person:sophie wahnich

  • Rencontres aux ronds-points. La mobilisation des #gilets_jaunes dans un bourg rural de #Lorraine

    À partir de l’observation locale menée par le sociologue R. Challier, le mouvement des gilets jaunes révèle son pouvoir transformateur de la #conscience_de_classe.


    https://laviedesidees.fr/Rencontres-aux-ronds-points.html
    #classes_sociales #Raphaël_Challier

  • #bruno_amable
    (1) Les #gilets_jaunes sont avant tout en #mouvement - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2019/02/04/les-gilets-jaunes-sont-avant-tout-en-mouvement_1707375

    Le mouvement des gilets jaunes est difficile à cerner en raison de son mode de coordination, plus que « d’organisation », particulier : pas de leaders reconnus ou même autoproclamés, décentralisation, horizontalité etc.

    Y parvenir est un enjeu de #sciences_sociales mais aussi une question politique : quelles conséquences peut-on attendre d’une contestation sociale de cette ampleur ?

    La #composition_sociologique semble relativement simple à établir si on ne cherche pas une trop grande précision : classes populaires et moyennes, personnes actives, revenus plutôt modestes, situations de précarité…

    On apprend dans l’une d’elles (1) que 60 % des sondés qui soutiennent les gilets jaunes pensent que le #capitalisme devrait être réformé en profondeur alors que ce n’est le cas que de 35 % des personnes opposées à ce mouvement.

    85 % des personnes soutenant les gilets jaunes estiment que « l’#économie actuelle profite aux patrons aux dépens de ceux qui travaillent » ; 50 % tout de même des opposants aux gilets jaunes ont exactement la même opinion. Mais les deux groupes n’en tirent pas nécessairement les mêmes conclusions. 51 % des personnes soutenant « tout à fait » les gilets jaunes pensent qu’il faut prendre aux riches pour donner aux pauvres ; seulement 7 % de ceux qui ne les soutiennent « pas du tout » les suivent dans cette voie.

    Quant au « libéralisme culturel », les résultats de l’enquête sont conformes à la sociologie des soutiens des gilets jaunes. L’attitude vis-à-vis de l’immigration est à peine moins favorable que la moyenne des Français.

    chiffres :

    Le baromètre de la confiance politique, Cevipof, vague 10, janvier 2019 et « Les gilets jaunes ou le retour de la lutte des classes », Luc Rouban.

  • Gilets jaunes : peut-on analyser l’histoire en cours ?

    https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/gilets-jaunes-peut-analyser-lhistoire-en-cours

    L’un des mérites que l’on pourra indéniablement reconnaître aux #GiletsJaunes est bien celui d’avoir donné du pain sur la planche aux sciences sociales. Avant même d’en connaître l’issue, certains ouvrages se proposent déjà d’analyser le mouvement.

    Au lendemain de l’acte XII des Gilets jaunes, de ce nouveau samedi de mobilisation axé sur la dénonciation des violences policières, notamment à Paris, à la marche dite « des blessés » (dont la figure du mouvement est Jérôme Rodrigues), et alors qu’un appel à la grève générale a été lancé pour le 5 février 2019, retour sur l’étude d’un mouvement dit inédit par les sciences humaines et sociales…

    [Les Gilets jaunes], une sorte de défi, ou d’incitation, pour les sciences sociales à aller y voir de plus près.
    (Jean-Claude Monod)

    Car « Si les événements extraordinaires échappent aux explications ordinaires », ce n’est pas une raison pour baisser les bras.

  • Chroniques de la couleur

    Une grosse recension de textes (et autres médias) sur les Gilets Jaunes.

    Les liens cliquables sont par là :
    http://inter-zones.org/chroniques-de-la-couleur

    –—

    Sophie Wahnich : Les gilets jaunes et 1789 : Résurgences révolutionnaires, 18 Décembre 2018

    Achille Mbembe : Pourquoi il n’y aura pas de gilets jaunes en Afrique, 18 décembre 2018

    Michalis Lianos : Une politique expérientielle – Les gilets jaunes en tant que peuple, 17 décembre 2018

    Fanny Gallot : Les femmes dans le mouvement des gilets jaunes : révolte de classe, transgression de genre, 17 décembre 2018

    Stéphane Zagdanski : Réflexions sur la question jaune, 17 décembre 2018

    Yves Pagès : Bloqueurs de tous les ronds-points, rions jaune… et ne cédons rien, 17 décembre 2018

    Alessandro Stella : Gilets jaunes et Ciompi à l’assaut des beaux quartiers, 16 décembre 2018

    Juan Chingo : Gilets jaunes : Le retour du spectre de la révolution, 16 décembre 2018

    Pierre-Yves Bulteau : À Saint-Nazaire : Je ne suis pas en lutte, je suis une lutte, 15 décembre 2018

    Florence Aubenas : Gilets jaunes : La révolte des ronds-points, 15 décembre 2018

    Sarah Kilani et Thomas Moreau : Gilets jaunes : Pour la gauche, l’antifascisme ne doit pas être une option, 15 décembre 2018

    Anonyme : Danse imbécile ! Danse ! Notes sur le mouvement en cours, 14 décembre 2018

    Jean-Baptiste Vidalou : L’écologie du mensonge à terre, 14 décembre 2018

    Toni Negri : Chroniques françaises, 14 Décembre 2018

    David Graeber : Les gilets jaunes font partie d’un mouvement révolutionnaire plus large, 14 décembre 2018

    Jérôme Ferrari : On fera de vous une classe bien sage, 13 décembre 2018

    Etienne Balibar : Gilets jaunes : Le sens du face à face, 13 décembre 2018

    Jérôme Baschet : Pour une nouvelle nuit du 4 août (ou plus), 13 décembre 2018

    Andreas Malm : Ce que le mouvement des gilets jaunes nous dit du combat pour la justice climatique, 13 décembre 2018

    Collectif : Communiqué de la coordination de Saint-Lazare, 12 décembre 2018

    Michèle Riot-Sarcey : Les gilets jaunes ou l’enjeu démocratique, 12 décembre 2018

    Mathieu Rigouste : Violences policières : Il y a derrière chaque blessure une industrie qui tire des profits, 12 décembre 2018

    Leslie Kaplan : Un monde soudain devenu injustifiable aux yeux de tous, 12 décembre 2018

    Pierre Dardot et Christian Laval : Avec les gilets jaunes : Contre la représentation, pour la démocratie, 12 décembre 2018

    Jacques Rancière : Quelle égalité de la parole en démocratie ? 12 décembre 2018

    Collectif : Gilets jaunes : Une enquête pionnière sur la révolte des revenus modestes, 11 décembre 2018

    Cédric Durand et Razmig Keucheyan : Avec les gilets jaunes, pour une nouvelle hégémonie, 11 décembre 2018

    Cédric Durand : Le fond de l’air est jaune, 11 décembre 2018

    Joshua Clover : Les émeutes des ronds-points, 11 décembre 2018

    Joao Gabriell : À propos du discours de Macron du 10 décembre, 11 décembre 2018

    Femmes en lutte 93 : Acte V Gilets jaunes : La place des femmes et LGBT est dans la lutte, 10 décembre 2018

    Michelle Zancarini-Fournel : Le mouvement des gilets jaunes favorise la cohésion intergénérationnelle des milieux populaires, 10 décembre 2018

    Syllepse : Gilets jaunes : Des clefs pour comprendre, 10 décembre 2018

    Annie Ernaux : Il n’y a pas de nouveau monde, ça n’existe pas, 9 décembre 2018

    Alain Bertho : Il ne s’agit pas d’un simple mouvement social, 8 décembre 2018

    Jérôme Baschet : Lettre à celles et ceux qui ne sont rien, depuis le Chiapas rebelle, 8 décembre 2018

    Raoul Vaneigem : Les raisons de la colère, 8 décembre 2018

    Laurent Mucchielli : Deux ou trois choses dont je suis presque certain à propos des gilets jaunes, 8 décembre 2018

    Les Gilets Jaunes de St Nazaire et leur Maison du Peuple, 7 décembre 2018

    Appel des gilets jaunes de Commercy à la formation d’assemblées populaires, 7 décembre 2018

    Lundimatin : Ici La Réunion ! 7 décembre 2018

    Pierre Bance : L’heure de la commune des communes a sonné ! En soutien à l’appel de Commercy, 7 décembre 2018

    Alèssi Dell’Umbria : Marseille, Debout, Soulève-toi ! 7 décembre 2018

    Eric Hazan : Paris n’est pas un acteur, mais un champ de bataille, 7 décembre 2018

    Rafik Chekkat : À Mantes-la-Jolie, domination policière et humiliation de la jeunesse, 7 décembre 2018

    Etienne Penissat et Thomas Amossé : Gilets jaunes : des automobilistes aux travailleurs subalternes, 6 décembre 2018

    Plateforme d’Enquêtes Militantes : Une situation excellente ? 6 Décembre 2018

    Alain Bertho : Gilets jaunes : Crépuscule du parlementarisme, 6 décembre 2018

    Frédéric Gros : On voudrait une colère, mais polie, bien élevée, 6 décembre 2018

    Danielle Tartakowsky : Les gilets jaunes n’ont rien de commun avec Mai 68, 6 décembre 2018

    Ballast : Gilets jaunes : Carnet d’un soulèvement, 5 décembre 2018

    Frédéric Lordon : Fin de monde ?5 décembre 2018

    Eric Toussaint : Gilets jaunes : Apprendre de l’histoire et agir dans le présent - Des propositions à ceux et celles qui luttent, 5 décembre 2018

    Grozeille, Que leur nom soit Légion : À propos des gilets jaunes, 5 décembre 2018

    Samuel Hayat : Les Gilets Jaunes, l’économie morale et le pouvoir, 5 décembre 2018

    Sophie Wahnich : La structure des mobilisations actuelles correspond à celle des sans-culottes, 4 décembre 2018

    Stefano Palombarini : Les gilets jaunes constituent une coalition sociale assez inédite, 4 Décembre 2018

    Édouard Louis : Chaque personne qui insultait un gilet jaune insultait mon père, 4 décembre 2018

    Chantal Mouffe : Gilets jaunes : Une réaction à l’explosion des inégalités entre les super riches et les classes moyennes, 3 décembre 2018

    Yves Pagès : La façade du triomphalisme macronien ravalée à l’aérosol par quelques bons-à-rien, 3 décembre 2018

    Yannis Youlountas : Cours, gilet jaune, le vieux monde est derrière toi ! 3 décembre 2018

    Les Lettres jaunes, Bulletin de lecture quotidien des Gilets Jaunes, pour aller plus loin ! 3 décembre 2018

    Alain Bihr : Les gilets jaunes : pourquoi et comment en être ? 2 décembre 2018

    Gérard Noiriel : Pour Macron, les classes populaires n’existent pas, 2 décembre 2018

    Temps critiques : Sur le mouvement des Gilets jaunes, 1 décembre 2018

    Zadibao : Climat jaune et changement de gilet, 30 novembre 2018

    Plateforme d’Enquêtes Militantes : Sur une ligne de crête : Notes sur le mouvement des gilets jaunes, 30 novembre 2018

    Lundimatin : Le mouvement des Gilets Jaunes à la Réunion, 29 novembre 2018

    Sophie Wahnich : Postérité et civisme révolutionnaire, 28 novembre 2018

    Le comité Adama rejoint les gilets jaunes : Ce n’est pas une alliance au prix d’un renoncement politique, 27 novembre 2018

    Comité Adama : Si nous voulons changer notre destin, nous devons lutter dans la rue, 26 novembre 26

    Bruno Amable : Vers un bloc antibourgeois ? 26 novembre 2018

    Benoît Coquard : Qui sont et que veulent les gilets jaunes ? 23 novembre 2018

    Félix Boggio Éwanjé-Épée : Le gilet jaune comme signifiant flottant, 22 novembre 2018

    Anshel K. et Amos L. : Les amours jaunes, 21 novembre 2018

    Les Chroniques de La Meute, 18 novembre 2018

    Aurélien Barrau : À propos de la manif du 17 novembre, 15 novembre 2018

  • Sophie Wahnich : « La structure des mobilisations actuelles correspond à celle des sans-culottes », entretien avec Joseph Confavreux, Mediapart

    L’historienne Sophie Wahnich confronte la période actuelle avec la Révolution française, de La Marseillaise au portrait de Macron en Louis XVI : parallèles possibles, comparaisons outrées et potentialités à l’œuvre.

