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« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

  • Pourquoi Glucksmann ? | Stefano Palombarini
    â–șhttps://www.contretemps.eu/pourquoi-glucksmann-parti-socialiste-gauche-strategie-palombarini

    RaphaĂ«l Glucksmann semble l’enfant chĂ©ri de la presse mainstream, qui voit en lui – dans la perspective des Ă©lections europĂ©ennes Ă  venir – un antidote utile Ă  la gauche de rupture, incarnĂ©e depuis plusieurs annĂ©es par Jean-Luc MĂ©lenchon et la France insoumise. Son profil politique ne laisse effectivement guĂšre place au doute : il s’agit d’une version vaguement rafistolĂ©e de l’orientation d’accompagnement du capitalisme nĂ©olibĂ©ral qui a plongĂ© la gauche dans une crise historique, partout dans le monde.

    Mais qu’est-ce que cela dit des batailles qui se jouent Ă  gauche actuellement et des stratĂ©gies des diffĂ©rents partis qui s’étaient unis dans le cadre de la NUPES, en particulier du PS ? L’économiste Stefano Palombarini, auteur notamment (avec Bruno Amable) de L’Illusion du bloc bourgeois, avance quelques pistes.

    Beaucoup a Ă©tĂ© dit sur la candidature de RaphaĂ«l Glucksmann aux Ă©lections europĂ©ennes, de son choix d’en faire une occasion de propagande des positions ultra-atlantistes sur la politique internationale tout en minorant les thĂšmes de politique Ă©conomique et sociale. On sait qu’il parle peu volontiers de la situation Ă  Gaza, pour laquelle il refuse d’utiliser le terme gĂ©nocide pourtant validĂ© par la Cour Internationale de Justice dans son verdict Ă  la suite de la plainte dĂ©posĂ©e par l’Afrique du Sud. On sait qu’il va bien au-delĂ  de la volontĂ© de soutenir militairement l’Ukraine, une volontĂ© partagĂ©e aussi par ceux qui pensent qu’une aide de ce type est nĂ©cessaire pour Ă©tablir un rapport de force suffisamment Ă©quilibrĂ©, et laisser ainsi une chance Ă  une solution nĂ©gociĂ©e du conflit. Non, pour lui aucun accord de paix n’est possible avec Poutine, un tyran qui menace nos dĂ©mocraties : la seule possibilitĂ© est de le « dĂ©faire totalement », de « l’humilier ». En bon nĂ©oconservateur, il va mĂȘme plus loin : les dĂ©mocraties occidentales ne sont pas simplement menacĂ©es par Poutine, mais par « l’alliance entre la Russie et la Chine [
]. Ce n’est pas une alliance conjoncturelle, mais une alliance idĂ©ologique, dont le ciment est le ressentiment Ă  notre Ă©gard », oĂč Ă©videmment le « notre » ne fait pas rĂ©fĂ©rence seulement Ă  la France, mais Ă  l’Occident[1].

    Ces positions ne sont guĂšre Ă©tonnantes pour qui connaĂźt son parcours : contributeur regulier de la revue Les meilleurs des mondes, qui a Ă©tĂ© un soutien indĂ©fectible de la politique Ă©trangĂšre de George Bush ; membre du cercle de l’Oratoire, think tank atlantiste et nĂ©oconservateur ; sous l’impulsion de Bernard-Henri Levy[2], conseiller de MikheĂŻl Saakachvili pendant que celui-ci prĂ©sidait la GĂ©orgie sur une ligne atlantiste et libĂ©rale. En 2007, d’abord candidat pour Alternative LibĂ©rale, Glucksmann dĂ©cida finalement d’apporter un soutien enthousiaste Ă  Sarkozy, qu’il considĂ©rait comme « l’hĂ©ritier rebelle » de 1968[3]. Dix ans plus tard, il accueillait avec ces mots le rĂ©sultat de la prĂ©sidentielle :

