person:joseph stalin

  • Exposition : Joseph Staline, commissaire des arts
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/03/21/joseph-staline-commissaire-des-arts_5439038_3246.html


    « Donbass, la pause déjeuner » (1935), d’Alexandre #Deïneka, huile sur toile.
    COLLECTION DU MUSÉE NATIONAL DES BEAUX-ARTS DE LETTONIE / ADAGP, PARIS, 2019

    Pourquoi nous cache-t-on la peinture russe ­contem­poraine ? La question était posée le 11 janvier 1952 par André Breton dans l’hebdomadaire Arts. A l’époque, les seuls à la connaître un peu étaient ceux qui avaient fait le voyage en Union soviétique, ou ceux qui se souvenaient du pavillon de l’URSS à l’exposition ­universelle de Paris, en 1937. Le Centre Pompidou évacuait prudemment le sujet en 1979 avec l’exposition « Paris-Moscou » : elle s’interrompait à l’année 1930, avant que ne s’imposent les théories du réalisme socialiste.

    L’exposition « Rouge » au Grand Palais ose enfin dévoiler ce que Breton entendait dénoncer : les œuvres produites durant le stalinisme, pour beaucoup jamais montrées, qui succédèrent aux avant-gardes accompagnant la révolution de 1917, elles désormais bien connues. Le parcours conçu par Nicolas Liucci-Goutnikov, conservateur au Centre Pompidou et commissaire de l’exposition avec Natalia Milovzorova, couvre toute la période, jusqu’à la mort de Staline, en 1953, en présentant 400 pièces.

    Les avant-gardes, donc, ouvrent la visite. Pas toutes : n’ont été retenus que les travaux des artistes engagés avec la révolution dans la recherche d’un art productif, productiviste même. Foin de paysages pastoraux, dessinons des casseroles, des vraies. Pas de peinture « bourgeoise », et en ce sens, les tableaux de Chagall, même si celui-ci soutint la révolution, n’ont pas leur place, mais un art conçu dans une logique industrielle, répondant aux besoins de la société nouvelle.

    Dès 1918, le poète Vladimir Maïakovski, s’appuyant sur les artistes futuristes russes, publie un manifeste, le Décret n° 1 sur la démocratisation des arts, qui veut abolir « le séjour de l’art » dans les galeries ou les musées pour le transplanter dans la rue ou les usines. On est là très proche du Bauhaus allemand. Alexandre Rodtchenko […]

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    • Rouge – Exposition au Grand Palais du 20 mars au 1er juillet 2019
      ROUGE
      Art et utopie au pays des Soviets
      Grand Palais, Galeries nationales
      20 mars 2019 - 1 juillet 2019

      https://www.grandpalais.fr/fr/evenement/rouge

      • Plus de 400 œuvres exposées
      • Peinture, sculpture, architecture, photographie, cinéma, design…des œuvres pour la plupart jamais montrées en France !
      • Alexandre Rodtchenko, Kazimir Malevitch, Gustav Klutsis, Alexandre Deïneka, Sergueï Eisenstein, Varvara Stepanova…
       L’exposition_ Rouge. Art et utopie au pays des Soviets_ présente un ensemble de plus de 400 œuvres conçues dans un contexte social et politique particulier. Son parcours chronologique commence en 1917 avec la révolution d’Octobre et se termine en 1953, année de la mort de Staline.

      Elle interroge la manière dont le projet de société communiste a engendré des formes d’art spécifiques. Des années 1920, marquées par un grand nombre de propositions d’avant-garde, aux années 1930 qui voient l’affirmation d’un dogme esthétique, le parcours aborde tous les domaines des arts visuels : peinture, sculpture, architecture, photographie, cinéma, design, arts graphiques avec des œuvres, pour la plupart jamais montrées en France.

      Les artistes tels que Rodtchenko, Malevitch, Klutsis … ont voulu accompagner par leurs œuvres l’édification du socialisme et contribuer à la transformation du mode de vie des masses. C’est cette histoire, ses tensions, ses élans comme ses revirements que relate l’exposition en posant la question d’une possible politisation des arts.

      Exposition organisée par la Réunion des musées nationaux - Grand Palais et le Centre Pompidou Musée national d’art moderne.

    • Rouge : l’exposition - YouTube
      https://www.youtube.com/watch?v=jgock_xNmQA

      Entre utopie artistique et utopie politique, l’exposition « Rouge, art et utopie au pays des Soviets » s’intéresse à la façon dont le projet communiste a produit une forme d’art spécifique, participant à la révolution du mode de vie. Le commissaire Nicolas Liucci-Goutnikov retrace le parcours de cette exposition qui court de la révolution d’Octobre jusqu’à la mort de Staline. Mêlant le design, la peinture, l’architecture, le cinéma, ou encore le photomontage, partez à la (re)découverte de l’art soviétique.

  • Le Moine aux Yeux Verts | note de lecture d’Antoine Maire sur LinkedIn
    https://www.linkedin.com/pulse/le-moine-aux-yeux-verts-antoine-maire

    Je viens de terminer la lecture de l’ouvrage, Le moine aux yeux verts (Grasset), rédigé par Ts. Oyungerel, ancienne députée et ministre de la culture de Mongolie, et son mari, Jeffrey Falt. Sa lecture vaut tant pour sa valeur romanesque que pour la description concrète qu’il offre d’une période de grandes mutations et de grands traumatismes à laquelle la Mongolie a été confrontée à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

     Le lecteur y suit les aventures d’une petite communauté de l’aïmag de Khövsgöl, dont est originaire Ts. Oyungerel. Ses membres voient le cours de leur vie bouleversé au gré des grands événements historiques qui ont marqué la Mongolie à l’époque. Le roman mélange avec brio les thèmes de l’amour, de la responsabilité individuelle, de la fidélité à ses croyances et du rapport au politique dans une fresque historique passionnante. Les personnages, au gré des événements historiques, font face à des choix structurants et difficiles, décrits sans manichéisme aucun malgré leur acuité. Les dilemmes auxquels ils se heurtent sont universels et créent de fait chez le lecteur une forte empathie. Le récit est par ailleurs très imagé et permet une immersion dans les aventures des personnages, qui partent du lac Khövsgöl et voyagent par Oulan-Bator, les steppes orientales, la région chinoise de Mongolie Intérieure ou encore le désert de Gobi. Il offre à toute personne souhaitant découvrir la Mongolie, une magnifique plongée dans ses paysages, sa culture et ses traditions. 

     Outre sa valeur romanesque, l’ouvrage présente également plusieurs points d’intérêts pour ceux qui sont intéressés par l’étude de la Mongolie. Tout d’abord, il dresse une fresque historique d’une période charnière dans l’histoire mongole en revenant sur plusieurs événements décisifs tels que la prise du pouvoir de Kh. Choibalsan, la répression de la fin des années 1930 contre l’église lamaïque décidée par le Parti populaire et révolutionnaire mongol, la contribution mongole à la Seconde Guerre mondiale ou encore la conquête d’une indépendance de jure pour le pays. Sur le plan politique, l’ouvrage permet également de mettre en évidence l’intrication des rapports qui existaient alors entre l’Union soviétique et la Mongolie. La description des relations entre les personnages et les conseillers soviétiques illustrent la complexité de ces dernières, tout comme les débats provoqués par l’avancée des troupes mongoles en Mongolie-Intérieure au terme de la Seconde Guerre mondiale. L’ouvrage présente enfin l’intérêt d’illustrer de manière très concrète comment ses grands événements historiques se sont traduits dans la vie des Mongols. Les choix effectués par les individus face à ces évolutions, qu’il s’agisse de leur rapport à la religion, au Parti unique ou encore à la répression, sont décrits avec beaucoup de finesse. Ils offrent une incarnation concrète aux mutations et traumatismes hérités de cette époque et présents au sein de chaque famille.

     Toute personne intéressée par la Mongolie et son histoire trouva dans la lecture de cet ouvrage un grand intérêt et un plaisir certain. Les lecteurs du livre Les Mongols Insoumis (Ateliers Henry Dougier) y découvriront plusieurs résonances, notamment une incarnation concrète des événements décrits dans le chapitre 2, consacré à l’héritage du socialisme et à son héritage. La lutte mongole pour l’indépendance, les crimes du socialisme ou encore à la gifle adressée par l’ancien Premier ministre mongol Genden à son homologue soviétique, Joseph Staline, en 1936 en constituent autant d’exemples.

    Bonne lecture !

    • Le moine aux yeux verts | Editions Grasset
      https://www.grasset.fr/le-moine-aux-yeux-verts-9782246859239

      Ce roman foisonnant nous plonge dans la #Mongolie au moment de la Seconde Guerre mondiale. Le pays a préféré la férule des Bolcheviks aux ambitions chinoises, mais la situation est tendue entre le pouvoir et les religieux. Dans un des grands monastères de Mongolie, le jeune Baasan se prépare à devenir lama, tout comme ses frères. Quand Sendmaa – qui est non seulement la fille d’un des amis de son père mais aussi une descendante directe de Genghis Khan – arrive au monastère pour aider à broder un bouddha géant destiné à une grande cérémonie, les deux jeunes gens tombent amoureux. Baasan veut renoncer à sa vocation afin de pouvoir épouser la jeune fille, mais son maître spirituel lui demande de rester quelques mois de plus : la révélation du neuvième Bogd – un des chefs spirituels du lamaïsme à côté du Dalaï-lama – est proche et il a encore besoin de lui dans cette période si particulière.
      Une autre jeune femme, Chulunjii, elle aussi amoureuse de Baasan, profite de ce délai pour intriguer contre Sendmaa. Son plan réussit, et Sendmaa sera mariée contre son gré au frère aîné de Baasan. Mais cette tragédie personnelle n’est que le prélude à d’autres violences qui s’abattent sur la région. Les révolutionnaires arrêtent tous les lamas, pillent et brûlent les monastères. Le père de Baasan est tué, Baasan est envoyé dans un camp de travaux forcés tandis qu’un nombre considérable de ses condisciples sont tués.

      Baasan participe aux grands travaux de la capitale mongole, il survivra tant bien que mal, tout comme Sendmaa… À la fin de la guerre, la vie reprend son cours, mais c’est seulement des années plus tard qu’on découvrira le charnier de tous les lamas sauvagement assassinés pendant ces années noires de la Mongolie…

      Le roman d’Oyungerel Tsedevdamba et Jeffrey L. Falt évoque, dans la grande tradition romanesque, le destin d’un pays oublié de tous ou presque.

  • Gregory Klimov. The Terror Machine. Chapter 13
    http://g-klimov.info/klimov-pp-e/ETM13.htm

    Between Two Worlds

    Before the war I came across a book by Paul de Cruis: Is Life Worth Living? The book was a real find for the Soviet State Publishing Company; it was in complete accord with the Politburo course of that time, with its attack on the ’rotten democracies’. And so the book was translated and published in huge editions.

    The Russian edition had a foreword by the author; it was so amazing that I read it aloud to a friend: "’I cannot pass myself off as a proletarian; rather am I a bourgeois of the bourgeois, enervated and corrupted by the blessings of my social state.

    With a partridge wing in one hand and a glass of Burgundy in the other, I find it difficult to reflect on the social ulcers and painful problems of modern society. Nonetheless I am enthusiastic for the great Soviet experiment, I raise my right fist’ - holding the partridge wing or the Burgundy? - ’and cry: “Red Front!”’

    At this point my friend had had enough, and, swearing violently, he flung the book away. Both of us bitterly regretted that we hadn’t got the simple-minded Frenchman in the room with us. It may be there are people who get pleasure out of watching a dissected rabbit, but the rabbit itself hardly shares the pleasure.

    Paul de Cruis truthfully and honestly analyzed the defects of modem American society; he was indignant at the fact that American unemployed workers were living in extremely wretched conditions, and that their food consisted chiefly of fried potatoes and horribly salted pork. And their children received only a liter of ordinary milk a day, as an act of charity. And he exclaimed: “Is their life worth living?”

    Naturally, standards of good and bad are always relative. And possibly he was justified in concluding that in comparison with American living conditions generally such a state of affairs was very bad.

    But a Soviet reader reading those words might well ask: “And what is the state of the Soviet workers, who work themselves to death to earn a wage - not unemployment pay - which only very rarely assures them such a treat as pork, whether salted or unsalted? And what of their children, who even in the best years, received less milk than an American unemployed worker’s child? What answer could be given to the question: ’Was it worth while for these children to be born?”’

    After the war I recalled Paul de Cruis’ book, and especially his question: ’Is life worth living?’ For now some of us have had an opportunity to see the children of the democratic world, and that in conquered Germany, in conditions that were, generally speaking, worse than those applying in other democratic countries. Now we have had a chance to draw comparisons.

    In Germany the difference between the children of the two systems was painfully obvious. At first we noticed only the superficial differences; but when we had lived in Berlin for some time we saw another, much more profound difference. Soviet children seem like little soulless automata, with all their childish joy and lack of restraint suppressed.

    That is the result of many years of replacing the family by the State. Soviet children grow up in an atmosphere of mistrust, suspicion, and segregation. We in Berlin found it much more difficult to strike up a conversation with the child of a Soviet officer who was quite well known to us than with any German street urchin in the Berlin streets.

    The German children born in the Hitler epoch, and those who have grown up in the years following the capitulation, could hardly be exemplary in their characters. So we found it all the more depressing to note these vast internal and external differences between the children of the two systems.

    Here is a significant detail. The Germans are not in the habit of having their mother-in-law in the young married couple’s home; it is regarded as a family disaster. The German mothers-in-law themselves take the attitude that when they have disposed of their daughters they can ’enjoy life’; they ride cycles, visit the pictures, and live their own lives.

    In a Soviet family the exact opposite is the case. It is a bit of luck for the wife, and even more for the children, if her mother-in-law is living with them. Soviet children usually grow up in their grandmother’s care.

    Whereas the German woman of forty or more often begins a ’second youth’ when her daughter gets married, the Russian woman of over forty no longer has any personal life, she devotes herself wholly and entirely to her ’second family’, to her grandchildren. Only then is there any surety that the children will be brought up in a normal manner.

    Generalizing on this difference, one can say that the German woman belongs to the family, the Soviet woman to the State. A Soviet woman can become an engine driver, a miner, or a stonemason. In addition, she has the honorable right of voting for Stalin, and of being her husband’s hostage if the M. V. D. is interested in him. Only one small right is denied her: the right to be a happy mother.

    For a long time there were two conflicting theories as to the formation of the child character, and Soviet pedagogues were divided into two camps. The heredity theory maintained that the chief part in the development of human characteristics was played by the inherited genes; this theory came to be widely accepted by pedagogues after the emergence of a separate science of genetics. The second, environment, theory declared that the infant mind was a tabula rasa, on which environment wrote the laws of human development.

    This made the child’s characteristics exclusively dependent on the influences of its milieu. In due course the Politburo issued a specific instruction that the environmental theory was to be accepted as the basis of Soviet pedagogy. The totalitarian State fights wholeheartedly for the souls as well as the bodies of its citizens; it cannot stand any rivals in the formation of the citizen - not even genes. Soviet pedagogy now declares in so many words that the Soviet child is a hundred-per-cent product of its communist environment.

    During the period before this approach was finally established the Politburo based its system of Soviet education on a tenden-tious curriculum and the political organization of the youth in the Pioneers and the Young Communist League; in these organizations the children began when quite young to render their service to the State. The years passed, and after much experimentation the authorities went over from the ’method of conviction’ to the ’method of compulsion’.

    In 1940 a ’Committee for the Problem of Labor Reserves’ was set up as a subsidiary of the Council of People’s Commissars, and trades and technical schools attached to the factories and works were organized. The pupils for these educational institutions were compulsorily recruited at the age of fourteen, under the pretext of mobilizing labor reserves.

    In 1948 a State decree established the Suvorov and Nakhimov Cadet Schools. The task of these schools - there are some forty of them - is to prepare children of eight years and upward for a military career by a barrack style of education and training.

    I once had the opportunity to visit the Suvorov Cadet School at Kalinin. It was not far from Moscow, and consequently was the most privileged of all these schools, there being no Suvorov school in Moscow itself. At Kalinin I met a number of lads who were the grandsons of Politburo members.