    Sophie Wahnich est historienne, directrice de recherche au CNRS, spécialiste de la Révolution française, à laquelle elle a consacré de nombreux livres, le dernier étant La Révolution française n’est pas un mythe, qui vient de paraître aux éditions Klincksieck. Dans cet ouvrage, elle poursuit la réflexion déjà à l’œuvre dans son précédent ouvrage, L’Intelligence politique de la Révolution française (Textuel, 2012), où elle jugeait qu’il ne fallait pas aller puiser dans le passé des « modèles », mais plutôt des « lumières », afin de transmettre « un esprit et des outils plus que des modèles ».
    Pour Mediapart, elle confronte les mobilisations actuelles, où La Marseillaise ne cesse d’être chantée et la référence à 1789 est assumée, avec la période révolutionnaire. Entretien.

    Comment une historienne de la Révolution française regarde-t-elle ce qui est train de se passer en France ?

    Sophie Wahnich : La scénographie qui se déploie ressemble sans doute davantage aux #séditions décrites en son temps par Machiavel dans les Discorsi qu’aux émeutes révolutionnaires dont le projet politique, même immanent, est sans doute plus clarifié. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de potentialités révolutionnaires dans ce qui se passe, d’autant que les raisons desdites séditions sont à chercher du côté d’une sorte de lutte de classe entre popolo minuto et popolo grosso et qu’elles sont déclenchées par les excès du popolo grosso, des grands.
    « Le plus souvent, nous dit Machiavel, les troubles sont causés par les possédants, parce que la peur de perdre engendre chez eux la même envie que chez ceux qui désirent acquérir. En effet, les hommes ne croient pas posséder en toute sécurité s’ils n’augmentent pas ce qu’ils ont. En outre, possédant déjà beaucoup, ils peuvent plus violemment et plus puissamment susciter des troubles. » À force de vouloir toujours dominer davantage et accumuler davantage et ainsi appauvrir et exaspérer le petit peuple qui, lui, veut simplement vivre dignement.

    Car selon Machiavel « le peuple désire n’être ni commandé ni opprimé par les grands, tandis que les grands désirent commander et opprimer le peuple ». Si, pour lui, tous les hommes sont « méchants », ils ne le sont donc pas à parts égales. Les grands ou la noblesse le sont par nature bien davantage que les autres car leur désir vise leur bien particulier tandis que le désir du peuple vise par nécessité un « bien » universel – la liberté de tous identifiée à leur sécurité.
    Cette dissymétrie des désirs n’est de fait pas réductible à un antagonisme ordinaire, à un simple conflit d’intérêts, ce qui s’y joue à chaque fois, c’est la possibilité d’inventer une conception de la liberté comme non-domination. Et cela, oui, a des potentialités révolutionnaires.

    Mais les données structurelles entre la période actuelle et la période révolutionnaire ne sont pas les mêmes. Entre la fin du XVIIe siècle et 1789 existe un processus d’élaboration de la liberté, une critique de l’autoritarisme, une acculturation aux Lumières qu’on retrouve aussi bien dans les couches populaires, avec les idées véhiculées dans les almanachs et les encyclopédies populaires, que dans les cercles lettrés qui fréquentent les académies et les salons.

    Le moment actuel paraît plus ambivalent. Bien sûr, les gens sont éduqués, et les lieux d’éducation populaire se sont multipliés, mais ils ne sont pas tous outillés de la même manière, les buzz sur les réseaux sociaux et la téléréalité ne préparent pas à résister à l’air du temps délétère, mais encouragent à se manifester.

    Le sentiment que nous avons d’une grande hétérogénéité politique du mouvement vient sans doute de là. Il n’y a pas de formation idéologique discursive unifiée, chacun a sa propre grammaire. Dans ce contexte de déréliction, les luttes se mènent dans l’événement et la contre-hégémonie culturelle d’extrême droite est loin d’avoir gagné la partie. C’est une bonne nouvelle d’avoir affaire à des gens « fâchés mais pas fachos ». Même si on voit un effort de l’extrême droite, en Allemagne ou aux Pays-Bas, de ramener les gilets jaunes de ce côté.

    Cela dit, la structure sociologique des mobilisations actuelles est très intéressante car elle correspond à celle des sans-culottes, en plus féminin. On a affaire, aujourd’hui comme hier, à des « hommes faits », pour reprendre l’expression de l’historien Michel Vovelle : des pères de famille, avec un travail, qui ne veulent pas que les générations suivantes vivent plus mal qu’eux. C’était en tant que tels, en tant qu’ils avaient fondé une famille et qu’ils voulaient une vie bonne que les sans-culottes faisaient la révolution.

    Ainsi le journal Le Père Duchesne d’Hébert interrogeait-il : « Braves sans-culottes, pourquoi avez-vous fait la révolution ? N’est-ce pas pour être plus heureux, foutre ? » Il jugeait qu’il « y a trop longtemps que les pauvres bougres de sans-culottes souffrent et tirent la langue. C’est pour être plus heureux, qu’ils ont fait la révolution ». C’est comparable aujourd’hui et, en cela, ce qui se passe en ce moment est très différent des émeutes de 2005 qui réclamaient la fin de l’invisibilisation, le respect et l’inclusion des habitants des banlieues ghettoïsées.

    L’autre point de comparaison, banal mais qu’il faut répéter, c’est l’inégalité de l’assiette de l’impôt. Les gravures de l’époque révolutionnaire montrent des figures populaires écrasées par des nobles et des clercs. Aujourd’hui, ce serait la même chose avec des banquiers ou des actionnaires, et les gouvernants qui les protègent. Le sentiment de commune humanité suppose une égalité devant l’impôt.

    Les gens aujourd’hui sont suffisamment conscients par expérience des dégradations du niveau de vie pour se rendre compte que la facture de l’écologie est inégalement répartie. Et ils refusent non pas la transition écologique, mais le fait que cela pèse inégalement sur les citoyens.

    Le troisième point de comparaison possible serait dans le fait que le pouvoir a été trop loin, et a perdu beaucoup de crédibilité. Avec une configuration particulière à notre époque, qui est que Macron a fait des promesses à droite et à gauche, donc que certains ont cru qu’il ferait une politique de père de famille, et qu’une partie d’entre eux est d’autant plus fâchée qu’il prend les traits d’un tyran.

    On entend aujourd’hui les mots « émeute », voire « insurrection », mais encore peu celui de révolution… Une révolution commence-t-elle toujours par des émeutes ?

    Non. La Révolution française n’a pas commencé par une émeute, mais comme une subversion, si on considère qu’elle débute avec les États généraux. Le 14 juillet, le peuple est dans la rue pour défendre ce qui a lieu de mai à juillet.

    Mais il peut y avoir des apprentissages qui circulent rapidement dans des périodes pré-révolutionnaires. Même si la plupart des gens qui manifestent aujourd’hui n’ont pas participé aux luttes contre la loi sur le travail, même si c’est pour beaucoup la première fois qu’ils manifestent, ils ont pu voir circuler des répertoires et n’arrivent pas dans la rue en toute naïveté.

    « Il n’y a pas de possibilité d’adresse au pouvoir, sinon les manifestations »

    Êtes-vous surprise de la place que tient La Marseillaise dans les mobilisations de ces dernières semaines ?

    Je pense que c’est grâce/à cause du foot. Cela permet d’être ensemble, de chanter à l’unisson, d’être dans la joie du chœur. C’est une manière de produire des effets de foule, au sens traditionnel du terme. C’est un objet qui fait le lien entre chacun et permet à chacun de se sentir plus fort. S’il n’y avait pas le foot, et seulement l’école, les gens ne sauraient pas La Marseillaise et n’en auraient pas un tel usage.

    Mais c’est un usage dialectique. Il se trouve qu’en France, l’hymne national, contrairement à d’autres pays, est aussi un chant révolutionnaire. D’ailleurs, il me semble qu’il ne faut pas entendre les mots de ce chant du XVIIIe siècle avec les cadres d’aujourd’hui. Le fameux « sang impur », à l’époque, désigne la question du sacré et de la liberté qui est sacrée. Le sang impur est ainsi celui de ceux qui refusent la liberté. Peut-être qu’aujourd’hui, certains disent « sang impur » parce qu’ils sont fascistes, mais ce n’est pas le sens initial.
    Ce qui est vrai est que la mobilisation actuelle n’a pas de vision autre que nationale. Elle ne s’intéresse ainsi pas du tout à ce qui s’est passé récemment en Grande-Bretagne, avec le mouvement Extinction Rebellion. Toutefois, même si l’extrême droite est présente dans les manifestations, il y a une hétérogénéité des manifestants qui me paraît, factuellement, contraire à ce que veulent les mouvements d’extrême droite.

    Depuis samedi dernier, existe une focalisation sur la « violence » des manifestations, mais elle semble moins choquer que dans d’autres situations où le niveau de violence semblait pourtant moins fort. Comment l’expliquer ?

    Domine le sentiment que la violence produite dans les mobilisations est une violence retournée. Il y a là quelque chose de révolutionnaire, dans cette manière de retourner la violence subie. Pour que la violence puisse paraître acceptable, voire légitime, aux yeux de beaucoup, il faut qu’il y ait eu beaucoup de retenue avant.

    Ce qui se passe ressemble à la prise des Tuileries, qui ne se situe pas au début de la Révolution française, mais arrive après des tentatives calmes de réclamations en faveur de la justice, après que cela n’a pas marché. Cela crée une forme de violence qui rend quelque peu hagard, parce qu’on sent que c’est inévitable. Cela fait vingt ans qu’on répète que cela ne peut que « péter », donc quand ça pète, on ne peut trouver ça complètement illogique ou illégitime.

