• Nouveaux programmes : ce qui a eu lieu, ce que l’on risque | aggiornamento hist-geo
    http://aggiornamento.hypotheses.org/2834

    J’avais ici déjà largement commenté le débat public sur les nouveaux programmes d’histoire dans lequel se sont recyclés des arguments récurrents depuis la fin des années 1970 : que faire de la chronologie ? Quelle place accorder à l’histoire de France ? L’enseignement de l’histoire sert-il davantage à tisser de l’appartenance nationale ou à accompagner l’apprentissage d’un esprit critique ?Le collectif Aggiornamento a également déjà pointé la violence de l’actuel débat ; violence que l’on peut sans doute référer à la proximité des attentats de janvier qui ont donné lieu à de multiples expressions publiques d’angoisses, notamment vis à vis d’une population héritière de l’immigration ; certains éditorialistes ou intellectuels n’hésitant plus désormais à faire tomber les digues du racisme le plus débridé, inimaginable il y encore quelques années au delà des cercles de l’extrême-droite.

    #histoire #historiographie #éducation_nationale #monothéisme #islam #islamophobie

  • Le ministère sert Lavisse avec Pierre Nora | aggiornamento hist-geo
    http://aggiornamento.hypotheses.org/2803#_ftn3

    Annoncée par le Ministère de l’Education Nationale, ici plus que jamais porte-parole de l’Elysée, la nomination d’un comité d’historiens pour superviser la rédaction finale des programmes d’histoire-géographie proposés par le Conseil Supérieur des Programmes (CSP) est un procédé antidémocratique. Cette démarche confisque autant qu’elle précipite le dénouement d’une procédure qui s’était déroulée jusqu’ici d’une façon enfin plus transparente que l’opacité qui avait régné sur la rédaction des programmes précédents[1]. En effet, le CSP est un organe indépendant, et les programmes qu’il propose aujourd’hui sont le résultat d’un long travail de concertation mené au sein de groupes mixtes, après une longue période d’auditions. Ces projets de programmes doivent, en principe, être soumis à la consultation des enseignants à compter du lundi 11 mai.

    Or, profitant de la brèche médiatique ouverte par les habituels pourfendeurs de tout ce qui ne relève pas d’une histoire scolaire fantasmée et franco-française, une poignée d’éditocrates et une brochette de réac-publicains ont lancé une offensive majeure à l’encontre de ces programmes, certes en de nombreux points perfectibles, mais novateurs et offrant des horizons différents, des libertés nouvelles à celles et ceux qui seront chargé.e.s de les enseigner. Dans une énième reculade face à ces « pseudos-intellectuels », la ministre annonce qu’une commission d’historiens, comptant dans ses rangs Pierre Nora et Jean-Pierre Azéma pour commencer, est invitée à court-circuiter l’amont (le CSP) autant que l’aval (la consultation des enseignants). Quelle expertise serait donc la leur, qui fonderait leur légitimité, sur des programmes dont ils n’ont pas suivi l’élaboration – si tant est qu’ils en aient une vue globale ? Ont-ils même la moindre idée de ce qui s’enseigne et se pratique actuellement dans les classes ? Ont-ils simplement la plus vague représentation de ce qui signifie l’acte d’enseigner en collège ?

    #histoire #historiographie #éducation_nationale

  • Pour une critique constructive des nouveaux programmes d’histoire ET de géographie | aggiornamento hist-geo
    http://aggiornamento.hypotheses.org/2763

    La polémique médiatique a été lancée. Elle part sur de bien mauvaises bases encore une fois. A ces invectives qui vont du refus de lire aux diagnostics les plus farfelus et parfois dangereusement gorgés d’implicites politiques nauséabonds, nous préférons les remarques constructives. Car, au-delà de notre satisfecit général, certains aspects de ce programme nous semblent mériter quelques critiques.

    #histoire #géographie #éducation_nationale

  • Sélection de ressources autour de la Journée du souvenir des victimes de la déportation http://www.education.gouv.fr/cid55548/journee-du-souvenir-des-victimes-de-la-deportation.html : GÉOGRAPHIE DES MÉMOIRES
    http://www.scoop.it/t/geographie-de-la-memoire
    #Géographie #Mémoire #Géographie_de_la_Mémoire #Mémoires_Douloureuses

    Géographie des mémoires douloureuses
    – Spatialisation des mémoires douloureuses : l’exemple de la Shoah https://www.academia.edu/3519983/Spatialisation_des_mémoires_douloureuses_l_exemple_de_la_Shoah

    – Yad Vashem : un lieu entre mémoires et espoirs http://tem.revues.org/1583

    – Musées et musées-mémoriaux urbains consacrés à la Shoah : mémoires douloureuses et ancrages géographiques. Les cas de Berlin, Budapest, Jérusalem, Los Angeles, Montréal, New York, Paris, Washington (tome I de l’HDR de Dominique Chevalier) http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/81/16/70/PDF/HDR-DC_tome1_definitif.pdf

    – Auschwitz, lieu touristique ? http://www.viatourismreview.net/Photographie1.php

    – Voyage à Chernivtsi ou retour à Czernowitz ? Les paradoxes de la mémoire et de la nostalgie http://teoros.revues.org/519

