• L’Hadopi, c’est (bientôt) fini
    https://www.franceculture.fr/numerique/lhadopi-cest-bientot-fini

    Désormais, le pair à pair est devenu minoritaire et ne représente plus qu’un quart des piratages, soit deux à trois millions de personnes chaque mois. « Par l’intermédiaire de notre procédure de réponse graduée, le pair à pair a drastiquement diminué, de plus de 60% » précise Pauline Blassel. Mais le bilan de l’autorité est nuancé par les chiffres. Comme l’avait révélé Next INpact l’an dernier, l’Hadopi a un coût important : l’autorité a perçu 82 millions d’euros de subventions publiques depuis 2009 mais n’a infligé que 87 000 euros d’amendes. « Un ratio qui permet difficilement de conclure à la parfaite réussite du dispositif » d’après Marc Rees.

    #hadopi #csa #arcom #autorité_administrative #p2p #piratage #streaming #sport #culture #censure #fusion

  • La piste d’athlétisme sur voitures
    http://carfree.fr/index.php/2021/06/21/la-piste-dathletisme-sur-voitures

    Depuis des années, l’artiste Benedetto Bufalino construit avec succès des installations d’art contemporain à partir de voitures. Par la transformation et la modification, cet artiste lyonnais donne à l’objet quotidien Lire la suite...

    #Alternatives_à_la_voiture #Fin_de_l'automobile #Marche_à_pied #art #espace_public #humour #piétons #sport #stationnement

  • Au Népal, l’impossible mesure de l’ampleur du Covid-19 lors de la saison des ascensions
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/06/15/au-nepal-le-covid-19-a-perturbe-la-saison-des-ascensions-himalayennes_608418

    Lorsqu’il s’est envolé pour le Népal afin de tenter l’ascension du mont Everest (8 848 mètres), le Norvégien Erlend Ness n’imaginait pas qu’il marquerait la chronique himalayenne d’une manière aussi insolite. Ce ne sont, en effet, ni la terrible cascade de glace aux crevasses insondables, ni les avalanches provoquées par l’enneigement inhabituel – dû au passage de deux cyclones – qui l’ont privé de son Graal, mais le Covid-19.
    Le 14 avril, à peine arrivé à pied depuis le minuscule aéroport de Lukla (2 860 mètres) au camp de base (EBC) à 5 345 mètres au-dessus du niveau de la mer, après une petite semaine de trek à travers la vallée du Khumbu, ce propriétaire d’agence immobilière de 57 ans est devenu le premier prétendant au sommet du « Toit du monde » évacué par hélicoptère à cause du virus.« Qui aurait pu prévoir ça, alors que les autorités parlaient seulement de quelques dizaines de cas à Katmandou et nous encourageaient à venir, moyennant un test PCR négatif avant le départ et un à l’arrivée ? », interroge-t-il depuis son domicile de Trondheim, où il récupère « plutôt bien » après une hospitalisation à plusieurs milliers de dollars à Katmandou.
    Enclavé entre la Chine – qui, cette année, a interdit son versant tibétain de l’Everest aux alpinistes – et l’Inde – qui connaît depuis début mars un terrible regain de la pandémie –, le Népal semblait avoir réussi à contenir la vague de Covid-19 du 2020 en fermant ses frontières et ses montagnes.
    Mais très peu de tests y étaient pratiqués et l’énorme manque à gagner, pour ce pays très dépendant du tourisme, a poussé son gouvernement à tenter un pari des plus risqués visant à requinquer l’hôtellerie et le business des expéditions cette année.Il a assoupli son protocole sanitaire qui comprenait à l’origine une quarantaine obligatoire de sept jours. Le département « montagnes » du ministère du tourisme, qui gère l’accès aux sommets népalais de plus de 7 000 mètres, a délivré pour l’Everest le nombre record de 408 permis d’ascension à 11 000 dollars pièce (environ 9 000 euros) à des alpinistes étrangers, divisés en 43 équipes. S’y sont ajoutés environ 150 permis meilleur marché, répartis sur le Lhotse (8 516 mètres), le Nuptse (7 861 mètres) et le Pumori (7 161 mètres) voisins.
    Avec les guides et le personnel logistique, près de 2 000 personnes ont élu domicile à l’EBC de mi-mars à mi-mai. « La Colline » (surnom du camp de base) s’est muée en un cluster géant en puissance, au moment où les villes népalaises et leurs hôpitaux, surchargés et démunis, en appelaient au monde entier pour être ravitaillés en oxygène.Les médecins de l’Association himalayenne de secours (Himalayan Rescue Association, HRA) venus ausculter Erlend Ness sous sa tente n’ont, selon lui, « jamais prononcé le mot de Covid ». Ils ont ordonné son évacuation pour des « symptômes évocateurs d’un œdème pulmonaire ». Et pour cause. Le gouvernement népalais avait interdit la pratique de tests PCR rapides aux préposés de cette ONG népalaise, présente pour la saison à l’EBC : une décision visant à soigner la réputation de l’Everest, vitrine touristique nationale.Erlend Ness n’a été officiellement testé positif au Covid-19, et enregistré comme tel par le ministère de la santé népalais, qu’à son arrivée à l’hôpital à Katmandou. Meera Acharya, chef du département « montagnes » au ministère du tourisme a eu beau jeu d’affirmer, chaque fois qu’elle était interrogée sur l’EBC, qu’elle n’avait « pas connaissance » d’évacuations dues au Covid.
    « Les autorités népalaises donnent des informations sur le Covid [dans les camps de base] en partant des rapports fournis par les chefs d’expéditions au ministère », a plaidé Mme Acharya dans un courriel au Monde, se justifiant de n’avoir pas disposé de ces données durant la période d’ascension, qui a pris fin début juin.Le guide autrichien Lukas Furtenbach, lui aussi, a d’abord cru son équipe à l’abri. Le médecin d’expédition qu’il avait embauché s’était muni de 3 000 tests rapides afin de pouvoir contrôler, tout au long du trek d’approche et des rotations d’acclimation, ses clients et leur encadrement népalais. Par précaution, le patron de Furtenbach Adventures leur avait aussi interdit de frayer avec d’autres expéditions à l’EBC.Mais des cas positifs dans ses rangs et une jam session, animée dans une vaste tente par une star américain de la pop réunissant plusieurs équipes, l’ont décidé à annuler son expédition. « Les leaders des équipes qui ont organisé cette fête s’en sont largement fait l’écho sur les réseaux sociaux, raconte-t-il au Monde, par téléphone, depuis l’EBC. Or, à eux tous, ils avaient déjà évacué une bonne quarantaine de leurs membres infectés au Covid, et il y avait parmi eux des gens sans masque, arrivés du Dhaulagiri (8 167 m), et dont aucun n’avait été testé. »Dénonçant un « scandale », Lukas Furtenbach a levé le camp « en concertation avec [son] médecin d’expédition », sans comprendre pourquoi le ministère du tourisme s’entêtait « à nier une épidémie énorme, au risque de perdre toute crédibilité ».
    « J’ai appelé, sans être entendu, à des tests massifs à l’ECB car la HRA, officieusement, les opérateurs d’expéditions, les pilotes d’hélicoptère qui procèdent aux évacuations, les compagnies d’assurances et les alpinistes infectés confirment tous l’existence d’une multitude de cas, a-t-il insisté. C’est criminel d’un point de vue légal comme d’un point de vue moral d’envoyer pour l’ascension – même s’ils veulent y aller – des clients, porteurs et guides susceptibles de déclarer un virus mortel dans les camps supérieurs où toute évacuation héliportée est impossible. »Pour la Dre Dominique Jean, infectiologue, spécialiste de la médecine d’altitude – à laquelle elle forme des médecins népalais – et vice-présidente de la Société internationale de médecine de montagne (ISSM), amener des groupes étrangers au Népal, ce printemps, était « irresponsable » : « Excepté les guides, porteurs et personnels de cuisine des très grosses agences d’expéditions, nombre de gens n’ont jamais été testés et encore moins vaccinés ».Or, sans tests rapides systématiques à l’arrivée au camp de base, sauf en cas de perte du goût et de l’odorat, il est « impossible de faire la distinction entre les symptômes du Covid et ceux de maladies fréquemment développées en haute altitude (difficultés respiratoires, toux, diarrhées…) ».
    Les conséquences sanitaires de l’existence de clusters de haute altitude au Népal ne seront probablement jamais démontrées, faute d’un dépistage et d’un traçage efficaces. Mais l’Everest et les autres sommets népalais de 8 000 mètres continuent d’aimanter les alpinistes. »