    Petka Ordjonokidze, the grandson of Sergo Ordjonokidze, at one time People’s Commissar for Heavy Industry, was sitting in his underwear on his bed, for his uniform trousers were being repaired, and service regulations prescribed only one pair per child. In this respect, to have a highly influential and famous grandfather was of no advantage whatever. The teacher, a captain, complained of his delicate position in regard to Mikoyan’s youngest scion, who kept the whole establishment supplied with cigarettes, which he smuggled into the school.

    He could hardly be punished with the cells, for his grandfather was still alive and had a very good seat in the Politburo. Some of these lads of twelve or thirteen years old were wearing service decorations, which they had won as partisans. Seen close up, all this doesn’t look too bad: the Suvorov schools are privileged institutions in which the children are clothed, fed, and educated at the State expense.

    There are candidates and to spare for all vacancies, so it isn’t easy for the ordinary child to get to these schools. In that at Kalinin about half the pupils consisted of relations of generals and other members of the Soviet aristocracy.

    On leaving these schools the pupils may not enter any other than an officers’ training college. Their fate, their future career, are decided when they are eight years old. The classless society divides its children at an early age into strictly delimited castes: the privileged caste of the military and the caste of the proletarians, whose job is to do productive work, to multiply up to the approved limits, and to die for the glory of the leader.

    In 1946 an urgent conference was called by the head of the S. M. A. Political Administration to discuss the question of improving educational work in the Russian school at Karlshorst. Certain unhealthy trends had been noted among the scholars in the higher forms. A month or so before, a scholar in the ninth form had shot his father and his father’s young mistress.

    The father was a Party member, a lieutenant-general, and an official in the S. M. A. legal department. Apparently he had taken a fancy to wartime habits, and had been untroubled by the circumstance that he had been living with his paramour under the very eyes of his grown-up son and daughter, whose mother had remained in Russia.

    After fruitless talks, pleadings, and quarrels with his father, the son, a seventeen-year-old member of the Young Communist League, had decided to appeal to the advice and assistance of the Party organization. He had put in an official report to the head of the Political Department.

    When a Party man is accused of moral or criminal misconduct the Party organs usually act on the principle of not washing dirty linen in public. So the Political Department tried to hush up the affair, and only passed on the report to the father. The result could have been anticipated. The father was furious, and took active steps against his son. It ended by the son snatching up his father’s pistol and shooting him.

    Hardly had the commotion died down after this tragic incident when the Karlshorst commandant, Colonel Maximov, had to entrust a rather unusual task to a company of the commandatura guard. A mysterious band of robbers was operating in the wooded sand dunes and wilderness around Karlshorst, and filling the entire district with alarm and terror.

    The company sent to deal with it was strictly enjoined not to shoot without special orders from the officer in command, but to take the robbers alive. For they were scholars from higher forms of the Karlshorst school, and were led by the son of one of the S. M. A. generals. They were very well armed, with their father’s pistols, and some of them even with machine pistols.

    The district was combed thoroughly, the robbers’ headquarters were found in the cellar of a ruined house, and it was formally besieged. Only after long negotiations conducted through emissaries did the head of the band declare himself ready to capitulate. It is striking that the first of his conditions for surrender was that they were not to be sent back to the Soviet Union as a punishment. The officer in command of the company had to send a courier to the S. M. A. staff to obtain the necessary agreement to the condition. The stipulation greatly disturbed the S. M. A. Political Department.

    It was discovered that the results achieved in the higher forms of the Karlshorst school were not up to the standard of corresponding forms in the U. S. S. R., and on the other hand there was a considerable increase in truancy. The only improvement shown was in regard to German conversation, and this did not please the school authorities at all, as it showed that the pupils were in contact with the German world around them. That might have unpleasant consequences for the school staff.

    The commandatura patrols regularly hauled scholars out of the darkness of the Berlin cinemas in school hours. A search of the desks of older scholars led to the discovery of hand-written copies of banned Yesenin poems and amoral couplets by Konstantin Semionov, which soldiers had passed from hand to hand during the war. Worst of all, the S. M. A. hospital notified the chief of staff that several cases of venereal disease had occurred among the senior scholars. A sixteen-year-old girl was brought to the hospital suffering from a serious hemorrhage as the result of a clumsy attempt at abortion. Another girl lay between life and death for several months after she had made an attempt to gas herself because of an unhappy love affair.

    All these things had led to the Political Department calling an urgent conference, which decided that radical measures must be taken to improve the communist education of the Soviet children and youths in Germany. It was agreed that the most effective step towards effecting such an improvement was the approved panacea for all diseases: additional lessons on the ’Short Course of History of the C. P. S. U.’ and on the childhood and youth of the leaders of the world proletariat, Lenin and his true friend, collaborator and pupil, Joseph Stalin. It was also decided incidentally to send the incorrigible sinners home to the Soviet Union, a punishment which hitherto had been applied only to the adult members of the Karlshorst Soviet colony.

    *

    “Well, did you like it?”

    “Oh yes. An outstanding piece of work.”

    “Unquestionably. A real chef-d’oeuvre.”

    The solid stream of human beings carried us in the darkness out of the cinema of the officers’ club in Karlshorst. The crowd expressed their opinions about the film as they poured out.

    That morning Nadia, the secretary to the Party Organizer in the Administration for Industry, had rather startled us by her obliging conduct. She had gone from room to room, handing each of us a cinema ticket, and even asking affably how many we would like. Normally it wasn’t so easy to get hold of tickets; if you wanted to go you had to apply to Nadia very early.

    “Ah, Nadia, my dear! And what is showing today?” I asked, rather touched by her amiability.

    “A very good one, Gregory Petrovich. The Vow. How many tickets would you like?”

    “Ah! The Vow,” I murmured respectfully. “In that case let me have two.”

    The Soviet press had devoted a great deal of space to this film, extolling it to the skies as a new masterpiece of cinematic art. Although, generally speaking, I am skeptical of proclaimed masterpieces, I decided to go. It was so remarkably publicized that it would have been quite dangerous not to.

    Within five minutes of its beginning Captain Bagdassarian and I were watching the clock rather than the screen. It would have been an act of madness to leave, and yet to sit and watch the film...

    ’Let’s act as though we were going to the toilet, and then slip out," Bagdassarian whispered.

    “You’d better sit still and see it, out of scientific interest!” I advised him.

    Even in the pre-war Soviet films Stalin had begun to acquire a stature equal to Lenin’s. But in The Vow Lenin served only as a decorative motif. When they heard that Lenin was seriously ill the peasants from the entire neighboring district went on pilgrimage to the village of Gorky, where Lenin was living. But now it appeared that they had gone to Gorky only to plead, with tears in their eyes, for Stalin to be their leader. They swore their troth and fidelity to him for thousands of feet.

    I swore too. I swore that never in all my life, not even in pre-war days, had I seen such stupid, coarse, and unashamed botching. No wonder that our officers’ club had stopped showing foreign films for some months past.

    “Show a film like that abroad,” Bagdassarian said as we went home, “and they’ll believe that all Russians are a lot of fools.”

    “They’ve got plenty of rotten films of their own.” I tried to appease him.

    The few foreign films, which had been shown from time to time in the Soviet Union, were real masterpieces of the international cinema. Of course such films were shown only when they corresponded with higher interests and in conformity with the sinuosities of Soviet foreign policy.

    The result was that Soviet citizens came to have an exaggeratedly enthusiastic opinion of foreign cinema art. In Berlin we had extensive opportunities to see the achievements of various countries in this sphere. We often laughed till we cried at some heartrending American picture, with more shooting than dialogue, with blood streaming off the screen right into the hall, and it was quite impossible to tell who was killing whom, and why. It is a striking fact that, if one may dogmatize on the tastes of the ’common people’ at all, the ordinary Russian soldiers never got any enjoyment out of such films.

    It may seem strange, but we liked German films most of all. Whether in music, literature, or cinematic art-all of them spiritual revelations of national life - the German soul is more intelligible than any other to the Russians is. It has the same sentimentality, the same touch of sadness, the same quest for the fundamental bases of phenomena. It is significant that Dostoyevsky has enjoyed even greater popularity among the Germans than among Russians themselves, and that Faust is the crowning achievement of the Russian theater.

    We Russians often had interesting discussions about German films and plays. The Soviet viewer is struck by the unusual attention given to details, to facts, and to the actors themselves. These films provided plenty of matter for argument. The Vow provided no matter for argument.

    “Their art is passive, ours is active. Their art exhibits, ours commands,” Bagdassarian remarked. “Have you seen Judgement of the Nations’!”

    “Yes. It’s a powerful piece of work.”

    “I saw it recently in the American sector. They’ve given it quite different montage treatment, and call it Nuremberg. It’s the same theme, yet it makes no impact whatever.”

    We arrived at Bagdassarian’s apartment. Still under the influence of the film we had just seen, we sat discussing the possibilities of propaganda through art.

    “It’ll take the Americans another hundred years to learn how to make black white,” he said as he took off his greatcoat.

    “If they have to, they’ll soon learn,” I answered.

    “It can’t be done in a day. The masses have to be educated over many years.”

    “Why are you so anxious about the Americans?” I asked.

    “Only from the aspect of absolute justice.”

    “Who’s interested in justice? Might is right. Justice is a fairy-tale for the simple-minded.”

    “I award you full marks in Dialectical Materialism,” the captain sarcastically observed. “But, you know, during the war things were grand!” He sighed. “D’you remember the films the Americans sent us?”

    “Yes, they were pretty good. Only it was rather amusing to see how little they know about our life. In Polar Star the collective farmers had more and better food than Sokolovsky gets.”

    “Yes, and they danced round dances in the meadows, just like in the good old days.” He laughed aloud.

    In 1943 and later, American films on Russian subjects were shown in the Soviet Union. We particularly remembered Polar Star. Although it was very naive, and showed complete ignorance of the Soviet reality, it revealed genuine sympathy for the Russians.

    After a performance one often heard the Russian audience remark: “Fine fellows, the Americans”; although the film represented only Russian characters. The Russians took this kindly presentation of themselves as evidence of the American people’s sympathy for them.

    “That film had a number of expert advisers with Russian names,” I said. “I don’t suppose they’d seen Russia for thirty years or more. The American technique is good, but they haven’t any ideology. Probably they don’t even know what it is.”

    “Stalin’s making hell hot for them, but all they do is gape,” Bagdassarian meditated. “They don’t know what to do. Now they’re beginning to sneer at Russian Ivan: he’s pockmarked, he squints, and his teeth are crooked. The fools! The last thirty years of Russian history are still a white patch to them, yet it’s an inexhaustible well. They’ve only got to strip Stalin naked and the entire world would spit in disgust. And we Soviet people wouldn’t object. But when they start to sneer at Russian Ivan...”

    He sniffed, annoyed to think that the Americans couldn’t tumble to anything so simple.

    We were often amazed to see how little the outside world knew of the true position in Soviet Russia. The thirty years’ activity of the State lie-factory, and the hermetical closure of Russia to free information, had done their work.

    The world is told, as though it was a little child that the capitalist system is doomed to go under. But on that question Soviet people have no hard-and-fast standpoint. History is continually developing, and requiring new forms in its development. But even so, for us the historical inevitability of communism, the thesis that ’all roads lead to communism’, is the one constant factor in an equation which has many unknown and negative factors. For us Soviet people this equation has already acquired an irrational quality.

    We are united not by the intrinsic unity of a State conception, but by the extrinsic forms of material dependence, personal interests, or a career. And all these are dominated by fear. For some this fear is direct, physical, perceptible; for others it is an unavoidable consequence if they behave or even think otherwise than as the totalitarian machine demands.

    Later, in the West, I had an opportunity to see the American film The Iron Curtain, which dealt with the break-up of Soviet atomic espionage in Canada. I had already read various criticisms of this film, as well as the angry outbursts of the communist press, and I was interested to see how the Americans had handled this pregnant theme. It left two impressions.

    On the one hand, a feeling of satisfaction: the types were well chosen; the life of the official Soviet representatives abroad and the role of the local Communist Party were presented quite accurately. Once more I lived through my years in the Berlin Kremlin. No Russian would have any criticism to make of this presentation. It was not surprising that the foreign communist parties were furious with the film, for in this game they play the dirtiest role. Something, which for the staff of the military attaché’s department is a service duty, is treachery to their country when performed by the communist hirelings.

    On the other hand, the film left me with a vague feeling of annoyance. The Americans hadn’t exploited all the possibilities. The Soviet peoples are accustomed to films with the focus on politics, in which the audience is led to draw the requisite conclusions. In this respect The Iron Curtain scenario was obviously weak.

    In Berlin we Soviet officers were able to compare two worlds. It was interesting to set the impression made by real life against the fictions that the Soviet State creates and maintains. The direct creators of this fiction are the toilers with the pen, the ’engineers of human souls’, as they been have called in the Soviet Union.

    Of course we were chiefly interested in the writers who dealt with the problem of Soviet Russia. They can be divided into three main categories: the Soviet writers, who are slaves of the ’social command’; the foreign writers who have turned their backs on Stalinism; and, finally, those problematic foreigners who even today are still anxious to find pearls in the dungheap.

    Let us consider them as a Soviet man sees them.

    One day I found a French novel on Belyavsky’s desk. I picked it up to read the name of the author, and was astonished: it was Ilia Ehrenburg.

    “But haven’t you read it in Russian already?” I asked him.

    “It hasn’t been published in Russian.”

    “What do you mean?”

    “It’s quite simple.”

    He was right. Soviet experts on literature maintain that the finest journalists of the time are Egon Erwin Kisch, Mikhail Koltsov, and Ilia Ehrenburg. There is no disputing that they are all brilliant writers. Koltsov’s literary career came to an abrupt end in 1937, through the intervention of the N. K. V. D. It is said that he is now writing his memoirs in a Siberian concentration camp. For many years Ehrenburg was classified as a ’fellow-traveler’.

    With a Soviet passport in his pocket, he wisely preferred to live abroad, at a respectable distance from the Kremlin. This assured him some independence. His books were published in big editions in Soviet Russia, after they had been thoroughly edited. It was not surprising that I had found a book by him which was in French and unknown in the U. S. S. R. Only the Hitlerite invasion of France drove him back to his native land.

    First and foremost, Ehrenburg is a cosmopolitan. Many people think of him as a communist. True, he subtly and intelligently criticized the defects of Europe and the democratic world. But one doesn’t need to be a communist to do that-many non-communist writers do the same. After he had rid his system of his rabid, guttersnipe denunciations of the Nazi invaders he began to compose mellifluous articles about beautiful, violated France, the steadfast British lion, and democratic America.

    During the war we were glad to read these articles; but it seemed like a bad joke when we saw his signature beneath them. Today, obedient to his masters, he is thundering away at the American ’imperialists’. Ehrenburg, who once enjoyed some independence, has been completely caught in the Kremlin toils.

    His career and fate are very typical of Soviet writers generally. They have only two alternatives: either to write what the Politburo prescribes, or to be condemned to literary extinction. If Leo Tolstoy, Alexander Pushkin or Lermontov had lived in the age of Stalin, their names would never have been added to the Pantheon of human culture. When I was a student books such as Kazakov’s Nine Points, Lebedenko’s Iron Division, and Soboliev’s General Overhaul were passed from hand to hand.

    These names are not well known to the public generally, the books were printed in very small editions and it was difficult to get hold of copies. It is characteristic that they all dealt with the 1917-21 period, when the masses were still inspired with enthusiasm and hope. Their consciences did not allow these writers to write about later times; faced with the alternative of lying or being silent, they preferred silence.

    One cannot condemn the Soviet writers. Man is flesh and blood, and flesh and blood are weaker than lead and barbed wire. In addition there is the great temptation not only to avoid creative and physical death, but also to enjoy all the advantages of a privileged position. Some people may think it strange that there are millionaires in the land of communism. Genuine millionaires with an account in the State bank and owning property valued at more than a million rubles. Alexei Tolstoy, the author of Peter I and scenarios for Ivan the Terrible, was an example of the Soviet millionaire. Who can throw the first stone at a man faced with such alternatives?