    – Carte postale du Memento Park (Budapest) : quand la douleur devient patrimoine http://cafe-geo.net/wp-content/uploads/cp_memento_park.pdf

    – Carte postale d’une ligne rouge (Sarajevo) http://geographie-ville-en-guerre.blogspot.fr/2012/05/carte-postale-dune-ligne-rouge-sarajevo.html

    – Les lieux de mémoire dans la ville en guerre : un enjeu de la pacification des territoires http://www.diploweb.com/Geographie-des-conflits-Les-lieux.html

    – Travail de mémoire, monument, revendication toponymique et appropriation de l’espace : à propos des mémoires de l’esclavage http://eso.cnrs.fr/TELECHARGEMENTS/revue/ESO_21/valognes.pdf

    – Identifier les lieux de mémoire de la traite http://www.cndp.fr/tdc/fileadmin/docs/tdc_1036_afrique/article.pdf

    – Espaces de la mémoire du génocide des Tutsis au Rwanda. Mémoriaux et lieux de mémoire http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=AFCO_238_0011

    – Le spectre des génocides. Traumatisme et violences extrêmes http://gradhiva.revues.org/658

    – Carte postale de la DMZ http://www.adrets.net/PhotoMois1.htm

    – Photo Line sur la Demilitarized Zone (Corée du Sud) http://www.adrets.net/PhotoMois9.htm

    Géographie de la mémoire
    – L’espace, le passé, les mémoires http://cafe-geo.net/wp-content/uploads/espace-passe-memoires.pdf

    – Lieux de mémoire en Europe, lieux de mémoire de l’Europe http://cafe-geo.net/wp-content/uploads/lieux-memoire-europe.pdf

    – Questionnements géographiques sur les monuments aux morts : symboliques et territoires de la commémoration https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00440898/document

    – Carte postale ancienne de Stari Most (Mostar) : Les cartes postales sont-elles des « lieux de mémoire » ? http://geographie-ville-en-guerre.blogspot.fr/2013/02/carte-postale-ancienne-de-stari-most.html

    – Quelques pistes et réflexions sur une géographie des mémoires et son enseignement http://aggiornamento.hypotheses.org/1151

    – La mémoire des lieux : entre espaces de l’histoire et territoires de la géographie http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/41/87/09/PDF/Verdier_Memoire.pdf

    – Religion et région Mémoire : Esquisse d’une territorialité par le biais de la géographie de la mémoire http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/noroi_0029-182x_1997_num_174_1_6792

    – Tourisme de mémoire et imaginaire touristique des champs de bataille http://www.viatourismreview.net/Article6.php

    – Lieux de mémoire : les enjeux du nationalisme taiwanais http://www.cairn.info/revue-outre-terre-2006-2-page-307.htm

    – Trace(s) du paysage. Monuments et “lieux de mémoire” au Japon http://www.cairn.info/revue-societes-et-representations-2006-2-page-104.htm

    – Anciens/Nouveaux lieux de mémoire en Russie http://www.cairn.info/revue-outre-terre-2007-2-page-187.htm

    – Historial et Mémorial : deux lieux de mémoire et d’histoire consacrés au général de Gaulle http://www.cairn.info/revue-societes-et-representations-2008-2-page-219.htm

    Biblio/sitographie complète à la fin de ce compte-rendu : : http://cafe-geo.net/wp-content/uploads/lieux-memoire-europe.pdf

  • Non à une commission d’enquête sur “la perte de repères républicains” de nos élèves ! | aggiornamento hist-geo
    http://aggiornamento.hypotheses.org/2671

    Jeudi 19 mars 2015, les enseignant.e.s du lycée P. Eluard (93) ont été informés par leurs représentants au CA qu’une commission déléguée par le Sénat se rendrait dans leur établissement pour rencontrer différents acteurs de l’Education Nationale, accompagnée de la Rectrice. Le proviseur avait en effet demandé aux listes représentées au C.A. de désigner 1 ou 2 enseignant.e.s, et proposé à quelques collègues « investi.e.s » de participer à la rencontre. Il avait fait de même auprès des parents d’élèves et des élèves. A aucun moment l’intitulé exact de la commission, ni même son mode de fonctionnement n’ont été délivrés aux enseignants, pas plus qu’à la direction de l’établissement.

    Intriguée par les formes et les motifs d’une visite pour le moins inhabituelle et précipitée, une enseignante a découvert et communiqué les grands traits des formes et des motifs de création de la commission d’enquête parlementaire « sur le fonctionnement du service public de l’éducation, sur la perte de repères républicains que révèle la vie dans les établissements scolaires et sur les difficultés rencontrées par les enseignant.e.s dans l’exercice de leur profession ».
    #éducation_nationale
    Créée à l’initiative du groupe UMP après les attentats des 7-9 janviers, avec comme objectif de faire la lumière sur une supposée sous-estimation des incidents relatifs à la minute de silence, cette commission a, dans sa forme comme dans ses moyens d’action, suscité de vives discussions au sein du Sénat lui-même. De facto, faire enquêter les sénateurs –avec ce que cela implique de pouvoirs de citation et de délivrance de documents‑ instaure un rapport de méfiance avec le corps enseignant.

