• Réfugiés : contourner la #Croatie par le « #triangle » #Serbie - #Roumanie - #Hongrie

    Une nouvelle route migratoire s’est ouverte dans les Balkans : en Serbie, de plus en plus d’exilés tentent de contourner les barbelés barrant la #Hongrie en faisant un crochet par la Roumanie, avant d’espérer rejoindre les pays riches de l’Union européenne. Un chemin plus long et pas moins risqué, conséquence des politiques sécuritaires imposées par les 27.

    Il est 18h30, le jour commence à baisser sur la plaine de #Voïvodine. Un groupe d’une cinquantaine de jeunes hommes, sacs sur le dos et duvets en bandoulière, marche d’un pas décidé le long de la petite route de campagne qui relie les villages serbes de #Majdan et de #Rabe. Deux frontières de l’Union européenne (UE) se trouvent à quelques kilomètres de là : celle de la Hongrie, barrée depuis la fin 2015 d’une immense clôture barbelée, et celle de la Roumanie, moins surveillée pour le moment.

    Tous s’apprêtent à tenter le « #game », ce « jeu » qui consiste à échapper à la police et à pénétrer dans l’UE, en passant par « le triangle ». Le triangle, c’est cette nouvelle route migratoire à trois côtés qui permet de rejoindre la Hongrie, l’entrée de l’espace Schengen, depuis la Serbie, en faisant un crochet par la Roumanie. « Nous avons été contraints de prendre de nouvelles dispositions devant les signes clairs de l’augmentation du nombre de personnes traversant illégalement depuis la Serbie », explique #Frontex, l’Agence européenne de protection des frontières. Aujourd’hui, 87 de ses fonctionnaires patrouillent au côté de la police roumaine.

    Depuis l’automne 2020, le nombre de passages par cet itinéraire, plus long, est en effet en forte hausse. Les #statistiques des passages illégaux étant impossibles à tenir, l’indicateur le plus parlant reste l’analyse des demandes d’asiles, qui ont explosé en Roumanie l’année dernière, passant de 2626 à 6156, soit une hausse de 137%, avec un pic brutal à partir du mois d’octobre. Selon les chiffres de l’Inspectoratul General pentru Imigrări, les services d’immigrations roumains, 92% de ces demandeurs d’asile étaient entrés depuis la Serbie.

    “La Roumanie et la Hongrie, c’est mieux que la Croatie.”

    Beaucoup de ceux qui espèrent passer par le « triangle » ont d’abord tenté leur chance via la Bosnie-Herzégovine et la Croatie avant de rebrousser chemin. « C’est difficile là-bas », raconte Ahmed, un Algérien d’une trentaine d’années, qui squatte une maison abandonnée de Majdan avec cinq de ses compatriotes. « Il y a des policiers qui patrouillent cagoulés. Ils te frappent et te prennent tout : ton argent, ton téléphone et tes vêtements. Je connais des gens qui ont dû être emmenés à l’hôpital. » Pour lui, pas de doutes, « la Roumanie et la Hongrie, c’est mieux ».

    La route du « triangle » a commencé à devenir plus fréquentée dès la fin de l’été 2020, au moment où la situation virait au chaos dans le canton bosnien d’#Una_Sana et que les violences de la police croate s’exacerbaient encore un peu plus. Quelques semaines plus tard, les multiples alertes des organisations humanitaires ont fini par faire réagir la Commission européenne. Ylva Johansson, la Commissaire suédoise en charge des affaires intérieures a même dénoncé des « traitements inhumains et dégradants » commis contre les exilés à la frontière croato-bosnienne, promettant une « discussion approfondie » avec les autorités de Zagreb. De son côté, le Conseil de l’Europe appelait les autorités croates à mettre fin aux actes de tortures contre les migrants et à punir les policiers responsables. Depuis, sur le terrain, rien n’a changé.

    Pire, l’incendie du camp de #Lipa, près de #Bihać, fin décembre, a encore aggravé la crise. Pendant que les autorités bosniennes se renvoyaient la balle et que des centaines de personnes grelottaient sans toit sous la neige, les arrivées se sont multipliées dans le Nord de la Serbie. « Rien que dans les villages de Majdan et Rabe, il y avait en permanence plus de 300 personnes cet hiver », estime Jeremy Ristord, le coordinateur de Médecins sans frontières (MSF) en Serbie. La plupart squattent les nombreuses maisons abandonnées. Dans cette zone frontalière, beaucoup d’habitants appartiennent aux minorités hongroise et roumaine, et Budapest comme Bucarest leur ont généreusement délivré des passeports après leur intégration dans l’UE. Munis de ces précieux sésames européens, les plus jeunes sont massivement partis chercher fortune ailleurs dès la fin des années 2000.

