UN ARTICLE TRÈS IMPORTANT POUR COMPRENDRE LES ENJEUX EN ISRAËL.
Dans un conflit opposant deux communautés nationales, comme c’est le cas entre les Juifs israéliens et les Palestiniens, les préjugés de type raciste sont forcément présents. De part et d’autre. Il faut être de mauvaise foi pour prétendre qu’une des parties en présence en serait totalement indemne. Car dans un climat de violence omniprésente où les passions sont forcément exacerbées, la tentation est forte d’angéliser « les nôtres » et de diaboliser « les autres ». Et ne sont pas seulement en cause les protagonistes directs que sont les Juifs israéliens et les Arabes palestiniens mais aussi ceux qui s’engagent sur cette question, quel que soit leur « camp ».
La recherche d’une paix juste, la seule qui puisse durer, passe pourtant par la mise hors-la-loi du racisme. C’est pourquoi les partisans d’une telle paix doivent lutter résolument contre cette « maladie honteuse », non seulement chez les autres, mais aussi, et c’est sans doute plus difficile, contre le risque d’en être eux-mêmes « contaminés ». Le présent article se veut une contribution à cette lutte, sous la forme de réflexions qui devraient inciter le lecteur (dont j’imagine qu’il se sent concerné par le conflit en question et souhaite une paix juste) à la vigilance sur ce point.
[…] Ce fut par exemple le cas du mouvement Brit Shalom (L’Alliance pour la Paix), qui se battait avec acharnement pour « parvenir à un accord entre Juifs et Arabes sur la forme de leurs relations sociales en Palestine, sur base de l’égalité absolue des deux peuples culturellement autonomes » [8], autrement dit pour la constitution d’un Etat binational. Mais dès le début des années 1940, Brit Shalom avait définitivement perdu son combat. Il n’existe actuellement aucun mouvement ou parti se réclamant du sionisme et défendant l’égalité complète des droits des deux peuples vivant en Israël-Palestine.
[…] Dans une première phase, alors que le nombre de colons sionistes était faible et que le mouvement ne disposait d’aucun moyen pour chasser la population arabe de son territoire par la force, c’est par l’achat de terres que commença l’expulsion des paysans palestiniens (à cette époque, la grande majorité des Palestiniens vivaient de l’agriculture) : le mouvement sioniste récoltait des fonds pour acheter un maximum de terres à de grands propriétaires fonciers. La plupart des contrats de vente stipulaient que la terre devait être livrée « vide d’habitants ». De nombreux ouvriers agricoles perdirent ainsi leur gagne-pain.
[…] Si la « loi du retour » faisait et fait toujours aujourd’hui de tout juif, d’où qu’il provienne dans le monde, un citoyen potentiel de l’Etat d’Israël, en revanche les lois sur la nationalité israélienne adoptées en 1952 et 1959 stipulent qu’un Palestinien ne peut acquérir la citoyenneté israélienne que par la naissance, la résidence ininterrompue ou la naturalisation, qui implique un engagement officiel de loyauté à l’égard de l’Etat.