  • L’#école saisie par le management antiterroriste | aggiornamento hist-geo
    http://aggiornamento.hypotheses.org/2454

    Toujours est-il que nous ne sommes pas du tout uniquement face à une question de maladresse formelle. Cette affaire est le symptôme beaucoup plus lourd de la rencontre entre la banalisation des idées et pratiques racistes, et la néolibéralisation d’une Ecole qui a troqué la quête d’efficacité contre celle de la performance. Au milieu de cela se fabriquent alors des outils gestionnaires qui ne sont en réalité que des instruments de domestication des catégories populaires et d’engraissage de comptes en banque d’experts peu scrupuleux.

    #racisme

    • Les races n’existent pas elles sont des créations pour justifier des discriminations. Il n’y a pas plus pas moins de race noir, blanche, juive, musulmane, que de race masculine et féminine. Il arrive par exemple qu’on parle du sexisme comme d’une forme de racisme. C’est à dire que prendre le critère de couleur de peau pour fonder une race n’est pas plus pertinent que de choisir la taille des gens ou la forme de leurs sexe.

    • Le cal, ça existe hein, si je ne dis pas de bêtise, dans certains milieux très pieux, on a même tendance à le forcer un peu puisqu’il est bien perçu de l’arborer — j’avais vu ça en Égypte notamment, et des connaisseurs du pays m’avaient expliqué le phénomène. Mais c’est comme le reste de cette liste : si on confond les marques de piété, même potentiellement un peu hypocrites, avec des marques de « radicalisation », c’est un vrai problème…

  • Le jeu de reconstruction spatiale : de la recherche à la classe | aggiornamento hist-geo

    http://aggiornamento.hypotheses.org/2611#_ftn4

    signalé ce matin par Cristina @cdb_77 dans le cadre d’un projet de publication sur lequel nous travaillons en ce moment pour visionscarto.

    C’est long, mais super-intéressant. Ça soulève vraiment beaucoup de questions importantes pour tous ceux qui font ou font faire des cartes mentales.

    Le jeu de reconstruction spatiale : de la recherche à la classe
    28 février 2015

    Par aggiornamento

    Rédactrice : Bénédicte Tratnjek

    Représenter l’espace : de l’enfance et la jeunesse à la recherche

    Pour interroger les enfants, de nombreux chercheurs ont montré les limites de la carte mentale[1] : en tant qu’outil de recherche (depuis les travaux de Kevin Lynch), la carte mentale est un « exercice » proposé aux interrogés pour qu’ils rendent compte, par le dessin, de leur manière de se représenter l’espace qu’ils habitent (que ce soit à l’échelle du quartier ou de la ville comme dans les travaux de K. Lynch[2], ou à l’échelle du pays comme dans les travaux d’Amaël Cattaruzza sur les géonationalismes au Monténégro[3] concernant l’espace vécu, ou encore les travaux de Chloé Yvroux sur la représentation du conflit israélo-palestinien par les étudiants français[4] concernant l’espace représenté). Mais, pour interroger les enfants en bas âge, leur demander de dessiner leur espace proche pose de nombreux biais méthodologiques : l’enfant a une perception du dessin (et donc de l’action de dessiner) comme très ouverte à l’imaginaire. Interpréter des cartes mentales d’enfants en bas âge est donc prendre le risque de ne pas faire la part entre ce qui relève de l’espace vécu de l’enfant et ce qui relève de sa pratique du dessin où il insère des éléments inventés.

  • Le jeu de reconstruction spatiale : de la recherche à la classe. Représenter l’espace : de l’enfance et la jeunesse à la recherche

    Pour interroger les enfants, de nombreux chercheurs ont montré les limites de la #carte_mentale[1] : en tant qu’outil de recherche (depuis les travaux de Kevin Lynch), la carte mentale est un « exercice » proposé aux interrogés pour qu’ils rendent compte, par le #dessin, de leur manière de se représenter l’espace qu’ils habitent (que ce soit à l’échelle du quartier ou de la ville comme dans les travaux de K. Lynch[2], ou à l’échelle du pays comme dans les travaux d’Amaël Cattaruzza sur les géonationalismes au Monténégro[3] concernant l’#espace_vécu, ou encore les travaux de Chloé Yvroux sur la #représentation du conflit israélo-palestinien par les étudiants français[4] concernant l’#espace_représenté). Mais, pour interroger les enfants en bas âge, leur demander de dessiner leur espace proche pose de nombreux biais méthodologiques : l’enfant a une perception du dessin (et donc de l’action de dessiner) comme très ouverte à l’imaginaire. Interpréter des cartes mentales d’enfants en bas âge est donc prendre le risque de ne pas faire la part entre ce qui relève de l’espace vécu de l’enfant et ce qui relève de sa pratique du dessin où il insère des éléments inventés.


    http://aggiornamento.hypotheses.org/2611#_ftn4
    #cartographie #visualisation #enfant #enfance
    @Reka : mettre ce texte en référence du billet de Muriel ?