    #Covid-19#migrant#migration#nepal#inde#chine#sante#cluster#economie#depistage#sport

  • 2024 : Les Jeux olympiques n’ont pas eu lieu - Par Marc Perelman
    http://marcperelman.com/ouvrages/ouvrage.php?id_ouvrage=23

    La France devrait accueillir les Jeux olympiques et paralympiques en 2024. Ce sera un été de fête. Et pour qu’il soit réussi, des milliers de travaux seront engagés, des fonds énormes seront dépensés. Paris deviendra un parc olympique écoresponsable et les Français seront « tous citoyens du sport ». Même la Covid-19 sera endiguée pour l’occasion.

    Pourtant nous ne voulons pas de ces Jeux. Pas seulement parce que cette débauche de moyens nous inquiète, pas seulement à cause de ses e ets collatéraux de corruption, de dopage, de pollution, pas seulement à cause du risque pandémique, mais aussi parce que nous refusons la société olympisée qu’ils nous construisent.

    Marc Perelman décortique les documents liant le Comité international olympique à ses partenaires, ainsi que la Charte olympique, et les met à l’épreuve de l’organisation de « Paris 2024 ». Et non, l’olympisme n’est pas écologique, il ne fait pas œuvre sociale, n’éduque pas, n’agit pas pour la santé publique, ne respecte pas les territoires qu’il occupe. Il n’a pour horizon que la « croissance » : plus de records, plus de spectateurs, plus d’argent.

    Nous ne sommes pas obligés de lui dérouler le tapis rouge.

    jeux_olympiques #jo #sport #football #france #cio #des_grands_projets..._inutiles_ #urbanisme #corruption évènementiel #politique #saccage #jeux_olympig

  • UNSPORTING – un coup de tonnerre dans le monde du sport organisé
    TRADFEM
    Comment le transactivisme et le déni de la science sont en train de détruire le monde du sport

    Les militants radicaux genristes se servent actuellement d’une théorie pseudo-scientifique de la biologie humaine pour s’emparer du monde du sport et subvertir le concept établi de longue date du fair play– en forçant des femmes et des jeunes filles à risquer leur sécurité et en les écartant au profit d’athlètes masculins, sous prétexte d’ »inclusivité ». (...)
    https://tradfem.wordpress.com/2021/05/28/unsporting-un-coup-de-tonnerre-dans-le-monde-du-sport-organise
    #transgenrisme #LindaBlade #sport

  • Restrictions sanitaires : au Japon, les étudiants étrangers à la porte, les athlètes bienvenus – Libération
    https://www.liberation.fr/international/asie-pacifique/restrictions-sanitaires-au-japon-les-etudiants-etrangers-a-la-porte-les-a
    https://www.liberation.fr/resizer/6f1_TiNv9Ezua2Fib8aD9blzD_s=/1200x630/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/5AP5WSIYIJHFDDND6W2A65RPR4.JPG

    Frontières et Restrictions sanitaires : au Japon, les étudiants étrangers à la porte, les athlètes bienvenus. Des milliers d’étrangers qui devaient faire leur rentrée universitaire dans l’archipel n’ont pas pu y accéder en raison des restrictions imposées aux frontières. Une situation qui leur est d’autant plus insupportable que les délégations olympiques, elles, sont accueillies à bras ouverts. « On nous a abandonné des deux côtés, japonais et français. » Alexine, 25 ans, était censée étudier au Japon depuis plus d’un an. Mais les mesures sanitaires strictes appliquées par le pays du Soleil-Levant depuis le printemps 2020 à l’égard des étrangers empêchent cette étudiante de regagner l’archipel. Ils sont des dizaines de milliers d’étudiants ou chercheurs bloqués à l’extérieur, dans une attente terrible face à des autorités inflexibles. Les étudiants nippons, eux, moyennant test et isolement, ont pu s’installer en France.

    #Covid-19#migrant#migration#japon#france#sante#etudiant#chercheur#sportif#restrictionsanitaire#etranger#immigration#circulation#frontiere

  • L’Union européenne accuse Apple « d’abus de position dominante » sur le marché de la musique en ligne
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/04/30/l-union-europeenne-accuse-apple-d-abus-de-position-dominante-sur-le-marche-d

    En mars 2019, Spotify avait porté plainte contre le groupe américain, lui reprochant d’être à la fois distributeur et concurrent de son service. L’Union européenne (UE) estime que le géant américain Apple a « faussé la concurrence » sur le marché de la musique en ligne, en « abusant de sa position dominante » pour évincer ses rivaux, selon un communiqué de la Commission européenne publié vendredi 30 avril. Bruxelles avait ouvert une enquête après la plainte du diffuseur de musique en ligne Spotify contre (...)

    #Apple #AppleStore #Deezer #Netflix #Spotify #domination

    • Streaming musical : bénédiction ou malédiction pour les artistes ?
      https://www.arte.tv/fr/videos/100280-007-A/tracks

      Pendant des années, l’industrie musicale a été en chute libre. Et puis la tendance s’est inversée il y a près de dix ans. A l’heure actuelle, les consommateurs n’ont jamais autant dépensé pour écouter de la #musique. Pour retrouver des chiffres similaires, il faut remonter à des décennies. Le secteur s’apprête à vivre les meilleures années de son histoire. Aux côtés des grands labels, les plateformes numériques comme Spotify, Deezer ou Apple Music se sont imposées. Mais il y a un bémol : la plupart des artistes ne perçoivent quasiment rien des milliards de dollars générés par le #streaming.

      #industrie_musicale

  • Parce qu’elle dénonce la culture du viol dans l’équitation, Amélie Quéguiner est poursuivie en diffamation
    https://www.madmoizelle.com/parce-quelle-denonce-la-culture-du-viol-dans-lequitation-amelie-queguin

    « On se demande pourquoi on fait tout ça. Moi, mon histoire est réglée, je vis avec, ce que je fais c’est pour faire entendre les autres, pour que mon sport avance. Et quand on voit que ça n’avance pas, c’est décourageant. »

    Au téléphone, la voix d’Amélie Quéguiner laisse entendre sa grande détermination. En dénonçant les violences sexuelles qu’elle a subies enfant, la cavalière ne s’attendait sûrement pas à se retrouver attaquée en diffamation par sa propre fédération sportive… Elle va pourtant devoir se présenter devant le tribunal de Périgueux le 28 avril suite à la plainte déposée par Serge Lecomte, président de la Fédération française d’équitation (FFE).

