• Pourquoi acceptons-nous l’inacceptable ?

    Et comment construire une #santé_mentale_collective ?

    Les #injustices_sociales en France, comme la réforme des retraites, les discriminations raciales et la violence policière, sont exacerbées par des politiques migratoires répressives et des discours xénophobes. Les communautés LGBTQIA+, notamment les personnes trans, subissent aussi des attaques violentes et des régressions législatives. Ces inégalités sont systématiques et marginalisent des millions de personnes. Cependant, malgré ces luttes et mobilisations, une #résignation collective persiste, en partie à cause de mécanismes psychologiques invisibles qui rendent l’inacceptable acceptable.

    Malgré ces défis, des mouvements comme les Gilets jaunes ou les luttes féministes et antiracistes/décoloniales montrent que la #colère et la #résistance existent. Mais pourquoi ces élans s’essoufflent-ils ? Cette question dépasse les seules causes économiques et politiques, elle touche à des mécanismes psychologiques profonds. Ces mécanismes qui nous poussent à accepter l’inacceptable peuvent être déconstruits. En repensant la #santé_mentale comme un enjeu collectif, nous pouvons transformer notre manière de percevoir l’#injustice, en créant des espaces de #solidarité et d’#action commune. C’est à travers cette réinvention de notre rapport à l’autre et à la société que nous pourrons espérer changer les choses.

    Les mécanismes psychologiques de l’acceptation de l’inacceptable

    S’habituer à l’inacceptable ou le biais d’#adaptation

    Imaginez un bruit constant dans votre environnement, comme celui d’un ventilateur. Au début, ce bruit vous dérange, mais à mesure qu’il persiste, votre cerveau l’intègre et vous finissez par ne plus le remarquer. Ce phénomène, appelé #biais_d’adaptation, joue un rôle similaire face aux conditions de vie dégradées.

    Dans les sociétés contemporaines, ce biais se manifeste par l’#acceptation progressive de situations pourtant insupportables : précarité croissante, dégradation des services publics, ou explosion des prix de l’énergie. Par exemple, en France, le démantèlement progressif des hôpitaux publics, documenté par des sociologues comme Pierre-André Juven (La casse du siècle : À propos des réformes de l’hôpital public), a conduit à une pénurie de soignants et de lits. Pourtant, cette réalité est perçue comme une « #nouvelle_normalité » à laquelle il faudrait s’adapter, et non comme un #problème_systémique à résoudre.

    Ce phénomène se retrouve également dans des sphères plus personnelles. Prenons l’exemple du monde professionnel : un travailleur qui, année après année, voit ses #conditions_de_travail se dégrader – une #surcharge de tâches, des heures supplémentaires non payées, ou des #pressions_managériales croissantes – finit souvent par intégrer ces contraintes comme faisant partie du « métier ». Il rationalise : « C’est comme ça partout » ou « Je dois m’estimer chanceux d’avoir un emploi. » Pourtant, ces #ajustements_psychologiques masquent souvent une #souffrance profonde. En acceptant ces conditions, le salarié s’adapte à un #environnement_hostile sans remettre en question la structure qui en est responsable.

    De la même manière, les personnes racisées développent des #stratégies_d’adaptation face aux discriminations systémiques. Un exemple frappant est celui des #contrôles_au_faciès. Pour beaucoup, cette pratique récurrente devient une « #routine » : éviter certains quartiers, anticiper les interactions avec la police en préparant leurs papiers, ou encore minimiser l’expérience en se disant que « cela aurait pu être pire ». Ces #stratégies_d’ajustement sont des #mécanismes_de_survie, mais elles renforcent également la #banalisation de l’#injustice. Comme le souligne le sociologue Abdellali Hajjat dans ses travaux sur l’islamophobie et les discriminations, cette #normalisation contribue à invisibiliser les #violences_structurelles, car les individus finissent par intégrer ces traitements comme des faits inévitables de leur quotidien.

    D’un point de vue psychologique, cette #capacité_d’adaptation est un #mécanisme_de_protection : notre cerveau tend à minimiser les #chocs_émotionnels en « normalisant » ce qui devrait être exceptionnel. Mais cette adaptation, si elle nous protège individuellement, nous empêche collectivement de reconnaître l’#urgence_d’agir et peut paralyser l’#action_collective.

    L’#effet_de_normalisation : rendre l’injustice ordinaire

    Autre mécanisme à l’œuvre : l’effet de #normalisation. Les inégalités sociales, souvent présentées comme inévitables dans les discours politiques et médiatiques, finissent par être acceptées comme un état de fait.

    Prenons l’exemple des écarts de richesse. Lorsqu’un PDG gagne 400 fois le salaire moyen de ses employés, cette réalité devrait susciter l’indignation. Mais les récits dominants – comme celui de la « méritocratie » ou du « risque entrepreneurial » – transforment ces écarts en phénomènes normaux, voire légitimes. Les médias jouent ici un rôle central : en valorisant des figures comme Elon Musk ou Jeff Bezos, ils participent à cette construction idéologique. Comme l’explique le sociologue Pierre Bourdieu dans Sur la télévision, les médias ne se contentent pas de relater les faits : ils contribuent à modeler notre perception de ce qui est acceptable ou non.

    Cet effet de normalisation s’étend aussi à d’autres domaines. Les politiques d’#austérité, par exemple, sont souvent présentées comme des « nécessités économiques », rendant leurs conséquences – licenciements, fermetures de services publics – moins contestables. Les #discours_politiques insistent obstinément sur des #impératifs comme « réduire la dette publique » ou « améliorer la compétitivité », occultant les impacts humains et sociaux de ces choix. En nous habituant à ces récits, nous acceptons ce qui devrait être combattu.

    Cependant, il est essentiel de souligner que cette normalisation n’est ni totale ni irréversible. De nombreux travailleurs et travailleuses refusent ces conditions et s’organisent pour les contester. Les mouvements sociaux, les grèves et les luttes syndicales témoignent d’une résistance active face à cette normalisation.

    On peut par exemple observer le cas des femmes de chambre de l’hôtel Radisson Blu à Marseille déjà traitée par mon collègue Guillaume Etievant dans son article dédié. Après plusieurs mois de grève en 2024, ces travailleuses ont obtenu des augmentations salariales, une réduction des horaires de travail, et des compensations pour les heures supplémentaires. Elles ont ainsi mis en lumière les conditions de travail inacceptables qui étaient perçues comme normales dans l’industrie hôtelière, et ont prouvé qu’une organisation collective peut renverser cette « normalité ». En comparaison, la #lutte du personnel de l’hôtel Ibis Batignolles à Paris, bien qu’elle ait pris fin, illustre également comment les conditions de travail dégradées peuvent être confrontées par la mobilisation collective.

    Ces #grèves illustrent un point crucial : en conscientisant les mécanismes de normalisation, il devient possible d’agir collectivement. Identifier ces récits qui banalisent l’injustice, les déconstruire, et s’organiser pour les contester sont des étapes indispensables pour transformer une indignation individuelle en une action collective. Ainsi, si l’effet de normalisation est puissant, il n’est pas insurmontable. Les #résistances_collectives montrent qu’il est possible de refuser l’inacceptable et de poser les bases d’une société plus juste.

    Le biais d’#impuissance apprise : quand l’échec paralyse

    Enfin, le #biais_d’impuissance_apprise joue un rôle crucial dans notre passivité face aux injustices. Décrit par le psychologue #Martin_Seligman dans les années 1960, ce biais se développe lorsqu’un individu, confronté à des situations où ses efforts ne produisent aucun effet, finit par croire qu’il est incapable de changer quoi que ce soit.

    Sur le plan collectif, ce biais se manifeste après des mouvements sociaux réprimés ou qui échouent à obtenir des victoires significatives. Les manifestations massives contre la réforme des retraites en France en 2023, bien qu’intenses, n’ont pas empêché son adoption. Pour beaucoup, ce type d’échec renforce un sentiment d’inutilité de l’#action_politique. Cette #impuissance_apprise n’est pas seulement un phénomène individuel : elle est renforcée par des stratégies institutionnelles. La #répression_policière, les discours dénigrant les grèves ou les mobilisations, ou encore la lenteur des changements politiques contribuent à installer ce #sentiment_d’impuissance. Ces mécanismes participent à la #reproduction_des_inégalités en paralysant toute velléité de contestation comme l’indique la sociologue Monique Pinçon-Charlot.

    Ces #biais_cognitifs – l’adaptation, la normalisation et l’impuissance apprise – agissent de manière insidieuse pour nous maintenir dans l’acceptation de l’inacceptable. Les comprendre, c’est déjà commencer à s’en libérer. Mais ces mécanismes ne suffisent pas à expliquer la #passivité_collective : ils s’articulent à des structures sociales et économiques qui les renforcent.

