• Mortalité infantile : la France dégringole
    https://www.lequotidiendumedecin.fr/specialites/pediatrie/mortalite-infantile-la-france-degringole

    En passant de la 3e à la 20e place en Europe pour ce qui est de la mortalité néonatale, la France se déclasse. En cause, une offre inadaptée dans le bas risque et des manques de moyens en réanimation néonatale.

    La situation périnatale ne s’est guère améliorée en France : elle a même continué à se dégrader par rapport à l’an dernier, ce qui place la France dans une mauvaise direction par rapport au reste de l’Europe – notamment de l’Europe du Nord –, où la mortalité infantile continue à baisser.

    • La publication de l’Insee, à partir des données de l’état-civil (14/06/2023)
      avec tous les chiffres, téléchargeables

      Depuis 2015, la mortalité infantile en France est supérieure à la moyenne européenne - Insee Focus - 301
      https://www.insee.fr/fr/statistiques/7627069#graphique-figureencadre

      En 2021, 2 700 enfants de moins d’un an sont décédés en France, soit 3,7 décès pour 1 000 naissances vivantes. Bien qu’historiquement bas, ce taux ne baisse plus depuis 2005. Il a même légèrement augmenté entre 2014 et 2017, en particulier en ce qui concerne la mortalité dans les premiers jours de la vie. La moitié des enfants décédés avant leur premier anniversaire en 2021 ont vécu moins d’une semaine.
      Depuis 2015, la mortalité infantile en France est supérieure à la moyenne européenne, alors qu’elle était l’une des plus basses d’Europe à la fin du XXe siècle. En effet, contrairement à la France, la mortalité infantile en Europe continue de diminuer en moyenne, bien que modérément ces dernières années. La baisse de la mortalité néonatale (avant 28 jours) est particulièrement ralentie en France depuis 20 ans ; c’est aussi le cas en Allemagne.

    • la lecture et l’interprétation de ces chiffres par l’INED (août 2024)
      (on notera les hypothèses émises - et leur ordre ? – toutes basées sur des éléments factuels (il y a des données…) : 2 démographiques et 2 sociales)

      Est-il vrai que la mortalité infantile est en hausse en France ? - La question du jour - Les mémos de la démo - Ined - Institut national d’études démographiques
      https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/memos-demo/faq/est-il-vrai-que-la-mortalite-infantile-est-en-hausse-en-france

      Après une baisse continue durant le XXe siècle, le taux de mortalité infantile atteint désormais un très faible niveau mais ce taux stagne. Il a même légèrement augmenté entre 2014 et 2017 en France, alors qu’il tend à baisser dans quasiment tous les pays de l’UE27. En 2022, il s’établit à 3,9 pour 1000 naissances vivantes (3,7 en métropole), ce qui place la France au-dessus de la moyenne européenne. La hausse du taux de mortalité infantile est particulièrement marquée lors de la première semaine de vie qui concentre 47,8 % des décès.

      Les données d’état civil ne permettant pas de disposer d’informations d’ordre médical, seules des hypothèses visant à expliquer cette augmentation sont émises, telles que la hausse de l’âge des mères au moment de l’accouchement, l’accroissement des grossesses multiples, les situations de précarité ou encore une dégradation du circuit de soins.

    •  :-)

      conséquence du surcroît de maltraitance sur le nouveau-né (port du masque…)

      Alors qu’un troisième confinement est en discussion en France, les pédiatres, pédopsychiatres et services d’urgences pédiatriques de tout le pays observent depuis quelques semaines une augmentation sans précédent des consultations ambulatoires et hospitalières, admissions aux urgences et hospitalisations pour motifs psychiatriques tels qu’anxiété, idées noires ou gestes suicidaires, souvent dans un contexte de maltraitance. Les services d’hospitalisation habituellement surchargés à cette période d’enfants atteints de pathologies infectieuses (bronchiolites, gastro-entérite) le sont cette année encore mais d’enfants maltraités, déprimés, anxieux et suicidaires.

      dernier avis en date du 25/01/2021

    • Que diantre, vous n’y êtes pas du tout ! C’est la faute aux migrants, bien sûr ! Jordan l’a démontré, hôtel 5 étoiles à l’appui, l’autre vendredi sur RCI, c’est que des enfants de migrants nés illégalement sur nos fiers trottoirs de fRrance qui plombent notre beau classement de 3e meilleur européen.

      (je préfère ne pas sourcer, ça tâche)

  • Communiqué commun et publication d’une analyse préliminaire sur la mort de Roger ‘#Nzoy’ Wilhelm

    Depuis plusieurs mois, Border Forensics enquête sur la mort de Roger ‘Nzoy’ Wilhelm, un Suisse d’origine sud-africaine, tué par la #police à la gare de #Morges (Suisse) le 30 août 2021. Plus de deux ans après sa mort, alors que le déroulement exact des événements reste flou, le #Ministère_public du Canton de Vaud a récemment annoncé sa volonté de rendre une #ordonnance_de_classement et une #ordonnance_de_non-entrée_en_matière.

    Alors que notre enquête sur la mort de Roger ‘Nzoy’ Wilhelm est toujours en cours, et en contribution à la demande de vérité et de justice de la Commission d’enquête indépendante sur la mort de Roger Nzoy Wilhelm, aujourd’hui une analyse préliminaire produite par Border Forensics concernant une partie des événements a été soumise au Ministère public du Canton de Vaud. Cette analyse sera rendu public prochainement.

    –—

    Communiqué de presse : La Commission indépendante et Border Forensics critiquent le ministère public dans l’affaire de l’homicide de Roger Nzoy Wilhelm et publient des preuves ignorées

    Le Zurichois Roger Wilhelm, âgé de 38 ans, a été abattu par un policier le 30 août 2021 à la gare de Morges. Wilhelm a été laissé sur le ventre pendant six minutes et demie, sans que les autres policiers impliqués ne lui prodiguent les premiers soins. Malgré cela, le 10 octobre 2023, le Ministère public du canton de Vaud a annoncé qu’il ne poursuivrait ni l’#homicide ni l’#omission_de_prêter_secours.

    La Suisse ne dispose pas d’une institution indépendante pour enquêter sur les incidents de violence policière, c’est pourquoi un examen et une enquête indépendants de la société civile sur ce cas de décès s’avèrent urgents. Une commission indépendante composée de scientifiques issus des domaines de la médecine, de la psychologie, du droit et des sciences sociales ainsi que l’organisation de recherche scientifique Border Forensics examinent désormais le cas eux- mêmes. Les résultats provisoires de ces recherches ont été présentés aujourd’hui [vendredi 10.11.23] à Lausanne en présence d’Evelyn Wilhelm et de l’avocat Me Ludovic Tirelli, chargé de l’affaire. Ces travaux montrent que la décision du Ministère public doit être remise en question de toute urgence.

    Elio Panese, membre de l’équipe de recherche Border Forensics, a reconstitué à la seconde près le déroulement de l’#homicide à Morges au moyen d’un film. Ce film montre que Roger Wilhelm est resté au sol menotté pendant six minutes et demie alors qu’il avait une blessure par balle et qu’il n’a pas fait d’autres mouvements que de respirer. Cela prouve que les policières/policiers impliqué·es ont négligé de prendre les mesures de #sauvetage et de #réanimation vitales. Le Dr Martin Herrmann, qui fait partie des experts médicaux de la commission (spécialiste FMH en chirurgie générale et traumatologie), a confirmé dans son analyse que les mesures de #premiers_secours nécessaires n’avaient pas été prises, bien que Roger Wilhelm, allongé sur le ventre, ne représentait aucune menace pour les policières/policiers et qu’il effectuait encore des mouvements respiratoires. La question à clarifier devant le tribunal est la suivante : la vie de Roger Wilhelm aurait-elle pu être sauvée par des mesures de premiers secours immédiates prises par la police ?

    Udo Rauchfleisch, professeur émérite de psychologie clinique et membre de la commission, a rédigé un rapport basé sur des dossiers psychiatriques, des entretiens avec des proches, des déclarations de témoins et des séquences vidéo de l’homicide de Roger Wilhelm. Selon ce rapport, la police vaudoise a été appelée pour venir en aide à un homme Noir qui présentait des symptômes de psychose. Selon l’expertise du Prof. Rauchfleisch, Roger Wilhelm n’était en aucune manière et à aucun moment agressif, mais il était stressé et aurait eu besoin d’une #aide_psychologique. Au lieu d’apporter leur aide, les quatre policières/policiers ont accru le #stress_psychologique de Roger Wilhelm. Celui-ci a été considéré comme une menace et a finalement été abattu. C’est pourquoi une autre question décisive se pose, qui doit être clarifiée devant le tribunal : le comportement des policières/policiers était-il adéquat et l’utilisation d’#armes_à_feu était-elle nécessaire et conforme à la loi ?

    La mort de Roger Wilhelm doit être replacée dans le contexte d’autres homicides de personnes Noires par la police en Suisse. Dans le cas de #Mike_Ben_Peter, décédé le 28 février 2018 à la suite d’une intervention policière, le procureur chargé de l’enquête, qui gère également le cas de Roger Nzoy Wilhelm, a demandé à la surprise générale l’acquittement des policiers impliqués lors du procès. Me Brigitte Lembwadio Kanyama, membre du groupe juridique de la Commission, a sévèrement critiqué le traitement des décès survenus à la suite d’interventions policières dans le canton de Vaud. Dans tous les cas, les personnes tuées étaient des personnes Noires. L’avocat Me Philipp Stolkin, membre du groupe juridique de la Commission, a souligné que le #ministère_public devrait être en mesure de mener son enquête indépendamment de la #couleur_de_peau de la victime et du fait qu’une personne soupçonnée d’avoir commis une infraction soit employée par une entité de droit public.

    Selon un autre membre du groupe de la commission, le juriste David Mühlemann, du point de vue des #droits_humains, le ministère public est tenu d’enquêter de manière indépendante, efficace et complète sur de tels décès exceptionnels : « Ce qui est en jeu, ce n’est rien de moins que la confiance du public dans le monopole de la violence de l’État. » En voulant classer l’affaire, le ministère public empêche la possibilité d’une enquête conforme aux droits humains. C’est pourquoi la Commission demande instamment au Ministère public vaudois d’ouvrir une enquête sur l’affaire Roger Nzoy Wilhelm et de porter l’affaire devant le tribunal.

    Vous trouverez plus d’informations sur : https://nzoycommission.org

    https://www.borderforensics.org/fr/actualites/20231110-pr-roger-nzoy-wilhelm

    #border_forensics #architecture_forensique #violences_policières #Suisse #Roger_Wilhelm #justice #impunité

    • Commission d’enquête indépendante sur la mort de Roger Nzoy Wilhelm

      Roger Nzoy Wilhelm a été abattu le 30 août 2021 par un policier de la police régionale à la gare de Morges. Une commission indépendante s’est constituée le 31 mai 2023 pour faire la lumière sur les circonstances de sa mort.

      En Suisse, des agressions policières sont régulièrement commises contre des personnes de couleur, des migrants et des personnes socialement défavorisées. Certaines de ces agressions ont une issue fatale, comme dans le cas de Roger Nzoy Wilhelm. La commission estime qu’il est urgent de faire toute la lumière sur ces décès et de mettre en place un contrôle de l’action de la police par la société civile. C’est pourquoi nous avons décidé de commencer à travailler sur les points suivants :

      - l’élucidation complète des circonstances qui ont conduit à la mort de Roger Nzoy Wilhelm à la gare de Morges le 30 août 2021.
      – l’examen complet de la procédure juridique et policière, des dossiers d’enquête et de l’administration des preuves par la justice. Il s’agit d’examiner si l’enquête a satisfait aux exigences de la procédure pénale en matière d’enquête sur les décès ou dans quelle mesure l’enquête a été déficiente : Comment la scène de crime a-t-elle été sécurisée ? Les témoins ont-ils été correctement interrogés ou ont-ils subi des pressions ? Comment s’est déroulé l’examen médico-légal ?
      - Il s’agit d’examiner si les enquêtes menées dans le cas de Roger Nzoy répondent aux exigences des droits de l’homme en matière d’enquête efficace et indépendante en cas de décès exceptionnel et quels sont les obstacles structurels à l’élucidation des violences policières.
      - la mise en perspective des circonstances qui ont conduit à la mort de Roger Nzoy Wilhelm dans le contexte historique et social en Suisse.

      https://www.nzoycommission.org/fr

  • Covid-19 : la cinquième vague contraint des médecins réanimateurs à un tri plus sévère

    Entre pression politique, charge affective des décisions, et crainte de voir le discours médical mal compris, sur le terrain, les praticiens sont réticents à évoquer ce sujet devenu tabou.

    [...] Alors que la phase aiguë de la cinquième vague s’éloigne, avec un nombre de malades du Covid-19 en réanimation en diminution depuis plusieurs jours, le Syndicat des médecins réanimateurs a voulu examiner la situation, en menant une enquête flash sur « le tri des patients éligibles à la réanimation ».

    Selon un questionnaire partagé dans ses rangs depuis le 19 janvier, auquel 97 réanimateurs de services différents ont répondu au 31 janvier, près de 40 % des répondants déclarent avoir été « amenés à refuser des patients qui auraient dû être pris en charge en réanimation et ne l’ont pas été du tout », « au cours des huit derniers jours ». Pour ces trente-sept médecins, le phénomène touche autant des malades atteints par le Covid-19, que ceux qui ne le sont pas, avec, en moyenne, près de huit patients concernés.

    Cette remontée, qui n’a pas la prétention d’être représentative alors que 400 à 500 services de réanimation quadrillent le territoire, vise néanmoins à étayer une réalité que refuse d’admettre le gouvernement. Ainsi, dans une interview au Parisien, publiée le 4 janvier, le président de la République, Emmanuel Macron, assurait qu’il n’y avait « pas de tri » à l’hôpital et en faisait « une ligne rouge ».

    « Des médecins sont obligés de faire des choix en raison du manque de places, soutient le docteur Djillali Annane, à la tête du Syndicat des médecins réanimateurs. Cela fait partie du prix à payer de l’épidémie et d’une telle mise sous tension de l’hôpital, en laissant circuler le virus ; il est important d’en avoir conscience et de le reconnaître. »

    Des « dilemmes difficiles »

    Entre la pression politique, la charge affective de telles décisions et la crainte de voir le discours médical mal compris, sur le terrain, la parole des réanimateurs est rare pour évoquer ce sujet devenu tabou. « En temps normal, nous effectuons une priorisation ou un “tri” tous les jours », rappelle Guillaume Thiery, professeur de médecine intensive-réanimation au CHU de Saint-Etienne. Effectuer un séjour en réanimation, avec des méthodes invasives comme l’intubation, n’a rien d’anodin. Chaque service examine, avant d’admettre ou de refuser un patient, le bénéfice qui peut en être espéré, en fonction de son état, de ses comorbidités, de son âge, de son niveau d’autonomie…

    Mais durant cette cinquième vague, le chef de service stéphanois le reconnaît : il est confronté à des « dilemmes difficiles » à cause d’un nombre insuffisant de lits. S’il ne s’agit aucunement d’un refus massif de patients, lui comme plusieurs réanimateurs témoignent d’une sélection plus sévère qui s’opère. « Il est arrivé, parce qu’on était plein, qu’on refuse l’accès à des malades qui sont dans la zone grise, c’est-à-dire pour lesquels on est moins certain du bénéfice d’un passage en réanimation », confie-t-il, assurant que le problème ne s’est jamais posé pour des malades au bénéfice certain.

    Plusieurs refus d’admission lui restent en tête, comme ce malade du Covid-19 âgé de 78 ans, fragile après avoir eu plusieurs pathologies, mais qui faisait encore son potager, jouait à la belote, vivait encore sa vie. Ou encore, lors de l’une de ses dernières gardes, cette femme dans un « entre-deux » similaire, de « 79 ans et demi », se rapprochant d’un âge qui rend les choses particulièrement mal engagées avec une forme grave du virus.

    « Ça m’a posé beaucoup de questionnements éthiques, j’y ai repensé en rentrant chez moi puis plusieurs jours de suite, je sais qu’en d’autres temps, on aurait tenté le coup pour cette patiente, relate le réanimateur. Aujourd’hui, je ne sais pas si on a mal fait ou bien fait… On ne sait jamais si on fait une bêtise », d’où l’importance de discussions collégiales, souligne-t-il.

    Sélection plus stricte

    Cette cinquième vague est venue ajouter son lot d’interrogations nouvelles. Quid de la prise en charge des non-vaccinés ? Le statut vaccinal a-t-il sa place dans les critères de décision ? « La question était dans toutes les têtes, elle gênait des soignants, même s’il n’y avait pas de doute sur l’issue de la réflexion au niveau médical, nous avons saisi en décembre [2021] le comité éthique au niveau départemental, pour la mettre sur la table », raconte le médecin. Les discussions ont abouti, dans la droite ligne de la position prise par la Société française d’anesthésie et de réanimation, à la conclusion que ce statut vaccinal n’avait pas à être pris en compte dans l’admission en réanimation.

    Plusieurs centaines de kilomètres plus au sud, à Marseille, le chef de service à l’hôpital Nord, Jean-Marie Forel, tient à écarter les fantasmes qui ont pu circuler autour du tri dans sa région touchée de plein fouet par un afflux de patients Covid-19 depuis novembre 2021. Dans un document interne de l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille, dévoilé par Mediapart en décembre 2021, étaient évoqués le tri des patients et ses critères, qu’engendrerait l’engorgement des réanimations.

    Ce travail, produit avec l’instance éthique de l’hôpital, n’a pas été utilisé, assure le professeur. « Nous avons réfléchi ensemble aux critères de priorisation, selon les recommandations scientifiques et les règles éthiques, dans un souci de ne pas laisser place à l’empirisme, pour un médecin qui se retrouverait à devoir décider dans l’urgence à 3 heures du matin, par exemple, explique-t-il. Mais nous avons réussi à encaisser la vague, à augmenter suffisamment le nombre de lits, sans avoir à y recourir. »

    Il n’empêche, la sélection a été plus stricte ces dernières semaines, admet-il, avec des patients qui auraient été admis en temps normal et qu’il a refusés, afin de garder des lits pour des malades avec un meilleur pronostic. « Cela est arrivé, au cas par cas, uniquement pour des personnes d’un très grand âge, avec beaucoup de comorbidités, qui avaient des chances jugées extrêmement faibles de s’en sortir », décrit-il.

