.

    22h15 : Au moins un blessé par une grenade de désencerclement au départ de République. La manif remonte les quais vers Jaurès.

    22h : Départ en manif sauvage de plusieurs centaines de personnes de la place de la République

    16h05 : Le groupe de défense collective a confirmation de 7 personnes arrêtées depuis ce matin. Une personne le visage en sang a été interpellée à République côté boulevard Voltaire.
    Une personne à terre, place de la République

    16h : Beaucoup de gens sont partis, la situation s’est tranquillisée. Des flics rôdent un peu partout.

    15h49 : Confusion, la place toujours sous les gaz. Une personne vue à terre inconsciente.

    15h45 : Les manifestants ayant essayé de pénétrer sur le terre plein central de la place de la République, les CRS ont gazé très copieusement, tout le monde suffoque. Des manifestants chargent la police

    15h35 : La manif est arrivée à République. Environs 3000 manifestants, dont 1000 dans le cortège de tête. On nous rapporte une anecdote comme quoi ce matin, dans la nasse, un CRS a rempli un mot d’excuse à un lycéen qui ne pouvait aller en cours puisqu’il était bloqué.

    15h : La manif prend le boulevard Magenta direction Répu. Bilan provisoire des blessé.e.s : 2 à 4 personnes évacuées à l’hôpital (tête, bras...). 2 malaises suites à la lacrymo en gel qui avait l’air extrêmement puissante, des personnes brûlées aux yeux et aveuglées pendant quelques dizaines de minutes.

    14h55 : Les slogans de la tête de manif : « Les patrons ne connaissent qu’un langage : grève, blocage sabotage », « 5 CRS pour 1 étudiant, c’est la politique du gouvernement »...

    14h50 : Le cortège arrive vers gare de l’est. La présence policière est impressionnante de tous les côtés de la manif.

    14h30 : Plusieurs milliers de personnes sous escorte policière. Drone dans le ciel.

    14h : Nasse policière finalement libérée sous la pression des manifestants. Au moins 1 troisième personne interpellée.

    13h25 : Profitant de la nasse, la police procède à des interpellations. Au moins 2 personnes interpellées au niveau de Jaurès ! Une jeune blessée au crâne par un coup de matraque, elle va être évacuée. « Libérez nos camarades » scandent les manifestant-e-s en dehors de la nasse !

    13h00 : La manifestation est nassée à l’angle Stalingrad / boulevard Jean Jaurès.

    12h50 : Tout à l’heure, Manuel Valls faisait une visite à Mantes-la-Jolie (78) mais une « cinquantaine de manifestants, qui protestaient contre la loi Travail, ont été écartés » (AFP).

    12h45 : Les manifestant-es sont maintenant à Stalingrad ! Les gens sont encerclés par la police ! Rejoignez-les avant le départ de la manif à 14h !

    12h30 : Blocage du MacDo de république en solidarité avec le blocage de celui de Marne la Vallée. Les flics arrivent.

    12h : Blocus de lycées sur Paris et sa banlieue ce matin. Les lycéen-ne-s se sont ensuite retrouvé-e-s à République à 11h avec une action blocage du McDo de la place. Une manif sauvage est ensuite partie direction Gare du Nord/Gare de l’Est !

  • Shortscreen
    http://www.nova-cinema.org/prog/2016/153-offscreen/special-screenings/article/shortscreen

    Offscreen a sélectionné, dans le cadre du programme Shortscreen et en collaboration avec Kortfilm.be, de nouveaux courts-métrages belges correspondant à l’esprit Offscreen : originaux, hors du commun, bizarres et surprenants. •+ Voltaire Jan Snoekx, BE, 11’ Voltaire, une girouette manquant d’assurance et perchée au sommet d’une chapelle, finit par prendre une décision courageuse. •+ Kijé Joanna Lorho, BE, video, sans dial , 8’ Au crépuscule, alors que la ville se fige et sombre dans le silence, (...) mercredi 16 mars 2016 - 19h , #Courts_métrages

  • Cette fois l’inversion orwellienne est totale : la guerre c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage, les Saoudiens luttent contre l’extrémisme et le terrorisme.

    Quand la France décore le prince saoudien... pour sa lutte contre l’extrémisme !
    https://fr.sputniknews.com/international/201603051023145735-legion-honneur-prince-hollande

    Reçu vendredi à l’Elysée, le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Nayef Al Saoud s’est vu remettre la plus haute distinction française pour ses efforts déployés au nom de la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.

    Le président François Hollande a décerné la Légion d’honneur à Mohammed ben Nayef Al Saoud, prince héritier d’Arabie saoudite, vice-président du Conseil des ministres et ministre de l’Intérieur, écrit l’Agence de presse saoudienne (SPA).

  • Frémir plutôt que réfléchir
    La stratégie de l’émotion
    Anne-Cécile Robert

    Illustration : Jean-Baptiste Greuze. - « Une jeune fille, qui pleure son oiseau mort », 1765 Bridgeman Images - Scottish National Gallery, Edinburgh

    Il en est de la démocratie comme des grenouilles. Une grenouille jetée dans une bassine d’eau bouillante s’en extrait d’un bond ; la même, placée dans un bain d’eau froide sous lequel le feu couve, se laisse cuire insensiblement. De multiples phénomènes se conjuguent pour « cuire » insidieusement les démocraties, à rebours de l’effet que produit un coup d’Etat avec ses militaires et ses arrestations d’opposants sur fond de Sambre-et-Meuse tournant en boucle à la radio. Tel l’innocent frémissement d’une eau qui bout, les dégâts occasionnés n’apparaissent jamais qu’au fil d’une juxtaposition dédramatisante. Les combustibles qui alimentent le feu sous la marmite ont été abondamment décrits ici et là (1). On s’est, en revanche, assez peu arrêté sur le rôle que joue l’invasion de l’espace social par l’émotion. Les médias y contribuent abondamment, sans qu’on mesure toujours ce que ce phénomène peut avoir de destructeur pour la démocratie et la capacité de penser.

    Il suffit de taper « l’émotion est grande » sur un moteur de recherche pour voir défiler une infinité de nouvelles, du banal fait divers aux attentats qui ont récemment ensanglanté l’actualité de Beyrouth à Ouagadougou. Ainsi, « l’émotion est grande » dans le monde après les crimes du 13 novembre dans la capitale française ; mais elle l’était aussi quelque temps auparavant à Petit-Palais-et-Cornemps après l’accident de bus qui a coûté la vie à 43 personnes (FranceTV Info, 24 octobre 2015), à Calais lors de la démolition des bâtiments du vieil hôpital (France 3, 20 novembre 2015) ou encore à Epinac, d’où est originaire Mme Claudia Priest, enlevée en Centrafrique début 2015 (Journal de Saône-et-Loire, édition d’Autun, 21 janvier 2015). Elle l’était également en fin d’année « pour Brigitte, enfin locataire d’un appartement, qu’elle a pu meubler grâce aux clubs de services du Mont-Dore » (Les Nouvelles calédoniennes, 6 janvier 2016).

