region:europe occidentale

  • La planification d’une déportation de masse : Chronique de « l’ensauvagement » de l’UE , par Said Bouamama
    http://www.investigaction.net/La-planification-d-une-deportation.html

    Dans un silence médiatique et politique assourdissant, les premiers bateaux transportant plusieurs centaines de réfugiés ont commencé la mise en pratique de la plus importante déportation de masse en Europe occidentale depuis la seconde guerre mondiale. Il s’agit ni plus ni moins que d’un nouveau crime historique de l’Union Européenne.Que celui-ci soit légal (en vertu de l’accord signé avec la Turquie) ne change bien entendu rien à son caractère violent et attentatoire aux droits humains. Nous avons affaire ici à un nouveau palier de « l’ensauvagement » de l’Europe riche pour paraphraser Aimé Césaire. Aux portes de cette Europe se multiplient et se multiplieront les camps financés par l’Union Européenne et gérés par Le grand démocrate Erdogan.(...)

    Du côté de l’Union Européenne l’enjeu est de sous-traiter ou d’externaliser la politique de refoulement et de répression des réfugiés. Une telle pratique n’est pas nouvelle. Elle est au cœur des accords qu’impose l’Union Européenne aux pays africains pour faire de ceux-ci des gardes-chiourmes frontaliers (i). Elle est la mission première de l’agence FRONTEX consistant à « délocaliser peu à peu les frontières extérieures de l’UE vers l’Est et vers le Sud pour « mieux repousser les migrants (ii) » ». Tout en continuant ses politiques de pillages et de guerres, l’Union Européenne se dédouane ainsi des conséquences de sa politique étrangère impérialiste.

    Quelques liens référencés dans l’article :

    Echanges et partenariats, Frontex et l’externalisation des contrôles migratoires. L’exemple de la coopération avec les Etats africains,
    >>> http://emi-cfd.com/echanges-partenariats/?p=4154

    Claire Rodier, Des frontières et des hommes, Claire Rodier, spécialiste des questions de politique migratoire, a décrit le processus de délocalisation des frontières extérieures de l’UE qui est en cours. 2009
    >>> http://www.europaforum.public.lu/fr/actualites/2009/11/conf-claire-rodier/index.html

    Aurélie Ponthieu, Accord UE-Turquie, réduire les vies des réfugiés à de simples chiffres. Médecins sans frontières -2016
    >>> http://www.msf.fr/actualite/articles/accords-ue-turquie-reduire-vies-refugies-simples-chiffres

    Gilles de Kerchove, Daech ou Al-Qaïda n’ont pas besoin de faire passer des terroristes parmi les réfugiés 2015
    https://www.euractiv.fr/section/justice-affaires-interieures/interview/_aesh-ou-al-qaida-n-ont-pas-besoin-de-faire-passer-des-terroristes-parmi-le

    Boyko Vassilev, Médias et réfugiés : halte aux clichés et au prêt-à-parler ! - 2015
    >>> https://www.euractiv.fr/section/justice-affaires-interieures/interview/daesh-ou-al-qaida-n-ont-pas-besoin-de-faire-passer-des-terroristes-parmi-le

    Hanane Karimi, De la banalité du sexisme et du racisme, Retour sur les événements de Cologne et leur traitement médiatique,
    >>> http://lmsi.net/De-la-banalite-du-sexisme-et-du

    #migrants #réfugiés #marchandisation_des_migrants #déportation #racisme #droits_de_l'homme #frontière #Frontex #UE #Erdogan
    #médias #Said_Bouamama#Investig’Action

  • Manifestation de migrants à la frontière macédonienne

    Environ 50.000 migrants et réfugiés sont aujourd’hui bloqués sur le territoire grec et ne peuvent poursuivre leur route vers l’Allemagne et l’Europe occidentale à la suite de la fermeture des frontières des pays de la « route des Balkans ».

    Au moins 12.000 personnes, dont des milliers d’enfants, vivent au camp d’Idomeni dans des conditions précaires.

    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2016/03/27/97001-20160327FILWWW00105-manifestation-de-migrants-a-la-frontiere-macedoni

    #Migration #Migrants #Union-Européenne #Accord-UE-Turquie

  • Extension du domaine de la peur | PrototypeKblog
    https://prototypekblog.wordpress.com/2016/03/23/extension-du-domaine-de-la-peur

    L’Europe occidentale a fait face à des attaques terroristes bien plus considérables que celles des réseaux islamistes de ces dernières années. Les mouvements gauchistes des années 1970s, Rote Armee Fraktion, Action Directe et autres Brigades Rouges. L’IRA au Royaume-Uni pendant des décennies. L’ETA. Le FLN et l’OAS. Et, si on remonte plus loin, les grandes guerres, dites « guerres mondiales » . Pour ce que j’en comprends, les sociétés occidentales ne baignaient pas alors dans ce climat d’hystérie guerrière imbécile et de peur généralisée et irréductible.

    Alors pourquoi tant de peur maintenant ?

    Les Premiers Ministres français ne parlaient pas de « guerre contre le terrorisme » à tout bout de champ… mais peut-être parce qu’ils étaient moins incompétents, plus sûrs d’eux, moins incultes, moins instables, que l’actuel petit Premier Ministre ? Peut-être avaient-ils moins besoin de gesticulations guerrières pour masquer leurs échecs et justifier leurs politiques injustifiables ? La guerre justifie tout, la guerre justifiera tout. La peur est utile, la peur est très utile.

    Mais ça n’explique pas complètement le climat actuel.

    Je pense qu’il faudrait mieux comprendre le système de communication contemporain, creuser entre ses couches anciennes (radio, télévision) et ses couches plus récentes (Internet, médias dit sociaux, engins du diable type laptop, smartphone, tablette).

  • http://www.franceculture.fr/emissions/journal-de-12h30/journal-de-12h30-dimanche-13-mars-2016


    Ou des nouvelles de Andreas Lubitz, copilote de l’Airbus A-320 de la compagnie Germanwings se rendant de Barcelone à Düsseldorf, s’écrasait dans les Alpes de Haute-Provence, entre Digne et Barcelonette, avec 150 personnes à son bord.
    Alèssi Dell’Umbria publia sur facebook, le billet suivant :

    Andreas Lubitz était un homme normal. Tout les gens ayant eu à le cotoyer le disent, il n’y a donc aucun doute là-dessus : on est normal dans la seule mesure où l’on est reconnu comme tel par le plus grand nombre. Il n’était pas musulman, pas anarchiste, pas drogué et pas même alcoolique ! Il était tellement normal qu’il souffrait, comme presque tout le monde en Europe occidentale, de « dépression ». Après tout, quoi de plus normal que d’être dépressif quand on vit dans un pays déprimant ?
    Cet homme normal, qui a entraîné près de 150 personnes vers une mort absurde et atroce, appartenait à cette immense classe moyenne allemande, dont les gouvernants sont capables d’affamer délibérément un petit pays de la Méditerranée -où les gens avaient conservé un certain art de vivre et ne peuplaient pas les salles d’attente des psy- au nom de cette morale de petits-épargnants dont la Merkel est l’incarnation parfaite.
    Le fait que ce terme de « dépression » soit utilisé indifférement dans deux pseudo-sciences qui font autorité en ce monde, à savoir l’économie et la psychiatrie, est en soi significatif. Dans sa version psy, la dépression correspond à la transformation en maladie individuelle d’un fait de société, à savoir l’absence. Les gens que l’on décrète déprimés sont tout simplement des gens que plus rien ne lie aux autres et qui ont donc perdu tout art de vivre. Des gens qui ne peuvent plus habiter un monde. Mais le capitalisme se nourrit du désastre qu’il engendre, et une expérience assez commune dans un monde aussi inhabitable a été transformée en simple problème personnel traité à coups de molécules chimiques, faisant du même coup la prospérité du business pharmaceutique -et tant pis si les anti-dépressifs n’empêchent nullement les suicides, et sont même suspectés de les faciliter...
    Bien sûr, Andreas Lubitz aurait pu simplement se pendre dans son garage, ou s’ouvrir les veines dans sa baignoire. Mais dans un monde où l’imaginaire est de plus en plus formaté par les effets spéciaux de l’industrie audiovisuelle, il eût été dommage de se contenter d’une fin si banale, si anonyme, surtout quand on a la chance de disposer d’un outil aussi puissant qu’un Airbus A320 ! « On ne peut pas appeller ceci un suicide » a dit très justement le procureur en charge du dossier. Ce dont il s’agit là, c’est, tout comme le magnifique et terrifiant snuff movie du 11 septembre 2001, d’une performance. Andreas Lubitz, qui était sportif, était certainement sensible à une telle notion, mais celle-ci a aussi à voir avec la dimension artistique, à une époque où les artistes tendent à réaliser des performances plutôt que des oeuvres. Le copilote s’est offert une expérience digne des plus grands films d’action, qui lui a ouvert les portes de l’éternité -le nom d’Andreas Lubitz est entré dans l’Histoire. Seule une connasse luthérienne comme Angela Merkel peut trouver le geste de Andreas Lubitz « tout à fait incompréhensible ».
    Dans la dernière minute de sa vie, il a sans aucun doute éprouvé une sensation vertigineuse de toute-puissance, quelque chose que les croyants qualifieraient de diabolique. Les auteurs du 11 septembre 2001 ont du ressentir cela, en surmultiplié.
    Ce monde ne cesse d’exciter en nous le vertige de l’anéantissement, et que ce soit en se shootant à l’héroïne ou en s’enrôlant dans les troupes de Daesh les possibilités ne manquent pas de vivre une expérience absolue qui soulage de ce terrible sentiment d’absence. Que le prix à payer pour cela soit une renonciation à la vie même, ouvertement revendiquée chez le junkie comme chez le djihadiste, fait précisément toute l’intensité de cette expérience...
    Tuer revient à exercer le pouvoir absolu, celui de mettre brutalement fin à la vie d’un autre, d’où la fascination que cet acte exerce au-delà de tout critère moral -longtemps, les êtres humains ont considéré que seul Dieu pouvait disposer d’un tel pouvoir, ou à la rigueur des souverains ayant reçus les attributs de la divinité. Mais ce monde, en multipliant les moyens technologiques d’anéantir la vie, a banalisé les attributs divins. Depuis Hiroshima, la possibilité d’un anéantissement venu du Ciel fait que de simples mortels peuvent réaliser ce que d’innombrables prophéties annonçaient jadis comme la vengeance de la divinité offensée.
    Il m’arrive de circuler en avion, et l’idée qu’un clone d’Andreas Lubitz pourrait décider un beau jour de m’entraîner avec lui dans le monde des Morts ne m’est pas du tout agréable, mais elle ne date pas de hier. Cela fait trop longtemps que je considère les gens normaux comme des gens extrêmement dangereux.
    En s’écrasant sur la montagne, l’Airbus de la Germanwings nous ramène à la banalité du mal, qui revient vers nous comme mal de la banalité : de même que Hannah Arendt fut stupéfaite de découvrir dans la figure d’Eichmann un haut fonctionnaire consciencieux et soucieux de bien faire son travail, en lieu et place du fanatique exalté qu’elle attendait, nous découvrons dans l’existence banale et insipide que menait Andreas Lubitz et qui constitue précisément la norme en Europe occidentale la figure même du mal.