    « Emmanuel Macron s’adresse Ă  des individus empĂȘchĂ©s dans leur quĂȘte d’épanouissement par des blocages culturels, des structures sociales ossifiĂ©es, des « assignations Ă  rĂ©sidence » gĂ©ographiques, identitaires ou Ă©conomiques, qu’il promet de dĂ©passer. Il est structurellement antiraciste et ouvert sur le monde. Il entend donner Ă  chacun d’entre nous les moyens de se rĂ©aliser, rendre la sociĂ©tĂ© moins rigide, plus fluide. Il incarne une pensĂ©e centrĂ©e sur les libertĂ©s individuelles, Ă  laquelle la France fut longtemps rĂ©tive. VoilĂ  pourquoi il a sĂ©duit tant d’anciens soixante-huitards : le prĂ©sident Macron est, de ce point de vue, leur fils spirituel »[4].

    Macron comme Sarkozy, les hĂ©ritiers de 1968
 Si, depuis, Glucksmann dit avoir virĂ© Ă  gauche (une gauche qui s’identifie, comme dans la meilleure tradition du Parti socialiste, avec la toujours trĂšs hypothĂ©tique construction d’une « Europe sociale »), ses positions sur la politique internationale n’ont pas changĂ© d’un iota, et correspondent toujours Ă  celles du nĂ©oconservatisme le plus aveugle.

    Si le profil de Glucksmann ne laisse place Ă  aucun doute, on peut en revanche s’interroger sur les raisons qui ont conduit le Parti socialiste Ă  le dĂ©signer pour la deuxiĂšme fois comme tĂȘte de liste, en renonçant de nouveau Ă  attribuer le rĂŽle Ă  l’un de ses dirigeants. Bien Ă©videmment, il s’agit d’une candidature qui peut se rĂ©vĂ©ler efficace dans une Ă©lection qu’on prĂ©voit largement boudĂ©e par les jeunes et les classes populaires : selon un sondage Ipsos publiĂ© dĂ©but mars[5], qu’il faut considĂ©rer plus solide que d’autres en raison de la taille importante de l’échantillon, le taux d’abstention se situerait Ă  65% pour les employĂ©s et les ouvriers, et dĂ©passerait le 70% pour les moins de 35 ans. Mais la question ouverte porte sur ce que cette candidature dit des perspectives stratĂ©giques d’un parti qui, sorti en miettes de la prĂ©sidentielle, avait dĂ©cidĂ© de s’engager dans la NUPES avant de « suspendre » sa participation au mois d’octobre 2023.

    Une premiĂšre hypothĂšse, souvent Ă©voquĂ©e, est celle d’une volontĂ© de renĂ©gocier la NUPES sur la base du rĂ©sultat des europĂ©ennes, ce qui permettrait au PS, si les sondages devaient se confirmer, de jouer un rĂŽle majeur dans la dĂ©signation du candidat commun Ă  la prĂ©sidentielle. Mais cette interprĂ©tation apparaĂźt plus que fragile : le PS a choisi non seulement de refuser une liste unique, mais aussi de mener campagne sur des thĂšmes trĂšs clivants Ă  gauche, qui l’éloignent radicalement non seulement de la France insoumise, mais aussi du Parti communiste et d’une fraction non nĂ©gligeable des Ă©cologistes. De ce point de vue, le rĂ©sultat des europĂ©ennes n’a guĂšre d’importance : si la perspective Ă©tait toujours celle d’un rassemblement de l’ensemble de la gauche, le PS n’aurait pas dĂ©signĂ© Glucksmann, ni dĂ©cidĂ© d’axer sa campagne sur la guerre comme unique instrument de solution du conflit ukrainien. Il l’a fait, et l’enseignement qu’on doit en tirer est que pour les socialistes, la NUPES est dĂ©finitivement enterrĂ©e.