    On pourrait prolonger à l’infini une liste d’exemples qui ne traduit aucune hiérarchie autre que celle du ressenti réel ou supposé des populations et de ceux qui les observent. Les médias ne sont pas seuls à jouer de l’accordéon émotionnel. Les responsables politiques s’y adonnent également, notamment lorsqu’il s’agit de masquer leur impuissance ou de justifier, comme si elles relevaient de la fatalité, les mesures qu’ils s’apprêtent à prendre. Il en est ainsi en matière migratoire, où la précaution compassionnelle est de mise avant de se lancer dans l’explication alambiquée de l’impuissance européenne. De M. François Fillon, député du parti Les Républicains, au premier ministre Manuel Valls, « insoutenable » fut sans doute le mot le plus employé pour qualifier l’image du petit réfugié syrien Aylan Kurdi gisant sans vie sur une plage de Turquie, le 2 septembre 2015, avant qu’on décide de ne rien faire pour tarir les sources du désespoir migratoire. Dans un registre moins tragique, les commentateurs ont souligné l’« émotion » du ministre des affaires étrangères Laurent Fabius scellant, des larmes dans la voix, un accord pourtant bien fragile à la fin de la 21e conférence des Nations unies sur le climat (COP21) à Paris (2). Enfin, devant les maires de France, le 18 novembre 2015, le président François Hollande eut un lapsus révélateur : il évoqua « les attentats qui ont ensangloté la France ».

    Foules mutiques des marches blanches

    Paravent de l’impuissance ou de la lâcheté politique, le recours à l’émotion peut avoir des conséquences dramatiques immédiates. Ainsi, l’avocat de M. Loïc Sécher, Me Eric Dupont-Moretti, a qualifié de « fiasco dû à la dictature de l’émotion » l’erreur judiciaire dont a été victime son client. Ouvrier agricole, M. Sécher avait été accusé de viol par une adolescente. Après des années d’emprisonnement, il s’est finalement vu innocenter par le témoignage de celle-ci, devenue majeure, qui a reconnu avoir tout inventé. Comme dans l’affaire d’Outreau, la justice a rencontré les plus grandes difficultés à revenir sur une décision erronée, prise sous l’empire de récits aussi imaginaires que spectaculaires et du souci, bien légitime, de protéger des mineurs de mauvais traitements. Les simplifications médiatiques, le culte du « temps réel », les réseaux sociaux n’encouragent pas la sérénité dans ces affaires délicates.

    Au-delà de la simple sortie de route politico-médiatique, l’émotion devient l’un des ressorts majeurs de l’expression sociale et du décryptage des événements. Même les chefs d’entreprise sont incités à faire de leur « intelligence émotionnelle » un outil de management, tandis que leurs salariés peuvent y recourir pour obtenir une augmentation (3). L’un des symboles les plus visibles de l’invasion de l’espace public par l’émotion est le phénomène grandissant des marches blanches. La plupart du temps spontanées, celles-ci rassemblent, à la suite d’un accident ou d’un crime particulièrement odieux, des foules parfois immenses à l’échelle des villes et des villages où elles se déroulent. La première eut lieu en 1996 en Belgique, lors de l’arrestation du pédophile Marc Dutroux. Elles sont dites « blanches » car elles renvoient à la non-violence et à l’idéal de paix. Elles expriment l’indignation face à des agissements aussi insupportables qu’incompréhensibles.

    Aucun slogan, aucune revendication ne les accompagne. Des foules délibérément mutiques s’ébranlent, plaçant souvent en tête de cortège des enfants, symboles d’innocence et de foi dans l’avenir, portant parfois des bougies. Le philosophe Christophe Godin y voit l’expression d’une « crise de société » caractérisée par l’« empire des émotions » auquel « cette pratique donne un écho considérable » (4). Ces processions des temps nouveaux sont à rapprocher de la valorisation omniprésente de la figure de la victime, parée de toutes les vertus et à laquelle on rend un hommage absolu, sans s’interroger, par un processus d’empathie. « Cela aurait pu être moi », répètent significativement les personnes interrogées sur un fait divers tragique ou criminel. Toute catastrophe s’accompagne ainsi du déploiement théâtral de cellules d’aide psychologique. Les procès de la Cour pénale internationale prévoient désormais des espaces de parole pour les victimes, sans lien avec les nécessités de la manifestation de la vérité dans une affaire donnée, ni interrogation sur les chocs préjudiciables à la sérénité des délibérations que peuvent provoquer ces témoignages souvent aussi sensationnels qu’inutiles.

    Le culte de la victime a trouvé en France une illustration symptomatique dans le projet - finalement abandonné - de transfert au Panthéon des cendres d’Alfred Dreyfus, objet d’une campagne antisémite d’une rare violence dans les années 1890. Ne confond-on pas ici victime et héros ? Le capitaine n’a fait que subir douloureusement les événements ; à aucun moment il n’a agi d’une manière qui le distingue. A l’opposé, le lieutenant-colonel Georges Picquart, congédié du ministère de la guerre et radié de l’armée pour avoir dénoncé le complot ourdi contre Dreyfus, pourrait bénéficier à bon droit de l’attention des panthéonisateurs les moins regardants et rejoindre Emile Zola. Autre exemple de confusion victimaire : le choix de rendre hommage aux victimes des attentats de Paris dans la cour des Invalides, lieu pensé par Louis XIV pour les soldats blessés au front. La cérémonie a accordé une large place à l’émotion, mise en scène devant les caméras. Le psychologue Jacques Cosnier va jusqu’à parler d’une société « pathophile (5) ». La philosophe Catherine Kintzler s’inquiète quant à elle de la « dictature avilissante de l’affectivité (6) ».

    L’émotion pose un redoutable défi à la démocratie, car il s’agit, par nature, d’un phénomène qui place le citoyen en position passive. Il réagit au lieu d’agir. Il s’en remet à son ressenti plus qu’à sa raison. Ce sont les événements qui le motivent, pas sa pensée. Les marches blanches n’ont aucune conséquence pratique : la justice demeure sans moyens, la société continue de se décomposer. D’ailleurs, on n’a encore répertorié aucune marche blanche pour le suicide d’un chômeur ou l’assassinat d’un inspecteur du travail. « L’émotion est subie. On ne peut pas en sortir à son gré, elle s’épuise d’elle-même, mais nous ne pouvons l’arrêter, écrivait Jean-Paul Sartre. Lorsque, toutes voies étant barrées, la conscience se précipite dans le monde magique de l’émotion, elle s’y précipite tout entière en se dégradant (...). La conscience qui s’émeut ressemble assez à la conscience qui s’endort (7). »

    A la « stratégie du choc (8) » décryptée par Naomi Klein, faut-il ajouter une « stratégie de l’émotion » ? La classe dirigeante s’en servirait pour dépolitiser les débats et pour maintenir les citoyens dans la position d’enfants dominés par leurs affects. L’émotion abolit la distance entre le sujet et l’objet ; elle empêche le recul nécessaire à la pensée ; elle prive le citoyen du temps de la réflexion et du débat. « L’émotion s’impose dans l’immédiateté, dans sa totalité, nous explique M. Claude-Jean Lenoir, ancien président du cercle Condorcet-Voltaire. Elle s’impose au point que toute conscience est émotion, est cette émotion. L’émotion demeure l’ennemie radicale de la raison : elle n’essaie pas de comprendre, elle "ressent". On doit cet état de fait contemporain sans doute aussi à l’influence et à l’émergence des réseaux sociaux. De distance, aucune ! On "tweete", on "gazouille" à tour de bras. Se dégradent le sens critique, la culture, la recherche de la vérité. On "balance". »

    La valorisation de l’émotion constitue ainsi un terreau favorable aux embrigadements guerriers des philosophes médiatiques toujours prêts à soutenir une guerre « humanitaire », à l’instar d’un Bernard- Henri Lévy dans l’expédition de Libye en 2011. Mais aussi un terreau plus quotidiennement favorable aux mécaniques du storytelling (9) et aux fausses évidences du populisme. A la veille de l’élection présidentielle de 2002, l’agression du retraité Paul Voise, montée en épingle par les médias, avait suscité un déluge de discours réactionnaires sur la « lutte contre la délinquance ». Dans son fameux discours de Dakar, en 2008, M. Nicolas Sarkozy avait pu affirmer : « Je crois moi-même à ce besoin de croire plutôt que de comprendre, de ressentir plutôt que de raisonner, d’être en harmonie plutôt que d’être en conquête... »

