Le confessionnalisme politique prend, avec les déclarations de Saad Hariri et Najib Mikati, une tournure d’un grotesque achevé. Ça n’est pas nouveau, mais il faut vraiment insister là-dessus : Hariri et Mikati, régulièrement, dénoncent « l’humiliation » de « leur » communauté, les sunnites, qui seraient moins bien traités que « les autres » communautés.
Le piège est évidemment de discuter l’idée même que « les sunnites » ceci ou « les sunnites » cela. Il faut avant tout rappeler que Saad Hariri et Najib Mikati sont MIL-LI-AR-DAI-RES. Ils sont milliardaires – leur fortune est équivalente à celle de mille millionnaires – dans un pays dont plus du tiers de la population vit avec moins de 4 dollars par jour (seuil de pauvreté). Ils sont d’anciens Premier ministres, dans un pays dont même la capitale n’a pas l’électricité toute la journée. Mais comment peuvent-ils même oser parler de l’« humiliation » de « leur » communauté ?
Parce que la question du confessionnalisme, ça revient encore et toujours à se demander en quoi un libanais sunnite vivant avec 450 dollars par mois (salaire moyen) serait plus proche d’un milliardaire sunnite que d’un libanais chiite ou chrétien vivant lui aussi avec 450 dollars par mois. Et puisqu’on parle d’humiliation : pourquoi un sunnite survivant avec moins de 4 dollars par jours serait-il plus proche de Najib Mikati (fortune de 2,5 milliards de dollars) que d’un chiite survivant avec moins de 4 dollars par jours ?