    #suicide #crash #airbus

  • • L’attente sans fin à la frontière
    http://blogs.afp.com/makingof/?post/refugies-l-attente-sans-fin-a-la-frontiere

    IDOMENI (frontière gréco-macédonienne), 11 mars 2016 – L’attente. L’absence d’informations. Les conditions épouvantables. Voilà ce qui me marque le plus pendant ce reportage.

    Douze jours durant, je photographie les réfugiés qui campent à la frontière entre la Grèce et la Macédoine en espérant poursuivre leur chemin vers l’Europe occidentale à travers ce qu’on appelle la « route des Balkans ».

    Mais la frontière n’est ouverte que quelques heures par jour, et une marée humaine s’agglutine derrière les barbelés. Pendant la période où je suis sur place, elle atteint entre dix mille et quatorze mille personnes. Et pour ne pas perdre leur place dans la file d’attente devant le poste-frontière, les gens sont postés jour et nuit près la clôture, sans interruption. C’est complètement fou, surtout quand il commence à pleuvoir : la boue, le froid, les bébés qui pleurent.

    #photographie #migrants #balkans #frontière

  • La lettre de Léosthène, le 2 mars 2016, n° 1093/2016
    Douzième année, bihebdomadaire. Abonnement 390 euros.
    http://www.leosthene.com

    #Passeurs vers l’UE : un business branché et lucratif

    « Le prix d’un forfait comprenant un voyage de la Turquie vers la Libye par air puis une suite par mer de Libye en Italie coûte 3700 dollars. Pour une traversée par bateau, le prix est de 1000 dollars par adulte. Trois enfants coûtent 500 dollars ». Tel est le genre d’annonce que les réseaux criminels spécialisés dans le transport de migrants publient sur les réseaux sociaux, selon le dernier rapport qu’Europol, l’office européen de police, a présenté à La Haye le 22 février dernier, lors d’un forum conjoint avec l’organisation internationale de police criminelle, Interpol (1).

    Au cours de ce forum (22 et 23 février à La Haye), a été lancé, conformément aux conclusions, en octobre 2015, d’un premier forum tenu à Lyon, décision confirmée en novembre par les ministres européens de la Justice et des Affaires intérieures (2), un Centre européen pour la lutte contre le trafic des migrants (#EMSC). Le centre s’appuiera en particulier sur le travail d’Europol, qui a identifié au cours de ces dernières années plus de 40 000 #trafiquants. Travail qui sera mené en étroite collaboration avec les autres organismes compétents de l’UE, #Frontex (l’agence européenne pour la gestion des frontières extérieures de l’UE) et #Eurojust (l’unité de coopération judiciaire de l’UE). On espère ce nouveau centre opérationnel parce que les trafiquant sont, eux, organisés : « A l’intérieur de l’UE, les réseaux de trafiquants utilisent aussi les réseaux sociaux pour recruter leurs chauffeurs. Ces plateformes sont également utilisées par les passeurs et les migrants irréguliers pour partager leurs informations sur les routes de migration, les changements en matière de droit et de procédures d’asile, ou les conditions défavorables dans les pays de destination » (1). Ce type d’informations permet aux passeurs de s’adapter et d’adapter leurs prix en fonction de la sûreté des routes proposées.

    Bien entendu, un florilège d’activités complémentaires et lucratives complète ce #business rentable : certains de ces trafiquants sont « aussi impliqués dans d’autres activités criminelles telles que le trafic de drogue (22% en 2015), la production de faux papiers (18% contre 3% en 2014), le vol (20%) et le trafic d’êtres humains (20%) ». Sachant que les chauffeurs en particulier se livraient de préférence, avant de donner dans le transport de migrants, au vol et au trafic de drogue à l’intérieur de l’UE. Est-on surpris par l’augmentation des activités dans le domaine des faux papiers ? Les documents contrefaits, nous dit le rapport, qui peuvent provenir d’Athènes, d’Istanbul, de Syrie ou même de Thaïlande sont en forte augmentation. Un exemple ? « Une enquête a mené à la découverte d’une imprimerie de pointe en Albanie, dotée d’un équipement valant des millions de dollars. Le principal suspect, qui gérait l’imprimerie, recevait des commandes des réseaux de passeurs pour produire sur ordre de faux documents, envoyés par petits paquets et par courrier. Ces documents, de très haute qualité, étaient livrés à des migrants irréguliers en Grèce pour faciliter leur voyage ultérieur dans l’Union européenne. Le suspect coopérait étroitement avec des réseaux criminels en Bulgarie et en Turquie. Une perquisition dans l’imprimerie a permis la saisie de milliers de visas vierges, de permis de résidence, de cartes d’identité, de passeports et de permis de conduire de différents pays de l’UE ».

    On méditera sur l’efficacité du contrôle aux frontières à l’intérieur de l’UE, quand il existe…

    On voit aussi, au travers des chiffres proposés par l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, repris par le rapport d’Europol, une modification chez les migrants entrants : 56% étaient en 2015 des hommes, 17% des femmes et 27% des enfants. Début 2016, 45% sont des hommes, 21% des femmes et 34% des enfants – dont une partie considérable arrive non accompagnée d’un adulte (85 482 en 2015, dont 50% d’Afghans et 13% de Syriens). Sachant que « dans plusieurs pays de l’UE, ces mineurs non accompagnés disparaissent des centres d’asile ou de réception ». Question : que deviennent-ils ? Parce que les trafiquants ne perdent pas le sens des affaires : les migrants les plus vulnérables sont, une fois dans l’UE, contraints au travail forcé ou à la prostitution. Ici encore, un exemple : « Une enquête dans un réseau criminel pakistanais impliqué dans le trafic de migrants vers l’UE a révélé que les activités du groupe étaient liées au travail forcé. A leur arrivée dans l’UE des migrants irréguliers aidés par le réseau étaient obligés de travailler dans des restaurants appartenant à des membres de l’organisation en Espagne ». A ce compte, on comprend peut-être pourquoi, selon le ministère de l’Intérieur allemand, 130 000 des migrants (13%) entrés en Allemagne en 2015 ont tout simplement disparu – information parue dans le Süddeutsche Zeitung et rapportés par RT (3). Ont-ils continué leur route ailleurs dans l’UE ? Préféré vivre dans l’illégalité en Allemagne hors de portée des passeurs ? Ou de la police allemande ? Ou des deux ?

