• Renouvellement urbain au Sanitas : « On ne laissera pas les gens se faire manipuler ! »
    http://larotative.info/renouvellement-urbain-au-sanitas-2447.html

    Suite des entretiens avec des habitantes du quartier du Sanitas mobilisées contre les destructions d’immeubles. Yamina évooque les conditions de relogement des occupants des immeubles qui vont être détruits, l’avenir des commerces, la réputation du quartier et la question de la mixité sociale.

    L’un des arguments avancés pour justifier ce projet de rénovation urbaine, c’est le besoin de mixité sociale. Mais elle est là, la mixité ! Dans mon immeuble, elle est déjà là. Il y a des Marocains, des Algériens, des Tunisiens, des Gabonais, des Béninois, des Chinois, des Français... Il y a de tout. Il y a des employés, des agents de la SNCF, des chômeurs, des retraités... Si notre immeuble était remis en état, on serait content, parce qu’on s’apprécie, tout le monde s’entend bien. En cinq ans, j’ai souvenir d’une seule dispute de voisinage. Les gens ont des relations de voisinage normales, ils ne vont pas s’agresser parce qu’ils n’ont pas la même couleur de peau ou la même religion.

    Du point de vue des décideurs, il n’y a pas de mixité. Mais quand on vit dans ces immeubles, elle est bien là. C’est sûr qu’on n’est pas riches, mais il y a bien une mixité, chacun vit avec ses moyens et on vit ensemble. On nous considère comme les plus pauvres des pauvres, mais il n’y a pas que des RMIstes dans le quartier, il y a beaucoup de gens qui partent travailler tous les matins. Ces gens-là sont bien dans ce quartier, pourquoi iraient-ils ailleurs ?

    #rénovation_urbaine #renouvellement_urbain #mixité_sociale #insécurité #délabrement #HLM

  • http://larotative.info/guizmo-la-tete-d-affiche-du-2395.html - @larotative

    Le festival tourangeau Imag’IN a invité parmi ses têtes d’affiches le rappeur Guizmo, dont les textes banalisent les violences sexuelles et l’utilisation de la femme comme objet du plaisir masculin.

    Le festival Imag’IN, organisé dans le quartier du Sanitas les 8 et 9 septembre 2017, est présenté dans la presse locale comme un festival brandissant des valeurs comme la diversité, le vivre-ensemble et la solidarité [1]. On ne peut que regretter de constater que cette année, l’une des têtes d’affiches invitées soit Guizmo, un rappeur dont les textes banalisent les violences sexuelles et l’utilisation de la femme comme objet du plaisir masculin. A ce titre, sa chanson T’es juste ma pote, sortie en 2012, est édifiante.

    #LaRotative #MédiasLibres #Mutu #Guizmo #ImagIN #Tours #Sanitas

  • http://larotative.info/renouvellement-urbain-au-sanitas-2390.html - @larotative

    Les plans établis par la mairie de Tours et le bailleur social Tours Habitat prévoient la destruction de 430 logements sociaux dans le quartier [1]. Jasmine, qui fait partie du collectif d’habitants mobilisés contre le projet, dénonce le manque de concertation et le mépris que subit la population. Entretien.

    #LaRotative #MédiasLibres #Mutu #Sanitas #Tours #ToursHabitat

  • Renouvellement urbain au Sanitas : « On est attachés à ce quartier, malgré ses problèmes ! »

    https://larotative.info/renouvellement-urbain-au-sanitas-2390.html

    https://larotative.info/home/chroot_ml/ml-tours/ml-tours/public_html/local/cache-vignettes/L700xH525/arton2390-8c8d5-e14b7.jpg?1504769498

    Les plans établis par la mairie de Tours et le bailleur social Tours Habitat prévoient la destruction de 430 logements sociaux dans le quartier. Jasmine, qui fait partie du collectif d’habitants mobilisés contre le projet, dénonce le manque de concertation et le mépris que subit la population. Entretien.