    Parler publiquement de la question du tri

    Au SAMU du CHU de Grenoble, le médecin anesthésiste réanimateur Raphaël Briot le résume dans une formule simple : « On prend des décisions qu’on ne prendrait pas si on était moins tendu, mais c’est toujours pour des patients qui sont au bout du bout. En temps normal, même si, pour un patient, on n’y croit pas trop, on lui donne sa chance, on préfère toujours faire un petit peu plus, qu’un petit peu moins, le doute bénéficie au patient. Là, on est plus regardant. »

    Lui garde en tête une « grand-mère », avec quelques troubles cognitifs, mais qui vivait encore chez elle. Elle avait déjà fait des séjours en soins critiques, et, sur son dossier, il était écrit qu’il n’était « pas évident » que lors d’une prochaine hospitalisation, un passage en soins critiques puisse lui rendre service… Après avoir envoyé une équipe médicale du SMUR la chercher, le médecin a demandé un scanner. Ses collègues en réanimation ont réexaminé l’ensemble de son dossier. Il a finalement été décidé de l’orienter vers une chambre du service des urgences, « où elle pourrait s’éteindre dans le confort et la meilleure sérénité possible ».
    D’autres formes de refus interpellent. Ce sont ces malades que l’on admet, faute de places, dans des structures qui ne font pas de réanimation en temps normal : au CHU d’Amiens, six patients graves de réanimation étaient ainsi installés dans une salle de réveil fin janvier, témoigne le réanimateur Michel Slama. Un autre a dû suivre sa séance d’hémodialyse dans une salle des urgences, « ce qu’on ne fait jamais », dit-il. Malgré l’intervention conjointe des urgentistes et des réanimateurs, ce patient, qui était dans un état très grave, est mort. « C’est une prise en charge dégradée, s’inquiète le chef adjoint du service de réanimation. On sait que cela induit des pertes de chance, cela a été démontré lors des précédentes vagues. »

    Pour Emmanuel Hirsch, professeur d’éthique médicale à l’université Paris-Saclay, il est grand temps de parler de la question du tri. « Cela fait deux ans qu’on refuse ce débat public sur la priorisation, en préférant une forme de non-dit, juge-t-il. Des critères médicaux entrent en jeu, bien sûr, mais pas seulement, ce sont des choix vitaux qui interrogent nos valeurs, la justice dans l’accès aux soins, c’est un enjeu démocratique. »

    Selon quels critères doit-on arbitrer de tels choix ? Comment respecter les droits de chacun ? Pour le professeur, il s’agira en tout cas de l’un des « marqueurs » à examiner à l’heure du bilan de la crise sanitaire, à côté de celui du nombre de morts.
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/01/covid-19-la-cinquieme-vague-contraint-les-medecins-reanimateurs-a-un-tri-plu

    #covid-19 #réanimation #auto-enquête #tri #pertes_de_chances #débat_publique

  • Covid-19 : les non vaccinés devraient pouvoir dire s’ils souhaitent ou non être réanimés, estime le professeur Grimaldi [dans le JDD]
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/01/02/covid-19-les-non-vaccines-devraient-pouvoir-dire-s-ils-souhaitent-ou-non-etr

    « Une personne revendiquant le libre choix de ne pas se faire vacciner ne devrait-elle pas assumer en cohérence son libre choix de ne pas se faire réanimer ? », s’interroge le praticien.

    Face à l’afflux de malades du Covid-19 en réanimation, et à la question du tri des patients, il faudrait pouvoir conseiller systématiquement aux adultes non vaccinés de rédiger des directives anticipées pour dire s’ils souhaitent ou non être réanimés, estime dans une tribune au Journal du dimanche du 2 janvier le professeur André Grimaldi, une des figures de la défense de l’hôpital public.

    « La question que posent la cinquième vague en cours et la sixième vague annoncée est à nouveau celle du tri des patients à admettre en réanimation », écrit ce professeur émérite en diabétologie de l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, rappelant que « d’ores et déjà, l’activation des plans blancs amène à reporter des opérations et des hospitalisations non urgentes pour donner la priorité aux patients Covid devant être intubés et ventilés ».

    voilà une étrange façon de promouvoir la vaccination.

    le titre de l’article du Monde est assez éloigné de ce que dit l’article. l’emploi du conditionnel ("devrait pouvoir") plus étonnant encore. l’accroche sur le site : « André Grimaldi s’interroge sur le tri des patients » est moins putaclic

    heureusement que le covid et les non vaccinés existent ! la possibilité de rédiger des directives anticipées afin de refuser tel ou tel type de soin ou traitement, dont la réanimation, finira peut-être par être largement connue

    #non_vaccinés #réanimation #tri_des_patients #directives_anticipées #hôpital

  • https://www.youtube.com/watch?v=YV8jyLcojQs

    En visite dans le centre hospitalier intercommunal de Créteil ce 28 décembre, Jean Castex a annoncé qu’une prime mensuelle de 100 euros serait versée aux infirmiers des services de soins critiques et de réanimation à compter de janvier 2022. Environ 24 000 personnes seront concernées par cette prime. Réagissant à cette annonce sur notre antenne, l’anesthésiste #Arnaud-Chiche, fondateur du collectif #Santé-en-danger, déplore qu’aucune mesure n’ait été prise pour pallier les « grandes souffrances » du système hospitalier en France. Il fustige une « #politique-de-la-rustine » et réclame un vrai #plan-santé.

    #réanimation #Covid19 #infirmiers

    Super Arnaud Chiche ! Il doit être drôlement déçu d’avoir voté Macron (le 29/12/2021 sur LCI) le meilleur Président que la France ait jamais connu qui est le seul pays au monde à avoir fermé des lits pendant la pandémie !

  • #Covid-19 : « La #réanimation est une spécialité médicale qu’il est difficile de maîtriser en quelques mois »
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/04/02/covid-19-la-reanimation-est-une-specialite-medicale-qu-il-est-difficile-de-m

    Alors que le nombre de malades du Covid-19 en réanimation a de nouveau augmenté jeudi, avec plus de 5 100 personnes hospitalisées, le ministre de la santé, Olivier Véran, a annoncé attendre un pic d’ici à la fin du mois d’avril. Quelle est la situation concrète pour les soignants ? Comment travaille le personnel dans les services de réanimation ? Professeur de médecine intensive-réanimation à l’hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis), Stéphane Gaudry a répondu à vos questions.

    Camille : Les mesures prises par l’exécutif vous paraissent-elles suffisantes ? Surtout, trois semaines suffiront-elles ?

    Il est difficile d’anticiper l’efficacité de mesures dont l’application dépendra de notre capacité collective à comprendre [mal barré au vu de l’info publique disponible] la gravité de la situation. D’un point de vue strictement sanitaire, il aurait été préférable de prendre des mesures plus restrictives. La durée minimale de ce type de mesures est de quatre semaines, si toutefois l’objectif est purement sanitaire. Je comprends qu’il y ait d’autres priorités, mais la situation actuelle dans les hôpitaux est très préoccupante.

    Statisticken amateur : On lit partout que la moyenne d’âge des personnes hospitalisées en soins intensifs a baissé. Cela est-il lié à la vaccination de nos aînés ? Qu’en est-il du nombre absolu de patients en soins intensifs ?

    L’âge a baissé en grande partie parce que le nombre de contaminations a surtout augmenté dans la tranche d’âges des 20-60 ans. L’efficacité de la vaccination est aussi une raison pour les tranches au-delà de 75 ans. Pour le nombre de patients en unités de soins intensifs, il a dépassé depuis plusieurs jours les capacités habituelles de la région Ile-de-France.

    Sophie : Y a-t-il beaucoup de femmes enceintes atteintes du Covid-19 en réanimation ?

    Un certain nombre de femmes enceintes sont hospitalisées en réanimation. Elles peuvent développer une forme grave du Covid-19, mais c’est moins notable que pendant l’épidémie de grippe A(H1N1), où la proportion de femmes enceintes était marquante.

    Sansdessousdessous : Quelles sont les #séquelles laissées par la réanimation chez les patients ? Combien de temps les patients ont-ils besoin pour retrouver l’ensemble de leurs capacités ?

    Les séquelles de la réanimation sont physiques (fatigue, diminution de la mobilité…) et psychiques (syndrome post-traumatique). En dehors du Covid-19, 50 % des patients qui passent par la réanimation n’ont pas repris leur activité professionnelle douze mois après. C’est probablement [?!!!!] pour cela que l’objectif doit [devrait !] être de limiter les arrivées en réanimation plutôt que d’augmenter le nombre de lits [ce ou bien ou bien_ lamentable]_

    Cam : Combien de #soignants faut-il pour un seul patient en réanimation ? Est-ce différent des autres services ?

    Oui, c’est très différent des autres services. Il faut deux infirmières de réanimation pour cinq patients, alors qu’en service conventionnel une infirmière s’occupe de dix patients. [seulement ! c’est un scandale] Les lits de réanimation étant ouverts vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept, il faut embaucher entre cinq et six infirmiers ou infirmières pour ouvrir trois lits de réanimation. D’où la difficulté d’ouvrir des lits de réanimation à moyens constants de ressources humaines.

    Astien : Combien gagnent une infirmière, un interne et un médecin en réanimation ?

    Après un bref sondage dans le service de réanimation, en début de carrière, une infirmière gagne 1 600 euros net. Un interne gagne environ 1 600 euros net, hors garde, auquel s’ajoutent 100 euros par garde. Les jeunes médecins gagnent 2 600 euros net, hors garde. La garde d’un médecin senior est payée 17 euros l’heure.

    Arthur : Quand vous parlez de réanimation, est-ce que cela signifie intubation ?

    Certains malades (une proportion minoritaire) qui sont en réanimation ne sont pas intubés. Ils reçoivent des quantités extrêmement importantes d’oxygène (on parle d’oxygénothérapie à haut débit). Leur situation, très précaire, peut se dégrader à tout moment et ceci justifie leur hospitalisation en réanimation.
    Certains patients plus stables, et recevant malgré tout de grandes quantités d’oxygène, sont hospitalisés dans des services intermédiaires afin de laisser des places en réanimation. Plus la situation se dégrade sur le plan épidémique, plus nous sommes obligés de laisser des patients en situation précaire en dehors de la réanimation.

    Bob : Ne peut-on pas former à la réanimation des médecins d’autres spécialités pour rapidement accroître nos capacités en réa ?

    Des médecins d’autres spécialités viennent nous aider à la prise en charge des patients atteints d’une forme grave de la maladie. Néanmoins, la réanimation est une spécialité médicale qu’il est difficile de maîtriser en quelques mois – la formation dure cinq ans après les six années d’étude de médecine, soit onze ans. On peut accepter que des non-spécialistes prennent en charge les malades graves, mais il faut avoir conscience que cela se fera au dépend de la qualité du soin donné à un patient dont la vie est en danger.

    Florence : Quelles sont actuellement les chances de survie d’un patient admis en réanimation pour Covid-19 ?

    Actuellement, 25 % à 30 % des patients atteints du Covid-19 qui sont admis en réanimation meurent. Cette mortalité est comparable aux pneumonies graves (autres que le Covid-19) admises en réanimation. La mortalité dépend, bien entendu, de l’âge et de l’état général du patient.

    Actu : Quelle est la proportion de personnes en surpoids ou obèses en réanimation ? Et quel est l’écart avec la proportion de ces personnes dans la population française ? En quoi cela représente-t-il un surrisque ?

    La proportion de personnes obèses hospitalisées pour une forme grave du Covid-19 en réanimation est d’environ 40 %, pour 17 % dans la population générale en France.

    Ornella : Les patients Covid de réanimation décèdent-ils tous de pneumopathie ? Ou quelles sont les autres causes de décès ?

    Dans ses formes graves, le Covid-19 est une pathologie touchant préférentiellement le poumon, mais pouvant également atteindre d’autres organes, comme le cœur, les reins ou le cerveau. En réanimation, les patients meurent de défaillances multi-organes. La défaillance respiratoire (pneumonie grave) est, dans la grande majorité des cas, au premier plan.

  • Macron roi

    Alors que le #Parlement est en ce jour transformé en une chambre d’enregistrement des désirs du Roi, il importe de revenir sur le bilan d’une année de gouvernement-covid. Est-ce la pandémie qui est hors de contrôle, ou bien notre président ? Les deux certainement.

    « Le président a acquis une vraie #expertise sur les sujets sanitaires. Ce n’est pas un sujet inaccessible pour une intelligence comme la sienne. » #Jean-Michel_Blanquer, Le Monde, le 30 mars 2021

    « Ce n’est pas Macron qui manque d’#humilité, c’est l’humilité qui n’est pas à la hauteur », #EmmanuelMacronFacts

    « Père Ubu – Allons, messieurs, prenons nos dispositions pour la bataille. Nous allons rester sur la colline et ne commettrons point la sottise de descendre en bas. Je me tiendrai au milieu comme une citadelle vivante et vous autres graviterez autour de moi » Alfred Jarry, Ubu roi, Acte IV, scène 3

    Je serai bref. On écrit bien trop sur Macron. Les trois épigraphes ci-dessus disent à peu près tout. Il faudrait juste ajouter que dans certaines versions de la mythologie grecque Hybris est l’un des enfants de la Nuit et d’Érèbe, une divinité des Enfers. L’#hybris désigne la #démesure, l’#excès_de_pouvoir et le vertige auquel il conduit. La Vème République est une détestable machine à produire de l’hybris. Des présidents hors de contrôle.

    En ce 31 mars 2021, Macron roi préside un #Conseil_de_défense_sanitaire où ne siège autour de lui qu’une petite grappe de ministres choisis par ses soins. Conseil opaque, soumis au secret et échappant à tout #contrôle_législatif . Le soir du même jour, il annonce ses décisions à ses sujets, au nom d’un « nous », dont on ne saura jamais s’il est de majesté ou s’il renvoie aux choix collectifs et débattus d’un #exécutif. Ce « je-nous » annonce donc le #reconfinement de toute la métropole, avec la fermeture des écoles. Je propose de déduire de ces décisions les trois #échecs de Macron, qui correspondent à trois #fautes, lesquelles sont directement en rapport avec la démesure qui caractérise le personnage, #démesure encouragée par la fonction et notre #constitution épuisée. Quand faire le #bilan d’une politique se résume, de facto, à la caractérologie de son Auteur, on se dit qu’il est grand temps de changer de République et d’en finir avec le #présidentialisme.

    Le premier échec de Macron roi, c’est le reconfinement de toute la métropole avec ses conséquences en termes de #santé_mentale, de #précarisation accrue pour les plus pauvres et les classes moyennes, et d’aggravation de la #crise_économique. L’engagement pris à de multiples reprises de ne pas reconfiner nationalement n’a jamais été accompagné de la politique qu’un tel choix exigeait. Macron a mis tout le pays dans une #impasse. Le reconfinement est la conséquence directe de ce choix. La décision de laisser filer l’#épidémie fin janvier, - dans un contexte de diffusion des variants, avec l’exemple anglais sous les yeux, et contre l’avis de toute la #communauté_scientifique -, a été, littéralement, criminelle. Macron était parfaitement informé de la flambée qui aurait lieu mi-mars. Nous y sommes.

    Le second échec de Macron roi, distrait et appuyé par son fou préféré dans son obstination à ne #rien_faire pour sécuriser sérieusement l’#Éducation_nationale, aura été la #fermeture contrainte des #écoles et le prolongement du semi-confinement des étudiant.es, qu’il convient de ne pas oublier : les dégâts sont pour elle et eux sans fin, que certain.es aident à réparer : https://blogs.mediapart.fr/parrainer-un-e-etudiant-e/blog/260221/parrainer-un-e-etudiant-e-pour-entrer-dans-le-monde-dapres-appel-ten. En plus des scandales des #masques, des #tests et des #vaccins, Macron et son gouvernement sont en effet directement comptables d’une #inaction incompréhensible. Monté sur son « cheval à phynances », Macron roi a certes arrosé les entreprises de centaines de milliards, mais n’en a dépensé aucun pour l’#Hôpital, l’École, l’#Université, la #Recherche et plus généralement la #sécurisation_sanitaire des #lieux_publics, parmi lesquels tous les lieux de #culture.

    Or, depuis bientôt un an, des chercheurs font la démonstration que des solutions existent (voir ici : https://blogs.mediapart.fr/pascal-maillard/blog/120121/rendre-l-universite-aux-etudiants-sans-attendre-les-decideurs ) et que la stratégie « #Zéro_Covid » est certainement la plus efficace et la plus propre à protéger des vies : voir par exemple les propositions concrètes de Rogue-ESR (https://rogueesr.fr/zero-covid). Pourquoi donc « une intelligence comme la sienne » ne parvient-elle pas à s’élever jusqu’à la compréhension que la #détection de la saturation en #CO2 d’un lieu fermé et l’utilisation de #filtres_Hepa sont des dispositifs techniques simples, efficaces et susceptibles de limiter la propagation du #virus ? Même des esprits infiniment plus bornés que le sien – Wauquiez par exemple (https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/covid-l-efficacite-des-purificateurs-d-air-contre-le-sa), qui dégage 10 millions pour des #purificateurs_d’air dans les écoles et lycées - ont parfaitement saisi au bout de 6 mois ce que Macron-Roi mettra deux ans à reconnaitre.

    Le troisième échec de Macron roi, le plus terrible, est le nombre de #morts, de vies brisées, de souffrances psychiques et physiques que des années de soins peineront à soulager. Bientôt 100 000 morts. Des légions de "covid longs", des enfants, des adolescents et des étudiants habités par l’angoisse de contaminer leur parents … Question : combien de milliers de vies auraient pu être épargnées, non pas seulement par des décisions énergiques fin janvier 2021, mais par un véritable #plan_d’action visant à apporter une sécurité sanitaire digne de ce nom, à toute la population ? Pourquoi 3000 #lits de #réanimation supplémentaires seulement maintenant et pas à l’été 2020, avant la seconde vague ? Pourquoi Zéro mesure technique et financière pour les #universités quand des étudiants se suicident ? Pourquoi Zéro vaccin pour protéger les enseignants ? Pourquoi faire si peu de cas de « La valeur d’une vie » (https://blogs.mediapart.fr/pascal-maillard/blog/260121/la-valeur-d-une-vie) ?