    Pendant la Révolution, le citoyen Nicoleau, de la section de la Croix-Rouge, avait défendu l’idée d’un peuple « véritable souverain et législateur suprême » qu’aucune autorité ne pouvait priver du droit d’opiner, de délibérer, de voter et par conséquent de faire connaître par des pétitions le résultat de ses délibérations, les objets et motifs de ses vœux. Il espérait « que les Français ne se trouvent pas dans la fâcheuse nécessité de suivre l’exemple des Romains, et d’user contre les mandataires, non du droit humble et modeste de pétition, qu’on a cherché à leur ravir, mais du droit imposant et terrible de résistance à l’oppression, conformément à l’article 2 de la déclaration des droits ».

    Abbé Grégoire. Paris, BnF, département des estampes, 1801.
    Abbé Grégoire. Paris, BnF, département des estampes, 1801.
    L’abbé Grégoire disait également : « Si vous ôtez au citoyen pauvre le droit de faire des pétitions, vous le détachez de la chose publique, vous l’en rendez même ennemi. Ne pouvant se plaindre par des voies légales, il se livrera à des mouvements tumultueux et mettra son désespoir à la place de la raison… » Nous y sommes.
    En France, il n’y a que le droit de vote et pas de possibilité d’adresse au pouvoir, sinon les manifestations. Macron n’aime pas les corps intermédiaires, mais sans corps intermédiaires le tumulte est vite là.

    Comment comprenez-vous que les références à Mai-68, ou même à la Commune de Paris souvent citée dans les mobilisations contre la loi sur le travail, soient nettement moins présentes que celles à la Révolution française ?

    La Commune demeure une référence du mouvement ouvrier et une référence intellectuelle. Elle intéresse certains groupes mais pas l’universalité des citoyens. Et puis elle n’est pas si joyeuse que cela, parce que la Commune demeure une défaite, tandis que la Révolution française est, au moins partiellement, une vraie victoire. Même si celle-ci n’a pas été totale, la Restauration n’a pas permis de retour à l’Ancien Régime pur et simple, et il est plus agréable de se référer à une victoire qu’à une défaite.

    En outre, les gilets jaunes n’appartiennent pas au mouvement ouvrier, même s’ils peuvent être ouvriers. Beaucoup n’ont jamais manifesté auparavant, ce qui était aussi le cas dans les mobilisations contre Ben Ali en Tunisie.

    Et, contrairement à 1968, l’enjeu n’est pas libertaire, il est familial. En 1968, il s’agissait d’inventer une vie fondée sur d’autres normes. Ici, il s’agit davantage d’une forme de lutte des classes, dans le rapport à l’État plus que dans les usines, qui fait que Mai-68 demeure une référence moins disponible que la Révolution.

    Tout le monde se demande vers quoi on peut se diriger maintenant. Est-ce que l’historienne possède quelques éclaircissements ?

    L’historien peut dire ce qui est nouveau dans le mouvement, faire le « diagnostic du présent », comme disait Michel Foucault, mais son travail n’est pas d’imaginer. Personne ne peut savoir où cela va, même pas ceux qui participent au mouvement. Même s’il est intéressant de voir que les gens assument ce qu’ils font, assument un geste politique et tragique, assument y compris l’impureté, alors que l’état ordinaire de l’époque est de ne plus assumer de gestes politiques.

    Les deux hypothèses actuelles, l’état d’urgence et la dissolution de l’Assemblée, sont toutes deux cohérentes. La première signifierait plus d’autoritarisme. L’autre conduirait à reconnaître que la crise politique est réelle et qu’il faut de nouveaux représentants. Une telle option prendrait alors une vraie dimension révolutionnaire.

    Mais si l’on veut défendre l’ordre néolibéral, il va falloir faire davantage de maintien de cet ordre aujourd’hui contesté, bien que cela semble compliqué, car ce qu’on vit, ce sont aussi les effets de la destruction progressive de l’appareil d’État, le fait qu’il y ait moins de policiers disponibles, et qu’il serait sans doute impossible de tenir en même temps Paris et la province.

    D’autant qu’on voit bien que beaucoup de policiers en ont ras-le-bol, et partagent certaines colères qui s’expriment. Si l’appareil d’État qui a le monopole de la violence est susceptible de basculer du côté des insurgés, c’est vraiment une révolution. On n’en est pas là, mais cela peut aller vite.

    Ce mouvement se place frontalement contre les lieux et symboles du pouvoir, que ce soit avec sa volonté d’atteindre l’Élysée ou de s’en prendre aux emblèmes du capitalisme mondialisé dans les quartiers huppés d’une métropole emblématique. Est-ce un indice du caractère révolutionnaire d’une lutte ?

    Je n’en suis pas certaine. On peut imaginer que l’extrême gauche a ainsi exprimé son anticapitalisme. Mais si on prend du recul, au départ, la mobilisation se fait sur les ronds-points. Aujourd’hui, elle se rapproche des lieux du pouvoir, parce que ce dernier ne répond pas à la colère.

    De ce point de vue, l’incendie de la préfecture du Puy-en-Velay me paraît davantage symptomatique. Elle a été attaquée comme on pouvait, à l’époque révolutionnaire, brûler les châteaux sans vouloir nécessairement tuer les châtelains. Ici, il me semble qu’on s’en prend davantage aux symboles d’un pouvoir républicain qui fabrique des mauvaises lois qu’aux lieux de l’argent.

    #histoire

  • Vers une civilisation de la gratuité Observatoire international pour la gratuité - Septembre 2018
    http://appelgratuite.canalblog.com/archives/2018/09/21/36722740.html

    Alors que le vieux monde de la marchandisation systématique s’achève, expliquent les auteurs de cette tribune, il est temps de faire place à une nouvelle civilisation, celle de la gratuité économiquement, socialement, écologiquement et politiquement construite.

    L’Observatoire international de la gratuité (OIG) lance une mobilisation continue pour mettre la question de la gratuité du service public au cœur des prochaines élections municipales et de la reconstruction d’un projet global d’émancipation.

    Cette mobilisation se fait en trois temps forts : la publication début septembre du livre-manifeste #Gratuité vs #Capitalisme, signé par Paul Ariès au nom de l’OIG (éditions Larousse), le lancement d’un appel national le 1er octobre et l’organisation d’un forum national le samedi 5 janvier 2019 à Lyon.

    Vous pouvez signer cet appel en suivant ce lien : http://appelgratuite.canalblog.com/archives/2018/09/21/36722740.html

    Le vieux monde s’achève et ne peut prolonger artificiellement son existence qu’en sacrifiant le climat, les écosystèmes, les communs et plus d’un milliard d’êtres humains. Ce vieux monde crève de la marchandisation systématique de tout ce qui peut l’être. Il ne s’agit pas seulement d’un changement de politiques ni même de société mais de civilisation. Un autre monde existe déjà autour des expériences de gratuité qui se développent mondialement.

    Nous parlons bien sûr d’une gratuité construite, économiquement construite, mais aussi socialement, écologiquement, anthropologiquement et bien sûr politiquement construite. Le livre-manifeste Gratuité vs Capitalisme, signé par l’Observatoire international de la gratuité, rend compte de toutes les formes de gratuité existantes et à développer dans une perspective d’égalité sociale, de préservation du climat et des écosystèmes et de démocratie réelle. Comme nous y invitait le poète Rimbaud, il y a urgence à redevenir des voyants et à prendre conscience que des milliers d’ilots de la gratuité peuvent devenir demain des archipels et après-demain de véritables continents.

    Nous, toutes et tous, amoureux et amoureuses de la gratuité de l’#eau et de l’#énergie élémentaires, des #transports en commun urbains et des TER, de la restauration scolaire, des services culturels et funéraires, etc., nous clamons que l’heure est venue d’en finir avec une gratuité d’accompagnement du système, la gratuité pour les seuls naufragés, une gratuité qui ne va jamais sans condescendance ni flicage, pour passer à une véritable gratuité d’émancipation qui commence non seulement à démarchandiser, à démonétariser, mais aussi à sortir d’une conception individualiste des besoins. La gratuité est un chemin qui conduit à une société des usagers davantage maîtres de leurs usages.

    Nous voulons la gratuité du bon #usage face au renchérissement du mésusage. Pourquoi payer son eau le même prix pour faire son ménage et pour remplir sa piscine privée ? Ce qui vaut pour l’eau vaut aussi pour l’ensemble des communs.

    Nous voulons que la gratuité soit la condition pour repenser le contenu social, écologique, démocratique du #service_public dans le but d’en finir avec le capitalisme et son monde.

    Au moment où les débats fleurissent à propos des prochaines élections municipales, nous vous invitons à faire de la défense et de la promotion de la sphère de la gratuité un enjeu essentiel des prochains scrutins, nous appelons toutes les personnes de bonne volonté à partager les fruits des mille et une formes de gratuité et à coopérer pour faire pousser cette belle idée.

