• Les étudiants d’AgroParisTech occupent leur école pour la sauver des promoteurs
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    Depuis 1826, la célèbre école d’ingénieur AgroParisTech est installée sur un domaine de plus d’une centaine d’hectares, dans les Yvelines. Depuis mardi 16 mars, les étudiants occupent le site, dont ils ont bloqué les entrées, pour s’opposer à sa vente à des promoteurs.

    « Notre devoir : sauver deux cents ans d’histoire. » Accrochées aux barreaux de l’imposant portail recouvert de lierre, les banderoles donnent le ton. Troncs d’arbres et parpaings condamnent tout accès à l’enceinte. Derrière les murs hauts de trois mètres, s’échappent quelques notes de guitare. Depuis mardi 16 mars, les étudiants de l’école d’ingénieur AgroParisTech se sont barricadés dans leur domaine de Thiverval-Grignon, à l’ouest de Paris. Ils réclament d’être entendus par le ministère de l’Agriculture, propriétaire du site, bien décidé à le vendre.

    Lundi 15 mars, près de trois cents étudiants se sont réunis en assemblée générale. À l’issue des discussions, ils ont procédé à un scrutin pour choisir ou non de bloquer le site. Et le résultat est sans appel : 82 % des votes approuvaient le recours à cette stratégie. « À partir de là, nous avons commencé à organiser le blocus, dit Boris, étudiant de première année. On a passé la nuit à construire des barricades et à murer les sept accès au site pour que les fourgons de police ne puissent pas entrer. » Au petit matin, « la prise de la “Loge” », fief des vigiles en temps paisible, marquait la réussite cet assaut non violent.

  • L’utopie des technopoles radieuses – Revue Z
    https://www.zite.fr/technopoles-radieuses

    Le modèle technopolitain fondé sur la recherche-innovation s’est imposé à toutes les grandes villes. À l’origine conçues comme un moyen de dépasser les contradictions d’une économie fondée sur la consommation de masse et la destruction de la nature, ces « villes de la connaissance » en sont devenues le principal moteur. Comment passe-t-on du « small is beautiful » au nouveau gigantisme industriel ?

    Texte : Celia Izoard
    Illustrations : Florent Grouazel

    Il ne se passe pratiquement pas une semaine sans qu’une ville française annonce un projet de technopole scientifique. Les technopoles suscitent un intérêt égal dans les administrations centrales ou décentralisées, les collectivités locales, les chambres de commerce… La fièvre s’est emparée de tous ces acteurs qui ne rêvent plus que de fertilisation croisée. » Voici ce que l’on pouvait lire dans un article consacré aux technopoles en … 1985. Dans le même numéro de la revue Autrement1, le journaliste Philippe Merlant publie un petit lexique du jargon technopolitain : pépinière, synergie, transfert, incubateur, fertilisation, brassage, réseau… Tous les mots qui comptent triple aujourd’hui, mots qui justement renvoient à tout sauf au passé, évoquant plutôt une course échevelée vers l’avenir ou la science-fiction, sont déjà présents dans leur sens actuel. À l’entrée « innovation », le journaliste écrit que le terme est « déjà un has been ».

    Has been, l’innovation ? Trente ans plus tard, le mot est dans toutes les bouches. Elle est devenue l’autre nom du développement, le maître-mot de la restructuration des territoires. L’innovation est sacro-sainte. L’innovation est le nom de ce qu’il faut faire. Le modèle de la technopole, loin d’être une simple mode, s’est imposé comme avatar quasi hégémonique du capitalisme. Un peu partout, avec les mêmes mots d’ordre et les mêmes moyens, on reconvertit les « bassins » industriels en « vallées » de la connaissance.

    Dans les années 1970, la technopole a fait figure d’utopie née de la critique de la société industrielle : critique de la bureaucratie, de la hiérarchie, de l’urbanisation galopante et de la pollution. Quand Pierre Lafitte, ingénieur général des mines, sénateur des Alpes-Maritimes, fonde en 1968 la première technopole française, Sophia-Antipolis, ce grand campus verdoyant au large de Nice se veut « un Quartier latin aux champs, un lieu de réflexion, de création, mais aussi de défoulement où scientifiques et ingénieurs côtoient les artistes2 ». On ne travaillerait plus à la chaîne, on « créerait » dans l’ambiance décontractée de campus ombragés, véritables « zones vertes pour matière grise ». Libérés de l’asphyxie des grands groupes, les citoyens deviendraient de petits entrepreneurs libres de s’associer et de s’entraider sur des « projets ».