  • Covid-19 : des renforts sporadiques de soignants pour faire face à la troisième vague
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/04/16/covid-19-des-renforts-sporadiques-de-soignants-pour-faire-face-a-la-troisiem

    Quand elle est venue en mars 2020 en renfort à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches, au début de l’épidémie de Covid-19, Eugénie Fadon allait « dans l’inconnu, du lieu, de l’équipe, de la maladie ». Un an après, cette infirmière d’Hendaye (Pyrénées-Atlantiques) rentre tout juste d’un deuxième séjour dans l’établissement des Hauts-de-Seine. Cette fois, elle se dit marquée par la « souffrance psychologique des soignants. Il y a un gros manque d’effectifs, une fatigue physique et morale du personnel impressionnante, décrit la soignante de 43 ans, qui a du coup décidé de prolonger d’une semaine sa mission dans le service de réanimation. Ils ne voient pas le bout du tunnel. Nous, au Pays basque, on est épargnés… »
    L’hôpital marin d’Hendaye où elle travaille, ne compte, à ce jour, aucun patient atteint du Covid-19. La coopération entre l’établissement basque, qui dépend de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), et la région francilienne s’est nouée à la faveur de la première vague, avec la venue d’une quinzaine d’infirmiers d’Hendaye à Garches. Et à l’automne 2020, ils sont allés prêter main-forte à l’hôpital Bicêtre, au Kremin-Bicêtre (Val-de-Marne). Pour cette troisième vague, une dizaine d’aide-soignants et d’infirmiers ont rejoint l’établissement de Garches et celui de Clamart (Antoine-Béclère), dans les Hauts-de-Seine. La semaine du 19 avril, quatre autres se rendront à Bicêtre. (...)
    Depuis le 1er mars, précise l’AP-HP, 243 soignants (hors intérimaires) sont venus en soutien de ses établissements, dont près d’un tiers d’autres régions. Le dépouillement des uns entraîne le soulagement des autres. En une quinzaine de jours, l’hôpital de Garches a pu augmenter « d’un peu moins d’un tiers ses capacités en réanimation », explique Djillali Annane, chef du service, passant de quinze lits de réanimation lourde, hors soins critiques, à dix-huit lits. Tous ont été occupés en quelques heures.
    Face à une situation où « plus que jamais, les dimanches ressemblent aux lundis et les nuits ressemblent aux jours », l’enjeu, « c’est de pouvoir continuer de disposer au moins du renfort qu’on a actuellement. Idéalement, il faudrait pouvoir ouvrir encore des lits supplémentaires mais il n’y a pas les personnes pour et on ne les aura pas, on voit bien qu’on est au maximum de ce qu’on peut faire », résume Djillali Annane. Selon les jours, son service peut également compter sur l’appui de trois ou quatre étudiantes infirmières anesthésistes, quelques intérimaires ainsi que des infirmières anesthésistes du bloc opératoire dont l’activité a été à nouveau réduite.
    Ces renforts de personnels, le médecin réanimateur les réclamait « pratiquement depuis fin décembre ». Lors de la première vague, la forte disparité entre régions avait permis à de nombreux soignants de territoires peu touchés d’affluer vers ceux sous tension, Ile-de-France et Grand-Est en tête. Depuis, la plus grande homogénéité de l’épidémie rend ce levier plus compliqué à activer.Ces dernières semaines, il a fallu à nouveau se résoudre, d’une part au report des cours des étudiants soignants et, d’autre part, à la déprogrammation des activités opératoires afin de libérer du temps infirmier. Mais aussi des bras parmi les personnels médicaux : cinq médecins anesthésistes de l’hôpital de Garches épaulent ainsi leurs collègues de réanimation sur la permanence de soins, notamment les week-ends. Dans le département voisin de Seine-Saint-Denis, à l’hôpital Avicenne, à Bobigny, le professeur Yves Cohen désespère de voir arriver des médecins pour faire face à l’afflux de patients : « On a demandé des renforts mais pour l’instant on les attend… Et on vient de recevoir un mail pour que nos médecins aillent aider les régions d’outre-mer, c’est un peu absurde », lâche-t-il dans un soupir.Son service de réanimation compte aujourd’hui quarante-deux lits, tous occupés, contre seize en temps normal ; six ont été récemment ouverts en poussant les murs en cardiologie. Même si, depuis dix jours, une dizaine de paramédicaux en provenance d’écoles IADE (infirmiers anesthésistes diplômés d’Etat) et Ibode (infirmiers de blocs opératoires) ont rejoint les effectifs, il faudrait quatre médecins réanimateurs de plus pour ouvrir huit lits supplémentaires.
    « S’il y a des manques en Ile-de-France, qui dispose d’un bassin de population très important et d’une offre de soins énorme, ce n’est pas logique du tout… », pointe François-René Pruvot, président de la commission médicale d’établissement du CHU de Lille.Selon lui, les régions et les départements devraient être autosuffisants. « A l’intérieur d’un département, et c’est d’ailleurs l’autorité des directeurs des agences régionales de santé [ARS], on doit pouvoir redistribuer du personnel qui n’est pas complètement délocalisé de sa géographie », plaide-t-il. Les renforts venus d’autres régions devraient selon lui se cantonner aux situations de crise aiguë, « comme on a connu en première vague, avec une montée épidémique brutale, pour des durées très courtes, à l’image des secours sanitaires dépêchés à l’étranger », poursuit le chirurgien, qui réfute le terme de troisième vague mais parle de « persistance épidémique très haute ».
    Derrière ces problématiques de personnels disponibles, la question centrale qui se pose selon lui est celle des réserves sanitaires opérationnelles : « Tout hôpital devrait-il prévoir une réserve en son sein ? Probablement que les groupements hospitaliers de territoires constitueraient plutôt le bon échelon », avance François-René Pruvot, dont l’établissement n’a pas reçu de renforts venus d’autres départements. (...)Pour affronter la troisième vague, presque 2 500 professionnels, toutes catégories de soins critiques confondues, y étaient réclamés. « Or, pour la semaine du 19 avril, on est sur une base d’environ 500 volontaires pour l’ensemble de la France métropolitaine, indique Catherine Lemorton, responsable de la réserve au sein de l’agence de sécurité sanitaire Santé publique France. Cela ne fait pas sens de saupoudrer un infirmier ou un aide-soignant là-bas, on s’est mis d’accord avec le ministère pour que la réserve se concentre sur toutes les autres régions, pendant que l’ARS essaie de trouver des moyens pour l’Ile-de-France [IDF]. »

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#circulationtherapeutique#personnelmedical#deplacementinterne#systemesante#reservesanitaire

  • 2020 : Mood, chiffres et musique
    https://mammouth.shorthandstories.com/2020---mood--chiffres-et-musique/index.html

    Quand les données Spotify jouent avec nos émotions 2020. L’année du confinement. Le summum de la déprime pour certains, un break productif pour d’autres. La procrastination a côtoyé les bonnes résolutions et les envies de changer le monde. Pour moi le confinement a été l’occasion de me réfugier dans ma collection de disques. Enfin, celle qui tient dans le fond de ma poche, merci Spotify. Dans cette période incertaine, certains ont sans doute voulu compenser en écoutant leurs playlists “feel good” en se (...)

    #Spotify #algorithme #biométrie #émotions #reconnaissance #son #COVID-19 #profiling (...)

    ##santé

  • China totally fails in some sports - Stuck in Beijing since 1980
    https://www.beijing1980.com/2014/07/13/china-totally-fails-in-some-sports


    Neine, diese Fahrräder stehen nicht in der chinesischen Hauptstadt Beijing sondern am Banhof von Gent in Belgien.

    Posted on 13 July 2014 by Gilbert Van Kerckhove

    China has over 1.3 billion people. Belgium has 11 million, about half of the Beijing population.

    Now look what Belgium has achieved in soccer (The Red Devils, in the past decades in recently) and in cycling. Let’s not even mention Chinese soccer, a disaster due to the aversion of parents to let their kids play soccer (or anything like that), the pitiful low number of professional players, the way players are selected and trained, the scandals of corruption that have decimated what existed at a certain stage.