    http://appelgratuite.canalblog.com

    Les initiateurs de l’appel

    Paul Ariès (Observatoire international de la gratuité, OIG, rédacteur en chef de la revue Les Zindigné.e.s), Gabriel Amard (Co-président d’une association nationale de soutien à la gestion citoyenne et publique de l’Eau. Orateur national de la France insoumise), Danielle Simonnet (coordinatrice du PG, conseillère municipale de Paris), Eric Coquerel (coordinateur du PG, député France Insoumise), Viktor Dedaj (administrateur du site Le Grand Soir), Pierre Zarka (Observatoire des Mouvements sociaux, OMOS, Association des Communistes Unitaires/Ensemble !, ancien député communiste, ancien directeur du journal L’Humanité), Nathalie Perrin-Gilbert (Maire du 1er arrondissement de Lyon, conseillère municipale et métropolitaine de Lyon), Clémentine Autain (Députée FI, Ensemble !), Olivier Besancenot (dirigeant national du NPA), Jean-Michel Drevon, (Institut de recherche de la FSU), Alain Coulombel (secrétaire national adjoint EELV), Thomas Coutrot (économiste, ATTAC-France), Laurence de Cock (coordinatrice générale de la Fondation Copernic), Christophe Aguiton (sociologue, militant syndical et politique), Agnès Sinaï (Président de l’institut Momentum), Aurélie Trouvé (économiste et ingénieure, ATTAC-France), Francine Bavey (Coopérative Ecologie sociale), Myriam Martin (Ensemble !, Conseillère régionale FI d’Occitanie), Magali Giovannangeli (Présidente de la communauté d’agglomération d’Aubagne de 2011 à 2014), Pierre Khalfa (Fondation Copernic), Willy Pelletier (Fondation Copernic), Julien Bayou (EELV, Conseiller régional île de France), Maud Assila (secrétaire national du PG), Claudio Calfuquir, secrétaire national du PG), Laurence Pache (secrétaire nationale du PG), Sarah Legrain (secrétaire nationale du PG), Emilie Marche (conseillère régionale RCES, PG-FI), Jean-Christophe Sellin (secrétaire national du PG et membre du conseil régional d’Occitanie), Benoît Schneckenburger (Philosophe, FI), Mounia Benaili (PG), Corinne Morel-Darleux (Secrétaire national du PG et Conseillère régionale), Leila Chaibi (oratrice nationale de la FI, Co-fondatrice des collectifs jeudi noir et Génération précaire), Julien Poix (PG), Sophie Rauszer (PG), Theophile Malo (PG), Marie Laure Darrigade (PG), Hélène Le Cacheux (secrétaire national du PG), Fabienne Grebert (élue régionale RCES), Andréa Kotarac (Conseiller régional FI), Patrick Le Moal (Fondation Copernic), Noël Mamère (ancien député EELV et ancien Maire de Bègles), Patrick Farbiaz (Coopérative Ecologie sociale), Jean-Francois Pellissier (co porte-parole d’ ENSEMBLE !), Vincent Buard (Porte-parole de la cellule Ensemble ! des français de l’étranger), Serge Latouche (professeur émérite d’économie politique, courant de la décroissance), Germain Sarhy (village Emmaüs Lescar-Pau), Philippe Boursier (Fondation Copernic), Christine Poupin (porte parole du NPA), Denis Vichérat (co-président de la maison d’édition Utopia), Marc Humbert (Professeur émérite d’économie politique, vice-Président de l’association des amis des convivialistes), Pierre-François Grond, Sophie Wahnich (historienne), Jean Gadrey (économiste, ATTAC), Gustave Massiah (économiste, altermondialiste), Roger Martelli (historien, directeur de la revue Regards), Fabrice Flippo, Alain Véronèse, Jean-Louis Sagot-Duvauroux (homme de théâtre, penseur de la gratuité), Jacques Testart, Christian Vélot, Florent Bussy (philosophe et rédacteur les Zindigné.e. s/OIG), Thierry Brugvin (OIG, courant antiproductiviste), Bernard Gensane (administrateur du site Le Grand Soir), Maxime Vivas (administrateur du site Le Grand Soir)

    Les « premiers signataires »

    Ian Brossat (PCF, maire adjoint de Paris), Pierre Laurent (secrétaire national du PCF), André Chassaigne (Président des députés communistes à l’Assemblée nationale), Alain Bruneel (député communiste du Nord), Yvon Quiniou (philosophe), Raymond Zaharia (ATTAC, réseau Semences paysannes), Isabelle Granjon (conseillère municipale et conseillère du 1er arrondissement de Lyon), Elliott Aubin (Adjoint à la maire du 1er arrondissement de Lyon), Laurence Boffet (Conseillère du 1er arrondissement de Lyon), François Geze, Geneviève Azam (économiste, ATTAC-France), , Christine Bergé, Gilbert Rist, Didier Harpagès, Brigitte Giry (EELV), Sandrine Larizza (militante CGT, membre de la coopération intégrale du lyonnais), Tony Ferri, Jean-Pierre Garnier, Laurence Lyonnais, Laurent Paillard (Philosophe, rédacteur les Zindigné.e.s), Yann Fiévet (socio-économiste, rédacteur les Zindigné.e. s), Michel Husson (Economiste), LAURO Silvio (Adhérent à l’April pour la liberté de l’informatique, de l’information pour la coopération), Sylvie Larue (Association des Communistes Unitaires/Ensemble !), Roland Scheer (ACU/Ensemble !), Makam Rafatdjou (ACU/Ensemble !), Pierre Golberg (ACU/Ensemble !), Catherine Bottin-Destrom (ACU/Ensemble !), José Touar (ACU/Ensemble !), Pierre Cours-Salies (ACU/Ensemble !), Luc Quinton (ACU/Ensemble !), Christiane de Dryuer (ACU/Ensemble !), Patrick Daré (ACU/Ensemble !), Michel Mourereau (Observatoire des mouvements sociaux, OMOS), Bénédicte Goussault (OMOS), Benoit Borrits (OMOS), Daniel Vergnaud (OMOS), Josiane Zarka (OMOS), Laure Pascarel (co-Présidente de la maison d’édition Utopia), David Flacher (porte parole du mouvement Utopia), Jean-Pierre Hardy (membre d’Utopia, conseiller municipal d’Auzeville (31)), Franck Pupunat (co-animateur du mouvement Utopia), Jean-Luc Pasquinet (Objecteur de croissance), Enzo Traverso, Cyril CINEUX (Adjoint PCF au maire de Clermont-Ferrand en charge des transports), Martin Rieussec Fournier (cofondateur LJH et Generations Cobayes), Gilles Lemaire, Jean-Pierre Hardy (Conseiller municipal), Gérard Leras (ancien Vice-Président de la région Rhône-Alpes, Vice- Président d’AGTER), Pascal Franchet (président du cadtm France), Bruno Della Sudda (militant altermondialiste et autogestionnaire, membre d’Ensemble !-Nice), Pascal Boissel (psychiatre, Union syndicale de la psychiatrie), Catherine Samary, économiste, membre du Conseil scientifique d’Attac, Jérémie Nestel (fondateur de Libreacces), Patrice Grevet (Économiste, Professeur honoraire à l’université Lille 1), Josef Zisyadis (ancien député national suisse, Président de Slow food Suisse), Catherine Gonnet (OIG), Luc et Christian Terras (revue Golias), Simon Lecomte (OIG), Charlotte Belge (OIG), Michel Guibert (OIG), Maurice Levy (OIG), Camille Lecomte (OIG), Christian Sunt (objecteur de croissance, Décroissance Occitanie), Christian Causse (FI et militant CGT), Eliane Vioennot (linguiste), Benoit Reiss (codirecteur des éditions Cheyne et poète), Pierre Lafond (PCF), Michel Lepesant (Maison commune de la décroissance), Baptiste Mylondo, Chloé Landriot (enseignante, poétesse), Paul Zveguinzoff (psychologue clinicien, formateur et coordinateur de l’association Agir pour sa santé), Jean-Pierre Garnier (sociologue urbain), Jean-Luc Roques (Maître de conférence Université de Perpignan), Christopher Pollmann (Professeur des universités agrégé de droit public), Vincent Lhuillier (Maître de conférence en Economie), Sophie Ozanne (ancienne élue municipale NPA à Louviers), Olivier Tonneau (Enseignant-chercheur à l’université de Cambridge), Christian David (altermondialiste, ATTAC), Roger Winterhalter (Maire honoraire de Lutterbach, ancien conseiller régional et représentant de la Maison de la citoyenneté mondiale), Alain Desjardin, Jacques Bidet (Professeur émérite à l’université de Paris-Nanterre), Alima Boumédienne Thiery (avocate), Didier Epsztajn, Renda Belmallem (étudiante, objectrice de croissance), Willy Gianinazzi, Bernard Duterme (Centre Tricontinental), Abderrahim Afarti (bibliothécaire Paris), Emmanuelle Vibert (journaliste), Eliane Viennot (chercheuse et féministe), Benoit Reuss (éditeur et poète), Jean-Pierre Siméon, Nelly Pégeault, Loiseau Pierre., Antoine Math, chercheur, Janie Arnéguy (Conseillère Municipale Ensemble ! Nîmes), Noémie Moreaux (luthier), Gilbert Guilhem (CGT), Sylvie Colin, Lysianne Cavallo, Alice Grinand (coordonnatrice des communications au Comité de Solidarité/Trois-Rivières), Monique Kaiser, Pascal Taine, Guillaume Tanneux (FI) , Anne Quecy (retraitée EN), Caroline CHATEAUX, Elise Lowy, Olivier Montigny, José Tovar, Martine Auzou (enseignante retraitée), Didier Epsztajn, animateur du blog « entre les lignes entre les mots », Germain Anne (docteur en médecine), Catherine Peltier (Alternatiba et Attac 14), Dominique Bouchery (musicien, France Insoumise), Martin Rieussec-Fournier (co-fondateur #LesJoursHeureux et Générations Cobayes), Serge Seninsky, Jean-Luc FLAVENOT (Assistant de Conservation aux Archives Départementales du Rhône, Élu CGT des personnels du Département du Rhône, Membre du PCF), Stef Vincent, Juliette Bouchery (comédienne et auteure, Insoumise et membre de collectifs citoyens), Danielle Montel, Pierre Fauconnier (retraité, projets opensource et apiculture de loisir), Aurélien Murith, musicien, membre de la Fédération anarchiste, Sylvie Giosa (salariée précaire, membre de la SFEPM et du GMHL, associations pour la protection de l’environnement), Chrysis Caporal, élue à Champigny sur Marne (EELV), Françoise Boireaud (Citoyenne engagée et défenseuse syndicale CGT), Chantal Zamblera (psychologue à la retraite), membre de la France insoumise), Axel Bony (Professeur d’EPS, Militant Snep-FSU 91), Philippe Gastrein (agrégé en SVT, animateur de groupe d’action de la France Insoumise), Christophe Didion Employé de la fonction publique, Adhérent d’associations comme Attac, l’April et Sortir du nucléaire), Amandine Touzeau, Docteure en Biologie, Alain AUMONT, Pierre Goldberg, Hervé Gatignol, animateur bénévole de Lab’idouillerie, ressourcerie autogérée et atelier participatif (vélo, bidouille) de l’association Rien Ne Se Perd, Michèle Kiintz (ACU), Jean Brafman (LFI), Guillaume Dubourg, Brunet Marc (Attac 84), Hubert Nadin - Collectif citoyen du pays de Dieulefit, Monique et Jean-Pierre Jeannin, Claire Hilgers (Belgique), David LEMUHOT (Ingénieur formation), Clémence Dethier, Sylvain BERNARD, Pierre Namur, Jeanine Fradin, Bérangère Toussaint, Héléna Aerts, Michel Barthélémy, Michel G. Dehon (Belgique, Membre mpOC et du CADTM), Pauline Oppé, Jean-Pierre Quayret, Benjamin Roy, Cécile Daude (Maître de Conférences de Grec retraitée), Damien Pennetreau, Rosemarie OSTER-GRELLETY, Robin Pringels, Danielle Montel (OMOS, ACU, Technicienne pharmacologue Retraitée de SANOFI), Brigitte Bonnefille, Eric Soriano, Robin Gérard, Daniel Vergnaud, technicien, OMOS, Maxence GALLICE, Bruno THIERY, Pierre Sarramagnan-Souchier, Gérard Bertre (FI), Tereza Estarque (Institute d’ Étude de la Complexité), Bruno Cadez (Militant communiste), Jean-Jacques Pascal (Utopia), Jean Pires, Christian Demey, Anne Querrien, JP Denotte, Antoine De Santis (retraité), Damienne Derreumaux, DarrietLionel, Patrick flambard, Vincent Bruyère, Brun Ludovic, Marcel Lopez, Eric Goujot, Christophe BLANCKAERT, Liliane Guillerm , Franck Barske (anarchiste, décroissant, délégué syndical CGT),Valérie Carlenc, Gilles Guiniot, Jocelyne Prudhon, Joaquin Valdivielso (Université de les îles Baléares, Majorque, Spain), Jean-Michel Cléricali, Karinne Grennier, Michel Peyrache, Eole Bonneault, Jocelyne Guillochet, Simon Olivieri ( ingénieur commercial / Norvège), Fanny Dulin, Agnès Ricciardi, Maxime Malecki, Jean-Pierre Cattelain, Dominique Liot (Ex Robin des bois de l’énergie, Ex Monteur eRDF à la retraite ), Bertrand Dubard de Gaillarbois, Angela Bovo, Marco Candore, Cédric Azière, François Roux (FI Briançon), Chantal Behar, Odile VEILLERETTE, Claudie BLANC URBITA, Marie Pichevin, Pascal Bonnefond ( chercheur), Bernard Lombardo, Hafid El Mehdaoui, Patrice Moingeon, Jean-Pierre Gay (retraité - France Insoumise), Jean Lafont (Membre du Comité exécutif de Mouvement Ecolo), Lucile DAUMAS (Retraitée), Isabelle Catalan, Yves Jean, Nicole ROGER (Militante associative), Jean Paul VANHOOVE, François Bonnes, Etienne Adam syndicaliste militant des droits de l’homme Caen, Jean Rouveyrol, Alain steinberg, Bernard Clément, Marie-Line Clément, Anne Lamouille, Xavier Sengelen, Pierre-Yves Chatagnier, Catherine Peltier (retraitée, militante associative), Régine Pactat, Mohand ACHERAR (écologue et millitant altermondialiste), Philippe Bayer, Gwenhaël Blorville (docteur en sociologie et rédacteur en chef de La Gazette de Gouzy), Agnès Bonnaud , Valérie Dessey, Didier COUPEAU, Marie-Christine Callet, Jean-Michel Masson, Louis Moreau de Bellaing (membre du MAUSS), Laurent Eyraud-Chaume, comédien, Benoît de Cornulier, Caroline Guibet Lafaye (CNRS – Centre Émile Durkheim), Richard Larmenier, Pascal PAQUIN (Militant associatif), Bernard Clément (Mouvement politique Ensemble ! 52), François Caussarieu (mouvement ENSEMBLE ! ), Monique Demare, Vincent Buard, Claude Layalle, Daniel Lessard, Denys Piningre (Cinéaste documentariste)

