Stephane M

Antiraciste

  • Nous vivons une affaire Dreyfus à l’envers
    Serge Grossvak de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP, organisation ouverte aux non juifs)
    http://www.ujfp.org/spip.php?article3765

    Derrière l’émotion, plus que justifiée, qui s’empare de notre pays, nous vivons une page majeure et structurante de l’histoire de la France. Nous vivons une affaire Dreyfus à l’envers. Si « l’affaire Dreyfus » était à l’initiative des forces progressistes et avait amené l’émergence des valeurs émancipatrices, cette phase critique que nous vivons actuellement est portée par les forces conservatrices porteuses du regard du dominant, du soumettant, du bon en guerre contre le mauvais . La France de Victor Hugo se ferme, la longue histoire rebelle et révolutionnaire s’enterre. Le camp de la « gauche de gauche » a du souci à se faire.
    ...

    Il faut se démarquer,il faut un NON de résistance. Parce que suivre le processus engagé nous mène au gouffre. L’affaire Dreyfus portait la haute valeur du combat contre l’injustice et en cela était prometteuse de progrès.Aujourd’hui, c’est à la guerre qu’est mené notre peuple et l’avenir est prometteur de désastres, comme la guerre mondiale que refusait Jaurès.
    ...

    Dire non, c’est le moment et un moment crucial. Permettez moi de vous faire part de ma petite expérience personnelle. Mon expérience des dernières 24h. Je suis horrifié par cette barbarie mais je ne suis pas Charlie, parce que je ne peux m’assimiler aux passages racistes. Je suis allé au rassemblement de ma ville où tout le monde était« Charlie » parce que le sens de cette appartenance était pour beaucoup un écœurement devant la violence. J’y suis allé différent, avec mon texte publié en tract, avec mon alerte contre l’engrenage de la guerre, l’engrenage de l’islamophobie. Bien sûr des officiels ont voulu me faire taire, mais l’accueil a été fécond, les discussions nombreuses, les idées alertées. Quelques personnes étaient déjà en guerre, mais beaucoup la refusait encore. J’ai poursuivi avec des amis la distribution de mon texte-tract (1 500 exemplaires, pour cette journée). Le sujet est brûlant et les discussions se suivent, l‘accueil est ouvert. Un événement symbole : ce commerçant affichant mon texte partout dans sa boutique, en imprimant lui même un paquet pour le diffuser. Un commerçant « de quartier populaire ».

    Vous aussi, dites non. Dites le avec votre cœur, simplement, à votre manière humaine, avec votre conscience de progressiste et ces valeurs humaines qui ont fait les meilleurs pages de notre histoire. Dites-le avec vos peurs et vos émotions, avec vos souffrances. Dites-le, beaucoup sont encore prêts à les entendre, à s’en émouvoir,à s’en interroger. Il n’est pas sûr que cela demeure bien longtemps. Notre capacité de résistance à ce retour de l’histoire ne dépend plus que de nos courages personnels.
    Soyons les premiers résistants à ce dévastateur retournement de l’histoire.

    • Il faut d’ailleurs, visiblement, remonter en 1885 (lors de l’enterrement de V. Hugo au Panthéon*) pour retrouver une manifestation de l’ordre de celle observée à Paris dimanche dernier, la boucle est bouclée...

      * (toute proportions gardée puisque nous étions moins de 40M de Fr)

      Sommes nous Charlie Brown, Charles DeGaulle ou Charles Hugo (son deuxièmes fils) ?

    • Écrit au lendemain de la Mort d’#Hugo :
      La légende de Victor Hugo, Paul Lafargue
      http://www.marxists.org/francais/lafargue/works/1885/06/hugo.htm

      Le premier juin 1885 Paris célébrait les plus magnifiques funérailles du siècle : il enterrait Victor Hugo il poeta sovrano. Pendant dix jours, la presse tout entière prépara l’opinion publique de France et d’Europe. Paris, un instant ému, par la promenade du drapeau rouge et les charges policières du Père Lachaise, qui revivifiaient les souvenirs de la Semaine sanglante, se remit à ne s’occuper que de celui qui fut « le plus illustre représentant de la conscience humaine ». Les journaux n’avaient pas assez de leurs trois pages — la quatrième étant prise par les annonces, —pour exalter « le génie en qui vivait l’idée humaine ». La langue que Victor Hugo avait cependant enrichie de si nombreuses expressions laudatives, semblait pauvre aux journalistes, du moment qu’elle était appelée à traduire leur admiration pour « le plus gigantesque penseur de l’univers », on recourut à l’image. Une feuille du soir, à court de vocables, représenta sur sa première page, le soleil plongeant dans l’océan. La mort de Hugo était la mort d’un astre. « L’art était fini ! ».