    Une deuxiĂšme hypothĂšse prend ainsi corps : la dĂ©cision de rompre durablement toute dĂ©marche unitaire pourrait ĂȘtre le produit d’une nostalgie de la longue pĂ©riode qui a vu le PS dominer l’espace de la gauche avec les autres mouvements rĂ©duits Ă  la marginalitĂ©, une nostalgie qu’on sait ĂȘtre bien prĂ©sente parmi les cadres du parti. Cette perspective interprĂ©tative laisse cependant songeurs tant elle relĂšverait de l’absence complĂšte d’analyse des Ă©checs subis en 2017 et 2022. La crise du Parti socialiste a Ă©tĂ© celle de la gauche d’accompagnement, dont le projet depuis les annĂ©es 1980 Ă©tait une transition vers le capitalisme nĂ©olibĂ©ral accomplie « en douceur », qui Ă©viterait toute rupture brutale Ă  la Thatcher, avec des rĂ©formes institutionnelles s’attachant d’abord aux domaines les moins directement connectĂ©s aux intĂ©rĂȘts populaires, comme le systĂšme financier ou le commerce international, et menĂ©es dans une logique de compromis, Ă  l’image du gouvernement Jospin qui a battu les records en matiĂšre de privatisations tout en concĂ©dant la rĂ©duction de la durĂ©e lĂ©gale du travail Ă  35 heures.

    Si cette stratĂ©gie a fonctionnĂ© pendant presque quatre dĂ©cennies, elle Ă©tait destinĂ©e Ă  rencontrer sa limite : au moment oĂč la poursuite de la rĂ©forme nĂ©olibĂ©rale imposait de s’attacher Ă  la relation salariale et Ă  la protection sociale, le bloc de soutien au PS s’est scindĂ© en deux, avec d’une part les groupes sociaux dĂ©cidĂ©s Ă  prolonger le mouvement qui ont ralliĂ© Macron, et d’autre part les catĂ©gories populaires dĂ©finitivement dĂ©goutĂ©es par l’action des gouvernements socialistes qui ont pris d’autres directions, principalement vers l’abstention ou vers la gauche de rupture, au cri de « jamais plus le PS ». L’impossibilitĂ© de François Hollande de se reprĂ©senter et le mauvais rĂ©sultat de Benoit Hamon, puis la dĂ©route d’Anne Hidalgo ne sont pas des Ă©vĂ©nements Ă  l’intĂ©rieur d’une parenthĂšse qu’il s’agirait de refermer : la stratĂ©gie de la gauche d’accompagnement, Ă  une Ă©poque gagnante, n’est aujourd’hui plus viable.

    En crĂ©ditant d’un minimum d’intelligence politique les dirigeants socialistes, il faut donc douter de la pertinence de cette deuxiĂšme hypothĂšse et en formuler une troisiĂšme en mesure de rendre compte du choix de se ranger derriĂšre Glucksmann. La lutte pour succĂ©der Ă  Macron dans la reprĂ©sentation du bloc bourgeois est destinĂ©e Ă  s’ouvrir dans la pĂ©riode qui vient, et rien ne dit qu’elle sera rĂ©servĂ©e aux composantes de la minoritĂ© prĂ©sidentielle. La dĂ©rive droitiĂšre du PrĂ©sident et de ses fidĂšles laisse d’ailleurs imaginer qu’un espace puisse s’ouvrir pour un candidat en mesure de rejouer la campagne « progressiste » du premier Macron, et il y a beaucoup de raisons pour imaginer que le profil de Glucksmann soit adaptĂ© Ă  une telle tĂąche.