    Repris par, entres autres :
    https://reporterre.net/La-gratuite-porte-de-sortie-du-capitalisme
    https://www.legrandsoir.info/vers-une-civilisation-de-la-gratuite-33870.html

  • Débordements sur Papier - Ulule

    https://fr.ulule.com/debordements-revue

    Ce premier numéro papier de la revue Débordements sera en grande partie consacré au travail de David Simon. Ancien journaliste pour le Baltimore Sun, auteur de deux enquêtes magistrales consacrées à l’Amérique urbaine (Homicide : A Year in the Killing Streets et The Corner : A Year in the Life of an Inncer-City Neighborhood, co-écrit avec Ed Burns), il a été le showrunner de The Wire, série généralement considérée une des meilleures de l’histoire de la télévision.

    –-----

    L’édito :

    Edito #4 - Débordements
    http://www.debordements.fr/tigres-de-papier

    u commencement, il y avait quelques ami.e.s autour d’une table de salon – ainsi que toutes sortes de choses à boire et à grignoter.

    Au commencement, il y avait le projet, vague, de créer une « revue en ligne ». Une de plus ? Oui, mais nous étions suffisamment ignorants de ce qui existait pour ne pas nous en soucier. Débordements, puisque ce serait son nom, croiserait des pratiques d’écriture, des rapports au cinéma, des temporalités ; et, aussi bien, les juxtaposerait, les opposerait peut-être. De l’université à la critique, de la critique à l’université – ces champs auxquels nous appartenions à peine étaient autant des points d’arrivée que de départ. Quelques rubriques, aux noms élémentaires : « critique », « recherche », « traduction », « entretien »,... Sur la page d’accueil, une mosaïque permettrait d’avoir un aperçu des dernières publications – composant ainsi une image en mouvement de notre travail.

    Nous n’avions qu’une certitude : il fallait aller voir ailleurs. Sortir de la fac pour se risquer à l’exercice de la critique. Sortir de France pour voir ce qui s’écrivait dans d’autres langues. Sortir du cinéma pour aller voir comment il entrelaçait ses puissances avec la vidéo, la bande dessinée, Internet, la photographie... Certains chantiers sont restés en plan. D’autres se sont développés tant bien que mal – avec les moyens du bord.

    A travers les six textes qui le constitue, écrits par des critiques de cinéma (Gabriel Bortzmeyer, Jean-Marie Samocki, Raphaël Nieuwjaer), des historiens (Sophie Wahnich), des autrices-traductrices (Emilie Notéris) ou des universitaires (Dork Zabunyan, sous réserve), ce dossier permettra de ressaisir le cheminement et les modulations d’une oeuvre d’une grande cohérence et d’une ampleur exceptionnelle. Avec une attention égale portée aux mini-séries (The Corner, Generation Kill, Show Me a Hero) et aux séries (The Wire, Treme, The Deuce), il constituera à notre connaissance la seule monographie consacrée à un auteur de télévision.❞

    #revue #nouvelle_publications #débordements

  • « Pensées des charnières » - Rencontre et discussion avec Sophie Wahnich
    https://grenoble.indymedia.org/2018-05-21-Pensees-des-charnieres-Rencontre

    Vendredi 25 mai à 9H30 « Pensées des charnières » - Rencontre et discussion avec Sophie Wahnich, historienne spécialiste de la Révolution française autour de l’articulation savoirs et politique à partir de l’expérience Tenons et Mortaises : http://tenonsetmortaises.net Campus SMH : Centre de Langues/Luttes Vivantes - CLV

    #Agenda

    http://tenonsetmortaises.net

  • Commencer, #Histoire de révolution, par Sophie Wahnich (été 2017)
    http://www.vacarme.org/article3040.html

    Une révolution, comme chacun sait, c’est à la fois un ébranlement et un retour. On sait moins qu’en matière de révolution le retour du passé est inséparable de l’ébranlement, qu’une révolution c’est la reprise (non la répétition) des essors et des élans passés. À condition qu’un peu de magie s’en mêle… et que le présent déborde le passé. À lire maintenant et demain pour apprendre à faire la révolution avec l’Histoire, pour commencer avec le passé, pour penser déjà à nos futurs débordements.

  • Entretien avec Miguel Abensour
    Persistance de l’utopie

    http://lavoiedujaguar.net/Entretien-avec-Miguel-Abensour

    Disparu le 22 avril 2017, Miguel Abensour répondait, en 2010, aux questions de Sophie Wahnich pour la revue Vacarme.

    « Ernst Bloch engage à penser la mort à partir du temps et non plus, comme chez Heidegger, le temps à partir de la mort. Penser la mort à partir du temps, à partir de l’avenir utopique, n’abolit pas le scandale de la mort, mais lui enlève jusqu’à un certain point son dard, en ce qu’un nouveau regard peut être jeté sur elle. Loin d’être l’exclusive signification du temps, la voie vers l’authenticité, la mort est abordée autrement. « L’extase première est ici l’utopie et non plus la mort » écrit Levinas. La mort est détrônée de sa position de maître absolu, étant incluse dans le temps, comprise en fonction du temps de l’utopie, d’un temps à venir où la relation à l’autre est déterminante. Si, du côté de Heidegger, le temps pensé à partir de la mort incline vers la finitude, il n’en va pas de même du temps pensé à partir de l’utopie, de son mouvement qui ouvre sur l’infini de l’utopie, l’infini du temps assigné à l’utopie. »

    #Miguel_Abensour #entretien #utopie #totalitarisme #émancipation #Ernst_Bloch

  • Le conflit politique : logiques et pratiques
    https://soundcloud.com/laviemanifeste/sets/le-conflit-politique-logiques-et-pratiques

    Nous choisissons d’organiser ce colloque à la veille des élections présidentielles. Mais bien au-delà de la critique du modèle parlementaire de la politique, il s’agit surtout d’essayer de comprendre ce qui s’impose à nous : des guerres « asymétriques » à la « crise » écologique, des développements du capitalisme aux luttes locales qui cherchent à les contrer. Tout cela configure une situation nouvelle, qui oblige à reprendre la notion même de politique, et par là même à vérifier que cette notion, loin de renvoyer à une essence transhistorique, ne peut être conçue qu’au présent. Durée : 2h28. Source : La vie manifeste

    • Retour sur les pratiques des luttes.

      Bernard Aspe, La pensée du conflit

      Olivier Feltham, L’action politique et ses contextes disjoints

      Sophie Wahnich, Révolution, guerre civile, lutte entre deux classes pendant la Révolution française

      Catherine Hass, Nom de guerre : contre-enquête.

      Le modèle de la guerre. Discussion avec la salle

      Jodi Dean, Communicative capitalism and the subject of politics

      Dalie Giroux, Marx indigène : un devenir-terrien du communisme

      Maria Kakogianni, Queeriser la luttes des classes : conflits, antagonismes, diférrances.

      Alain Badiou, La politique : les deux voies, les deux lignes et les deux classes.

      La politique de l’économie ou la politique contre l’économie. Discussion avec la salle

      Bernard Aspe. Retour sur la première journée du colloque

      David Gé Bartoli, Une Révolution cosmique

      Sophie Gosselin, Rendre justice à la Terre

      Frederic Neyrat, L’esprit du communisme et la condition planétaire

      Patrizia Atzei, L’universalité comme extension de la politique

      Extension de la politique. Discussion avec la salle

      Erik Bordeleau, Finance dans l’Undercommons

      Olivier Sarrouy, La gouvernementalité numérique / libérale comme tactique politique

      Jacques Rancière. Formalismes. Formes sensibles. Formes de vie. Discussion avec la salle

  • Encore une tribune :