    As for the foreign writers, they are simply not to be trusted! Not even the dead. At one time John Reed was in charge of the American section of the Comintern. True, he lived in Moscow, but that was in the order of things. He conscientiously wrote a solid book on the Russian revolution: Ten Days that Shook the World. Lunacharsky, the then People’s Commissar for Education, and Lenin’s wife, Krupskaya, wrote introductions to the book in which they con-firmed that it was a perfectly truthful description of the October Revolution. John Reed departed from this life not very long after he had written the book, and his mortal remains were interred in the Kremlin wall: the highest distinction for outstanding communists.

    Then there was trouble! Reed had not foreseen that in Stalinist Russia history would be stood on its head. In all his story of the revolution he had devoted only two lines to Stalin, and those only in passing, whereas he had extolled to the skies Trotsky and the other creators of the revolution, all those who after Lenin’s death began to pass out with colds in the head and similar ailments.

    So John Reed’s remains had to be removed from the Kremlin wall.

    One can think of dozens of world-famous writers who in their quest for new ways for man waxed enthusiastic over communism. As soon as they came to know the Soviet reality they were permanently cured of their enthusiasm. I need mention only one of the latest of these. Theodor Plievier, author of the book Stalingrad, a German writer and communist who had spent many years in Moscow, fled from the Soviet zone into western Germany.

    In an interview given to the press he explained that there was not a trace of communism left in Stalinist Russia, that all communistic ideas were strangled and all the socialistic institutions had been turned into instruments of the Kremlin’s totalitarian regime. He discovered this quite soon after his arrival in Moscow, but he had to keep quiet and reconcile himself to the situation, since he was to all intents and purposes a prisoner.

    It is difficult to convict the Kremlin propagandists of pure lying. There is a refined art of lying, consisting in the one-sided ventilation of a question. In this field the Kremlin jugglers and commercial travelers have achieved a very high level of artistry: they pass over one side in complete silence, or even furiously revile it, while exalting the other side to the skies.

    In Berlin we often got hold of amusing little books written by foreign authors and published by foreign publishers, extolling Stalin and his regime. It is noteworthy that these books are either not translated into Russian at all, or they are published only in very small editions, and it is virtually impossible to buy copies. They are intended purely for external consumption. The Kremlin prefers that the Russians should not see such books: the lies are too obvious.

    Not far from the Brandenburg Gate there is a bookshop, ’Das Internationale Buch’. It is a Soviet shop selling literature in foreign languages and intended for foreign readers. We often visited it. Of course we didn’t buy Lenin’s works but ordinary gramophone records. Things that can’t be bought at any price in Moscow are offered in abundance to foreigners.

    Propaganda: only a Soviet man has any idea what that is! It is said of a famous drink that two parts of the price are for the mixture and three for the advertising, and many consumers are convinced that there is nothing in the world more tasty, healthy, and costly. Such is the power of advertising.

    Among the Soviet people communism is in a somewhat similar case. They are continually being told that communism is the finest of all systems, an achievement that is unsurpassable. The mixture is rather more complicated than that of any drink. It is injected into the Soviet man - day in and day out, from the moment of his birth. What advertising does in the Western World, propaganda takes care of in the U. S. S. R. The people are hungry, naked, thrust down to the level of speechless robots, and meanwhile they are assured that the complete opposite is the case. Most astonishing of all, they believe it, or try to. That makes life easier.

    The Kremlin knows what enormous power propaganda has over human souls; it knows the danger that threatens it if the mirage is dispelled. Under the Nazis during the war the Germans were for-bidden to listen to enemy broadcasts, but they were not deprived of their receiving sets. But the Kremlin did otherwise: in the U. S. S. R. all receiving sets were confiscated on the very first day of the war. The Kremlin knew its weak spot only too well. If its thirty years of propaganda are undermined, the ephemeral spiritual unity of the Kremlin and the people will vanish like mist.

    “The Press is our Party’s strongest weapon,” Stalin has said. In other words, the Kremlin’s strongest weapon is propaganda. Propaganda welds the internal forces and disintegrates the external ones. So much the better for Stalin that his opponents haven’t any real idea of the accuracy and significance of his words.

    Sommaire https://seenthis.net/messages/683905
    #anticommunisme #histoire #Berlin #occupation #guerre_froide

  • Putin Isn’t a Genius. He’s Leonid Brezhnev. – Foreign Policy
    http://foreignpolicy.com/2018/02/12/putin-isnt-a-genius-hes-leonid-brezhnev

    There are two absolutely very well-known historical experiments in the world — East Germany and West Germany and North Korea and South Korea. Now these are cases that everyone can see!” So spoke Russian President Vladimir Putin in an address to the Duma in 2012. As a former KGB operative in communist East Germany, Putin knew of what he spoke. Communism was a “historic futility,” he later explained. “Communism and the power of the Soviets did not make Russia a prosperous country.” Its main legacy, he added, was “dooming our country to lagging steadily behind economically advanced countries. It was a blind alley, far away from the mainstream of world civilizations.

    Yet Russia today is lagging steadily behind economically advanced countries — and Russia’s president is doing nothing about it. Putin recently overtook Leonid Brezhnev as Russia’s longest-serving leader since Joseph Stalin. His economic record, coupling stability with stagnation, looks increasingly like Brezhnev’s too.
    […]
    True, Russian economists, politicians, and business leaders are putting forth grand plans to revitalize the country’s economy. There are two main schools of thought. Former Finance Minister Alexei Kudrin, who has worked with Putin since their days in St. Petersburg in the 1990s, has an array of proposals to liberalize Russia’s economy and to invest in Russia’s population.
    […]
    Where Kudrin and his allies believe that Russia can attract investment only by making its economy more appealing to the private sector, an alternative camp thinks that Russia’s government should invest more itself. Russian politician Boris Titov, for example, has urged the government to sharply reduce interest rates, making it cheaper for firms to borrow. He also wants the government to subsidize loans to corporations and to invest directly in industry. Titov’s calls for state-backed investment are supported by many industrialists, who would stand to gain from government-funded infusions of credit.

  • Erik Prince, un « chien de guerre » dans les arcanes de la Maison Blanche

    http://www.lemonde.fr/international/article/2018/02/09/erik-prince-un-chien-de-guerre-dans-les-arcanes-de-la-maison-blanche_5254319

    Cet ancien militaire et fondateur de la société privée de sécurité Blackwater, jugée responsable d’exactions en Irak, a désormais ses entrées à Washington et envisage de se lancer en politique.

    Certains épisodes d’une vie ont l’apparence d’une incroyable répétition. Le 30 novembre 2017, la fine fleur du renseignement américain a les yeux rivés sur le Congrès, à Washington. Erik Prince, costume sombre et cravate rouge, cheveux ras, est convoqué par une commission d’enquête de la Chambre des représentants. Le fondateur de société militaire privée Blackwater et frère de la ministre de l’éducation Betsy DeVos est soupçonné d’avoir rencontré un financier russe aux Seychelles, neuf jours avant l’investiture du président Donald Trump, dans le but de créer un canal de communication discret entre le nouveau président des Etats-Unis et Vladimir Poutine. Cette rencontre, révélée en avril 2017 par le Washington Post, a encore un peu plus épaissi la ténébreuse affaire dite du Russiagate, l’enquête sur les interférences russes durant la présidentielle américaine.

    Devant une vingtaine d’élus, Erik Prince apparaît droit dans ses bottes, raide dans ses commentaires, sûr de lui. Lui, le baroudeur, l’ex-commando du corps d’élite des Navy Seals, l’ancien patron de l’armée privée la plus puissante au monde, le généreux donateur du Parti républicain et conseiller officieux du président. Il arbore un léger sourire en coin, presque hautain, impatient. Devant les élus, il ne dira pas grand-chose. Erik Prince accusera l’administration Obama de l’avoir surveillé illégalement, sans donner ses sources, ni convaincre les congressistes.

    Le rendez-vous aux Seychelles n’aurait, lui, duré qu’une demi-heure, peut-être même moins. Le temps d’une bière au bar d’un hôtel de luxe, « quatre étoiles ou plus », mais dont le nom lui échappe. Une discussion banale en somme, entre deux hommes d’affaires : « Je me souviens lui avoir dit que si Franklin Roosevelt a pu travailler avec Joseph Staline pour battre les nazis, alors Trump pourrait certainement travailler avec Poutine pour vaincre le fascisme islamique. Il semblait d’accord. » Rien d’autre. Pas de deal, aucun autre rendez-vous. Il ne se souvient même pas avoir échangé une carte de visite.

    « Rencontre d’affaires informelle »

    Le fait que son interlocuteur, Kirill Dmitriev, soit le patron du Fonds russe d’investissements directs, un consortium sous le coup de sanctions américaines depuis 2015, n’a pas l’air de l’émouvoir. Tout comme le fait que ce même Dmitriev, issu des premiers cercles de Poutine, croisera à Davos, une semaine après leur rencontre, Anthony Scaramucci, alors conseiller du président Trump avant de devenir brièvement son porte-parole.

    Le feu roulant de questions n’a pas d’effet. Erik Prince reste flou sur l’initiateur de la rencontre, « un des frères », se souvient-il vaguement, du prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed Ben Zayed. Un prince héritier présent lui aussi sur l’île des Seychelles le jour de la rencontre et avec lequel Prince dit s’être entretenu un peu plus tôt dans la soirée pour « parler affaires de manière informelle » et « partager quelques points de vue » sur le théâtre du monde, « ou ce genre de choses comme le terrorisme en Somalie, en Libye, au Nigeria ».

    Erik Prince restera tout aussi évasif sur une éventuelle intermédiation d’un de ses proches, Steve Bannon. L’éminence grise et directeur de campagne de Donald Trump avait rencontré discrètement l’homme fort d’Abou Dhabi en décembre 2016, à New York, dans la Trump Tower, en compagnie du gendre du président, Jared Kushner, et de Michael Flynn, alors futur conseiller à la sécurité nationale, aujourd’hui poursuivi dans l’enquête du Russiagate.

    Zones d’ombre

    Etrange prestation. L’audition aura duré plus de trois heures sans qu’Erik Prince ne dévoile quoi que ce soit. Trois heures pour protéger ses réseaux et défendre ses proches. Tout comme il l’avait fait il y a dix ans, ici même, au Capitole, devant une autre commission de la Chambre, le 2 octobre 2007. Ce jour-là, pour la première fois, le nom de M. Prince renvoyait à un visage. Et il affichait déjà un aplomb déconcertant. Jeremy Scahill, auteur à l’époque d’une somme sur le personnage (Blackwater : l’émergence de l’armée de mercenaires la plus puissante au monde, Actes Sud, 2008), dira même qu’il était « provocant ». Lui était là pour répondre sur les agissements de sa société Blackwater devenue le symbole d’une entreprise de cow-boys hors de contrôle et profiteurs de la guerre en Irak. Deux semaines plus tôt, le 16 septembre, une de ses équipes avait tué 17 civils irakiens place Nisour, en plein centre de Bagdad.

    Dix ans séparent les deux auditions. Dix années truffées de zones d’ombre. Comme si la vie d’Erik Prince n’était qu’une longue nage en eaux troubles, jalonnée de hauts et de bas, mais jamais terminée. Assis au bar du Mayflower, hôtel iconique de Washington, surchauffé en cette froide journée de janvier, l’homme sourit en attendant son rendez-vous avec Le Monde. Pendant tout l’entretien, il ne prononcera pas un mot de plus sur son escapade dans l’océan Indien. « Tenez-vous en au transcript de l’audition », conseille-t-il. Et puis ceci :

    « On me prête beaucoup, surtout les médias de gauche qui sont le plus grand fléau de notre démocratie. Ils cherchent à faire leurs choux gras sur mon nom depuis tant d’années. Oui, je représente tout ce que les démocrates aiment détester. »
    Pour comprendre ce qui anime Erik Prince, il faut explorer son histoire personnelle, démêler aussi les liens qu’il a tissés au fil de son ascension avec la frange la plus religieuse et conservatrice du Parti républicain, aujourd’hui au pouvoir. Né en 1969 à Holland, dans un quartier calme et tranquille, le jeune Prince appartient à une très riche et puissante famille de l’Etat du Michigan. Son père, Edgar, qui s’engagea deux ans dans l’US Air Force, fait fortune en créant une entreprise de pièces détachées pour automobiles, la Prince Manufacturing. Il sera l’inventeur du pare-soleil au miroir éclairé par un spot lumineux, un accessoire qui allait équiper pratiquement chaque voiture dans le monde et envoyer la famille Prince dans la sphère des milliardaires.

    Figure paternelle forte

    Les journées de seize à dix-huit heures ont raison de la santé du père, frappé au début des années 1970 par une crise cardiaque, à laquelle il survit. Déjà très croyant, Edgar Prince se rapproche encore un peu plus de Dieu. « C’est à ce moment-là, allongé dans son lit d’hôpital à méditer sur tout ce que son labeur lui avait apporté qu’il a renouvelé sa foi en Jésus-Christ », dira l’ami de la famille, Gary Bauer, un des leaders de la droite religieuse et fondateur du lobby chrétien de droite, le Family Research Council.

    Fidèle soutien du Parti républicain, adepte d’une économie de libre marché et désormais grand propagandiste des valeurs chrétiennes, l’industriel marie sa fille Betsy, sœur aînée d’Erik, à Dick DeVos. Le père du jeune homme, Richard DeVos, est le fondateur d’Amway, le géant de la vente directe en réseaux. Une entreprise qui deviendra dans les années 1990 une des sociétés les plus actives dans le processus électoral américain, en utilisant son infrastructure comme un réseau d’organisation politique. Unis, les clans DeVos et Prince deviennent également les principaux financiers du Forum familial du Michigan (MFF), la branche locale de Focus on the Family de James Dobson, une puissante organisation de la droite religieuse et des extrémistes chrétiens.

    Erik Prince est très proche de son père. Dès son enfance, il règle son pas sur le sien. « Je passais des heures à parler avec lui », se souvient-il. Jeune sportif, il joue au foot et au basket dans les écoles chrétiennes de Holland, soutenues financièrement par sa famille. Dans l’entreprise paternelle, il se familiarise avec les principes de la firme reproduits dans ses brochures : « Ce sont les gens qui font la différence » ou encore « l’excellence est le résultat de l’engagement et du dur labeur de personnes dévouées ». « Je crois que j’ai toujours sa voix au-dessus de ma tête, affirme Erik Prince. Cette idée d’être toujours le bon gars dans ce qu’on fait, faire le plus avec ce que l’on a. »

    « Vision du Bien et du Mal »

    Pour ses 7 ans, il s’envole avec ses parents en Europe. Au programme, les plages de Normandie, Munich et le camp de Dachau, Berlin et son Mur : « Cela a marqué le gamin que j’étais. Cette haute muraille, les champs de mines, les pièges à chars, les barbelés et tous ces fusils m’ont renvoyé l’image d’une nation devenue une gigantesque prison. La vision du Bien et du Mal s’est ancrée en moi, même si celle-ci s’est nourrie d’un peu de cynisme avec le temps. »

    Dans la maison des Prince, Erik croise régulièrement un nouvel ami de la famille, Chuck Colson, l’ancien conseiller spécial de Richard Nixon, perçu par beaucoup comme le « génie du mal » de l’ancien président. Colson fut la première personne à être condamnée dans l’affaire du Watergate après avoir plaidé coupable d’obstruction à la justice. Une fois sorti de prison, il écrivit Born Again, un livre évoquant sa conversion, et deviendra une des voix les plus influentes des mouvements évangéliques.

    Après le lycée, il rentre à l’Académie navale du Maryland. L’atmosphère ne lui plaît pas, trop dilettante et en même temps trop politiquement correcte à ses yeux. Il démissionne pour s’inscrire au Hillsdale College du Michigan, l’établissement le plus conservateur du pays d’après un classement de la Princeton Review. « Erik Prince était brillant et parlait bien, déclarera un de ses professeurs d’économie. Ce qui est bien chez lui, c’est qu’il comprend la relation entre le marché et le système politique. »

    Engagement politique

    Avec l’âge, Erik s’engage de plus en plus en politique. Il décroche un stage de six mois à la Maison Blanche sous George Bush père. Il a 19 ans et fait son premier don, d’un montant de 15 000 dollars, au Comité national républicain du Congrès. Un soir, sur une piste de bowling, il croise l’élu républicain californien Dana Rohrabacher. Prince lui fait part de ses critiques à l’égard d’une administration qu’il trouve trop peu conservatrice. Alors assistant spécial et rédacteur des discours de Ronald Reagan, il l’invite à travailler un temps dans son bureau. Les deux hommes ne se perdront plus de vue.