    La #charge_psychologique_individuelle dans un système oppressif

    L’#individualisation des #problèmes_sociaux

    Beaucoup de personnes se retrouvent à vivre des situations difficiles, comme le chômage ou la pauvreté, dans la solitude, se sentant souvent responsables de leur propre sort. Cette #culpabilisation est renforcée par un #discours_dominant qui fait porter la faute sur l’individu, et non sur le système qui produit ces inégalités. C’est désormais bien connu, il suffit de “#traverser_la_rue” pour trouver du travail. Pourtant, il n’y a pas de honte à être confronté à des difficultés qui échappent à notre contrôle. Le #chômage, par exemple, est largement le résultat d’un marché du travail précarisé et d’une économie qui valorise l’exploitation plutôt que le bien-être. Il est essentiel de rappeler qu’il n’y a aucun aveu d’échec à se retrouver dans une situation où les structures économiques et sociales sont défaillantes. Ce n’est pas un échec personnel, mais bien une conséquence de l’organisation injuste du travail et des ressources.

    Le #capitalisme_émotionnel : une #aliénation des sentiments

    Le “capitalisme émotionnel” désigne la manière dont notre société capitaliste transforme nos #émotions en une #responsabilité_personnelle et une marchandise. Dans ce système, il nous est constamment demandé de « rester positif », de « faire face » et de « réussir malgré les difficultés », en particulier dans des contextes d’injustice sociale et économique. L’idée de la « #résilience », souvent véhiculée par les médias et les institutions, devient un impératif moral : si vous échouez à être heureux malgré les adversités, c’est de votre faute. Cette pression constante pour gérer nos émotions comme une #performance_individuelle fait partie d’un processus plus large d’#aliénation_émotionnelle. En d’autres termes, nous sommes poussés à croire que nos émotions et notre bien-être sont des éléments que nous pouvons maîtriser par la #volonté seule, alors qu’ils sont en réalité fortement influencés par les conditions sociales et économiques. Cela nous empêche de voir que nos luttes intérieures ne sont pas des défaillances, mais des réponses normales à des systèmes qui ne répondent pas aux besoins fondamentaux des individus.
    Le #capitalisme_émotionnel est donc un outil de contrôle social, car il détourne notre attention des causes profondes de notre #mal-être (injustices sociales, précarité, discriminations) et nous fait croire que notre souffrance est une question d’#aptitude_personnelle à surmonter les épreuves. Cela crée un sentiment de culpabilité, car on nous fait porter la #responsabilité de nos émotions et de notre résilience, sans jamais questionner les #structures_sociales qui alimentent cette #souffrance.

    Construire une santé mentale collective : la santé mentale comme #bien_commun

    Pour dépasser les limites de l’individualisme, il est essentiel de repenser la santé mentale comme un bien commun. Plusieurs initiatives inspirées des luttes féministes et des communautés marginalisées ont démontré que des structures communautaires de soutien peuvent offrir des solutions alternatives. Par exemple, les centres sociaux autogérés ou les réseaux d’entraide pour les travailleurs précaires permettent de créer des espaces où les personnes peuvent partager leurs expériences et trouver du soutien, loin des logiques de consommation des soins traditionnels. Ces espaces permettent de reconstruire des liens sociaux, de se soutenir mutuellement et de remettre en question l’#isolement imposé par les structures capitalistes.

    Dépolitiser l’#aide_psychologique individuelle pour la repolitiser

    L’accès aux #soins_psychologiques n’est pas égalitaire. Pour beaucoup, les thérapies sont hors de portée, soit en raison des coûts, soit à cause de l’absence de structures accessibles dans certains quartiers ou pour certaines populations. De plus, tous les thérapeutes ne partagent pas nécessairement une vision progressiste ou collective de la #santé_mentale. Il est donc essentiel de ne pas considérer la #thérapie comme une solution unique ou universelle à des problèmes sociaux qui sont avant tout politiques.
    Plutôt que de pathologiser systématiquement les effets du système sur les individus, il est plus pertinent de reconnaître que les #souffrances_psychologiques, dans de nombreux cas, sont des réponses normales à des conditions sociales et économiques injustes. Cependant, cela ne veut pas dire que la santé mentale doit être entièrement politisée de manière simpliste ou que l’on doit jouer aux « apprentis sorciers » de la #psychiatrie. L’enjeu est de comprendre qu’un #soutien_psychologique efficace doit tenir compte du contexte social et des inégalités qui peuvent fragiliser un individu. Les modèles de soutien collectifs, comme les #thérapies_communautaires ou les initiatives de santé mentale qui se nourrissent des #luttes_sociales (féministes, anticapitalistes, etc.), offrent des alternatives intéressantes. Elles ne visent pas à remplacer les #soins_individuels mais à compléter une approche qui permet de sortir de l’isolement, de reconnaître la dimension sociale des souffrances et d’offrir des #espaces_d’entraide où les individus peuvent se sentir soutenus collectivement.

    L’action politique comme remède à l’impuissance

    Redonner un sens à l’action collective est essentiel pour contrer le #sentiment_d’impuissance que beaucoup de personnes ressentent face aux injustices sociales. Participer à des #mouvements_sociaux peut être un moyen puissant de reconstruire l’#espoir et de lutter contre l’isolement. Cependant, il est important de souligner qu’il n’y a aucune culpabilité à ne pas être impliqué dans ces actions. Chacun évolue à son rythme, et l’#engagement_politique ne doit pas être un fardeau supplémentaire. Ce qui est essentiel, c’est d’être conscient des dynamiques collectives et de comprendre que, même si l’engagement direct dans les luttes peut sembler difficile ou épuisant, il existe des façons diverses et variées de soutenir la justice sociale. Il n’est pas nécessaire de répondre à une injonction de « se bouger le cul » pour se sentir utile. Beaucoup de personnes, éssoré.e.s par des oppressions systémiques telles que la toxicité managériale, le racisme, le validisme ou les violences faites aux personnes LGBTQIA+, peuvent se retrouver dans une situation de souffrance où chaque geste peut sembler trop lourd. La #solidarité ne se limite pas à l’action visible ; elle peut aussi passer par la création d’espaces de soutien, le partage d’informations, ou simplement par l’écoute et la compréhension. L’important est de trouver des moyens de participer, à son rythme et selon ses capacités.

    Les victoires obtenues par des mouvements sociaux, comme l’augmentation du salaire minimum ou la reconnaissance des droits des travailleurs, ont un impact psychologique direct : elles brisent le sentiment d’impuissance et rappellent qu’il est possible de transformer la réalité. Ces victoires, bien qu’elles puissent sembler petites à l’échelle globale, nourrissent l’espoir et renforcent la solidarité. Faire de la #justice_sociale une condition de la santé mentale implique de revendiquer des #politiques_publiques qui réduisent les inégalités et permettent à chacun de vivre dignement. Des propositions telles que l’accès gratuit aux soins psychologiques sont des leviers importants pour garantir une santé mentale collective et émancipée.

    Les mécanismes psychologiques qui nous poussent à #accepter_l’inacceptable ne sont ni inévitables ni figés. En comprenant mieux ces biais, en décryptant l’effet de normalisation et en reconnaissant l’impact de l’individualisation des problèmes sociaux, nous pouvons démystifier cette #résignation_collective. Nous avons le pouvoir de déconstruire ces dynamiques à travers l’éducation, la solidarité et, surtout, l’action collective. Ce processus n’est pas facile, mais il est possible. Changer de regard sur les inégalités, c’est déjà commencer à les transformer. Ce n’est pas un effort solitaire, mais une démarche collective, qui commence par la reconnaissance des souffrances et la volonté d’agir ensemble pour y remédier.

    https://www.frustrationmagazine.fr/pourquoi-acceptons-nous-l-inacceptable

    #invisibilisation #accès_aux_soins #psychologie

    déjà signalé par @gorekhaa :
    https://seenthis.net/messages/1092977

  • #Recherche : les tours de #passe-passe d’#Emmanuel_Macron

    Le chef de l’Etat s’est targué d’un #bilan flatteur en matière d’investissement pour le monde de la recherche, en omettant des #indicateurs inquiétants et des promesses non tenues, tout en vantant une #concurrence délétère.

    Devant un parterre de plusieurs centaines de scientifiques, le 7 décembre, à l’Elysée, le président de la République, Emmanuel Macron, était à l’aise, volontaire, et « en compagnonnage » avec la communauté académique, comme il l’a confessé. Mais c’est moins en passionné de science qu’en magicien qu’il s’est en fait comporté, escamotant ce qui ne rentrait pas dans son cadre, multipliant les tours de passe-passe, sortant quelques lapins du chapeau, pour aboutir à transformer les flatteries adressées à son auditoire en cinglantes critiques. Au point de faire « oublier » un autre discours célèbre, celui de Nicolas Sarkozy en janvier 2009, qui avait lâché : « Un chercheur français publie de 30 % à 50 % en moins qu’un chercheur britannique. (…) Evidemment, si l’on ne veut pas voir cela, je vous remercie d’être venu, il y a de la lumière, c’est chauffé… »

    Premier tour de magie classique, celui de l’embellissement du bilan. Comme une baguette magique, son arrivée en 2017 aurait mis fin à des années de « #désinvestissement_massif ». Sauf que cela ne se voit pas dans le critère habituel de la part du PIB consacrée en recherche et développement (R&D), qui est restée stable depuis le début du premier quinquennat, à 2,2 %. Les estimations indiquent même une baisse à 2,18 % pour 2022.