    Siri, un Palestinien dont la famille était réfugiée dans un camp de Syrie depuis les années 1960, squatte une masure défoncée à l’entrée de Rabe. En tout, ils sont neuf, dont trois filles. Cela fait de longs mois que le jeune homme de 27 ans est coincé en Serbie. Keffieh sur la tête, il tente de garder le sourire en racontant son interminable odyssée entamée voilà bientôt dix ans. Dès les premiers combats en 2011, il a fui avec sa famille vers la Jordanie, puis le Liban avant de se retrouver en Turquie. Finalement, il a pris la route des Balkans l’an dernier, avec l’espoir de rejoindre une partie des siens, installés en Allemagne, près de Stuttgart.

    “La police m’a arrêté, tabassé et on m’a renvoyé ici. Sans rien.”

    Il y a quelques jours, Siri à réussi à arriver jusqu’à #Szeged, dans le sud de la Hongrie, via la Roumanie. « La #police m’a arrêté, tabassé et on m’a renvoyé ici. Sans rien », souffle-t-il. À côté de lui, un téléphone crachote la mélodie de Get up, Stand up, l’hymne reggae de Bob Marley appelant les opprimés à se battre pour leurs droits. « On a de quoi s’acheter un peu de vivres et des cigarettes. On remplit des bidons d’eau pour nous laver dans ce qui reste de la salle de bains », raconte une des filles, assise sur un des matelas qui recouvrent le sol de la seule petite pièce habitable, chauffée par un poêle à bois décati.

    De rares organisations humanitaires viennent en aide à ces exilés massés aux portes de l’Union européennes. Basé à Belgrade, le petit collectif #Klikaktiv y passe chaque semaine, pour de l’assistance juridique et du soutien psychosocial. « Ils préfèrent être ici, tout près de la #frontière, plutôt que de rester dans les camps officiels du gouvernement serbe », explique Milica Švabić, la juriste de l’organisation. Malgré la précarité et l’#hostilité grandissante des populations locales. « Le discours a changé ces dernières années en Serbie. On ne parle plus de ’réfugiés’, mais de ’migrants’ venus islamiser la Serbie et l’Europe », regrette son collègue Vuk Vučković. Des #milices d’extrême-droite patrouillent même depuis un an pour « nettoyer » le pays de ces « détritus ».

    « La centaine d’habitants qui restent dans les villages de Rabe et de Majdan sont méfiants et plutôt rudes avec les réfugiés », confirme Abraham Rudolf. Ce sexagénaire à la retraite habite une modeste bâtisse à l’entrée de Majdan, adossée à une ruine squattée par des candidats à l’exil. « C’est vrai qu’ils ont fait beaucoup de #dégâts et qu’il n’y a personne pour dédommager. Ils brûlent les charpentes des toits pour se chauffer. Leurs conditions d’hygiène sont terribles. » Tant pis si de temps en temps, ils lui volent quelques légumes dans son potager. « Je me mets à leur place, il fait froid et ils ont faim. Au vrai, ils ne font de mal à personne et ils font même vivre l’épicerie du village. »

    Si le « triangle » reste a priori moins dangereux que l’itinéraire via la Croatie, les #violences_policières contre les sans papiers y sont pourtant monnaie courante. « Plus de 13 000 témoignages de #refoulements irréguliers depuis la Roumanie ont été recueillis durant l’année 2020 », avance l’ONG Save the Children.

    “C’est dur, mais on n’a pas le choix. Mon mari a déserté l’armée de Bachar. S’il rentre, il sera condamné à mort.”