    Avant de venir, j’avais des préjugés sur le Sanitas, alimentés par la presse, les discours des élus. C’est facile, quand on habite à l’extérieur, d’avoir des idées reçues. Aujourd’hui, j’ai un peu honte d’avoir eu ces préjugés. Quand on parle du Sanitas, on n’en parle pas de la bonne manière. On ne dit pas ce qui va : il y a une certaine solidarité, une vraie convivialité, malgré les problèmes. On sent vraiment qu’il existe du mépris par rapport à ce quartier. Et ce mépris se répercute sur les habitants. Certains ne rêvent que d’une chose, c’est de quitter le Sanitas.

    Notre combat est politique. C’est pourquoi nous devons interpeller les institutions, les confronter à certaines évidences, et qu’elles arrêtent de se moquer de notre intelligence. Les problèmes qui existent dans ce quartier ne peuvent pas être utilisés pour justifier qu’on nous enlève des droits. Sinon, on ne va plus pouvoir vivre. Mais on entend des gens résignés dire : « On s’en fout, ils ne pensent pas à nous ». Il y a un climat de défiance qui s’installe vis-à-vis de l’État et des institutions.

    On parle beaucoup d’habitat dans le cadre de ce projet, mais on parle vraiment très peu des habitants. Et on nous tient très peu au courant, comme si nous étions incapables de comprendre ce qui se joue. « On fait ça pour vous », cette expression revient à chaque fois. Pour moi, c’est une grosse arnaque. Quand on rencontre les acteurs du projet, on sent bien que la démolition, pour eux, est un moyen d’effacer nos problèmes.

    On nous parle d’habitat, et de mixité sociale. Le directeur de Tours Habitat nous explique qu’il veut attirer d’autres populations, qui ne viennent pas à cause de l’insécurité, etc. Mais si l’habitat était rénové, si les réparations étaient faites rapidement, peut être que les gens feraient le choix de venir habiter dans ce quartier. Ce qui est choquant, c’est que le bailleur veut détruire avant de rénover. Il ne s’occupe pas de l’état de nos appartements, mais il veut détruire des immeubles pour faire arriver une autre population... On a l’impression d’être toujours mis de côté.

    #ZUP #ANRU #mixité_sociale #urbanisme #quartiers_populaires

    cc @reka @fil

  • Changer le nom du Sanitas : la violence symbolique de la politique de la ville
    https://larotative.info/changer-le-nom-du-sanitas-la-2372.html

    https://larotative.info/home/chroot_ml/ml-tours/ml-tours/public_html/local/cache-vignettes/L700xH525/arton2372-84874-6a534.jpg?1504182856

    Dans le cadre de son projet de rénovation urbaine, la mairie de Tours souhaite changer le nom du quartier du Sanitas pour le rendre plus attractif aux yeux des promoteurs. Ce processus révèle l’addiction des élus au marketing urbain et leur mépris à l’égard des classes populaires.

    C’est l’une des nouveautés de la rentrée 2017 sur le réseau Fil Bleu, le réseau de transports en commun de l’agglomération tourangelle : la station de tram Sanitas, située au coeur du quartier du même nom, devient « Saint Paul ». Ce changement, annoncée sur le site du réseau, marque la concrétisation d’un processus annoncé dans un précédent article publié en mars dernier : les élus de Tours souhaitent changer le nom du quartier, faire disparaître le Sanitas. Dans le protocole qui préfigure l’opération de rénovation du quartier, on peut lire :

    « L’ensemble des acteurs s’accorde aujourd’hui sur la nécessité de faire émerger à l’intérieur du quartier prioritaire de nouveaux noms de quartier appelés à se substituer à celui du Sanitas et devant contribuer à rendre plus attractive cette partie de la Ville. »

    Le marketing urbain, c’est ce qui transforme les villes en marques. Elles sont ainsi amenées à gérer leurs quartiers, leur patrimoine et leurs grands événements comme autant de produits dont il faudrait maximiser la valeur et qui contribueraient alors à renforcer la visibilité et le prestige de la ville. (...) En mars, un contributeur de La Rotative écrivait à ce propos que « changer le nom d’une marque pour attirer une nouvelle clientèle est une technique commerciale éprouvée. Effacer, à travers son nom, l’histoire et le visage d’un quartier populaire est plus exceptionnel » . On peut cependant donner quelques exemples d’opérations de ce type. Toutes concernent des quartiers populaires.