    Cela ne se voit pas non plus dans la part des #publications nationales dans le total mondial, dont il a rappelé qu’elle a baissé, sans dire qu’elle continue de le faire malgré ses efforts. Même les annexes au projet de loi de finances pour 2024 prévoient que cela va continuer. Pire, côté bilan, compte tenu de l’inflation, la « magique » #loi_de_programmation_de_la_recherche de 2020 donne en fait des #moyens en baisse aux #laboratoires l’an prochain.

    Avec plus de « réussite », le président de la République a littéralement fait disparaître du paysage 7 milliards d’euros. Il s’agit de l’enveloppe, dont se prive volontairement l’Etat chaque année, pour soutenir la recherche et développement des entreprises – le #crédit_d’impôt_recherche – sans résultat macroéconomique. La part des dépenses de #R&D des #entreprises ne suit pas la progression du crédit d’impôt recherche. Mais il n’est toujours pas question d’interroger l’#efficacité du dispositif, absent de l’allocution, comme celle des mesures sur l’#innovation, le 11 décembre à Toulouse.

    Autre rituel classique des discours, faire oublier les précédents. Le chef de l’Etat l’a tenté à deux reprises sur des thèmes centraux de son argumentaire : l’#évaluation et la #simplification. Dans son allocution de 2023, il regrette qu’en France « on ne tire toujours pas assez conséquence des évaluations », quand en novembre 2019, pour les 80 ans du CNRS, il critiquait « un système mou sans conséquence ». Entre ces deux temps forts, il a nommé à la tête de l’agence chargée des évaluations son propre conseiller recherche, #Thierry_Coulhon, qui n’a donc pas réussi à « durcir » l’évaluation, mais a été nommé à la tête du comité exécutif de l’Institut polytechnique de Paris.

    Il y a quatre ans, Emmanuel Macron promettait également la « simplification », et obtenu… le contraire. Les choses ont empiré, au point qu’un rapport publié en novembre du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur enjoint au CNRS de lancer une « opération commando » pour régler des #problèmes_administratifs, qu’un médaillé d’argent, ulcéré, renvoie sa médaille, et que le conseil scientifique du #CNRS dénonce les « #entraves_administratives ».

    #Violence_symbolique

    L’#échec de la #promesse de simplifier pointe aussi lorsqu’on fait les comptes des « #annonces » concernant le « #pilotage » du système. Emmanuel Macron a prévu pas moins de cinq pilotes dans l’avion : lui-même, assisté d’un « #conseil_présidentiel_de_la_science » ; le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche ; le « ministère bis » qu’est le secrétariat général à l’investissement, qui distribue des milliards jusqu’en 2030 sur des thématiques pour la plupart décidées à l’Elysée ; auxquels s’ajoutent les organismes de recherche qui doivent se transformer en « #agences_de_programmes » et définir aussi des stratégies.

    Au passage, simplification oblige sans doute, le thème « climat, biodiversité et société durable » est confié au CNRS « en lien naturellement avec l’#Ifremer [Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer] pour les océans, avec l’#IRD [Institut de recherche pour le développement] pour le développement durable » ; enfin, dernier pilote, les #universités, qui localement géreront les personnels employés souvent par d’autres acteurs.

    Finalement, le principal escamotage du magicien élyséen consiste à avoir parlé pendant une heure de recherche, mais pas de celles et ceux qui la font. Ah si, il a beaucoup été question des « meilleurs », des « gens très bons », « des équipes d’excellence » . Les autres apprécieront. Le Président promet même de « laisser toute la #liberté_académique aux meilleurs », sous-entendant que ceux qui ne sont pas meilleurs n’auront pas cette liberté.

    Cette #invisibilisation et cette #privation_de_droits d’une bonne partie des personnels fonctionnaires sont d’une rare violence symbolique pour des gens qui, comme dans d’autres services publics, aspirent à bien faire leur métier et avoir les moyens de l’exercer. Ces derniers savent aussi, parfois dans leur chair, quels effets délétères peuvent avoir ces obsessions pour la #compétition permanente aux postes et aux moyens. Et accessoirement combien elle est source de la #complexité que le chef de l’Etat voudrait simplifier.

    La « #révolution », terme employé dans ce discours, serait évidemment moins d’accélérer dans cette direction que d’interroger ce système dont on attend encore les preuves de l’#efficacité, autrement que par les témoignages de ceux qui en bénéficient.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/21/recherche-les-tours-de-passe-passe-du-president-macron_6207095_3232.html
    #ESR #Macron #France #université #facs

  • Sur la #végétalisation des #villes et les #limites/#difficultés

    On parle beaucoup végétalisation, et notamment plantation d’#arbres 🌳pour augmenter la #résilience des villes au #changement_climatique. À raison, bien sûr, mais on omet souvent un point : cette végétalisation est de plus en difficile.


    On sait que les arbres en ville se comportent différemment d’à la campagne. Dans cette étude à Boston, on a constaté qu’ils poussent plus vite, et meurent plus tôt. Ils y meurent à tous les âges, avec in fine, une perte nette de stockage carbone !

    https://www.researchgate.net/publication/332952719_Live_fast_die_young_Accelerated_growth_mortality_and_turnove

    La vie en ville comporte plus de contraintes : effet « d’ilôt de chaleur », espace trop petit pour les #racines, #sécheresse ou mauvais #drainage, #pollution, #piétinement et #tassement du sol...et mauvais traitements

    Avec le changement climatique, les arbres récemment plantés sont particulièrement sensibles : périodes de sécheresse prolongées, #température intense et augmentation de l’évaporation...les #taux_de_mortalité peuvent vite grimper, jusqu’à 60-70 % dans certaines villes

    Cela pose 3 gros #problèmes :
    1) une perte d’#argent (souvent public)
    2) une perte de #bénéfices_écosystémiques à long terme (un arbre planté, c’est de l’ombrage dans 20-30 ans)
    3) une perte de #stockage_carbone, surtout si cet arbre vient en remplacement d’un arbre ancien

    Il existe bien des solutions pour tenter de réduire cette mortalité :
    – un meilleur choix d’espèces 🌳
    – de bonnes pratiques de plantation (fosses à cavité par ex)
    – un meilleur suivi : arrosage (outils connectés, sacs à réserve d’eau)
    – une implication des citoyens...

    Partout, les villes multiplient les annonces : « nous allons planter xx arbres ! ». Moi je préférerais qu’un élu me dise : « sur les 5 dernières années, nous avons réussi à faire survivre xx arbres »... les chiffres seraient peut-être moins impressionnants

    De gros changements sont nécessaires dans les #pratiques des communes : amélioration de la place de l’arbre dans les décisions urbanistiques (peut-on réaliser des fosses plus grandes ?), choix des espèces plus adapté, formation des employés ou sous-traitants...

    Mais cela amène surtout à se poser la question : ne doit-on pas tout faire pour préserver les arbres anciens, au rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique ? 🌳 Évaluer TOUS les projets pour tendre vers un évitement des #abattages (hors raisons de sécurité)

    Cela paraît d’autant plus important quand on connaît leur rôle dans le stockage carbone, en dehors de tous les services qu’ils procurent en ville (ombrage, refroidissement, biodiversité, santé...)


    https://besjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/2688-8319.12197

    Je finirai par un point souvent ignoré à mon sens, car l’arbre est vu comme une fin en soi : le pied d’arbre est tout aussi important et, si la végétalisation n’est pas possible partout, elle devrait être bien envisagée partout où c’est possible👇

    https://twitter.com/morethanweeds/status/1234451720417271813

    https://twitter.com/sleguilFR/status/1694958141560029204

    • Se fixer sur la #végétalisation_urbaine uniquement des arbres en ville permet aussi de zapper les toitures végétalisées qui devraient juste être obligatoires.
      Les #sedums qui y poussent facilement résistent à la sécheresse, absorbent les pluies, forment une isolation thermique et en plus c’est beau. A Toulouse c’est toujours plus d’autorisation de bétonner avec à la clef trois misérables arbres de 2mètres plantés en guise d’"#espace_vert" et des #arbres qu’il y avait auparavant.
      #adaptation_climatique

    • Oh que je suis d’accord, @touti !
      Dans ce sens, j’ai notamment demandé à ajouter à l’ordre du jour de l’AG de mon immeuble, si il était possible d’avoir un devis pour végétaliser l’horrible toit de l’énorme espace de parking dans la cour de mon immeuble (construit en 1955) :

      Réponse du syndic : « Vous savez, les propriétaires des parkings n’habitent pas toustes dans l’immeuble (donc ne peuvent pas bénéficier directement de plus de fraîcheur induite par la végétalisation), du coup, je peux demander un devis, mais je vous dis déjà que ça ne passera pas ».