    L’analyse des causes de ces #échecs montre que ce ne sont pas des #erreurs, mais des #fautes politiques. Tout d’abord une gestion présidentialiste et autocratique de la #crise_sanitaire, couplée avec un virage idéologique vers l’extrême droite. Ensuite le refus de toute #politique_d’anticipation, qui est à concevoir comme une conséquence du « #en-même-temps » : le #laisser_faire néolibéral du macronisme se conjugue avec un retrait massif de l’#Etat et un affaiblissement de la #Fonction_publique. Enfin la #gestion_sanitaire de Macron roi a pris lors de cette épidémie la forme d’un #pari : s’accoutumer au virus, #vivre_avec, le laisser filer permettra peut-être d’éviter un #confinement. Le pari au lieu de la #raison et de la #délibération, le jeu avec la science, le rêve de devenir un savant, l’adulation de Raoult, Macron roi devenu « l’expert », l’épidémiologiste en chambre. La limite de cette folie est éthique : un #pouvoir, quel qu’il soit, ne peut pas parier des vies comme dans une partie de poker.

    A ces trois fautes correspondent trois marqueurs de l’identité politique de Macron roi : l’#opportunisme, le #jeu et le #cynisme. Macron est certainement le président le plus dangereux que nous ayons eu depuis Pétain. Il est le président qui aura consenti à la mort de dizaines de milliers de citoyen.ne.s, qui aura fait le lit de l’#extrême_droite et aura remplacé la politique par un jeu de roulette russe. Président hors de contrôle, il est devenu à lui seul le haut comité médical qu’il a institué. Il est devenu à lui seul tout le Parlement. Il est devenu sa propre caricature. Le Roi et le fou du Roi. Seul en son Palais, "divertissant son incurable ennui en faisant des paris avec la vie de ses sujets"*.

    Pascal Maillard

    Père Ubu s’interrogeait ainsi : « Le mauvais droit ne vaut-il pas le bon ? ». Il parait que sous la plume de Jarry cette question rhétorique renvoyait au cynisme politique de Bismarck.

    * L’expression est de l’écrivain Yves Charnet, dans un livre à paraître.

    https://blogs.mediapart.fr/pascal-maillard/blog/010421/macron-roi

    #macronisme #Macron #France #covid #coronavirus #Blanquer

  • #Covid-19 un an après : à réanimation et soins critiques saturés, surmortalité assurée

    Plusieurs travaux scientifiques récents ont mis en évidence une surmortalité liée au taux d’occupation de ces services clés. Ce que confirment des médecins-réanimateurs inquiets de la situation.
    Par Chloé Hecketsweiler et Gary Dagorn

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/04/01/covid-19-la-saturation-des-reanimations-une-impasse-dangereuse_6075185_3244.

    Les mesures annoncées par Emmanuel Macron, mercredi 31 mars, suffiront-elles à éviter un nouvel accroissement des décès liés au Covid-19 ? En #Ile-de-France, les dés sont déjà jetés, estiment certains médecins, en rappelant que les personnes qui arriveront en réanimation au cours des deux prochaines semaines ont déjà été contaminées.

    Entre 2 900 et 4 000 patients pourraient être hospitalisés en soins critiques dans la région le 22 avril malgré un confinement strict appliqué dès le 1er avril, selon des modélisations dévoilées ce week-end en réunion de crise par la direction de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Ils étaient un peu moins de 2 700 au pic de la première vague , il y a un an. « C’est totalement effrayant. Il me paraît clair qu’on va dans le mur », estime, la voix blanche, l’un des participants.

    Pour faire face, les hôpitaux franciliens ouvrent à marche forcée de nouveaux lits, mais cette stratégie a ses limites, comme le soulignent plusieurs travaux scientifiques parus récemment.
    Une équipe de chercheurs du département des anciens combattants aux Etats-Unis s’est spécifiquement penchée, dans une étude publiée le 19 janvier dans le Journal of the American Medical Association , sur l’évolution de la mortalité hospitalière en lien avec la saturation des services de soins critiques. Basée sur une cohorte de 8 516 patients presque exclusivement masculins (94,1 %) ayant été hospitalisés dans les 88 établissements gérés par la Veterans Health Administration entre mars et août 2020, celle-ci conclut à une nette #surmortalité corrélée au niveau d’occupation de ces services.

    Risque net de surmortalité

    Ainsi, ces chercheurs ont observé que les patients soignés lorsque les services étaient à plus de 100 % de leur capacité initiale avaient 2,35 fois plus de probabilité de mourir que ceux soignés lorsque le taux d’occupation était faible (inférieur à 25 %).

    Des conclusions que partage une équipe de scientifiques britanniques, dont l’étude de cohorte a étudié les trajectoires de 6 686 patients hospitalisés en Angleterre entre le 2 avril et le 1er décembre 2020, et prépubliée sur le site MedRxiv.org. https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2021.01.11.21249461v2 Ces chercheurs estiment qu’un patient a 18 % de plus de risque de mourir en #soins_critiques lorsque le taux d’occupation est supérieur à 85 %, que lorsque ce taux est situé entre 45 % et 85 %.

    « La différence en termes de risques pour un homme de 70 ans sans comorbidité admis dans un service de réanimation très occupé par rapport à un service peu occupé est équivalente à y être admis en étant âgé de dix ans de plus » , explique l’équipe de Harrison Wilde, l’auteur principal. Les conclusions des chercheurs britanniques rejoignent ainsi celles d’une équipe belge qui, la première, en décembre 2020, a mis en évidence un risque net de surmortalité de 42 % dans les services de réanimation du pays lorsque ceux-ci sont saturés.

    Une étude de l’Institut Pasteur, publiée le 21 mars dans The Lancet, parvient à des conclusions similaires. Les chercheurs ont étudié une cohorte de 198 846 hospitalisations (du 13 mars au 30 novembre 2020) et ont mis en évidence une plus grande probabilité de décès parmi les patients hospitalisés pour Covid-19 lorsque les services de #réanimation approchent de la saturation. « Alors que nous avons observé une large réduction des probabilités d’être admis en réanimation et de mourir pour les patients hospitalisés au cours du temps, ces progrès ont partiellement reculé lorsque le nombre de cas a recommencé à croître », concluent les auteurs. Manière de dire que l’amélioration de la prise en charge après la première vague s’explique aussi par la décrue du nombre de patients du mois de mai.

    Difficile de faire du « sur-mesure »

    Les explications à ces phénomènes sont multiples : soignants en nombre insuffisant ou peu habitués aux soins critiques, plus grande difficulté à faire du « sur-mesure » pour chaque patient, obligation de « prioriser » les malades.

    En théorie, le nombre de #soignants doit être en adéquation avec le nombre de lits ouverts : deux infirmiers pour cinq patients en réanimation, et huit patients en unité de soins continus. « Si on respecte ce ratio, on doit réussir à prendre en charge les patients correctement », estime Alexandre Demoule, chef de service de réanimation à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. A personnel constant, son service tourne aujourd’hui grâce aux heures supplémentaires et au report de congés. « Cela peut être source de fatigue est donc d’erreur », admet le médecin en soulignant que les équipes tiennent en se disant que « c’est un mauvais moment à passer ».

    Dans son service, sept lits ont été « sanctuarisés » pour des patients non Covid-19, et les quinze autres sont désormais occupés par des patients Covid-19. Une « annexe » a été ouverte avec sept lits de réanimation supplémentaires, auxquels s’ajoutent huit à douze lits de soins intensifs pour les malades non intubés.
    Selon lui, le risque d’une moins bonne prise en charge existe surtout lorsque l’ouverture de nouveaux lits conduit à faire appel à des soignants peu ou pas habitués à la réanimation. « Dans ce cas, on ne peut pas exclure que la qualité des soins diminue », souligne Alexandre Demoule, en précisant que la perte de chance pour les patients est difficile à objectiver.

    « Prise en charge dégradée, résultat dégradé »

    « Chez nous, les infirmiers passent un mois en intégration, en binôme avec un autre infirmier, et il leur faut un an pour être à l’aise », rappelle le réanimateur. « Nous avons tiré à plusieurs reprises la sonnette d’alarme mais pas grand-chose n’a été fait jusqu’à l’automne 2020 », regrette-t-il en soulignant que les formations express mises alors en place par la direction générale de l’offre de soins (DGOS) ne sont « pas du tout suffisantes ».

    « Quand la prise en charge est dégradée, le résultat est dégradé », confirme Nicolas Van Grunderbeeck, réanimateur à Arras, dans le Pas-de-Calais. « Face à une maladie grave et complexe comme le Covid, on a besoin d’être plus nombreux à réfléchir pour personnaliser la prise en charge. On ne peut pas faire de la médecine à la chaîne », insiste-t-il. « Il y a un risque que l’hôpital craque », avertit-il, en rappelant que « des ventilateurs sans personne pour s’en occuper, cela ne sert à rien ».

    Dans ce département, près de 140 patients sont déjà hospitalisés en soins critiques, contre un peu plus de 120 au pic de la première vague. Impossible dans ce contexte pour les services de réanimation de prendre en charge tous les malades graves. « Nous sommes contraints d’être plus sélectifs, et de revoir nos critères d’admission. Il y a beaucoup de non-dits là-dessus », regrette Nicolas Van Grunderbeeck, appelant à « davantage d’honnêteté et de transparence » sur ce sujet. Un an après le début de la pandémie, se retrouver à « prioriser » les patients, comme on dit dans le jargon, est « très difficile à vivre », lâche-t-il. Là aussi la perte de chance est difficile à mesurer : certains malades vont « passer le cap » malgré tout, d’autres décéderont sans qu’on sache si un passage en réanimation aurait changé quelque chose.

    Les médecins rappellent aussi ce que signifie un taux d’occupation de _« 100 % » des lits de réanimation – voire davantage – par des patients Covid-19 : « C’est beaucoup au prix de la déprogrammation qu’on va réussir à ouvrir le nombre de lits nécessaires, rappelle Alexandre Demoule. Mais quand on déprogramme, des patients n’ont pas leur intervention dans les temps et cela a un coût en termes de santé publique. »

    une an sans former ces 1000 à 1500 infirmiers en réa qui manquent aujourd’hui. à se demander combien faut de pandémies

  • « La peur s’est déplacée. Ce n’est plus celle du virus mais celle du confinement sans limite de temps », Journal de crise des blouses blanches
    https://www.lemonde.fr/journal-blouses-blanches/article/2020/11/21/journal-de-crise-des-blouses-blanches-la-peur-s-est-deplacee-ce-n-est-plus-c

    « On ne devrait pas admettre des patients en réanimation uniquement “parce qu’il y a des places” » . Nicolas Van Grunderbeeck, 44 ans, réanimateur au centre hospitalier d’Arras (Pas-de-Calais)

    « Le problème de la “dernière place” résume tous les problèmes éthiques de #réanimation. La crise a fait prendre conscience à tous de cette réalité, éloignée en temps normaux par une pratique de la médecine où l’on fait parfois “parce qu’on peut le faire”.

    Les capacités d’hospitalisation en soins critiques ont été augmentées partout grâce aux renforts, notamment celui des anesthésistes-réanimateurs et du personnel paramédical des blocs opératoires : merci à eux. Mais malgré cette extension, il ne reste, ce soir, qu’une place de réanimation pour la garde.

    On ne devrait pas admettre des patients en réanimation “parce qu’il y a des places”. Le temps change vite, comme en mer ou en montagne : on passe de cinq places à rien, et c’est à ce moment-là qu’arrive le ou la patiente qui en a absolument et immédiatement besoin. De même, comme pour tous les traitements, la réanimation inutile, pour un patient pas assez ou trop grave, comporte aussi ses effets indésirables : douleurs, anxiété, ou faux espoirs pour le patient, sa famille… Et les ressources utilisées pour les uns ne seront plus disponibles pour les autres.

    S’il y a toujours eu, en temps “normal”, des décisions d’admission ou de non-admission, la situation épidémique – et la limite des ressources disponibles – ont augmenté l’enjeu et le nombre de sollicitations. Contrairement à ce qui est parfois perçu, ce n’est pas évident de refuser des patients, encore moins quand c’est souvent. Les réanimateurs sont devenus les référents des limitations thérapeutiques, et on peut passer plus de temps, en garde, à exercer la “non-réanimation” que la réanimation elle-même.

    Depuis le printemps, nous avons appris à connaître un peu mieux la maladie, et aussi appris pour qui on peut espérer une vie après un syndrome de détresse respiratoire aigu lié au Covid. On en revient à l’essentiel : admettre des patients pour essayer de leur rendre une “vie vivable après” la réanimation. Pas pour faire plaisir à un collègue, à la famille, pas parce qu’une maladie incurable “a encore une possibilité de traitement”, pas pour “passer un cap” infranchissable, pas parce que certains estiment que c’est mieux de mourir en réanimation ou juste après, pas en raison d’une maladie d’organe ou de son traitement qui deviendraient plus importants que le patient lui-même.

    Ce “retour aux basiques” est probablement une des raisons de la motivation maintenue des équipes de soins critiques, sursollicitées, et qui répondent encore présent. C’est souvent, à l’inverse, les traitements inappropriés et les souffrances infligées qui nous font arrêter la réanimation.
    Voilà ce qu’il y a derrière les décisions de refus d’admission des réanimateurs. »

    « Je suis très préoccupée par le vécu des survivants et de leurs proches » . Aurélie Frenay, 36 ans, psychologue en réanimation au centre hospitalier Saint-Joseph Saint-Luc à Lyon (Rhône)

    « Depuis quelques années, les services de réanimation s’adaptent pour s’ouvrir vingt-quatre heures sur vingt-quatre aux visites et aux entretiens avec les familles. Là, tout d’un coup, nous sommes revenus en arrière, et tout se ferme. Tout est à réinventer, et l’absence des visites a des effets importants sur l’état psychologique des patients et de leurs proches. Il faut créer des liens différents, être un médiateur, appeler les familles, parfois tenir le téléphone à l’oreille du patient, faire des vidéos avec des tablettes… On ne peut plus porter les gens par le regard, les mots, une main sur l’épaule. Jamais je n’aurais cru maintenir des liens avec des familles par SMS.

    On bricole, on fait ce qui marche. Mais il y a beaucoup de travail et cela m’arrive de retourner à l’hôpital le week-end, d’appeler les familles le soir. On ne peut pas aider tout le monde, c’est très frustrant. Il est difficile de renoncer.

    Je suis très préoccupée par le vécu des survivants et de leurs proches. Il y a des gens qui sont restés en réanimation pendant des mois et sont sortis juste avant la deuxième vague. Ils sont extrêmement marqués, avec des séquelles physiques et psychiques : troubles du sommeil, de l’alimentation, cauchemars… Ils vivent ce qu’on pourrait définir comme un état de stress post-traumatique avec une incapacité à reprendre une vie active, une place dans leur famille. Des bruits les font sursauter, tellement ils ont été marqués par les alarmes des machines pendant des jours. On commençait à revoir ces patients de la première vague mais on n’a plus le temps de le faire. »

    « Nos patients n’ont pas les moyens de se confiner correctement et nous n’avons aucune alternative à leur proposer » . Slim Hadiji, 46 ans, médecin généraliste dans le 13e arrondissement de Marseille

    « Cette semaine, j’ai rempli 49 fiches individuelles de détection Covid, j’ai dû hospitaliser deux patients en réanimation, et j’en ai un troisième qui vient de sortir des soins intensifs et bénéficie d’oxygène à domicile. Pour moi, l’épidémie ne ralentit pas.

    Je commence à être en rupture de tests antigéniques. Je n’arrive pas à obtenir mon quota de quinze tests par jour. J’essaie de me débrouiller avec mes collègues, mais beaucoup de mes confrères aux alentours n’ont pas leur dotation non plus. Est-ce un problème d’approvisionnement des pharmacies, d’anticipation de commandes ? Ou est-ce que cela signifie qu’on sera servis au compte-gouttes ? C’est un problème, car ces tests m’ont déjà permis de détecter une bonne vingtaine de cas positifs.

    Les contaminations que j’observe dans mon cabinet sont exclusivement d’origine intrafamiliale. Il suffit d’un cas positif, souvent une personne qui ramène le Covid de son lieu de travail, pour que toute la famille soit touchée. Notre difficulté est toujours la même : dans les quartiers populaires, nos patients n’ont pas les moyens de se confiner correctement chez eux et nous n’avons aucune alternative à leur proposer.

    La semaine dernière, je demandais une feuille de route pour les généralistes. Le 13 novembre, j’ai reçu un pavé de 22 pages du ministère de la santé qui définit une vision globale. Malheureusement, il n’y a toujours pas de fiche simple pour ma pratique quotidienne. Et je suis encore obligé de m’en remettre à mes contacts hospitaliers pour les patients diabétiques, hypertendus… Nous, généralistes, avons plein de questions. Qu’est-ce que je dois arrêter, qu’est-ce que je dois prescrire, qu’est-ce que je dois surveiller ? J’ai besoin d’aide. Il faut que les gens aient autant de chances d’être bien soignés qu’ils soient hospitalisés à Paris, Lille ou pris en charge dans les quartiers populaires de Marseille.

    Quand je prescris des bilans biologiques, je vois des dégradations importantes, des atteintes hépatiques, des facteurs de coagulation très perturbés. Si un patient venait me voir, hors Covid, avec un tel bilan, je prendrais peur. Ce virus fait des choses qu’une autre maladie n’a pas l’habitude de faire. Le risque thromboembolique y est très important. C’est inimaginable de ne pas proposer systématiquement un #bilan_biologique aux patients Covid au-delà de la quarantaine. On éviterait pas mal de passages en réanimation. »

    « Moralement, c’est lourd. On s’identifie aux patients : 50-60 ans, c’est l’âge de mes parents » . Lucas Reynaud, 30 ans, interne en réanimation à l’hôpital de Montélimar (Drôme)

    « En début de semaine, je pensais qu’on avait passé le pic dans le service, que le plateau était atteint. Mais, dans la nuit de mercredi à jeudi, trois nouveaux malades du Covid sont arrivés, et le projet de la baisse de charge est pour le moment repoussé.

    J’ai eu trois décès en cinq jours, dont un monsieur qui était arrivé en même temps qu’un autre, avec les mêmes antécédents. L’un est toujours dans le coma, le second n’a pas survécu. Il avait 76 ans. Deux semaines auparavant, il était sans machine, les jambes croisées dans son lit… Une dame de 56 ans a dû être transférée à Lyon car elle avait besoin d’un appareil plus sophistiqué pour soulager son cœur et oxygéner son sang. J’ai aussi fait une entrée gravissime, une femme renversée par une voiture.

    « Le soir, entre jeunes médecins, on se raconte nos cas, nos difficultés, nos interrogations. Cela nous sert de psychothérapie de groupe »
    En expérience humaine, pathologies rencontrées et gestes pratiqués, ce que je vis est un condensé de mes dix années de médecine. Une plongée rapide dans le grand bain. Au début du mois, j’ai même doublé une garde senior. Moralement, c’est lourd. On s’identifie aux patients : 50-60 ans, c’est l’âge de mes parents. Normalement, il ne faut pas le faire en médecine. De l’empathie, il faut en avoir, mais s’identifier, non. L’expérience va m’endurcir, même si je suis encore jeune.