    Contre l’intimidation technologique des manifestants, pour la liberté d’expression et de manifestation
    Arié Alimi, avocat ; Pouria Amirshahi, député ; Pascal Anger, secrétaire national du SNEP-FSU ; Ariane Ascaride, actrice ; Danielle Auroi, députée ; Isabelle Attard, députée ; Étienne Balibar, professeur de philosophie ; Olivier Besancenot, facteur ; Éric Beynel, co-délégué général, Solidaires ; Laurent Binet, romancier ; Fréderic Bodin, secrétaire national, Solidaires ; Sylvain Bourmeau, journaliste ; Jean-Louis Brochen, avocat ; Dominique Cabrera, cinéaste ; Jean-Jacques Candelier, député ; Michel Cantal-Dupart, urbaniste, architecte ; Fanélie Carrey-Conte, députée ; Patrice Carvalho, député ; Pierre-Antoine Chardel, enseignant-chercheur en sciences sociales ; Pascal Cherki, député ; Hervé Christofol, secrétaire général, Snesup-FSU ; Antoine Comte, avocat ; Philippe Corcuff, maître de conférences, philosophie ; David Cormand, secrétaire national EELV ; Sergio Coronado, député ; Cécile Duflot, députée, ancienne ministre ; Pascal Durand, député européen ; Annie Ernaux, écrivaine ; Aude Évin, avocate ; Éric Fassin, sociologue ; Jean-Pierre Fraisse, conseiller municipal, père de Rémi Fraisse ; Léon Lef Forster, avocat ; Jacqueline Fraysse, députée ; Jean-Marie Gleize, écrivain ; Cécile Gondard-Lalanne, co-déléguée générale, Solidaires ; Robert Guédiguian, réalisateur ; Fréderic Hocquard, conseiller de Paris ; Leslie Kaplan, écrivaine ; Samy Johsua, professeur des universités, sciences de l’éducation ; Pierre Khalfa, coprésident, fondation Copernic ; Razmig Keucheyan, maître de conférences, sociologie ; Aude Lalande, ethnologue ; Robert Linhart, écrivain ; Virginie Linhart, auteur, réalisatrice ; Noel Mamère, député ; Philippe Marlière, politiste ; Jean-Luc Mélenchon, député européen, ancien ministre ; Marie-José Mondzain, directrice de recherches, philosophie ; Gérard Mordillat, romancier, cinéaste ; Heitor O’Dwyer de Macedo, psychanalyste ; Claude Ponti, auteur ; Philippe Queyras ; Christian Salmon, écrivain et chercheur ; Jean-Marc Salmon, chercheur en sciences sociales ; Gisèle Sapiro, directrice de recherches, sociologie ; Éva Sas, députée ; Danielle Simonnet, conseillère de Paris ; Bernard Stiegler, philosophe ; Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste ; Philippe Torreton, acteur ; Dominique Tricaud, avocat ; Antoine Volodine, écrivain ; Sophie Wahnich, directrice de recherches, historienne, Mediapart, le 22 juin 2016
    https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/220616/contre-l-intimidation-technologique-des-manifestants-pour-la-liberte

    #Tribune #Manifestations #France #Répression #Liberté_d'expression #NuitDebout #Crise_de_2016

  • Contre la criminalisation du mouvement social
    https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/010616/contre-la-criminalisation-du-mouvement-social

    Alors que l’appel du parquet contre la libération de trois des quatre personnes arrêtées dans le cadre de l’enquête sur l’incendie d’une voiture de #police le 18 mai dernier à Paris est examiné jeudi 2 juin, plus de 25 intellectuels, dont Etienne Balibar, Ludivine Bantigny, Jacques Rancière ou encore Sophie Wahnich, lancent un appel contre des procédures qui « ne sont commandées que par un souci de réprimer le mouvement contre la #loi_Travail ». « Nous appelons à déceler, traquer et rendre public les agissements et les abus de cette sorte de #police_politique », écrivent-ils.

    #répression #justice

  • Une tribune dans Libé pour défendre #Aude_Lancelin, responsable des pages Débats de #l'Obs :

    A « l’Obs », un #licenciement très politique
    Collectif, Libération, le 25 mai 2016
    http://www.liberation.fr/debats/2016/05/25/a-l-obs-un-licenciement-tres-politique_1455023

    Denis Podalydès Acteur Etienne Balibar Philosophe Claude Lanzmann Réalisateur Emmanuel Todd Démographe et historien Michela Marzano Philosophe Julia Cagé Economiste Alain Badiou Philosophe John MacArthur Directeur du magazine Harper’s La Rumeur Groupe Jérôme Prieur Auteur et réalisateur François Bégaudeau Ecrivain Christian Salmon Essayiste Jacques Rancière Philosophe Laurent Binet Ecrivain Raphaël Liogier Sociologue et philosophe Bernard Stiegler Philosophe Gérard Mordillat Ecrivain et réalisateur Stéphanie Chevrier Editrice André Orléan Economiste Christian Laval Sociologue Pierre Dardot Philosophe Hugues Jallon Editeur Michaël Fœssel Philosophe Cédric Durand Economiste Chloé Delaume Ecrivaine Geoffroy de Lagasnerie Sociologue Guy Walter Ecrivain et directeur de la Villa Gillet Chantal Jaquet Philosophe Razmig Keucheyan Sociologue Edouard Louis Ecrivain Frédéric Schiffter Philosophe Jacques de Saint-Victor Historien Caroline de Haas Militante féministe Christine Delphy Sociologue Benjamin Stora Historien Mathieu Terence Ecrivain Bernard Lahire Sociologue Roland Gori Psychanalyste Elsa Dorlin Philosophe Patrick Chamoiseau Ecrivain Anne Dufourmantelle Psychanalyste Annie Ernaux Ecrivaine Guillaume Le Blanc Philosophe Ollivier Pourriol Philosophe Hervé Le Bras Démographe François Gèze Editeur Sophie Wahnich Historienne Lydie Salvayre Ecrivaine Quentin Meillassoux Philosophe Romain Bertrand Historien François SchlosserAncien rédacteur en chef du Nouvel Observateur. Edwy Plenel Fondateur de Mediapart et Jean-Pierre Dupuy Philosophe.

  • « Dans l’horrible situation où nous sommes, faire entendre la voix de la vérité »
    Sophie Wahnich
    http://www.vacarme.org/article2886.html

    La logique de Robespierre est celle d’une cité rachetée par une minorité qui peut avoir raison contre la majorité ; un seul, même, peut avoir raison contre tous et ainsi sauver la cité en la libérant de l’erreur, grâce à sa sensibilité et à son courage.
    Vouloir contre cette raison de l’événement libérateur faire un sondage, un référendum, ou fabriquer du discrédit, c’est toujours récuser l’épreuve intempestive de la vérité.

  • Frémir plutôt que réfléchir
    La stratégie de l’émotion
    Anne-Cécile Robert

    Illustration : Jean-Baptiste Greuze. - « Une jeune fille, qui pleure son oiseau mort », 1765 Bridgeman Images - Scottish National Gallery, Edinburgh

    Il en est de la démocratie comme des grenouilles. Une grenouille jetée dans une bassine d’eau bouillante s’en extrait d’un bond ; la même, placée dans un bain d’eau froide sous lequel le feu couve, se laisse cuire insensiblement. De multiples phénomènes se conjuguent pour « cuire » insidieusement les démocraties, à rebours de l’effet que produit un coup d’Etat avec ses militaires et ses arrestations d’opposants sur fond de Sambre-et-Meuse tournant en boucle à la radio. Tel l’innocent frémissement d’une eau qui bout, les dégâts occasionnés n’apparaissent jamais qu’au fil d’une juxtaposition dédramatisante. Les combustibles qui alimentent le feu sous la marmite ont été abondamment décrits ici et là (1). On s’est, en revanche, assez peu arrêté sur le rôle que joue l’invasion de l’espace social par l’émotion. Les médias y contribuent abondamment, sans qu’on mesure toujours ce que ce phénomène peut avoir de destructeur pour la démocratie et la capacité de penser.

    Il suffit de taper « l’émotion est grande » sur un moteur de recherche pour voir défiler une infinité de nouvelles, du banal fait divers aux attentats qui ont récemment ensanglanté l’actualité de Beyrouth à Ouagadougou. Ainsi, « l’émotion est grande » dans le monde après les crimes du 13 novembre dans la capitale française ; mais elle l’était aussi quelque temps auparavant à Petit-Palais-et-Cornemps après l’accident de bus qui a coûté la vie à 43 personnes (FranceTV Info, 24 octobre 2015), à Calais lors de la démolition des bâtiments du vieil hôpital (France 3, 20 novembre 2015) ou encore à Epinac, d’où est originaire Mme Claudia Priest, enlevée en Centrafrique début 2015 (Journal de Saône-et-Loire, édition d’Autun, 21 janvier 2015). Elle l’était également en fin d’année « pour Brigitte, enfin locataire d’un appartement, qu’elle a pu meubler grâce aux clubs de services du Mont-Dore » (Les Nouvelles calédoniennes, 6 janvier 2016).

    On pourrait prolonger à l’infini une liste d’exemples qui ne traduit aucune hiérarchie autre que celle du ressenti réel ou supposé des populations et de ceux qui les observent. Les médias ne sont pas seuls à jouer de l’accordéon émotionnel. Les responsables politiques s’y adonnent également, notamment lorsqu’il s’agit de masquer leur impuissance ou de justifier, comme si elles relevaient de la fatalité, les mesures qu’ils s’apprêtent à prendre. Il en est ainsi en matière migratoire, où la précaution compassionnelle est de mise avant de se lancer dans l’explication alambiquée de l’impuissance européenne. De M. François Fillon, député du parti Les Républicains, au premier ministre Manuel Valls, « insoutenable » fut sans doute le mot le plus employé pour qualifier l’image du petit réfugié syrien Aylan Kurdi gisant sans vie sur une plage de Turquie, le 2 septembre 2015, avant qu’on décide de ne rien faire pour tarir les sources du désespoir migratoire. Dans un registre moins tragique, les commentateurs ont souligné l’« émotion » du ministre des affaires étrangères Laurent Fabius scellant, des larmes dans la voix, un accord pourtant bien fragile à la fin de la 21e conférence des Nations unies sur le climat (COP21) à Paris (2). Enfin, devant les maires de France, le 18 novembre 2015, le président François Hollande eut un lapsus révélateur : il évoqua « les attentats qui ont ensangloté la France ».

    Foules mutiques des marches blanches

    Paravent de l’impuissance ou de la lâcheté politique, le recours à l’émotion peut avoir des conséquences dramatiques immédiates. Ainsi, l’avocat de M. Loïc Sécher, Me Eric Dupont-Moretti, a qualifié de « fiasco dû à la dictature de l’émotion » l’erreur judiciaire dont a été victime son client. Ouvrier agricole, M. Sécher avait été accusé de viol par une adolescente. Après des années d’emprisonnement, il s’est finalement vu innocenter par le témoignage de celle-ci, devenue majeure, qui a reconnu avoir tout inventé. Comme dans l’affaire d’Outreau, la justice a rencontré les plus grandes difficultés à revenir sur une décision erronée, prise sous l’empire de récits aussi imaginaires que spectaculaires et du souci, bien légitime, de protéger des mineurs de mauvais traitements. Les simplifications médiatiques, le culte du « temps réel », les réseaux sociaux n’encouragent pas la sérénité dans ces affaires délicates.

    Au-delà de la simple sortie de route politico-médiatique, l’émotion devient l’un des ressorts majeurs de l’expression sociale et du décryptage des événements. Même les chefs d’entreprise sont incités à faire de leur « intelligence émotionnelle » un outil de management, tandis que leurs salariés peuvent y recourir pour obtenir une augmentation (3). L’un des symboles les plus visibles de l’invasion de l’espace public par l’émotion est le phénomène grandissant des marches blanches. La plupart du temps spontanées, celles-ci rassemblent, à la suite d’un accident ou d’un crime particulièrement odieux, des foules parfois immenses à l’échelle des villes et des villages où elles se déroulent. La première eut lieu en 1996 en Belgique, lors de l’arrestation du pédophile Marc Dutroux. Elles sont dites « blanches » car elles renvoient à la non-violence et à l’idéal de paix. Elles expriment l’indignation face à des agissements aussi insupportables qu’incompréhensibles.