    #politique_de_la_ville #urbanisme #aménagement #ZUP #Sanitas

  • A Tours, les élus veulent effacer le nom du quartier du Sanitas pour attirer les promoteurs immobiliers
    https://larotative.info/renouvellement-urbain-les-elus-2110.html

    https://larotative.info/home/chroot_ml/ml-tours/ml-tours/public_html/local/cache-vignettes/L700xH504/arton2110-f8a51-b3cdd.jpg?1488625300

    Dans l’espoir d’attirer au Sanitas des promoteurs immobiliers et une population plus aisée, les élus veulent profiter des opérations de renouvellement urbain pour effacer le nom du quartier.

    A la page 16 du document, on peut lire :

    « L’ensemble des acteurs s’accorde aujourd’hui sur la nécessité de faire émerger à l’intérieur du quartier prioritaire de nouveaux noms de quartier appelés à se substituer à celui du Sanitas et devant contribuer à rendre plus attractive cette partie de la Ville. »

    Pour « diversifier la population du quartier », les « acteurs » prévoient de détruire environ 400 logements sociaux, et de reconstruire des logements privés pour une clientèle plus riche, avec notamment des maisons individuelles. Pour cela, il est nécessaire de séduire les promoteurs, qui ont déjà témoigné de leur intérêt pour le secteur le plus facilement valorisable : la partie nord du quartier, la plus proche de la gare et du centre ville [2]

    Or, il semble difficile d’attirer des promoteurs et des habitants plus aisés sans gommer l’image négative du quartier, construite par des années de discours politiques et médiatiques. Le Sanitas est un nom qui fait trembler la bourgeoisie tourangelle. Le plus simple est donc de le faire disparaître, en même temps qu’on fera partir une partie des habitants.

    #ANRU #effacement #urbanisme

  • Campement de migrants à Tours : 35 jours d’occupation et toujours pas de solutions
    http://larotative.info/campement-de-migrants-a-tours-35-1120.html

    Cela fait 35 jours que des migrants, demandeurs d’asiles pour la plupart, ont installé un campement de fortune au Sanitas, près de la voie ferrée. Cette solution s’est imposée parce que depuis plusieurs semaines déjà, des familles dormaient dans la rue. L’installation de ce campement a permis de mettre en lumière l’absence de solutions de logements pour les migrants, qui sont laissés à eux-mêmes dans l’indifférence complète des autorités responsables.

    Jusque-là, les autorités locales ont choisi d’ignorer le problème. Dans un communiqué, Chrétiens Migrants a montré comment celles-ci se renvoient la balle : à la préfecture, Isabelle Ferrandon (adjointe au cabinet du préfet) a saisi le nouveau directeur de cabinet du préfet tout en signalant que c’était la direction départementale de la cohésion sociale qui était en charge du problème ; à la mairie, le directeur de cabinet du maire, qui a saisi la préfecture, est parti en vacances et personne d’autre n’est joignable sur ce sujet ; au conseil départemental, Nadège Arnault (vice-présidente chargée des affaires sociales) a déclaré que la collectivité n’était pas concernée mais allait contacter la préfecture...

    Pour le préfet, les personnes sans-abri doivent appeler le 115 pour obtenir une solution de logement. Mais tous les jours, la même réponse se fait entendre : « pas de place ». A tel point que c’est presque devenu une blague parmi les enfants du camp. Ce que réclament les personnes du camp, ce sont des solutions de logements stables, pas quelques nuits dans des hôtels insalubres. Une femme et son enfant, en demande d’asile, qui avaient obtenu six jours d’hébergement dans une chambre d’hôtel pleine de punaises, ont ensuite dû revenir sous l’une des tentes du campement. Une autre famille en demande d’asile, logée pour un mois dans un appartement géré par Émergence, a vu sa place dans le campement récupérée par une autre famille...