    Notre chance, à Montélimar, en tant que jeunes médecins, c’est d’être logés à l’internat. Nous sommes une trentaine. Le soir, on se retrouve pour débriefer. On se raconte nos cas, nos difficultés, nos interrogations. Cela nous sert de psychothérapie de groupe. La dernière fois, j’ai fait remarquer qu’on ne parlait que boulot. Mais on en a besoin, je crois. »

    « On est agréablement surpris, le pic est monté moins haut que ce qu’on craignait ». Thomas Gille, 39 ans, pneumologue à l’hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis)

    « Contrairement à certains autres établissements de l’AP-HP [Assistance Publique-Hôpitaux de Paris], à Avicenne, on connaît plutôt un plateau qu’une décrue, ces jours-ci. Déjà, lors de la première vague, on avait été les premiers saturés et les derniers désaturés d’Ile-de-France, notamment parce que la Seine-Saint-Denis est un désert médical, en raison de la grande précarité de la population, de ses facteurs de risques, etc.

    L’activité reste importante mais elle a arrêté d’augmenter, c’est très net. Comparé à mars-avril, il y a environ deux fois moins de lits occupés par des patients infectés par le virus. Sauf accident, ça va décroître dans les jours qui viennent. On va accompagner cette décrue en reprogrammant des blocs qui n’étaient pas urgents et avaient été décalés. Par exemple, des chirurgies ambulatoires de la cataracte, ou des coloscopies.

    On est agréablement surpris, le pic est monté moins haut que ce qui avait été craint. Probablement qu’il y a eu un effet “vacances scolaires”, qui réduit la circulation du virus de manière évidente. Mais nous restons prudents face à un risque de rebond du fait de la rentrée, dans la mesure où tout est décalé.

    Comme pneumologue, il y a des questions en suspens : quelles sont les #séquelles ? Dans quelles proportions ? S’il y a de l’inflammation ou de la fibrose pulmonaire qui persiste, avec quoi peut-on la traiter ? La semaine dernière, j’ai revu un patient septuagénaire très gêné, qui reçoit de l’oxygène lorsqu’il marche, ce qui n’était pas du tout le cas avant sa contamination. On a essayé un premier traitement, qui a été partiellement efficace. Sans doute avait-il une maladie pulmonaire sous-jacente qui n’avait pas été identifiée ni ressentie, mais a probablement été accélérée par l’infection. »

    #covid-19 #hôpital

  • Covid-19 : le taux de mortalité des patients en réanimation lors de la première vague a baissé
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/11/03/covid-19-la-mortalite-a-baisse-en-reanimation_6058305_3244.html

    Selon une étude menée au printemps sur plus de 4 200 malades, le taux de mortalité est passé de 42 % à 25 %. Ces cas graves sont surtout des hommes, souvent en surpoids. Un quart a moins de 54 ans. Par Sandrine Cabut

    Avec un recul de trois mois, presque sept malades sur dix passés en réanimation pour un Covid-19 (69 %) sont en vie, et le taux de mortalité a baissé de 42 % à 25 % au fil du temps. Alors que la deuxième vague de l’épidémie déferle en Europe, une étude principalement française, Covid-ICU (pour Intensive Care Unit), apporte des données précieuses sur les cas les plus sévères de la première vague, précisant le profil, la prise en charge et le pronostic de ces patients selon leurs facteurs de risque.

    Cette cohorte prospective a inclus 4 244 adultes présentant un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) lié à une infection à SARS-CoV-2, qui ont été admis en réanimation entre le 25 février et le 4 mai dans 138 hôpitaux, surtout en France, mais aussi en Belgique et en Suisse. Plus d’un patient sur deux (56 %) a été recruté en région Ile-de-France.

    Les résultats de cette série, inédite par l’ampleur de son effectif et la durée de suivi, sont accessibles en prépublication sur le site de la Société européenne de réanimation. Elles seront publiées prochainement dans la revue de cette société savante, Intensive Care Medicine.

    « Des Français moyens, “bons vivants” »

    Premier constat : il s’agit surtout d’hommes (dans 74 % des cas), dont l’âge moyen est de 63 ans. Les trois quarts sont en surpoids (41 % étant obèses), près d’un sur deux est hypertendu (48 %) et 28 % sont diabétiques. Seulement 7 % sont immunodéprimés, dans la moitié des cas dans un contexte de traitement par corticoïdes au long cours ; et ils ne sont que 4 % à être des fumeurs actifs. « Contrairement à l’image qui a pu être véhiculée, il ne s’agit pas de personnes extrêmement fragiles, mais plutôt de Français moyens, “bons vivants”. C’est un profil assez différent des patients avec une grippe sévère » , souligne le professeur Alexandre Demoule, président du conseil scientifique du Réseau européen de recherche en ventilation artificielle (REVA) qui chapeaute, avec l’AP-HP, le registre Covid-ICU. Le chef de service de réanimation à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, précise aussi que 25 % de ces malades ont moins de 54 ans.

    Deuxième constat : la plupart des patients de la cohorte (80 %) ont dû être intubés et ventilés par un respirateur pendant leur séjour en réanimation, dont près des deux tiers (63 %) dans les premières vingt-quatre heures. Les autres ont bénéficié d’une oxygénothérapie avec un débit parfois élevé (pouvant atteindre 40 à 50 litres/min) ou d’une technique d’assistance respiratoire non invasive.

    Pour disposer de données consolidées, les réanimateurs ont pris en compte la mortalité à quatre-vingt-dix jours (trois mois). « Il est important d’avoir un recul assez long, car au bout d’un mois on ne peut pas considérer que les survivants sont définitivement tirés d’affaire » , insiste le réanimateur Matthieu Schmidt, coordinateur de l’étude Covid-ICU. De fait, parmi les patients qui ont nécessité une ventilation mécanique pendant les vingt-quatre premières heures de la réanimation, le taux de mortalité était de 31 % à J28, et a grimpé à 37 % à J90.

    Globalement, le taux de mortalité à trois mois chez ces 4 244 patients est de 31 %. Il est donc plus faible que dans les séries américaines et britanniques (de l’ordre de 40 % à un mois) et chinoises (mortalité à un mois supérieure à 50 %).

    Mener des études complémentaires

    Surtout, ce pronostic vital a nettement évolué entre le début et la fin de l’étude, passant de 42 % à 25 %. Parallèlement, la proportion de malades intubés et ventilés a diminué, tandis que celle des ventilations non invasives augmentait. Peut-on attribuer ce meilleur pronostic à l’optimisation de la prise en charge en réanimation ou à des formes moins sévères à la fin de la première vague ? « Pour l’instant, il faut rester prudent sur l’interprétation de la baisse de mortalité, car nous n’avons pas encore comparé les caractéristiques des patients dans les différentes périodes de l’étude » , tempère le docteur Schmidt.

    Selon lui, l’un des résultats les plus frappants de cette étude tient dans les particularités des syndromes de détresse respiratoire aiguë (SDRA) dus au Covid-19. « Comparées à ce que l’on sait des SDRA d’autres origines, nos données montrent un pronostic similaire en termes de mortalité. Mais la durée de séjour en réanimation est bien plus longue en cas de Covid : vingt et un jours en moyenne, contre onze dans les autres SDRA, explique le réanimateur. C’est un facteur d’engorgement des services, qu’il faut prendre en compte dans la planification. »

    L’analyse de la cohorte Covid-ICU a permis aussi de mieux identifier les principaux facteurs de risque associés à un mauvais pronostic – de façon indépendante les uns des autres : âge, obésité, diabète, immunodépression, atteinte rénale, temps court entre le début des symptômes et l’admission en réanimation. L’hypertension artérielle n’est en revanche pas apparue à elle seule, de manière indépendante, comme un facteur de mortalité.

    Les réanimateurs sont loin d’avoir fini d’exploiter toutes les informations concernant ces patients. « Il y a là une masse de données considérable qui va nous permettre de mener des études complémentaires » , précise le professeur Demoule. Aucune nouvelle inclusion n’est prévue, faute de moyens financiers et humains pour gérer la cohorte. Mais Matthieu Schmidt et Alexandre Demoule l’assurent : les patients atteints du Covid-19 qui arrivent aujourd’hui dans les réanimations ont exactement le même profil que ceux de la première vague.

    #réanimation #hôpital #covid-19

    • Hum. J’avais graissé ce passage avant de ne pas. Il est de suite relativisé par la suite (alors qu’il y a un rajeunissement des hospitalisations ? légitimisme incroyable des toubibs, des professionnels), me disant, ah oui, comprendre c’est déjà excuser.
      C’est à l’image de l’interdiction de filmer la police, fréquement pratiquée et sans doute bientôt imposée par la loi de sécurité globale. L’action publique se doit d’être clandestine. Toute question publique (le « secret des affaires », mon dossier pôle emploi, etc) doit faire l’objet d’un culte de l’ignorance.

      #obscurantismepartout

    • « Un monde à part » : comment fonctionnent les services de réanimation
      https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/11/03/un-monde-a-part-comment-fonctionnent-les-services-de-reanimation_6058374_435

      Le niveau de ventilation artificielle administré dépend surtout du manque d’oxygène dans le corps, que l’on détermine par un indicateur : le rapport P/F, qui est la fraction de l’oxygène des poumons réellement transportée dans le sang. Plus cette fraction est faible et plus les réanimateurs devront ventiler le patient, jusqu’à recourir à l’intubation, une méthode lourde, associée à une incidence élevée de complications (de 20 à 50 %) pouvant menacer le pronostic vital.

      Les patients sous ventilation non invasive restent conscients tout au long de leur séjour. Ils sont soulagés par des antalgiques légers mais souffrent tout de même de gêne respiratoire et d’anxiété liée à leur présence dans un service réservé aux cas sévères.

      Lorsqu’un patient est intubé, en revanche, il est placé sous anesthésie générale et devra le rester le temps de l’intubation. Il est aussi mis sous analgésiques (antidouleurs) et « curarisé » : on lui administre des curares, une substance d’origine végétale qui provoque une grande détente musculaire pour faciliter à la fois le passage de la sonde d’intubation et la respiration. Durant cette période, le patient est placé sur le ventre pendant environ seize heures (on parle de décubitus ventral, cela permet d’améliorer la respiration) et massé régulièrement pour éviter les ecchymoses. Il est hydraté par voie veineuse et alimenté soit avec une sonde gastrique, soit également par voie veineuse : les nutriments sont alors directement injectés dans le sang.

      La période d’intubation est généralement très éprouvante pour le corps et provoque une perte significative de masse musculaire dès la première semaine. Selon la durée, de une à quatre semaines, voire plus, les patients ressortent durablement affaiblis. Il faut réapprendre à déglutir, à respirer, à mobiliser ses muscles, à manger. Les complications pulmonaires ou cardiaques sont fréquentes. Les patients mettent six à douze mois pour se remettre d’un tel choc, souvent plus.

  • Des graphiques pour mesurer l’#impéritie et l’#incurie.

    Dans le discours de Macron de mercredi 28 octobre, on pouvait entendre : « Nous sommes surpris » et quelques phrases plus loin, « Nous nous y attendions ». En fait si on les comprend bien, ils s’attendaient à être surpris.

    Thread by Panda31808732 on Thread Reader App – Thread Reader App
    https://threadreaderapp.com/thread/1321935155041361921.html

    Félicitations au gouvernement pour son grand chelem ! Par sa nullité stupéfiante, l’exécutif est parvenu à noircir toute la France métropolitaine en 15 semaines. Nous pouvons à présent lui décerner le label IOC (Incompétence d’Origine Contrôlée).

    • « On va au crash » : face à la deuxième vague de Covid, la course aux lits dans les hôpitaux franciliens

      https://www.leparisien.fr/info-paris-ile-de-france-oise/on-va-au-crash-face-a-la-deuxieme-vague-de-covid-la-course-aux-lits-dans-

      Opérations déprogrammées, inquiétude des soignants… De plus en plus de places de réanimation en Ile-de-France sont occupées par des patients Covid. La recherche de lits et de personnel est au cœur de toutes les préoccupations.

      « Le week-end nous éclaire sur le risque auquel nous devons faire face […], des vagues répétées d’arrivées, jour après jour, qui vont mettre en péril nos capacités de régulation régionale. Je vous demande formellement d’engager sans délais les déprogrammations et de vous mettre en situation d’atteindre le pallier suivant rapidement. »

      Ce message, parvenu ce dimanche aux directeurs d’établissements de santé d’Ile-de-France, est signé du directeur général de l’agence régionale de santé (ARS) Aurélien Rousseau. Vendredi, 3813 malades étaient hospitalisés en Ile-de-France, c’est 177 de plus que la veille, dont 715 en réanimation.

      Depuis plusieurs jours, des groupes WhatsApp d’urgentistes franciliens étaient en ébullition. « Les patients sont à 15 dans les couloirs, on ne sait pas où les mettre, on fait des gardes jusqu’à 4 heures du mat’, si ça continue comme ça, on va au crash », redoute un médecin réanimateur. Il n’a rien oublié de la première vague. « Quand on a découvert le titre des Echos où le ministre dit que l’hôpital est plus solide qu’au printemps, on s’est étranglés, on était fous ! » ajoute-t-il.

      Plus question de transférer les patients en TGV

      En Ile-de-France, la capacité « de routine » est de 1200 lits de réanimation. Au plus fort de la première vague, en avril, l’hôpital avait tout arrêté et plus que doublé ses places en réanimation pour atteindre 3000 lits, dont 2600 dédiés aux malades Covid les plus graves.

      Cette fois, les transferts médicalisés en TGV vers la province ne seront pas possibles, les hôpitaux de province ont trop à faire. En attendant les éventuels bienfaits du couvre-feu, des études de modélisation de l’institut Pasteur, notamment, permettent de se projeter à quelques semaines, en fonction de l’intensité des contaminations, le fameux R zéro, qui prédit aussi le niveau d’encombrement des urgences. Et donc d’anticiper.

      Une gestion mutualisée à l’échelle régionale

      Actuellement, au palier 2 de la mobilisation hospitalière, un millier de places sont mobilisées pour les malades les plus graves du coronavirus. Tous les départements franciliens sont mis à contribution, la gestion est mutualisée à l’échelle de la région, privé compris, appelé à contribuer à l’effort de guerre.

      Jusqu’à 30 % d’opérations non urgentes, peuvent être déprogrammées pour libérer des lits. « Le réservoir n’est pas plus gros, la jauge se fait au détriment d’autre chose », résume un urgentiste parisien. Vu la progression de l’épidémie, les mille places pourraient être remplies avant novembre. Après, c’est le palier 3 qui permet de dégager 1 700 places mais avec jusqu’à 60 % de déprogrammations des opérations « non urgentes ».

      Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a évoqué une hausse nationale de 15 % de lits de réanimation (passant de 5100 à 5 800) et l’ouverture, selon nécessité, de « 4 000 lits à la demande » disponibles « dès décembre, avant s’il le faut ». « Ces lits seront ouverts ponctuellement selon les besoins », assurait jeudi soir le ministère de la Santé, précisant qu’il s’agit principalement de lits de « médecine générale ».

      « La situation n’a pas changé depuis mars »

      Dans les hôpitaux, publics comme privés, aucun de ceux que nous avons interrogés n’a encore vu la couleur de ces lits supplémentaires. A Argenteuil (Val-d’Oise), par exemple, « la situation n’a pas changé depuis mars, voire s’est dégradée », selon Bertrand Martin, le directeur du centre hospitalier Victor-Dupouy, 300 médecins, 2100 personnels soignants, une cinquantaine de patients Covid dont 12 en réanimation.

      L’hôpital dispose aujourd’hui d’une douzaine de lits de réanimation. Pour la première vague, au plus fort de la crise, 51 lits avaient été ouverts au total. « Nous n’avons pas plus de moyens qu’au mois de mars, ni en termes de compétences médicales ou soignantes, insiste le directeur. Et nous avons des difficultés à pourvoir des postes, y compris dans les services difficiles que sont les réanimations. »

      Sans compter qu’il faut aussi des chambres individuelles pour éviter toute contamination. « On essaie de trouver des solutions, reprend le directeur. Mi-novembre, nous allons ouvrir une nouvelle unité d’une vingtaine de lits dans une aile vide de l’hôpital. »

      « Plus on ouvre de lits Covid, plus on a besoin de personnel »

      Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf) et délégué CGT de l’assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP), estime que les annonces gouvernementales sur un renfort en lits sont irréalisables. « Il y a un problème arithmétique très simple, ironise-t-il. 4000 lits pour un budget annoncé de 50 millions d’euros, ce n’est pas faisable ! Il faudrait 2 à 2,5 emplois par lit et donc un budget de… 400 millions d’euros. Et puis c’est maintenant qu’on a besoin de ces lits, pas plus tard. »

      A l’#AP-HP, plus grand centre hospitalier universitaire d’Europe, avec ses 39 établissements en Ile-de-France, 17 % des 20 000 lits étaient fermés en septembre, indique la direction (soit 3400), toute discipline et tout motif confondu (congés d’étés, chambres doubles transformées en chambres simples, postes non pourvus, travaux, désinfection, etc.). « Par ailleurs, précise la direction, plus on ouvre de lits Covid, plus on a besoin de personnel. Par exemple, un poste infirmier est nécessaire pour 10-12 lits de médecine en temps normal, avec le Covid, c’est un poste d’infirmier pour six lits. » L’effort de recrutement des derniers mois a permis de recruter 500 infirmiers, passant de 17 300 à 17 800. Mais 450 postes sont toujours vacants.

      Selon une enquête menée par l’ARS au sein des établissements de santé en juin, il y aurait 3 579 postes vacants en Ile-de-France, tout profil confondu, soit 4,8 % des effectifs….

      VIDÉO. Malaise à l’hôpital : « Les collègues viennent nous voir pour savoir comment démissionner »
      [témoignages : "on est tous un peu genoux"]

      « A la différence de mars, on a réussi à surmonter le problème matériel, avec des hausses de coût surréalistes, mais le personnel, c’est le problème principal », partage Patrick Serrière, responsable chez Ramsay Santé qui gère 30 établissements privés de santé en Ile-de-France, et 70 malades en soins critiques. Pour pallier la pénurie, des infirmiers actuellement en formation doivent suspendre leur cursus pour aller en renfort dans les hôpitaux. « Les dates de remise des diplômes seront donc décalées de deux mois », précise un mail interne à l’AP-HP.

      2000 lits à trouver… mais comment ?