    Ces violences répétées ont d’ailleurs conduit MSF à réévaluer sa mission en Serbie et à la concentrer sur une assistance à ces victimes. « Plus de 30% de nos consultations concernent des #traumatismes physiques », précise Jérémy Ristor. « Une moitié sont liés à des violences intentionnelles, dont l’immense majorité sont perpétrées lors des #push-backs. L’autre moitié sont liés à des #accidents : fractures, entorses ou plaies ouvertes. Ce sont les conséquences directes de la sécurisation des frontières de l’UE. »

    Hanan est tombée sur le dos en sautant de la clôture hongroise et n’a jamais été soignée. Depuis, cette Syrienne de 33 ans souffre dès qu’elle marche. Mais pas question pour elle de renoncer à son objectif : gagner l’Allemagne, avec son mari et leur neveu, dont les parents ont été tués dans les combats à Alep. « On a essayé toutes les routes », raconte l’ancienne étudiante en littérature anglaise, dans un français impeccable. « On a traversé deux fois le Danube vers la Roumanie. Ici, par le triangle, on a tenté douze fois et par les frontières de la Croatie et de la Hongrie, sept fois. » Cette fois encore, la police roumaine les a expulsés vers le poste-frontière de Rabe, officiellement fermé à cause du coronavirus. « C’est dur, mais on n’a pas le choix. Mon mari a déserté l’armée de Bachar avec son arme. S’il rentre, il sera condamné à mort. »

    Qu’importe la hauteur des murs placés sur leur route et la terrible #répression_policière, les exilés du nord de la Serbie finiront tôt ou tard par passer. Comme le déplore les humanitaires, la politique ultra-sécuritaire de l’UE ne fait qu’exacerber leur #vulnérabilité face aux trafiquants et leur précarité, tant pécuniaire que sanitaire. La seule question est celle du prix qu’ils auront à paieront pour réussir le « game ». Ces derniers mois, les prix se sont remis à flamber : entrer dans l’Union européenne via la Serbie se monnaierait jusqu’à 2000 euros.

    https://www.courrierdesbalkans.fr/Refugies-contourner-la-Croatie-par-le-triangle-Serbie-Roumanie-Ho
    #routes_migratoires #migrations #Balkans #route_des_Balkans #asile #migrations #réfugiés #contournement #Bihac #frontières #the_game

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  • Réfugiés : #violences et #chaos dans le nord-ouest de la Bosnie-Herzégovine
    Traduit et adapté par Manon Rumiz (Article original : https://www.balcanicaucaso.org/aree/Bosnia-Erzegovina/Migranti-caos-Bosnia-204594)

    Squats démantelés, familles déportées et laissées sans aide au bord de la route, violentes manifestations anti-migrants.... Dans le canton d’Una-Sana (nord-ouest de la Bosnie-Herzégovine), la situation des réfugiés devient toujours plus dramatique.

    « C’est le chaos. » Voilà comment Silvia Maraone, qui coordonne les activités de l’ONG italienne Ipsia (https://www.facebook.com/IPSIA.BIH) à #Bihać, résume la situation actuelle dans le canton d’#Una_Sana, explosive depuis le milieu de l’été. « Les conditions imposées par le gouvernement local n’offrent plus de répit à personne. Même les familles, les femmes et les enfants n’ont plus accès aux #camps officiels. Quant aux transports en commun, ils sont désormais interdits aux réfugiés, ce qui permet aux trafiquants de faire des affaires encore plus lucratives. »

    Dans le même temps, la police expulse les #squats et tous les #camps_informels, renvoyant les réfugiés hors des frontières du canton. La population locale, de son côté, manifeste ouvertement son hostilité face à la présence massive de candidats à l’exil. Les agressions verbales et physiques se multiplient, ainsi que les attaques contre les volontaires.

    “Le canton d’Una Sana est plus que jamais le #cul-de-sac de la route des Balkans.”

    Du fait de la #pandémie et de la proclamation de l’#état_d’urgence, la situation s’est encore détériorée depuis le printemps. Les camps officiels, déjà pleins, n’accueillent plus de nouveaux entrants alors mêmes que les arrivées ont repris depuis la réouverture des frontières au mois de juin. Le canton d’Una Sana est plus que jamais le cul-de-sac de la route des Balkans, d’autant qu’à l’ouest, le jeu de domino entre les polices italienne, slovène et croate se poursuit, aboutissant au #refoulement des migrants interceptés dans cette zone frontalière de l’Union européenne.

    La seule réponse apportée par les autorités locales a été l’ouverture, en avril, d’un « #camp_d’urgence » à Lipa, entre Bihać et #Bosanski_Petrovac, dont le millier places a vite été rempli. Les squats se sont donc multipliés dans les #friches_industrielles et dans les bois. De toute façon, les migrants ne souhaitent pas rester ici et le « #game » continue : chaque jour, ils sont des centaines à tenter de déjouer la surveillance de la frontière croate avec l’espoir de ne pas être arrêté avant d’avoir atteint l’Italie.

