• Palmyre, c’est avant tout un terrible pénitentier où les pires tortures sont pratiquées - Catherine Gouëset - L’Express

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    Tout d’abord, je tiens à préciser que je n’ai aucunement exagéré les scènes de violence, de torture, d’humiliation par lesquelles moi et mes camarades sommes passés. Non seulement tout ce que je décris correspond à des choses vécues, mais je peux même dire que la maîtrise que j’ai de ma langue ne suffit pas à exprimer toute l’horreur à laquelle nous avons été confrontés.

    La brutalité des bourreaux s’explique sans doute par l’endoctrinement auquel ils ont été soumis. On a entré dans le crâne de ces soldats, des jeunes d’à peine 18 ou 19 ans au moment de leur recrutement, que les prisonniers sont des traîtres à la patrie, des espions d’Israël, des salopards... On leur a inculqué la haine de ces renégats.

    Le culte de la personnalité créé autour de Hafez-el-Assad, sa quasi déification dans un pays où il n’y a pas d’institutions dignes de ce nom, y est aussi pour quelque chose. On a enseigné à ces jeunes une dévotion absolue au « président éternel » avant de leur expliquer que tous ces prisonniers veulent sa perte, sa mort.

    Les geôliers ont aussi de véritables séances de formation à la torture, par exemple au moyen de planches où sont fixés des modèles de pieds en métal, afin qu’ils s’entraînent à frapper la plante des pieds à l’aide de câbles, pour causer le maximum de souffrance possible. Le régime s’efforce d’inculquer aux matons un sentiment de toute puissance vis à vis des prisonniers. « Il ne peut pas se défendre, alors vas-y, lâche-toi, tu peux l’écraser comme un cafard ». Le détenu est transformé en insecte et le geôlier en machine à broyer.