    Mais la marche blanche vient aussi combler un vide laissé par les formes collectives d’action, comme le syndicalisme ou le militantisme politique. Il n’est sans doute pas anodin, d’ailleurs, que le phénomène soit né en Belgique, aux grandes heures de la décomposition de l’Etat central, et qu’il se soit particulièrement développé dans le nord de la France, où la désindustrialisation a eu des conséquences dévastatrices sur le tissu social. Face aux souffrances et à la crainte de l’avenir, l’émotion réhumanise ; elle s’oppose au cynisme. Elle fait aussi du bien. Elle soulage d’autant plus qu’elle est partagée, comme lors d’une cérémonie aux Invalides. Elle conjure brièvement le sentiment pesant de l’impuissance en permettant une communion, certes un peu primitive, face à la dureté des temps. « Un téléspectateur ému chez lui par un crime ou par le massacre de Charlie Hebdo est seul, explique encore Godin. La marche blanche lui permet de partager son émotion. Le phénomène est évidemment social. Et en même temps très équivoque. » En ce sens, l’émotion ne traduit-elle pas un désir confus de « (re)faire société », de retisser le lien social ?

    Interrogée sur l’absence de processus révolutionnaire dans une France pourtant en pleine régression sociale et politique, l’historienne Sophie Wahnich explique (10) que la révolution de 1789 peut aussi s’analyser comme l’aboutissement d’un long processus de politisation de la société, entamé au sein des assemblées communales de l’Ancien Régime. Les Français avaient pris l’habitude d’y échanger d’abord sur les affaires locales ; ils perpétuèrent cette habitude lors des événements liés à la convocation des états généraux durant l’année 1789. La profondeur de la crise politique actuelle tient aussi au fait que cet espace public a progressivement disparu.

    Si donc la marche blanche est en quelque sorte le stade primaire du ravaudage du tissu politique, la perspective change. Elle est ainsi « implicitement politique », selon Godin ; il y voit une récrimination non dite contre la puissance publique qui « ne protège plus ». On se souvient que la première marche, en Belgique, avait aussi pour but de protester contre l’incurie de la police et de la justice dans la poursuite d’un criminel qui avait échappé à leur vigilance. Pour contribuer à la reconstruction de la démocratie, le processus devrait alors prolonger les liens tissés dans l’émotion et mener à leur politisation progressive.

    La métaphore de la grenouille trouve d’ailleurs un pendant chez Voltaire, qui racontait l’histoire de deux d’entre elles tombées dans une jatte de lait. La première se met à prier sans bouger, finit par s’enfoncer et se noie ; la seconde se débat tant et si bien que le lait devient beurre. Elle n’a plus alors qu’à prendre appui sur cet élément solide pour sauter hors de la jatte.

    Note(s) :

    Jean-Baptiste Greuze. - « Une jeune fille, qui pleure son oiseau mort », 1765 Bridgeman Images - Scottish National Gallery, Edinburgh
    (1) Lire par exemple Jean-Jacques Gandini, « Vers un état d’exception permanent », Le Monde diplomatique, janvier 2016.
    (2) Lire Philippe Descamps, « Le pari ambigu de la coopération climatique », La valise diplomatique, 19 décembre 2015.
    (3) Cf. David Goleman, L’Intelligence émotionnelle, J’ai lu, coll. « Bien-être », Paris, 2003. Lire Manière de voir, no 96, « La fabrique du conformisme », décembre 2007-janvier 2008.
    (4) Christophe Godin, « "La marche blanche est un symptôme d’une société en crise" », L’Obs, Paris, 26 avril 2015.
    (5) Jacques Cosnier, Psychologie des émotions et des sentiments, Retz, Paris, 1994.
    (6) Catherine Kintzler, « Condorcet, le professeur de liberté », Marianne, Paris, 6 novembre 2015.
    (7) Jean-Paul Sartre, Esquisse d’une théorie de l’émotion. Psychologie, phénoménologie et psychologie phénoménologique de l’émotion, Hermann, Paris, 1938 (rééd. : Le Livre de poche, Paris, 2000).
    (8) Naomi Klein, La Stratégie du choc. La montée d’un capitalisme du désastre, Actes Sud, Arles, 2008.
    (9) Lire Christian Salmon, « Une machine à fabriquer des histoires », Le Monde diplomatique, novembre 2006.
    (10) Conférence publique à l’université de Nancy, 26 octobre 2015.

    Source : Le Monde diplomatique - Février 2016, p. 3

    #démocratie

  • « Islamophobie », un mot, un mal plus que centenaires
    Une ressource indispensable pour comprendre les polémiques que ce mot engendre,

    http://orientxxi.info/magazine/islamophobie-un-mot-un-mal-plus-que-centenaires,1155

    Historiquement, l’affrontement armé a encadré la totalité de l’histoire des rapports entre l’Occident et le monde musulman. Il fut le premier mode de contact, lors de la conquête arabe du sud de l’Europe, puis lors des Croisades, en Orient. Et si l’on s’en tient à la colonisation française à l’ère moderne, toutes les générations de Français depuis 1830 ont perçu des échos d’affrontements avec le monde arabo-musulman au sein de l’empire : prise d’Alger (1830), guerre menée par Abd el-Kader (1832-1847), révolte de Kabylie (1871), lutte contre les Kroumirs et établissement du protectorat sur la Tunisie (1880-1881), conquête du Maroc et établissement du protectorat sur ce pays (1907-1912), révolte en Algérie (1916-1917), guerre du Rif (1924-1926), révolte et répression en Algérie (mai 1945), affrontements avec l’Istiqlal et le sultan au Maroc (1952-1956), avec le Néo-Destour en Tunisie (1952-1954), cycle clos par la guerre d’Algérie (1954-1962). La parenthèse fut ensuite refermée...provisoirement, puisque le concept de « choc des civilisations » est revenu en force depuis le début du XXIe siècle.

    L’islamophobie, historiquement inséparable du racisme anti-arabe, a plusieurs siècles d’existence. N’est-il pas remarquable, par exemple, que certains éléments constitutifs de la culture historique des Français soient intimement liés à des affrontements avec le monde arabo-musulman ? Pourquoi Poitiers, bataille mineure, a-t-elle pris la dimension de prélude — victorieux — au « choc des civilisations » ? Pourquoi Charles Martel, un peu barbare sur les bords, est-il l’un des premiers héros de l’histoire de France, comme « rempart » de la civilisation ? Interrogez les « Français moyens », ceux en tout cas qui ont encore la mémoire des dates : Poitiers (732) arrive encore dans le peloton de tête, avec le couronnement de Charlemagne en 800, la bataille de Marignan en 1515 ou la prise de la Bastille en 1789.