      #individualisme #grosse_fatigue

    • @cdb_77 Je l’entends comme un déficit du politique (du « que faisons nous ensemble ? ») qui est désormais une machine de pouvoir à communiquer à la « population ».
      A Toulouse, j’étais allée me renseigner à l’urbanisme (qui délivre les permis de construire donc) sur les toitures végétalisées , j’ai dû répéter 2 fois le mot, puis la sentence est tombée : « Désolée, on ne connait pas, rien n’est prévu dans ce sens ».

    • C’est pourtant une excellente idée @cdb_77 . Cette absence de « motivation » du syndic (qui pourrait pétitionner, écrire des lettres, faire pression, s’acharner) montre qu’ils ne comprennent pas les enjeux. Peut etre si une taxe sur les « îlots de chaleur urbains » était votée (national, ou municipal), les propriétaires se sentiraient bien plus motivés...
      C’est quantifiable, il est facile de trouver des photos infra rouge de votre quartier.

      Pendant longtemps, on a optimisé, le bâtit pour ses usages internes (et encore pas toujours très bien). A présent, on le pense aussi pour ses effets externes, car un bâtiment est nuisible, il faut prendre des précautions. Il est plus que temps que les vieux bâtiments entrent dans ces nouvelles considérations.

      Une toiture végétalisée ne fait pas tout. C’est un plus, mais ca manque d’inertie thermique et de transpiration. C’est sûrement mieux qu’une tôle ou un danpalon. Mais rien ne remplace une foret.

  • #Décharge budgétaire de #Frontex à nouveau bloquée

    Le Parlement européen réaffirme
    le respect inconditionnel des droits des personnes exilées


    Ce 18 octobre, le #Parlement_européen a refusé pour la seconde fois d’accorder la décharge budgétaire à l’agence Frontex pour ses #comptes de l’exercice 2020, suivant de ce fait l’avis adopté récemment par sa commission de Contrôle budgétaire (#CONT), sur base des nombreux constats de violations des #droits_humains et de #dysfonctionnements_internes.

    « Cette décision met une nouvelle fois Frontex devant ses responsabilités face aux nombreux cas de violations de droits fondamentaux que la société civile internationale et les personnes exilées dénoncent depuis plus de 10 ans », déclare le CNCD-11.11.11. Frontex sait dorénavant que ses activités sont sous surveillance vis-à-vis du respect des droits fondamentaux. L’#impunité n’est plus possible. L’Agence va devoir se plier aux exigences de #transparence, de mise en #responsabilité et de #contrôle_démocratique pour continuer d’exister.

    En effet, le 6 octobre 2022, la commission CONT du parlement UE a bloqué la décharge du #budget de Frontex suite à « l’ampleur des #fautes_graves et des possibles #problèmes_structuraux sous le précédent directeur exécutif de l’agence, qui a depuis démissionné à la suite des révélations du rapport de l’#OLAF du 28 avril dernier ».

    Les députés déplorent « que Frontex n’ait pas mis en œuvre certaines des conditions établies dans le précédent rapport du Parlement. Ils demandent notamment la suspension de ses activités de soutien (retours) en Hongrie, compte tenu du contexte lié à l’État de droit dans le pays, ainsi que le suivi de ses activités en Grèce, où l’Agence aurait mené des opérations de surveillance des frontières dans des régions où, simultanément, des refoulements de migrants avaient lieu ».

    Par ailleurs, les parlementaires se disent « choqués et profondément préoccupés par le suicide d’un membre du personnel, lié à des pratiques présumées de harcèlement sexuel » et se félicitent de la réouverture de ce dossier par la nouvelle direction exécutive qu’ils accueillent favorablement. Le vote négatif du Parlement européen ce 18 octobre doit être l’occasion d’une remise en question fondamentale de l’orientation du mandat de l’agence et de la manière dont elle remplit ce dernier. Des réformes structurelles, y compris en interne, doivent être mises en place au plus vite pour garantir la transparence et le respect des droits humains. La Belgique, qui siège au Conseil d’administration de Frontex, doit utiliser ce levier de manière à obtenir ces réformes. Elle doit également les exiger lors des négociations autour du Pacte européen sur la migration et l’asile dont on annonce l’adoption sous la présidence belge de l’Union européenne, début 2024.

    https://www.cncd.be/Decharge-budgetaire-de-Frontex-a
    #blocage #enfin #frontières #contrôles_frontaliers #migrations #asile #réfugiés

  • Plongez dans notre #webdocumentaire sur les #inégalités
    https://www.inegalites.fr/Plongez-dans-notre-webdocumentaire-sur-les-inegalites

    Nous sommes allés à la rencontre d’une dizaine de jeunes, de 12 à 27 ans, dans plusieurs villes françaises. Ils nous ont parlé de leur vie, de leurs rêves, de leurs espoirs, de leurs ambitions, mais aussi des freins et obstacles qu’ils rencontrent. Nous en avons extrait des témoignages qui servent d’introduction aux quatre grandes thématiques de notre webdoc : l’école, l’emploi, les modes de vie et les loisirs. De l’orientation scolaire à l’échelle des salaires, en passant par les conditions de travail, les vacances, les filles et le foot ou encore l’homophobie, nous y abordons un ensemble de sujets qui sont ensuite approfondis grâce à des infographies, des vidéos d’experts et des textes explicatifs.

  • #Inégalités : la fortune des milliardaires progresse de 434 mds aux États-Unis - Rapports de Force
    https://rapportsdeforce.fr/breves/inegalites-la-fortune-des-milliardaires-progresse-de-434-mds-aux-eta


    Soit 11243,52$ par emploi détruit  !

    L’Amérique côté pile et côté face. Alors que la crise du Covid-19 a mis à l’arrêt une partie de l’économie précipitant 38,6 millions de travailleuses et travailleurs dans le chômage, la fortune des milliardaires a progressé de 434 milliards de dollars entre le 18 mars et le 19 mai.

  • Chloroquine: de plus en plus de complications cardiaques signalées | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/230420/chloroquine-de-plus-en-plus-de-complications-cardiaques-signalees?onglet=f

    En l’espace de sept jours, entre le 14 et le 21 avril, plus de 21 nouveaux patients atteints du Covid-19, parmi lesquels un jeune homme d’une vingtaine d’années, ont été victimes de graves effets indésirables, liés à ces antipaludéens. Autant de cas qui ont été signalés aux 31 centres régionaux de pharmacovigilance, ces structures chargées localement d’évaluer les effets secondaires résultant de l’utilisation des médicaments.

    « Les choses sont très rassurantes sur le traitement sur lequel on n’a pas d’ennui cardiologique avec aucun des patients qu’on a traités. […] Donc tout va bien », assurait son premier prescripteur, le professeur Didier Raoult, à la tête de l’Institut hospitalo-universitaire de Marseille, dans une vidéo publiée le 8 avril.

    « En France, le nombre de [médecins] qui le donnent sans le dire, est considérable », ajoutait-il. Gage, selon lui, du caractère inoffensif d’un traitement dont l’efficacité n’a par ailleurs pas encore été scientifiquement démontrée à ce jour (lire notre article sur les études en cours).

    Mais dès le 10 avril, soit 48 heures plus tard, un premier bilan de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) vient contredire le professeur. Sur la base des signalements recueillis par le réseau des 31 centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV), l’ANSM fait état de 43 cas de troubles cardiaques liés à l’hydroxychloroquine (Plaquénil) ou à la chloroquine (Nivaquine), deux molécules très proches. La première étant plus souvent utilisée contre le Covid-19.

    Le 14 avril, ce bilan s’élève à 75 cas de troubles cardiaques, dont 62 liés à ces traitements.

    Au cours de cette étude, « le traitement de l’hydroxychloroquine n’a pas entraîné une réduction des admissions aux soins intensifs ou une réduction du nombre de décès », constate le professeur. « Mais surtout, ce qui ressort est que 10 % des patients ont dû arrêter l’hydroxychloroquine, 8 sur 84 précisément, pour des troubles cardiaques graves », commente François-Xavier Lescure.

    « Ce qui est regrettable aujourd’hui, c’est de braquer le projecteur sur une seule piste de traitement dont on n’est pas sûr de l’efficacité et dont les effets indésirables peuvent rester longtemps “asymptomatiques” et peuvent aller jusqu’à la mort subite, déplore-t-il. Et cela contre un virus où, dans 85 % des cas, on guérit spontanément. Cette communication nuit à l’intérêt général et à la santé publique. »

    Dès le 30 mars, la revue médicale indépendante Prescrire mettait en garde contre l’hydroxychloroquine. Son directeur éditorial Bruno Toussaint rappelle que, depuis, plusieurs études font état « des effets indésirables cardiaques graves et d’une mortalité d’origine cardiovasculaire accrue par l’ajout de l’azithromycine à l’hydroxychloroquine ».