    The Tour de France is considered the most prestigious cycling event in the world. Now China is, sorry, was considered the kingdom of bikes. But Belgian trainers had to come over here in the eighties to show the Chinese how to ride a bike. Again, riding a bike here is even considered a shame. Candidates in the famous dating show “If You Are The One” (Fei Cheng Wu Rao) are immediately buzzed out by the girls if they mention they like biking. Shame on them, why not ride a BMW? Also, riding a bike is mostly dangerous, and what even most people don’t know, traffic regulations do not allow high speeds. For good reason, imagine biking at 30 Km/h or more on a Chinese road! Suicide!

    Not surprisingly for me, Belgians have a long and glorious tradition in the Tour de France. We basically grew up with a bike. However, where are the Chinese?

    See here in my hometown Gent in Belgium the bike parking (one of them!) at the railway station. There is nothing like that in the whole of China!
    Well, this Tour makes history because for the first time ever a Chinese is participating: Ji Cheng. Thanks to a first experience with the Dutch team Purapharm he was then taken on by Shimano China.
    Let’s hope it will also encourage others in China to follow in his tracks. That is, if he makes it to the end of the grueling tour.

    #Belgien #Get #Gand #China #Fahrrad #Verkehr #Sport

  • Genève, paradis des dictateurs

    Avec l’aide d’informaticiens amateurs, nous sommes partis à la traque aux dictateurs, qui viennent dépenser des sommes hallucinantes dans les palaces genevois, tandis que leurs peuples sont écrasés de misère. Comme l’épouse du président camerounais, qui vient voir son coiffeur en jet privé. Coup de projecteur sur un scandale qui fait partie du décor.

    https://www.rts.ch/play/tv/temps-present/video/geneve-paradis-des-dictateurs?urn=urn:rts:video:9682311
    #Genève #Suisse #luxe #discrétion #impunité #corruption #spotter #avions #Mike_Gerrard #blanchissement_d'argent #dictateurs #dictatures
    #vidéo

  • Digidog, a Robotic Dog Used by the Police, Stirs Privacy Concerns
    https://www.nytimes.com/2021/02/27/nyregion/nypd-robot-dog.html

    The New York Police Department has been testing Digidog, which it says can be deployed in dangerous situations and keep officers safer, but some fear it could become an aggressive surveillance tool. Two men were being held hostage in a Bronx apartment. They had been threatened at gunpoint, tied up and tortured for hours by two other men who pretended to be plumbers to get inside, the police said. One of the victims managed to escape and called the police, who showed up early Tuesday (...)

    #robotique #militaire #police #surveillance #criminalité

    ##criminalité

    • #digidog ou #spot
      cf. https://seenthis.net/messages/910385

      The New York Police Department is among three in the country that have the mechanical dog, which is built by Boston Dynamics, the tech company known for videos of its robots dancing and jumping with eerie, humanlike fluidity.
      The company, which calls the robot dog Spot, began selling it last June. Most of the buyers have been utility and energy companies, as well as manufacturers and construction companies, which use it to get into spaces too dangerous for humans, said Michael Perry, vice president of business development at the company.

      The robot has been used to inspect sites with hazardous material. Early in the pandemic, it was used by health care workers to communicate with potentially sick patients at hospital triage sites, Mr. Perry said.

      Most of the companies rename the robot after they buy it, giving it names like Bolt and Mac and Cheese, he said.

      The Massachusetts State Police and the Honolulu Police Department are also using the robotic dog, which has a 90-minute battery life and walks at a speed of three miles per hour.

      Other police departments have called the company to learn more about the device, which has a starting price of about $74,000 and may cost more with extra features, Mr. Perry said.

      The robotic dog, which bears a resemblance to those featured in the 2017 “Metalhead” episode of “Black Mirror,” was not designed to act as a covert tool of mass surveillance, Mr. Perry said.

      “It’s noisy and has flashing lights,” he said. “It’s not something that is discreet.”

      The use of robots that can be deployed into dangerous situations to keep police officers out of harm’s way could become the norm.
      In Dallas in 2016, the police ended a standoff with a gunman sought in the killings of five officers by blowing him up using a robot.

      In 2015, a man with a knife who threatened to jump off a bridge in San Jose, Calif., was taken into custody after the police had a robot bring him a cellphone and a pizza.

      The year before that, the Albuquerque police used a robot to “deploy chemical munitions” in a motel room where a man had barricaded himself with a gun, a department report said. He surrendered.

  • Spotify wants to suggest songs based on your emotions
    https://www.bbc.com/news/entertainment-arts-55839655

    Spotify has patented technology that will allow it to analyse your voice and suggest songs based on your “emotional state, gender, age, or accent”. The patent, which was filed in 2018 and granted on 12 January, would allow the streaming giant to “make observations” about a user’s environment and emotions using speech recognition technology. Spotify could then play music reflecting their mood or even their social setting - “e.g. alone, small group, party,” according to the patent. If (...)

    #Spotify #algorithme #émotions #reconnaissance #profiling #voix

  • Spotify : émoi autour d’un brevet de reconnaissance vocale
    https://www.nextinpact.com/lebrief/46681/spotify-emoi-autour-dun-brevet-reconnaissance-vocale

    En 2018, Spotify a déposé une demande de brevet autour de la reconnaissance vocale. Sa technologie permettrait de deviner l’état émotionnel des utilisateurs, ainsi que leur « genre, leur âge et leur accent ».

    Pourquoi ? Pour proposer des recommandations plus personnalisées et donc plus à même de répondre aux exigences du public. Mais serait-on alors réduit à une série de caractéristiques qui détermineraient nos goûts musicaux ? Pas d’après Spotify.

    « Il devrait être compris que les précédents exemples de catégories de métadonnées d’émotions, genre, âge et accent ne sont bien que des exemples, et que de nombreux autres descriptions et classements peuvent être utilisés », indiquait l’éditeur dans le brevet.

    Les informations obtenues sont alors brassées avec celles, classiques, déjà obtenues par le service, en particulier les titres déjà écoutés, les artistes suivis, les listes composées et ainsi de suite. Le brevet a été obtenu le 12 janvier.

    L’association américaine Access Now y voit un immense danger. Dans un billet publié le 2 avril, elle exprime ses craintes de manipulation des émotions, de discrimination de genre, de violation de la vie privée et de sécurité des données.

    « Il n’y a absolument aucune raison pour que Spotify ne serait-ce que tente de discerner comment nous nous sentons, combien de personnes il y a dans la pièce avec nous, notre genre, notre âge ou n’importe quelle autre caractéristique que le brevet prétend détecter. Les millions de personnes qui utilisent Spotify méritent le respect et la vie privée, pas de la manipulation et de la surveillance secrètes », a déclaré Isedua Oribhabor, analyste pour Access Now.

    Le brevet était passé relativement sous silence, mais la position d’Access Now et la reprise récente de leur déclaration par The Tor Project sur Twitter ont braqué plusieurs projecteurs, même si la presse ne s’est pas encore emparée du sujet.

    Spotify n’a pour l’instant pas réagi. On notera que la technologie est brevetée, mais non implémentée dans les applications. Qu’il s’agisse d’Android ou d’iOS, la reconnaissance vocale ne pourrait de toute façon pas se faire sans autorisation d’accès au micro, qui peut être refusée par l’utilisateur, ou acceptée puis coupée dans les paramètres.

    L’éditeur avait publié le 15 décembre un billet expliquant la manière globale dont il brassait les informations pour constituer les profils, s’étendant notamment sur le caractère très sensible des informations réunies sur la personnalité. Cette technologie n’y était pas abordée, mais l’entreprise a affirmé que la vie privée était une priorité. Elle aura prochainement l’occasion de le prouver.