    Le début du « chaos » qu’évoque Silvia Maraone remonte à la mi-juillet, avec l’expulsion du camp de fortune qui s’était créé à l’entrée de #Velika_Kladuša, près du camp officiel de #Miral, le long de la rivière #Kladušnica. Officiellement, l’opération a été déclenchée à cause des plaintes répétées des riverains. Début août, la police est revenue pour chasser les migrants qui avaient reconstitué un nouveau camp.

    « #Milices_citoyennes »

    Quelques jours plus tard, le maire de Bihać, #Šuhret_Fazlić, déclarait que la situation était aussi devenue insoutenable dans sa commune. « Cela n’a jamais été pire qu’aujourd’hui. Chaque jour, nous assistons à l’arrivée d’un flux incontrôlé de migrants. Il y en a déjà des milliers qui campent un peu partout. Une fois de plus, on nous laisse seuls », avant de conclure, menaçant : « Nous sommes prêts à prendre des mesures radicales ». Ce n’est pas la première fois que le maire de Bihać tire la sonnette d’alarme. Début 2018, au tout début de la crise, l’édile déplorait déjà le manque de soutien des autorités de la Fédération, l’entité croato-bosniaque dont dépend le canton, et nationales. À l’automne 2019, Silvia Maraone s’inquiétait aussi : « La situation ne fera qu’empirer dans les mois qui viennent si de nouveaux camps officiels ne sont pas ouverts d’urgence ».

    Selon les chiffres officiels, plus de 80% des réfugiés présents sur le sol bosnien se concentreraient dans le seul canton d’Una Sana. « Il sont plus de 5000, dont à peine la moitié hébergés dans des centres d’accueil officiels. Les autres dorment dans des bâtiments détruits ou dans les bois en attendant de tenter le game », poursuit Silvia Maraone. Ces dernières semaines, la population de Velika Kladuša a organisé des manifestations hebdomadaires contre la présence de migrants. Organisées sur les réseaux sociaux, ces rassemblements réunissent des habitants venus de tout le canton.

    Pire, des #milices citoyennes ont commencé à se mettre en place pour refouler les migrants. « Dans certains groupes Facebook, des membres signalent les plaques des véhicules qui transportent des migrants », observe Silvia Maraone. « Des routes ont même été bloquées, des pierres et des bâtons jetés sur les véhicules. » Ce n’est pas tout. « Des citoyens ont attaqué des migrants en pleine rue, tandis que les volontaires leur venant en aide se sont faits dénoncer à la police. » Le 17 août, les forces de l’ordre ont dû intervenir à Velika Kladuša où des dizaines de riverains s’étaient massés et avaient attaqué un bus où se trouvaient des migrants.

    Pour justifier de telles actions coup de poing, on trouve la rhétorique habituelle de l’extrême-droite complotiste : la prétendue violence de ces migrants et la menace qu’ils feraient peser pour la sécurité de la population locale. Des arguments balayés par les statistiques officielles, mais qui font mouche auprès de Bosniens fatigués par des décennies de divisions, de corruption et de misère.

    Deux jours après la violente manifestation du 17 août à Velika Kladuša, la cellule de crise du canton d’Una-Sana a décrété des mesures très dures : l’évacuation de tous les migrants vivant hors des structures d’accueil officielles, perquisition dans tous les lieux privés offrants des services aux migrants, interdiction de quitter les camps officiels, d’utiliser les transports en commun et d’entrer dans le canton pour tous les migrants. Des postes de contrôle ont aussi été mis en place sur les routes d’accès au canton.

    “Ils ont tout brûlé, vêtements, téléphones portables, sacs à dos. Ils nous ont frappés avec des matraques.”

    « Les personnes expulsées des squats n’ont pas toutes pu être accueillies au camp de #Lipa et ont été refoulées en #Republika_Srpska (l’autre entité de Bosnie-Herzégovine) », dénonce Silvia Maraone. « Même les familles avec enfants sont abandonnées sans aucune aide. » Ces restrictions à la #liberté_de_mouvement violent les #droits_humains fondamentaux, comme l’a dénoncé Amnesty International dans un communiqué, le 25 août. Le réseau Transbalkanska Solidarnost (https://transbalkanskasolidarnost.home.blog) demande aux autorités locales et aux organisations internationales de « mettre fin à la politique du silence », de condamner publiquement ces pratiques illégales, de poursuivre les responsables et d’assurer un accueil digne et sûr aux migrants.