    Au cours de la première audition d’Erik Prince au Congrès, Dana Rohrabacher le soutiendra à sa manière, affirmant que son ami « était sur la voie pour devenir un héros américain tout comme l’était Oliver North », l’ancien colonel de l’armée américaine impliqué dans le scandale de l’Irangate au milieu des années 1980. L’élu ultraconservateur se rendra célèbre par la suite pour ses prises de position pro-russes. Plus récemment, il essaiera d’obtenir la grâce de Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, auprès du président Trump. Depuis décembre 2017, Rohrabacher fait partie de la liste de personnalités interrogées dans le cadre de l’enquête russe.

    En 1992, Erik Prince s’emballe pour le candidat Pat Buchanan qui se présente avec un programme d’extrême droite, contre l’immigration, contre l’avortement et contre les homosexuels. La même année, il intègre les commandos Seals. Il servira en Haïti, en Bosnie et au Moyen-Orient, la plupart des points chauds du premier mandat Clinton. C’est durant ces quatre années, entre 1992 et 1996, qu’il rencontrera la plupart des personnes avec lesquelles il lancera Blackwater.

    Rester lié à l’armée

    Avec la mort de son père et un cancer en phase terminale diagnostiqué chez sa première femme, Erik Prince quitte les Seals en 1996 pour revenir auprès de sa famille. Celle-ci décide de vendre la société au groupe Johnson Controls pour 1,35 milliard de dollars, cash. « Je voulais rester lié à l’armée, expliquera Erik Prince quelques années plus tard. J’ai donc construit un complexe pour offrir un site de première classe aux militaires américains et aux alliés étrangers, ainsi qu’aux organismes de maintien de l’ordre, privés et gouvernementaux, qu’ils puissent se préparer à affronter le Mal. » En clair, un centre d’entraînement, qu’il inaugure en décembre 1996, à Moyock (Caroline du Nord), dans une immense tourbière située près de la base navale de Norfolk. L’année suivante, il acquiert plus de 2 000 hectares dans les comtés de Currituck et Camden voisins.

    L’époque est porteuse. Blackwater naît au moment d’une privatisation massive et sans précédent de l’armée, un mouvement lancé entre 1989 et 1993 par Dick Cheney du temps où il était le secrétaire à la défense de Bush père. Le budget de la défense est réduit de 10 milliards de dollars. Le nombre de soldats passe de 2,2 à 1,6 million. « L’idée était de réserver les troupes régulières pour le combat, tandis que les soldats privés s’occuperaient de la logistique à l’arrière-plan », écrit Dan Briody dans son livre The Halliburton Agenda (John Wiley and Sons Ltd, 2005, non traduit) sur l’entreprise Halliburton, premier fournisseur de matériel pour l’armée, que Cheney, futur vice-président de Bush fils, dirigea entre 1995 et 2000...

    Grâce à ses relations nouées dans l’armée, et aussi à celles tissées par son père et la famille DeVos au sein du Parti républicain, Erik Prince obtient rapidement des contrats avec le département de la défense, le renseignement et la police. En octobre 2000, l’attaque-suicide lancée par Al Qaida contre le destroyer USS Cole dans le port d’Aden (Yémen) jette une lumière crue sur les besoins en matière de protection de la marine américaine. Blackwater y gagne un contrat de 35,7 millions de dollars. Le 11-Septembre provoquera, lui, une nouvelle accélération cette privatisation de la chose militaire, reprise à son compte par le nouveau secrétaire à la défense, Donald Rumsfeld.

    Proche d’une « société secrète »

    Prince est dans son élément. L’administration Bush fait appel à la droite la plus conservatrice et aux chantres du moins d’Etat. Le jeune homme d’affaires a maintenu des relations très proches avec certains acteurs du Conseil de la politique nationale (CNP), une organisation quasi secrète considérée comme l’un des piliers de la nouvelle droite, décrite par le New York Times comme « un club peu connu de quelques centaines des plus puissants conservateurs du pays qui se retrouvent derrières les portes fermées dans des lieux non divulgués pour une conférence confidentielle ».

    Le père Prince y avait exercé la fonction de vice-président. George W. Bush s’adressa au groupe en 1999, à la recherche de soutiens pour sa candidature. Dick Cheney, Donald Rumsfeld, John Bolton, ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU, et John Ashcroft, procureur général, participent à ses réunions, tout comme un certain Dan Senor, qui deviendra le premier assistant de Paul Bremer, le « pro-consul » américain en Irak de 2003 à 2005.

    Erik Prince est également un proche d’Alvin « Buzzy » Krongard, le directeur exécutif de la CIA. A l’époque, l’agence a besoin de protection en Afghanistan. Elle manque de personnel, tout comme l’armée, qui manque d’agents de sécurité statiques. Krongard signera plusieurs contrats avec Blackwater pour la protection de sites secrets ou stratégiques de la CIA aux quatre coins du globe, en pleine « guerre contre la terreur ».

    « Mr. Fix-it »

    Dès 2001, Blackwater devient un des principaux supplétifs de l’armée en Afghanistan, puis en Irak deux ans plus tard. Erik Prince passera également de multiples contrats avec le département d’Etat pour assurer la sécurité de ses agents et diplomates. Dans l’administration, on le surnomme « Mr Fix-it » (M. Le Réparateur). Il trouve les failles, pointe les erreurs des déploiements militaires, formule des propositions clés en main.

    « Le Pentagone a construit une puissance militaire considérable ces soixante-dix dernières années pour vaincre l’URSS, explique-t-il. Mais utiliser ces tactiques, ces équipements, ce potentiel pour combattre des gars en pick-up chaussés en tongs, cela ne marche pas. Comment expliquer que, pour un soldat américain déployé en première ligne, il faut douze hommes derrière ? Qu’un ravitaillement opéré par des hélicoptères sur des navires nécessite 35 hommes de la Navy alors que nous le faisons avec huit ? Blackwater était là pour fournir des approches viables et à moindres coûts. Notre business avait l’avantage d’être un mélange de mentalité de commando et des meilleures pratiques commerciales existantes. »

    Jusqu’au point de rupture. En 2007, 177 « sociétés militaires privées » (SMP) exercent en Irak. Près de 48 000 contractuels y sont répertoriés, soit quasiment un privé pour un soldat. Blackwater fait alors partie des trois plus importants fournisseurs avec 1 200 hommes en permanence sur place, 155 véhicules et 26 aéronefs. Cette année-là, la société d’Erik Prince atteint le chiffre record d’un milliard de dollars de contrats signés avec le gouvernement, cinq fois plus qu’en 2000.

    La bavure de la place Nisour

    Le carnage du 16 septembre 2007 à Bagdad marquera le début de la fin. Blackwater est mis en cause dans une dizaine d’incidents meurtriers depuis son arrivée en Irak. Mais cette fusillade est le scandale de trop. L’audition au Congrès d’Erik Prince n’y changera rien. Tout comme sa tentative de rebaptiser la firme Xe en 2009. Outre l’impunité, le grand public a pris en aversion Blackwater pour s’être enrichi sur le dos du contribuable et avoir profité des guerres en Irak et en Afghanistan. « Une armée à ce point fidèle aux causes de l’extrême droite qu’elle en est devenue une garde du Parti républicain », écrit la journaliste et essayiste Naomi Klein. Pour l’ancien ambassadeur américain en Irak Joseph Wilson, « l’histoire de cette entreprise de mercenaires démontre clairement les graves dangers qu’entraîne la sous-traitance de l’usage de la force qui est un monopole de l’Etat. »

    En 2010, Erik Prince vend la société et ses filiales pour au moins 200 millions de dollars, selon différentes sources. Deux ans plus tard, il trouve un arrangement avec le gouvernement fédéral à hauteur de 50 millions de dollars pour une longue liste de violations commises entre 2005 et 2008 au regard du droit américain. S’ensuit une longue procédure durant laquelle quatre membres de son équipe responsable de la fusillade à Bagdad seront lourdement condamnés par un tribunal de Washington. Leurs peines sont en cours de révision.

    Lui n’en démord pas. « Il n’y avait aucune raison de s’en prendre ainsi à Blackwater », soutient-il, avant d’accuser les politiques. « Il fallait cibler Erik Prince. Dès que l’administration Obama a été mise en place, j’ai subi d’énormes pressions fiscales, des audits. La justice ici n’est pas aveugle, elle est politique, qu’elle aille au diable ! »

    Diversification

    Erik Prince prend le large. Il s’installera trois ans à Abou Dhabi. Le temps d’élargir ses réseaux et trouver de nouveaux ancrages. En 2011, le New York Times révèle qu’il a signé un contrat de 529 millions de dollars pour mettre sur pied une armée secrète de 800 mercenaires pour le compte des Emirats arabes unis. D’après le quotidien, ce bataillon est chargé de mener des opérations spéciales à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, de défendre les oléoducs et les gratte-ciel contre d’éventuels actes terroristes et de réprimer les révoltes intérieures. Les officiels émiratis confirmeront dans un communiqué l’existence d’un contrat, signé avec Prince, de « formation, d’entraînement et de soutien opérationnel » à leur armée.

    Lui investit, s’essaie à la finance, crée des holdings, plusieurs sociétés écrans aussi. D’Asie en Afrique, en passant par l’Europe de l’Est et le Moyen-Orient, il se diversifie et brouille les pistes. En 2013, il crée Frontier Services Group (FSG), une société installée à Hongkong et spécialisée dans la logistique, les services de sécurité et d’aviation. Les premiers responsables sont, comme Prince, d’anciens soldats américains. Quelque 15 % du capital sont détenus par Citic, un important fonds d’investissement public chinois, très présent en Afrique. Dans la foulée, Prince achète des compagnies d’aviation au Kenya, des sociétés de transports au Congo.

    « Nous voulons être la première entreprise de logistique à couvrir l’ensemble du continent africain, même où cela semble dangereux », dit-il.
    En Autriche, il acquiert 25 % de la société d’aviation privée Airborne Technologies, spécialisée dans la transformation d’avions d’épandage agricole en vue d’une utilisation militaire ou de surveillance. Il acquiert encore 25 % encore des parts d’une entreprise chinoise ISDC, basée à Pékin, et présentée comme l’une des principales écoles de formation dans le domaine de la sécurité dans le monde.

    De nouveau, Prince est sur le devant de la scène. Le magazine Vanity Fair écrit qu’il travaille pour la CIA, Buzzfeed qu’il convoite les métaux rares en Afghanistan. Le quotidien espagnol ABC évoque un projet, financé par les Emirats arabes unis, d’invasion du Qatar, par l’armée privée de Prince. The Intercept, qui le suit à la trace, affirme que plusieurs enquêtes judiciaires américaines auraient été lancées contre lui pour avoir essayé de vendre des prestations militaires à des gouvernements étrangers. « Tout cela n’est que foutaises ! », écarte-t-il d’un revers de main. Il ne dira rien de plus.

    Le retour d’Erik Prince aux Etats-Unis correspond peu ou prou à la victoire de Donald Trump. Et visiblement, il fourmille d’idées. Au quotidien italien Corriere della Sera, il parle d’un projet destiné à résoudre la crise migratoire en Europe en créant une force de police de 650 hommes, formés par ses soins et postés à la frontière sud de la Libye. Dans un texte publié dans le Wall Street Journal, il expose un plan pour l’Afghanistan. « C’est la plus longue guerre de notre histoire, celle qui a coûté la vie à plus de 2 000 soldats américains et englouti près de 45 milliards de dollars de notre budget annuel pour un résultat désastreux », souligne-t-il. La solution passerait, selon lui, par le déploiement de moins 5 000 soldats contractuels, moins de 100 avions, pour un coût total d’à peine 10 milliards de dollars. Le pouvoir serait, lui, entre les mains un « vice-roi » américain nommé par l’administration Trump, à l’image des anciennes colonies britanniques.

    Candidat potentiel

    Le plan a été soumis à la Maison Blanche par l’entremise de Jared Kushner et Steve Bannon, qui y est très favorable. Les spécialistes l’ont vivement critiqué, le Pentagone l’a catégoriquement rejeté. « Les généraux sont très conventionnels », ironise l’homme d’affaires. De son côté, Donald Trump aurait dit à deux de ses conseillers d’examiner attentivement le projet. D’une source proche de la Maison Blanche, le secrétaire à la défense, le général issu des Marines James Mattis, aurait même apprécié l’état des lieux formulé par Prince, tout en écartant la solution proposée. « Ça viendra, glisse-t-il. La guerre a duré dix-sept ans, il faudra bien un jour ou l’autre explorer d’autres approches pour y mettre fin. »

    D’ici-là, Erik Prince dit ne pas écarter l’idée de se présenter à la primaire républicaine du Wyoming contre le sénateur sortant, le très populaire John Barrasso. Une candidature ardemment encouragée par l’ex-conseiller ultranationaliste Steven Bannon, inlassable pourfendeur de l’establishment républicain. « Le Wyoming est un des Etats les plus conservateurs du pays », explique l’ancien PDG de Blackwater, avant d’ajouter en forme d’autoportrait : « Il est composé d’hommes robustes. Les hivers y sont rudes. C’est un Etat qui a besoin d’un battant. » Les hostilités reprennent.

  • The Death of Stalin, The Other Side of Everything, Insyriated—The filmmakers’ inability to deal with complex questions, or worse - World Socialist Web Site

    https://www.wsws.org/en/articles/2017/09/30/tff4-s30.html

    Armando Iannucci’s The Death of Stalin is a fatally ill-conceived “black comedy” about the demise of the gravedigger of the Russian Revolution, Joseph Stalin, in March 1953. The film is not so much maliciously anti-communist as it is, above all, historically clueless.

    Iannucci and fellow screenwriters David Schneider and Ian Martin present the various surviving Stalinist officials, Nikita Khrushchev, Georgy Malenkov, Vyacheslav Molotov, Anastas Mikoyan, Nikolai Bulganin and the rest, all of whom had gallons of blood on their hands, as a largely ineffectual bunch of bunglers and toadies, jockeying “comically” for position. The betrayal of the Russian Revolution was one of the greatest tragedies in world history. Iannucci’s film doesn’t begin to confront the vast significance of the events in the Soviet Union.

    #staline #révolution_russe #ex-urss #union_soviétique

  • RUFFIN SOUMIS À UNE LOGIQUE FRATERNALISTE ?
    http://joseseseko.overblog.com/2017/09/ruffin-soumis-a-une-logique-fraternaliste.html

    Or, cette américanisation, notamment en matière de violences policières, est déjà bien avancée. Et la position de Ruffin, en fait, révèle un subconscient au sein de la gauche française et il porte un nom, le fraternalisme. Ce néologisme a été inventé par Aimé Césaire au moment de son départ du Parti communiste français en 1956, pour dénoncer le racisme larvé de la gauche française en son temps, notamment dans un PCF formé à l’école de Joseph Staline qui a inséré dans le logiciel communiste la notion de « peuples avancés » et de « peuples arriérés » et les communistes devraient se comporter en grands frères qui prend la main aux petits frères pour les conduire vers « la Raison et le Progrès ». Et ce fraternalisme reste vivace au sein de la gauche (radicale) en France, devenue incapable de comprendre l’antiracisme politique défendu par les victimes du racisme institutionnel, et qui se maintient dans un flou intellectuel qui la mène à la ruine. Et ça coûte électoralement parlant. Lors des élections législatives du mois de juin dernier, l’abstention a été record partout en France, mais surtout dans les banlieues, où les non-blancs, souvent prolétaires, sont mal vus par le reste de la société et laissés pour compte. Or, c’est là où précisément, la gauche radicale pouvait gagner des sièges à l’Assemblée nationale. Mais ça n’a pas été à la hauteur, d’autant plus qu’entre FI et le PCF, ça se tirait entre les pattes, incitant les gens à ne pas vouloir aller voter.