      « Notre premier sujet, ce sont les ressources humaines », reconnaît Didier Jaffre, directeur de l’offre de soins à l’ARS Ile-de-France. Il rappelle que le manque de lits et de personnel est antérieur à la crise. Différentes pistes sont explorées, notamment avec le conseil régional, pour faciliter le logement des infirmiers, plus enclins à travailler aujourd’hui en grande couronne où les loyers sont moins chers qu’à Paris.

      Mercredi, des instructions ont été données par l’ARS, pour trouver rapidement 2000 lits de médecine. Les leviers ? Les déprogrammations d’opérations bien sûr, mais aussi le recours massif à l’hospitalisation à domicile, pour libérer des lits de médecine, le recours à la télémédecine pour les bilans… L’objectif est d’augmenter « significativement et rapidement le nombre de lits et les capacités d’accueil ».

      https://seenthis.net/messages/882871

      #soignants #lits #pénurie #IDF

  • Covid-19 : à Saint-Etienne, « la situation est en train de nous échapper », Luc Chatel
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/22/covid-19-a-saint-etienne-la-situation-est-en-train-de-nous-echapper_6056963_

    Si la contamination poursuit sa hausse, les hôpitaux ne pourront bientôt plus accueillir de malades.

    Déjà soumise au couvre-feu nocturne depuis le 17 octobre, la métropole de Saint-Etienne voit la situation sanitaire se dégrader de jour en jour. Le chef-lieu de la Loire affiche désormais le plus haut niveau de contaminations du pays, avec un taux d’incidence de 807 cas sur sept jours pour 100 000 habitants, contre 370,5 de moyenne nationale, selon les dernières données de Santé publique France. Le département de la Loire a enregistré neuf décès en vingt-quatre heures, jeudi 22 octobre. A l’Hôpital privé de la Loire (HPL), deuxième plus gros établissement sanitaire de Saint-Etienne, après le centre hospitalier universitaire (CHU), le directeur, Janson Gassia, détaille : « Nous avons actuellement 54 patients Covid, alors qu’ils étaient 45 au plus haut de la première vague, début avril. »

    Très présent dans les médias pour critiquer les décisions gouvernementales face au coronavirus, dont l’instauration du couvre-feu et la fermeture des bars dans sa ville, le maire (LR) de Saint-Etienne se fait ces jours-ci plus discret. Alors qu’il affirmait, lundi 12 octobre sur RTL, qu’il n’y avait « aucun malade dans les #Ehpad stéphanois », Gaël Perdriau, qui n’a pas souhaité répondre à nos questions, a dû faire face une semaine plus tard à l’identification par l’agence régionale de santé (ARS) d’une dizaine de clusters dans des Ehpad.

    Pour Janson Gassia, « à ce rythme, nous allons atteindre le taux maximum d’occupation des lits [d’hôpitaux] d’ici deux semaines » . Il avait été recommandé la semaine du 12 octobre aux établissements de la Loire de déprogrammer 30 à 40 % des interventions non urgentes, or l’HPL et le CHU en sont à plus de 70 %. « Nous allons très vite devoir cesser toute intervention hors Covid » , prévient le professeur Franck Chauvin, directeur de la prévention au CHU de Saint-Etienne, président du Haut-Conseil de la santé publique et membre du conseil scientifique mis en place au printemps par le gouvernement. Jusqu’à présent, la situation avait pu être en partie régulée grâce à des transferts de malades : neuf patients stéphanois ont notamment été pris en charge la semaine du 12 octobre par le CHU de Clermont-Ferrand. « Nous avons également fait des transferts entre établissements du groupement hospitalier de territoire » , précise Janson Gassia.

    « Notre personnel est très fatigué »

    C’est en effet à cette échelle locale, qui couvre la Loire et le nord de l’Ardèche et qui regroupe une dizaine d’établissements hospitaliers sous la direction du CHU de Saint-Etienne, que s’organise au quotidien la gestion des lits. « Nous avons une conférence téléphonique quotidienne entre directeurs, du lundi au dimanche, pour évaluer la situation, précise le patron de l’HPL. C’est ce qui nous a permis jusque-là de répartir au mieux tous les patients. Mais nous en sommes à un stade où nous ne pouvons pas repousser les murs pour ouvrir de nouveaux de lits. Et notre personnel, qui est très impliqué et désormais bien formé à cette situation, commence à être très fatigué. » Une fatigue qui se ressent aussi chez les médecins généralistes. « Tout le monde est débordé, la situation est en train de nous échapper, constate avec dépit Nassira Drikeche, médecin généraliste dans le quartier populaire de Montreynaud. Depuis une dizaine de jours, ça n’arrête pas : les appels téléphoniques liés au Covid ont doublé et il y a beaucoup plus de cas positifs, notamment chez des patients asymptomatiques. C’est une catastrophe. »

    Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer la situation. « La population de Saint-Etienne est plus précaire que celle des autres métropoles, puisque 25 % des Stéphanois vivent sous le seuil de pauvreté , rappelle Régis Juanico, député (Génération.s) de la Loire, dont la circonscription recouvre une bonne partie de la ville. Or on sait que le virus atteint plus spécialement ces personnes. C’est une piste d’analyse, mais on n’a en réalité aucune explication satisfaisante. Rien ne permet pour l’instant de justifier l’ampleur de la progression. » Pour Franck Chauvin, comme pour l’ARS, « Saint-Etienne n’est peut-être que la première d’une série de villes qui seront tout aussi fortement touchées. Les courbes des autres départements sont très mauvaises. »

    75 % de plus de 70 ans

    A Saint-Etienne, comme dans d’autres villes affectées par la pandémie de Covid-19, l’âge des patients est un motif d’inquiétude. « Les plus de 70 ans représentent plus de 75 % des personnes atteintes du coronavirus qui entrent à l’hôpital ces derniers jours , indique Franck Chauvin. Or leur durée d’hospitalisation est plus longue et ils sont plus souvent admis en réanimation que les autres malades du Covid. C’est de là que vient l’essentiel de la tension. » C’est donc auprès de ce public qu’il faudrait et qu’il faudra agir prioritairement, selon lui. « On n’a pas mis en place de mesures de protection spécifiques pour ces personnes fragiles, qui se contaminent pour l’essentiel dans la sphère familiale, regrette-t-il. Elles doivent absolument continuer à mettre un masque quand elles se trouvent avec des plus jeunes, ventiler les pièces, se laver les mains, utiliser du gel hydroalcoolique et respecter les distances pendant les repas. » Ce que soulignent tous les observateurs stéphanois, c’est en effet la mauvaise application des gestes barrières : masque enlevé pour se faire la bise, pour se parler ou pour téléphoner, relâchement lors de réunions familiales, distanciation non respectée, etc.

    En attendant de pouvoir compter sur une remobilisation de la population, d’autres solutions sont à l’étude au sein de la préfecture de la Loire, où chaque lundi, un « point Covid » est organisé autour de la préfète et d’un grand nombre d’institutions concernées par la pandémie. « Un arrêté d’extension de l’alerte maximale à des communes voisines de la métropole, voire à tout le département de la Loire, est déjà dans les cartons » , précise un participant à ces réunions. Deux autres mesures ont été évoquées lors du dernier « point Covid » de la préfecture : l’avancée du couvre-feu à 19 heures et le reconfinement localisé.

    #hôpital #précarité #prévention_en_berne (on se demande pourquoi) #couvre-feu #reconfinement

    • Covid-19 : « Les citoyens doivent être davantage associés aux mesures à prendre face à l’épidémie », le turbo prof Franck Chauvin, cancérologue et professeur de santé publique à l’université Jean-Monnet, à Saint-Etienne, préside le Haut Conseil de santé publique et est membre du conseil scientifique sur le Covid-19. Propos recueillis par Chloé Hecketsweiler
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/23/covid-19-les-citoyens-doivent-etre-davantage-associes-aux-mesures-a-prendre-

      Le professeur de santé publique Franck Chauvin (...) et la nécessité d’une pédagogie tournée notamment vers les plus de 70 ans.

      Franck Chauvin (...) explique la difficulté d’évaluer les conséquences à long terme des mesures prises pour lutter contre l’épidémie, et la nécessité d’associer les citoyens à ces choix qui engagent toute la société.

      Il va falloir vivre avec le virus tout l’hiver, voire au-delà. Quelles sont les stratégies possibles ?

      Il y a trois solutions. La première consiste à laisser le virus se propager sans prendre de mesures restrictives. L’expérience de pays comme le Royaume-Uni au début de la pandémie ou le Brésil, par exemple, montre l’impossibilité d’une telle solution, inacceptable en termes de mortalité. Une autre stratégie est de faire du « stop and go » , c’est-à-dire qu’on contrôle la circulation du virus par des confinements entrecoupés de périodes de relâche, car le confinement ne peut durer indéfiniment. Soit enfin, on trouve un moyen de réduire le risque de façon chronique en protégeant les plus fragiles et en essayant de limiter la circulation parmi les autres. [une politique de suppression du virus n’est pas envisagée, c’est con pour les précaires de Saint_Étienne et d’ailleurs, ndc]

      La seconde vague est là. Comment éviter une catastrophe dans les hôpitaux ?

      L’analyse rétrospective des chiffres montre que, si, en mars, on avait été en mesure de protéger les plus de 70 ans, les hôpitaux n’auraient pas été débordés. Mais nous ne le savions pas à l’époque. Le conseil scientifique avait proposé à la sortie du confinement de maintenir une sorte de confinement volontaire pour ces personnes-là : cela avait été très mal perçu.

      Je pense qu’il faut faire beaucoup de pédagogie auprès de cette population car, au-delà d’un certain âge, le risque de formes graves de ce virus augmente de façon très importante. Ce message, difficile à recevoir pour ces personnes, est crucial à faire passer dans l’ensemble de la population.

      Il faut bien avoir en tête que, au-delà d’un seuil, obtenir la disparition totale du virus n’est plus possible, sauf en cas de découverte d’un médicament ou d’un vaccin très efficaces et massivement disponibles. Il est donc très probable que nous devions apprendre à vivre avec ce virus comme l’humanité l’a fait et le refera.

      Les grands-parents doivent-ils renoncer à voir leurs petits-enfants, à les embrasser ?

      Le problème est que nous n’avons pas conscience que des gens de notre propre famille puissent représenter un danger. Au bout d’un moment, les mesures barrières tombent. C’est probablement à ces occasions-là que les gens se contaminent.
      Je ne pense pas qu’il faille réduire les liens sociaux notamment entre générations. Il faut en créer d’une autre nature. Si les petits se sont lavé les mains, et si tout le monde porte un masque, le risque est limité. Il faut juste s’y habituer. On n’empêchera pas le virus de circuler – on n’en est plus là – mais on peut espérer le garder sous contrôle et limiter son impact dans les populations à risque.

      En quoi cette épidémie se distingue-t-elle des autres ?

      Le caractère exceptionnel de cette crise n’est pas l’épidémie elle-même : il y en a eu d’autres, de grande ampleur, comme la grippe asiatique de 1957-1958 ou la grippe de Hongkong en 1968-1969. Tous les hôpitaux étaient saturés, plus d’un million de personnes sont décédées dans le monde et pourtant personne n’en a parlé.

      Ce qui est exceptionnel, c’est que, cette fois, on a considéré que le sanitaire devait l’emporter sur tout le reste et cela dans pratiquement tous les pays du monde. Le caractère extrêmement brutal de l’épidémie a sidéré tout le monde, et les pays ont quasi tous fait le même choix, en confinant leur population pour sauver les hôpitaux et permettre la prise en charge de tous les patients.

      Aujourd’hui, on prend des décisions sans savoir sur le long terme si leur effet n’est pas finalement plus délétère que la maladie…

      Il y a avant tout une situation urgente à résoudre. Idéalement, quand on conseille de prendre telle ou telle mesure, on devrait être en mesure de dire ce qu’on en attend en matière d’efficacité, et ce que cela va coûter, c’est-à-dire quel sera l’impact des mesures. Cela dit, le bilan de la première vague commence à se préciser. Le rapport de la mission présidée par le professeur Pittet [https://www.vie-publique.fr/rapport/276679-gestion-de-crise-la-covid-19-et-anticipation-des-risques-pandemi donne de premiers éléments en matière de PIB [ produit intérieur brut ], de baisse de taux d’emploi ou de chute de la consommation.

      Ainsi, ce rapport note que le confinement a été responsable d’une chute de 10 points de PIB, à laquelle s’ajoutent les dépenses sociales engagées pour soutenir les secteurs touchés. Les économistes préciseront probablement ces coûts dans les mois qui viennent. Les effets induits commencent à être mieux connus aussi grâce à des études conduites par des équipes de recherche en sciences humaines et sociales. De l’autre côté, des simulations permettent d’estimer le nombre de décès qui ont été évités par cette mesure inédite. Ce sont ainsi probablement plusieurs dizaines de milliers de morts qui ont été empêchés.

      Avec ces données, n’est-il pas possible d’établir la balance coût-bénéfice du #confinement ?

      C’est très compliqué à faire, car cela repose sur le calcul des décès « évités » prenant en compte l’âge des patients. Un certain recul est nécessaire pour apprécier ce qu’on a gagné d’un côté et perdu de l’autre grâce à cette mesure dont on sait, de façon certaine, qu’elle a eu pour effet de limiter la saturation du système hospitalier. Et ce n’est absolument pas en période de crise que l’on peut conduire ce type de réflexion. Le caractère émotionnel est trop important et notre jugement risque d’être faussé.

      La question aurait néanmoins pu être soulevée entre les deux vagues…

      C’est en effet une question que doit poser la société. Et la réponse ne peut être que collective. Les décisions à prendre pour faire face à l’épidémie sont extrêmement impactantes, et c’est pourquoi les citoyens doivent y être davantage associés. Il est vrai que l’arrivée de cette seconde vague aussi rapidement a probablement empêché ce type de discussion au sein de la société, mais cela reste une discussion nécessaire.

      En matière de santé publique, notre société est organisée autour d’un certain nombre de pactes implicites ou explicites. Par exemple, la grippe est responsable de 10 000 décès par an environ, et ce dans une certaine indifférence. Nous acceptons collectivement que la vaccination ne soit pas systématique dans l’entourage des personnes à risque ou à l’hôpital. C’est bien un choix sociétal qui est fait.

      Il faudra donc attendre la fin de la crise aiguë pour connaître le coût des restrictions pour la société ?

      Ce sera le travail des économistes de nous éclairer sur ce point. On est en récession, le déficit de la Sécurité sociale sera probablement l’un des plus élevés de ces dernières années. Mais le problème, ce ne sont pas tant les chiffres que leur traduction pour la population. En France, l’impact social des mesures prises pour contenir l’épidémie a été retardé grâce à un système d’amortisseur extrêmement performant. Mais cet impact sera perceptible pour chacun d’entre nous, c’est certain. Le président de la République a rappelé aussi les répercussions de ces mesures sur les étudiants, avec le risque de décrochage, des difficultés à trouver des stages, sans parler de l’accès à l’emploi qui va être compliqué pour eux.

      L’impact va être significatif et diffus, avec des effets y compris sur la santé des gens. C’est pour cela que le confinement ne peut se concevoir qu’en dernière extrémité. Il faut que la situation soit dramatique pour aller dans cette direction et elle l’était en mars.

      Compte tenu des enjeux, les Français n’ont-ils pas leur mot à dire sur les mesures à prendre pour « vivre avec le virus » ?

      En période de crise, nous partons du principe que les instructions venues d’en haut sont forcément adoptées dans la population. Or, nous savons que ce n’est pas forcément le cas. Les 20-40 ans, pendant l’été, ont par exemple adopté leur propre stratégie face à l’épidémie. Ils ont eu massivement recours aux tests mais ont été probablement très laxistes sur les mesures barrières. Il faut qu’on trouve le moyen d’associer la population à la mise en œuvre de ces mesures.

      Il faut d’abord informer, éduquer, et engager notre responsabilité individuelle, car l’Etat ne pourra pas tout faire. La génération des 20-40 ans, quoi qu’on en pense, est extrêmement responsable et elle l’a montré par ce recours massif aux tests. Si on leur explique qu’en cas de test positif il faut rester sept jours chez soi, ne sortir qu’avec un masque et voir le moins de gens possible, je suis certain qu’ils le feront.

      Voilà à quoi ressemble ce brave médecin, "directeur de la prévention et de la santé des populations au CHU de Saint-Étienne."
      https://www.hcsp.fr/explore.cgi/personne?clef=2179

    • Covid-19 : premiers transferts de patients pour soulager les hôpitaux sous tension
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/10/23/covid-19-premiers-transferts-de-patients-pour-soulager-les-hopitaux-sous-ten

      Huit patients des hôpitaux de Roubaix et Tourcoing ont été transférés dans la nuit de jeudi à vendredi vers des établissements de la région lilloise, et huit autres d’Auvergne-Rhône-Alpes vers la Nouvelle-Aquitaine.

      Dommage qu’il n’y ait pas plus d’hostos dans le Loir et Cher et les Alpes de Haute Provence, les départements à faible prévalence du virus se font rares.

      Par ailleurs, la presse ne parle guère des transferts intra régionaux (par exemple de la Seine Saint-Denis vers les Yvelines) qui sont en cours depuis un moment.

  • Chronique d’une communication cartographique ratée. Déconstruction critique des cartes du gouvernement français pendant la crise de la COVID-19 au printemps 2020

    Le gouvernement français[1] a montré 40 cartes différentes concernant les enjeux sanitaires de la crise liée à l’#épidémie de COVID-19 entre mars et juin 2020[2]. Le Premier ministre Édouard Philippe, son ministre de la Santé Olivier Véran et le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, ont tour à tour présenté lors de leurs conférences de presse régulières des #cartes représentant les transferts de patients en #réanimation [3], le #taux_d’occupation des services de réanimation [4], les rapatriements [5], les passages aux urgences dus à des suspicions de COVID-19 [6], la couverture des besoins en #tests_virologiques [7], la positivité de ces tests, l’évolution du R-effectif [8], et des synthèses de certaines de ces différentes informations [9]. La quasi-totalité des cartes (93 %) représente l’un de ces #indicateurs à l’échelle de la France métropolitaine et des Départements et Régions d’Outre-Mer (DROM), selon les mailles départementales (59 % des cartes) ou régionales (37 %).