    Transbalkanska Solidarnost a recueilli plusieurs #témoignages sur ces expulsions, dont celles de l’ONG No Name Kitchen à Bosanska Otoka. « Nous dormions dans une ancienne usine abandonnée près de Bihać quand la police est arrivée. Il devait y avoir 20 ou 25 policiers. Ils ont tout brûlé, vêtements, téléphones portables, sacs à dos. Ils nous ont frappés avec des matraques, puis nous ont expulsés ici où nous sommes sans nourriture, sans rien. Je me suis échappé d’Afghanistan pour me sauver et là je retrouve cette violence... Pourquoi ?! », se désole A., 16 ans. Selon les chiffres des associations, plus de 500 réfugiés se sont retrouvés bloqués sur la ligne de démarcation entre les deux entités bosniennes, personne ne voulant les prendre en charge.

    Malgré les menaces qui se font toujours plus fortes, les réseaux de #volontaires continuent de venir en aide aux migrants : distribution de produits de première nécessité, de vêtements et signalement des violences et des violations des droits. « Ce n’est pas facile », reconnaît Silvia Maraone. « Tout le monde vous regarde mal et ceux que vous aidez sont détestés… Nous restons prudents. » Son ONG, Ipsia ; intervient toujours dans le camp de Bira, géré par l’#Organisation_internationale_pour_les_migrations (#OIM) où elle gère le Café social et prépare un projet plus vaste, soutenu par des fonds européens, pour développer des activités, hors des camps, visant à améliorer les relations entre migrants et population locale. Il y a urgence. « Jamais le bras-de-fer avec le reste de la Bosnie n’a été aussi tendu. »

    https://www.courrierdesbalkans.fr/refugies-chaos-dans-le-nord-ouest-de-la-bosnie-herzegovine

    #asile #migrations #réfugiés #Bosnie #Bosnie-Herzégovine #Balkans #route_des_Balkans #camps_de_réfugiés #campements #IOM #extrême_droite #solidarité

    –-> « Quant aux transports en commun, ils sont désormais interdits aux réfugiés, ce qui permet aux trafiquants de faire des affaires encore plus lucratives »
    #ségrégation #transports_publics #transports_en_commun #apartheid

    –-> « l’#Organisation_internationale_pour_les_migrations (#OIM) gère le Café social et prépare un projet plus vaste, soutenu par des fonds européens, pour développer des activités, hors des camps, visant à améliorer les relations entre migrants et population locale. Il y a urgence. »
    En fait, ce qu’il faudrait faire c’est ouvrir les frontières et laisser ces personnes bloquées en Bosnie, où elles n’ont aucune intention de rester, de partir...

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  • Report of the fact-finding mission by Ambassador #Tomáš_Boček, Special Representative of the Secretary General on migration and refugees, to Bosnia and Herzegovina and to Croatia 24-27 July and 26-30 November 2018

    https://rm.coe.int/report-of-the-fact-finding-mission-by-ambassador-tomas-bocek-special-r/1680940259
    #Bosnie #Croatie #Bosnie-Herzégovine #asile #migrations #réfugiés #route_des_Balkans #Balkans #rapport #2018

    Commentaire reçu via la mailing-list Inicijativa Dobrodosli:

    Report by the Special Representative of the Secretary General on migration and refugees, Tomáš Boček, was published following his visit to Bosnia and Herzegovina and Croatia in 2018. In all areas covered by the Report; access to territory, access to asylum, reception, detention and returns, unaccompanied minors – numerous problems have been detected, followed by testimonies from refugees who have experienced violent pushbacks. Although the Report contains different data, contextual descriptions, perspectives of different actors and recommendations, the language of the Report is rather tepid and does not leave any impression of the urgency of resolving serious violations of human rights. The Report addressed, among others, violations concerning policy and practice of detaining children, specifically unaccompanied minors, the failure and unavailability of integration measures, seizing money for the purpose of covering expenses related to stay in detention center, the lack of access to legal aid and the lack of information about the grounds for detention.