    Pourquoi la bataille de Roncevaux en 778, où pas un seul musulman n’a combattu (les ennemis du preux Roland étaient des guerriers basques) est-elle devenue le symbole de la fourberie des Sarrazins, attaquant en traîtres à dix contre un ? Nul ancien collégien n’a oublié qu’il a fait connaissance avec la littérature française, naguère, par la Chanson de Roland. Et nul ne peut avoir chassé de sa mémoire la personnification du Bien par les chevaliers de lumière venant d’Occident et celle du Mal par les sombres guerriers de la « nation maudite / Qui est plus noire que n’est l’encre ». C’est plusieurs siècles avant les théoriciens et illustrateurs de la pensée coloniale que l’auteur écrit : « Les païens ont tort, les chrétiens ont le droit. » La guerre entre « eux » et « nous » commençait sous les auspices du manichéisme le plus candide. Oui, le racisme anti-arabe, longtemps (toujours ?) inséparable de l’islamophobie, a plusieurs siècles d’existence, remonte au Moyen-âge (croisades), puis à la Renaissance avec, notamment, les matamores, littéralement les tueurs de maures, de la Reconquista espagnole.

    Plus tard, à l’ère coloniale, l’hostilité fut énoncée avec la plus parfaite bonne conscience, sur le ton de l’évidence : « C’est évident : l’islam est une force de mort, non une force de vie »1. Persuadés d’être porteurs des vraies — des seules — valeurs civilisationnelles, les contemporains de la conquête, puis de la colonisation, allèrent de déboires en désillusions : les catholiques et les missionnaires constataient, navrés, que la religion musulmane était un bloc infissurable ; les laïques intransigeants se désolaient, rageurs, de voir que leur conception de la Raison ne pénétrait pas dans ces cerveaux obscurcis par le fanatisme… Dès lors, les notions d’« Arabes » — la majorité des Français appelaient Arabes tous les colonisés du Maghreb — et de musulmans se fondirent en une sorte de magma incompréhensible, impénétrable. Hostilité de race et hostilité de religion se mêlèrent en une seule « phobie ».

    Il revenait à Ernest Renan de synthétiser tout l’esprit d’une époque :

    L’islam est la plus complète négation de l’Europe. L’islam est le dédain de la science, la suppression de la société civile, c’est l’épouvantable simplicité de l’esprit sémitique, rétrécissant le cerveau humain, le fermant à toute idée délicate, à tout sentiment fin, à toute recherche rationnelle, pour le mettre en face d’une éternelle tautologie : “Dieu est Dieu“.

    La réforme intellectuelle et morale, Paris, Michel Lévy Frères, 1871.

    Un mot qui remonte à 1910

    Il faut nommer cet état d’esprit ; le mot « islamophobie » paraît le mieux adapté. Et contrairement à une vulgate répandue, il est plus que centenaire. La première utilisation du mot retrouvée date de 1910. Elle figure sous la plume d’un certain Alain Quellien, aujourd’hui oublié. Il proposait une définition d’une surprenante modernité :

    L’islamophobie : il y a toujours eu, et il y a encore, un préjugé contre l’islam répandu chez les peuples de civilisation occidentale et chrétienne. Pour d’aucuns, le musulman est l’ennemi naturel et irréconciliable du chrétien et de l’Européen, l’islamisme2 est la négation de la civilisation, et la barbarie, la mauvaise foi et la cruauté sont tout ce qu’on peut attendre de mieux des mahométans.

    La politique musulmane dans l’Afrique occidentale française, Paris, Émile Larose.

    Ainsi, dès sa première apparition écrite, le mot « islamophobie » était accompagné de celui de « préjugé » et du concept de « choc des civilisations ». Suivait une liste impressionnante de citations venant de tous les horizons, multipliant les reproches hostiles : l’islam était assimilé à la guerre sainte, à la polygamie, au fatalisme, enfin à l’inévitable fanatisme.

    La même année, Maurice Delafosse, étudiant lui aussi l’islam, cette fois en Afrique subsaharienne, l’emploie à son tour :

    Pris en bloc, et à l’exception de quelques groupements de Mauritanie encore hostiles à la domination européenne, l’état d’esprit des musulmans de l’Afrique occidentale n’est certainement pas opposé à notre civilisation (…). Quoi qu’en disent ceux pour qui l’islamophobie est un principe d’administration indigène, la France n’a rien de plus à craindre des musulmans en Afrique occidentale que des non musulmans (…). L’islamophobie n’a donc pas de raison d’être dans l’Afrique occidentale.

    Revue du Monde musulman, vol. XI, 1910.

    Deux ans plus tard, Delafosse publie son maître ouvrage, dans lequel il reprend mot à mot son article de 1910, en remplaçant seulement les mots « Afrique occidentale » par « Haut-Sénégal-Niger ».

    En 1912, le grand savant Louis Massignon rapporte les propos de Rachid Ridha, un intellectuel égyptien, lors du congrès international des oulémas. Évoquant les attitudes des différentes puissances à l’égard de l’islam, Massignon reprend le mot à son compte : « La politique française pourra devenir moins islamophobe » (sous-entendu : que les autres puissances coloniales). De façon significative, il titre son article « La défensive musulmane »3. On a bien lu : « défensive » et non « offensive ».

    Après guerre, Étienne Dinet, grand peintre orientaliste converti à l’islam et son ami Slimane ben Ibrahim réemploient le mot dans deux ouvrages, en 1918 puis en 19214. Dans le second, ils exécutent avec un certain plaisir un jésuite, le père Henri Lammens, qui avait publié des écrits à prétention scientifique, en fait des attaques en règle contre le Coran et Mohammed. Dinet conclut : « Il nous a semblé nécessaire de dévoiler, non seulement aux musulmans, mais aussi aux chrétiens impartiaux, à quel degré d’aberration l’islamophobie pouvait conduire un savant. »

    Le mot apparaît également dans la presse, justement dans une critique fort louangeuse du premier de ces ouvrages : « Le fanatisme de Mohammed n’est ni dans sa vie ni dans le Coran ; c’est une légende inventée par les islamophobes du Moyen Âge »5.
    Un mensonge historique qui dure

    Le mot (non la chose) va ensuite disparaître du vocabulaire jusqu’aux années 1970-1980. En 2003, deux écrivaines, Caroline Fourest et Fiametta Venner, publient dans leur revue un dossier au titre évocateur, « Islamophobes… ou simplement laïques ? »6. Le titre de l’article introductif utilise le mot « islamophobie » assorti d’un prudent — et significatif — point d’interrogation. Il commence par cette formule : « Le mot “islamophobie“ a une histoire, qu’il vaut mieux connaître avant de l’utiliser à la légère ». Certes. Mais elles se fourvoient et, exposition médiatique aidant, elles ont fourvoyé depuis des dizaines d’essayistes, probablement des milliers de lecteurs. Car elles affirment que les mots « islamophobie » et « islamophobe » ont été en quelque sorte des bombes à retardement déposées par la révolution iranienne, puis repris par des obscurantistes musulmans un peu partout en Occident. Les deux essayistes affirment en effet :

    Il [le mot « islamophobie »] a été utilisé en 1979 par les mollahs iraniens qui souhaitaient faire passer les femmes qui refusaient de porter le voile pour de “mauvaises musulmanes“ en les accusant d’être “islamophobes“. Il a été réactivité au lendemain de l’affaire Rushdie, par des associations islamistes londoniennes comme Al Muhajiroun ou la Islamic Human Rights Commission dont les statuts prévoient de “recueillir les informations sur les abus des droits de Dieu“. De fait, la lutte contre l’islamophobie rentre bien dans cette catégorie puisqu’elle englobe toutes les atteintes à la morale intégriste (homosexualité, adultère, blasphème, etc.). Les premières victimes de l’islamophobie sont à leurs yeux les Talibans, tandis que les “islamophobes“ les plus souvent cités par ces groupes s’appellent Salman Rushdie ou Taslima Nasreen !

    Cette version, qui ignore totalement l’antériorité coloniale du mot, sera reprise sans distance critique en 2010 par l’équipe du Dictionnaire historique de la langue française : « Islamophobie et islamophobe, apparus dans les années 1980… », donnant ainsi à cette datation – une « simple erreur » d’un siècle — un couronnement scientifique.