    #Reconnaissance_vocale #Brevets #Spotify #Monde_de_fous

  • JO2024 : l’Agence nationale de la recherche planifie la technopolice
    https://technopolice.fr/blog/jo2024-lagence-nationale-de-la-recherche-planifie-la-technopolice

    Pour les JO de Paris 2024, l’État français et ses institutions, comme l’Agence nationale de la recherche, financent, encouragent et développent la Technopolice. Ils prévoient notamment l’utilisation de la reconnaissance faciale de masse, le déploiement de techniques d’analyse vidéo de « gestion de foule » ou encore l’analyse en continue des réseaux sociaux et des données téléphoniques. Et ce, alors même que la majorité de ces technologies sont aujourd’hui illégales. Comme dénoncé depuis un moment déjà, les (...)

    #Idemia #Orange #Twitter #algorithme #CCTV #drone #biométrie #température #aérien #facial #reconnaissance #vidéo-surveillance #comportement #EASP #écoutes #Gipasp #Pasp #SocialNetwork #sport #surveillance #Technopolice (...)

    ##LaQuadratureduNet

  • « Tokyo-Paris : extinction de la flamme olympique »

    Vers l’annulation des Jeux olympiques de Tokyo ? La flamme olympique, bloquée à Fukushima depuis le report de « Tokyo 2020 », partira-t-elle le 25 mars prochain pour un relais de 121 jours à travers le Japon ? Tout semble indiquer le contraire. Les Jeux Olympiques (JO), après leur report d’une année du fait de la pandémie liée à la Covid-19, seront même peut-être annulés avant cette date hautement symbolique. La présence des touristes étrangers est déjà interdite au Japon pour la durée des JO. Une annulation de ces derniers aura de lourdes conséquences économiques, sociales et politiques pour le Japon et pour la France. Le Comité International olympique (CIO), certes assuré (dans plusieurs compagnies dont la société de réassurance Swiss Ré) à hauteur de 1,3 à 1,5 milliard de dollars en cas d’annulation des JO, sera en grande difficulté du seul fait de la perte des droits de retransmission des épreuves estimés à plus de 70% de ses revenus. Avec une réserve supputée à 1 milliard de dollars, le CIO aura du mal à assurer le passage de la flamme entre Tokyo et Paris.

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/03/23/tokyo-paris-extinction-de-la-flamme-olympique

    #politique #sport #jo

  • Les Jeux olympiques ouvrent la voie aux technologies sécuritaires
    https://reporterre.net/Les-Jeux-olympiques-ouvrent-la-voie-aux-technologies-securitaires

    Les Jeux olympiques de Paris 2024 ont prévu l’usage d’une débauche de technologies sécuritaires. Mais qui ont besoin d’être légalisées. C’est ce que commence à faire la proposition de loi sécurité globale, examinée par les sénateurs à partir de ce mardi 16 mars. Autant de mesures susceptibles de porter atteinte aux libertés publiques et à la vie privée, dénoncent ses détracteurs. Accéder à un lieu sécurisé après un simple scan de votre visage. Filmer avec des drones le moindre recoin d’espace public. Anticiper (...)

    #RATP #SNCF #algorithme #CCTV #drone #biométrie #facial #reconnaissance #vidéo-surveillance #mouvement #sport #surveillance #CNIL #LDH-France (...)

    ##Technopolice

  • #Femmes et #dirigeantes_sportives, les #présidences des fédérations françaises encore très peu féminisées
    https://sport.francetvinfo.fr/omnisport/femmes-et-dirigeantes-sportives-les-presidences-des-federations-f

    Malgré une politique de quotas dans les postes à responsabilités, les femmes sont encore peu nombreuses à diriger des #fédérations_sportives, freinées par un système masculinisé depuis sa création. Mais des programmes d’accompagnement à destination des femmes fleurissent et pourraient donner lieu dans les années à venir à une #féminisation des présidences.

    #sport #quotas

  • L’#enseignement_numérique ou le supplice des Danaïdes. Austérité, surveillance, désincarnation et auto-exploitation

    Où l’on apprend comment les étudiants en #STAPS de #Grenoble et #Saint-Étienne ont fait les frais de la #numérisation - #déshumanisation de l’#enseignement bien avant l’apparition du coronavirus. Et comment ce dernier pourrait bien avoir été une aubaine dans ce processus de #destruction programmé – via notamment la plate-forme #FUN (sic).

    Les #plateformes_numériques d’enseignement ne datent pas de la série quasiment continue de confinements imposés aux universités depuis mars 2020. Enseignante en géographie à l’Université Grenoble Alpes, je constate le développement croissant d’« outils numériques d’enseignement » dans mon cadre de travail depuis plus d’une dizaine d’années. En 2014, une « #licence_hybride », en grande majorité numérique, est devenue la norme à Grenoble et à Saint-Étienne dans les études de STAPS, sciences et techniques des activités physiques et sportives. En 2020, tous mes enseignements sont désormais numériques à la faveur de l’épidémie. Preuves à l’appui, ce texte montre que le passage total au numérique n’est pas une exceptionnalité de crise mais une #aubaine inédite d’accélération du mouvement de numérisation global de l’#enseignement_supérieur en France. La #souffrance et les dégâts considérables que provoque cette #numérisation_de_l’enseignement étaient aussi déjà en cours, ainsi que les #résistances.

    Une politique structurelle de #transformation_numérique de l’enseignement supérieur

    La licence hybride de l’UFR STAPS à Grenoble, lancée en 2014 et en majorité numérique, autrement dit « à distance », est une des applications « pionnières » et « innovantes » des grandes lignes stratégiques du ministère de l’Enseignement supérieur en matière d’enseignement numérique définies dès 2013. C’est à cette date que la plateforme FUN - #France_Université_Numérique [1] -, financée par le Ministère, a été ouverte, regroupant des #MOOC - Massive Open Online Courses - ayant pour but d’« inciter à placer le numérique au cœur du parcours étudiant et des métiers de l’enseignement supérieur et de la recherche [2] » sous couvert de « #démocratisation » des connaissances et « #ouverture au plus grand nombre ». De fait, la plateforme FUN, gérée depuis 2015 par un #GIP - #Groupe_d’Intérêt_Public [3] -, est organisée autour de cours gratuits et en ligne, mais aussi de #SPOC -#Small_Private_Online_Course- diffusés par deux sous-plateformes : #FUN-Campus (où l’accès est limité aux seuls étudiant·e·s inscrit·e·s dans les établissements d’enseignement qui financent et diffusent les cours et doivent payer un droit d’accès à la plateforme) et #FUN-Corporate (plate-forme destinée aux entreprises, avec un accès et des certifications payants). En 2015, le ministère de l’Enseignement supérieur présentait le nouveau « #GIP-FUN » et sa stratégie pour « mettre en place un modèle économique viable en développant de nouveaux usages de cours en ligne » avec :

    - une utilisation des MOOC en complément de cours sur les campus, voire en substitution d’un #cours_magistral, selon le dispositif de la #classe_inversée ;
    - une proposition de ces #cours_en_ligne aux salariés, aux demandeurs d’emploi, aux entreprises dans une perspective de #formation_continue ;
    – un déploiement des plateformes en marques blanches [4]