  • Non, l’antisionisme n’est pas un antisémitisme réinventé - RipouxBlique des CumulardsVentrusGrosQ
    http://slisel.over-blog.com/2017/07/non-l-antisionisme-n-est-pas-un-antisemitisme-reinvente.html
    http://orientxxi.info/plugins/auto/image_responsive/v7.3.0/rien.gif?1439988222

    « Nous ne céderons rien aux messages de haine, à l’antisionisme parce qu’il est la forme réinventée de l’antisémitisme ». On ne sait si, par ces mots, le président Emmanuel Macron a simplement espéré gagner opportunément les faveurs de Benyamin Nétanyahou, qu’il accueillait aux cérémonies de commémoration de la déportation des juifs parisiens en juillet 1942, ou s’il a énoncé une conviction plus profonde. Mais dans les deux cas, il a eu tort. Espérer séduire Nétanyahou en cédant à son verbe n’est qu’un leurre — demandez à Barack Obama ce qu’il en pense. Quant au fond, l’assimilation de l’antisionisme à une nouvelle mouture de l’antisémitisme est une erreur funeste. Cette assertion est l’une des clefs de voûte depuis des décennies de la hasbara, la communication israélienne. Et plus Israël s’enfonce dans la domination coloniale d’un autre peuple, les Palestiniens, plus l’assertion « antisionisme égal antisémitisme » est répétée pour stigmatiser quiconque critique cette domination.

    En soi, la méthode consistant à délégitimer la critique en démonisant son auteur est vieille comme la politique. Ainsi Joseph Staline et ses émules assimilaient-ils toute critique du communisme soviétique à du « fascisme ». Si les fascistes étaient viscéralement anticommunistes, cela ne faisait pas de tous les contempteurs du régime soviétique des fascistes. Mais les staliniens continuaient à vilipender leurs adversaires, sans distinction, sous ce vocable infamant. Aujourd’hui, un Robert Mugabe, au Zimbabwe, qualifie régulièrement ses adversaires de « défenseurs de l’apartheid ». Que des racistes patentés figurent parmi les dénonciateurs de l’autocrate zimbabwéen est évident. Mais que tous soient des nostalgiques de la ségrégation raciale est une accusation délirante et dérisoire. On pourrait multiplier les exemples.

    Il en va de même de l’idée selon laquelle l’antisionisme serait la version moderne de l’antisémitisme. D’abord parce que l’antisionisme n’est pas une idéologie très définie. Historiquement, il a consisté à récuser l’idée d’une solution nationaliste à la question juive. Aujourd’hui, il y a en Israël des gens qui se disent antisionistes par simple hostilité à une occupation des Palestiniens menée au nom même du sionisme. D’autres se disent « post-sionistes » parce qu’à leurs yeux, l’ambition du sionisme étant la constitution d’un État juif, son existence annule d’autorité la nécessité du sionisme. Je connais enfin des Israéliens tout à fait sionistes qui sont si révulsés par la politique de Nétanyahou qu’ils se disent honorés d’être traités d’« antisionistes » par un gouvernement d’extrême droite raciste et colonialiste. Ces derniers remplissent par exemple les rangs d’une ONG comme Breaking the Silence, qui regroupe des soldats dénonçant les crimes commis par leur armée contre des Palestiniens et dont plusieurs des dirigeants sont des officiers et aussi des juifs pieux. Ils ne sont pas antisémites. Ils sont même l’honneur d’Israël. Quant à moi, je considère le sionisme comme une question philosophiquement désuète. En revanche, si le sionisme, comme le prône Nétanyahou, consiste à exiger la reconnaissance d’Israël pour mieux empêcher le droit des Palestiniens à l’autodétermination, alors je suis antisioniste. Serais-je donc antisémite ?

    Bref, que l’on trouve parmi les antisionistes d’aujourd’hui des gens projetant sur Israël leur antisémitisme atavique ou récent ne fait aucun doute. Mais que l’antisionisme soit en tant que tel une idéologie antisémite est une idée infamante et erronée. Et puis, il y a plus grave. Il y a chez Nétanyahou non seulement cette utilisation abusive de l’accusation d’antisémitisme, mais aussi cette sidérante propension à s’entendre avec de vrais antisémites lorsque ça l’arrange. Au moment où vous-même, M. le Président, cautionniez sa thèse, le New York Times publiait un article d’opinion d’une journaliste et traductrice israélienne, Mairav Zonszein, accusant ouvertement son premier ministre de collusion avec celui de la Hongrie, Viktor Orban, un homme qui laisse proliférer l’antisémitisme parmi ses partisans.

    Et de fait, de Paris, Nétanyahou a rejoint Budapest. Depuis des années, le gouvernement israélien raffermit ses relations avec les gouvernements les plus réactionnaires d’Europe centrale. Il a soutenu avec une grande compréhension l’attitude du régime hongrois dans la récente crise des réfugiés syriens. Nétanyahou soutient aussi la campagne lancée par Orban contre le financier américain George Soros, dont la fondation favorise les initiatives démocratiques. Cette campagne est menée à l’aide d’arguments fleurant l’antisémitisme : Orban accuse Soros d’user de « l’argent étranger » pour nuire à son pays. Quant aux graffitis hostiles qui prolifèrent en Hongrie contre le magnat américain, beaucoup sont sans équivoque antisémites.

    Ce lien entre la droite coloniale israélienne que Nétanyahou incarne — même si désormais on trouve plus radical que lui en Israël — et des organisations exsudant un antisémitisme plus ou moins manifeste n’est pas neuf. Aux États-Unis, un polémiste d’extrême droite comme Glenn Beck, qui avait lui aussi insulté George Soros avec des relents antisémites, était venu se refaire une virginité en 2011 en visitant des colonies religieuses israéliennes extrémistes. Il y fut accueilli en héros (Beck est avant tout islamophobe). Quant à l’invité d’honneur du dernier diner de la Zionist Organisation of America (ZOA), une formation américaine qui regroupe les soutiens à la droite israélienne radicale, il se nommait Steve Bannon, proche conseiller de Donald Trump accusé entre autres par son ex-femme de propos antisémites. Le tollé fut tel dans la communauté juive américaine qu’il renonça à venir. Mais la ZOA afficha sa solidarité avec lui.

    On assiste aujourd’hui à un phénomène ahurissant dans cette dérive israélienne. À double détente, l’accusation d’antisémitisme y est désormais soumise aux intérêts contingents. Un : les antisionistes sont tous des antisémites. Deux : les prosionistes sont tous bienvenus, y compris quand ils sont antisémites. Si vous défendez les droits humains en Palestine, vous êtes antisémite. Si vous êtes islamophobe, que vous soyez aussi antisémite revêt peu d’importance. Le prix à payer à l’avenir pour cette folie risque d’être très élevé. Et l’avaliser aura été, selon l’adage, plus qu’une erreur : une faute.

    SYLVAIN CYPEL

  • La faim du #travail #DATAGUEULE 62 - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=4n2tWyIuA8g


    Le problème n’est pas le #chômage, mais l’#organisation de la #répartition de la valeur !

    Le chômage va être l’un des thèmes de la campagne présidentielle à venir. Comme il l’était lors de la campagne précédente. Et pour celle d’avant. En fait, cela fait des décennies que le chômage augmente sans que rien ni personne ne parvienne à l’enrayer
    sur le long terme. Et si l’on sortait la tête du guidon pour chercher un peu de recul ? Cette augmentation progressive du chômage raconte surtout une modification en profondeur du marché de l’emploi qui a commencé il y a plus d’un siècle avec le Taylorisme, notamment. Nous approchons sans doute d’un point de bascule : celui où les employé/es ne seront plus nécessaires car les robots et l’intelligence artificielle seront devenus plus efficaces.
    Quel nouveaux mécanismes imaginer alors pour redistribuer les richesses et inventer un nouveau contrat social ?

    • @petit_ecran_de_fumee : sois rassuré : cela fait quelques années que je m’intéresse à cette thématique (enfin, sans trop me forcer non plus) et ce n’est toujours pas très clair dans ma tête. J’ai tenté de relire (sérieusement cette fois) le Capital mais j’ai pas mal butté sur des notions comme celle de la valeur d’échange par rapport à la valeur d’usage.
      Donc, comme ici, on va s’entre-aider en nous fournissant des liens vers des articles qu’on a du mal à lire soi-même (avec une bonne « intelligence » du contenu, j’entends), voici (peut-être) quelques textes fondateurs sur le site « palim-psao » site qui fait autorité en la matière.

      http://www.palim-psao.fr/tag/presentation%20de%20la%20critique%20de%20la%20valeur

      Anselm Jappe est assez abordable également. J’avais lu « Crédit à mort » et, en parcourant le Net, je viens de trouver une sorte d’exégèse de l’opus de Jappe par un certain Clément Homs auteur dans la revue « Variations »
      https://variations.revues.org/107
      où voici ce qu’il écrit :

      Le livre étant sous-titré « la décomposition du capitalisme et ses critiques », ces dernières sont vivement prises à parti dans les divers articles afin de dégager ce qui paraît valable chez elles et ce qui leur échappe pour saisir la réalité de la crise contemporaine du capitalisme. Car pour l’auteur, plusieurs de ces critiques ont trop longtemps pensé que le caractère capitaliste de la production apparaissait extérieurement au procès de travail, travail qui en lui-même d’après ces théorisations devait être complètement naturalisé en tant que créateur « en soi » de toute richesse et comme simple activité instrumentale, comme si le travail était en quelque sorte l’essence générique de l’homme captée extérieurement par le capital. Comme l’a montré Postone, le capitalisme est ainsi défini par le « marxisme ricardien » (selon l’expression de Hans-Georg Backhaus2) comme un mode de distribution critiqué « du point de vue du travail ». Autrement dit, le marxisme traditionnel a considéré la notion de travail mobilisée par Marx comme la forme transhistorique du métabolisme avec la nature alors que l’analyse que le Marx de la maturité fait du travail concerne le travail sous le capitalisme. Ces visions du « marxisme traditionnel » ont alors mis seulement au centre de leur réflexion la théorie de l’exploitation du surtravail et celle de l’appropriation privée du surproduit social par la classe capitaliste, proposant pour seule critique du capitalisme, un changement du mode de distribution de la valeur qui se voit de par la naturalisation de son contenu – le travail – complètement acceptée3. À propos des luttes contre les licenciements (comme pour les « récupérations » d’usine) ou des gens inquiets de perdre leur travail, Jappe estime ainsi, à rebours de la gauche, que leur colère « n’a rien d’émancipateur en tant que tel ». C’est que pour les thuriféraires du capitalisme comme pour sa critique marxiste (critique qui est restée immanente aux formes sociales capitalistes),

      4 Anselm Jappe, Les Aventures de la marchandise. Pour une nouvelle critique de la valeur, Denoël, 200 (...)

      « la marchandise, l’argent, et la valeur sont des choses qui ‘‘ vont de soi ’’ et qu’on trouve dans presque toutes les formes connues de vie sociale à partir de la Préhistoire. Les mettre en discussion semble aussi peu sensé que contester la force de gravitation. Une discussion n’est plus possible que pour ce qui regarde le capital et la plus-value, les investissements et les salaires, les prix et les classes, donc lorsqu’il s’agit de déterminer la distribution de ces catégories universelles qui règlent les échanges entre les hommes. C’est là le terrain où peuvent se manifester les différentes conceptions théoriques et sociales4 ».

      5 Groupe Krisis, Manifeste contre le travail, UGE, 10/18, 2001 (1999).

      3À l’inverse de ces visions, la critique de la valeur et du fétichisme de la marchandise soutient que le capitalisme doit être saisi par une analyse plus profonde, en tant que forme particulière et inédite de vie et de socialisation, comme forme radicalement différente de médiation sociale constituée par le travail sous le capitalisme, un travail qui n’a rien d’une essence sociale transhistorique (d’où le Manifeste contre le travail du groupe Krisis auquel Jappe a appartenu5). L’auteur égratigne ainsi à plusieurs reprises les théoriciens les plus connus de cette gauche radicale, altermondialiste ou marxiste. Negri, Badiou, Zizek ou l’Insurrection qui vient en prennent chacun à leur tour pour leur grade et le chapitre consacré à la violence politique est une mise en garde sans détour à Julien Coupat et ses amis :

      « si la guerre civile – la vraie – éclatait, il ne serait pas difficile d’imaginer qui seraient les premiers à se trouver réveillés en pleine nuit et collés au mur sans façon, tandis qu’on viole les femmes et qu’on tire sur les enfants… » (p. 90).

      6 « D’un côté note Postone, c’est un type de travail spécifique qui produit des biens particuliers po (...)
      7 Voir la critique que fait A. Jappe à A. Sohn-Rethel, dans sa préface au recueil d’articles de ce de (...)

      4Quelle est alors la spécificité de cette saisie des bases sociales de la production capitaliste dont Anselm Jappe se réclame ? Prenons seulement un angle précis. Dans la société déterminée par la marchandise, c’est-à-dire sous le capitalisme, le travail quel qu’il soit, a toujours une double face avait-il montré dans son livre précédent. À première vue, le travail semble être seulement concret, et détermine la face d’usage d’une marchandise. Mais il possède aussi une autre face de par sa situation, une face abstraite, qui dérive de la fonction socialement médiatisante que possède le travail6. C’est là un caractère social historiquement spécifique du travail sous le capitalisme. Cette face abstraite de tout travail (qui est appelée le « travail abstrait ») est comme un « objet fantomatique » (R. Kurz), c’est-à-dire invisible, mais constitue pour autant l’essence sociale de la société capitaliste-marchande car il y opère sa « synthèse sociale ». C’est cette face abstraite – socialement médiatisante – du travail qui va être le contenu de la valeur et donc du capital (de la valeur qui se valorise au travers d’un processus social de dépense tautologique du travail). Ce n’est pas l’objectivation de la dépense de travail en soi qui constitue la valeur. La valeur est plutôt l’objectivation de cette fonction sociale particulière du travail sous le capitalisme. La substance sociale de la valeur, qui est donc aussi l’essence déterminante de la société capitaliste, est donc le travail dans sa fonction historiquement déterminée d’activité socialement médiatisante. La valeur est alors forme temporellement déterminée de richesse sociale et de médiation sociale objectivée, propre à la seule formation sociale capitaliste où les rapports sociaux sont constitués pour la première fois par le travail. C’est alors le travail – et non pas la séparation entre l’acte d’usage et l’acte d’échange comme le pensait encore Alfred Sohn-Rethel7 – qui rend possible qu’une abstraction réelle conduise la société. Ici la valeur n’est plus une catégorie transhistorique comme dans sa compréhension par le « marxisme ricardien ». Avant même de critiquer la distribution de la valeur et la formation de la survaleur, une critique anticapitaliste doit saisir selon lui que derrière la valeur se cache déjà un rapport social de production particulier, que l’on doit comprendre comme un lien social objectivé, une forme de vie sociale historiquement inédite car propre à l’interdépendance sociale sous le capitalisme constituée par le travail. Critiquer ainsi le capitalisme au niveau de ses structures profondes, c’est donc d’abord critiquer cette forme sociale, la valeur.

      on pourra aussi télécharger le PDF pour lire tout ça peinard ...

      Lien vers « Crédit à mort »
      https://dl.dropboxusercontent.com/u/30351232/Anselm_Jappe_-_Cr-dit_-_mort.pdf

      Excuse-moi d’avoir été long (et peut-être ennuyeux) mais ce n’est pas un sujet facile à digérer ... :)

    • Après, on peut se branler la nouille avec le concept de valeur, peut être que c’est passionnant mais si ça ne permet plus de constater cette accumulation de pognon, je ne vois pas l’intérêt.