    L’intense activité des réseaux de passeurs (plus d’un million de migrants sont arrivés en Europe en 2015) s’accompagne de nombreuses complicités. Le rapport nous en donne une vue synthétique (page 9 du pdf), classée selon sept grandes catégories : de celui qui coordonne l’ensemble du ou des réseaux à celui qui recrute localement le migrant, de celui qui arrange une partie du voyage à celui qui fournit les documents, des facilitateurs de bas niveau (chauffeurs, équipages des embarcations, guides, traducteurs temporaires) aux complices légaux (hôtels, loueurs de voitures, agences de voyage), des trésoriers (qui recueillent et transfèrent l’argent des migrants) aux officiels corrompus des pays d’accueil (qui fournissent des services contre rémunération). Que dit exactement le rapport ? « La corruption est un facteur clef pour faciliter le trafic de migrants. Dans des cas typiques de corruption, des représentants de l’ordre reçoivent des pots-de-vin pour permettre aux véhicules de traverser les frontières à des postes non gardés. D’autres impliquent des éléments des forces navales ou militaires qui reçoivent un paiement pour chaque migrant ou chaque bateau qu’ils laissent passer ». Et encore ? « Le personnel des consulats et ambassades est également ciblé par les passeurs, pour aider à remplir les formulaires d’immigration et fournir des visas et des passeports ».

    Mais parlons finances : le chiffre d’affaires estimé par Europol pour 2015 se situe entre trois et six milliards de dollars – sur lesquels, avoue l’agence, on ne dispose pas de renseignements suffisants (flux et blanchiment). Cependant, le rapport donne quelques pistes sur les moyens de paiement : 52% en argent liquide, 16% payés par une famille d’accueil déjà installée dans l’UE, 0,2% remboursés par du travail forcé (ce qui nous paraît très faible si on incluait la prostitution), 20% par système bancaire alternatif, 10% inconnus… Que se partagent des réseaux implantés, nous dit le rapport à travers une infographie (page 9 du pdf), en Albanie/Kosovo/Serbie, Bulgarie et Roumanie, Hongrie/République Tchèque/Pologne, puis
    Allemagne/Autriche/Danemark/Belgique/Pays-Bas, mais aussi en Turquie, en Erythrée/Ethiopie/Somalie/, en Egypte/Syrie/Liban, enfin en Libye/Tunisie/Maroc. Ces réseaux ainsi assemblés prennent-ils en compte les officiels corrompus des pays d’accueil ? Le rapport n’en dit rien. Mais précise que 30% des réseaux sont composés de ressortissants de l’Union européenne, 44% de non ressortissants, 26% étant mixtes, UE et non UE. Et que tous ces réseaux, très souples, sont en mesure de s’adapter très vite aux changements des conditions d’accueil des pays traversés. Enfin que les perspectives sont excellentes pour eux, leurs activités étant attendues à la hausse.

    Rob Wainwright, le directeur d’Europol, a en effet reconnu que ces réseaux criminels étaient responsables de 90% des migrants arrivés en Europe.

    De souplesse cependant, les réseaux de passeurs vont avoir besoin : le quart d’heure « Willkommenskultur » (culture de l’accueil) d’une Angela Merkel bousculée en réalité terminé, la route des Balkans s’est fermée, durablement : « Slovénie, Serbie, Autriche, Macédoine, Serbie et Croatie ont annoncé en fin de semaine leur intention de limiter à 580 par jour le nombre de migrants autorisés à passer par leur territoire » nous dit Le Monde daté du 28 février (4). « La Macédoine procèderait aussi, selon plusieurs témoins, à des contrôles de nationalité, n’acceptant que les ressortissants syriens et irakiens et refoulant les Afghans. Ces pays, qui se trouvent sur la route des Balkans empruntée par des dizaines de milliers de migrants pour se rendre en Europe occidentale, ont emboîté le pas à l’Autriche, qui a choisi il y a plus d’une semaine de limiter l’entrée à 80 demandeurs d’asile par jour et à 3200 personnes en déplacement. Depuis octobre, quand la Hongrie a fermé sa frontière avec la Croatie, 475 000 migrants sont arrivés en Slovénie, avant de poursuivre leur route vers l’Autriche, l’Allemagne et les pays du nord de l’Europe ». On connaît la conséquence, avec les incidents violents qui sont survenus près d’Idomeni, à la frontière, fermée, entre la Grèce et la Macédoine (5).

    Ne doutons pas que les réseaux sociaux auront déjà informé les passeurs des dernières nouvelles et que des offres de service appropriées vont apparaître, si ce n’est fait : la Bavière s’est préparée à fermer ses frontières en quelques heures (Die Welt). En Autriche, c’est le col du Brenner qui va fermer (une manière de renvoyer les migrants vers Nice ?). Il faudra donc faire preuve de souplesse et on prépare déjà, chez les passeurs, le passage en Italie depuis la côte albanaise pour évacuer les migrants bloqués en Grèce. En Italie on se prépare à l’assaut… Et chez les passeurs à augmenter les tarifs. Pour l’UE, le scénario du pire. Mais il y a bien une opération de l’OTAN contre les passeurs en Méditerranée ? Non, pas une opération, un simple déploiement : « Les navires de l’OTAN auront un ‘travail de contrôle et de surveillance, ainsi que de fournir des informations aux autorités locales’ » selon le Secrétaire général Jens Stoltenberg. « ’Nous voulons aider les garde-côtes turcs et grecs à faire leur travail. Nous n’allons pas faire leur travail’. Dans la pratique, les navires auront effectivement pour tâche de surveiller la zone, de repérer des navires suspects (migrants ou trafiquants) et de les signaler aux autorités des pays riverains concernés (Grèce ou Turquie selon la trajectoire du bateau). Mais c’est tout » (6). Autrement dit, l’OTAN respectera le droit international : la police en mer relève de la souveraineté des Etats. Pas de quoi inquiéter les réseaux de passeurs…

    Robert Crepinko, qui prendra la tête du nouveau centre européen pour la lutte contre le trafic des migrants a du pain sur la planche, avec ses équipes, ses 45 experts, l’appui d’Interpol et la coordination avec les autres agences européennes. Si 90% des flux jusqu’ici enregistrés ont été conduits par des réseaux de trafiquants, la priorité est certainement de s’attaquer à les démanteler. A comprendre et gêner, aussi, leurs flux financiers – un chapitre sur lequel le rapport d’Europol est très discret. Saura-t-il être efficace ? En aura-t-il les moyens et le temps ?

    Parce que pour l’heure l’Union européenne, de crise en crise au bord du désastre, donne l’impression de vivre, comme résignée, ses derniers moments.

    Tic tac fait l’horloge.

    Hélène Nouaille

    Cartes :

    La route des Balkans en septembre 2015

    Idomeni à la frontière gréco-macédonienne, près de la route E75

    Les facilités de circulation UE/reste du monde en 2011 (Philippe Rekacewicz)
    http://visionscarto.net/mourir-aux-portes-de-l-europe#&gid=1&pid=7

    Notes :

    (1) Europol (European Police Office), février 2016, Migrant smuggling in the EU
    https://www.europol.europa.eu/sites/default/files/publications/migrant_smuggling__europol_report_2016.pdf

    (2) Conseil européen, le 9 novembre 2015, Conclusions du Conseil sur les mesures visant à gérer la crise des réfugiés et des migrants
    http://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2015/11/09-jha-council-conclusions-on-measures-to-handle-refugee-and-migrat

    (3) RT (en anglais), le 26 février 2016, 130 000 refugees vanished after being enregistred in Germany
    https://www.rt.com/news/333684-germany-refugees-disappear-report

    (4) Le Monde avec agences AFP, AP et Reuters, Près de 70 000 migrants pourraient bientôt être « pris au piège » en Grèce
    http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/02/28/la-grece-s-inquiete-de-dizaines-de-milliers-de-migrants-bloques-sur-son-terr

    (5) Boursorama/Reuters, le 29 février 2016, Migrants : incidents à la frontière entre la Grèce et la Macédoine
    http://www.boursorama.com/actualites/migrants-incidents-a-la-frontiere-entre-la-grece-et-la-macedoine-862913a

    (6) Bruxelle2, le 24 février 2016, Nicolas Gros-Verheyde, Ne dites plus opération de l’OTAN en mer Egée, dites déploiement
    http://www.bruxelles2.eu/2016/02/24/ne-dites-plus-operation-de-lotan-en-mer-egee-dites-deploiement-plouf-plou

    Comme dit @reka : un peu affligeant... mais voilà, pour archivage... sur la thématique des passeurs !

  • Réfugiés : la Slovénie envoie l’armée à ses frontières

    Les députés du Parlement slovène ont adopté à une large majorité, mardi 23 février, une loi autorisant l’armée à intervenir le long de ses frontières avec la Croatie. Des patrouilles conjointes avec le police devraient être mises en place pour gérer les flux de réfugiés.


    http://www.courrierdesbalkans.fr/le-fil-de-l-info/parlement-slovene-envoi-armee-frontiere-migrants.html
    #Slovénie #frontières #militarisation_des_frontières #asile #migrations #fermeture_des_frontières #réfugiés

  • A la frontière gréco-macédonienne, le « #tri » des migrants profite aux #réseaux_mafieux

    Alors qu’un froid polaire règne depuis la mi-janvier sur l’Europe du Sud-Est, 1 000 à 3 000 réfugiés s’engagent tous les jours sur la « route des Balkans » pour gagner l’Europe occidentale. Les gouvernements et les ONG redoutent une nouvelle augmentation de ces flux dès le retour de températures plus clémentes, alors que des milliers de « migrants économiques », désormais illégaux, errent dans la région.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/010216/la-frontiere-greco-macedonienne-le-tri-des-migrants-profite-aux-reseaux-ma
    #Grèce #asile #migrations #réfugiés #Macédoine #passeurs

    • L’article complet:

      Alors qu’un froid polaire règne depuis la mi-janvier sur l’Europe du Sud-Est, 1 000 à 3 000 réfugiés s’engagent tous les jours sur la « route des Balkans » pour gagner l’Europe occidentale. Les gouvernements et les ONG redoutent une nouvelle augmentation de ces flux dès le retour de températures plus clémentes, alors que des milliers de « migrants économiques », désormais illégaux, errent dans la région.