    Autrement dit, il s’agit de produire de la sur-valeur à partir des MOOC, notamment en les commercialisant via des #marques_blanches [5] et des #certifications_payantes (auprès des demandeurs d’emploi et des entreprises dans le cadre de la formation continue) et de les diffuser à large échelle dans l’enseignement supérieur comme facteur de diminution des #coûts_du_travail liés à l’#encadrement. Les MOOC, dont on comprend combien ils relèvent moins de l’Open Source que de la marchandise, sont voués aussi à devenir des produits commerciaux d’exportation, notamment dans les réseaux postcoloniaux de la « #francophonie [6] ». En 2015, alors que la plateforme FUN était désormais gérée par un GIP, vers une #marchandisation de ses « produits », était créé un nouveau « portail de l’enseignement numérique », vitrine de la politique du ministère pour « déployer le numérique dans l’enseignement supérieur [7] ». Sur ce site a été publié en mars 2016 un rapport intitulé « MOOC : À la recherche d’un #business model », écrit par Yves Epelboin [8]. Dans ce rapport, l’auteur compare en particulier le #coût d’un cours classique, à un cours hybride (en présence et via le numérique) à un cours uniquement numérique et dresse le graphique suivant de rentabilité :

    Le #coût fixe du MOOC, à la différence du coût croissant du cours classique en fonction du nombre d’étudiants, suffit à prouver la « #rentabilité » de l’enseignement numérique. La suite du document montre comment « diversifier » (depuis des partenariats publics-privés) les sources de financement pour rentabiliser au maximum les MOOC et notamment financer leur coût de départ : « la coopération entre les universités, les donateurs, des fonds spéciaux et d’autres sources de revenus est indispensable ». Enfin, en octobre 2019, était publié sur le site du ministère de l’Enseignement supérieur un rapport intitulé « #Modèle_économique de la transformation numérique des formations dans les établissements d’enseignement supérieur [9] », écrit par Éric Pimmel, Maryelle Girardey-Maillard et Émilie‐Pauline Gallie, inspecteurs généraux de l’éducation, du sport et de la recherche. Le rapport commence par le même invariable constat néolibéral d’#austérité : « croissance et diversité des effectifs étudiants, concurrence nationale et internationale, égalité d’accès à l’enseignement supérieur dans les territoires et augmentation des coûts, dans un contexte budgétaire contraint », qui nécessitent donc un développement généralisé de l’enseignement numérique. La préconisation principale des autrices·teurs du rapport tient dans une « réorganisation des moyens » des universités qui :

    « consiste notamment à réduire le volume horaire des cours magistraux, à modifier les manières d’enseigner (hybridation, classes inversées...) et à répartir différemment les heures de cours, voire d’autres ressources, comme les locaux par exemple. Les économies potentielles doivent être chiffrées par les établissements qui devront, pour ne pas se voir reprocher de dégrader les conditions d’enseignement, redéployer ces montants dans les équipements ou le développement de contenus pédagogiques. »

    Autrement dit encore, pour financer le numérique, il s’agit de « redéployer » les moyens en encadrement humain et en locaux, soit les moyens relatifs aux cours « classiques », en insistant sur la dimension « pédagogique » du « redéploiement » pour « ne pas se voir reprocher de dégrader les conditions d’enseignement ». Le financement du numérique dans l’enseignement universitaire par la marchandisation des MOOC est aussi envisagé, même si cette dernière est jugée pour l’instant insuffisante, avec la nécessité d’accélérer les sources de financement qu’ils peuvent générer : « Le développement de nouvelles ressources propres, tirées notamment de l’activité de formation continue ou liées aux certificats délivrés dans le cadre des MOOCs pourrait constituer une voie de développement de ressources nouvelles. » Un programme « ambitieux » d’appel à « #flexibilisation des licences » a d’ailleurs été lancé en 2019 :

    Au‐delà de la mutualisation des ressources, c’est sur la mutualisation des formations qu’est fondé le projet « #Parcours_Flexibles_en_Licence » présenté par la mission de la pédagogie et du numérique pour l’enseignement supérieur (#MIPNES / #DGESIP) au deuxième appel à projets du #fonds_pour_la_transformation_de_l’action_publique (#FTAP) et financé à hauteur de 12,4 M€ sur trois ans. La mission a retenu quatre scénarios qui peuvent se combiner :

    - l’#hybridation d’une année de licence ou le passage au #tout_numérique ;

    - la transformation numérique partielle de la pédagogie de l’établissement ;

    - la #co‐modalité pour répondre aux contraintes ponctuelles des étudiants ;

    - les MOOCS comme enjeu de visibilité et de transformation.

    Le ministère a pour ambition, depuis 2013 et jusqu’à aujourd’hui, « la transformation numérique partielle de la pédagogie des établissements ». Les universités sont fermées depuis quasiment mars 2020, avec une courte réouverture de septembre à octobre 2020. L’expérience du passage au numérique, non plus partiel, mais total, est en marche dans la start-up nation.

    Nous avons déjà un peu de recul sur ce que l’enseignement numérique produit comme dégâts sur les relations d’enseignement, outre la marchandisation des connaissances qui remet en cause profondément ce qui est enseigné.

    A Grenoble, la licence « pionnière » de STAPS- Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives

    En 2014 et dans le cadre des politiques financières décrites précédemment, était lancée à Grenoble une licence « unique en son genre » de STAPS- Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives dont voici le fonctionnement :

    Les universités Grenoble-Alpes et Jean-Monnet-Saint-Étienne proposent une licence STAPS, parcours « entraînement sportif », unique en son genre : la scolarité est asynchrone, essentiellement à distance, et personnalisée.

    Cette licence s’appuie sur un dispositif de formation hybride : les étudiant·e·s s’approprient les connaissances chez eux, à leur rythme avant de les manipuler lors de cours en présentiel massés.

    Le travail personnel à distance s’appuie sur de nouvelles pédagogies dans l’enseignement numérique : les cours #vidéos, les #screencasts, #quizz et informations complémentaires s’articulent autour de #parcours_pédagogiques ; des sessions de #classe_virtuelle sont également organisées à distance [10].

    Dès 2017, des enseignant·e·s de STAPS faisaient paraître un texte avec la section grenobloise du syndicat FSU - Fédération Syndicale Unitaire - intitulé « Les STAPS de Grenoble sont-ils un modèle à suivre ? ». Les auteur·trice·s expliquaient que, en 2014, la présidence de l’université avait instrumentalisé un « dilemme impossible : “la pédagogie numérique ou la limitation d’accueil” ». Il s’agit ici d’un exemple significatif de technique néolibérale de capture de l’intérêt liée à la rhétorique de l’#austérité. Ce même non-choix a été appliqué dans l’organisation de la #PACES à Grenoble, première année de préparation aux études de médecine : numérique ou limitation drastique des étudiant·e·s accueilli·e·s. La tierce voie, toujours écartée, est évidemment celle de recruter plus d’enseignant·e·s, de personnels administratifs, de réduire les groupes d’amphithéâtres, de construire des locaux qui permettent à des relations d’enseignement d’exister. En 2017, les enseignant·e·s de STAPS constataient, effectivement, que « l’enseignement numérique permet(tait) d’accueillir beaucoup de monde avec des moyens constants en locaux et personnels enseignants titulaires (postes) ; et même avec une diminution des #coûts_d’encadrement ». Elles et ils soulignaient dans le même temps que le niveau d’#épuisement et d’#isolement des enseignant·e·s et des étudiant·e·s était inédit, assorti d’inquiétudes qui résonnent fortement avec la situation que nous traversons aujourd’hui collectivement :

    —Nous craignons que le système des cours numérisés s’accompagne d’une plus grande difficulté à faire évoluer les contenus d’enseignements compte tenu du temps pour les réaliser.
    — Nous redoutons que progressivement les cours de L1 soient conçus par un seul groupe d’enseignants au niveau national et diffusé dans tous les UFR de France, l’enseignant local perdant ainsi la main sur les contenus et ceux-ci risquant de se rigidifier.
    — Un certain nombre de travaux insistent sur le temps considérable des jeunes générations accrochées à leur smartphone, de 4 à 6 heures par jour et signalent le danger de cette pratique pour la #santé physique et psychique. Si s’ajoutent à ces 4 à 6 heures de passe-temps les 3 ou 4 heures par jour de travail des cours numériques sur écran, n’y a-t-il pas à s’inquiéter ?
    — Si les étudiants de L1 ne sont plus qu’une douzaine d’heures par semaine à l’université pour leurs cours, qu’en est-il du rôle de #socialisation de l’université ?