    • La Bosnie, cul-de-sac pour les migrants

      Sur la route des Balkans, les demandeurs d’asile dénoncent la violence de la police croate aux portes de l’Union européenne.

      Le regard bute sur les montagnes, flanquées d’arbres pelés par l’hiver et recouvertes, à leur sommet, de nuages épais, si bien qu’on en discerne mal les contours. C’est vers cet horizon obstrué que s’engouffrent chaque jour des dizaines de personnes, dans l’espoir de passer, à pied, la frontière qui sépare la Bosnie-Herzégovine de la Croatie.

      La route migratoire qui traverse les Balkans a déporté ici l’une de ses étapes après que plusieurs États (dont la Hongrie et la Slovénie) aient fermé leurs frontières au nord de cet itinéraire. Depuis 2018, Afghans, Pakistanais, Syriens ou encore Algériens empruntent ce chemin après être arrivés en Europe par la frontière greco-turque, et être remontés par l’Albanie et le Monténégro ou bien la Macédoine du Nord et la Serbie. Les flux sont sans commune mesure avec ceux de 2015 mais l’application des Croates, pays candidat à l’entrée dans Schengen, à tenir leur frontière a transformé le nord-ouest de la Bosnie en cul-de-sac.

      « C’est une crise humanitaire créée de façon politique »

      Il y aurait entre 7 000 et 9 000 migrants dans le pays, essentiellement dans le canton d’#Una_Sana, limitrophe de la Croatie. Une partie vit dans des maisons ou des usines abandonnées, des gares, à la rue ou encore dans des bois. « C’est une crise humanitaire créée de façon politique », répète Peter Van der Auweraert, le représentant de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en Bosnie. Le pays offre moins de 5 000 places de mises à l’abri, gérées par l’OIM et financées par l’UE.

      Dans la ville frontalière de Bihac, où les stigmates de la guerre civile balafrent encore les édifices du centre-ville, une ancienne usine de réfrigérateurs accueille par exemple 2 000 personnes, dont 400 mineurs non accompagnés, dans des containers. Il arrive que la police limite les sorties des migrants, sans d’autre raison apparente que celle de réduire leur présence en ville. François Giddey, coordinateur de Médecins sans frontières (MSF) en Bosnie, déplore « un espace humanitaire extrêmement restreint car toute structure d’aide est considérée comme un facteur d’attractivité ».

      Tous les soirs, des policiers font descendre des dizaines de migrants du train en provenance de Sarajevo, à son entrée dans le canton d’Una Sana, dans la petite gare du village d’Otoka Bosanska. Cette nuit-là, ils sont une quarantaine à être débarqués. L’ONG Danish Refugee Council est autorisée à leur donner un snack avant qu’ils ne soient montés dans un bus pour être déposés deux kilomètres plus loin, en rase campagne, à la limite de la République serbe de Bosnie. « Des passeurs nous feront rejoindre Bihac », sait d’avance un Marocain.

      A leur tour, lui et d’autres tenteront leur chance à travers la frontière, un jeu de piste sans joie surnommé « game » par les migrants, qui fait son lot de gagnants et de perdants. Un matin de décembre, on croise une quinzaine de personnes qui ont rebroussé chemin. Hadi Sayed, un Syrien de 30 ans originaire d’Idlib, voyage avec son fils de 10 ans. « On a marché six heures et on a dormi dans une vieille maison dans la montagne, raconte cet homme. Mais le matin, il neigeait, alors on a abandonné ». C’est déjà la troisième fois que Hadi Sayed échoue à passer en Croatie.
      Refoulements illégaux et violents récurrents

      « La première fois, la police croate nous a attrapés alors qu’on avait passé la frontière, rapporte-t-il. Ils ont menacé de tuer ceux qui avaient tenté de fuir. Avant de nous ramener à la frontière, ils nous ont pris nos téléphones, nos sacs et notre nourriture et ils ont frappé ceux qui avaient tenté de cacher leur téléphone ». Les témoignages de migrants qui dénoncent les refoulements illégaux et violents sont ici récurrents.

      Début décembre, la commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatovic, a fait état de sa « grave préoccupation ». « J’ai déjà abordé ce sujet avec le premier ministre de Croatie en octobre 2018. La situation n’a fait qu’empirer depuis ».