    Aucun slogan, aucune revendication ne les accompagne. Des foules délibérément mutiques s’ébranlent, plaçant souvent en tête de cortège des enfants, symboles d’innocence et de foi dans l’avenir, portant parfois des bougies. Le philosophe Christophe Godin y voit l’expression d’une « crise de société » caractérisée par l’« empire des émotions » auquel « cette pratique donne un écho considérable » (4). Ces processions des temps nouveaux sont à rapprocher de la valorisation omniprésente de la figure de la victime, parée de toutes les vertus et à laquelle on rend un hommage absolu, sans s’interroger, par un processus d’empathie. « Cela aurait pu être moi », répètent significativement les personnes interrogées sur un fait divers tragique ou criminel. Toute catastrophe s’accompagne ainsi du déploiement théâtral de cellules d’aide psychologique. Les procès de la Cour pénale internationale prévoient désormais des espaces de parole pour les victimes, sans lien avec les nécessités de la manifestation de la vérité dans une affaire donnée, ni interrogation sur les chocs préjudiciables à la sérénité des délibérations que peuvent provoquer ces témoignages souvent aussi sensationnels qu’inutiles.

    Le culte de la victime a trouvé en France une illustration symptomatique dans le projet - finalement abandonné - de transfert au Panthéon des cendres d’Alfred Dreyfus, objet d’une campagne antisémite d’une rare violence dans les années 1890. Ne confond-on pas ici victime et héros ? Le capitaine n’a fait que subir douloureusement les événements ; à aucun moment il n’a agi d’une manière qui le distingue. A l’opposé, le lieutenant-colonel Georges Picquart, congédié du ministère de la guerre et radié de l’armée pour avoir dénoncé le complot ourdi contre Dreyfus, pourrait bénéficier à bon droit de l’attention des panthéonisateurs les moins regardants et rejoindre Emile Zola. Autre exemple de confusion victimaire : le choix de rendre hommage aux victimes des attentats de Paris dans la cour des Invalides, lieu pensé par Louis XIV pour les soldats blessés au front. La cérémonie a accordé une large place à l’émotion, mise en scène devant les caméras. Le psychologue Jacques Cosnier va jusqu’à parler d’une société « pathophile (5) ». La philosophe Catherine Kintzler s’inquiète quant à elle de la « dictature avilissante de l’affectivité (6) ».

    L’émotion pose un redoutable défi à la démocratie, car il s’agit, par nature, d’un phénomène qui place le citoyen en position passive. Il réagit au lieu d’agir. Il s’en remet à son ressenti plus qu’à sa raison. Ce sont les événements qui le motivent, pas sa pensée. Les marches blanches n’ont aucune conséquence pratique : la justice demeure sans moyens, la société continue de se décomposer. D’ailleurs, on n’a encore répertorié aucune marche blanche pour le suicide d’un chômeur ou l’assassinat d’un inspecteur du travail. « L’émotion est subie. On ne peut pas en sortir à son gré, elle s’épuise d’elle-même, mais nous ne pouvons l’arrêter, écrivait Jean-Paul Sartre. Lorsque, toutes voies étant barrées, la conscience se précipite dans le monde magique de l’émotion, elle s’y précipite tout entière en se dégradant (...). La conscience qui s’émeut ressemble assez à la conscience qui s’endort (7). »

    A la « stratégie du choc (8) » décryptée par Naomi Klein, faut-il ajouter une « stratégie de l’émotion » ? La classe dirigeante s’en servirait pour dépolitiser les débats et pour maintenir les citoyens dans la position d’enfants dominés par leurs affects. L’émotion abolit la distance entre le sujet et l’objet ; elle empêche le recul nécessaire à la pensée ; elle prive le citoyen du temps de la réflexion et du débat. « L’émotion s’impose dans l’immédiateté, dans sa totalité, nous explique M. Claude-Jean Lenoir, ancien président du cercle Condorcet-Voltaire. Elle s’impose au point que toute conscience est émotion, est cette émotion. L’émotion demeure l’ennemie radicale de la raison : elle n’essaie pas de comprendre, elle "ressent". On doit cet état de fait contemporain sans doute aussi à l’influence et à l’émergence des réseaux sociaux. De distance, aucune ! On "tweete", on "gazouille" à tour de bras. Se dégradent le sens critique, la culture, la recherche de la vérité. On "balance". »

    La valorisation de l’émotion constitue ainsi un terreau favorable aux embrigadements guerriers des philosophes médiatiques toujours prêts à soutenir une guerre « humanitaire », à l’instar d’un Bernard- Henri Lévy dans l’expédition de Libye en 2011. Mais aussi un terreau plus quotidiennement favorable aux mécaniques du storytelling (9) et aux fausses évidences du populisme. A la veille de l’élection présidentielle de 2002, l’agression du retraité Paul Voise, montée en épingle par les médias, avait suscité un déluge de discours réactionnaires sur la « lutte contre la délinquance ». Dans son fameux discours de Dakar, en 2008, M. Nicolas Sarkozy avait pu affirmer : « Je crois moi-même à ce besoin de croire plutôt que de comprendre, de ressentir plutôt que de raisonner, d’être en harmonie plutôt que d’être en conquête... »

    Mais la marche blanche vient aussi combler un vide laissé par les formes collectives d’action, comme le syndicalisme ou le militantisme politique. Il n’est sans doute pas anodin, d’ailleurs, que le phénomène soit né en Belgique, aux grandes heures de la décomposition de l’Etat central, et qu’il se soit particulièrement développé dans le nord de la France, où la désindustrialisation a eu des conséquences dévastatrices sur le tissu social. Face aux souffrances et à la crainte de l’avenir, l’émotion réhumanise ; elle s’oppose au cynisme. Elle fait aussi du bien. Elle soulage d’autant plus qu’elle est partagée, comme lors d’une cérémonie aux Invalides. Elle conjure brièvement le sentiment pesant de l’impuissance en permettant une communion, certes un peu primitive, face à la dureté des temps. « Un téléspectateur ému chez lui par un crime ou par le massacre de Charlie Hebdo est seul, explique encore Godin. La marche blanche lui permet de partager son émotion. Le phénomène est évidemment social. Et en même temps très équivoque. » En ce sens, l’émotion ne traduit-elle pas un désir confus de « (re)faire société », de retisser le lien social ?

    Interrogée sur l’absence de processus révolutionnaire dans une France pourtant en pleine régression sociale et politique, l’historienne Sophie Wahnich explique (10) que la révolution de 1789 peut aussi s’analyser comme l’aboutissement d’un long processus de politisation de la société, entamé au sein des assemblées communales de l’Ancien Régime. Les Français avaient pris l’habitude d’y échanger d’abord sur les affaires locales ; ils perpétuèrent cette habitude lors des événements liés à la convocation des états généraux durant l’année 1789. La profondeur de la crise politique actuelle tient aussi au fait que cet espace public a progressivement disparu.

    Si donc la marche blanche est en quelque sorte le stade primaire du ravaudage du tissu politique, la perspective change. Elle est ainsi « implicitement politique », selon Godin ; il y voit une récrimination non dite contre la puissance publique qui « ne protège plus ». On se souvient que la première marche, en Belgique, avait aussi pour but de protester contre l’incurie de la police et de la justice dans la poursuite d’un criminel qui avait échappé à leur vigilance. Pour contribuer à la reconstruction de la démocratie, le processus devrait alors prolonger les liens tissés dans l’émotion et mener à leur politisation progressive.

    La métaphore de la grenouille trouve d’ailleurs un pendant chez Voltaire, qui racontait l’histoire de deux d’entre elles tombées dans une jatte de lait. La première se met à prier sans bouger, finit par s’enfoncer et se noie ; la seconde se débat tant et si bien que le lait devient beurre. Elle n’a plus alors qu’à prendre appui sur cet élément solide pour sauter hors de la jatte.

    Note(s) :

    Jean-Baptiste Greuze. - « Une jeune fille, qui pleure son oiseau mort », 1765 Bridgeman Images - Scottish National Gallery, Edinburgh
    (1) Lire par exemple Jean-Jacques Gandini, « Vers un état d’exception permanent », Le Monde diplomatique, janvier 2016.
    (2) Lire Philippe Descamps, « Le pari ambigu de la coopération climatique », La valise diplomatique, 19 décembre 2015.
    (3) Cf. David Goleman, L’Intelligence émotionnelle, J’ai lu, coll. « Bien-être », Paris, 2003. Lire Manière de voir, no 96, « La fabrique du conformisme », décembre 2007-janvier 2008.
    (4) Christophe Godin, « "La marche blanche est un symptôme d’une société en crise" », L’Obs, Paris, 26 avril 2015.
    (5) Jacques Cosnier, Psychologie des émotions et des sentiments, Retz, Paris, 1994.
    (6) Catherine Kintzler, « Condorcet, le professeur de liberté », Marianne, Paris, 6 novembre 2015.
    (7) Jean-Paul Sartre, Esquisse d’une théorie de l’émotion. Psychologie, phénoménologie et psychologie phénoménologique de l’émotion, Hermann, Paris, 1938 (rééd. : Le Livre de poche, Paris, 2000).
    (8) Naomi Klein, La Stratégie du choc. La montée d’un capitalisme du désastre, Actes Sud, Arles, 2008.
    (9) Lire Christian Salmon, « Une machine à fabriquer des histoires », Le Monde diplomatique, novembre 2006.
    (10) Conférence publique à l’université de Nancy, 26 octobre 2015.

    Source : Le Monde diplomatique - Février 2016, p. 3

    #démocratie

  • L’état d’urgence et la post-démocratie
    https://actualitedesluttes.info/?p=645

    Aujourd’hui nous recevions Sophie Wahnich. Elle est docteure en histoire, son travail porte sur la Révolution française, et le temps présent. Nous revenons sur le délitement de la démocratie représentative au profit de la gestion sécuritaire. Elle est membre du conseil d’urgence citoyenne. Durée : 1h06. Source : Fréquence Paris Plurielle

    http://actualitedesluttes.info/wp-content/uploads/2016/02/160204.mp3

  • entretien avec le fantôme de Maximilien Robespierre, par Sophie Wahnich
    http://www.vacarme.org/article2846.html

    Depuis les attentats du 13 novembre 2015, le mot « guerre » est redevenu prononçable dans l’espace public. Pensez-vous que ce soit une bonne ou une mauvaise chose ?