    Cette « erreur » reste très largement majoritaire, malgré les mille et un démentis. Caroline Fourest a ensuite proposé en 2004 dans son essai Frère Tariq, une filiation directe entre le khomeinisme et le penseur musulman Tariq Ramadan, qui le premier aurait tenté selon elle d’importer ce concept en Europe dans un article du Monde Diplomatique de 1998. En fait, si le mot y figure effectivement, entre guillemets, ce n’est que sous forme de reprise : « On peut parler d’une sorte d’ “islamophobie“, selon le titre de la précieuse étude commandée en Grande-Bretagne par le Runnymede Trust en 1997 »7. Il paraît difficile de faire de ce membre de phrase une tentative subreptice d’introduire un concept dans le débat français. D’autant… qu’il y figurait déjà. Un an plus tôt, dans le même mensuel, le mot était déjà prononcé par Soheib Ben Cheikh, mufti de la mosquée de Marseille : « La trentaine ardente et cultivée, il entend “adapter un islam authentique au monde moderne“, combattre l’ “islamophobie“ et, simultanément, le sentiment de rejet, de frustration et d’“enfermement“ dont souffrent les musulmans de Marseille »8.
    Le « sanglot » de l’homme blanc

    Pour les deux écrivaines déjà citées, c’est le mot même qui est pourtant à proscrire, car il est porteur de « terrorisme intellectuel », il serait une arme des intégristes dans leur lutte contre la laïcité, interdisant de fait toute critique de l’islam.

    L’essayiste Pascal Bruckner, naguère auteur du Sanglot de l’homme blanc, sous-titré Tiers-Monde, culpabilité, haine de soi (1983), pourfendeur plus récemment de la Tyrannie de la pénitence (2006), ne pouvait que partager les convictions de ses jeunes collègues :

    Forgé par les intégristes iraniens à la fin des années 70 pour contrer les féministes américaines, le terme d’“islamophobie“, calqué sur celui de xénophobie, a pour but de faire de l’islam un objet intouchable sous peine d’être accusé de racisme (…). Nous assistons à la fabrication d’un nouveau délit d’opinion, analogue à ce qui se faisait jadis dans l’Union soviétique contre les ennemis du peuple. Il est des mots qui contribuent à infecter la langue, à obscurcir le sens. “Islamophobie“ fait partie de ces termes à bannir d’urgence du vocabulaire ».

    Libération, 23 novembre 2010.

    Pour sa part, Claude Imbert, le fondateur et éditorialiste historique du Point, un hebdomadaire en pointe en ce domaine, utilisa — et même revendiqua — le mot dans une déclaration sur la chaîne de télévision LCI le 24 octobre 2003 :

    Il faut être honnête. Moi, je suis un peu islamophobe. Cela ne me gêne pas de le dire (…). J’ai le droit, je ne suis pas le seul dans ce pays à penser que l’islam — je dis bien l’islam, je ne parle même pas des islamistes — en tant que religion apporte une débilité d’archaïsmes divers, apporte une manière de considérer la femme, de déclasser régulièrement la femme et en plus un souci de supplanter la loi des États par la loi du Coran, qui en effet me rend islamophobe.

    Cette déclaration suscita diverses critiques, qui amenèrent le journaliste à répliquer, la semaine suivante, lors de la même émission : « L’islam, depuis le XIIIe siècle, s’est calcifié et a jeté sur l’ensemble des peuples une sorte de camisole, une sorte de carcan ». Il se disait « agacé » par l’accusation de racisme dont il était l’objet : « L’islamophobie (…) s’adresse à une religion, l’islam, non pas à une ethnie, une nation, un peuple, pas non plus à des individus constituant le peuple des musulmans… ».

    Est-il bien utile de poursuivre la liste de ces nouveaux combattants, de ces modernes « écraseurs de l’infâme »9 ? Chaque jour, parfois chaque heure, ils ont l’occasion de répéter leurs vérités, dans des hebdomadaires à couvertures en papier glacé, à la télévision, dans des cénacles, sans craindre des contradicteurs ultra-minoritaires… ou absents.

    Si l’utilisation du concept par certains musulmans fondamentalistes, à la moindre occasion, peut et doit irriter, il paraît cependant difficile de contester que des islamophobes existent et qu’ils agissent. Tout acte hostile, tout geste brutal, toute parole insultante contre un(e) musulman(e) parce qu’il (elle) est musulman(e), contre une mosquée ou une salle de prière, ne peut être qualifié que d’acte islamophobe. Et, puisqu’il y a des islamophobes, qu’ils constituent désormais un courant qui s’exprime au sein de la société française, comment qualifier celui-ci autrement que d’islamophobe ?

    Les musulmans de France n’ont nullement besoin d’avocats. Dans leur grande majorité hostiles à la montée — réelle — de l’intégrisme, ils placent leur combat sur le terrain de la défense d’un islam vrai, moderne, tolérant, tout en restant fidèle à la source.
    Réfuter la logique d’affrontement

    Parallèlement, une forte réaction s’est dessinée, par des auteurs ne se situant pas du tout dans une vision religieuse, pour réfuter et dénoncer la logique d’affrontement. Alors que l’usage même du mot apparaissait à beaucoup comme une concession aux terroristes (au moins de la pensée), Alain Gresh titra justement : « Islamophobie » un article novateur du Monde Diplomatique (novembre 2001). En 2004, le sociologue Vincent Geisser publiait aux éditions La Découverte la première étude synthétique sur la question, La nouvelle islamophobie. L’année suivante, un autre chercheur, Thomas Deltombe, décortiquait chez le même éditeur L’islam imaginaire. La construction médiatique de l’islamophobie en France, 1975-2005.

    Les essais plus récents d’Edwy Plenel, Pour les musulmans (La Découverte, 2013) et de Claude Askolovitch, Nos mal-aimés, ces musulmans dont la France ne veut pas( Grasset, 2013) ont entamé une contre-offensive. Ce dernier affirme, dans son chapitre de conclusion :

    Ce que la France a construit depuis vingt-cinq ans à gauche comme à droite, à force de scandales, de lois et de dénis, de mensonges nostalgiques, c’est l’idée de l’altérité musulmane, irréductible à la raison et irréductible à la République ; la proclamation d’une identité en danger, nationale ou républicaine, et tout sera licite — légalement — pour la préserver...

    Chez les catholiques progressistes, même réponse :

    Schizophrénie. Tandis que les révolutions arabes témoignent d’une soif de démocratie de la part des musulmans, la peur de l’islam empoisonne l’atmosphère en France et, à l’approche des élections, l’épouvantail est agité plus que jamais. Sarkozy n’a-t-il pas voulu un débat sur la place de l’islam dans la République ? Il reprend ainsi un des thèmes favoris du Front national.

    Revue Golias, n° 137, mars 2011.

    Autre écho contemporain, sous la plume de Jean Baubérot, spécialiste de la sociologie des religions et de la laïcité :

    De divers côtés, on assiste à la multiplication d’indignations primaires, de propos stéréotypés qui veulent prendre valeur d’évidence en étant mille fois répétés par le moyen de la communication de masse. L’évolution globale est inquiétante, et cela est dû à la fois à la montée d’extrémismes se réclamant de traditions religieuses (au pluriel) et d’un extrême centre qui veut s’imposer socialement comme la (non) pensée unique et rejette tout ce qui ne lui ressemble pas (…). L’Occident est le “monde libre“ paré de toutes les vertus face à un islam monolithique et diabolisé.