  • Le jeu de reconstruction spatiale : de la recherche à la classe | aggiornamento hist-geo
    http://aggiornamento.hypotheses.org/2611

    Représenter l’espace : de l’enfance et la jeunesse à la recherche

    Pour interroger les enfants, de nombreux chercheurs ont montré les limites de la carte mentale[1] : en tant qu’outil de recherche (depuis les travaux de Kevin Lynch), la carte mentale est un « exercice » proposé aux interrogés pour qu’ils rendent compte, par le dessin, de leur manière de se représenter l’espace qu’ils habitent (que ce soit à l’échelle du quartier ou de la ville comme dans les travaux de K. Lynch[2], ou à l’échelle du pays comme dans les travaux d’Amaël Cattaruzza sur les géonationalismes au Monténégro[3] concernant l’espace vécu, ou encore les travaux de Chloé Yvroux sur la représentation du conflit israélo-palestinien par les étudiants français[4] concernant l’espace représenté). Mais, pour interroger les enfants en bas âge, leur demander de dessiner leur espace proche pose de nombreux biais méthodologiques : l’enfant a une perception du dessin (et donc de l’action de dessiner) comme très ouverte à l’imaginaire. Interpréter des cartes mentales d’enfants en bas âge est donc prendre le risque de ne pas faire la part entre ce qui relève de l’espace vécu de l’enfant et ce qui relève de sa pratique du dessin où il insère des éléments inventés.

    #géographie #espace

  • Adresse aux intellectuels, journalistes, romanciers et à toutes celles et tous ceux qui croient connaître les jeunes des quartiers populaires
    http://aggiornamento.hypotheses.org/2588
    Ceci est un texte collectif qui émane du collectif Aggiornamento. La mouture initiale est de Hayat el Kaaouachi. Il a été ensuite soumis à signatures de façon plus large

    Contact : hypotheses.aggio(at)gmail.com

    Mesdames, Messieurs,

    Ceci est une invitation. Une proposition des plus honnêtes.

    Entre vous et nous, les désaccords peuvent être nombreux, radicalement ancrés dans des conceptions bien différentes de la France et de la République. Ce qui vous inquiète et vous hérisse nous interroge parfois sans nous faire douter de la légitimité de notre travail, de nos combats, de la #société dans laquelle nous vivons. Nous n’avons pas votre rapport pathologique à la #jeunesse de France. Nous refusons d’en faire avec vous un portrait caricatural qui rassure vos postures sociales. Votre vue vacillante et triste de notre pays, nous la refusons, préférant œuvrer au quotidien à l’#éducation de tous pour des lendemains qui chantent.

    Entre vous et nous, les mots s’écharpent tant le fossé peut être profond. Mais nous défendons tous la parole libre et le débat. Nous sommes attachés, vous comme nous, à la confrontation des idées, aussi rude soit-elle. Les joutes verbales à l’écrit comme à l’oral avec la portée incandescente du #numérique et des #réseaux_sociaux nourrissent les gnoses et les polémiques sans fin appréciées par la médiasphère. Pourtant, derrière les éclats de voix et les échanges de mots, les réalités nombreuses, plurielles et complexes ne sont pas toujours restituées fidèlement. Aux nombreux cas particuliers brandis ici ou là par des chroniqueurs, intervenants divers de la scène intellectuelle et médiatique, nous gardons, ne vous en déplaise, l’avantage du nombre, du terrain et du quotidien qui seuls, selon les méthodes des #sciences_sociales, peuvent avec précision et rigueur fonder la véracité des propos pour rendre compte d’une vérité sociale et politique mouvante.

    Nous vous proposons de partager cette expérience. Par souci d’honnêteté intellectuelle.

    Loin de nous l’idée de vous faire la leçon ou de vous convertir. Voyez plutôt cela comme une rare opportunité de palper cet objet fantasmé qui vous fait tant peur et que vous croyez connaître. Venez dans nos établissements des #quartiers_populaires, venez dans nos classes sur les bancs de nos élèves. Voyez comme ils écoutent et parlent, voyez comme ils pensent. Il ne s’agira pas pour vous d’une visite au zoo, il ne s’agira pas pour eux de vous séduire. Nous vous proposons une rencontre, un échange d’au moins une journée. Prenez le temps de vous asseoir face à eux et de leur dire directement ce que vous pensez d’eux. Comme ils vous déroutent, comme ils vous inquiètent, comme ils vous sont étrangers. Ayez le courage de leur faire face, de répondre à l’indignation, à la colère, au désintérêt de ces enfants et adolescents de la France des marges. Vous pourrez leur demander directement pourquoi ils sont si peu reconnaissants envers la #République. Vous les verrez vous rendre vos sourires gênés et vos piques verbales, votre profond mépris.

    Mais vous serez dans la vraie vie. Celle du #chômage, des #discriminations, de la rue, du délabrement urbain, de la débrouille, et de toutes ces réussites joyeuses que bien souvent vous négligez. Vous dépasserez ainsi les dénonciations stériles, les débats caricaturaux de l’entre-soi.

    Nous serons là aussi. Enseignants de collèges et de lycées ZEP, REP ou sensibles. Nous vous montrerons cet indéniable dynamisme démographique, sportif, culturel, artistique des quartiers. Pour ceux qui y travaillent les yeux bien ouverts et sans y faire œuvre de missionnaire, il y a cette évidence folle et parfois brusque d’une énergie à voir et à entendre, à accompagner. Cet optimisme que nous avons, vous préférez toujours y voir du déni, voire de l’angélisme. Mais nous ne nions pas certaines difficultés. Nous les voyons et avons longtemps été les premiers à en appeler aux politiques et intellectuels pour défendre l’#Ecole pour tous avec force et moyens. Nos mots (maux) ont rarement suscité autant d’intérêt qu’aujourd’hui où l’Ecole sert de paravent aux politiques de gauche comme de droite, et nos revendications de terrain ont la plupart du temps été résumées à « plus de moyens » pour des gens « souvent en vacances ».