    #Chloroquine #Santé_publique #Problèmes_cardiaques

  • Je peine à trouver des trouver des textes basés sur l’hypothèse que les inégalités sont une (ou la) cause de la crise économique qui accompagne la pandémie. Évidemment, on a énormément de considérations sur le fait que la pandémie accentue les inégalités, mais je ne vois pas passer en ce moment de textes suggérant la causalité inverse, à savoir : (1) les inégalités accentueraient la pandémie, (2) les inégalités seraient la cause principale de la crise économique déclenchée par la pandémie.

    Pourtant, depuis 10 ans, toute une littérature économique souligne que les inégalités, notamment aux États-Unis, atteignent les niveaux de 1929, et que ce niveau d’inégalité n’est pas soutenable. La thèse que le niveau d’inégalité est la cause de la crise n’est pas qu’une idée de gentils gauchistes, mais une thèse du FMI lui-même : Inequality, Leverage and Crises, Michael Kumhof et Romain Rancière, 2010 :
    https://www.imf.org/external/pubs/ft/wp/2010/wp10268.pdf
    Il a même été écrit que ces inégalités, historiquement, ne parviennent à se résoudre que dans des formes d’extrême violence : guerre, effondrement d’un État, révolution sanglante ou… pandémie : The Great Leveler. Violence and the history of inequality from the Stone Age to the twenty-first century, Walter Scheidel, 2017
    https://www.scienceshumaines.com/the-great-leveler_fr_38968.html

    Du coup, je suis un peu étonné qu’on n’aborde plus les inégalités que comme conséquence de l’épidémie, alors qu’il serait certainement intéressant de travailler sur l’idée des inégalités comme causes de la crise qui accompagne l’épidémie, et pas seulement l’inverse (l’épidémie comme cause, révélateur ou accélérateur des inégalités).

    Il me semble facile d’admettre que nos sociétés ont été lourdement fragilisées par les politiques économiques et sociales imposées par la montée de ces inégalités. La France macroniste en serait même une parodie. Mais peut-on aller plus loin ?

    Et de fait, s’autoriser l’hypothèse un peu simpliste : on a les niveaux d’inégalités qui ont précédé la crise de 1929, on hérite donc d’une crise économique du niveau de celle de 1929. La virus, alors, comme simple déclencheur d’une crise qui était déjà inévitable et en gestation.

    • Je n’écoute pas souvent à cette heure mais l’émission Entendez-vous l’écho aborde régulièrement la question des inégalités. Cette semaine, le capitaliste sur le banc des accusés
      Épisode 2 (aujourd’hui) : Les dérives de l’accumulation.
      Peut-être qu’en recherchant dans l’historique tu trouverais les analyses que tu attends.
      https://www.franceculture.fr/emissions/entendez-vous-leco/le-capitalisme-sur-le-banc-des-accuses-24-les-derives-de-laccumulation

    • Comme la situation actuelle de crise sanitaire mondiale, cette manière de voir me laisse profondément perplexe ... Sans arriver à ordonner le propos, et sans éviter l’appel à des grosses catégories (capitalisme !), des remarques.
      En matière de santé publique le rôle de ces « inégalités » est sans cesse pointé (avec une espérance de vie très hiérarchisée socialement et géographiquement). Dans le cas du Covid_19 on voit bien que c’est la jet class qui a été le vecteur majeur de la pandémie, de sa vitesse, alors que ce sont les moins bien dotés qui meurent le mieux (migrants, enfermés divers, travailleurs confinés dans l’emploi, pauvres). D’autres ont pointé en quoi cela se fait au risque dune pénurie de man d’oeuvre.
      https://seenthis.net/messages/842806
      Mais depuis quand croit-on que la capitalisme doive être régulé. Et de quelle régulation parle-t-on ? La crise est le mode d’être d’un capitalisme qui fonctionne aux « inégalités », c’est devenu manifeste depuis 50 ans (avec des moments inédits : 2008, 2020), d’un capitalisme qui marche au déséquilibre permanent, aux contradictions.
      La montée du thème des inégalités dans les sciences sociales et l’expertise relève il me semble de l’expansion des savoirs d’une gestion biopolitique des populations, avec d’innombrables aspects « éthiques » (#théorie_de_la_justice) ou plus économiques (#néokeynésianisme), autant d’hypothèses de gestion à renouveler sans cesse (avec tous les « retours » possibles à des visions antérieures remaniées : cf le « colbertisme chinois », par exemple).
      Les militants de l’économie n’ont et n’auront pas de vision unifiée de ce qu’exige leur credo (le profit, la concurrence comme fondement de la société), gardant la possibilité d’infléchir les politiques menées (un réservoir, un stock de conceptions et de mesures pour durer, autant que faire se peut).
      Mais ils n’ont plus rien à promettre. Il n’y a pas de bonne nouvelle à laquelle faire adhérer. La survie et le bonheur s’équivalent (cf. la collapsologie, totalement indifférente aux rapports sociaux qui produisent les inégalités), saisissez votre chance !
      Et là, il semble que faute de toute alternative pour une relance de la croissance économique, ou une nouvelle croissance, la tentation d’une bonne grosse « destruction créatrice » à l’échelle de la population mondiale soit forte parmi eux (l’immunité de troupeau est une guerre aux pauvres du monde). Une prolongation radicalisée de la troisième guerre mondiale, morcelée et permanente depuis la fin de la seconde.
      Lorsqu’à l’abandon depuis 20 ans des politiques légitimées par les théories du « capitalisme cognitif », d’un entretien et d’une valorisation du « capital humain » par la formation de masse s’ajoute un opportun délestage du capital humain obsolète (exemplairement les vieux, ici), faut peut-être constater que la manière de faire jouer à l’inégalité (et pas aux inégalités...) son rôle de moteur du développement est en train de se muer. D’aucuns en viennent à parler de #nécrocapitalisme, c’est partiel mais pas absurde.

      #biopolitique

  • L’illusion dangereuse de l’égalité devant l’épidémie - Didier Fassin - Santé publique (2019-2020) - Collège de France
    https://www.college-de-france.fr/site/didier-fassin/L-illusion-dangereuse-de-legalite-devant-lepidemie.htm

    La première disparité concerne les milieux socialement défavorisés dont les types de logement et les conditions de travail rendent malaisé le respect des consignes de prévention, dont l’accès au dépistage s’avère souvent plus difficile et qui doivent plus fréquemment renoncer à des soins. Cette disparité touche surtout les quartiers populaires, les grands ensembles d’habitat social et les campements plus ou moins licites des gens du voyage. Il s’agit d’inégalités auxquelles s’ajoute une double injustice : en se contentant d’incriminer leur comportement, on leur impute le risque plus élevé auquel ils sont exposés, phénomène bien connu consistant à blâmer les victimes ; et dans le cadre de l’état d’urgence, on les soumet à des mesures de contrôle plus répressives que ce n’est le cas pour le reste de la population.

    #crise_sanitaire #inégalité #contrôle #stigmatisation

  • Coronavirus does discriminate, because that’s what humans do, Rebecca Solnit, TheGuardian, April 17, 2020
    https://www.theguardian.com/commentisfree/2020/apr/17/coronavirus-discriminate-humans-racism-sexism-inequality

    It has also become clear that health disparities due to racism increased the chances of becoming severely ill or dying. From New Orleans to Chicago, black people were at disproportionate risk of death. Higher levels of diabetes and hypertension can be linked to the stress of racism; asthma and respiratory problems are tied to the polluted air of many urban and industrial areas; and lack of long-term access to good medical care and food sources (due to poverty and discrimination) play their part.

  • Le coronavirus n’a plus de vieux à tuer sur ce continent
    Par Gauz, Jeune Afrique, le 16 avril 2020
    https://www.jeuneafrique.com/927936/politique/tribune-le-coronavirus-na-plus-de-vieux-a-tuer-sur-ce-continent

    En raison de l’âge de la population en Occident, le coronavirus y est un problème très grave. Il pose un défi civilisationnel, et questionne son mode de vie, sa société. L’Afrique n’est pas concernée de la même façon pour la simple raison que, depuis soixante ans, l’incurie de ses hommes politiques, l’avidité des places financières, les foutaises des plans d’ajustement dits structurels, toutes les ambitions à la petite semaine d’aventuriers sans foi ni loi ont déjà fait le travail : il n’y a plus de vieux à tuer sur ce continent.