    (…)

    Il est tout de même très fâcheux de faire croire qu’à Grenoble en STAPS en L1, avec moins de moyens humains nous faisons aussi bien, voire mieux, et que nous ayons trouvé la solution au problème du nombre. Il serait plus scrupuleux d’exposer que :

    — nous sommes en difficulté pour défendre la qualité de nos apprentissages, que sans doute il y a une perte quant aux compétences formées en L1 et que nous devrons compenser en L2, L3, celles-ci. Ce qui semble très difficile, voire impossible ;
    — le taux de réussite légèrement croissant en L1 se fait sans doute à ce prix et qu’il est toujours faible ;
    — nous nous interrogeons sur la faible participation de nos étudiants au cours de soutien (7 % ) ;
    — nous observons que les cours numériques n’ont pas fait croître sensiblement la motivation des étudiants [11].

    Ces inquiétudes, exprimées en 2017, sont désormais transposables à large échelle. Les conditions actuelles, en période de #confinement et de passage au tout numérique sur fond de #crise_sanitaire, ne sont en effet ni « exceptionnelles », ni « dérogatoires ». Ladite « #exceptionnalité de crise » est bien plus l’exacerbation de ce qui existe déjà. Dans ce contexte, il semble tout à fait légitime de s’interroger sur le très probable maintien de l’imposition des fonctionnements généralisés par temps de pandémie, aux temps « d’après », en particulier dans le contexte d’une politique très claire de transformation massive de l’#enseignement_universitaire en enseignement numérique. Ici encore, l’analyse des collègues de STAPS publiée en 2017 sur les modalités d’imposition normative et obligatoire de mesures présentées initialement comme relevant du « volontariat » est éloquente :

    Alors qu’initialement le passage au numérique devait se faire sur la base du #volontariat, celui-ci est devenu obligatoire. Il reste à l’enseignant ne souhaitant pas adopter le numérique la possibilité d’arrêter l’enseignement qui était le sien auparavant, de démissionner en quelque sorte. C’est sans doute la première fois, pour bon nombre d’entre nous, qu’il nous est imposé la manière d’enseigner [12].

    Depuis 2020, l’utopie réalisée. Passage total à l’enseignement numérique dans les Universités

    Depuis mars et surtout octobre 2020, comme toutes les travailleur·se·s et étudiant·e·s des universités en France, mes pratiques d’enseignement sont uniquement numériques. J’avais jusqu’alors résisté à leurs usages, depuis l’analyse des conditions contemporaines du capitalisme de plateforme lié aux connaissances : principalement (1) refuser l’enclosure et la #privatisation des connaissances par des plateformes privées ou publiques-privées, au service des politiques d’austérité néolibérale destructrices des usages liés à l’enseignement en présence, (2) refuser de participer aux techniques de surveillance autorisées par ces outils numériques. Je précise ici que ne pas vouloir déposer mes cours sur ces plateformes ne signifiait pas me replier sur mon droit de propriété intellectuelle en tant qu’enseignante-propriétaire exclusive des cours. Au contraire, un cours est toujours co-élaboré depuis les échanges singuliers entre enseignant·e·s et étudiant·e·s ; il n’est pas donc ma propriété exclusive, mais ressemble bien plus à un commun élaboré depuis les relations avec les étudiant·e·s, et pourrait devoir s’ouvrir à des usages et des usager·ère·s hors de l’université, sans aucune limite d’accès. Sans défendre donc une propriété exclusive, il s’agit dans le même temps de refuser que les cours deviennent des marchandises via des opérateurs privés ou publics-privés, déterminés par le marché mondial du capitalisme cognitif et cybernétique, et facilité par l’État néolibéral, comme nous l’avons vu avec l’exposé de la politique numérique du ministère de l’Enseignement supérieur.

    Par ailleurs, les plateformes d’enseignement numérique, en particulier de dépôt et diffusion de documents, enregistrent les dates, heures et nombres de clics ou non-clics de toutes celles et ceux qui les utilisent. Pendant le printemps 2020, sous les lois du premier confinement, les débats ont été nombreux dans mon université pour savoir si l’ « #assiduité », comme facteur d’ « #évaluation » des étudiant·e·s, pouvait être déterminée par les statistiques individuelles et collectives générées par les plateformes : valoriser celles et ceux qui seraient les plus connectées, et pénaliser les autres, autrement dit « les déconnecté·e·s », les dilettantes. Les éléments relatifs à la #fracture_numérique, l’inégal accès matériel des étudiant·e·s à un ordinateur et à un réseau internet, ont permis de faire taire pendant un temps celles et ceux qui défendaient ces techniques de #surveillance (en oubliant au passage qu’elles et eux-mêmes, en tant qu’enseignant·e·s, étaient aussi possiblement surveillé·e·s par les hiérarchies depuis leurs fréquences de clics, tandis qu’elles et ils pouvaient s’entre-surveiller depuis les mêmes techniques).

    Or depuis la fermeture des universités, ne pas enseigner numériquement signifie ne pas enseigner du tout. Refuser les plateformes est devenu synonyme de refuser de faire cours. L’épidémie a créé les conditions d’un apparent #consentement collectif, d’une #sidération aussi dont il est difficile de sortir. Tous les outils que je refusais d’utiliser sont devenus mon quotidien. Progressivement, ils sont même devenus des outils dont je me suis rendue compte dépendre affectivement, depuis un rapport destructeur de liens. Je me suis même mise à regarder les statistiques de fréquentation des sites de mes cours, les nombres de clics, pour me rassurer d’une présence, là où la distance commençait à creuser un vide. J’ai eu tendance à surcharger mes sites de cours de « ressources », pour tenter de me rassurer sur la possibilité de resserrer des liens, par ailleurs de plus en plus ténus, avec les étudiant·e·s, elles-mêmes et eux-mêmes confronté·e·s à un isolement et une #précarisation grandissantes. Là où la fonction transitionnelle d’objets intermédiaires, de « médias », permet de symboliser, élaborer l’absence, j’ai fait l’expérience du vide creusé par le numérique. Tout en étant convaincue que l’enseignement n’est jamais une affaire de « véhicule de communication », de « pédagogie », de « contenus » à « communiquer », mais bien une pratique relationnelle, réciproque, chargée d’affect, de transfert, de contre-transfert, que « les choses ne commencent à vivre qu’au milieu [13] », je n’avais jamais éprouvé combien la « communication de contenus » sans corps, sans adresse, créait de souffrance individuelle, collective et d’auto-exploitation. Nombreuses sont les analyses sur la difficulté de « #concentration », de captation d’une #attention réduite, derrière l’#écran. Avec Yves Citton et ses travaux sur l’#écologie_de_l’attention, il m’apparaît que la difficulté est moins celle d’un défaut de concentration et d’attention, que l’absence d’un milieu relationnel commun incarné :
    Une autre réduction revient à dire que c’est bien de se concentrer et que c’est mal d’être distrait. Il s’agit d’une évidence qui est trompeuse car la concentration n’est pas un bien en soi. Le vrai problème se situe dans le fait qu’il existe toujours plusieurs niveaux attentionnels. (…) La distraction en soi n’existe pas. Un élève que l’on dit distrait est en fait attentif à autre chose qu’à ce à quoi l’autorité veut qu’il soit attentif [14].