      Macédoine, de nos envoyés spéciaux.- La flamme d’une bougie vacille dans l’obscurité, quelques morceaux de tissus ont été tendus pour voiler une fenêtre brisée par laquelle s’engouffre le vent glacial qui descend des montagnes de la Macédoine voisine. Pour tenter d’endiguer le flux de candidats à l’exil, les autorités de Skopje ont posé des barbelés tout le long de la frontière méridionale du pays et, depuis le 18 novembre, seuls les ressortissants d’Afghanistan, d’Irak et de Syrie ont la permission de s’engager dans le « corridor » qui conduit vers la Serbie, la Croatie, la Slovénie puis l’Autriche. Le statut de réfugiés est systématiquement refusé aux citoyens de toutes les autres nationalités, désormais considérés comme des « illégaux ». Chaque nuit, des dizaines de personnes campent donc dans les chambres en ruine d’un hôtel désaffecté, dont la carcasse se dresse au bout du parking de la station-service d’Evzoni, sur l’autoroute qui file vers Thessalonique, à un kilomètre de la frontière. « Nous ne pouvons pas faire de feu, sinon la police arrive et nous renvoie à Athènes », explique un homme engoncé dans un sac de couchage, au milieu d’un monceau de détritus, de conserves éventrées et de bouteilles en plastique.

      Des taxis déposent sans cesse de petits groupes de migrants sur le parking, d’autres arrivent à pied. Ici, tous ou presque viennent d’Algérie ou du Maroc. En contrebas, de l’autre côté de l’autoroute, se cache un autre hôtel, le Hara. Il propose des chambres à 40 euros la nuit, mais les migrants qui n’ont pas suffisamment d’argent s’allongent sur la terrasse, derrière une bâche, pour prendre un peu de repos. D’autres partagent du pain dans la salle de restaurant. Ici, tout se paie, mais il y a Internet, une ressource vitale pour contacter les passeurs, étudier les itinéraires qui permettent de forcer les barbelés dressés par la Macédoine le long de ses frontières avec la Grèce, ou simplement pour parler avec la famille restée au pays. Omar, un jeune Marocain d’une vingtaine d’années, porte une vilaine cicatrice sur la joue : il a été agressé il y a quelques jours par d’autres réfugiés, qui lui ont volé son argent et son téléphone portable. Ces violences sont fréquentes. Le 25 janvier, un Pakistanais est mort dans une bagarre avec des Afghans, deux autres, blessés, ont été hospitalisés.

      Larbi a déjà tenté deux fois de passer en Macédoine, les deux fois il a été arrêté. « Il y a des trous dans le grillage », explique cet homme de 33 ans, originaire du sud du Maroc. « Mais souvent ce sont des pièges : les Macédoniens te laissent entrer, mais quelques centaines de mètres plus loin, l’armée arrive. » Le « tarif » est bien établi : un tabassage en règle, puis la remise à la police grecque. Chaque jour, celle-ci remplit des autocars de « refoulés », qui sont ensuite abandonnés à leur sort dans des stations-services de la périphérie d’Athènes, à 600 kilomètres de là.

      Dans son pays, Larbi était guide de montagne et sa famille possède un petit hôtel. Depuis deux ans, il n’y a plus de touristes ou presque, aussi s’est-il résolu à partir. Il s’est rendu en avion à Istanbul, a payé 700 euros son passage vers l’île grecque de Lesbos, puis s’est caché dans un camion pour monter dans un ferry vers le port du Pirée. « Depuis Athènes, le trajet jusqu’à Belgrade coûte de nouveau 700 euros. Nous avons confié l’argent à un ami qui remettra la somme quand nous serons rendus à destination. » Son rêve, rejoindre son frère aîné installé à Alicante, dans le sud de l’Espagne. « Là-bas, les salaires ne sont pas mauvais, même pour les clandestins. Au minimum, on est payés 50 euros la journée. Et puis au bout de trois ans, tu es sûr d’être régularisé. » Parti du Maroc, Larbi a donc décidé de faire le tour du Bassin méditerranéen pour arriver en Europe ; pour lui, la « route des Balkans » est désormais la voie de passage la plus sûre. De toute façon, il a aussi de la famille en Belgique et aux Pays-Bas. Si ça ne marche pas en Espagne, il tentera sa chance plus au nord. « Moi, si je viens en Europe, c’est pour travailler », clame-t-il, la capuche de sa parka rabattue sur le crâne pour se protéger du froid. Autour de lui, tout le monde acquiesce.

      Si Larbi et ses compagnons parviennent à franchir la frontière macédonienne, d’autres épreuves les attendent sur la route : dans le nord de la Macédoine, les kidnappings ont repris. Les migrants sont enfermés dans des maisons des villages de Lojane et Vaksince, accolés à la frontière avec la Serbie et repaires connus de trafiquants, jusqu’à ce qu’ils s’acquittent d’une rançon. Les volontaires des réseaux de soutien aux migrants diffusent les cartes de routes alternatives qui passent par la montagne du Karadag, au-dessus de ces hameaux, mais il faut être en excellente condition physique pour les emprunter. Plus au nord, l’accès à la Croatie leur étant interdit, de plus en plus de « clandestins » passent à nouveau par la Hongrie, dont la frontière est également défendue par un mur de barbelés. Ces dernières semaines, 200 réfugiés campaient dans la « jungle » de Subotica, tout au nord de la Serbie, fréquentée par les migrants depuis 2011. C’est là que les passeurs viennent recruter leurs clients pour le franchissement de la frontière. Les obstacles posés par les États ont pour première conséquence de faire grimper les tarifs et de justifier les « prestations » offertes par ces bandes criminelles.

      Dans la boutique de la station-service d’Evzoni, les affaires se portent bien, on vend des chaussettes, des bonnets et des sacs de couchage. À la terrasse, deux hommes sirotent un café, indifférents au froid. « Ils sont pakistanais, souffle Kamel, un Algérien, ce sont eux qui contrôlent les passages. » De temps à autre, une camionnette de Médecins sans frontières (MSF) vient assurer une permanence médicale, distribuer un peu de vivres, des couvertures. Des voitures de la police passent sans s’arrêter. Les autorités grecques rapatrient plus au sud les migrants qui se font arrêter par les Macédoniens, elles laissent courir les autres, pas mécontentes de les voir continuer leur route vers le nord.

      « Les enfants représentent au moins un tiers des personnes qui arrivent ici »

      « Pour venir d’Athènes, les migrants doivent payer 25 euros », explique Andres Moret, le coordinateur de MSF pour le nord de la Grèce. « En théorie, le rapatriement forcé vers Athènes devrait être gratuit, mais certains de nos employés ont pris ces bus en se faisant passer pour des migrants. Les chauffeurs demandent de l’argent, souvent jusqu’à 50 euros. » Dans cette région pauvre touchée de plein fouet par la crise, les candidats à l’exil sont devenus une manne. « La police est en contact avec les propriétaires des bus qui sont toujours à côté de la frontière. Ils te disent, ou tu paies ou tu vas en prison. Ici, les gens profitent des migrants. Tout se paie au prix fort, la nourriture, les magasins, les hôtels », se plaint Larbi.