    En Afrique, l’espérance de vie ne dépasse pas 62 ans. Le Niger et l’Ouganda ont 15 ans d’âge moyen ! Oui, vous avez bien lu, et vous pouvez vérifier. L’Afrique a 20 ans. Chaque jour, sa jeunesse est un atout vendangé parce que la mort précoce est un talent continental. Un quinquagénaire à Bouaké est un miraculé.

    #coronavirus #Afrique #inégalités #solidarité

    à rajouter aussi à la recension des travaux sur la corrélation entre #inégalités et #problèmes_sociaux ici :
    https://seenthis.net/messages/765806

  • Location Data Says It All: Staying at Home During Coronavirus Is a Luxury - The New York Times
    https://www.nytimes.com/interactive/2020/04/03/us/coronavirus-stay-home-rich-poor.html

    It has been about two weeks since the Illinois governor ordered residents to stay at home, but nothing has changed about Adarra Benjamin’s responsibilities. She gets on a bus nearly every morning in Chicago, traveling 20 miles round trip some days to cook, clean and shop for her clients, who are older or have health problems that make such tasks difficult.

    Ms. Benjamin knows the dangers, but she needs her job, which pays about $13 an hour. She also cannot imagine leaving her clients to fend for themselves. “They’ve become my family,” she said.

    In cities across America, many lower-income workers continue to move around, while those who make more money are staying home and limiting their exposure to the coronavirus, according to smartphone location data analyzed by The New York Times.

    The data offers real-time evidence of a divide laid bare by the coronavirus pandemic — one in which wealthier people not only have more job security and benefits but also may be better able to avoid becoming sick. The outbreak is so new that the relationship between socioeconomic status and infection rates cannot be determined, but other data, including recent statistics released by public health officials in New York City, suggests that the coronavirus is hitting low-income neighborhoods the hardest.

    Concerns about getting infected have incited protests and strikes by workers in grocery stores, delivery services and other industries who say their employers are not providing them with enough protection or compensation to counter the increased health risks, even as their jobs have been deemed essential.

    The mobility data provides a snapshot in time, and the behaviors it captures could change amid a fast-moving crisis. Although several public policy experts who reviewed the data said it strongly indicated that wealthier people are better able to stay home, they added that there could be other reasons for the differences — perhaps higher awareness of the risks or better access to information, for example — and others that are not yet obvious.

    Economists and public health researchers said the data pointed to holes in the government’s response to the pandemic’s fallout for low-income workers, which has focused on those who have lost their jobs because of shutdowns and not on those with essential duties.

    “Covid-19 is exposing a lot of the structural disadvantages that low-income people face,” including a lack of job security and uneven access to health care, said Adie Tomer, a fellow at the Brookings Institution who has studied the essential work force. “The well-off are employed in industries where they are at a desk, and so there are some advantages built into these high-income neighborhoods during this pandemic,” he added.

    #Coronavirus #Inégalités #Geolocalisation

  • Early Data Shows African Americans Have Contracted and Died of Coronavirus at an Alarming Rate — ProPublica
    https://www.propublica.org/article/early-data-shows-african-americans-have-contracted-and-died-of-coronavir

    As the disease spread at a higher rate in the black community, it made an even deeper cut. Environmental, economic and political factors have compounded for generations, putting black people at higher risk of chronic conditions that leave lungs weak and immune systems vulnerable: asthma, heart disease, hypertension and diabetes. In Milwaukee, simply being black means your life expectancy is 14 years shorter, on average, than someone white.

    As of Friday morning, African Americans made up almost half of Milwaukee County’s 945 cases and 81% of its 27 deaths in a county whose population is 26% black. Milwaukee is one of the few places in the United States that is tracking the racial breakdown of people who have been infected by the novel coronavirus, offering a glimpse at the disproportionate destruction it is inflicting on black communities nationwide.

    #coronavirus #inégalités

  • #Coronavirus : quelles raisons pour la mortalité « exceptionnelle » en Seine-Saint-Denis ?
    https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/coronavirus-quelles-raisons-pour-la-mortalite-exceptionnelle-en-seine-saint-deni

    « En Seine-Saint-Denis, il y a plus de morts car il y a plus de contaminés, tout simplement », dit Frédéric Adnet, chef du Samu 93. Dans le département de 1,6 million d’habitants, l’un des plus denses de France, « le virus circule beaucoup plus facilement qu’ailleurs », ajoute-t-il. Et à cela, il y a des raisons démographiques mais aussi sociales.

    « Le confinement est complexe dans les territoires défavorisés comme le nôtre, où il y beaucoup de familles nombreuses dans des petits logements, des foyers de travailleurs migrants, des bidonvilles », explique l’urgentiste. « On sait que les maladies infectieuses touchent plus durement les plus précaires, car la transmission est plus facile, et qu’il sont plus difficiles à suivre », poursuit-il.

    Même constat du côté des médecins de « Place santé », un centre de santé associatif situé au coeur de la cité des Francs-Moisins à Saint-Denis. « L’impression que l’on a, c’est que l’épidémie va être exacerbée dans les quartiers populaires où des inégalités de santé existent déjà », dit la coordinatrice du centre, Gwenaëlle Ferré, qui dénombre « plusieurs foyers avec plusieurs cas » de coronavirus.

    #pauvres #surnuméraires #mort

  • If you’re hospitalized with #COVID-19 and don’t have insurance, you’ll likely owe $73,000. One chart shows how broken the system is for the most vulnerable.
    https://www.businessinsider.fr/us/coronavirus-covid-19-treatment-testing-costs-2020-3

    Those with insurance are estimated to have an average medical bill for the same duration stay of $38,221, but that doesn’t mean that’s how much they’ll pay. That is the rate negotiated between your insurance plan and your in-network health providers. How much you’d actually pay depends on your insurance plan.

    #états-unis #assurance #santé

  • Quoi qu’il en coûte, sans doute : mais à qui ? – Coronavirus et inégalités | AOC media - Analyse Opinion Critique
    https://aoc.media/opinion/2020/04/01/quoiquil-en-coute-sans-doute-mais-a-qui-coronavirus-et-inegalites

    On peut y lire surtout les inégalités galopantes devant le confinement et ses conséquences. Les inégalités entre ceux qui peuvent se protéger et ceux qui ne le peuvent pas. Les inégalités entre ceux qui doivent travailler et ceux qui ne le peuvent pas. Les inégalités entre hommes et femmes. Les inégalités entre le haut et le bas, comme le dit un élu de la CGT de Wattrelos : « Nous, les ouvriers, on nous dit : “ Allez travailler ! ” », « alors que les cadres travaillent depuis chez eux ». Les inégalités devant les conditions de confinement, exemple extrême, entre les footballeurs du PSG et certains de leurs supporters.
    Urgences économiques

    Sur fond de querelles sur le gel, les masques, l’efficacité des traitements, les comparaisons internationales, et de responsabilités sur la gestion de la crise sanitaire et l’impréparation française, sur fond de vague inéluctable des décès, on va aborder, échéance lointaine et très proche, la seconde vague, celle de l’écroulement de l’économie française. Il en est déjà question par le recours à la métaphore guerrière et aérienne : « Il faut un pont aérien de cash », « Le tuyau d’arrosage a été remplacé par la lance à incendie, mais on n’est pas encore passé au Canadair »…

    Intéressant cette manière de montrer la division économique entre « patrons » pour mieux briser leur solidarité idéologique.

    Inégalités entrepreneuriales

    Pourtant, ce qu’un patron peut faire durant « la crise » et ce qu’il peut faire « après la crise » est incommensurable. Déjà sont pointées du doigt certaines conduites d’entreprises (des grandes) constituant des réserves financières, comme d’autres se précipitent « dans les magasins pour acheter des paquets de nouilles ».

    Faire face revêt de multiples significations, incomparables, entre la multitude des chefs d’entreprise qui font la queue aux numéros d’attente de l’URSSAF, des hotlines, des cellules d’appui des chambres de commerce, et ceux qui se débrouillent avec leur comptable, sans parler de ces auto-entrepreneurs « reluctant » enrôlés malgré eux dans l’entrepreneuriat.

    Sur l’autre rive, ceux qui ont accès à toute une gamme de ressources sociales peuvent limiter la casse voire préparer l’après-crise ou même trouver les ficelles pour en tirer le meilleur parti, comme ce fut le cas en 2008. Le cas de Black Rock est certes états-unien ; l’administration Trump a en effet confié à des gestionnaires de fonds le soin d’assister le gouvernement dans son plan d’appui et de sauvetage des marchés financiers. À quelles conditions et à quel prix ? Les moyens très techniques et abscons qui peuvent être mobilisés ou inventés en matière de financement d’économies ravagées, devront faire preuve, beaucoup plus qu’après 2008, de vigilance et de pédagogie pour faire comprendre aux profanes ce que « refinancer » veut dire.