    Le Monde, 6 octobre 2006.

    Suit dans le même article un parallèle entre l’antisémitisme du temps de l’affaire Dreyfus et la montée de l’islamophobie au début du XXIe siècle : « De tels stéréotypes sont permanents : seuls changent les minorités qu’ils transforment en boucs émissaires. La lutte contre l’intolérance ne dispense pas de la lutte contre la bêtise haineuse ». En ces temps où les grands qui nous dirigent n’ont que le mot « guerre » à la bouche ou sous la plume, il est des phrases réconfortantes10.
    Alain Ruscio

    1Arnold Van Gennep, La mentalité indigène en Algérie, Mercure de France, septembre-décembre 1913.

    2À l’époque synonyme d’islam.

    3Revue du Monde musulman, vol. XIX, juin 1912.

    4La vie de Mohammed, Prophète d’Allah, H. Piazza & Cie ; L’Orient vu de l’Occident, Piazza & Geuthner.

    5Édouard Sarrazin, Journal des Débats, 6 août 1919.

    6Revue ProChoix, n° 26-27, automne-hiver 2003.

    7Commission présidée par le professeur Gordon Conway, Islamophobia : Fact Not Fiction, Runnymede Trust, octobre 1997.

    8Cité par Philippe Pons, juillet 1997.

    9NDLR. Surnom de Voltaire, pour qui l’« infâme » était le fanatisme religieux.

    10On notera la prise de position de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) qui a entériné le terme d’islamophobie dans son rapport de 201

  • « Islamophobie », un mot, un mal plus que centenaires

    http://orientxxi.info/magazine/islamophobie-un-mot-un-mal-plus-que-centenaires,1155

    Historiquement, l’affrontement armé a encadré la totalité de l’histoire des rapports entre l’Occident et le monde musulman. Il fut le premier mode de contact, lors de la conquête arabe du sud de l’Europe, puis lors des Croisades, en Orient. Et si l’on s’en tient à la colonisation française à l’ère moderne, toutes les générations de Français depuis 1830 ont perçu des échos d’affrontements avec le monde arabo-musulman au sein de l’empire : prise d’Alger (1830), guerre menée par Abd el-Kader (1832-1847), révolte de Kabylie (1871), lutte contre les Kroumirs et établissement du protectorat sur la Tunisie (1880-1881), conquête du Maroc et établissement du protectorat sur ce pays (1907-1912), révolte en Algérie (1916-1917), guerre du Rif (1924-1926), révolte et répression en Algérie (mai 1945), affrontements avec l’Istiqlal et le sultan au Maroc (1952-1956), avec le Néo-Destour en Tunisie (1952-1954), cycle clos par la guerre d’Algérie (1954-1962). La parenthèse fut ensuite refermée...provisoirement, puisque le concept de « choc des civilisations » est revenu en force depuis le début du XXIe siècle.

    L’islamophobie, historiquement inséparable du racisme anti-arabe, a plusieurs siècles d’existence. N’est-il pas remarquable, par exemple, que certains éléments constitutifs de la culture historique des Français soient intimement liés à des affrontements avec le monde arabo-musulman ? Pourquoi Poitiers, bataille mineure, a-t-elle pris la dimension de prélude — victorieux — au « choc des civilisations » ? Pourquoi Charles Martel, un peu barbare sur les bords, est-il l’un des premiers héros de l’histoire de France, comme « rempart » de la civilisation ? Interrogez les « Français moyens », ceux en tout cas qui ont encore la mémoire des dates : Poitiers (732) arrive encore dans le peloton de tête, avec le couronnement de Charlemagne en 800, la bataille de Marignan en 1515 ou la prise de la Bastille en 1789.

    Pourquoi la bataille de Roncevaux en 778, où pas un seul musulman n’a combattu (les ennemis du preux Roland étaient des guerriers basques) est-elle devenue le symbole de la fourberie des Sarrazins, attaquant en traîtres à dix contre un ? Nul ancien collégien n’a oublié qu’il a fait connaissance avec la littérature française, naguère, par la Chanson de Roland. Et nul ne peut avoir chassé de sa mémoire la personnification du Bien par les chevaliers de lumière venant d’Occident et celle du Mal par les sombres guerriers de la « nation maudite / Qui est plus noire que n’est l’encre ». C’est plusieurs siècles avant les théoriciens et illustrateurs de la pensée coloniale que l’auteur écrit : « Les païens ont tort, les chrétiens ont le droit. » La guerre entre « eux » et « nous » commençait sous les auspices du manichéisme le plus candide. Oui, le racisme anti-arabe, longtemps (toujours ?) inséparable de l’islamophobie, a plusieurs siècles d’existence, remonte au Moyen-âge (croisades), puis à la Renaissance avec, notamment, les matamores, littéralement les tueurs de maures, de la Reconquista espagnole.

    Plus tard, à l’ère coloniale, l’hostilité fut énoncée avec la plus parfaite bonne conscience, sur le ton de l’évidence : « C’est évident : l’islam est une force de mort, non une force de vie »1. Persuadés d’être porteurs des vraies — des seules — valeurs civilisationnelles, les contemporains de la conquête, puis de la colonisation, allèrent de déboires en désillusions : les catholiques et les missionnaires constataient, navrés, que la religion musulmane était un bloc infissurable ; les laïques intransigeants se désolaient, rageurs, de voir que leur conception de la Raison ne pénétrait pas dans ces cerveaux obscurcis par le fanatisme… Dès lors, les notions d’« Arabes » — la majorité des Français appelaient Arabes tous les colonisés du Maghreb — et de musulmans se fondirent en une sorte de magma incompréhensible, impénétrable. Hostilité de race et hostilité de religion se mêlèrent en une seule « phobie ».

    Il revenait à Ernest Renan de synthétiser tout l’esprit d’une époque :

    L’islam est la plus complète négation de l’Europe. L’islam est le dédain de la science, la suppression de la société civile, c’est l’épouvantable simplicité de l’esprit sémitique, rétrécissant le cerveau humain, le fermant à toute idée délicate, à tout sentiment fin, à toute recherche rationnelle, pour le mettre en face d’une éternelle tautologie : “Dieu est Dieu“.

    La réforme intellectuelle et morale, Paris, Michel Lévy Frères, 1871.

    Un mot qui remonte à 1910

    Il faut nommer cet état d’esprit ; le mot « islamophobie » paraît le mieux adapté. Et contrairement à une vulgate répandue, il est plus que centenaire. La première utilisation du mot retrouvée date de 1910. Elle figure sous la plume d’un certain Alain Quellien, aujourd’hui oublié. Il proposait une définition d’une surprenante modernité :

    L’islamophobie : il y a toujours eu, et il y a encore, un préjugé contre l’islam répandu chez les peuples de civilisation occidentale et chrétienne. Pour d’aucuns, le musulman est l’ennemi naturel et irréconciliable du chrétien et de l’Européen, l’islamisme2 est la négation de la civilisation, et la barbarie, la mauvaise foi et la cruauté sont tout ce qu’on peut attendre de mieux des mahométans.

    La politique musulmane dans l’Afrique occidentale française, Paris, Émile Larose.

    Ainsi, dès sa première apparition écrite, le mot « islamophobie » était accompagné de celui de « préjugé » et du concept de « choc des civilisations ». Suivait une liste impressionnante de citations venant de tous les horizons, multipliant les reproches hostiles : l’islam était assimilé à la guerre sainte, à la polygamie, au fatalisme, enfin à l’inévitable fanatisme.