      Dans le camp de l’OIM à Bihac, Mohamed Bilal présente une jambe droite fracturée et plâtrée. « Lors de ma troisième tentative, les policiers croates nous ont ramenés à la frontière et nous ont fait sortir de leur véhicule un par un, explique le jeune pakistanais. On a dû passer entre deux rangées de policiers qui nous ont battus avec des bâtons ». Ismatullah Rahemi, lui, se déplace en fauteuil roulant car ses deux pieds sont bandés et l’un est encore boursouflé jusqu’à la cheville par une infection. Cet Afghan assure que la police croate lui a confisqué ses chaussures à la frontière, malgré la neige. « Ils ont pris nos sacs, nos téléphones, nos habits et nos chaussures, et ils les ont brûlés, confie-t-il. Ensuite, ils nous ont frappés, ils nous ont poussés dans la rivière jusqu’au torse et ils nous ont laissés en caleçon et en tee-shirt. On a marché douze kilomètres ».

      A Velika Kladusa, une autre ville frontalière, dans une maison abandonnée, comme le pays – touché par l’émigration de sa propre population – en compte en grand nombre, six Algériens attendent que le « game » leur sourit, serrés dans une pièce glaciale de leur squat, sans eau, sans électricité, et aux fenêtres béantes. Ils ont déjà tenté trois ou sept fois, ont été arrêtés par les Croates après sept ou dix jours de marche dans la forêt. « On ne nous a pas laissés demander l’asile », jure l’un d’eux. Ils décrivent les mêmes pratiques, leurs affaires incendiées, les coups, le passage obligatoire par la rivière… Ils évoquent des hommes en uniforme noir ou bleu marine, cagoulés.
      « Dérive » d’une unité spéciale de la police

      Il arrive que des refoulements aient lieu bien au-delà de la ligne frontalière. Hamza, un Algérien de 27 ans, affirme avoir été repoussé depuis la Slovénie. Alaa Asar, Ahmed Aser, Mohamed Eldeyasty et El-Sayed Elmezayen, quatre Egyptiens de 17 ans rencontrés à Bihac, assurent qu’ils ont été refoulés alors qu’ils étaient présents en Croatie depuis plus d’un mois, hébergés et même scolarisés à Split. « Des policiers nous ont arrêtés devant un supermarché et renvoyés Bosnie », témoigne Alaa Asar. Contactée, la directrice du centre de services communautaires de Split (une institution publique de protection sociale à destination des enfants), Marija Tešija, confirme au Monde que les quatre jeunes « sont restés au sein de [l’]institution pendant le mois d’octobre ». « On est dans une Union où de plus en plus de gouvernements ne font même plus semblant de respecter leurs engagements européens », déplore un fonctionnaire européen.

      Le directeur de cabinet du premier ministre croate, Zvonimir Frka-Petesic, considère au contraire que « la police croate fait un travail à la fois efficace et humain, et fournit beaucoup d’efforts pour rendre la frontière la moins poreuse possible ». « A chaque fois qu’il y a eu des accusations, des enquêtes ont été diligentées et il n’y a aucun fait avéré », ajoute-t-il.

      Le 9 décembre, le site d’information croate Net.hr a pourtant évoqué dans une enquête la « dérive » d’une unité spéciale de la police, Corridor, créée en 2017 pour lutter contre les migrations illégales. L’unité se concentrerait sur l’expulsion vers la Bosnie voisine de migrants, prenant de plus en plus la forme de groupes opérationnels mobiles sans commandement formel. M. Frka-Petesic dément « catégoriquement » la présence à la frontière de policiers cagoulés, tels que souvent décrits par les migrants. « Il n’y a pas de milice d’appoint qui joue les shérifs », évacue-t-il.

      Interviewée par Net.hr, la médiatrice croate Lora Vidovic – l’équivalent du Défenseur des droits en France – dit ignorer l’existence d’unités spéciales mais évoque les « nombreuses plaintes de migrants », corroborées par des témoignages anonymes internes aux forces de l’ordre. Les 16 et 27 novembre, la police croate a blessé par balles deux migrants dans la région de Gorski Kotar, limitrophe de la Slovénie. Dans le premier cas, la version officielle veut que le policier ait glissé et tiré accidentellement.

      https://www.lemonde.fr/international/article/2019/12/30/en-croatie-on-ne-nous-a-pas-laisses-demander-l-asile_6024367_3210.html