    Cela pourrait être à l’agenda d’urgence dans quelques semaines, quand la vague proprement sanitaire aura été jugulée. La vague politique va alors déferler, au rythme d’une insécurité économique imprévisible. Le « Quoi qu’il en coûte » et le « Plus ne sera jamais comme avant » devront alors trouver des traductions multiples, au plan français et européen. On peut se demander si la chambre de 2017, élue avec un taux d’abstention record, sera la mieux placée afin d’opérer l’immense refondation nationale qui vient, pour combattre à court, moyen et long terme, le virus des inégalités.

    #Sortie_de_crise #Coronavirus #Impôts

  • COVID-19 : une crise à deux vitesses
    Nathalie Collard, La Presse, le 30 mars 2020
    https://www.lapresse.ca/societe/202003/29/01-5267029-covid-19-une-crise-a-deux-vitesses.php

    La crise liée au coronavirus met en lumière les inégalités sociales. Nous sommes peut-être tous dans le même bateau, mais il y a des bateaux plus confortables que d’autres.

    #coronavirus #solidarité #travail #femmes #pauvres #illettrés #inégalités

    Voir compile des effets délétères indirects de la pandémie :
    https://seenthis.net/messages/832147

    à rajouter aussi à la recension des travaux sur la corrélation entre #inégalités et #problèmes_sociaux ici :
    https://seenthis.net/messages/765806

  • As Coronavirus Deepens Inequality, Inequality Worsens Its Spread - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2020/03/15/world/europe/coronavirus-inequality.html

    The pandemic is widening social and economic divisions that also make the virus deadlier, a self-reinforcing cycle that experts warn could have consequences for years to come.

    (...)

    people at the lower ends of society are about 10 percent likelier to have a chronic health condition.

    Such conditions can make the coronavirus up to 10 times as deadly, according to recent data from the Chinese Centers for Disease Control and Prevention.

    Taken together, these two statistics suggest that Covid-19 can be about twice as deadly for those along their society’s lower rungs.

    At the same time, people with lower incomes tend to develop chronic health conditions between five and 15 years earlier in life, research finds.

    (…) research on chronic health conditions suggests that the threshold may be as low as age 55 for people of lower socioeconomic status.

    Those numbers capture only a sliver of the ways that inequality can make the coronavirus deadlier.

    #inégalités #santé

  • The number of ultrawealthy individuals is growing dramatically on a world scale - World Socialist Web Site

    https://www.wsws.org/en/articles/2020/03/06/weal-m06.html

    A report published on Wednesday by the UK-based Knight Frank consulting agency shows that the number of individuals worth more than $30 million grew internationally by six percent in 2019 to 513,244 and is expected to expand by another 27 percent by 2024 to nearly 650,000 people.

    Boasting about the increasing fortunes of the world’s ultrawealthiest people, Knight Frank says The Wealth Report 2020 “takes an in-depth look at the most exciting opportunities in investment and luxury lifestyle, from the move towards sustainability in property and transport to the world’s top cities, medical advances and designer handbags.”

    #santé #pauvreté

  • Inégalités mondiales : les milliardaires privilégiés au détriment des plus pauvres et des femmes
    https://www.oxfamfrance.org/rapports/celles-qui-comptent

    Les chiffres que fait paraître Oxfam dans son rapport “Celles qui comptent” illustrent à eux-seul l’ampleur des inégalités mondiales :

    La richesse des 1% les plus riches de la planète correspond à plus de fois la richesse de 90 % de la population mondiale, soit 6,9 milliards de personnes.
    Les milliardaires du monde entier, qui sont aujourd’hui au nombre de 2 153, possèdent plus de richesses que 4,6 milliards de personnes, soit 60% de la population mondiale.
    Les deux tiers des milliardaires tirent leur richesse d’un héritage, d’une situation de monopole ou de népotisme.

    Dans le même temps, près de la moitié de la population mondiale, soit près de 3,8 milliards de personnes, vit toujours avec moins de 5 dollars par jour. Le rythme de réduction de la pauvreté s’est ralenti de moitié depuis 2013.

    Et c’est quoi la moyenne mondiale de richesse par personne pour avoir une idée ?
    #inégalité #prédation

    • Résultat : depuis 2018, les inégalités sont reparties à la hausse, et la pauvreté aussi.

      En France, 7 milliardaires possèdent plus que les 30 % les plus pauvres, ils étaient 8 l’année dernière.
      Les 10 % les plus riches possèdent 50 % des richesses du pays.
      La France compte 41 milliardaires en 2019. C’est 4 fois plus qu’après la crise financière de 2008 ! Sur ces 41 personnes, plus de la moitié ont hérité de leur fortune, et seules 5 sont des femmes.
      Les milliardaires français sont ceux qui ont vu leur richesse le plus augmenter l’année dernière, devant les américains ou les chinois.
      Le PDG du groupe Sanofi, grand groupe pharmaceutique français, gagnait en 2018 plus de 343 fois le salaire moyen d’un-e aide-soignant-e.
      Depuis 2018, la France compte 400 000 pauvres supplémentaires.
      Parmi les mères de famille monoparentale qui travaille, plus d’une sur quatre est pauvre.

    • Je ne comprends pas cette phrase :

      Parmi les mères de #famille_monoparentale qui travaille, plus d’une sur quatre est pauvre.

      Où sont passées les mères de famille monoparentale qui ne travaillent pas, quel pourcentage représentent-elles de l’ensemble des femmes de familles monoparentales et évidemment sans travail c’est la pauvreté assurée, et où est-elle comptabilisée.

    • Une économie sexiste

      Derrière les inégalités économiques et de genre, Oxfam met en lumière la charge, lourde et inégale, du travail domestique et de soin assuré par les femmes et les filles. C’est un frein énorme à leur autonomie et cela a pour conséquence d’enfermer dans la pauvreté des millions de femmes qui n’ont plus de temps disponible pour avoir une activité rémunérée, se former, participer à la vie politique ou associative pour avoir voix au chapitre sur la façon dont nos sociétés fonctionnent.

      Des discriminations sont également toujours à l’œuvre dans le milieu professionnel, avec une surreprésentation des femmes dans les secteurs les plus précaires, et les moins rémunérés, tels que l’éducation, la santé, le travail social, le nettoyage… Des métiers pourtant essentiels pour nos sociétés. Dans le monde, les deux tiers des postes dans le secteur du soin sont occupés par des femmes.

      Ces inégalités femmes-hommes, nous les retrouvons aussi en France : les femmes occupent 78 % des emplois à temps partiel et 70 % des CDD et des intérims. Les femmes occupent 95 % des emplois d’assistant-e-s maternelles, d’employé-e-s de maisons, d’aides à domicile, d’aides-ménagères et de secrétaires.

      Lorsque des politiques d’austérité viennent affaiblir les services publics, les femmes sont les premières à en payer le prix.

      Les inégalités femmes-hommes se répercutent tout au long de la vie. Ainsi, au moment de la retraite, l’écart de pensions en France entre les hommes et les femmes, tous régimes confondus, est de 42 %, 26% en comptant les pensions de réversion ! Et, en raison de carrière hachées du fait des charges familiales qui reposent sur elles, les femmes sont contraintes de partir plus tard à la retraite que les hommes. Et là encore, les choix politiques ne vont pas dans le bon sens. La réforme des retraites défendue par le gouvernement risque d’accroître cette injustice, avec la nécessité d’avoir une carrière continue pour toucher le fameux minimum retraite à 85 %.

  • Inégalités : l’ONU tire la sonnette d’alarme
    https://www.latribune.fr/economie/international/inegalites-l-onu-tire-la-sonnette-d-alarme-834827.html

    Dans leur dernier rapport, les experts du programme des nations unies pour le développement (PNUD) indiquent que « les inégalités dans la répartition de l’éducation, de la santé et des niveaux de vie empêchent les pays de progresser. Selon ces indicateurs, les inégalités expliquent une perte de progression du développement humain de 20 % en 2018 ».

    Manifestations à Hong Kong, émeutes au Chili, mécontentements au Liban, colère des « gilets jaunes ».....depuis plusieurs mois, des vents de révolte se manifestent partout sur la planète. Dans son dernier rapport publié ce lundi 9 décembre à l’occasion d’une conférence organisée à Bogota en Colombie, l’organisation des nations-unies tire la sonnette d’alarme sur les risques liés à l’aggravation des inégalités malgré des progrès incontestables sur la diminution de l’extrême pauvreté.

    « Différents détonateurs poussent les populations à descendre dans la rue : le coût d’un billet de train, le prix de l’essence, les revendications politiques d’indépendance. Ces manifestations sont une nouvelle expression des inégalités et, comme le fait ressortir le rapport sur le développement humain, les inégalités ne sont pas sans solutions », déclare Achim Steiner, administrateur du programme des nations-unies pour le développement.