      Non seulement ça permet de constater une immense accumulation de richesses par une minorité de privilégiés mais aussi de dénoncer le fétichisme de la marchandise et, partant, le fétichisme du « travail » humain, lequel va intrinsèquement produire une plus-value socialement admise pour cette même marchandise (au sens large du terme, que ce soit un objet, un service, etc ...). Le « fétiche » dans notre cas est une valeur morale communément admise, une sorte de dogme religieux qu’on ne saurait remettre en cause. Pas de « marchandise » sans « travail » et inversement pas de" travail" sans « marchandise ». Il n’y a là aucune relation de cause à effet et c’est bien contre cette « pensée magique » que la « critique de la valeur » (#Wertkritik) s’est élevée. Si on brise ces deux idoles, on voit que le chômage fait aussi partie des fétiches de nos sociétés capitalistes.
      Dans d’autres communautés humaines, les produits de la chasse, de la pêche, de la cueillette ou de la récolte sont partagés entre tous leurs membres. Lorsqu’il y a abondance en un moment donné, on fait un un festin.
      D’autre part, pour rebondir sur cette idée de la robotisation ou mécanisation, même les plus perfectionnés des robots (ceux qui s’auto-réparent) ont besoin de matériaux issus de minerais qu’il faut aller extraire dans les profondeurs des mines et ensuite qu’il faut transformer. Le recyclage de l’existant pose trop de problèmes techniques pour pouvoir se substituer à l’extraction. Se posera fatalement tôt ou tard la question de l’épuisement des ressources. Sans compter celui de l’atteinte à l’environnement causé par l’exploitation minière, le transport du minerai et la transformation de celui-ci.
      #Se_branler_la_nouille, je serais plutôt pour si cela permet de mettre en commun nos « intelligences » (capacités à comprendre le monde, la société, l’environnement) pour #se_sortir_les_doigts_du_cul.
      Et non, je ne pense pas que mon intervention ni celle de @rastapopoulos étaient à charge contre @monolecte.

    • Le « fétiche » dans notre cas est une valeur morale communément admise, une sorte de dogme religieux qu’on ne saurait remettre en cause.

      J’ai oublié d’ajouter : « et où se jouent des rapports de dominations entre classes » ... And that’s a fuckin’ tangible problem
      Désolé si je m’absente du débat pour le week-end mais j’ai un autre problème concret à résoudre : empiler quelques stères de bois dans ma grange pour l’hiver. Mis à part un peu de transpiration, je ne vois pas ce que je pourrais lâcher d’autre.
      See you soon, seenthis people ...

    • Je ne vois pas la différence entre des richesses créées par le travail et celles créées par la mécanisation.

      Parce qu’il y a richesses et richesses. Deux siècles de socialisation dans le capitalisme (et certainement juste quelques décennies pour une portion non négligeable de l’humanité) nous ont bien appris à ne pas voir la différence, ou tout du moins à ne pas envisager que leur nécessaire distinction soit bien plus qu’un « branlage de nouille »

      Richesses peut désigner (et cela semble être le cas spontanément dans cette citation) des « biens », qu’ils soient matériels ou immatériels. Ils représentent une forme d’utilité pour ceux qui sont amener à les consommer. C’est la part « concrète » de ces richesses. Et dans ce cas, effectivement, que le « travail » nécessaire soit accompli par un travailleur ou une machine ne présente pas d’autres différences que le niveau de productivité concrète qui peut être atteint.

      Mais ceux qui produisent ces richesses n’ont que faire que la part concrète, à part le fait qu’ils doivent la présupposer. Son contenu n’est pas déterminant pour qu’un producteur décide d’engager sa production. Ce que le producteur vise, c’est l’autre face de la richesse, sa part abstraite, celle qui se traduit en quantité monétaire et qui définit leur rentabilité, seul critère décisif en dernier ressort. Et cette part abstraite, qui unifie toutes les richesses produites dans le capitalisme, c’est leur valeur : la valeur des marchandises comme dimension commune universelle. Et la valeur n’a pas d’autre contenu qu’un aspect bien particulier du travail sous le capitalisme, c’est-à-dire le fait que l’on unifie les activités productrices sous l’angle du temps que des êtres humains doivent y consacrer. Pourquoi alors seulement le temps de travail humain ? Parce que c’est par la répartition de ce temps que s’organise le lien social entre les travailleurs dans le capitalisme, de façon inconsciente et à la manière d’un automate alors même qu’ils en sont la source : il s’agit bien là des propriétés d’un fétiche.

      Ainsi, les richesses créées en régime capitalisme ne sont pas n’importe quelles richesses : il s’agit d’une « immense accumulation de marchandises » comme le constate empiriquement Marx dès les premières lignes du Capital, constat à partir duquel il va tirer toute sa réflexion sur la distinction bien comprise entre part concrète et part abstraite de ces marchandises et du travail qui les produit. L’interaction entre ces deux faces induit par ailleurs tout un tas de phénomènes, comme des nuisances que l’on dénonce, mais aussi des (fausses) évidences que nous prenons pour une réalité première et intangible (à commencer par le travail)

      Une dernière remarque : la distinction entre face concrète et face abstraite dans la marchandise et le travail qui la produit ne doit pas amener à faire la promotion d’un pôle qui serait émancipateur (le concret) contre l’autre qui serait aliénant (l’abstrait). Car le problème du capitalisme, c’est bien d’ériger ces deux pôles à la fois distincts mais indissociables dans tout ce que nous produisons et sur quoi nous appuyons la reproduction de la société capitaliste toute entière. Défendre le concret contre l’abstrait est une posture totalement intégrée au mode de production capitaliste et qui ne vise donc pas un au-delà de ce mode de synthèse sociale qui serait la dissolution de ce caractère bifide. Pire même, il peut parfois être la base d’une dichotomie opérée entre ceux qui seraient les représentants du concret (les « honnêtes travailleurs ») et les représentants de l’abstrait (les vampires inféodés à l’argent) dont l’Histoire montre bien le potentiel de barbarie.

    • Oui voilà, les richesses au sens matériel, les objets produits etc, cela ne correspond pas (dans le vocabulaire de Marx, des marxiens, etc), à la « valeur ». Pour très très résumer, la valeur est donnée par la quantité de travail humain incorporée à la marchandise. C’est cette valeur qui permet de tout comparer sur un pied d’égalité (pour le mode de pensée capitaliste) pour échanger et donc aboutir au mode de vie que l’on a actuellement.

      Les robots, l’informatique, etc, génèrent des objets ou des services, mais ne génèrent pas de nouvelle valeur mise en circulation dans la société ensuite.

      Et du coup pour la partie « concret » de ce branlage de mouche, c’est cela qui fait que la dette augmente indéfiniment (cf « La grande dévalorisation » de Lohoff/Trenkle [1]), et c’est cela qui fait que le capitalisme à tous les étages (et pas seulement tel ou tel « grand méchant » !) a un besoin permanent de trouver de nouveaux marchés, avec les conséquences que l’on connait…
      (C’est pas trop à la masse @ktche ? Tu peux compléter avec d’autres conséquences concrètes si tu veux… pour comprendre en quoi cela peut être utile de s’intéresser à la critique de la valeur.)

      La critique de la valeur est donc un « aiguillage » qui permet de ne pas se diriger vers de mauvaises critiques du capitalisme, et donc des mauvaises solutions. Ça ne donne pas LA solution, mais cela permet de faire le tri, un peu comme le dernier numéro de l’An 02 critiquait (pas forcément pour les mêmes raisons) une série d’alternatives qui restaient dans le cadre capitaliste/industriel et qui continuaient donc de poser plein de problèmes.

      En tout cas c’est comme cela que je le vois.

      [1] http://www.post-editions.fr/LA-GRANDE-DEVALORISATION.html

    • Par ailleurs pour reprendre l’interrogation du début, il y a sur PalimPsao quelques articles beaucoup plus simples à lire que celui cité plus haut. :)

      Par exemple celui là je le trouve plutôt bien fait :
      Qu’est-ce que la valeur ? Une introduction
      http://www.palim-psao.fr/article-35929096.html

      Marx a explicitement distingué valeur et richesse matérielle, et il a lié ces deux formes distinctes de richesse à la dualité du travail sous le capitalisme. La richesse matérielle est déterminée par la quantité de biens produite et elle dépend de nombreux facteurs, tels que le savoir, l’organisation sociale et les conditions naturelles, en plus du travail. La valeur, selon Marx, n’est constituée que par la dépense de temps de travail humain et elle est la forme dominante de richesse sous le capitalisme.

      Et du coup il y a bien une spécificité capitaliste, par rapport aux autres modes de vie (passés et quelques uns encore présents) :

      Même si la majorité des sociologues et des historiens bourgeois partent du point de vue qu’échanger fait partie de la nature humaine, l’échange de marchandises dans les sociétés prémodernes n’était pas le principe de socialisation. Là où il y avait de l’échange, il s’agissait d’un phénomène marginal. Les sociétés prémodernes étaient des sociétés basées sur l’économie de subsistance et disposaient de différentes formes de distribution des produits, comme par exemple des liens de dépendance, de pouvoir ou personnels. C’est une caractéristique des sociétés capitalistes que l’échange soit devenu le seul principe du « métabolisme de l’homme avec la nature ». Historiquement, l’échange est resté un phénomène marginal aussi longtemps que les gens disposaient de moyens propres, ou en commun, pour parvenir à la satisfaction de leurs besoins. C’est seulement la séparation violente entre l’homme et ses moyens de subsistance qui rendit possible le capitalisme et généralisa le principe de l’échange. C’est seulement dans le capital que s’accomplit la logique de l’échange.

    • Je ne vois pas la différence entre des richesses créées par le travail et celles créées par la mécanisation.

      dis-tu @aude_v

      il y en a une et majeur à mon sens, c’est que les machines ne sont plus au service des travailleurs.ses mais que ceux.lles-ci sont asservies à ces machines, à leur service 24/24.
      le blog http://www.palim-psao.fr est une référence incontournable pour comprendre ou du moins essayer de comprendre (selon ses moyens) ces problèmes.
      Un autre site s’y emploie (pas moins complexe) http://vosstanie.blogspot.fr/2016/10/division-du-travail-et-conscience-de.html

      Travail productif et travail improductif

      Ces derniers temps, la question de la conscience de classe a été posée de façon nouvelle, en connexion avec les concepts marxiens de travail productif et de travail improductif, et soumise ainsi à la discussion (1). Bien que Marx se soit longuement exprime au sujet de ce problème (2), soulevé par les physiocrates et les économistes classiques, il est aisé de résumer ce qu’il en pensait.
      Pour savoir ce qui distingue le premier du second, Marx interroge uniquement le mode de #production_capitaliste. « Dans son esprit borné, dit-il, le bourgeois confère un caractère absolu à la forme capitaliste de la production, la considérant donc comme la forme éternelle de la production. Il confond la question du travail productif, telle qu’elle se pose du point de vue du capital, avec la question de savoir quel travail est productif en général ou ce qu’est le travail productif en général. Et de jouer à ce propos les esprits forts en répondant que tout travail qui produit quelque chose, aboutit à un résultat quelconque, est eo ipso un travail productif »

      #paul_mattick #division_du_travail #conscience_de_classe

      Œuvre posthume de Paul Mattick (1904-1981), Marxisme, dernier refuge de la bourgeoisie ? fut la dernière expression de toute une vie de réflexion sur la #société_capitaliste et l’opposition révolutionnaire.
      Connu surtout comme théoricien des crises économiques et partisan des #conseils_ouvriers, Paul Mattickfut aussi un acteur engagé dans les événements révolutionnaires qui secouèrent l’Europe et les organisations du mouvement ouvrier au cours de la première moitié du XXe siècle. A l’âge de 14 ans, il adhéra à l’organisation de jeunesse du mouvement spartakiste. Elu au conseil ouvrier des apprentis chez Siemens, Paul Mattick participa à la Révolution allemande.
      Arrêté à plusieurs reprises, il manque d’être exécuté deux fois. Installé à Cologne à partir de 1923, il se lie avec les dadaïstes. En 1926 il décide d’émigrer aux Etats-Unis. L’ouvrage présent est organisé autour de deux grands thèmes. Poursuivant son travail de critique de l’économie capitaliste contemporaine (Marx et Keynes, les limites de l’économie mixte, Gallimard, rééd. 2011), Paul Mattick revient sur les contradictions inhérentes au mode de production capitaliste.
      S’ensuit un réquisitoire contre l’intégration du mouvement ouvrier qui, en adoptant les principes de la politique bourgeoise, a abandonné définitivement toute possibilité de dépassement du capitalisme. Un texte éclairant pour une période où la crise dévoile la nature instable et socialement dangereuse du capitalisme.

    • Quant à cet emballement, qu’il soit dû à un afflux de métaux précieux (qui sont les fétiches les plus évidents) ou à la colonisation ou à la mécanisation... c’est un emballement dont je ne vois pas trop la spécificité.

      Et pourtant, c’est bien à la spécificité de l’emballement en régime capitaliste qu’il faut s’intéresser, parce qu’il explique entre autres des phénomènes induits comme la colonisation ou la mécanisation telles que nous la connaissons depuis environ deux siècles.

      Cette spécificité, c’est justement l’interaction entre la face concrète et la face abstraite des produits et des activités réalisés dans un monde où la marchandise et le travail se sont généralisés. Cela n’induit pas seulement des effets dans la sphère « économique », mais aussi dans les modes de pensée qui s’appuient sur des catégories « naturalisées » alors même qu’elles sont le produit spécifique de l’histoire du capitalisme et de lui seul.

    • Euh et à part dire que tu ne comprends pas, est-ce qu’il y a un truc spécifique que tu n’as pas compris, par exemple dans mon commentaire ?
      https://seenthis.net/messages/530334#message533482

      Personnellement je n’y comprens pas grand chose en économie ou en philosophie donc c’est assez laborieux pour moi aussi, ça me demande pas mal de temps. Mais par exemple le seul lien que j’ai mis dans ce fil, l’as-tu lu ? Il n’est pas très long (si tu trouves 15-20min à un moment) et il me parait plutôt très clair dès le départ, avec la bière et le marteau :
      http://www.palim-psao.fr/article-35929096.html

      Pour garder cet exemple, comment échanger un marteau contre une bouteille de bière ? Bière et marteau sont deux objets totalement différents qui ne servent pas à satisfaire le même besoin. Leur différence peut être d’importance pour celui qui veut boire une bière ou celui qui veut planter un clou dans un mur. Mais pour l’échange, en tant qu’opération logique, leur utilité concrète n’est pas pertinente. Dans l’acte d’échange, il s’agit d’échanger des choses égales ou des équivalents. Si ce n’était pas le cas, on échangerait sans hésiter un morceau de beurre contre une voiture. Mais tout enfant sait qu’une voiture a plus de valeur. Manifestement ce n’est donc pas l’attribut qualitatif d’une marchandise (sa nature concrète ou sensible) qui rend l’échange possible. Bière, marteau et voiture doivent donc posséder quelque chose qui les rend semblables et ainsi comparables.

      => C’est la valeur. Et celle-ci n’a rien à voir avec la matérialité des biens produits, mais avec le temps humain passé à les produire.

      => Plus il y a de robots, d’informatique, moins il y a de nouvelle valeur créé et mise en circulation dans le monde. Et donc plus il y a de problèmes (puisque les capitalistes veulent toujours plus de valeurs, sauf qu’il n’y en a pas plus, et donc soit création de nouveaux marchés qui pètent la société et la planète, soit endettement massif, soit création financière purement fictive, et plein d’autres problèmes dont la toute première base est le problème de la valeur).

    • Euh non mais mon « lis ça » il fait vraiment juste 2000 mots, 15min maxi à lire hein. Ça ne me parait pas du tout du même ressort que de dire « va lire ce livre de 400 pages et on en reparle », quand même… :(

      Pourquoi le temps humain passé à les produire ? Pourquoi pas les ressources naturelles utilisées pour les produire ?

      Les ressources naturelles sont des marchandises comme les autres et ont une valeur qui est… le temps humain pour les produire. Et ainsi de suite…

      Le temps varie mais c’est une moyenne. Un peu plus détaillé : il s’agit du temps humain passé pour produire les marchandises modulo l’état des lieux (aujourd’hui mondial) de la concurrence, le temps moyen de production de la même chose.

      Il paraît clair que le temps, dépensé en énergie humaine, nécessaire pour la fabrication d’une marchandise, joue un rôle. Mais là, il y a un problème : il ne viendrait pas à l’idée d’un fabricant d’automobile, par exemple, de travailler moins vite pour augmenter la valeur de son véhicule ; ce qui d’ailleurs ne marcherait pas. Il doit se confronter à la concurrence et au niveau technique et scientifique de production d’automobiles. On peut donc dire que la grandeur de la valeur est donnée par la quantité de travail abstrait, dépendant de la moyenne du niveau de productivité sociale.