    En jouant le pourrissement, en se renvoyant la balle comme elles le font, les autorités locales, maire, préfet et compagnie, laissent ces familles dans une situation de vulnérabilité et de détresse immense. Malgré les conditions délétères dans lesquelles elles sont placées, les personnes présentes sur le camp tentent de poursuivre leur vie familiale et sociale : un concert a été organisé, avec une chanteuse lyrique accompagnée d’un guitariste ; l’atelier d’auto-réparation de vélos Roulement à Bill est venu à plusieurs reprises et a offert des bicyclettes aux enfants, une retraitée vient ponctuellement lire des histoires aux enfants, etc. (toute proposition dans ce sens est d’ailleurs bienvenue). Cependant, la solidarité à l’œuvre sur le camp ne doit pas masquer la responsabilité de l’État dans la crise qui se joue ici, mais aussi à Paris, Calais, Vintimille, et sur tout le pourtour de la Méditerranée.

    #migrants #réfugiés #asile

  • Sanitas en objets : le mépris du peuple illustré par l’art contemporain
    http://tours.mediaslibres.org/sanitas-en-objets-le-mepris-du.html

    A Tours, mépris municipal de classe et art pompier « engagé » à l’assaut d’un quartier populaire.

    Depuis 2009, un artiste réalise des objets dérivés du quartier du Sanitas afin, dit-il, d’en magnifier l’identité. Mais de la Sanitasse au Saniplat, ces objets traduisent surtout un certain mépris du peuple et de ses lieux de vie.

    (...)

    L’art officiel est une des armes les plus efficaces en termes de domination. Il permet d’imposer à l’autre ses goûts, ses préférences et permet aux dominants d’assoir leur domination sur une base symbolique. Sous couvert de démocratisation de la culture, nombreuses sont les politiques à destination des classes populaires qui viennent ainsi édicter les « bonnes » pratiques culturelles, c’est-à-dire celles qui sont proposées et validées par le pouvoir en place, et exclure de ce fait toutes celles qui sont pensées et réalisées par et pour le bas peuple. Il est certain qu’employer un artiste en résidence est moins risqué pour une mairie que de favoriser et de valoriser l’expression libre de ses habitants. Il est symptomatique que, dans une ville dirigée par un maire issu d’un parti politique donc la figure de référence est progressivement passée de l’ouvrier à l’artiste, une initiative telle que "Sanitas en objets" se déroule dans le dernier quartier populaire du centre-ville.

    #art #culture #classes_populaires #Sanitas

    • Impressionnant.

      Le sanishirt et la sanisoie (une écharpe) reprennent un même motif qui se compose des noms de quartiers, situés dans d’autres départements, présentés par Nicolas Simarik comme « similaires au Sanitas (…) quartiers CUCS, quartiers ZUP, quartiers ZEP », bref « des quartiers sensibles ». On imagine qu’aux yeux de l’artiste c’est dans cette sensibilité que se trouve l’identité du quartier, une identité qui serait tellement forte que d’autres lui seraient « similaires ».

      On comprend aussi qu’en tant que quartier sensible, le Sanitas trouve plus facilement sa place dans un groupe de quartiers de grands ensembles que dans un autre qui contiendrait aussi les noms de Prébendes, Velpeau ou Febvotte… on ne mélange pas les torchons avec les serviettes ! A ce propos, signalons à Nicolas Simarik que le rond de serviette manque cruellement à sa collection ; on propose un motif à base de digicodes pour rendre hommage à ceux installés récemment dans le cadre de la politique de résidentialisation du quartier.

      Le dessous de plat que le quartier lui a inspiré, le « Saniplat », montre effectivement une inspiration au plus proche de la vie et des questionnements des habitants :
      http://www.youtube.com/watch?v=I6vc90q-eaw