    Il y a trente ans, les travaux de John Brian Harley sur la #déconstruction des cartes (Harley, 1989), de Dennis Woods sur leur pouvoir (Woods, 1992), ou encore de Mark Monmonier sur les mensonges dont elles peuvent être porteuses (Monmonier, 1991), avertissaient de l’intrication du #pouvoir et des #techniques_cartographiques, du caractère construit et discursif des cartes, et donc de la nécessité d’un #décodage_critique de ces images et des #croyances_positivistes qui y sont associées. Il est aujourd’hui encore nécessaire d’adopter cette démarche critique pour comprendre le statut et la portée des quarante cartes gouvernementales du Coronavirus. Ainsi peut-on mettre en lumière que ces cartes ne sont pas dissociables des #discours qui les accompagnent (ou qu’elles accompagnent) et qu’ensemble ils servent finalement moins à l’exposition de faits scientifiques, qu’à la gestion d’une #crise_politique.

    http://www.jssj.org/article/chronique-dune-communication-cartographique-ratee-deconstruction-critique-des-

    #cartographie #cartes_gouvernementales #France #visualisation #confinement #covid-19 #coronavirus #vert #rouge

    On avait parlé de ces cartes sur seenthis... mais je ne retrouve pas le fil de discussion...

    via @reka
    ping @simplicissimus @visionscarto

  • (10) La réanimation pour les nuls - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/10/21/la-reanimation-pour-les-nuls_1802936?xtor=rss-450

    « Les crises passent les humains au révélateur. Et il y a eu du beau et du bon dans tout ce marasme. L’hôpital public (et le système de santé en général), dont la souffrance n’aura échappé à personne, a su rassembler ses forces, se lever, faire front. Nous avons vu des soignants de tous horizons épuisés, marqués physiquement par ces masques qui serrent trop, et la fatigue. Sans jamais reculer, soupirer, souffler, renoncer. Les biologistes. Les radiologues. Les ouvriers qui ont monté des cloisons à la vitesse de l’éclair. Les informaticiens, qui ont permis aux malades éveillés de communiquer par tablette avec leurs proches. Les administratifs. Tout le monde a apporté sa pierre et magnifiquement œuvré. Il y a eu de vrais héros. Mais pour moi tout cela n’atténuera pas le désastre ambiant. La médecine et la recherche éthiques et propres sont mortes et enterrées à l’occasion de cette crise sans précédent. Sur l’autel de la mégalomanie de quelques gourous à la tête de sectes mafieuses, dont la médiocrité scientifique n’a d’égal que la malhonnêteté intellectuelle. Les fleurs ont été déposées par les légions d’imbéciles des réseaux sociaux, parfois en service commandé. Les couronnes ont été déposées par des pantins de plateaux télé de chaînes d’info en continu irresponsables. Vol au-dessus d’un nid d’irresponsables. La malscience, comme toutes les fake news, tue. La malscience et les fake news précipitent les plus fragiles vers un abîme de détresse psychologique et la vague psychiatrique. La malscience et les fake news sont les mères de tous les relativismes, de tous les complotismes, de la perte de confiance dans les médecins et les chercheurs, au pire moment possible. Et cela, il faudra des années pour s’en remettre. Cette pandémie s’arrêtera un jour. Ça n’est ni la première ni la dernière. Elle s’éteindra dans un déluge de morts, médicaux et économiques, et comme d’habitude, les plus fragiles auront payé le plus lourd tribut. Il faudra alors sévèrement débriefer. Punir ceux qui doivent l’être, les escrocs, les renégats, quels que soient leur grade et leur fonction. Reconstruire pour que ces décès de patients, et ces sacrifices de soignants n’aient pas été inutiles. Je déteste le Covid. »

    • La réanimation, c’est ceux qui n’y foutent jamais les pieds qui en parlent le plus. Tous les paucineuronaux ayant passablement vomi sur les réanimateurs, accusés tour à tour de ne pas suivre le protocole du gourou phocéen, de refuser des malades ou de les euthanasier, j’ai choisi d’ouvrir ces colonnes à l’un d’entre eux pour qu’il confesse ses péchés. Damien Barraud a 45 ans, il est réanimateur à l’hôpital de Metz-Thionville, où il a survécu aux deux premières vagues : le Covid, et les Covidiots.

      « J’ai absolument détesté le Covid. Et je la déteste encore. Pas tant pour ce qu’elle a fait aux malades. C’est une maladie parfois grave, pas la pire. C’est un virus, ça ne réfléchit pas un virus, c’est con comme la Lune. Mais je la déteste pour ce qu’elle a fait aux humains, aux soignants. A la médecine, à la science qui me sont chères. Ce qui devait être une formidable opportunité pour nous tous a tourné en bérézina, ici et aux quatre coins du monde. Rien que d’y repenser me donne la nausée. Mais il faut raconter. C’est important. Parce que le virus rôde toujours et attaque de nouveau, et qu’à l’évidence, beaucoup n’ont pas mesuré ce qui s’était joué dans les réanimations de Paris et du Grand-Est. Cela leur permettra peut-être de ne pas sous-estimer, voire de nier sans la moindre décence les risques actuels.

      « Rembobiner la cassette d’une période extraordinaire. Que dois-je raconter ? La réanimation en période Covid ? Mais le public connaît déjà si mal la réanimation en général. MA réanimation en période Covid ? Comment elle s’est déroulée, comment je la conçois, celle que l’on m’a apprise et que j’essaie de transmettre à mon tour. Après tout c’est moi le héros en blouse blanche d’un jour de Libé, je fais ce que je veux, non ? Non. Comme pour John Carter face à M. et Mme Rubadoux dans Urgences, "It is not about me". Il s’agit des patients, des soignants, d’une médecine et d’une recherche nobles et éthiques.

      « Nous autres soignants des réanimations avons vécu l’histoire. J’imagine que lorsque l’on vit l’histoire en direct, on ne doit pas forcément s’en rendre compte, dans la chaleur du moment et concentré à sa tâche. Cela vient après, à l’heure de se poser et de se retourner. On a vécu un pan d’histoire. Je crois pouvoir dire sans me tromper qu’aucun soignant de réanimation ne veut revivre ce à quoi il a été confronté en mars-avril. Je suis un réanimateur "entre deux âges". En une vingtaine d’années de métier et 2 000 gardes au compteur, j’ai vu à peu près tout ce qui peut se voir dans une réanimation lourde dans un hôpital français. Je n’ai pas peur. Sûr de mes forces, lucide sur mes limites, je sais faire les gestes, j’ai vécu au moins une fois toutes les situations possibles. Eh bien je n’avais jamais vu cela. Jamais. Ce que nous avons vécu au printemps dans le Grand-Est et en Ile-de-France n’était pas une vague. C’était un tsunami de 30 mètres de haut qui emporte tout. On était prêts pourtant. On le croyait. On en avait, des plans. Pleins, à activer au fur et à mesure. Et puis on nous avait déjà fait le coup avec le Sras, le Mers, la grippe aviaire… Les images d’Italie ? C’est là qu’on s’est dit que ça commençait à sentir très mauvais. Les supporteurs de foot se moquent des Italiens. Les réanimateurs, eux, savent que la Lombardie est riche. Qu’elle est surtout riche des plus grands spécialistes du monde dans cette maladie qui n’en est pas une, le Syndrôme de détresse respiratoire aiguë (SDRA). A Milan, on sait oxygéner et ventiler. Alors si c’est la catastrophe là-bas, il devient assez clair qu’on va prendre la foudre. On se prépare. Sérieusement. Mais sans y croire réellement. Sans imaginer que chacun des plans mis au point sera dépassé en trois jours.

      « Début mars, on attend. Une attente mêlant du stress positif, de la concentration, l’envie d’en découdre, comme avant un match. Les Thermopyles. Et puis un matin, ça a commencé. Un malade contact du rassemblement de Mulhouse. Et puis un deuxième. Puis un troisième. Et là nous sommes tous pris dans la lessiveuse. On ne pense plus. On fait. Mécaniquement. Non-stop pendant deux mois. Je suis de l’ancienne école. Le matin en arrivant, je ne consulte jamais le dossier informatisé des malades dans mon bureau, comme le font les jeunes. J’ai besoin de voir les malades en vrai, de "sentir", de penser aux objectifs de soin de la journée, de donner les premières consignes. Une sorte de rituel, souvent joyeux, où l’on dit bonjour aux équipes, où l’on plaisante un peu, avant le deuxième rituel du staff : le café. Et bien pendant deux mois, cette ambiance matinale était remplacée par un silence pesant, une ambiance de tranchées, un bunker. C’est la guerre. Les couloirs des secteurs sont vides. Les soignants sont dans les chambres, pour les toilettes, dans un habit de cosmonaute, véritable étuve fastidieuse à enfiler, désagréable à porter, et, on le sait maintenant, un peu excessive. Il ne fallait pas tomber malade. Pour les patients. Pour soi. Pour ne pas contaminer sa famille, que certains, comme moi, ont tenue à distance. Pour pouvoir continuer à travailler. Pas un bruit. Les portes et les sas des chambres sont fermés. Les malades sont en majorité intubés, et souvent sur le ventre. Seuls les plus graves des plus graves sont là. Les moins graves, on ne les voit pas. Ils sont en secteur, sous des débits déraisonnables d’oxygène. En réa, ceux qui vont un peu mieux après quelques jours, qui redonnent le moral aux troupes, sont… transférés. Dans ces évacuations sanitaires que des malotrus galonnés ont qualifiées de spectacle. Pour faire de la place à de nouveaux arrivants. Ne restent que les plus graves des plus graves. Ceux qui vont avoir des séjours longs, et pour beaucoup, mourir.

      « Cette spécialité est trop riche pour être racontée en peu de mots. Que dire ? Peut-être parler de certains aspects que nombreux ont découverts à cette occasion ? Logiquement, on commence par admettre le patient en réanimation. On nous a accusés de "trier". C’est le mot en vigueur, de "triage" in English. On vient en réanimation quand on a un ou plusieurs organes qui défaillent, et qu’il faut suppléer, le temps que le traitement fasse son œuvre. Et on vient en réanimation pour survivre. Pas pour mourir. La finalité de la réanimation est de rendre au patient, sur le long terme, une vie que lui juge digne d’être vécue. Et la réanimation est un marathon olympique. C’est une rude épreuve, dont on sort déplumé, rincé, essoré, et il ne faut pas l’infliger de manière indue à quelqu’un qui n’a à l’évidence pas les réserves pour l’affronter. Il ne faut pas réanimer à tout prix et coûte que coûte. Il faut trier. Trier n’est pas décider qui va vivre ou mourir. C’est un acte d’humanité, et certainement une des choses les plus difficiles à maîtriser du métier. C’est vrai en temps de paix, tous les jours, avec pour seul horizon le malade. Ça l’est d’autant plus en temps de guerre, avec le spectre du manque de moyens. En médecine de catastrophe, on alloue les moyens aux patients qui ont le plus de chance de survivre. Cette justice distributive ne me perturbe pas non plus. Je ne suis pas responsable des moyens qui sont mis à ma disposition. Je suis juste responsable de leur utilisation optimale. Manquons-nous de lits de réanimation en France ? Je ne pense pas. Cela n’a pas de sens de juger de l’adéquation entre offre et besoin à l’occasion d’une catastrophe centenaire. Cela n’a pas de sens de se comparer au voisin allemand, dont la pléthore de lits ne sert à rien. Cela n’a pas de sens de dire que cet hypothétique manque de lits de réanimation est la cause de tous les maux, dont de prétendues privations de liberté. Il faut des lits activables en cas de besoin. Et surtout du personnel formé. Cela ne se fait pas en six mois, quoi qu’en pensent les populistes, les physiologistes du sport, ou les ânes, entités parfois difficiles à distinguer.

      « Il y a eu plusieurs pandémies en une. Le virus, bien sûr, mais également une épidémie bien française d’ultracrépidarianisme – l’art de parler de ce qu’on ne connaît pas. Après avoir subi des millions d’épidémiologistes et de virologues, nous avons vu apparaître des millions de réanimateurs. On nous a accusés d’avoir fait des conneries, d’avoir intubé très tôt, trop tôt. Que la mortalité observée était liée à nos traitements. Oui, c’est vrai en partie. Cent pour cent de ce que l’on fait dans une réanimation a des effets indésirables. Nous ne sommes pas homéopathes. L’intubation, la ventilation mécanique, la sédation, l’adrénaline, la dialyse rénale, tout cela a des effets indésirables. Ce n’est pas grave. Ce n’est pas grave si le rapport bénéfice-risque a été bien pesé. On accepte ces effets adverses. Et on les minimise, en appliquant cette technique dans les règles de l’art. Pour cela il faut du bon matériel, un peu, et de bons professionnels, beaucoup. Si vous appliquez ces techniques dans des endroits non prévus pour cela, avec du matériel non prévu pour cela, et des personnels non formés… malgré leur admirable dévouement, que croyez-vous qu’il va advenir ?

      « Oui ; il y a eu beaucoup de morts. Selon les endroits et la gravité des patients, 30 voire 40% de décès. 25 à 30%, c’est la mortalité du SDRA sévère. 40% ça doit être ce qu’il arrive quand on réanime des malades graves dans des conditions suboptimales. La mort ne me perturbe pas. Quand on est malade, c’est parfois grave, et quand c’est grave, parfois on meurt. C’est un processus naturel que l’on essaie de freiner, perturber, retarder. On ne peut guérir tout le monde. Nous sommes des soignants, pas le Petit Jésus ou tout autre druide barbichu. S’en rendre compte est vital. Pour ne pas disjoncter. On tente de guérir le malade. Et quand on ne peut pas, il faut savoir s’arrêter, jeter l’éponge de soins devenus futiles, ne pas sombrer dans l’acharnement, et accompagner la fin de vie. A good life, and a good death. Bien accompagner un patient et ses proches, assurer une bonne fin de vie est aussi important qu’aboutir à la guérison. La mort ne me perturbe pas, sauf si un des maillons de la chaîne de la guérison ou de la fin de vie a dysfonctionné. Là, la mort devient inacceptable et une souffrance. La mort par Covid n’est pas une belle mort. Pour plein de raisons. Certes, les malades n’ont pas souffert. On a accompagné la fin de vie comme il se doit, dignement, comme à l’accoutumée, dans le respect de la loi Leonetti-Claeys. Nous n’avons pas eu besoin de recourir au Rivotril pour cela, n’en déplaise à ceux qui nous ont accusé d’euthanasie. On n’y a pas eu recours car on n’a jamais manqué de rien, même si ce fut juste. Je ne sais toujours pas comment nos pharmaciens ont réussi cet exploit. Mais il y a ces corps, enfermés immédiatement dans des sacs étanches, sans toilette mortuaire, et envoyés sans délai au funérarium. Et le plus pesant probablement, il y a cette absence des familles, interdites de visite, au moins au début, et dont le deuil a dû être catastrophique. Les familles sont souvent le seul élément raccrochant à la vie. On les voit, on leur parle tous les jours. Là elles étaient absentes. Et cette rencontre singulière ne peut pas être remplacée par un coup de téléphone, auquel nous n’avions de toute façon pas le temps de répondre. Il n’y a plus beaucoup de vie dans une réanimation Covid. Cela a laissé des traces, des blessures psychologiques. Et aucun soignant de réanimation ne veut revivre cela.

      « Bien sûr, à côté de cela, les accusations de "faire du chiffre", par un vieux professeur n’ayant plus toutes ses facultés, sont dérisoires. Il paraîtrait que l’on code "Covid-19" de manière excessive et que l’on garde trop les patients. Pour gagner de l’argent, un magot caché probablement. Et pour participer à un mensonge d’état. Pour priver les gens de liberté. Non bien sûr. Sauf dans les cerveaux tordus, on code ce que l’on fait, quand on le fait. Ni plus ni moins. Parce que le patient est une fin en soi. Point.

      #réanimation #hôpital #crise_sanitaire

  • #Covid-19 : « L’hôpital n’a pas les moyens d’affronter la deuxième vague épidémique »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/10/17/covid-19-l-hopital-n-a-pas-les-moyens-d-affronter-la-deuxieme-vague-epidemiq

    Les messages contradictoires sur la situation sanitaire actuelle rendent la réalité de cette crise difficile à appréhender. En tant que Fédération nationale des #infirmiers de #réanimation (FNIR), nous portons la voix de ceux exerçant en réanimation, dans tous types d’hôpitaux sur tout le territoire. Nous sommes des professionnels expérimentés, connaissant précisément le fonctionnement de nos services, leurs capacités comme leurs limites. Le monde de la réanimation éprouve actuellement une grande inquiétude quant à l’évolution de la situation, basée sur plusieurs constats.

    L’hôpital n’a pas les #moyens d’affronter la deuxième vague épidémique telle qu’elle s’annonce. Seule une diminution de la diffusion du virus permettrait de limiter les admissions en réanimation et la #surmortalité.

    Deux facteurs déterminants ont permis à l’hôpital de s’adapter face à la première vague : d’abord, le territoire n’a pas été touché de façon homogène, ce qui a permis l’envoi de renforts massifs de personnels et de matériel des zones moins impactées vers celles en difficulté, et le transfert de patients des zones les plus touchées vers les plus épargnées.

    Ensuite, la forte déprogrammation des activités de soins non urgents a permis de libérer des lits et du personnel, et d’utiliser les blocs opératoires et salles de réveil pour y faire de la réanimation.

    La situation actuelle est différente. Si les prévisions épidémiologiques se confirment, cette nouvelle vague sera plus haute et plus durable. Nous ne pourrons pas lui faire face, d’abord par manque de places en réanimation : le pays disposait de 5 000 lits de réanimation avant la première vague épidémique et c’est toujours le cas aujourd’hui. L’Etat annonce 12 000 lits de réanimation mobilisables, en ouvrant 7 000 lits supplémentaires… Mais ils ne sont pas équipés du matériel adapté pour ces soins complexes et aucune réserve de professionnels n’existe pour les ouvrir.

    Tous les services de réanimation pourraient être débordés dès la mi-novembre par les seuls patients atteints de Covid-19, si l’épidémie maintenait son rythme actuel. Et de nombreuses personnes, habituellement hospitalisées en réanimation pendant la période hivernale pour d’autres raisons, s’ajoutent à ce chiffre. Les « accidents de la vie » alimentent tous les jours les services de « réa » : accidents graves, comas, complications de pathologies chroniques, infections graves, détresses respiratoires… Le confinement, lors de la première vague, a diminué leur nombre ; ce ne sera pas le cas pour cette nouvelle vague.

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    #France

    • Il est crucial de maintenir une activité de soins programmée, afin de ne pas faire perdre de chances aux patients hors Covid-19. Mais sans déprogrammation, il est impossible de créer des lits de réanimation dans les blocs opératoires, comme lors de la première vague. Et l’activité chirurgicale programmée nécessite elle aussi des lits spécialisés : chirurgie cardiaque, neurochirurgie, chirurgies lourdes diverses, activité de greffe, etc.