    Cependant, mĂȘme dans les sondages sur les prochaines europĂ©ennes qui lui sont les plus favorables, il n’y a pour l’instant aucun signe d’une capacitĂ© du PS d’intercepter le soutien ne serait-ce que d’une petite fraction du bloc bourgeois : celui-ci s’effrite, mais exclusivement Ă  l’avantage de la droite et (surtout) de l’extrĂȘme-droite, alors que le total des voix pour les listes socialiste et Ă©cologiste est, dans tous les sondages, au mieux identique Ă  celui de 2019[6]. Mais de façon plus fondamentale, il faut rappeler quels Ă©taient les axes structurants de la premiĂšre campagne macroniste : accent sur dĂ©mocratie, libertĂ©s publiques, droits individuels, certes ; attachement total Ă  la construction europĂ©enne, Ă©videmment ; mais aussi volontĂ© ferme d’amener Ă  son terme la transition nĂ©olibĂ©rale, y compris au prix de rĂ©formes impopulaires sur le travail et la protection sociale.

    C’est sur ces axes que le bloc bourgeois s’est construit, et c’est la capacitĂ© d’ĂȘtre crĂ©dible sur les trois axes qui sera dĂ©terminante pour savoir si un autre Macron est vraiment possible[7]. ConcrĂštement, pour le PS cela reviendrait non seulement Ă  se payer plein de mots sur l’Europe et la dĂ©mocratie, exercice qu’il maitrise parfaitement, mais aussi Ă  rĂ©habiliter la loi El Khomri et François Hollande, ce qui n’est pas Ă  exclure mais qui demanderait d’effacer de la mĂ©moire des Ă©lecteurs toutes les critiques formulĂ©es par le parti Ă  leur encontre, l’inventaire « sans concession » dressĂ© par Olivier Faure du quinquennat de l’ancien prĂ©sident[8], la participation Ă  la NUPES, l’alliance aux lĂ©gislatives avec la France insoumise. Bref, si l’idĂ©e est de se positionner de sorte Ă  reprĂ©senter un bloc bourgeois par ailleurs dĂ©clinant, l’éphĂ©mĂšre virage Ă  gauche de la pĂ©riode qui va de mai 2022 Ă  octobre 2023 pourrait se rĂ©vĂ©ler un handicap insurmontable.

    MĂȘme si c’est Ă  des degrĂ©s divers, chacune de trois clĂ©s de lecture Ă©voquĂ©es a de quoi laisser perplexe. Il y en a en revanche une quatriĂšme qui paraĂźt plus pertinente. Il est possible que le PS ait tirĂ© comme enseignement de ses derniers Ă©checs l’impossibilitĂ© de jouer de nouveau un rĂŽle de premier plan dans le gouvernement du pays, et qu’il considĂšre dĂ©sormais comme objectif prioritaire simplement sa survie : ce qu’on pourrait appeler « le syndrome PCF ». La dĂ©cision d’intĂ©grer la NUPES, qui restera peut-ĂȘtre dans les mĂ©moires comme la derniĂšre tentative socialiste de traduire une ambition nationale dans une stratĂ©gie politique, impliquait un risque sur la viabilitĂ© d’un parti qu’elle a profondĂ©ment divisĂ©.

    Faure n’a gagnĂ© le congrĂšs de janvier 2023 qu’avec un trĂšs faible Ă©cart, rĂ©sultat d’ailleurs contestĂ© par ses opposants ; et tout indique qu’au moins depuis octobre, il a perdu la main sur un parti aujourd’hui dominĂ© par son ancienne minoritĂ©, une (ex)-minoritĂ© constituĂ©e trĂšs largement par des Ă©lus locaux dont les choix stratĂ©giques sont liĂ©s bien davantage au renouveau de leurs mandats qu’à un projet de gouvernement pour la France. Il suffit de rappeler que ses figures principales s’appellent Carole Delga, prĂ©sidente de la rĂ©gion Occitanie (ovationnĂ©e sur demande de Glucksmann au meeting toulousain du 23 mars), Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, MichaĂ«l Delafosse, maire de Montpellier, ou encore Anne Hidalgo, maire de Paris. Tous rĂ©unis aujourd’hui, avec Faure, dans le soutien Ă  Glucksmann, dont la candidature s’explique avec la nĂ©cessitĂ© de rĂ©unifier un parti menacĂ© de disparition Ă  cause des mauvais rĂ©sultats Ă©lectoraux mais aussi de ses fractures internes.