      À quelques kilomètres du poste-frontière, des travailleurs humanitaires affalent les tentes du camp de transit d’Eidomeni menacées par de fortes rafales de vent. Un peu plus loin, quelques toilettes mobiles posées en plein champ ont été renversées. De toute manière, le camp est pratiquement vide : depuis les graves incidents qui ont opposé, en novembre dernier, la police aux « migrants économiques » bloqués sur la frontière, les autorités grecques en interdisent l’accès à tous les réfugiés. Durant trois semaines, plusieurs milliers d’Iraniens, de Marocains et de Pakistanais ont « occupé » le camp d’Eidomeni, avant d’être évacués. De nombreux graffitis peints sur les immenses tentes vides témoignent encore de la longue épreuve de force : « Lebanon + Maroc + Pakistan + Iran + Ghana : they are starving. Let them cross the border. »

      Désormais, les autocars qui amènent les réfugiés depuis Athènes se garent dans des stations-services en amont : c’est là que s’effectue, en théorie, le tri entre nationalités. Les cars reprennent leur route jusqu’à Eidomeni seulement s’ils ont reçu l’assurance que la frontière macédonienne est ouverte et que les migrants peuvent passer sans s’arrêter. Pour pallier les besoins les plus urgents, Médecins sans frontières a installé quelques tentes à la station de Polykastro, à une vingtaine de kilomètres de la Macédoine. Le 1er janvier, près de 3 000 personnes y sont restées bloquées durant 48 heures, alors que les températures descendaient chaque nuit à dix degrés sous zéro. « Il n’y a pas de douches, pas de tentes chauffées », s’indigne Andres Moret. « Les responsables de la station nous empêchent de donner des vêtements chauds, car ils en vendent. Tout doit se négocier, même une simple distribution de soupe. Il ne nous appartient pas de critiquer les décisions politiques, comme celle de fermer la frontière aux ressortissants de certains pays, mais le devoir d’assistance humanitaire qui s’impose à tous n’est pas respecté en Grèce. Les enfants représentent au moins un tiers des personnes qui arrivent ici. Or le flux reste toujours très important, même en hiver. Entre 1 000 et 3 000 personnes par jour, parfois plus. »

      Aux abords du camp d’Eidomeni, un autre graffiti proclame : « Fuck the racket ! » La fermeture de la « route des Balkans » aux soi-disant « migrants économiques » a naturellement relancé l’activité des passeurs et des trafiquants. Dans le nord de la Grèce, un laissez-passer grec trafiqué, prêtant la nationalité irakienne ou syrienne à des ressortissants d’autres pays, se vend 200 euros, mais ces faux, grossièrement falsifiés, ne trompent personne. Pour un passeport d’un pays donnant droit au statut de réfugié, il faut débourser de 3 à 6 000 euros, suivant la qualité du document. Bien peu ont les moyens de s’offrir un tel sésame. « C’est du déjà-vu », s’indigne Andres Moret. « Nous en sommes revenus à la situation du printemps dernier, avant que le corridor humanitaire des Balkans ne se mette en place. »

      Fin janvier, la Macédoine a fermé pendant près de 48 heures sa frontière, suscitant la panique chez les autorités grecques ainsi que parmi les travailleurs humanitaires. Pour justifier cette interruption « temporaire », Skopje avait invoqué « une demande reçue de la Slovénie ». En réalité, les menaces de blocage sont devenues quotidiennes sur la route des Balkans. Comme aucun pays de la région n’a les capacités d’accueillir plusieurs milliers de personnes, tous essaient de stopper le flux en amont. « On ne sait jamais ce que va décider Skopje. Chaque jour, chaque heure même, la situation change. Toutes les six heures, il y a une relève de la police en Macédoine. Le nouveau chef peut décider de fermer la frontière ou de la rouvrir », se désole Antonis Rigas, officier de terrain de MSF en charge du camp d’Eidomeni. Il gratte sa longue barbe blanche : « Cela nous oblige à sans cesse remettre en cause nos plans d’action. Ce n’est pas sérieux. »

      Quand tout se passe sans accroc, des groupes d’une cinquantaine de personnes, c’est-à-dire la contenance d’un bus, passent toutes les demi-heures en direction du camp de Gevglija, à moins d’un kilomètre, le long de la voie de chemin de fer. Côté macédonien, le camp de transit fonctionne à plein régime. Depuis l’automne, de nouvelles tentes pouvant accueillir jusqu’à 300 personnes chacune ont été montées, ainsi que de nombreux petits baraquements. Des systèmes de chauffage y maintiennent une température acceptable. C’est là que les réfugiés doivent attendre avant de pouvoir monter dans les trains affrétés, irrégulièrement, par la compagnie nationale de chemin de fer macédonienne. « La situation dans le camp s’est nettement améliorée depuis l’été, désormais tout le monde travaille ensemble, les citoyens, les ONG et le gouvernement », explique Lence Zdravkin, une volontaire macédonienne qui coordonne bénévolement depuis des mois les dons des citoyens dans le sud du pays. « Mais depuis quelques semaines, je vois de nouveau des groupes de réfugiés “illégaux” qui remontent à pied vers le nord, ils passent devant chez moi. Ils ont froid, ils souffrent d’engelures, ils sont en danger. » Comme au printemps dernier, quand le « corridor » des Balkans n’avait pas été mis en place, la petite maison de Lence est devenu un havre où les migrants en errance peuvent trouver des vêtements chauds, un peu de nourriture, se reposer avant de reprendre la route. « Dès les vents se calmeront en mer Égée, les flux augmenteront de nouveau et nous serons totalement dépassés. »

  • À la frontière gréco-macédonienne, le « tri » des #migrants profite aux réseaux mafieux
    https://www.mediapart.fr/journal/international/010216/la-frontiere-greco-macedonienne-le-tri-des-migrants-profite-aux-reseaux-ma

    Un migrant coincé à la frontière entre la #Grèce et la #Macédoine, janvier 2016. © Laurent Geslin Alors qu’un froid polaire règne depuis la mi-janvier sur l’Europe du Sud-Est, 1 000 à 3 000 #réfugiés s’engagent tous les jours sur la « route des Balkans » pour gagner l’Europe occidentale. Les gouvernements et les ONG redoutent une nouvelle augmentation de ces flux dès le retour de températures plus clémentes, alors que des milliers de « migrants économiques », désormais illégaux, errent dans la région.

    #International ##OpenEurope #asile

  • La Macédoine ferme sa frontière avec la Grèce aux migrants

    La Macédoine a fermé sa frontière avec la Grèce aux migrants souhaitant se rendre en Europe occidentale, a fait savoir, mercredi 20 janvier, un haut responsable de la police macédonienne.

    http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/01/20/la-macedoine-ferme-sa-frontiere-avec-la-grece-aux-migrants_4850647_3214.html

    #fermeture_des_frontières #asile #migrations #frontières #réfugiés #Macédoine #Grèce
    signalé par @daphne

  • Anselm Jappe : « La fin du capitalisme ne sera pas une fin pacifique » (Entretien avec Marc Losoncz)
    http://www.palim-psao.fr/2016/01/anselm-jappe-la-fin-du-capitalisme-ne-sera-pas-une-fin-pacifique-entretie

    Très bonne interview de Jappe, avec des réponses pas du tout cryptiques. :)

    La Wertkritik, au contraire, se réfère surtout au capitalisme contemporain, qui est différent du capitalisme qu’avait connu Marx. La tendance autodestructrice du capital était encore peu visible à l’époque de Marx. Aujourd’hui, elle occupe largement la scène, surtout parce que – comme Marx l’avait déjà montré – il n’y a que le travail vivant qui crée la valeur, tandis que le capitalisme tend à remplacer le travail vivant avec des machines, en diminuant ainsi la création de valeur. Marx a vu que cette contradiction constitue un facteur potentiel de crise pour le capitalisme à long terme, mais il pensait que la révolution prolétarienne arriverait bien avant que le capitalisme atteigne la limite de sa faculté de créer assez de valeur. Cette désubstantialisation de la valeur est finalement advenue, et elle a connu un saut qualitatif à partir des années 1960 avec l’informatisation du travail. C’est à partir de ce moment-là que le capitalisme se trouve dans une crise permanente, et pas simplement dans une crise conjoncturelle. La critique de la valeur n’est pas apocalyptique par parti pris, mais parce qu’elle prend en compte l’épuisement de la logique de base même du capitalisme. Les dernières décennies ont largement confirmé sa théorie de la crise. Cela fait quarante ans qu’on attend le nouveau cycle de croissance promis par les économistes bourgeois. Nous avons vu simplement la croissance des marchés financiers. Il ne s’agit pas de prévoir une grande crise finale future, mais de parler de la crise à laquelle nous assistons déjà. En vérité, la société du travail est déjà dans une crise grave. C’est aussi la crise de l’argent et cela veut dire qu’il y a une diminution de la valeur et une perte de substance de l’argent. Mais beaucoup de courants théoriques, même à gauche, persistent à dire que le capitalisme va toujours très bien.

    […]

    ML : Peut-être faudrait-il ajouter ici la nostalgie du welfare state.

    AJ : Oui. Elle est très répandue en Europe occidentale, donc dans les pays qui ont connu le plus le welfare state. Mais celui-ci était lié à un bref moment du capitalisme, quand le développement économique avait permis de redistribuer de la valeur à l’intérieur de la société capitaliste. Historiquement, c’était une exception qu’on appelle les Trente glorieuses, le miracle économique... Mais c’est ce qui est souvent resté dans les têtes comme le « véritable » capitalisme qui serait « humain » par rapport à toutes les formes venues après. Ces autres formes sont interprétées comme des dégénérescences qu’on pourrait attribuer à des facteurs extérieurs, aux banques par exemple, ou aux politiciens corrompus..., avec l’idée qu’on peut revenir vers cette espèce de capitalisme idéalisé qui serait sain. Évidemment, la critique de la valeur n’est pas du tout de cet avis. La crise qui est venue après le boom fordiste n’était pas le dérèglement d’un système « sain », mais faisait partie de la nature même du capitalisme. On ne pourrait pas revenir aux anciennes recettes keynésiennes-fordistes parce qu’on ne peut pas abolir la technologie qui remplace le travail vivant. Et il ne faut pas oublier que c’était contre la société triste de cette époque-là que se dressaient les mouvements de 1968 ! C’est inconcevable d’en avoir la nostalgie.