    • @aude_v je ne sais pas si c’est génial d’être moi mais ce dont je suis sûr c’est que ça me ferais chier d’être quelqu’un d’autre.
      Je n’explique rien et ne pensais pas t’enluminer. Tout comme @rastapopoulos je ne comprends pas grand chose à l’économie et j’ai besoin de « béquilles » quand c’est trop ardu.
      Malgré ça, bien souvent, j’abandonne et retourne me branler la nouille comme tu dis. J’ai essayé de lire le livre I du Capital, l’analyse faite par Karl Marx du régime capitaliste - « ou ce ne sont pas les moyens de production qui sont au service du travailleur, mais bien le travailleur qui se trouve au service des moyens de production ».
      Je ne suis pas sûr d’avoir compris le peu que j’en ai lu. Par contre de la classe à laquelle j’appartiens, ça je l’ai bien compris et c’est même pour ça que je suis syndiqué. Et tant pis (ou tant mieux) si ce syndicat est minoritaire, c’est mieux que d’être tout seul.

      La plupart des braves gens, le populo ne comprends rien aux lois économiques, à la bourse... et heureusement car sinon ils se révolteraient.

      Je ne sais plus qui a dit ça ! Winston Churchill peut-être ?
      Un dernier lien à 7€ ( le prix d’un paquet de clopes ), vraiment pas cher comme enluminure, chez un éditeur que j’affectionne tout particulièrement http://www.insomniaqueediteur.org/publications/le-jour-de-laddition

      Tandis que les #circuits_financiers implosent, gestionnaires et gouvernants comptent bien faire payer l’addition aux pauvres. À contre-courant du discours économique ambiant, Paul Mattick souligne, dans ce bref rappel aux réalités, qu’une politique interventionniste ne suffira pas à résoudre les épineuses contradictions que la #panique_financière a révélées à tous. Car c’est la logique même de la quête du profit qui, de fuite en avant en fuite en avant, est arrivée à son point d’explosion. Tant que les êtres humains ne sauront pas la dépasser en actes, les aberrations du système s’aggraveront, ainsi que les calamités sociales, culturelles et environnementales.

      Celui ci écrit par Paul Mattick Jr (le fils de l’autre) en 2009.

      La ressource humaine ou le temps humain pour les capitalistes est aussi une ressource naturelle.
      Une autre citation, de Joseph Staline celle là :

      l’homme, ce capital le plus précieux

      à propos de la crise de 2008

      Ils ont rédigé le plus gros chèque en bois de l’histoire et se le sont encaissé eux-mêmes.

      #Norman_Spinrad

    • Les robots, l’informatique, etc, génèrent des objets ou des services, mais ne génèrent pas de nouvelle valeur mise en circulation dans la société ensuite.

      La valeur créée peut aussi apparaître dans la rémunération des salarié-e-s qui, en disposant d’argent, vont pouvoir acheter/consommer toutes les marchandises accumulées. Peut-on, sans trop se planter, dire que la rémunération du travail sous forme d’argent participe elle aussi à la création de valeur ? Et comme certaines marchandises sont trop chères pour être payées cash, le fait que les salarié-e-s vont devoir s’endetter en empruntant aux banques ne participerait-il pas également à la création de valeur dans le sens « capitalistique » du terme ?

    • Le salaire est payé en échange d’une portion de la valeur créée. Cette dernière prend aussi la forme de la part payée aux détenteurs du capital et de celle réinvestie comme capital supplémentaire. La logique du capital (qui cherche à maximiser sa rentabilité) est de diminuer la première et de privilégier la troisième (d’où le déferlement des techniques et de la machinerie). Mais effectivement, cette logique portée par chaque capital individuel sous l’effet de la concurrence a pour effet au niveau du capital global de diminuer la solvabilité de ceux qui achètent les marchandises et assurent le bouclage d’une création de valeur « réussie »

      Pendant longtemps, des tendances compensatrices permettaient de masquer cette logique (extension des marchés par la globalisation et la marchandisation), mais depuis que la productivité (notamment grâce à l’informatisation) a atteint un niveau tel que chaque nouveau marché ne représente que peu de travail producteur, alors la création de valeur auto-entretenue n’est plus possible.

      Pour payer les marchandises, il faut effectivement en passer de plus en plus par le crédit, c’est-à-dire non pas la dépense d’une valeur précédemment créée par un travail productif, mais un pari sur le futur selon lequel la valeur sera créée et permettra de rembourser. Cela vaut pour la consommation des foyers, mais aussi pour la rémunération et l’expansion du capital. Là aussi, le cycle ne tourne plus sur son propre élan mais nécessite une « simulation » d’augmentation de la valeur par l’intermédiaire des produits financiers. Il y a bien augmentation (simulée) de la valeur mais pas de création en tant que telle par une dépense préalable de temps de travail humain productif.

      Cette simulation est fondée sur des échéances dans le futur qu’il faut bien à un moment satisfaire. Comme cela n’est plus possible (la création de valeur ne s’est pas magiquement réamorcée entretemps) on accumule alors de nouveau des crédits et des produits financiers pour compenser. La montagne s’accroit, mais sa base se rétrécit. Jusque là, la finance a sauvé le capital (et donc le travail) en repoussant le moment où sa mort sera manifeste. Mais elle le fait en accumulant un poids de plus en plus lourd à tirer pour le zombie.

    • bête comme chou @phalene tes explications sont claires, dépouillées sans besoin de couper les cheveux en quatre.
      Attaquer le système, certes ; certains.es s’y appliquent sans jamais renoncer et avec une imagination débordante et contagieuse. Delà à le renverser, c’est une autre paire de manches. Dans l’absolu ce système est voué à disparaître, le hic c’est qu’il peut entraîner tout le monde et ne rien laisser derrière lui. Sur une terre brûlée, après lui...des luges !

    • Merci à tous j’y vois plus clair.

      Si nous ne sortons pas des rapports sociaux et environnementaux induits par la valeur

      @phalene est-il possible de réussir à reformuler différemment cette phrase pour qu’on puisse justement réussir à mieux se faire entendre et avoir une chance de passer à l’acte ?

      Pour moi, ce n’est pas un problème de mécanique économique, il s’agit juste d’un problème moral.
      Il faudrait qu’on fasse accepter l’idée que jouer sur le savoir des uns et l’ignorance des autres, les compétences des uns et l’incompétence des autres, pour accumuler de la valeur et donc se constituer des privilèges au dépens des autres, tout cela devrait être considéré comme socialement honteux, et répréhensible, comme le fait de voler ou frauder. Et non être glorifié comme ça l’est aujourd’hui (un spéculateur qui a gagné ? on l’applaudit, c’est un VISIONNAIRE..)
      Au risque de vous choquer, le capitalisme je m’en fous un peu, c’est une mécanique "naturelle"d’anticipation économique, vieille comme l’apparition des formes d’intelligence, qui n’est pas intrinsèquement liée à une pulsion prédatrice.
      Le diable pour moi c’est la « spéculation », c’est cette stratégie qu’on déploie pour aller exploiter/parasiter/consommer tôt ou tard ses congénères. Pulsion prédatrice qui n’a pas besoin du capitalisme pour se concrétiser (cf les autres formes de dominations intra-humaines), et qui à mon avis survivra au capitalisme si on parvient à s’en débarrasser sur le plan technique, sans avoir réussi à faire évoluer notre culture sur le plan moral..

    • Sinon, pour en revenir à la base du débat

      Le problème n’est pas le #chômage, mais l’#organisation de la #répartition de la valeur !

      Ce que j’en retiens, amis de la critique de la valeur, c’est que si on entend plutôt dans cette phrase « organisation de la répartition des richesses produites », vous nous dites qu’à partir du moment où elles seront équitablement réparties et ne pourront plus être une source de profit pour les capitalistes, ces « richesses » ne seront plus des « richesses », et du coup les inégalités se déplaceront ailleurs, c’est cela ?

    • Merci à tous j’y vois plus clair.

      […]

      Au risque de vous choquer, le capitalisme je m’en fous un peu, c’est une mécanique "naturelle"d’anticipation économique, vieille comme l’apparition des formes d’intelligence, qui n’est pas intrinsèquement liée à une pulsion prédatrice.

      Bon, bah non, t’y vois pas plus clair :D
      C’est exactement l’inverse des explications de la critique de la valeur (et en fait avant ça, de Marx lui-même au passage hein) : le capitalisme est historique et non pas an-historique, ce n’est pas du tout un mode de fonctionnement ou de pensée « ayant toujours existé », etc. C’est une organisation sociale déjà… et c’est daté, avec un début de quelques centaines d’années à peine. Donc plus ou moins récent, tout de même. Ça c’est la base de la base du travail anthropo-économique de Marx : replacer le capitalisme dans une historicisation, pour en finir avec les « de tous temps… ».

    • Je ne sais pas ce que tu vois @petit_ecran_de_fumee . Je prends tes questions comme un petit brin de soleil et j’aime beaucoup la comparaison de @phalene du système_économique avec une partie de flipper. (Soit dit en passant, de plus en plus rare dans les bistrots. ) Si le flipper #tilt fréquemment et de façon compulsive, il donne aussi des parties gratuites, des extra-balles, multi-balles, #bonus... Pour arrêter tout ce #bling_bling ; suffit de débrancher la bécane. Mais le #système_économique n’est pas branché sur secteur (encore qu’en neutralisant la production d’énergie du système économique des sociétés capitalistes ; sans siffler la #fin_de_la_partie, cela le mettrait sérieusement à l’arrêt). A l’heure actuelle, ça reste utopique ou du #sabotage. Avec la #crise_écologique, ces producteurs d’énergie veillent sur leur turbines et autre raffineries comme le lait sur le feu. Tout en gérant et provoquant des #catastrophes_à_répétition, en somme une gestion « raisonnée » du désastre, désormais officiel, de la société industrielle intimement liée avec la société capitaliste.
      Pour rebondir avec la conclusion de @phalene et sa citation de #Bakounine, voici un court texte de ce révolutionnaire ( PDF de 4 pages ). http://science-societe.fr/bakounine/#identifier_1_1769

      Non, le dix-neuvième siècle n’a pas été que scientiste, et ses penseurs révolutionnaires n’ont pas tous été fascinés par le modèle scientifique. On comprendra en lisant les lignes suivantes de Michel Bakounine (Priamoukhino, 1814 – Berne 1876), pourquoi Marx l’a fait exclure en 1872 de la Première Internationale, et pourquoi sa pensée est si longtemps restée occultée. Comme l’écrit Michel Gayraud dans sa postface à une récente réédition des écrits de Bakounine (Dieu et l’État, Mille et une nuits, 1996) : « Si, comme les philosophes des Lumières, Bakounine voit dans la science une arme propre à dissiper les ténèbres de l’obscurantisme et du fanatisme, il se refuse à la sacraliser et nous met en garde contre la tentation positiviste d’un gouvernement de savants qui exerceraient une monstrueuse dictature sur la vie elle-même. Aujourd’hui où les délires d’une caste technocratique soutenue par des scientifiques sacrifiant à la religion de l’économie produisent de nouvelles maladies et font courir des risques mortels à l’écosystème planétaire, on ne peut qu’être frappé encore une fois de la puissance anticipatrice du révolutionnaire russe. »

      *Notons que l’intérêt de Bakounine pour la science n’a sans doute pas été sans effets sur sa descendance : de ses deux filles, qui naquirent et vécurent à Naples, l’une devint la première femme professeur de chimie à l’université et l’autre, mariée à un grand médecin, eut pour fils le remarquable mathématicien Renato Cacciopoli

      J’ai découvert le site http://science-societe.fr/complements-et-amelioration-de-la-collection-survivre-et-vivre à propos de Alexander Grothendieck et de #Survivre&vivre dans un précédent post référencé par @monolecte Plusieurs numéros de Survivre et vivre (en versions numérisés) sont disponibles sur ce site.

    • Festival « Novembre libertaire » Débat autour de la critique de la valeur 15 novembre, 19 h #LYON

      Présentation et discussion sur la critique de la valeur. La théorie appelée #critique_de_la_valeur (Wertkritik en allemand) est une analyse radicale du capitalisme. Radicale parce qu’elle s’attaque aux catégories fondamentales du capitalisme : l’argent, la marchandise, l’État et le travail. Sans portée programmatique, elle peut néanmoins avoir l’intérêt de faire percevoir plus directement le monde qui nous entoure et nous construit malgré nous. Au moment où la contestation de la « Loi travail » reprend, la réponse que nous propose cette #théorie est peut-être : #pas_de_loi_ni_de_travail. Il ne semble pas non plus que l’économie, qu’elle se présente comme « circulaire », relocalisée, socialisée ou autogérée, ne puisse être autre chose qu’un redéploiement sans fin de ces mêmes catégories et de leurs contradictions mortifères.
      La lecture de quelques passages éclairant les points essentiels de la critique de la valeur nous servira de base à une discussion collective.

      Groupe Critique de la valeur/Lyon
      LIEU : CEDRATS, 27 montée Saint-Sébastien 69001, Lyon 1er Horaire : 19h.
      http://www.palim-psao.fr/2016/11/debat-autour-de-la-critique-de-la-valeur-15-novembre-lyon-festival-novemb

    • @rastapopoulos :

      Bon, bah non, t’y vois pas plus clair :D

      effectivement j’ai été approximatif dans mes propos. Cela ne signifie qu’on sera complètement d’accord à la fin, mais plus précisément les termes étaient mal choisis et je voulais plutôt exprimer ça
      "c’est une mécanique "intuitive"d’anticipation économique, vieille comme l’apparition des formes d’intelligence et d’organisation sociale"

      Dans « capitalisme » j’entends littéralement protocole social de capitalisation économique permettant d’investir, consolider, accumuler de l’expérience, savoir-faire et outils, de façon à se faciliter la vie et éventuellement celle des autres.
      La version plus récente du capitalisme effectivement serait « système dont la finalité consiste à s’octroyer des privilèges de rentes et des manoeuvres de plus values aux dépens de ses pairs », et là je suis d’accord y a rien à en tirer.

    • Merci @phalene et @vanderling pour vos réponses.
      @phalene, pour préciser mon propos je vais m’appuyer sur l’autre excellent texte que tu as posté ici
      https://seenthis.net/messages/539721
      J’adhère quasiment exhaustivement à l’analyse d’Anselm Jappe.
      La seule nuance que j’apporterai se situe dans la conclusion

      Mais depuis un siècle et demi, maintes propositions « concrètes » et tentatives « pratiques » ont abouti à des conséquences opposées aux intentions originales. Mieux vaut alors, peut-être, un simple progrès théorique, une simple prise de conscience qui va dans la bonne direction : la seule chance est celle de sortir du capitalisme industriel et de ses fondements, c’est-à-dire de la marchandise et de son fétichisme, de la valeur, de l’argent, du marché, de l’État, de la concurrence, de la Nation, du patriarcat, du travail et du narcissisme, au lieu de les aménager, de s’en emparer, de les améliorer ou de s’en servir.

      Ce que lui appelle

      un simple progrès théorique, une simple prise de conscience

      , moi j’appelle ça une révolution culturelle à engager sur le plan moral.
      « Une simple prise de conscience », je ne vois pas sur quoi ça peut déboucher.
      La simple prise de conscience du fait que « fumer, c’est mal » ne suffit pas à nous faire arrêter de fumer. Il faut infléchir les comportements. L’être humain n’est pas cablé pour suivre des conseils et encore moins des injonctions, mais pour suivre des exemples, atteindre des ambitions. Il ne change pas, il s’adapte à son environnement, il se « reprogramme » en fonction de ses influences sociales.
      Pour nous émanciper de nos dépendances matérielles, de nos addictions consuméristes, du fétichisme de la valeur et de la propriété privée, je mise sur la stimulation de cette part de « bon-sens » qu’on n’a pas su défendre dans le monde actuel et qui sommeille au fond de nous. Je cherche donc à faire réapparaitre la fonction sociale et sociétale des échanges économiques, qui pouvait prédominer avant que l’inversion capitaliste nous fasse plus voir qu’une fonction économique dans nos échanges sociaux.
      Et oui cela repasse à mes yeux par de nouvelles représentations morales. Pas pour culpabiliser les mauvais, mais pour redéfinir les normes comportementales socialement acceptables, viables, durables.
      Qui excluraient l’idée même de privilège de rente consubstantielle au capitalisme.