    Des inégalités de développement humain persistantes
    Dans son approche, l’organisation internationale plaide pour une approche à plusieurs dimensions, sans se limiter aux écarts de revenus. Certaines disparités dès la naissance peuvent entraîner des désavantages tout long de la vie des individus. « Les revenus et la condition des parents ont une incidence sur la santé, l’éducation et les revenus de leurs enfants. Les gradients de santé, c’est-à-dire les disparités de santé entre les différents groupes socioéconomiques, commencent souvent avant la naissance et peuvent s’accumuler au moins jusqu’à l’âge adulte s’ils ne sont pas contrés » expliquent les auteurs du rapport. Les enfants nés dans les milieux modestes « ont plus tendance à avoir des problèmes de santé et un niveau d’instruction inférieur ».

    La persistance des inégalités peut également révéler des enjeux politiques et démocratiques majeurs à l’intérieur des Etats. Les écarts de revenus se traduisent régulièrement en inégalités politiques « notamment parce qu’elles inhibent la participation politique et laissent ainsi à des groupes particuliers une plus grande marge d’influence sur les décisions qui servent leurs intérêts ».

    Des inégalités de genre enracinées
    Les auteurs du rapport dressent un constat accablant sur les inégalités de genre malgré les discours en faveur d’une plus grande parité. Pour l’institution internationale, « les disparités entre les hommes et les femmes font partie des formes d’inégalité les plus profondément enracinées dans le monde entier. Et parce qu’elles touchent la moitié de la population mondiale les inégalités de genre constituent l’un des principaux obstacles au développement humain ».

  • World inequality database

    The World Inequality Database (WID.world) aims to provide open and convenient access to the most extensive available database on the historical evolution of the world distribution of income and wealth, both within countries and between countries.

    HISTORY OF WID.world

    During the past fifteen years, the renewed interest for the long-run evolution of income and wealth inequality gave rise to a flourishing literature. In particular, a succession of studies has constructed top income share series for a large number of countries (see Thomas Piketty 2001, 2003, T. Piketty and Emmanuel Saez 2003, and the two multi-country volumes on top incomes edited by Anthony B. Atkinson and T. Piketty 2007, 2010; see also A. B. Atkinson et al. 2011 and Facundo Alvaredo et al. 2013 for surveys of this literature). These projects generated a large volume of data, intended as a research resource for further analysis, as well as a source to inform the public debate on income inequality. To a large extent, this literature follows the pioneering work of Simon Kuznets 1953, and A. B. Atkinson and Alan Harrison 1978, and extends it to many more countries and years.

    THE WORLD TOP INCOMES DATABASE (2011)

    The World Inequality Database was initially created as the The World Top Incomes Database (WTID) in January 2011 with the aim of providing convenient and free access to all the existing series. Thanks to the contribution of over a hundred researchers, the WTID expanded to include series on income inequality for more than thirty countries, spanning over most of the 20th and early 21st centuries, with over forty additional countries now under study.

    The key novelty has been to combine fiscal, survey and national accounts data in a systematic manner. This allowed us to compute longer and more reliable top income shares series than previous inequality databases (which generally rely on self-reported survey data, with large under-reporting problems at the top, and limited time span). These series had a large impact on the global inequality debate. In particular, by making it possible to compare over long periods of time and across countries the income shares captured by top income groups (e.g. the top 1%), they contributed to reveal new facts and refocus the discussion on rising inequality.

    In principle, all the top income share series respond to the same general methods: following the pioneering work of S. Kuznets (1953), they use income tax data, national accounts, and Pareto interpolation techniques to estimate the share of total income going to top income groups (typically the top decile and the top percentile). However, despite researchers’ best efforts, the units of observation, the income concepts, and also the Pareto interpolation techniques were never made fully homogeneous over time and across countries. Moreover, for the most part attention has been restricted to the top decile, rather than the entire distribution of income and wealth. These elements pointed to the need for a methodological re-examination and clarification.

    FROM THE WTID TO THE WID (2015)

    In December 2015, the WTID was subsumed into the WID, The World Wealth and Income Database. In addition to the WTID top income shares series, this first version of WID included an extended version of the historical database on the long-run evolution of aggregate wealth-income ratios and the changing structure of national wealth and national income first developed by T. Piketty and G. Zucman 2013, 2014 (see also T. Piketty, 2014, for an attempt to propose an interpretative historical synthesis on the basis of this new material and of the top income shares series). We changed the name of the database from WTID to WID in order to express the extension in scope and ambition of the database, as well as the new emphasis on both wealth and income.

    At the same time, over the last years the distribution of personal wealth has been receiving increasing attention after having been neglected for decades. The work on top income shares was recently extended to study the long run evolution of top wealth shares (see E. Saez and G. Zucman 2016, F. Alvaredo, A. Atkinson and S. Morelli 2017, and B. Garbinti, J. Goupille and T. Piketty 2016).

    FROM INCOME INEQUALITY TO WEALTH INEQUALITY

    One reason is the growing recognition that, in seeking explanations for rising income inequality, we need to look not only at wages and earned income but also at income from capital. Income from interest, from dividends, and from rents represents a minority of total personal income, but it is nonetheless significant, especially at the top of the distribution. The ratio of total personal wealth to total personal income has been rising. One consequence is that the role of inherited wealth – which declined for much of the twentieth century – has, in a number of countries, begun to acquire greater significance. In addition, there is extensive evidence – e.g. from billionaire rankings – suggesting that top global wealth holders have grown much faster than average and have therefore benefited from a substantial increase in their share.

    In order to produce reliable estimates of wealth inequality, it is becoming increasingly critical to combine different sources in a consistent manner, including income tax data (using the capitalization method) and inheritance tax data (using the mortality multiplier method), following the pioneering work of A. B. Atkinson and A. Harrison (1978). One also needs to introduce new sources such as global billionaire rankings, and to address novel issues such as cross-border assets and offshore wealth (G. Zucman, 2013, 2014). More generally, it is becoming more and more critical to measure the inequality of income and wealth from a global perspective, and not simply at the country level.

    THE WORLD INEQUALITY DATABASE (WID.WORLD) : A NEW WEBSITE, A NEW AMBITION (2017)

    In January 2017, with the objective of reaching yet a wider audience of researchers and general public, we released the first version of the more user-friendly website, WID.world, hosting the World Inequality Database.

    These changes come along with a new ambition. Thanks to the continuous cooperation of the WID.world Fellows, we pursue our efforts to expand the database into three major directions.

    First, we keep expanding the time coverage and the geographical coverage of the database, in particular to the countries of Asia, Africa and Latin America. We also keep updating the database with new observations, as official bodies release the necessary information each year. Additionally, we will progressively include inequality series at the sub-national level whenever possible (series of top income shares for each state in the United States are already available, as well as for urban and rural China).

    Next, we plan to provide more series on wealth-income ratios and the distribution of wealth, and not only on income. Third, we aim to offer series on the entire distribution of income and wealth, from the bottom to the top, and not only for top shares.

    The overall long-run objective is to be able to produce Distributional National Accounts (DINA), that is, to provide annual estimates of the distribution of income and wealth using concepts of income and wealth that are consistent with the macroeconomic national accounts. This also includes the production of synthetic income and wealth micro-files, which will also be made available online.

    A LONG-TERM, CUMULATIVE, COLLABORATIVE RESEARCH PROCESS

    We should stress at the onset that our methods and series are and will always be imperfect, and subject to revision. We attempt to combine the different data sources available (in particular fiscal data, survey data and national accounts) in a more systematic way than what was done to date, but more progress is yet to come. We provide a detailed and explicit description of our methodology and sources, so that other users can contribute to their improvement. Our series and methods should be viewed from the perspective of a long-term, cumulative, collaborative research process.

    In this spirit, we also provide a new set of research tools for scholars, journalists, or any interested user in the production of their own inequality datasets. Our programs allow for the estimation of income and wealth distributions based on raw tabulated data, such as those provided by statisical agencies and tax administrations. They can also be used to combine distributions from different countries and produce representative synthetic files. The programs are based on generalized, non-parametric Pareto interpolation techniques. They can be run directly from our website with no prior technical knowledge. Users can also download and install our open-access R-language codes on their computers.


    https://wid.world
    #inégalités #données #base_de_données #statistiques #chiffres #monde #cartographie #visualisation
    signalé par @mobileborders

    #rapport 2018 :
    https://wir2018.wid.world/files/download/wir2018-full-report-english.pdf
    ping @simplicissimus @reka @fil

  • La primauté de l’actionnaire, rouage essentiel des inégalités
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/110919/la-primaute-de-l-actionnaire-rouage-essentiel-des-inegalites

    À quoi sert l’entreprise ? Depuis Milton Friedman, cette question n’avait qu’une seule réponse : à faire du profit pour satisfaire l’actionnaire. Ce choix a privilégié à tout prix le capital au détriment du travail, de la société, de l’environnement, démontrent des économistes.

    #INÉGALITÉS #entreprise,_Travail,_Capital,_Capitalisme,_Wall_Stret,_grands_groupes,_inégalités,_actionnaire,_A_la_Une