    #interview #Anselm_Jappe #critique_de_la_valeur #wertkritik #capitalisme #Marx #travail #économie #informatisation #crise #catastrophisme

  • RTS, Vacarme | L’accueil des réfugiés : entre hostilité et hospitalité
    http://asile.ch/2015/12/25/rts-vacarme

    Depuis le début de l’été, des centaines de milliers de personnes fuient les combats ou le chaos en Syrie, en Afghanistan, en Irak, en Erythrée. Cette crise migratoire qualifiée de sans précédent depuis la Deuxième Guerre mondiale, génère deux courants opposés dans les populations d’Europe occidentale : accroissement de la solidarité et accroissement du rejet. Reportages […]

  • Marges et Numérique/Margins and Digital Technologies

    Les enjeux sociaux, politiques, culturels et économiques que recèlent les outils numériques sont le plus souvent analysés à partir des réalités des jeunes adultes urbains les plus instruits et aisés d’Amérique du Nord ou d’Europe occidentale. L’appel à propositions pour ce numéro du Journal des anthropologues s’est inscrit à rebours de ce prisme. Nous voulions inviter à décentrer la perspective en interrogeant les défis dont sont porteurs ces instruments issus du numérique depuis les « #marges ». Il s’agissait d’abord d’étudier nord-américains et européens, de cerner celles-ci dans des espaces construits comme étant à la marge du monde. Quelles formes diverses prend, dans ces espaces, l’économie liée au #numérique, qu’elle se diffuse au travers des circuits formels ou informels ? Comment les individus s’y approprient-ils la variété des produits provenant de cette économie ? L’objectif était également de saisir la manière dont, tant à la « marge » qu’au « centre » du système global, des acteurs minorisés mobilisent les outils du numérique à des fins d’intervention sociale, politique, culturelle ou économique, tout en se montrant toutefois attentifs à saisir les limites de cette mobilisation.


    http://www.antiatlas.net/blog/2015/12/04/marges-et-numeriquemargins-and-digital-technologies
    cc @fil

  • À Pernik, la ville la plus polluée d’Europe
    http://lacite.website/2015/11/30/pernik-la-villolluee-deurope

    Les pics de particules fines suscitent l’inquiétude en Europe occidentale. Mais à l’Est, des pays suffoquent toute l’année, comme la Bulgarie, désormais à bout de souffle. La ville de Pernik y détient le triste record de la ville la plus polluée d’Europe. Avec un coupable principal : le charbon. Le même qui, autrefois, fit les beaux […]

  • Une introduction à #Cornélius_Castoriadis (#castoriadis)

    cc @touti #dernier.e_des_mohicans, à propos de cette fameuse #autonomie : en effet, quelle pensée meilleure que celle de ce philosophe pour en parler ? :) je me suis dit qu’il serait bon d’écouter ce qu’il avait pu développer à ce sujet.

    http://journaldumauss.net/?Jean-Louis-Prat-Introduction-a

    Transcription partielle de la conférence donnée à la préfecture municipale de Porto Alegre en 1971, « La création historique et l’institution de la société / A Criação Histórica e a institução da Sociedade » (cf fichiers audio dans l’URL ci-dessus) :

    L’homme est un être qui cherche le sens, et qui pour satisfaire cette quête du sens, crée le sens .

    Mais d’abord et pendant très longtemps, il crée le sens dans la clôture ; et il crée la clôture du sens et essaie toujours d’y retourner, même aujourd’hui.

    Et c’est la rupture de cette clôture qui est inaugurée par la naissance et la renaissance, en Grèce et en Europe occidentale, de la philosophie et de la politique. Car la #philosophie et la #politique sont des mises en question radicales des #significations_imaginaires_instituées et des #institutions qui les incarnent .

    En effet la philosophie commence avec la question que dois-je penser, elle ne commence pas avec la question qu’en est-il de l’être. Il faut que l’homme se pose la question que dois-je penser d’abord, et cela généralement il ne le fait pas dans l’histoire. L’homme pense ce que lui disent de penser, la tribu, la bible, le coran, le parti, le secrétaire général, le sorcier ou n’importe quel autre.

    Mais ce n’est qu’à partir d’un certain moment, où l’homme se demande que dois-je penser vraiment ; et à ce moment-là, il ne se demande pas seulement que dois-je penser de l’être, mais aussi que dois-je penser de moi-même, que dois-je penser de la pensée elle-même, et que dois-je penser des lois qui existent. Mais si on dit que dois-je penser, on met évidemment en cause et en question les représentations instituées et héritées de la collectivité ; on ouvre la voie à une interrogation interminable . Or ces #représentations, ce sont, comme aussi les institutions en général ; elles font partie de l’être concret de la société en question, elles déterminent cet être. Si une #société est ce qu’elle est et pas autre chose, c’est parce qu’elle s’est crée ce monde particulier qu’elle a crée.

    Partie 1 :
    http://journaldumauss.net/IMG/mp3/casto1_la_crise_historique_de_l_institution_de_la_societe_Porto_Aleg

    Partie 2 :
    http://journaldumauss.net/IMG/mp3/casto2.mp3

    Partie 3 :
    http://journaldumauss.net/IMG/mp3/casto3.mp3

    Partie 4 :
    http://journaldumauss.net/IMG/mp3/casto4.mp3

    #audio #l'imaginaire_social_institué

  • Face à l’exode, mobilisons-nous !
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article772#outil_sommaire_0

    En ces temps de crise où les affaires stagnent, il est un commerce particulièrement florissant  : celui des armes. L’Europe occidentale (et la France notamment) s’y livre avec un succès certain et s’y taille une part non négligeable du marché mondial, trouvant des acheteurs chez tous – ou presque – les dictateurs de la planète ; les plus sanglants étant en général les meilleurs clients.

    Or, aussi curieux que cela puisse paraître, la vente d’armes aux dictateurs ne prépare pas spécialement la paix, même si les dirigeants européens feignent, maintenant, l’étonnement devant l’ampleur de la vague des réfugiés qui viennent frapper à leurs portes pour demander asile.

    Depuis la seconde guerre mondiale, on n’avait pas vu de flux migratoire aussi important. Les interventions militaires en Irak et en Lybie ont plongé les populations de ces pays dans un enfer durable, l’absence de soutien à la révolution syrienne (alors qu’elle était encore largement laïque et démocratique) a conduit à son écrasement. Les contestataires ont été rapidement supplantés par des islamistes d’obédiences diverses, les pires étant le tristement célèbre DAESH (dont l’armement proviendrait d’au moins 27 pays différents…).

    Que les dirigeants occidentaux, au même titre que les lobbys de l’armement et du pétrole, portent la lourde responsabilité du chaos moyen-oriental, cela ne fait aucun doute. Pour faire un semblant d’amende honorable, ils pourraient au moins accueillir tous les réfugiés, leur accorder l’asile, comme l’on s’acquitte d’une dette en quelque sorte. Mais on le pressent bien, les contrats d’armement ne stipulent pas que les vendeurs soient tenus d’accueillir les réfugiés, « conséquences » pourtant incontournable de toute guerre.

    Au pays du fric-roi, à Money-Land, la honte et la culpabilité n’ont pas pignon sur rue : on peut susciter des guerres pour défendre ses petits intérêts, on se soucie comme d’une guigne des conséquences de ses choix politiques et militaires. On fait des affaires, un point c’est tout. Et quand, bien malgré soi, il faut essayer de réparer un peu les dégâts, on compte encore sou après sou : ces réfugiés, combien ça coûte ?

    L’inquiétude purement comptable de nos avaricieux bons maîtres se double aussi d’une angoisse électorale  : combien de bulletins de vote en moins si, par mégarde, nous nous montrions trop généreux envers ces « étrangers »  ?

    Comme d’habitude, ce qui préoccupe gravement nos bien-aimés dirigeants, ce n’est pas du tout le devenir de tous ces réfugiés, c’est leur propre avenir politique, leur carrière, leurs intérêts et ceux de leurs amis marchands de boniments médiatiques, de canons ou de pétrole.

    Depuis janvier, ce sont 340 000 migrants ou réfugiés qui se pressent aux portes de l’Europe  : 230 000 venant d’Afghanis-tan, d’Irak et de Syrie par la route des Balkans et 110 000 venant d’Afrique par la Libye vers les côtes italiennes. Au seul mois de juillet, 107 000 ont été recensés. Actuellement, chaque jour, 2 à 3000 réfugiés arrivent en Macédoine.

    On assiste donc à un phénomène migratoire exceptionnel et il faut remonter aux flux migratoires de la Seconde guerre mondiale pour retrouver des seuils aussi élevés ; c’est dire l’intensité des combats (notamment en Syrie et en Irak) qui jettent sur les routes tous ces gens.

    Rappelons que 250 000 Syriens sont morts en trois ans de guerre et que 4 millions se sont réfugiés dans les pays limitrophes (Turquie, Jordanie, Liban).