      La prise en charge de patients adultes dans les réanimations pédiatriques, comme au printemps, ne sera pas non plus possible, ces services faisant actuellement face à une activité soutenue liée aux épidémies saisonnières touchant l’enfant. Les transferts de personnels ou de patients entre régions resteront quant à eux anecdotiques, puisque toutes les régions sont plus ou moins touchées.

      Formation insuffisante

      Nous ne pourrons pas faire face, en raison du manque de personnels. L’hôpital fonctionne en sous-effectif chronique depuis des années : avant la première vague, 480 lits de réanimation étaient fermés faute de soignants.

      Des infirmiers ont été formés en quelques heures pour renforcer les effectifs. Nous dénonçons le fait qu’une formation de quatorze heures ait été recommandée par notre ministère de tutelle pour la deuxième vague de Covid-19, car cela est trop rudimentaire pour prendre en charge des patients si fragiles. L’insuffisance de cette #formation entraîne un stress supplémentaire chez ces personnels, conscients qu’un infirmier ne peut offrir une prise en charge adaptée qu’après au moins une année d’expérience en réanimation. En France, malgré un enseignement généraliste, les infirmiers ne sont pas interchangeables ! C’est la formation et l’expérience de chaque professionnel qui déterminent la qualité des soins prodigués.

      Ces renforts ne pourront pas être détachés de leur service d’origine comme en début d’année, en raison du sous-effectif aggravé par l’épidémie. En réanimation comme dans les autres services, la fatigue causée par la première vague est omniprésente. A celle-ci s’ajoute l’amertume suscitée par les mesures insuffisantes accordées à la suite du Ségur de la santé, qui s’est déroulé du 25 mai au 10 juillet. De nombreux professionnels ont quitté l’hôpital depuis la première vague ; les autres risquent de ne pas supporter la nouvelle confrontation. Une enquête de l’ordre national des infirmiers, mise en ligne le 11 octobre, révèle que 57 % des infirmiers interrogés seraient en état d’épuisement professionnel depuis le début de la crise.

      « Evitons un reconfinement »

      L’hôpital se réorganise complètement, mais cela ne suffira pas. L’unique solution pour limiter la gravité de la vague épidémique consiste à respecter scrupuleusement les mesures barrières et à adopter, individuellement et collectivement, des comportements limitant au strict nécessaire les risques de transmission.

      Nous en appelons à la mobilisation immédiate de toutes et tous. Evitons ensemble un reconfinement dramatique pour notre pays. Sans vos efforts, le choc sera dévastateur pour l’hôpital et donc pour la santé de chacun sur de longues années.

      Enfin, nous appelons à une accélération des réformes pour la profession infirmière et à l’intégration réelle des paramédicaux dans la gouvernance de santé. Le lien entre niveau de formation des infirmiers et santé de la population est avéré. Une formation complémentaire pour les infirmiers de réanimation est nécessaire et urgente pour apporter à nos concitoyens un niveau de prise en charge équivalent à celui des pays de même niveau socio-économique.

      #santé_publique

  • Lundi 12 octobre : 96 morts. Et de bien belles courbes (que je vous légende pas, mais si ça vous terrorise intellectuellement, vous me dites, ça me fera plaisir) :

    À noter : 96 morts comptés le lundi, mais ce week-end, les chiffres du samedi et du dimanche étaient eux-mêmes plutôt élevés (on pourra remarquer que les points bas – samedi et dimanche – suivent eux-mêmes la tendance de la courbe générale).

  • « Je suis passée tout près de la mort » : après le traumatisme de la #réanimation, la longue reconstruction psychologique des patients Covid-19
    https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/je-suis-passee-tout-pres-de-la-mort-apres-le-traumatisme-de-la-reanimat

    Les rescapés partagent la même incompréhension. Les patients de Marisa Denos se demandent comment et pourquoi une telle épreuve est arrivée, si les #séquelles vont rester, si le virus va revenir. « L’anxiété est d’autant plus forte que l’on parle d’un #traumatisme collectif, à une échelle immense », poursuit Marilyne Baranes. Cette docteure en psychologie clinique et psychopathologie, spécialiste du stress post-traumatique, suit cinq patients post-réanimation, âgés de 28 à 40 ans. « D’habitude, des patients sortis de réanimation ont, plus ou moins rapidement, le sentiment d’avoir échappé à la mort, d’être tiré d’affaire. Là, les gens ne comprennent pas pourquoi cette maladie a fait tant de dégâts, pourquoi on n’a pas prévenu les gens plus tôt. Et avec la possibilité d’une deuxième vague, ils sont pétris de peur. »

    L’angoisse est d’autant plus forte pour des jeunes qui n’avaient jamais connu l’hôpital. A 22 ans, Hugues Mignot voit son état physique revenir « quasiment comme avant », même si tout effort sportif reste interdit. Ses cheveux et poils de barbe blanchissent et tombent. « C’est lié au stress post-traumatique », dit calmement ce Parisien passé dix jours en réanimation en mai. À l’hôpital Foch de Suresnes (Hauts-de-Seine), Hugues Mignot était l’un des rares patients conscients dans le service. Si les médecins étaient « très humains », les souvenirs restent violents, comme cette vue sur la chambre d’un homme très âgé, placé sous respirateur et dans le coma. Ou ces trois jours critiques « où je me suis rendu compte que c’était peut-être la fin ».

    #coronavirus

  • Quel est le taux de mortalité des malades du Covid-19 en réanimation ? - Libération
    https://www.liberation.fr/checknews/2020/04/22/quel-est-le-taux-de-mortalite-des-malades-du-covid-19-en-reanimation_1785

    On peut donc déduire de ce document que pour un groupe identifié, le taux de mortalité en réa atteint près de 16% après dix jours et plus de 27% (pour un autre groupe) après vingt jours. Contacté, l’AP-HP indique que la cohorte du 18 mars, qui en est donc désormais à J+34, a même atteint un taux de mortalité de 31%. Mais là encore, il ne s’agit pas du taux de mortalité définitif, puisque 18% des patients de cette cohorte sont toujours en réanimation. « Au global, on devrait être, au niveau national et en moyenne, et à l’issue de la crise, à un taux compris entre 30 et 40% de mortalité en réanimation », indique l’AP-HP.

    Contacté par CheckNews, le responsable du syndicat des réanimateurs, Annane Djillali, s’attend lui aussi au même taux : « Dans les services de réanimation en tant que tels, c’est-à-dire où les patients Covid sont à 90% sous ventilation artificielle, donc sans inclure les services transformés depuis la crise en réa avec des patients sous simple oxygénothérapie, nous nous attendons effectivement à un taux de mortalité, à vingt-huit jours, compris entre 35% et 45%. » Il s’agit d’ailleurs, selon lui, du taux constaté pour les patients, hors Covid, atteints de SDRA (syndrome de détresse respiratoire aiguë).

    Le profil des gens en réa est très intéressant, très loin du discours de merde qui dit qu’il n’y a que les vieux et pas en bonne santé qui ont de gros symptômes.

    • Même si la statistique n’y suffit pas, il y a une info pratique pour décider le détail d’éventuels refus de traitement que peuvent comporter les #directives_anticipées : parmi les modalités de réa, la « ventilation invasive » débouche sur 69% de décès ; c’est beaucoup mieux que le loto mais pour les survivants, les données manquent sur la fréquence des séquelles, variables dans leur intensité et leur durée.

      Edit : erreur de ma part, 69% c’est la proportion, sur le tableau cité, de décès de ceux passés par la « ventilation invasive » parmi l’ensemble des morts comptabilisé passés par la ventilation. Le pourcentage de décès en ventilation invasive serait, selon ce tableau, de 13%.
      Autant en rester à l’évaluation provisoire indiquées dans l’article 40 à 45% de morts à un mois.
      Je remercie les lecteurs de leur aide. Quoi de mieux qu’un outil collaboratif pour limiter les errements individuels.
      #SDRA #réanimation #ventilation_invasive

  • La #visualisation en carte de #Edouard_Philippe autour du #confinement...

    Avec ce commnetaire :

    Sans confinement, c’était la #saturation de nos services de #réanimation partout en France. Le confinement a fonctionné :


    https://twitter.com/EPhilippePM/status/1251909374198636545

    #projection #réalité #cartographie

    Et ce commentaire sur l’#erreur dans la représentations des #DOM-TOM

    Vous avez encore mis les cartes des DOM-TOM à l’envers !!!
    La première fois ça passe. Droit à l’#erreur. Là, c’est insultant.

    HONTE !!!!!

    https://twitter.com/MHadrons/status/1251909650313818115
    #DOM_TOM

    ping @reka

  • Aujourd’hui j’ai intubé mon premier patient Covid-19 et je ne le souhaite à personne | Le Huffington Post
    https://www.huffingtonpost.fr/entry/aujourdhui-jai-intube-mon-premier-patient-covid-19-et-je-ne-le-souhai

    Aujourd’hui j’ai honte.

    Honte d’avoir râlé sur ce confinement qui m’oblige à supporter quelques semaines de plus mon vieux canapé que je rêvais de changer.

    Honte d’avoir hésité à filer sur le chantier de ma maison avant le début du confinement en me disant que les confrères étaient assez nombreux pour se débrouiller sans moi.

    Honte de m’être plus inquiété des répercussions du confinement sur mon activité Airbnb que des conséquences du virus.

    • J’hallucine de voir les réanimateurs débordés, obligés de refuser des patients ayant en temps normal les critères pour être admis en réanimation.

      J’hallucine de voir ces patients qui se dégradent à une vitesse impressionnante, que tu intubes en speed avec une saturation dans les chaussettes.

      J’hallucine de voir ces patients à qui on demande de préciser leur directives anticipées (en haletant) pendant qu’on prépare le matériel d’intubation.

      Dans le Grand Est et en région parisienne :
      #réanimation #tri #directives_anticipées

    • Oui, @mad_meg, mais pas seulement puisque cela comporte aussi un aspect essentiel lorsqu’on passe par la case médecine avant le décès, les soins en fin de vie, dont le refus de l’acharnement thérapeutique

      Directives anticipées : dernières volontés sur les soins en fin de vie
      https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F32010

      Toute personne majeure peut, si elle le souhaite, faire une déclaration écrite appelée directives anticipées pour préciser ses souhaits concernant sa fin de vie. Ce document aidera les médecins, le moment venu, à prendre leurs décisions sur les soins à donner, si la personne ne peut plus exprimer ses volontés.

      Voir le site de l’association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD)
      https://www.admd.net

      Et leur modèle de directives anticipées
      https://www.admd.net/qui-sommes-nous/une-association-votre-service/notre-fichier-des-directives-anticipees.html

      Ces directives peuvent comporter un ou des refus de traitement. Au vu de l’épidémie de Covid-19 pour laquelle on évoque davantage le tri en amont qui peut empêcher la réa, ayant tendance à penser que la morphine ou un de ses dérivés peut être préférable à des semaines d’intubation, je me demandais ce qu’il en était d’éventuels refus de réanimation. Il semble que ce soit possible.

      La haute autorité de santé écrit en effet
      https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2016-03/directives_anticipees_concernant_les_situations_de_fin_de_vie_v16.pdf

      Que vous soyez en bonne santé, atteint d’une maladie grave ou non, ou à la fin de votre vie, vous pouvez exprimer vos souhaits sur la mise en route ou l’arrêt de réanimation, d’autres traitements ou d’actes médicaux, sur le maintien artificiel de vos fonctions vitales et sur vos attentes. Vous pouvez en parler avec votre médecin pour qu’il vous aide dans votre démarche ; il pourra vous expliquer les options possibles, en particulier le souhait ou le refus d’un endormissement profond et permanent jusqu’à la mort.

      #soins_en_fin_de_vie #personne_de_confiance #refus_de_traitement #prise_en_charge_de_la_douleur #soins_palliatifs

    • Merci pour les précisions @colporteur
      Du coup ton choix c’est de souffrir ou pas avant de crever puisque

      J’hallucine de voir les réanimateurs débordés, obligés de refuser des patients ayant en temps normal les critères pour être admis en réanimation.

      Ce choix on l’aura pas très longtemps puisque on manque de curare, d’hypnotique et d’anesthésique…

      et tu peu choisir aussi comment on va racketter ta famille une fois qu’on t’aura mis à la morgue et peut être bientôt choisir la couleur du soylent que Macron va te faire devenir….

    • J’aime pas trop le caractère moralisateur de ce texte qui s’adresse presque uniquement à « les gens » qui sont de gros cons égoïstes, comme chacun·e sait. Pardon de ne pas pouvoir t’aider à intuber des patient·es, bonhomme, mais ce n’est pas mon boulot et j’aurais eu envie de me payer une belle carrière que le numerus clausus ne me l’aurait pas permis, sans papa-maman qui me payent les cours du soir. (Oui, je sais, pour les prols il reste aide-soignant·e et pour la classe moyenne infirmièr·e, mea culpa de ne pas avoir fait d’études médicales.)

      Alors qu’il y a bien des propos politiques à tenir sur ce sujet.

      Je réalise à quel point nous avons été arrogants d’imaginer être épargnés grâce à un système de santé meilleur que celui des Chinois ou des Italiens.

      (...)

      Je réalise que nous ne sommes toujours pas prêts à affronter la seconde vague qui s’annonce avec la fin du confinement.

      D’abord cette arrogance, c’est pas que la nôtre mais pas mal celle de #connards qui allaient au théâtre le 6 mars, désertaient leur poste de ministre de la santé ou de conseillère santé à l’Élysée, faisaient se tenir des élections le 15 mars et toute cette #incurie qu’on n’oubliera pas. À côté de ça, avec peu d’informations et beaucoup de réassurance pour pas ralentir la croissance économique, je n’ai pas l’impression de puer l’arrogance parce que je ne me rendais pas compte de la gravité du truc.

      Et un des problèmes, c’est peut-être parce que (sans le comparer à la Chine et à l’Italie mais en valeur absolue) notre système de santé n’est pas à la hauteur, sous-financé depuis des décennies. Et l’autre bourge de docteur qui sauve des vies ne s’en est pas encore aperçu.

    • Ben merdalors ! Les « braves-officiers » de l’économie de marché en mode exploitation capitaliste viendraient-ils de s’apercevoir que sans leurs subalternes, ils ne sont « rien », eux non plus ? Je les trouve bien mignons, tous ces grands « pontifieurs », accusateurs du « on » et du « nous » alors qu’ils se gardaient bien de ramasser la merde et d’éponger le vomis quand à la fin de leurs (longues) études financées par papa, ils ne pensaient qu’à leurs carrières. Mais une carrière en mode petit bourgeois urbains « gentrifiés », hein ? Pas question de faire le job dans les déserts médicaux parce que les bouseux ou les banlieusards, les relégué·es, et bien qu’ils se démerdent après tout ... Et voilà que désormais, « ils ont peur » et ils sont « en colère », rhôôô, les pauvres choux ... Voilà qui est plaisant, tiens !...
      C’est aussi pour ça que j’applaudis pas « les soignants » à 20h quotidiennement. J’aimerais pouvoir leur déverser des seaux de « bren » sur leurs sur-blouses, à tous ces paltoquets qui viennent chouiner dans le giron de la presse aux ordres. Parce finalement, « l’ordre républicain », ça leur allait si bien quand ils se scandalisaient que les « gueux » fracassent des vitrines et saccagent l’arc de triomphe, persuadés qu’ils étaient de vivre « en démocratie ». La démocratie vient de leur chier sur les chausses ? Qu’ils se démerdent ! Ils n’auront pas ma compassion ces petits branleurs biberonnés aux « valeurs » de la « start up nation »...

      [edit] j’avais pas encore lu l’article, seulement les commentaires (et mis quelques tags pour mémoire).

    • @antonin1 : oui,oui, t’inquiète. Je pourrais t’en raconter des bien trash, vu que Madame fut pendant de longues années l’humble et dévouée servante en tant que secrétaire médicale de ces « braves-soignants » dans un cabinet de quelque sept « praticien·nes »...
      Sinon une frangine aussi, qui bossait en tant qu’infirmière employée par un centre de « soin » géré par l’ADMR de son bled. Elle aussi bien cassée par des conditions de travail infernales et qui a fini sa carrière en invalidité à l’âge de 60 ans. (Prothèses sur chaque genou)
      Enfin, quand je mets en pétard, c’est surtout et uniquement contre celles et ceux qui tiennent le haut du parking. Quoique la hiérarchisation des tâches fait que tu as aussi des petit·es cheffaillon·nes qui peuvent bien te pourrir la vie quand tu es assigné·e au bas de l’échelle. Le « monde » du travail quoi, en mode exploitation capitaliste.

  • « Après la réanimation, il faut réentraîner le cœur et les poumons à l’effort »- Journal de crise des blouses blanches, Episode 18 
    https://www.lemonde.fr/journal-blouses-blanches/article/2020/04/10/journal-de-crise-des-blouses-blanches-apres-la-reanimation-il-faut-reentrain

    « Le Monde » donne la parole, chaque jour, à des personnels soignants en première ligne contre le coronavirus. Ils racontent « leur » crise sanitaire.

    Ils travaillent à l’hôpital ou en médecine de ville, ils sont généralistes, infirmiers, urgentistes ou sages-femmes : une quinzaine de soignants, en première ligne contre la pandémie de Covid-19, ont accepté de nous raconter leur quotidien professionnel. Chaque jour, dans ce « journal de crise », Le Monde publie une sélection de témoignages de ces « blouses blanches ».

    Thomas Gille, pneumologue à l’hôpital Avicenne, Bobigny (Seine-Saint-Denis).

    « Globalement, le “plateau” observé ces derniers jours se confirme. Hier, durant ma garde, il y avait deux places disponibles sur les trente-deux en réanimation, et elles n’ont pas été pourvues de la nuit. Cela faisait plusieurs semaines que ce n’était pas arrivé. J’ai pu dormir deux heures. La dernière fois, c’était vingt minutes.

    La nuit dernière, en pneumologie, j’ai eu deux entrants : une octogénaire avec des comorbidités, chez qui il a été jugé déraisonnable de proposer une intubation ; et une autre patiente de 40 ans sans antécédents. On le constate de manière évidente depuis le début de la crise, nous avons en majorité des patients en surpoids ou obèses, voire très obèses, et on a aussi beaucoup de patients avec une hypertension ou un diabète.