    Or, jour après jour, nous sommes témoins de ces plaies, de ces failles qui aspirent certains, de ces absences et démissions nombreuses d’une République plus centrale que périphérique. Nous enseignons la liberté, l’égalité en précisant aux élèves qu’il s’agit de valeurs à défendre en continu alors même que par endroits elles restent à créer. Nous répondons à leurs critiques légitimes, à leur scepticisme, à leur amertume qui isolent et altèrent irrémédiablement le corps social. Et nous gérons notre schizophrénie, celle de ceux qui transmettent un message que la rue contredit.

    Toutes ces tensions qui chez vous n’appellent que la condamnation, la sentence bien-pensante, nous les inscrivons dans la réalité, une #histoire nationale chargée pas toujours assumée et une complexité du monde. Nous entendons les cris stridents d’une petite minorité de jeunes mais nous voyons aussi la générosité, l’envie, l’humour et la curiosité du plus grand nombre. A chaque heure de cours, malgré la fatigue et les aléas. Malgré les intrusions de messages médiatiques et politiques qui dénigrent notre #travail ou renvoient une image terne ou dégradée de nos élèves. Car ce que nous construisons sur la durée, sur des mois et des années, vous pouvez le salir, l’ébranler en quelques minutes, à coup de mots maladroits ou volontairement blessants. En cela, vous avez votre part de responsabilité dans le fossé qui se creuse entre la République et une partie de sa jeunesse.

    Mesdames, Messieurs, les jeunes des quartiers populaires méritent mieux que vos discours lointains, ils méritent qu’on leur parle en face. Nous les voyons évoluer, nous suivons ces esprits jeunes qui, quoiqu’on en dise, dans la contestation, le silence, l’engagement ou même la colère, sont ici bien chez eux et ne se voient vivre nulle part ailleurs.

    Votre République, notre République, c’est la leur. Et au vu de nos âges respectifs, reconnaissons qu’ils en sont davantage l’avenir que nous, quelle que puisse être notre postérité. Ainsi, comme tous les habitants de ce pays, ils peuvent aimer ou non la République, la croire sur parole ou lui rappeler ses tromperies, ce n’est pas un délit. C’est le début d’une vie commune. Venez donc vivre cette vie. Entendez, voyez, dialoguez, répondez, partagez vos lumières. Rendez concret ce vivre ensemble que vous croyez voir faillir dans les quartiers populaires, alors que plus que n’importe où ailleurs en France, s’y côtoient, s’y mélangent, s’y nourrissent, s’y moquent et s’y entraident des histoires venues de tous les continents.

    Les signataires de cette invitation enseignent toutes et tous dans les quartiers populaires. À l’image d’une grande part des élites intellectuelles et médiatiques que vous représentez, ils ou elles travaillent en majorité près de Paris. Nous espérons que vous n’en trouverez que plus de facilités à honorer l’invitation qui vous est ici faite en choisissant dans la liste suivante celui de leurs établissements qui vous conviendra le mieux [1], au gré de vos résidences et de vos déplacements

    #périphéries

    • ce commentaire sur twitter :

      dites, concernant l’appel des profs d’histoire de zep, là : ce sont des profs qui se mouillent, hein.
      je vous en veux pas mais le ministère cautionnera pas leurs actes et ils risquent au moins des points de carrière négatifs, ces gens.
      alors voyez, ce serait légèrement GRAVE si par malheur leur appel trouvait réponse du mauvais côté de la barrière politique en premier.
      ce serait grave aussi si on laissait passer la seule initiative d’éduc pop par ouverture de l’institution qu’il m’ait été donné de voir.
      je vous signale qu’en temps normal même un parent d’élève n’a PAS accès à une classe ouverte comme ça en mode débat ouvert.
      l’école est un de ces lieux fermés où on ne peut que croire la parole de ceux qui en ressortent à 17h concernant ce qui s’y passe.
      si on ne relaie pas si personne n’y va, ce sera la preuve qu’on est des connards finis qui ne font que du bruit avec leurs bouches/claviers.
      (et ne me dis pas qu’on s’en fout parce que politiquement si on montre qu’en france on est ça, on ouvre un boulevard aux salauds)
      donc j’insiste. nos enfants et leurs profs, certains, peu, nous demandent de venir voir, parler, entendre, témoigner.
      la démarche est complexe pour eux et eux non plus n’ont pas que ça à foutre. c’est juste que c’est important alors ils s’investissent.
      ces « jeunes des banlieues », ces « zones sensibles » sur qui on projette toutes les peurs, font le premier pas. c’est pas à eux de le faire.
      il s’agit d’une mise de confiance. un coup de poker. si c’est pas suivi d’effet, la porte se refermera en claquant fort.
      (non mais vraiment je crois que les gens réalisent pas du tout le potentiel de cette proposition ça me ferait mal que ça passe à la trappe)
      (j’aime toujours pas l’école c’est pas le sujet, dépassez le cadre institutionnel, hein, on fait ce qu’on peut avec les moyens qu’on a)
      (je sais c’est lourd mais si t’es pas lourd tout se perd dans le flux, c’est comme ça)
      et alors si t’es étudiant. genre histoire ou sciences sociales, tvoa, c’est légèrement une ouverture à ne pas rater pour toi aussi.
      si t’es sociologue ou prof à plus forte raison tu dois ramasser tes organes et y aller. surtout si t’es sociologue.