    Dépassés par l’afflux de ces fugitifs, nos bons maîtres ont retrouvé cependant assez vite leurs réflexes de marchands et de policiers : on recense, on trie et on vire. Il s’agit de séparer les bons des mauvais : les réfugiés politiques d’un côté, les migrants économiques de l’autre. Aux réfugiés politiques on accordera le droit d’asile (mais tous ne seront pas « élus », loin de là), à ceux dont la motivation est moins « noble » on opposera la « fermeté », c’est-à-dire le retour à la frontière comme seul horizon. Il faut signaler que parmi les « migrants économiques » on compte un grand nombre de victimes d’une autre guerre, celle de l’ex-Yougoslavie qui a détruit pour de longues années le tissu économique ; le chômage de masse sévit maintenant dans les nations nouvellement crées, tandis que les élites nagent dans l’opulence due à la corruption.

    Les bénéficiaires du droit d’asile se voient allouer la somme mirifique de 91 euros par mois et par personne s’ils sont logés, et 343 euros s’ils doivent se loger. On ne peut que rester pantois devant une telle générosité. Le demandeur d’asile attend de 7 à 8 mois avant de savoir si sa demande est acceptée ou rejetée ; en cas de réponse positive, il ne peut chercher du travail qu’au bout de 6 mois minimum.

    Alors que des centaines de milliers de personnes arrivent, l’Europe – au moment où cet article est rédigé – s’apprêterait à accorder cette année 40 000 droits d’asile (peut-être plus, on peut l’espérer). Encore faudrait-il veiller, nous dit-on, à une « répartition équitable » des réfugiés dans les divers pays. Entre responsables bien nourris, bien logés et bien vêtus, les discussions risquent de durer...

    La Hongrie de Viktor Orban édifie une immense barrière de barbelés à la frontière avec la Serbie, fait évacuer la gare centrale de Budapest où des milliers de réfugiés attendent le train en direction de l’Allemagne, pour la rouvrir le surlendemain, puis stopper leur train au bout d’une centaine de kilomètres : un jeu sadique avec des gens déjà fortement éprouvés. La répression policière n’est pas le seul apanage des régimes nationaux populistes et on a pu voir la police française montrer son « savoir faire » (en terme de matraquage) à des migrants tentant de monter à bord de camions en route pour l’Angleterre à partir de Calais.

    Entre fausse compassion et vraie répression, le curseur oscille au gré des vents politiques, mais les rhétoriques démocratiques et humanistes des dirigeants européens apparaissent de plus en plus comme des discours mensongers, les valeurs morales fondatrices sont très sérieusement mises en ballotage par les centaines de cadavres qui flottent en Méditerranée.

    Victimes du capitalisme, les réfugiés le sont à double titre. Condamnés à l’exil pour cause de guerre provoquée par les lobbys pétroliers et les marchands de canons, ils vont trouver sur leur route d’ingénieux petits malins, modestes artisans indépendants ou membres d’organisations criminelles puissantes qui vont proposer, moyennant finance, de les amener à bon port  : les fameux réseaux de passeurs que les autorités désignent à la vindicte publique, pour mieux faire oublier leur propre responsabilité.

    Le trafic d’êtres humains en fuite est devenu une activité lucrative, ce qui illustre de belle façon la perversion totale de ce magnifique système capitaliste qui ne néglige aucune source de profit, aussi misérable soit-elle.

    La fuite devant les massacres et la misère peut s’avérer aussi dangereuse que les fléaux auxquels on veut échapper. Depuis l’année 2000, plus de 31 000 migrants sont morts sur les routes de l’exil dont 2460 en Méditerranée.

    Sans une mobilisation importante des populations européennes, beaucoup de migrants risquent d’être refoulés. Déjà en Allemagne, un certain nombre de manifestations de solidarité se sont déroulées à proximité des centres d’hébergement qui avaient été inquiétés antérieurement par des démonstrations fascistes et xénophobes.

    Beaucoup de lecteurs de ce journal gardent dans leur mémoire familiale l’hiver 1939  : venue de l’autre côté des Pyrénées, une foule innombrable tente d’échapper aux massacres franquistes et se presse aux postes frontières de la France qui leur réservera alors l’épouvantable accueil que l’on sait.

    Les migrants d’aujourd’hui laissent derrière eux des régimes de terreur absolue (celui de Bachar el-Assad, celui de Daesh ou la sanglante dictature érythréenne). Notre solidarité leur est acquise. A bas toutes les frontières. Notre patrie c’est le monde, notre famille l’humanité.

    @anarchosyndicalisme ! n°146

    ---- #Exode -----------------------

  • Merci aux responsables politiques de la petite Croatie de relever le niveau consternant de nombreux responsables politiques européens dont l’irresponsabilité est criminelle.

    La Croatie s’attend à l’arrivée de 20.000 migrants

    Flash Actu Par Le Figaro.fr avec AFP Mis à jour le 17/09/2015 à 13:24 Publié le 17/09/2015 à 12:29

    Le ministre croate de la Santé, Sinisa Varga, a déclaré aujourd’hui que la Croatie s’attendait à l’arrivée de plus de 20.000 migrants, dont des réfugiés fuyant les conflits au Moyen-Orient, au cours de deux semaines à venir."Nous nous attendons, au cours des deux semaines à venir, à un très grand nombre de migrants, plus de 20.000, et devons faire en sorte que le système de protection de la santé fonctionne", a déclaré M. Varga à l’agence de presse officielle Hina, avant une réunion du gouvernement croate.

    Le ministre a néanmoins souligné que « la situation est actuellement satisfaisante », faisant référence au défi que représente l’arrivée des migrants en terme de santé. Le Premier ministre croate Zoran Milanovic a, de son côté, lancé une mise en garde contre les capacités limitées d’accueil et d’enregistrement des migrants qui transitent par son pays depuis que la Hongrie a verrouillé sa frontière vers la Serbie.

    M. Milanovic avait fait ces déclarations jeudi matin alors que 5.650 migrants étaient entrés en Croatie, en 24 heures, selon le ministère de l’Intérieur. Ultérieurement, le ministère a fourni un bilan à la hausse, faisant état de 6.200 migrants présents sur le territoire croate à 10H50 locales (08H50 GMT).

    Les migrants ont commencé à affluer en Croatie au cours des dernières 24 heures, après la fermeture par la Hongrie de sa frontière avec la Serbie, principal point d’entrée dans l’Union européenne. On ignorait vers quel pays se dirigeraient les migrants depuis la Croatie, qui est frontalière de la Hongrie et la Slovénie, toutes deux membres de l’espace Schengen, contrairement à la Croatie.

    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2015/09/17/97001-20150917FILWWW00131-la-croatie-s-attend-a-l-arrivee-de-20000-migrants

    Selon Ranko Ostojic, le ministre de l’intérieur croate, leur « nombre est de plus en plus important ». Mais son gouvernement, qui se réunira à la fin de la semaine pour parler de la gestion de la crise migratoire, a promis de permettre le passage sans encombre des migrants par son pays, en direction de l’Europe occidentale.

    Zoran Milanovic, le premier ministre, a déclaré au Parlement :

    « Ils pourront passer par la Croatie et nous travaillons à ce propos (…). Nous sommes prêts à accepter ces gens, quelles que soient leur religion et la couleur de leur peau, et à les diriger vers les destinations où ils souhaitent se rendre, l’Allemagne et la Scandinavie. »

    Evitant le chaos et les arrestations provoqués par la décision unilatérale de la Hongrie de fermer sa frontière avec la Serbie, près de 350 personnes – hommes, femmes et enfants – ont passé la frontière au niveau de Tovarnik, dans le nord-est de la Croatie, après avoir transité par la ville serbe de Sid, à 5 kilomètres de la frontière. La police croate a confirmé l’arrivée de migrants dans la région frontalière de Vukovarsko-Srijemska et a dit son intention de les enregistrer, puis de les transporter vers des centres d’accueil près de Zagreb, la capitale.

    La Croatie est prête à accueillir jusqu’à 1 500 réfugiés par jour et cherchera des solutions pour augmenter ces capacités si leur nombre augmentait, a confirmé M. Ostojic. Selon lui, dans les prochains jours, environ 4 000 réfugiés sont attendus dans le pays. Pour éviter que cela n’ouvre une autre entrée sur son territoire, la Hongrie a assuré, mercredi soir, qu’elle était prête à construire un nouveau mur à sa frontière avec la Croatie.

    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2015/09/16/repousses-en-hongrie-migrants-et-refugies-se-dirigent-vers-la-croatie_475900

    #Migrants #Migration #Croatie #Zoran-Milanovic

  • De Seattle à Kingston, le #cannabis prend racine
    http://www.lemonde.fr/societe/visuel/2015/09/14/cannabis-en-liberte_4749276_3224.html

    Le Journal Le Monde publie un grand format sur différents modèles de régulation du cannabis de part le monde : États-Unis, Jamaïque, Urugay, Espagne, Pays-Bas.