    Ainsi, comme je l’ai indiquĂ©, le rĂ©sultat des europĂ©ennes Ă  venir, quel qu’il soit, ne jouera guĂšre dans la renĂ©gociation d’une NUPES que le PS a dĂ©cidĂ© de dissoudre dĂ©finitivement ; il pourra Ă©ventuellement donner quelques illusions, mais bien fragiles, aux nostalgiques des annĂ©es glorieuses du parti ; et se rĂ©vĂšlera trĂšs probablement inefficace pour ceux qui voient dans l’essayiste nĂ©oconservateur le successeur possible de Macron. Mais si elle ne correspond Ă  aucun projet politique national solide et cohĂ©rent, la candidature Glucksmann permet aujourd’hui au PS de se considĂ©rer comme enfin ressoudĂ© : l’appareil n’est pas mort, comme n’est pas morte sa capacitĂ© d’aider des notables locaux Ă  garder leur place.

    • « AprĂšs l’adoubement de Taubira, la suite...
      Celle qui voulait le "big bang" en 2019 avec les sociaux-libĂ©raux (avant de soutenir MĂ©lenchon aprĂšs l’échec de son truc) est bien Ă©videmment prĂȘte Ă  s’allier avec les sociaux-libĂ©raux. Elle l’a fait Ă  la marie de Paris avec DelanoĂ« » !

      🔮⚡Info @le_Parisien L’option @Clem_Autain pour 2027 | « C’est l’une des rares Ă  LFI avec qui on peut travailler » loue un socialiste. « Il y a quelque chose Ă  crĂ©er » affirme un autre du PS. « Je l’aime bien, elle pourrait ĂȘtre une hypothĂšse » affirme un insoumis.

      ▻https://twitter.com/GastonLefranc/status/1774374732932038767

    • CLÉMENTINE AUTAIN PASSE LA SECONDE

      2027 EN SECRET. ClĂ©mentine Autain a dĂ©cidĂ© d’accĂ©lĂ©rer sa stratĂ©gie, avec 2027 dans le viseur. En toute discrĂ©tion, la dĂ©putĂ©e de La France Insoumise a rĂ©uni environ soixante-dix personnes dans une salle du XIXe arrondissement de Paris le 29 fĂ©vrier, a appris Playbook.

      Objet de la rĂ©union : “Commencer Ă  s’organiser en vue de la prĂ©sidentielle”, dans les mots de l’un de ces soutiens. Un autre rassemblement de ce type est prĂ©vu la semaine prochaine.

      En piste. La dĂ©putĂ©e de Seine-Saint-Denis “a dit qu’elle se prĂ©parait pour ĂȘtre une possibilitĂ© pour la prĂ©sidentielle, c’était trĂšs clair”, nous racontait un autre participant Ă  cette premiĂšre soirĂ©e. Devant son auditoire, elle “a expliquĂ© pourquoi elle avait pris sa dĂ©cision et pourquoi elle pensait ĂȘtre une solution pour rassembler la gauche”.

      “C’était la premiĂšre fois qu’elle le disait comme ça”, relevait-il encore.

      Top secret. “On a assurĂ© la confidentialitĂ© aux participants”, relatait le mĂȘme, qui refusait de dĂ©voiler le nom des prĂ©sents. Parmi ces derniers, plusieurs, embĂȘtĂ©s, n’ont pas souhaitĂ© confirmer leur prĂ©sence ; d’autres ont minimisĂ© la portĂ©e de l’initiative.