  • L’école, « Charlie » et les autres : entrer dans la boîte noire des classes
    http://aggiornamento.hypotheses.org/2538

    Les témoignages d’enseignants d’histoire-géographie réunis ci-dessous veulent signifier et donner à lire au plus près du réel[6] – et donc imparfaitement – ce qui a pu s’élaborer, se partager au sein de certaines classes. Il ne faut point y voir des modèles mais simplement, à titre indicatif, des retours d’expérience qui valent par leur singularité[7]. Il est de toute façon difficile d’en évaluer les résultats. Deux certitudes seulement : les recommandations du ministère, aussi bien intentionnées étaient-elles, n’ont guère été inspirantes[8] ; on souhaiterait que ne soit plus imposée une minute de silence. À solenniser uniformément une émotion qui ne se commande pas, on produit inutilement et mécaniquement des oppositions. Source : Aggiornamento (...)

  • Témoignage apaisé d’une prof en banlieue pourrie.
    http://www.chouyosworld.com/2015/01/14/mes-eleves-un-drame-et-des-mots

    Un prof est sous le feu nourri de mille questions à la fois. Le dialogue est possible mais le débat serein ne l’est pas tant nous sommes tous face à nos limites quand ce qui nous semble évident, moralement et socialement, est mis en cause. Nous sommes en première ligne d’une lutte pour laquelle nous n’avons que trop peu de moyens, humains et horaires. Pas besoin de textes pétris de bonnes intentions, pas besoin de liens vers des séquences sur la liberté d’expression, pas besoin d’émission sur « comment parler des attentats avec les élèves » : donnez-nous des médecins scolaires, des assistantes sociales, des COP, des assistants d’éducation, des éducateurs, des profs payés et traités correctement. Donnez-nous des heures pour aider à réfléchir, interroger et comprendre le monde dans lequel nos élèves vivent et sont amenés à prendre part. Tout simplement.

  • Pour mes élèves de Seine Saint-Denis (Tailspin)
    http://tailspin.fr/post/107696839163/pour-mes-eleves-de-seine-saint-denis

    Alors ils m’ont dit ce qu’ils pensaient. Tout le monde a participé à la discussion. Voici ce qu’ils m’ont dit.
    Ces gens-là, madame, c’est pas des musulmans, c’est des tarés.
    C’est péché de tuer.
    Ils sont cons, ils vont aller en enfer, ils ont pas droit de tuer les gens. Allah est le seul qui peut juger, on n’a pas le droit de juger.
    Mais madame, si les dessinateurs étaient menacés de mort depuis longtemps, pourquoi ils ont continué ? Ils auraient dû arrêter, ils auraient été tranquilles. C’était quand même un peu abusé, ils en rajoutaient tout le temps.
    […]
    Toutes et tous ont compris. Aucun ne m’a dit : « C’est bien fait », « Ils l’ont bien cherché », « Je suis bien content-e ». Aucun. Je n’ai pas eu besoin de les mener à dire quoi que ce soit. Ils l’ont dit eux-mêmes. Les enfants de Seine Saint-Denis ne sont pas des idiots.

    Et moi non plus, enseignante, je ne suis pas idiote. Je ne baigne pas dans la démagogie dégueulasse dont on nous pense souvent coupables.
    Je sais qu’une poignée d’élèves a refusé de faire la minute de silence, quand une grande majorité l’a respectée sans aucun problème. Curieusement – ou pas – ce sont les mêmes élèves qui, tout au long de l’année, ne respectent pas l’école ni les enseignant-e-s. Les mêmes qui viennent au collège sans leurs affaires, ne font pas leur travail, n’apprennent pas leurs leçons, perturbent le cours. Les mêmes dont les parents ne viennent pas aux réunions de remise des bulletins, les mêmes dont la famille ne répond pas au téléphone. Les mêmes dont nous peinerons à freiner la déscolarisation.
    Ce n’est pas une coïncidence.
    […]
    Lorsque je vois qu’un quotidien national, quelques jours après l’attentat contre Charlie Hebdo, part investiguer dans le 93 pour savoir comment ont réagi les élèves, je m’interroge, parce que l’odeur qui émane d’une telle démarche n’est pas très agréable à sentir.
    Pourquoi le 93 ? Aucun de ces terroristes ne venait de Seine Saint-Denis. Aucun. Pourquoi le 93 ?
    […]
    Je regrette vraiment qu’aujourd’hui les élèves du 93 soient stigmatisés, au lendemain de l’attentat terroriste, et je ne comprends pas pourquoi les médias choisissent de titrer, dans un geste racoleur qui me fout sérieusement la gerbe, « Les élèves de Seine Saint-Denis ne sont pas tous Charlie ».
    Les élèves de Seine Saint-Denis n’ont surtout rien demandé. Ils aimeraient bien qu’on leur foute la paix, pour une fois, qu’on arrête de braquer les projecteurs sur eux dès qu’un bas du front islamiste vient dire ou commettre quelque chose d’effroyable.
    Pas d’amalgame, dit-on.
    Sauf qu’on regarde toujours du même côté quand quelque chose ne va pas. On dresse l’inconscient des lecteurs, même les plus intelligents, à créer une association d’idées entre un attentat terroriste et des gamins de Seine Saint-Denis qui ne représentent pas la majorité et qui sont conditionnés par le milieu qui les a vus naître.
    Oui, il y a des connards en Seine Saint-Denis. Oui, il y en a qui sont bien contents que Charb se soit pris une balle dans la tête.
    Non, tous les enfants de Seine Saint-Denis ne sont pas pour ces attentats. Non, tous les enfants de Seine Saint-Denis ne sont pas d’accord avec l’intégrisme islamiste. C’est même le contraire. Certains ont écrit spontanément des plaidoyers pour la liberté d’expression. D’autres ont eu des remarques plus intelligentes que certains adultes. D’autres ont lu « Liberté » de Paul Eluard en sanglotant.
    En braquant les caméras et les dictaphones sur une poignée de crétins, on oublie l’intelligence des autres et la sienne.
    Pendant ce temps-là, des Musulmans et des Musulmanes se font agresser. Des mosquées sont incendiées, taguées, injuriées.