    La souffrance ressentie en tant que désormais « enseignante numérique » n’est pas relative à ce que serait un manque d’attention des étudiant·e·s généré par les écrans, mais bien à l’absence de #relation incarnée.

    Beaucoup d’enseignant·e·s disent leur malaise de parler à des « cases noires » silencieuses, où figurent les noms des étudiant·e·s connecté·e·s au cours. Ici encore, il ne s’agit pas de blâmer des étudiant·e·s qui ne « joueraient pas le jeu », et n’ouvriraient pas leurs caméras pour mieux dissimuler leur distraction. Outre les questions matérielles et techniques d’accès à un matériel doté d’une caméra et d’un réseau internet suffisamment puissant pour pouvoir suivre un cours et être filmé·e en même temps, comment reprocher à des étudiant·e·s de ne pas allumer la caméra, qui leur fait éprouver une #intrusion dans l’#espace_intime de leur habitation. Dans l’amphithéâtre, dans la salle de classe, on peut rêver, regarder les autres, regarder par la fenêtre, regarder par-dessus le tableau, à côté, revenir à sa feuille ou son écran…pas de gros plan sur le visage, pas d’intrusion dans l’espace de sa chambre ou de son salon. Dans une salle de classe, la mise en lien est celle d’une #co-présence dans un milieu commun indéterminé, sans que celui-ci n’expose à une intrusion de l’espace intime. Sans compter que des pratiques d’enregistrement sont possibles : où voyagent les images, et donc les images des visages ?

    Pour l’enseignant·e : parler à des cases noires, pour l’étudiant·e : entendre une voix, un visage en gros plan qui ne le·la regarde pas directement, qui invente une forme d’adresse désincarnée ; pour tou·te·s, faire l’expérience de l’#annihilation des #corps. Même en prenant des notes sur un ordinateur dans un amphithéâtre, avec un accès à internet et maintes possibilités de « s’évader » du cours, le corps pris dans le commun d’une salle engage des #liens. Quand la relation ne peut pas prendre corps, elle flotte dans le vide. Selon les termes de Gisèle Bastrenta, psychanalyste, l’écran, ici dans la relation d’enseignement, crée l’« aplatissement d’un ailleurs sans au-delà [15] ».

    Le #vide de cet aplatissement est synonyme d’#angoisse et de symptômes, notamment, celui d’une #auto-exploitation accrue. Le récit de plusieurs étudiant.e.s fait écho à l’expérience d’auto-exploitation et angoisse que je vis, depuis l’autre côté de l’écran. Mes conditions matérielles sont par ailleurs très souvent nettement meilleures aux leurs, jouissant notamment de mon salaire. La précarisation sociale et économique des étudiant·e·s creuse encore le vide des cases noires. Plusieurs d’entre elles et eux, celles et ceux qui peuvent encore se connecter, expliquent qu’ils n’ont jamais autant passé d’heures à écrire pour leurs essais, leurs dissertations…, depuis leur espace intime, en face-à-face avec les plateformes numériques qui débordent de fichiers de cours, de documents… D’abord, ce temps très long de travail a souvent été entrecoupé de crises de #panique. Ensuite, ce temps a été particulièrement angoissant parce que, comme l’explique une étudiante, « tout étant soi-disant sur les plateformes et tout étant accessible, tous les cours, tous les “contenus”, on s’est dit qu’on n’avait pas le droit à l’erreur, qu’il fallait qu’on puisse tout dire, tout écrire, tout ressortir ». Plutôt qu’un « contenu » élaborable, digérable, limité, la plateforme est surtout un contenant sans fond qui empêche d’élaborer une #réflexion. Plusieurs étudiant·e·s, dans des échanges que nous avons eus hors numérique, lors de la manifestation du 26 janvier 2021 à l’appel de syndicats d’enseignant·e·s du secondaire, ont également exprimé cet apparent #paradoxe : -le besoin de plus de « #contenu », notamment entièrement rédigé à télécharger sur les plateformes pour « mieux suivre » le cours, -puis, quand ce « contenu » était disponible, l’impression de complètement s’y noyer et de ne pas savoir quoi en faire, sur fond de #culpabilisation d’« avoir accès à tout et donc de n’avoir pas le droit à l’erreur », sans pour autant parvenir à élaborer une réflexion qui puisse étancher cette soif sans fin.

    Face à l’absence, la privatisation et l’interdiction de milieu commun, face à l’expression de la souffrance des étudiant·e·s en demande de présence, traduite par une demande sans fin de « contenu » jamais satisfaite, car annulée par un cadre désincarné, je me suis de plus en plus auto-exploitée en me rendant sur les plateformes d’abord tout le jour, puis à des heures où je n’aurais pas dû travailler. Rappelons que les plateformes sont constamment accessibles, 24h/24, 7j/7. Poster toujours plus de « contenu » sur les plateformes, multiplier les heures de cours via les écrans, devoir remplir d’eau un tonneau troué, supplice des Danaïdes. Jusqu’à l’#épuisement et la nécessité - politique, médicale aussi - d’arrêter. Alors que je n’utilisais pas les plateformes d’enseignement numérique, déjà très développées avant 2020, et tout en ayant connaissance de la politique très offensive du Ministère en matière de déshumanisation de l’enseignement, je suis devenue, en quelque mois, happée et écrasée par la fréquentation compulsive des plateformes. J’ai interiorisé très rapidement les conditions d’une auto-exploitation, ne sachant comment répondre, autrement que par une surenchère destructrice, à la souffrance généralisée, jusqu’à la décision d’un arrêt nécessaire.

    L’enjeu ici n’est pas seulement d’essayer de traverser au moins pire la « crise » mais de lutter contre une politique structurelle de #destruction radicale de l’enseignement.

    Créer les milieux communs de relations réciproques et indéterminées d’enseignement, depuis des corps présents, et donc des présences et des absences qui peuvent s’élaborer depuis la #parole, veut dire aujourd’hui en grande partie braconner : organiser des cours sur les pelouses des campus…L’hiver est encore là, le printemps est toujours déjà en germe.

    https://lundi.am/L-enseignement-numerique-ou-le-supplice-des-Danaides

    #numérique #distanciel #Grenoble #université #facs #France #enseignement_à_distance #enseignement_distanciel

    • Le #coût fixe du MOOC, à la différence du coût croissant du cours classique en fonction du nombre d’étudiants, suffit à prouver la « #rentabilité » de l’enseignement numérique.

      mais non ! Si la création du MOOC est effectivement un coût fixe, son fonctionnement ne devrait pas l’être : à priori un cours en ligne décemment conçu nécessite des interactions de l’enseignant avec ses étudiants...

  • #Sport, #culture et #travaux_pratiques : comment en 1936 #Jean_Zay inventa l’#école d’aujourd’hui | Public Senat
    https://www.publicsenat.fr/article/societe/sport-culture-et-travaux-pratiques-comment-en-1936-jean-zay-inventa-l-ec

    De 1936 à 1939, en seulement trois années, Jean Zay, tout jeune ministre de l’#Éducation_nationale du gouvernement Léon Blum va largement œuvrer pour la démocratisation de l’école. Une démocratisation de l’enseignement et une ouverture aux arts et aux sports qui inspire encore l’école d’aujourd’hui. Arrêté, il est assassiné à l’âge de 40 ans par la milice du régime de Vichy en 1944. À l’occasion de la diffusion du film « L’école est à nous » de Stéphane Benhamou, retour sur un héritage toujours vivant et creuset de l’école d’aujourd’hui à travers le regard croisé de deux sénateurs.