      Playbook a tout de mĂȘme grattĂ© : d’aprĂšs plusieurs sources, une demi-douzaine de dĂ©putĂ©s Ă©taient lĂ , dont Raquel Garrido, Alexis CorbiĂšre et Danielle Simonnet — tous les trois en rupture de ban avec la direction de LFI — ou encore la communiste Elsa Faucillon, une proche de longue date d’Autain. Dans la salle Ă©taient aussi prĂ©sents des maires d’Ile-de-France, des personnalitĂ©s des milieux associatif, fĂ©ministe, artistique, ou de la sociĂ©tĂ© civile.

      Il va y avoir du sport. “D’habitude ils sont cinq ou dix max, en cercle serrĂ©. LĂ , elle Ă©largit aux deuxiĂšme et troisiĂšme cercles, elle change de dimension”, dĂ©taillait, enthousiaste, le soutien citĂ© en haut. Lequel analysait : “Elle est dans une stratĂ©gie de marathonienne, elle a besoin de se compter”. “Elle se bouge, elle est dans une dĂ©marche d’unitĂ©”, louait un autre.

      Passage Ă  la douane. InterrogĂ©e sur cette rĂ©union hier, ClĂ©mentine Autain refusait d’en dire plus en pleine campagne des europĂ©ennes : “Je n’ai rien Ă  dĂ©clarer, si ce n’est que oui, c’est vrai, je travaille avec beaucoup de gens dans un cadre privĂ© et dans un spectre large, et j’écoute”, Ă©vacuait-elle.

      ET APRÈS ? L’ex-adjointe Ă  la mairie de Paris “a dit qu’elle voulait structurer quelque chose” et engager un “travail commun” avec les participants, nous assurait l’une de nos sources. Mais la dĂ©marche n’en est qu’à son commencement : “Personne n’a de rĂŽle dĂ©terminĂ©”. Seule une boucle WhatsApp au titre encore imprĂ©cis — “Rdv ClĂ©mentine Autain” — a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e.

      To-do list. “Il faut travailler un rĂ©cit, une personnalitĂ©, un style ; une campagne, c’est des annĂ©es de labeur”, Ă©nonçait un proche, expliquant qu’Autain entendait “incarner une gauche alternative mais sans ĂȘtre dans ‘le bruit et la fureur’”.

      Passif. La dĂ©putĂ©e remet rĂ©guliĂšrement en cause publiquement cette stratĂ©gie de conflictualisation thĂ©orisĂ©e par Jean-Luc MĂ©lenchon. DĂ©but fĂ©vrier, les nouvelles critiques qu’elle avait Ă©mises ont provoquĂ© la colĂšre de l’Insoumis en chef qui l’a appelĂ©e Ă  “cesser” son “sabotage” dans un message Telegram interne rĂ©vĂ©lĂ© par Le Nouvel Obs. “Partir serait mieux”, avait cinglĂ© MĂ©lenchon.

      PrivĂ©e de micro. Signe de l’état exĂ©crable des relations entre Autain et la direction de LFI, l’élue de Seine-Saint-Denis n’a pas Ă©tĂ© invitĂ©e Ă  dire un mot d’accueil sur scĂšne lors du premier meeting de Manon Aubry pour les europĂ©ennes, contrairement Ă  l’usage. Ce dernier se tenait pourtant Ă  Villepinte, dans sa circonscription.

      Au passage, notez que Christiane Taubira, l’ancienne garde des Sceaux, interrogĂ©e hier par LibĂ©ration sur les candidats potentiels pour reprendre le flambeau chez LFI, a dit sa prĂ©fĂ©rence pour ClĂ©mentine Autain.

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      ▻https://www.liberation.fr/politique/presidentielle-2027-comment-clementine-autain-et-francois-ruffin-se-prepa

      Chacun Ă  sa façon, ClĂ©mentine Autain et François Ruffin travaillent Ă  une possible candidature pour 2027. En froid avec la direction de LFI, ils avancent sans entrer l’un et l’autre en confrontation.