    #éducation #médias #stigmatisation #collège #Seine-Saint-Denis

    • 1 autre témoignage :http://www.chouyosworld.com/2015/01/14/mes-eleves-un-drame-et-des-mots

      Et encore plus intéressant encore, une collecte de témoignages par un collectif de profs d’histoire-géo, où l’on découvre (alors qu’on devrait partir de là à mon sens) que certains élèves sont terrorisés : « Bonjour Madame,

      Je suppose que vous avez appris pour le Charlie Hebdo mercredi.. hier à Montrouge et ce matin prise d’otages.. a dammartin plusieurs coup de feu depuis 9h15.. en Seine et Marne... A coté.. de chez nous .. ça fait peur.. moi même Je commence à avoir peur Madame... Ai-je raison d’avoir peur ? ... »

      "Et ils ont « débattu » quasiment sans moi ensuite. Pareil, ni plus ni moins intéressant qu’avant. 
Mais avec beaucoup plus de scepticisme sur les pistes possibles pour sortir de cette merde.
"Il faut attendre qu’ils nous mettent dans des trains pour qu’il y ait un sursaut" dit l’une, citant Zemmour et Houellebecq. 
"C’est pas nous qui pouvons faire quoi que ce soit"
Un moment sur la violence qui a débouché sur une petite touche conspirationniste que j’ai désamorcée en me levant pour feindre de chercher les micros des RG et en faisant le clown pour les convaincre que j’étais une espionne, d’ailleurs, ai-je dit, « ne suis je pas un peu différente de d’habitude »

      « Bonsoir madame
J’avais un rdv médical aujourd’hui c’est pour ça que je n’ai pas pu assister à vos cours. Je voudrais vous posez des questions sur ce qu’il se passe en ce moment désolé de vous déranger alors que vous êtes en week end. Pensez vous que ça pourrait s’aggraver encore plus ? Que ça va être comment l’attentat du 11 septembre ? Vous pensez qu’il peut y avoir une guerre ? Je suis terrorisé j’ai même plus envie de sortir de chez moi c’est horrible d’instaurer un climat de terreur aussi fort. Je ne sais pas à qui poser mes questions et je pense que vous êtes la mieux placer. »

      « Je suis sortie vidée et assommée surtout par leur sentiment d’impuissance. Ils sont convaincus d’un fatalisme qui fonctionne sur une tautologie assez inextricable : l’Etat (ils ne savent pas ce qu’est l’Etat, il faudra y réfléchir) ment mais l’Etat fait. Donc eux n’ont rien d’autre à faire qu’à attendre que l’Etat fasse mais l’Etat ne fera rien d’autre que mentir. CQFD. Inertie. »

      http://aggiornamento.hypotheses.org/2538

  • Le Triomphe de la République.1871-1914 | aggiornamento hist-geo
    http://aggiornamento.hypotheses.org/2527

    Que vient faire ici la recension d’un ouvrage titrant unilatéralement que la République « triomphe » entre 1871 et 1914 ? Plus gênant encore, nul sous-titre proclamant une vigoureuse « contre-histoire » ou une bousculante histoire « critique » ne vient déconstruire cette couverture crânement républicaine qui s’orne qui pis est d’une photographie de bal de 14 juillet, sur l’air de « qu’elle-était-bien-la-Belle-époque-d’antan » !

     S’agirait-il alors de mettre en garde contre le retour d’une historiographie néo-lavissienne ?

    Ou d’expérimenter des rencontres aussi improbables que celles « d’une machine à coudre et d’un parapluie » ?

    Du tout ! Plus que Lautréamont c’est Prévert qu’il faudrait convoquer ici tant la synthèse d’Arnaud-Dominique Houte entre en résonance avec le foisonnant questionnement aggiornamentiste – inventaire désordonné non exhaustif :

    #historiographie #république #histoire

  • Pour l’apprentissage du raisonnement historique : quelques suggestions pour les cycles 2, 3 et 4 | aggiornamento hist-geo
    http://aggiornamento.hypotheses.org/2502

    Je propose donc de focaliser mon intervention sur l’apprentissage d’un raisonnement historique. La perspective est plus épistémologique ; il s’agit de postuler que le mode de pensée historique participe, aux côtés d’autres modes de pensée, à l’intelligibilité du monde. Le plus difficile étant de circonscrire ce que le raisonnement historique peut avoir de spécifique et ce qui justifie son apprentissage dans le cadre d’une école républicaine, étant entendu qu’il ne s’agit en rien de former de petits historiens.