    La même année, Maurice Delafosse, étudiant lui aussi l’islam, cette fois en Afrique subsaharienne, l’emploie à son tour :

    Pris en bloc, et à l’exception de quelques groupements de Mauritanie encore hostiles à la domination européenne, l’état d’esprit des musulmans de l’Afrique occidentale n’est certainement pas opposé à notre civilisation (…). Quoi qu’en disent ceux pour qui l’islamophobie est un principe d’administration indigène, la France n’a rien de plus à craindre des musulmans en Afrique occidentale que des non musulmans (…). L’islamophobie n’a donc pas de raison d’être dans l’Afrique occidentale.

    Revue du Monde musulman, vol. XI, 1910.

    Deux ans plus tard, Delafosse publie son maître ouvrage, dans lequel il reprend mot à mot son article de 1910, en remplaçant seulement les mots « Afrique occidentale » par « Haut-Sénégal-Niger ».

    En 1912, le grand savant Louis Massignon rapporte les propos de Rachid Ridha, un intellectuel égyptien, lors du congrès international des oulémas. Évoquant les attitudes des différentes puissances à l’égard de l’islam, Massignon reprend le mot à son compte : « La politique française pourra devenir moins islamophobe » (sous-entendu : que les autres puissances coloniales). De façon significative, il titre son article « La défensive musulmane »3. On a bien lu : « défensive » et non « offensive ».

    Après guerre, Étienne Dinet, grand peintre orientaliste converti à l’islam et son ami Slimane ben Ibrahim réemploient le mot dans deux ouvrages, en 1918 puis en 19214. Dans le second, ils exécutent avec un certain plaisir un jésuite, le père Henri Lammens, qui avait publié des écrits à prétention scientifique, en fait des attaques en règle contre le Coran et Mohammed. Dinet conclut : « Il nous a semblé nécessaire de dévoiler, non seulement aux musulmans, mais aussi aux chrétiens impartiaux, à quel degré d’aberration l’islamophobie pouvait conduire un savant. »

    Le mot apparaît également dans la presse, justement dans une critique fort louangeuse du premier de ces ouvrages : « Le fanatisme de Mohammed n’est ni dans sa vie ni dans le Coran ; c’est une légende inventée par les islamophobes du Moyen Âge »5.
    Un mensonge historique qui dure

    Le mot (non la chose) va ensuite disparaître du vocabulaire jusqu’aux années 1970-1980. En 2003, deux écrivaines, Caroline Fourest et Fiametta Venner, publient dans leur revue un dossier au titre évocateur, « Islamophobes… ou simplement laïques ? »6. Le titre de l’article introductif utilise le mot « islamophobie » assorti d’un prudent — et significatif — point d’interrogation. Il commence par cette formule : « Le mot “islamophobie“ a une histoire, qu’il vaut mieux connaître avant de l’utiliser à la légère ». Certes. Mais elles se fourvoient et, exposition médiatique aidant, elles ont fourvoyé depuis des dizaines d’essayistes, probablement des milliers de lecteurs. Car elles affirment que les mots « islamophobie » et « islamophobe » ont été en quelque sorte des bombes à retardement déposées par la révolution iranienne, puis repris par des obscurantistes musulmans un peu partout en Occident. Les deux essayistes affirment en effet :

    Il [le mot « islamophobie »] a été utilisé en 1979 par les mollahs iraniens qui souhaitaient faire passer les femmes qui refusaient de porter le voile pour de “mauvaises musulmanes“ en les accusant d’être “islamophobes“. Il a été réactivité au lendemain de l’affaire Rushdie, par des associations islamistes londoniennes comme Al Muhajiroun ou la Islamic Human Rights Commission dont les statuts prévoient de “recueillir les informations sur les abus des droits de Dieu“. De fait, la lutte contre l’islamophobie rentre bien dans cette catégorie puisqu’elle englobe toutes les atteintes à la morale intégriste (homosexualité, adultère, blasphème, etc.). Les premières victimes de l’islamophobie sont à leurs yeux les Talibans, tandis que les “islamophobes“ les plus souvent cités par ces groupes s’appellent Salman Rushdie ou Taslima Nasreen !

    Cette version, qui ignore totalement l’antériorité coloniale du mot, sera reprise sans distance critique en 2010 par l’équipe du Dictionnaire historique de la langue française : « Islamophobie et islamophobe, apparus dans les années 1980… », donnant ainsi à cette datation – une « simple erreur » d’un siècle — un couronnement scientifique.

    Cette « erreur » reste très largement majoritaire, malgré les mille et un démentis. Caroline Fourest a ensuite proposé en 2004 dans son essai Frère Tariq, une filiation directe entre le khomeinisme et le penseur musulman Tariq Ramadan, qui le premier aurait tenté selon elle d’importer ce concept en Europe dans un article du Monde Diplomatique de 1998. En fait, si le mot y figure effectivement, entre guillemets, ce n’est que sous forme de reprise : « On peut parler d’une sorte d’ “islamophobie“, selon le titre de la précieuse étude commandée en Grande-Bretagne par le Runnymede Trust en 1997 »7. Il paraît difficile de faire de ce membre de phrase une tentative subreptice d’introduire un concept dans le débat français. D’autant… qu’il y figurait déjà. Un an plus tôt, dans le même mensuel, le mot était déjà prononcé par Soheib Ben Cheikh, mufti de la mosquée de Marseille : « La trentaine ardente et cultivée, il entend “adapter un islam authentique au monde moderne“, combattre l’ “islamophobie“ et, simultanément, le sentiment de rejet, de frustration et d’“enfermement“ dont souffrent les musulmans de Marseille »8.
    Le « sanglot » de l’homme blanc

    Pour les deux écrivaines déjà citées, c’est le mot même qui est pourtant à proscrire, car il est porteur de « terrorisme intellectuel », il serait une arme des intégristes dans leur lutte contre la laïcité, interdisant de fait toute critique de l’islam.

    L’essayiste Pascal Bruckner, naguère auteur du Sanglot de l’homme blanc, sous-titré Tiers-Monde, culpabilité, haine de soi (1983), pourfendeur plus récemment de la Tyrannie de la pénitence (2006), ne pouvait que partager les convictions de ses jeunes collègues :

    Forgé par les intégristes iraniens à la fin des années 70 pour contrer les féministes américaines, le terme d’“islamophobie“, calqué sur celui de xénophobie, a pour but de faire de l’islam un objet intouchable sous peine d’être accusé de racisme (…). Nous assistons à la fabrication d’un nouveau délit d’opinion, analogue à ce qui se faisait jadis dans l’Union soviétique contre les ennemis du peuple. Il est des mots qui contribuent à infecter la langue, à obscurcir le sens. “Islamophobie“ fait partie de ces termes à bannir d’urgence du vocabulaire ».

    Libération, 23 novembre 2010.

    Pour sa part, Claude Imbert, le fondateur et éditorialiste historique du Point, un hebdomadaire en pointe en ce domaine, utilisa — et même revendiqua — le mot dans une déclaration sur la chaîne de télévision LCI le 24 octobre 2003 :

    Il faut être honnête. Moi, je suis un peu islamophobe. Cela ne me gêne pas de le dire (…). J’ai le droit, je ne suis pas le seul dans ce pays à penser que l’islam — je dis bien l’islam, je ne parle même pas des islamistes — en tant que religion apporte une débilité d’archaïsmes divers, apporte une manière de considérer la femme, de déclasser régulièrement la femme et en plus un souci de supplanter la loi des États par la loi du Coran, qui en effet me rend islamophobe.