    C’est au début des an–nées 1980 que le modèle de la Silicon Valley voit consacrée sa victoire économique et idéologique en France. Philippe Merlant note que l’idée de la technopole bénéficie, pour réconcilier toute une génération de soixante-huitards avec l’entreprise, de sa « filiation avec les mythes californiens des années 1970 ». « Faut-il s’étonner, écrit-il, que cette génération, nourrie de l’idéologie gauchiste et massivement reconvertie dans les secteurs de la com’, ait été le principal vecteur médiatique de l’intérêt des technopoles ? »

    Étrange ironie. On constate aujourd’hui que l’essor de ce modèle fondé sur la micro-électronique et l’informatique, loin de permettre une sortie par le haut du capitalisme industriel, lui a au contraire permis de prendre une ampleur inégalée. Loin de conduire à une sortie du travail à la chaîne, cette nouvelle étape lui donne au contraire une impulsion inouïe : sur toute la surface du globe, les usines se multiplient pour produire puces électroniques, i-Pad et autres i-Phone « développés » par les chercheurs et les entrepreneurs de toutes les Silicon Valley du monde. L’observateur des technopoles est, à bien des égards, du « bon côté » de la division internationale du travail : il y a longtemps qu’on ne produit plus de puces de silicium dans la baie de San Francisco et que la mine de Mountain Pass, en Californie, ne lui fournit plus de terres rares. En partie invisibilisées par cette conversion des anciennes puissances industrielles à la soi-disant « économie immatérielle », l’exploitation et la pollution intrinsèques à ce modèle n’ont jamais été aussi générales et aussi démesurées.

    #Technopoles #Silicon_Valley

  • L’utopie des technopoles radieuses – Revue Z
    https://www.zite.fr/technopoles-radieuses

    Le modèle technopolitain fondé sur la recherche-innovation s’est imposé à toutes les grandes villes. À l’origine conçues comme un moyen de dépasser les contradictions d’une économie fondée sur la consommation de masse et la destruction de la nature, ces « villes de la connaissance » en sont devenues le principal moteur. Comment passe-t-on du « small is beautiful » au nouveau gigantisme industriel ?

    #technopole #urbanisme #industrie #critique_techno #Célia_Izoard #Revue_Z

  • La campagne se meurt, la technocratie l’achève
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1053

    En 2050, 80 % du cheptel humain s’entassera dans des mégapoles-machines aux flux de transports, de fluides, d’énergie, d’individus, pilotés par "Intelligence Artificielle". Smart city, voitures “autonomes”, capteurs de données communicants, Internet des objets, big data, etc. Cette concentration résulte d’un projet de rationalisation - de rationnement raisonné - des "ressources". Pour rabattre les ruraux vers les métropoles, il suffit de supprimer les services de proximité, la Poste, l’école, l’hôpital, et les dessertes des petites communes ; puis d’ouvrir des complexes commerciaux périphériques afin de tuer les centres bourgs. Financez les projets urbains, les “pôles de compétitivité”, et admirez l’afflux urbain.

    Quant à ce que la novlangue nomme “les territoires”, ne croyez pas qu’ils échappent à rationalisation technicienne. La plupart de leurs décideurs veulent en faire des “smart territoires”, fonctionnant, eux aussi, en haut débit. Il n’y a pas de raison qu’on ne clique pas dans les chemins creux et sous les platanes du marché. Puis, les citadins qui viennent se ressourcer le week-end ont besoin de leur connexion pour... eh bien pour rester connectés.

    Surtout, la “ruralité” doit servir la mégamachine urbaine. Laisser passer les lignes à grande vitesse et à très haute tension. Fournir la biomasse et les ressources nécessaires à la consommation exponentielle d’énergie (la “planète intelligente” est une planète électrique). Nourrir les villes. Stocker les déchets nucléaires. Réserver quelques espaces aux loisirs, conformément aux recommandations des experts en santé urbaine.
    Vous pensiez vivre à la campagne, votre pays n’est qu’une fonction support pour les métropoles.

    #Nécrotechnologies
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/article_hyper-ruralite_.pdf

  • Cyberabad, modèle de ville post-moderne ?
    par Eric Leclerc

    https://echogeo.revues.org/14280

    L’émergence, en périphérie des principales métropoles indiennes, de véritables « villes champignons » dont les paysages rompent avec le reste du tissu urbain antérieur, interpelle les observateurs. Certains y voient l’apparition d’un nouveau modèle urbain, qualifié de post-moderne, pour les contrastes et les fragmentations sociales qu’il génère. Une relecture de la transposition du concept de modernité à l’Inde fait cependant douter de la réalité d’une lecture par l’écart et de l’utilité du recours à la post-modernité pour interpréter ces transformations. À partir de l’exemple de Cyberabad, en périphérie de la capitale de l’Andhra Pradesh, Hyderabad, on peut observer comment les frontières décrites sont franchies ainsi que l’apparition de lieux où se réalise une hybridité de la société urbaine.

    #inde #urban_matter #villes #agglomératons #technopoles