    #histoire #historiographie #éducation

  • Subvertir l’évaluation ? | aggiornamento hist-geo
    http://aggiornamento.hypotheses.org/2487

    La fureur de tout évaluer est le poison du jour, et une parfaite idéologie, s’il est vrai qu’on mesure le caractère idéologique d’un discours à deux critères : d’une part à la redondance systématique des mêmes exigences dans les domaines les plus variés, d’autre part au faible nombre de ceux ou celles qui semblent y gagner quelque chose. On prétend ainsi évaluer les enfants dès la maternelle, pour prévenir leur présumée « dangerosité » sociale, puis chacun tout au long de la vie : à l’école, les élèves (RAPPORT BENISTI de novembre 2004) comme les professeurs (rapport_Attali), à l’université (création de l’Aeres, Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur, en 2006), dans l’entreprise (nouvelles techniques de management), dans le sport, à l’hôpital, dans la recherche, dans les pratiques les plus intimes, chez son psychanalyste (premier amendement Accoyer), sur le marché de l’art (pour obtenir des subventions publiques), et à l’horizon au sein de toute relation humaine (la socialité comme calcul). Ces pratiques ont un coût terrible : à évaluer chaque compétence, et actes scolaires, on éteint inventivité et plaisir du savoir ; à évaluer chaque travailleur, on pousse au conformisme, quand ce n’est pas au suicide (comme au technocentre de Renault à Guyancourt) ; à évaluer chaque scientifique à partir de la régularité de ses publications, on éteint d’avance le caractère collectif, disruptif et digressif de la pensée ; et à évaluer sans cesse ses analystes, ses amant(e)s, ses ami(e)s, on foudroie la vérité de toute rencontre véritablement humaine, c’est-à-dire son caractère singulier, absolument incomparable.

    #évaluation #capitalisme #école #éducation

  • L’école saisie par le management antiterroriste | aggiornamento hist-geo
    http://aggiornamento.hypotheses.org/2454

    Mediapart a révélé il y a quelques jours la mise en circulation, dans l’académie de Poitiers d’un document adressé aux chefs d’établissements et destiné à sensibiliser les cadres à d’éventuelles radicalisations religieuses chez les élèves. Le document ne laisse planer aucun doute, dans le contexte de surexposition médiatique des jeunes Français dits « Djihadistes », sur la cible exclusive de ce document : les élèves déjà/supposés/potentiellement musulmans.

    #éducation #religion #terrorisme

  • L’école saisie par le management antiterroriste
    http://aggiornamento.hypotheses.org/2454

    Sur le plan politique, cette succession de mises en garde ridicules témoigne de la banalisation d’un discours sécuritaire standardisé, dicté par des normes policières soucieuses de rendement et d’efficacité dans la lutte antiterroriste. Ce processus qui alimente quotidiennement la stigmatisation des quartiers populaires et des familles musulmanes (ou supposées l’être) procède par amalgames grossiers et (...) Source : aggiornamento hist-geo

  • Structure des groupes humains : vers une axiomatique | aggiornamento hist-geo
    http://aggiornamento.hypotheses.org/2380

    Je présente ci-dessous les éléments d’une théorie générale des formes de vie collective.

     La double nature du social a été largement reconnue par maints auteurs en termes de « grand partage » et en fonction d’un certain nombre de dichotomies (primitif/civilisé, traditionnel/moderne, etc.). Sans devoir remonter à Rousseau, quelques sociologues comme Ferdinand Tönnies (Gemeinshaft et Gesellshaft), des philosophes comme Martin Buber (société et politique), ou des ethnologues comme Pierre Clastres (sociétés contre l’Etat et sociétés avec l’Etat) Victor Turner, ou Stanley Diamond, ont bien deviné la présence de principes antithétiques et compris qu’il existait deux manifestations radicalement différentes de la vie collective. Plus récemment encore des sociologues ont mis à jour deux structures, et deux seulement, caractérisant tous les groupes humains : la hiérarchie et la coopération (Karl van Meter). Ces efforts peuvent-ils aboutir à fonder une théorie de la société ? Je pense que oui, mais à deux conditions. La première est de prendre en considération certains groupes humains observés par les ethnologues, la seconde est d’adopter une perspective évolutionnaire. Ces deux conditions permettent de situer le schéma dans une problématique anthropologique large et amènent à redéfinir les concepts fondateurs. J’utiliserai ainsi, dans un sens précis et particulier, celui de régime « socio-hiérarchique » et je lui opposerai celui de régime « anarcho-grégaire » ou « anarcho-égalitaire ». J’opposerai de la même façon la réciprocité au partage, les liens faibles aux liens forts dans un rapport homothétique au couple égalité/hiérarchie.

    #vie_collective #égalité #hiérarchie #sociologie #anthropologie

    À mon avis un peu simpliste comme thèse générale, avec toutefois quelques points saillants qui éclaire nos « démocraties ».