    Cette déclaration suscita diverses critiques, qui amenèrent le journaliste à répliquer, la semaine suivante, lors de la même émission : « L’islam, depuis le XIIIe siècle, s’est calcifié et a jeté sur l’ensemble des peuples une sorte de camisole, une sorte de carcan ». Il se disait « agacé » par l’accusation de racisme dont il était l’objet : « L’islamophobie (…) s’adresse à une religion, l’islam, non pas à une ethnie, une nation, un peuple, pas non plus à des individus constituant le peuple des musulmans… ».

    Est-il bien utile de poursuivre la liste de ces nouveaux combattants, de ces modernes « écraseurs de l’infâme »9 ? Chaque jour, parfois chaque heure, ils ont l’occasion de répéter leurs vérités, dans des hebdomadaires à couvertures en papier glacé, à la télévision, dans des cénacles, sans craindre des contradicteurs ultra-minoritaires… ou absents.

    Si l’utilisation du concept par certains musulmans fondamentalistes, à la moindre occasion, peut et doit irriter, il paraît cependant difficile de contester que des islamophobes existent et qu’ils agissent. Tout acte hostile, tout geste brutal, toute parole insultante contre un(e) musulman(e) parce qu’il (elle) est musulman(e), contre une mosquée ou une salle de prière, ne peut être qualifié que d’acte islamophobe. Et, puisqu’il y a des islamophobes, qu’ils constituent désormais un courant qui s’exprime au sein de la société française, comment qualifier celui-ci autrement que d’islamophobe ?

    Les musulmans de France n’ont nullement besoin d’avocats. Dans leur grande majorité hostiles à la montée — réelle — de l’intégrisme, ils placent leur combat sur le terrain de la défense d’un islam vrai, moderne, tolérant, tout en restant fidèle à la source.
    Réfuter la logique d’affrontement

    Parallèlement, une forte réaction s’est dessinée, par des auteurs ne se situant pas du tout dans une vision religieuse, pour réfuter et dénoncer la logique d’affrontement. Alors que l’usage même du mot apparaissait à beaucoup comme une concession aux terroristes (au moins de la pensée), Alain Gresh titra justement : « Islamophobie » un article novateur du Monde Diplomatique (novembre 2001). En 2004, le sociologue Vincent Geisser publiait aux éditions La Découverte la première étude synthétique sur la question, La nouvelle islamophobie. L’année suivante, un autre chercheur, Thomas Deltombe, décortiquait chez le même éditeur L’islam imaginaire. La construction médiatique de l’islamophobie en France, 1975-2005.

    Les essais plus récents d’Edwy Plenel, Pour les musulmans (La Découverte, 2013) et de Claude Askolovitch, Nos mal-aimés, ces musulmans dont la France ne veut pas( Grasset, 2013) ont entamé une contre-offensive. Ce dernier affirme, dans son chapitre de conclusion :

    Ce que la France a construit depuis vingt-cinq ans à gauche comme à droite, à force de scandales, de lois et de dénis, de mensonges nostalgiques, c’est l’idée de l’altérité musulmane, irréductible à la raison et irréductible à la République ; la proclamation d’une identité en danger, nationale ou républicaine, et tout sera licite — légalement — pour la préserver...

    Chez les catholiques progressistes, même réponse :

    Schizophrénie. Tandis que les révolutions arabes témoignent d’une soif de démocratie de la part des musulmans, la peur de l’islam empoisonne l’atmosphère en France et, à l’approche des élections, l’épouvantail est agité plus que jamais. Sarkozy n’a-t-il pas voulu un débat sur la place de l’islam dans la République ? Il reprend ainsi un des thèmes favoris du Front national.

    Revue Golias, n° 137, mars 2011.

    Autre écho contemporain, sous la plume de Jean Baubérot, spécialiste de la sociologie des religions et de la laïcité :

    De divers côtés, on assiste à la multiplication d’indignations primaires, de propos stéréotypés qui veulent prendre valeur d’évidence en étant mille fois répétés par le moyen de la communication de masse. L’évolution globale est inquiétante, et cela est dû à la fois à la montée d’extrémismes se réclamant de traditions religieuses (au pluriel) et d’un extrême centre qui veut s’imposer socialement comme la (non) pensée unique et rejette tout ce qui ne lui ressemble pas (…). L’Occident est le “monde libre“ paré de toutes les vertus face à un islam monolithique et diabolisé.

    Le Monde, 6 octobre 2006.

    Suit dans le même article un parallèle entre l’antisémitisme du temps de l’affaire Dreyfus et la montée de l’islamophobie au début du XXIe siècle : « De tels stéréotypes sont permanents : seuls changent les minorités qu’ils transforment en boucs émissaires. La lutte contre l’intolérance ne dispense pas de la lutte contre la bêtise haineuse ». En ces temps où les grands qui nous dirigent n’ont que le mot « guerre » à la bouche ou sous la plume, il est des phrases réconfortantes10.
    Alain Ruscio

    1Arnold Van Gennep, La mentalité indigène en Algérie, Mercure de France, septembre-décembre 1913.

    2À l’époque synonyme d’islam.

    3Revue du Monde musulman, vol. XIX, juin 1912.

    4La vie de Mohammed, Prophète d’Allah, H. Piazza & Cie ; L’Orient vu de l’Occident, Piazza & Geuthner.

    5Édouard Sarrazin, Journal des Débats, 6 août 1919.

    6Revue ProChoix, n° 26-27, automne-hiver 2003.

    7Commission présidée par le professeur Gordon Conway, Islamophobia : Fact Not Fiction, Runnymede Trust, octobre 1997.

    8Cité par Philippe Pons, juillet 1997.

    9NDLR. Surnom de Voltaire, pour qui l’« infâme » était le fanatisme religieux.

    10On notera la prise de position de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) qui a entériné le terme d’islamophobie dans son rapport de 201

  • « L’assimilation par l’école, le manque de représentation dans les programmes : un échec français ? » Par @abdelkarter

    https://abdelkarter.wordpress.com/2016/01/21/lassimilation-par-lecole-le-manque-de-representation-dans-les

    Je me suis senti étranger de ce savoir qu’on nous disait commun. Surtout faut-il rappeler que ces dits « grands maîtres » de notre patrimoine, ont été les acteurs de l’oppression, oppresseurs d’autres, mes ancêtres, les miens… Hugo qui affirmait que « l’Afrique n’a pas d’histoire » pour justifier la colonisation, Voltaire qui qualifiait les Noirs africains d’ « animaux nègres »,… La liste est non-exhaustive, j’ai pris l’exemple de Voltaire et Hugo puisque ce sont deux figures que l’on nous rabâche toute notre scolarité puisqu’ils incarnent les valeurs de la République.

    Sur Twitter @Abdelkarter

  • Philippine Supreme Court declares US basing deal constitutional - World Socialist Web Site
    http://www.wsws.org/en/articles/2016/01/13/edca-j13.html

    Philippine Supreme Court declares US basing deal constitutional
    By Joseph Santolan
    13 January 2016

    By a vote of 10-4, with one abstention, the Philippine Supreme Court ruled on Tuesday that the Enhanced Defense Cooperation Agreement (EDCA), an executive agreement between Manila and Washington for the unlimited basing of US forces and weaponry in the country, was constitutional.

    Philippine Defense Secretary Voltaire Gazmin and US Ambassador to the Philippines Philip Goldberg signed the EDCA in April 2014 during a state visit by President Obama to Manila. Implementation of the basing deal has been delayed by nearly two years, as the Supreme Court reviewed two appeals questioning the constitutionality of the agreement.

    #philippines #états-unis #mer_de_chine_méridionale #pacifique #façade_pacifique #bons_copains