    "Un peu partout en Occident, l’attitude des autorités et du grand public à l’égard du cannabis est en train de changer. Aux Etats-Unis, à l’issue de référendums, cinq Etats l’ont récemment légalisé. Ainsi, à Seattle, patrie de Boeing, de Microsoft et d’Amazon, la culture et la commercialisation de la marijuana se développent à toute vitesse, souvent sous l’impulsion d’entrepreneurs du milieu high tech. A Washington, la capitale fédérale, le commerce en reste interdit, mais, depuis cette année, l’autoculture et la consommation y sont légales […] En Europe occidentale, la tolérance envers le cannabis gagne du terrain. En Catalogne, des centaines de « (...)

    #politiquesdrogues

  • Qui est responsable de la crise des réfugiés en Europe ?
    http://www.wsws.org/fr/articles/2015/sep2015/pers-s05.shtml

    Tout examen sérieux des causes de l’afflux de réfugiés vers l’Europe conduit à la conclusion qu’il ne s’agit pas seulement d’une tragédie, mais d’un crime. C’est le sous-produit tragique d’une politique criminelle de guerres d’agression et de changement de régime poursuivies sans interruption par l’impérialisme américain, avec l’aide et la complicité active de ses alliés d’Europe occidentale, au cours de près d’un quart de siècle.

    Suite à la dissolution de l’URSS en 1991, l’élite dirigeante américaine a conclu qu’elle était libre d’exploiter la puissance militaire inégalée des USA afin de compenser le déclin économique à long terme du capitalisme américain. Par le biais de l’agression militaire, Washington a suivi une stratégie visant à établir son hégémonie sur les marchés clés et les sources de matières premières. Les régions riches en énergie du Moyen-Orient et d’Asie centrale furent la première cible.

    Le Wall Street Journal l’a résumé crûment en lançant ce slogan après la première guerre contre l’Irak en 1991 : « La force, ça marche » !

    Aujourd’hui, la vague des réfugiés désespérés qui tentent d’atteindre l’Europe témoigne des effets horribles de cette politique poursuivie inlassablement depuis un quart de siècle.

    Des guerres de plus de dix ans en Afghanistan et en Irak, menées sous prétexte de « guerre contre le terrorisme » et justifiées par les infâmes mensonges de l’existence d’ « armes de destruction massive » en Iraq, n’ont réussi qu’à détruire des sociétés entières. Des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants sont morts.

    Les Etats-Unis et l’OTAN ont ensuite mené une guerre, soutenue par la France, pour renverser le régime de Mouammar Kadhafi. La Libye fut transformée en chaos sanglant, ravagée par des combats continus entre milices islamistes rivales. Puis vint la guerre civile syrienne. Attisée, armée et financée par l’impérialisme américain et ses alliés, elle devait leur permettre de renverser Bachar al-Assad et d’imposer une marionnette occidentale plus malléable à Damas.

  • #Srebrenica, la mémoire à vif

    Le 11 juillet 1995, les troupes serbes du général Ratko Mladić prenaient l’enclave de Srebrenica, déclarée zone de sécurité depuis 1993, et théoriquement protégée par un bataillon hollandais de Casques bleus. En quelques jours, entre 7 et 8 000 Bosniaques, des hommes, de jeunes adolescents parfois, ont été exécutés dans les bois entourant la ville.
    Vingt ans plus tard, les séquelles de ce massacre, le plus grand perpétré en Europe occidentale depuis la Seconde Guerre mondiale, continuent de hanter la Bosnie-Herzégovine.

    http://www.rfi.fr/emission/20150710-bosnie-herzegovine-srebrenica-memoire-genocide-massacre-serbie-mladic
    #génocide #Bosnie-Herzégovine #conflit #guerre

  • François Héran : « Sur les réfugiés, l’Europe doit changer d’échelle et d’approche », Europe
    http://www.lesechos.fr/monde/europe/021301958236-francois-heran-sur-les-refugies-leurope-doit-changer-dechelle-
    François Heran est démographe et l’ancien directeur de l’Ined.

    Pensez-vous, comme Angela Merkel, que les blocages de certains pays européens sur les réfugiés remettent en question les fondements de l’Europe ?
    Le courage de Mme Merkel impressionne et laisse François Hollande sur place. Mais sa prise de position mêle la prédication, la stratégie et le réalisme. Elle veut doubler la suprématie économique de l’Allemagne d’un magistère moral, car elle sait qu’elle en a les moyens. Si elle prévoit sans frémir d’accueillir 800.000 réfugiés en 2015, c’est que ce chiffre a déjà été atteint en 1992. Cette année-là, comme les années suivantes, l’Allemagne accueillait à la fois les migrants fuyant les guerres de l’ex-Yougoslavie et les Russes ou Kazakhs d’origine allemande (ou supposés tels), qui bénéficiaient d’un droit au retour. Un tel surcroît dans un pays de 80 millions d’habitants augmente la population de 1 %. Angela Merkel sait aussi que, depuis les années 1970, l’Allemagne compte plus de décès que de naissances. Les projections démographiques annoncent une baisse de 20 % de la population active d’ici à quarante ans. L’intérêt se joint à la morale. L’Allemagne peut jouer sur les deux tableaux.

    Un tel afflux est-il soutenable dans une Europe en crise économique ?
    « Soutenable » est une notion relative. Sur les 4,5 millions de personnes qui ont fui la Syrie, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés, 40 % sont en Turquie, dans des conditions déplorables, et beaucoup d’autres en Jordanie, au Liban, en Egypte. N’arrivent en Europe que les plus jeunes et les plus instruits. Dans une Grèce en grande difficulté économique, l’afflux de réfugiés pose un sérieux problème. Mais pour l’Union européenne, avec ses 510 millions d’habitants, accueillir un million d’exilés, c’est seulement croître de 1/500. Ce qui me frappe, c’est de voir à quel point les politiques redoutent les mouvements de population sans avoir la moindre idée des ordres de grandeur. Alain Peyrefitte a rapporté la réaction horrifiée du général de Gaulle apprenant qu’on allait peut-être devoir accueillir 10.000 rapatriés à la fin de la guerre d’Algérie. Or ils ont été près d’un million à gagner la métropole, qui comptait alors 47 millions d’habitants ! Les chiffres absolus impressionnent, mais, en démographie, il faut raisonner en proportions.

  • Le Figaro a retrouvé la réincarnation de George Orwell qui n’était pas aussi visionnaire que ce que l’on a voulu nous faire croire.

    Boualem Sansal : du totalitarisme de Big Brother à l’islamisme radical
    http://www.lefigaro.fr/vox/culture/2015/09/04/31006-20150904ARTFIG00401-boualem-sansal-du-totalitarisme-de-big-brother-a-

    Boualem Sansal : L’œuvre de George Orwell fait écho à notre besoin d’éclairer l’avenir, d’indiquer des caps, d’avoir une vision large et longue. Face à l’urgence de la crise, la dictature de l’immédiateté est en train d’écraser toute réflexion profonde et stratégique. Celle-ci se fait notamment dans les universités, mais ces dernières sont coupées du grand public et des acteurs politiques. La littérature est un moyen efficace de porter cette réflexion longue sur la place publique et de mobiliser les opinions. Dans 1984, Orwell avait prédit que le monde serait divisé en trois gigantesques empires Océania, Estasia et Eurasia, qui se feraient la guerre en permanence pour dominer la planète. Aujourd’hui, les Etats-Unis, l’Europe occidentale et la Chine se disputent le pouvoir mondial. Mais un quatrième concurrent décidé et intelligent émerge et progresse de manière spectaculaire. Il s’agit du totalitarisme islamique.

    #Islam #Boualem_Sansal #Orwell

  • L’Europe occidentale contemporaine, comme tout l’Occident, est caractérisée par l’évanescence du conflit politique et social, la décomposition de la société politique morcelée entre lobbies et dominée par les partis bureaucratisés, la propagation de l’irresponsabilité, la destruction accélérée de la nature, des villes et de l’ethos humain, le conformisme généralisé, la disparition de l’imagination et de la créativité culturelle et politique, le règne dans tous les domaines des modes éphémères, des fast-foods intellectuels et du n’importe quoi universel. Derrière la façade d’institutions « démocratiques » et qui ne le sont que de nom, les sociétés européennes sont des sociétés d’oligarchie libérale où les couches dominantes s’avèrent de plus en plus incapables de gérer leur propre système dans leur intérêt bien compris.

    Cornelius Castoriadis, Quelle démocratie ? (Tome 2 - Ecrits politiques, 1945-1997, IV). Editions du Sandre.

  • Moi, journaliste syrien en exil, « réfugié clandestin » à la gare de Budapest...

    Maher Bakhshish est journaliste, il a quitté la Syrie au début de l’année 2015 et tente aujourd’hui, comme des dizaines de milliers de ses compatriotes, de rallier l’Europe occidentale. Pour arriver en Hongrie, il a parcouru des milliers de kilomètres et franchi de nombreuses frontières. Aujourd’hui, il est coincé à Budapest, en attendant un moyen de poursuivre son voyage... Récit d’un exil.

    http://www.courrierdesbalkans.fr/articles/moi-journaliste-syrien-en-exil-refugie-clandestin-a-la-gare-de-bu
    #témoignage #asile #migrations #réfugiés