Nul doute : à Hambourg, la résistance au G20 est dans la rue, déterminée. Hier soir, les messages s’accumulaient, qui s’émerveillaient des 20 000 à 25 000 manifestants défilant, dansant sur fond de musique techno. D’autres relayaient des numéros de téléphone pour obtenir une assistance juridique face au pouvoir policier, insistant sur le droit à « une opinion différente » (du libre-échangisme dominant).
Car ce jeudi commence le bastringue, qui voit converger les têtes des vingt premières puissances mondiales censées réfléchir de concert aux maux de la société. Crise financière, paradis fiscaux, environnement... De sommet en sommet, pourtant, les mauvaises langues relèvent que les grands de ce monde semblent moins intéressés par les solutions à ces problèmes qu’aux intérêts des sociétés domiciliées dans leurs pays respectifs.
Le choix du lieu pour la rencontre, tout proche du bastion antifasciste et de l’ultra-gauche Sankt Pauli, permettra peut-être à certains messages de la société civile de remonter jusqu’aux oreilles habituellement les plus hermétiques. Difficile, en tout cas, d’ignorer les 100 000 opposants au G20 attendus jusqu’au week-end, qui ont déjà trouvé leur slogan grâce à l’aide des forces de police : « Yes we camp », référence au célèbre slogan de la campagne présidentielle de Barack Obama et réaction aux évacuations de plusieurs parcs occupés par les tentes de camping, dans un premier temps autorisées par la justice.
« Normalement en Allemagne, quand un tribunal dit quelque chose, la police est tenue d’exécuter l’ordre. Mais pour nous, ça n’est pas le cas », déplorait hier, face caméra, l’une des assistantes juridiques des manifestants. Car ces campements, installés dans une certaine bonhomie, font peur. Si l’immense majorité des anti-G20 sont tout à fait pacifistes, les cagoules et drapeaux noirs y ont aussi leur place. Ce serait la raison pour laquelle l’Allemagne aligne, en face, 22 000 policiers, près de 30 hélicoptères et près de 50 canons à eau – déjà « testés » avant même le début officiel du sommet. Cette démonstration de force fera-t-elle baisser la violence ou mènera-t-elle à l’escalade ? Le reste des campeurs préféraient ces derniers jours militer pour une résistance pacifique mais affirmée face à un monde où le pouvoir se concentre entre quelques mains. A la fin du week-end, il sera plus commode d’insister sur la violence de certains manifestants que sur la brutalité d’une économie en crise et pourtant portée à bout de bras par nos dirigeants.