    D’autre part, dans le 93, on a habituellement des patients de toutes origines, mais avec cette crise, on a l’impression que les patients noirs sont encore plus représentés. J’ai lu que c’était le cas aussi aux Etats-Unis. On ne sait pas si c’est un facteur génétique ou bien si c’est très corrélé au niveau social.

    Depuis le début de la semaine, on discute de la manière dont on va pouvoir reprogrammer, dans les jours à venir, des chirurgies repoussées et des plages de consultation ou d’hospitalisation pour des patients non infectés. Il faudra trouver le bon équilibre, surtout qu’on ne sait pas comment va s’effectuer la redescente. On ne peut pas fermer toutes les unités Covid. Le risque, c’est qu’on assiste à une sorte de stop and go. On est partis pour plusieurs mois de fonctionnement inhabituel, il va falloir rester souples et adaptables.

    Autre problématique : il ne faut pas que les patients non-Covid puissent être infectés, donc il faut réfléchir à des circuits différents. Il faudra aussi redoubler de vigilance pour les soignants, certains pouvant être porteurs asymptomatiques. La sérologie pourra nous aider afin de ne faire travailler que des soignants immunisés. Mais il y a encore beaucoup d’interrogations, de zones d’ombre : quelle est la protection conférée par l’immunité ? Et si elle protège, pendant combien de temps ? »

    Michel Carles, 59 ans, chef du service de réanimation du CHU de la Guadeloupe

    « Nous voyons arriver des patients à un rythme régulier. Parmi eux, certains n’avaient pas voulu être suivis à l’hôpital ou avaient été renvoyés à leur domicile, mais leur état s’est réaggravé dans un second temps. Le nombre de cas à venir reste donc une grande inconnue, parce qu’un grand nombre de malades, restés chez eux, sont susceptibles de revenir.

    On nous avait conseillé d’arrêter les visites dans le service de réanimation pour limiter le risque de contamination, mais face à la détresse des familles, nous avons décidé d’autoriser une personne par patient pendant une heure, un jour sur deux, en prenant toutes les précautions nécessaires. Cela ne nous paraissait pas acceptable de ne leur donner aucun accès.

    « J’ai été marqué par un patient en réa dont la mère, qui avait elle aussi attrapé le Covid, est morte pendant qu’il était inconscient »
    Quand il y a un décès, on autorise, de façon exceptionnelle, deux ou trois personnes à venir se recueillir auprès de leur proche. Le coronavirus étant bien compris comme un danger mondial, invisible et mortifère, il y a comme une fatalité.

    Certaines situations sont particulièrement douloureuses. J’ai été marqué par un patient que nous avons eu en réa et dont la mère, qui avait elle aussi attrapé le Covid, est morte pendant qu’il était inconscient. Quand il s’est réveillé, personne n’a eu le cœur de lui annoncer la nouvelle pendant plusieurs jours. Sa femme ne s’en sentait pas le courage non plus, alors elle nous a demandé de le faire – ce que j’ai fait. C’est difficile de devoir annoncer à ces personnes passées si près de la mort que d’autres n’ont pas eu leur chance. »

    Laurent Carlini, 33 ans, médecin généraliste et urgentiste à Ajaccio (Corse-du-Sud)

    « Cette semaine, les tout premiers patients sont sortis de réanimation. Ça fait du bien ! Ils sont trois, en bonne santé. C’est une victoire, on a la satisfaction d’avoir accompli une partie de notre mission, même si on reste très prudent. On ne sait pas encore si on a passé le pic épidémique, mais cela donne de l’espoir pour la suite.

    Ces patients sortis de réa étaient les premiers à y être entrés. Ils ne sont pas rentrés chez eux dès leur sortie : certains sont allés dans d’autres services de l’hôpital pour être stabilisés, d’autres dans un centre de rééducation et de réadaptation. Cette étape est cruciale, car un alitement prolongé entraîne une fonte musculaire, donc il faut réentraîner leur cœur et leurs poumons à l’effort, se réadapter à la marche, et faire de la rééducation cardio-pulmonaire. La durée de ces soins de suite dépendra de l’âge et des antécédents de chacun.
    L’autre bonne nouvelle, c’est qu’on a réussi à nouer très vite un partenariat entre l’hôpital et les médecins libéraux de la maison de santé attenante, dont je suis responsable. Ils pourront travailler à l’hôpital pendant un mois, car deux praticiens hospitaliers ont dû être arrêtés après avoir contracté le Covid-19. D’habitude, ce genre d’accord entre l’hôpital et les médecins libéraux prend un temps fou. Là, on a pu trouver une solution très vite pour s’adapter aux besoins. C’est quasiment du jamais-vu. »

    Ophélie Mauger, 25 ans, infirmière au CHU de Nantes (Loire-Atlantique)

    « Ces deux derniers jours, j’étais aux urgences. L’affluence y est beaucoup moins forte, c’est très frappant. On est à 50 % d’activité classique. On reçoit surtout des personnes âgées de plus de 75 ans – souvent des hommes – et parfois quelques jeunes femmes ou jeunes hommes.

    Malgré le fait que le virus est dans le pays depuis plus d’un mois, les patients sont toujours aussi anxieux à l’idée de le contracter. Dès qu’on leur dit qu’il y a une suspicion de Covid, ils s’inquiètent beaucoup sur la suite de leur prise en charge. Tout devient anxiogène, ils ont peur que ce soit grave et qu’ils aient pu contaminer leurs proches.

    Une chose m’a surprise depuis le début de la crise : alors que durant nos études on nous apprend à bien vérifier que chaque dispositif, chaque médicament, a une date de péremption conforme, là, aux urgences, on a des masques périmés depuis 2014. Je n’aurais jamais imaginé assister à de telles pénuries de matériel dans les hôpitaux français. Ni vivre une pandémie comme celle-ci, due à un virus. Je m’attendais davantage à une crise liée aux antibiotiques car on a de plus en plus de patients qui ont des bactéries résistantes. Il y a peu de recherche sur les antibiotiques. On risque, à un moment donné, de ne plus pouvoir soigner les infections car plus rien ne sera suffisamment efficace.

    Cette crise me permet aussi d’en apprendre plus sur le système respiratoire, sur la façon de surveiller plus étroitement nos patients. Notre médecine va devoir évoluer : nous allons être confrontés à de nombreux problèmes pour tous les patients chroniques qui ont été mal suivis pendant le confinement. On va peut-être développer nos compétences en télémédecine.

    Cette épreuve peut changer beaucoup de choses sur la façon dont on accueille les patients, sur les règles d’hygiène… On remet en question nos pratiques. Du positif sortira de cette crise. Elle nous aidera à évoluer dans notre manière de travailler. »

    Yann Bubien, 47 ans, directeur général du CHU de Bordeaux (Gironde)

    « Parmi les dix-sept patients venus du Grand-Est au CHU de Bordeaux, de moins en moins se trouvent en réanimation. Tous les jours, il y en a qui quittent la réa pour une hospitalisation dans un lit sans respirateur. Un premier patient venu du Grand-Est a pu rentrer en ambulance chez lui, en Alsace, après trois semaines de réanimation à Bordeaux. Il est guéri.
    Le retour vers le Grand-Est des patients hospitalisés chez nous, c’est un symbole fort. Ce patient venait de l’hôpital de Mulhouse, l’endroit où on a connu les pires tensions ces dernières semaines. Il était arrivé dans le coma, par avion militaire. Savoir qu’il est aujourd’hui chez lui, c’est extrêmement gratifiant. C’est très satisfaisant pour les soignants de voir que leurs efforts sont récompensés par la guérison des patients. On a des décès aussi, évidemment. Mais tous les jours, des patients guérissent. »

    Retrouvez tous les précédents épisodes du « Journal de crise des blouses blanches »
    https://www.lemonde.fr/journal-blouses-blanches

    Une série de Le Monde qui vaut réellement la peine au vu de la richesse effectivement experte (expérimentée) qu’elle propose, depuis le ras du terrain, par delà tel ou tel biais auto-satisfait (dans cet article l’exception ajaccienne de la coopération avec les structures privées, au titre des "bonnes pratiques" peu mises en oeuvre) ou occultations (la pénurie, évoquée, mais toujours au détour d’un accent mis sur le défi sanitaire relevé ; aucune mention des salaires horaires de diverses catégories impliquées ou de la réquisition quais gratuite des élèves sous la forme des stages obligatoires pour valider les formations, etc.). On y constate une formidable plasticité de l’hôpital (malgré tout) et on trouve des infos inédites (par exemple, dans cet épisode des éléments sur les sorties de #réanimation, les difficultés d’une #immunité dont on ne sait pas grand chose, dans d’autres, le 93). Un antidote à l’héroïsation du fait même de souligner l’existence d’une communauté soignante, informée (ça lit les papiers scientifiques et médicaux mais aussi les articles de presse, par exemple sur les Afro-américains pour en partage des synthèses avec les collègues).

    #Covid_19 #hôpital #soignants

    • Journal de crise des blouses blanches : « Comment va-t-on vivre après le 11 mai ? Quel sera notre été ? »
      https://www.lemonde.fr/journal-blouses-blanches/article/2020/04/23/journal-de-crise-des-blouses-blanches-comment-va-t-on-vivre-apres-le-11-mai-

      Il y a toujours des choses à glaner dans cette série en libre accès. Parfois les experts de terrain sont très cash, d’autres fois plus circonspects. Ainsi on ne sait toujours pas grand chose de ce qui dénote des limites des thérapeutiques mises en couvre à l’hôpital, et par exemple des 30% de patients mis en "ventilation intensive" qui survivent.

      Réa

      Chaque service a pris en charge ses patients en faisant de son mieux, mais il n’y a pas eu de consensus fort sur ce qu’il faut faire. Quand intuber les patients ? Comment gérer leur confusion au réveil ? Quel mode de sevrage ventilatoire adopter ? Quelle est la place des traitements d’oxygénation non invasifs ? Les réponses ont été assez empiriques jusque-là. Nous avons procédé par analogie avec les syndromes de détresse respiratoire aiguë que nous connaissons, mais nous voyons bien que la situation induite par le Covid est très différente. Certaines interventions sont peut-être délétères, mais seules des études rigoureuses permettront de le dire.

      « Je n’ai jamais pensé au risque d’infection pour moi-même » [dit un réanimateur jeune et en bonne santé, ndc]
      Les patients à qui on a le plus rendu service sont ceux qui n’ont pas eu besoin d’intubation, mais “seulement” d’oxygénation à haut débit. Ils ont eu la chance d’avoir une forme moins sévère de la maladie.

      Infirmière en ville

      Je me transforme de plus en plus en femme-orchestre. Ce matin, je retrouve une de mes patientes avec une rage de dents carabinée. Je préviens son fils : après avoir galéré comme un malade, il réussit à trouver un dentiste qui fait une consultation téléphonique, avec photo du visage et description de la douleur. Mais la prescription d’antibiotiques et de bains de bouche, c’est moi qui suis allée la chercher à la pharmacie. Une autre de mes patientes, qui voit très mal, doit envoyer en urgence des formulaires pour un changement de logement social. D’habitude, elle se fait aider par son assistante sociale, mais celle-ci est aux abonnés absents. Je me suis donc retrouvée à essayer tant bien que mal de gérer ses papiers.

      Se faire carotter, ou pas ?

      « Nos discussions tournent beaucoup autour de la fameuse prime de 1 500 euros pour les soignants, annoncée par le gouvernement. On est unis pour dire que c’est davantage une carotte, ou quelque chose pour nous faire taire, qu’une revalorisation. Cela revient à mettre de côté nos problématiques. [infirmière urgentiste, 26 ans, ]

    • Journal de crise des blouses blanches : « Dans les équipes, la prime individuelle ne plaît pas »
      https://www.lemonde.fr/journal-blouses-blanches/article/2020/04/25/journal-de-crise-des-blouses-blanches-dans-les-equipes-la-prime-individuelle

      Pneumologue à l’hôpital Avicenne, Bobigny (Seine-Saint-Denis)

      Nous sommes en train de réintégrer nos locaux habituels, avec l’idée qu’on fera peut-être à nouveau le chemin inverse dans quelques semaines. Ce n’est pas angoissant, mais il faut qu’on soit prêts. Lorsque chacun a dû arrêter son activité habituelle, c’était assez simple d’aller tous dans une même direction. La “redescente”, c’est un peu plus compliqué. Tout le monde a des patients qui avaient été mis en attente et qu’il faut revoir. Nous devons faire des arbitrages et prioriser, c’est parfois difficile d’arriver à des consensus.
      « Nous allons reconvoquer les patients qui ont fait une infection au coronavirus sévère afin de les contrôler. Une des séquelles redoutées, c’est la fibrose pulmonaire »
      Des rendez-vous sont reprogrammés pour nos patients avec des pathologies pulmonaires rares. On voit aussi revenir des asthmes, des tuberculoses et des bilans diagnostics de cancer. Nous allons aussi nous organiser pour reconvoquer les patients qui ont fait une infection au coronavirus sévère afin de les contrôler : est-ce qu’il reste des symptômes ? Est-ce que le scanner s’est normalisé ou bien y a-t-il des séquelles ?
      Une des séquelles redoutées, c’est la fibrose pulmonaire, une sorte de cicatrice sur le poumon. Soit elle n’est plus évolutive, soit il y a des phénomènes inflammatoires qui continuent à détériorer le poumon. Avec le Covid-19, on n’en sait rien. Etre face à une nouvelle maladie à comprendre, ça arrive assez rarement, tout le monde a des idées. Nous allons proposer à une partie des centaines de patients guéris de rentrer dans des protocoles de surveillance. Puis nous mettrons en commun nos résultats avec ceux d’autres hôpitaux. Cela permettra de soigner les gens de mieux en mieux.
      Outre la peur d’une deuxième vague, on craint qu’entre l’activité habituelle importante qu’il va falloir absorber et les patients guéris à revoir ce soit compliqué. Le fait de ne pas pouvoir se projeter médicalement et personnellement génère des interrogations.

      Mathilde Padilla, 21 ans, étudiante infirmière dans un centre de soins et de réadaptation pour personnes âgées à Rouen

      « Cela fait maintenant plus d’un mois et demi que les résidents sont confinés dans leur chambre sans avoir le droit de recevoir de visites de leurs proches. C’est évidemment très pesant, particulièrement pour ceux dont les familles étaient habituellement très présentes et dont les passages rythmaient le séjour.

      Depuis une semaine, nous réfléchissons à la manière de remettre du lien dans ces familles pour lesquelles la pandémie a accentué la séparation. Grâce au don de quatre tablettes tactiles, chaque étage de l’Ehpad dispose d’un appareil. Les familles ont été averties et ont été enthousiastes. Nous avons créé un agenda pour que chaque résident qui le souhaite organise un rendez-vous Skype avec ses proches. C’est une fenêtre vers l’extérieur.

      Mais cela ne peut pas suffire. Il faut casser ce sentiment de solitude très pesant et qui suscite de nombreuses questions : “Ils vont revenir quand ? Est-ce que ça se calme dehors ?” Nous envisageons de rouvrir les visites en respectant une distance physique. L’idée est que les rencontres se fassent entre un résident et un proche, chacun étant posté à chaque extrémité d’une table de deux mètres. Après tant d’attente, on ouvre un petit bonheur, celui de se revoir mais avec l’impossibilité de se toucher. Bien sûr, les sentiments passent surtout par le contact, mais je crois qu’ils passent aussi par le regard. »

      Michel Carles, chef du service de réanimation du CHU de la Guadeloupe

      « En réanimation, hélas, nous avons eu trois décès ces derniers jours, et nous en aurons sans doute encore trois ou quatre dans les jours à venir. Tout a été mis en œuvre pour tenter de les sauver, mais leur état de santé s’est malgré tout dégradé. Jusqu’ici, 45 % de nos patients placés en réanimation et sous ventilation artificielle sont morts. Cela atteindra sans doute 50 % à 60 % dans les semaines à venir.

      Pour autant, la tendance d’une diminution des cas de patients atteints du Covid-19 se confirme très nettement. Sur les deux unités Covid que nous avions ouvertes (de vingt lits chacune), l’une a été fermée, et l’autre ne compte que très peu de malades. La pression retombe. Le personnel soignant est épuisé.

      Au début, le coronavirus était un fantasme terrifiant pour les soignants, ils avaient très peur d’être contaminés. Maintenant, ils ont le sentiment d’avoir tenu la barre et de maîtriser le parcours de soins : ils ont constaté que les gestes barrières étaient efficaces et ne craignent plus de l’attraper. En réanimation, trois médecins ont été contaminés, mais aucune infirmière.
      En revanche, les soignants qui ont été confrontés de loin au Covid-19 sont très réticents à soigner les patients pourtant testés négatifs ou qui ne sont plus contagieux. La suspicion s’installe, car tout le monde a entendu parler des faux négatifs et des porteurs asymptomatiques.

      Ce qui est également très prégnant, sur l’île, c’est la crainte d’une deuxième vague liée à la reprise des trajets en avion et en bateau lors du déconfinement. Les précautions seront-elles suffisantes ? Cela génère un très gros stress. »

      Pierre Loisel, 59 ans, aide-soignant, groupe hospitalier Bretagne-Sud, Lorient (Morbihan)

      « Sur Lorient, cela reste plutôt calme. Une future deuxième vague ? En fait, on n’en sait rien. Certains services de médecine polyvalente qui avaient été réorientés Covid-19 vont retrouver dans les prochains jours leur destination première.

      Des modules de bloc opératoire qui avaient été transformés en réanimation pour les malades Covid-19 vont rouvrir pour des opérations en orthopédie ou viscérale. Mais se pose le problème de la désinfection de ces salles. On sait que le virus reste longtemps dans les systèmes de ventilation et les climatiseurs. Il y a aussi un souci pour les personnels qui seront chargés de cette désinfection.

      Des nouveaux circuits de consultation vont être mis en place. Il faudra des masques pour les consultants, pour les visiteurs s’il y en a, mais d’ici au 11 mai, cela devrait être prêt. En attendant, je constate un certain relâchement dans le confinement. Les gens se déplacent de plus en plus, pour tout ou rien. Les masques ne sont pas bien portés, les distances mal respectées. Quant à la réouverture des écoles, beaucoup de parents, autour de moi, disent : “On a gardé nos enfants pendant deux mois, on préfère encore les garder le dernier mois.”

      Dans les équipes soignantes, la prime individuelle ne plaît pas. 1 000, 1 500 euros après tout ça, cela n’a pas de sens ! Son attribution dépendra de quoi ? Du département ? De la vitesse du vent, de l’âge du capitaine ? S’il n’y a pas une vraie revalorisation des #salaires, de 300 à 400 euros, on se retrouvera à la rentrée. »