    Je suis adepte d’un langage de vérité, et il est difficile de cacher plus longtemps cet état de fait. La France fait effectivement la guerre à quantité d’organisations islamiques djihadistes, partout elle envoie des soldats, mais aussi des tueurs ou des drones pour accomplir des assassinats ciblés qui ne sont désormais inconnus que de ceux qui ne veulent pas savoir. Depuis ma condition de fantôme, je l’observe depuis un moment. On pourrait dire qu’enfin les Français prennent conscience qu’une guerre se mène en leur nom.

    Cette méconnaissance vient à mon sens des institutions de votre Ve République. (…)

  • Refusons l’état d’urgence

    Sophie Wahnich

    Nous avons déjà assisté au rapatriement de la gendarmerie au sein du ministère de l’Intérieur, ce qui tend à brouiller la frontière entre police et armée, à faire rentrer la police dans un régime d’action militaire. C’était le cas à Sivens, avec pour conséquence l’issue tragique que chacun a encore en mémoire. Tout ceci contrevient à la logique historique du maintien de l’ordre républicain depuis la fusillade de Fourmies qui a toujours visé, malgré quelques écarts, la dissociation entre régime policier et régime militaire. Or, comme l’écrivait Walter Benjamin, lorsque la police n’applique plus la loi, mais la fait, le règne de l’arbitraire détruit toute fondation démocratique où la « force de loi » doit dépendre du peuple souverain, et non de la violence policière, qu’elle soit physique ou symbolique.

    http://www.regards.fr/web/article/sophie-wahnich-l-etat-d-urgence

    Fourmies, 1er mai 1891

    Le 1er mai 1891, les organisations ouvrières se préparent par différents moyens, dont la grève, à obtenir enfin la journée de 8 heures.
    A Fourmies, petite ville textile du Nord de la France, à 10 Heures du matin, Les délégués désignés en Assemblée Générale des Travailleurs et réunis au Café du Cygne, rue des Eliets, se rendent à la Mairie. Ils ont prévu d’y exposer leurs revendications :

    La journée de huit heures ;
    L’application de l’unification de l’heure pour la rentrée et sortie des fabriques et la même heure pour toutes, annoncée par la cloche locale ;
    Création d’une Bourse du Travail ;
    Révision générale des tarifs, suppression des règlements léonins, abrogation des amendes et des mal façons ;
    Fixation de la paie tous les huit jours, sans retard laissé dans la caisse des patrons au détriment de l’ouvrier, et l’obligation réciproque de prévenir 8 jours à l’avance en cas de cessation de travail ;
    Suppression des octrois ;
    Amélioration hygiénique à apporter dans certains ateliers en particulier à Fourmies et sa région ;
    Création de Caisses de retraites pour les ouvriers ;

    En réaction le patronat menace de licenciement celles et ceux qui arrêteront le travail. Pour lui venir en aide, il obtient du préfet la mobilisation de deux compagnies d’infanterie équipées du nouveau fusil Lebel ( 9 balles de calibre 8 mm).

    Ils avaient espéré épouvanter les ouvriers, mais ils ne purent que les exaspérer. Les plus indifférents furent pris de rage à cette menace qui les poussait à une cessation générale du travail. La quantité d’ouvriers qui ont été le 1er mai an travail fut si infime, que les fabricants durent les renvoyer chez eux. Paul Lafargue

    En fin de journée, face aux centaines de manifestants qui tentent d’obtenir la libération de grévistes interpellés dans la matinée et emprisonnés dans la mairie, le commandant Chapus crie : « Feu ! feu ! feu rapide ! Visez le porte-drapeau ! » La troupe s’exécute tuant en quelques dizaines de secondes 9 manifestants - dont 4 femmes et un enfant - et en blesse une quarantaine d’autres.

    Le Matin, du 5 mai 1891, dénonce les « responsables » du drame :

    Le crime vient de plus haut et de plus loin. Il vient de ces faux apôtres du progrès, philosophes de quatre sous et politiciens de pacotille, qui ont entrepris de réformer les mœurs politiques de la France, en la déshabituant de ses anciennes croyances. C’est l’enseignement matérialiste inauguré par eux dans nos écoles qui engendre ces revendications impatientes et brutales.

    Le Nouvel Éclaireur de l’Oise, du 9 mai juge les enragés :

    On a tué des femmes et des enfants ! crie-t-on. C’est vrai, c’est très fâcheux, soit ; mais qu’est-ce que ces femmes et ces enfants allaient faire là, s’il vous plaît ? Ils allaient porter aux hommes des pierres et des bâtons pour les jeter sur les soldats ; les femmes étaient là pour exciter les hommes et pour leur servir de bouclier. Tant pis pour eux. « Fallait pas qu’ils y aillent » dit la chanson, et ici la chanson dit vrai.

    Et L’Illustration, du 9 mai, ne cache pas son admiration pour le travail bien fait :

    C’est le fusil Lebel qui vient d’entrer en scène pour la première fois... Il ressort de ce nouveau fait à l’actif de la balle Lebel qu’elle peut très certainement traverser trois ou quatre personnes à la suite les uns des autres et les tuer.

    Suite aux massacre, un débat parlementaire s’ouvre à la Chambre des Députés tandis que Culine et Lafargue sont arrêtés. Clemenceau réclame une amnistie générale en s’écriant : « C’est le quatrième État qui se lève et qui arrive à la conquête du pouvoir ». L’amnistie est repoussée.

    > 1er Mai 1891 : la fusillade de Fourmies - Histoire par l’image
    http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=95

    > Sur le site marxists.org, le texte de Paul lafargue, « La boucherie de Fourmies du 1er mai 1891 »
    https://www.marxists.org/francais/lafargue/works/1891/05/lafargue_18910500.htm

    #Sophie_Wahnich #1er_mai 1er_mai_1891 #Fourmies #sivens #arbitraire #régime_policier #violence_policière #patronat #revendications

  • Sophie Wahnich, historienne dont les travaux ont renouvelé la vision de la Révolution française, s’engage contre un état d’urgence dont elle explique qu’il veut détruire le pouvoir judiciaire, gouverner par la peur et nous déposséder du débat public.

    L’état d’urgence a pour lui la force d’une visibilité, d’une démonstration spectaculaire d’un pouvoir d’État qui vise, dans des circonstances tragiques, à se rallier l’assentiment populaire par une politique de la peur. C’est désormais le cœur de l’action de l’État.

    Sophie Wahnich : « L’état d’urgence est le symptôme d’un régime post-démocratique ». Site regards.fr
    http://www.regards.fr/web/article/sophie-wahnich-l-etat-d-urgence

    Ce qui est en jeu, en effet, c’est la justice elle-même, l’existence de la justice. La prolongation de l’état d’urgence et sa constitutionnalisation représentent rien moins qu’une tentative de détruire l’existence de l’autorité judiciaire. La volonté du nouveau ministre de la Justice de fusionner ministère de l’Intérieur et de la Justice conduirait à soustraire le pouvoir de la police à l’autorité judiciaire. Nous avons déjà assisté au rapatriement de la gendarmerie au sein du ministère de l’Intérieur, ce qui tend à brouiller la frontière entre police et armée, à faire rentrer la police dans un régime d’action militaire.

    #état_d'urgence #libertés_publiques #peur #pouvoir_judiciaire #Sophie_Wahnich #regards.fr #Entretien #Urvoas #PS #Gouvernement_hollande #social_démocratie

  • l’universel a-t-il jamais été abstrait ? FAQ, par Sophie Wahnich
    http://www.vacarme.org/article2740.html

    Abandonner l’#universel. Leitmotiv des discours politiques depuis la Révolution française. Abstrait, inutile, réactionnaire, il aurait masqué les hommes réels. Quelle place pour les esclaves, les femmes, les pauvres, les colonisés, les immigrés, les gays… ? Retraçant la généalogie de ses détracteurs, Sophie Wahnich réaffirme au contraire la nécessité de revendiquer la force émancipatrice de l’universel pour forger un idéal politique à même de mobiliser vers un au-delà utopique. Loin d’être une abstraction vide et mortifère, il permet au contraire de faire surgir dans le présent des avenirs qui ne sont pas encore.

    • Mais la Déclaration des droits de 1789 fait ses preuves car elle ne se contente pas de déclarer l’humanité une, elle affirme le droit de résistance à l’oppression en le fondant sur le principe de la liberté réciproque. Là encore l’hypothèse d’une humanité une permet de fonder ce droit. Dans son exposition raisonnée des droits de l’homme qui précède la rédaction du texte, Sieyès affirme « Tous ayant un droit découlant de la même origine, (…) il suit que le droit de chacun doit être respecté par chaque autre, et que ce droit et ce devoir ne peuvent pas ne pas être réciproques. Donc le droit du faible sur le fort est le même que celui du fort sur le faible. Lorsque le fort parvient à opprimer le faible, il produit effet sans produire obligation. Loin d’imposer un devoir nouveau au faible, il ranime en lui le devoir naturel et impérissable de repousser l’oppression. C’est donc une vérité éternelle, et qu’on ne peut trop répéter aux hommes, que l’acte par lequel le fort tient le faible sous son joug, ne peut jamais devenir un droit ; et qu’au contraire l’acte par lequel le faible se soustrait au joug du fort est toujours un droit, que c’est un devoir toujours pressant envers lui-même. »

      La violence du droit ce n’est pas n’importe quelle violence, c’est la violence qui permet de sortir de l’esclavage, pas la violence qui réduit en esclavage.

    • Les conflictualités politiques sont forcloses au profit d’une défense de l’Occident face à l’Orient. Pourtant il faudrait défendre la liberté de conscience et la liberté de penser pour retrouver un espace commun. Chacun peut croire mais personne ne peut au nom des croyances transformer l’espace de liberté commune. Liberté de porter le voile et liberté de blasphémer, liberté de vivre même en communautés distinctes mais sans que cela fasse appel à un droit différent. Maintenir l’horizon commun du droit et la possibilité pour chacun de ne pas être assigné à résidence par sa seule naissance…

      Bien sûr cela ne résout pas les inégalités sociales, car le droit n’est pas le tout de la politique et l’universel relève à la fois du droit et de l’horizon utopique. Entre les deux il y a le cambouis des luttes.

    • alors Laurent, tous ces grands principes ne vont pas s’appliquer à moi c’est ça ? tu combats l’injustice mais quand j’ai besoin d’un mot de ta part pour m’aider quand je me retrouve dans une procédure pour avoir défendu des enfants qui se faisaient taper par un flic saoul, tu ne m’aides pas ?

  • « La #race n’existe pas, mais elle tue »
    http://www.vacarme.org/article2736.html

    Chantier « Sales races » : http://www.vacarme.org/rubrique467.html

    La race n’existe pas mais elle tue. Dans un chantier sur la sale race Vacarme se saisit des mots, malaxe le stigmate et bataille sur les concepts. Si le terme de racisme est apparu récemment, comme l’évoque Matthieu Renault dans sa contre-généalogie de la race, le risque serait d’en étendre l’usage. Et pourtant la lutte des races fait retour aujourd’hui. Houria Bouteldja la défend tandis que Sophie Wahnich revient sur l’opposition dynamique entre universel et minoritaire.