      Cette réhabilitation s’appelle à mes yeux RSE, responsabilité sociétale des entreprises, et si bcp voient là dedans juste un petit aménagement, un rafistolage trompeur, un vernis aménageur ou un saupoudrage compensatoire, pour ma part j’y vois la possibilité de tout remettre à l’endroit, en tous cas une opportunité précieuse d’amorcer ce mouvement de reconstruction dans le concret.
      Vouloir précipiter la destruction du capitalisme sans être dans la (re)construction, non pas de l’après, mais de ce que le capitalisme n’aurait jamais dû détruire, risque de mener à ce que décrit parfaitement Jappe (et que les US nous dessinent plus encore depuis hier) :

      Ensuite, parce que le capitalisme a eu assez de temps pour écraser les autres formes de vie sociale, de production et de reproduction qui auraient pu constituer un point de départ pour la construction d’une société post-capitaliste. Après sa fin, il ne reste qu’une terre brûlée où les survivants se disputent les débris de la « civilisation » capitaliste.

    • @petit_ecran_de_fumee
      Voici un lien qui peut répondre à certaines de tes questions, j’avais classé ce site dans mes favoris et je n’avais pas mis le doigt dessus depuis un moment.

      La loi du fric, c’est la seule que connaisse le capitalisme, tout le monde en conviendra. Mais comment les capitalistes font pour en gagner ? Comment fonctionne l’exploitation capitaliste ?
      Comme expliqué dans la notion salaire, les capitalistes n’achètent pas notre travail, mais notre force de travail : ils la louent, pour une durée déterminée. Durant cette période, on bosse pour le patron, les patrons, les actionnaires, voire l’entreprise collective, la coopérative, etc. Le capitalisme peut prendre un bon paquet de forme… Mais certaines choses ne changent pas : pour se reproduire, il doit extraire de la plus-value, et toujours plus, qui plus est… Mais c’est une autre histoire.
      Mais alors, la plus-value, c’est quoi ? Et surtout, qu’appelle ton extraire de la plus value ?
      Il s’agit de la part de la valeur crée par les prolos grâce à leur travail, qui ne leur revient pas en salaire, mais va au Capital.
      Prenons l’exemple de Dominique :
      Dominique travaille dans une usine. Avec ses camarades, ils produisent des montres de luxe.gaston-cadences
      Pour simplifier, on va considérer qu’il s’agit d’une usine a l’ancienne, c’est à dire dans laquelle le processus de production est effectué dans son ensemble. (C’est d’ailleurs souvent le cas dans l’industrie du luxe.)
      Le matin, lorsque Dominique se pointe au boulot, avec ses camarades ils ont devant eux un tas de matières, non encore transformés. Il y en a pour 1000 euros de ferraille et autres.
      Bim bam boum au bout du compte, a la fin de la journée de travail, ce tas de matières premières s’est transformés en 10 jolies pt’ites montres de luxes. Prêtes a briller de mille feux au poignets de tout ces types qui ont réussis leurs vies…
      Ces belles petites montres, le patron qu’on appellera Richard, va les vendre a un détaillant, pour 1100 euros pièces.
      Bref, pour 10 montres, Richard reçoit 11000 euros.
      Là dessus :
      1000 euros servent a payer les matières premières
      1500 euros serviront a payer les salaires des prolos,
      6000 euros serviront a rembourser la banque qui lui a prêté des thunes pour acheter des machines.
      Total : 7500 euros en tout. Il en reste 3500.
      Ils sont a partager entre Richard, et le proprio du terrain de l’usine ( a qui Richard paie un loyer). De quel droit ? Celui de la propriété privée, bein tient !
      Pourtant, ces 3500 euros, sont issus du travail des prolos, de Dominique et ses camarades : c’est eux qui l’ont produite, en transformant les matières premières en marchandises. Ils ont travaillé, mis en action les machines, etc. Mais au bout du compte, le fruit de leur travail est accaparé par Richard et le proprio du terrain : ceux ci ont extrait la plus value du travail des prolos.
      On dit alors que la partie du travail non payé qui donne la plus-value est du « surtravail », c’est à dire ce que le prolétaire fait en plus de ce qui permet de payer son salaire. C’est en ce sens que nous sommes exploités. D’ailleurs, le pourcentage de surtravail par rapport au travail total est appelé « taux d’exploitation »…
      Il y a deux différents types de plus-value : la plus-value absolue et la plus-value relative.

      http://www.tantquil.net/2011/12/19/quest-ce-que-cest-la-plus-value
      La page d’accueil de Tant qu’il y aura de l’argent ...


      http://www.tantquil.net
      ...y’en aura pas pour tout le monde.

    • Sur la question du travail, ce matin il y avait un témoignage radiophonique d’une politicienne restituant une discussion récente avec un jeune immigré irakien habitant la banlieu parisienne. Il lui racontait se sentir sans présent après que sa ville natale aie été détruite par la guerre, et particulièrement qu’il se sentait discriminé socialement (#mort_sociale ?) ne trouvant pas de travail dans son pays d’accueil.

      La politicienne termine la restitution de cette échange en disant : « et il m’a dit une chose qui m’a fait froid dans le dos, il m’a dit que #Daech recrute plus que les entreprises françaises ».

      Si la mort sociale existe vraiment, alors que penser de ce témoignage ?

      Et cette vidéo aussi est pas mal :)

      Jiddu Krishnamurti - Most people are occupied with jobs
      https://www.youtube.com/watch?v=4FHU_friuis

      Après je conseille vraiment que vous regardiez le film « Schooling the world » qu’on peut trouver sur le site de @filmsforaction (http://www.filmsforaction.org) : très éclairant (sur la question du travail justement). Le film contient les soutitres pour une dizaine de langues, dont le français et l’arabe...

    • De : Collectif Stop TAFTA - Non au Grand Marché Transatlantique <
      contact@collectifstoptafta.org>
      Date : 14 novembre 2016 à 12:56
      Objet : CETA/TAFTA : Plus que jamais, la mobilisation doit s’amplifier !

      Chèr⋅e⋅s ami⋅e⋅s,

      Le dimanche 30 octobre, au mépris des principes élémentaires de la
      démocratie, les dirigeants de l’UE et du Canada ont signé en catastrophe le
      CETA. Désormais la bataille se poursuit donc au Parlement européen.

      Pour les inciter à rejeter le CETA, interpellez les euro-députés français(..)

      Après avoir reporté une première fois le sommet UE - Canada, le Conseil et
      la Commission de l’UE ont redoublé de pressions et de manœuvres pour
      parvenir à une signature au plus vite. Ils ne s’attendaient pas à avoir une
      opposition si importante : les trois parlements belges qui ont bloqué le
      processus pendant quelques jours reprenaient pourtant à leur compte les
      inquiétudes exprimées par des centaines de milliers de citoyens qui avaient
      défilé contre le TAFTA et le CETA les semaines précédentes en Belgique, en
      Allemagne, en France, en Espagne, en Pologne, etc.

      En France, 45 rassemblements ou manifestations ont eu lieu le samedi
      15 octobre. À Paris, cette journée s’est close à 20 h à la suite d’une
      grande Assemblée citoyenne sur la place de la République où nous avons
      réaffirmé notre détermination à lutter contre ces accords de libre-échange
      destructeurs d’emplois
      , et nocifs pour l’agriculture, l’environnement, le
      climat, la démocratie et les services publics.

      La motivation première avancée de mobilisation contre ce traité est donc la sauvegarde de l’emploi... Surprenant !

      D’un autre côté c’est surprenant de voir que la réflexion sur le travail se partage sur les réseaux sociaux, comme cet autre discours par ex, tout aussi limpide et qui fait même le lien entre travail et démocratie :

      https://www.youtube.com/watch?v=7eVfDa02nSY

      #LBD #Le_Stagirite #Elephant_dans_le_salon

    • @phalene merci pour ton retour sur Schooling the world et la référence à Ivan Illich. Je crois que le terme anglais plus couramment utilisé pour dire déscolariser est « unschooling ».

      Ca m’intéresse de savoir ce que sous-tend ta remarque « Je pense d’ailleurs que la présence de Franck Lepage, soutien de Bernard Friot, n’est pas anodine », car je ne connais pas très bien le contexte.

      Stagirite c’est assez gentille ; c’était pour montrer le décalage étonnamment persistant entre d’une part les contre-discours au sujet de l’ emploi (boulots de merdes, ou boulots contraints) et d’autre part les appels récurrents à se mobiliser pour la sauvegarde de l’emploi, comme on peut lire dans l’appel à mobilisation contre le #CETA.

      Sinon la vidéo de Jiddu Krishnamurti - Most people are occupied with jobs est autrement plus radicale.

    • Si tu le dis @phalene c’est fort possible que ce fond d’image provient du film de Debord. Comme tu le sais palim-psao est plus proche des situs que de marx, en particulier Anselm Jappe. Je n’ai pas encore visionné la vidéo de F.Lepage (j’suis à la bourre) .
      un p’tit dialogue absurde et hilarant :
      – « j’ai voulu m’inscrire au chômage ! »
      – « Et alors ? »
      – « On m’a demandé quels diplômes j’avais ! »

    • Merci @phalene pour ton explication sur Friot et son aménagement du capitalisme, c’est super clair.

      On reste à faire x+n euros avec x euros mais avec une autre répartition. La survaleur va dans une caisse commune et les salaires sont répartis en proportion de la compétence de chacun (en définitive le diplôme), touché qu’il ait ou non travaillé et quelque soit la contribution de son secteur à la production de survaleur

      Sinon, je trouve que les « situs » ont vraiment toute leur place dans ce billet, merci de les avoir pointés. Ils ont tout à fait raison d’insister sur l’idée que le peuple assujéti aurait tout à gagner à comprendre le spectacle léthargique dans lequel il est plongé et qui entretient la séparation entre langage (ce qu’il permet d’exprimer et de penser) et réalité (le concrétisable ; ce que le langage permettrait d’atteindre).

      Cf. Critique de la séparation :

      http://www.ubu.com/film/debord_critique.html

  • Le modèle de l’exploitation familiale se marginalise progressivement - Localtis.info - Caisse des Dépôts
    http://www.localtis.info/cs/ContentServer?pagename=Localtis/LOCActu/ArticleActualite&jid=1250270839258&cid=1250270838615

    C’est une dékoulakisation à la française. Nul besoin du « petit père des peuples », le marché s’en charge très bien. Entre 1970 et 2010, le nombre d’exploitations agricoles est passé d’1,2 million à 490.000. 40.000 exploitations ont encore disparu entre 2010 et 2013. Et la crise que traverse l’agriculture ne laisse pas espérer un retournement. Récemment, un sondage Ifop pour la FNSEA montrait que 14% des exploitants envisageaient de cesser leur activité d’ici la fin de l’année… Mais la disparition des uns est profitable pour d’autres. Une étude d’Agreste de septembre 2015 montre que dans 10% des cas seulement, les terres perdent leur usage agricole pour être transformées, ici en maison individuelle, là en route, en centre commercial… Dans 9 cas sur 10, elles sont transmises dans le cadre d’un agrandissement. Et de plus en plus souvent dans le cadre du « marché des parts sociales ». La financiarisation des terres est bel et bien en marche. Pour Robert Levesque, directeur de Terres d’Europe-Scafr, « le modèle de l’exploitation familiale se marginalise progressivement ». « L’installation et les agrandissements se font de plus en plus par accès à la location et au transfert de parts sociales », a-t-il mis en garde, jeudi 26 mai, dans le cadre de la conférence de presse annuelle de la FNSafer sur le prix des terres.

    #agriculture #paysannerie #financiarisation

    • Si vous êtes comme moi :

      La dékoulakisation (en russe : раскулачивание, raskulachivanie) est une campagne de répression en Union Soviétique, qui s’est dirigée pendant la dictature de Joseph Staline, de 1929 à 1933, contre les koulaks. Les emprisonnements, les confiscations, les exécutions et les déportations de masse ont caractérisé cette politique.

      L’objet de ces oppressions brutales a été en particulier les familles paysannes supposées riches, mais aussi les paysans moyens et leurs proches, ainsi que les habitants des campagnes qui n’adhéraient pas - réellement ou supposément - à la politique du Parti communiste (PCUS).

      (wikipédia)


    • Portraits de Vladimir Poutine à l’intérieur du Café Président à Krasnoïarsk.
      Crédits : ngs24.ru


      Papier toilette Obama dans le Président Café à Krasnoïarsk.
      Crédits : e-news.su


      Affiche promotionnelle pour le parfum Leaders Number One.

      « Face au simplisme de tous les produits dérivés disponibles dans le commerce – t-shirts, tasses, calendriers –, nous voulions proposer quelque chose de plus intéressant, de plus complexe à réaliser, et qui pourrait plaire aux gens », se rappelle Maxim Fomitchiov, créateur du magazine en ligne Leaders et du parfum Leaders Number One, également inspiré de Vladimir Poutine. Le parfum, qui vise à promouvoir la marque du magazine, a été élaboré en France par le parfumeur biélorusse Vlad Rekunov. Leaders Number One contient, entre autres, des notes de citron, de bergamote, de cassis, de sapin et de cèdre.

      À la surprise générale, le produit a été un franc succès : ses 2 000 exemplaires se sont vendus au GOuM de Moscou en une semaine et demie, à 6 000 roubles le flacon (environ 82 euros). Une partie du stock a été envoyée aux officiels russes, sans quoi les recettes de l’entreprise auraient pu atteindre les 10 millions de roubles. Fomitchiov précise que, la conception du parfum ayant coûté très cher, les bénéfices, dont une partie a été reversée à des organisations caritatives, n’ont pas été très élevés. L’entrepreneur attend actuellement 2 000 nouveaux flacons, qui seront cette fois-ci vendus 6 900 roubles. « Après tout, c’est un produit de qualité inspiré par Vladimir Poutine – on ne peut pas le fabriquer à partir de matériaux bon marché ! », estime l’homme d’affaires.


      Stalin Vape Shop

      Le nom de Joseph Staline est aussi fréquemment utilisé par les marques. En mars 2016, un sondage du centre Levada a révélé que, pour 54 % des personnes interrogées, Staline avait joué un rôle positif dans l’histoire russe. Le nom du « Petit père des peuples » n’est toutefois pas nécessairement un gage de succès : presque toutes les entreprises qui l’utilisent finissent par mettre la clé sous la porte. Le restaurant Koba, ouvert en 2011 à Novossibirsk sous le slogan « La viande du camarade Staline », n’a par exemple tenu que deux ans.

      « Je m’intéresse un peu à l’Histoire et, lorsque je cherchais un nom et un logo pour mon magasin, je me suis souvenu que Staline se promenait toujours la pipe au bec », raconte Andreï Makarov, fondateur du Stalin Vape Shop, enseigne de cigarettes électroniques à Khanty-Mansiïsk. Son commerce, ouvert il y a 6 mois, lui rapporte plus de 50 000 roubles mensuels (environ 680 euros). Andreï respecte Staline notamment parce qu’il « n’a pas quitté Moscou lors de la Seconde Guerre mondiale ». « Poutine a fait beaucoup de bonnes choses pour la Russie, mais sans Staline, nous serions aujourd’hui sous la coupe des Allemands », affirme-t-il.

      Makarov est particulièrement fier du logo de son enseigne. Au début, Staline y était représenté avec les yeux rouges et de la fumée lui sortant des oreilles mais, suite à des plaintes de représentants de l’ancienne génération, Andreï l’a fait redessiner de façon à ce que le leader soviétique paraisse « plus gentil, ait une belle prestance et un petit sourire ». Makarov souhaite faire breveter le nom et le logo de son magasin afin de pouvoir développer son affaire sans obstacles. Pour ce faire, il devra toutefois négocier avec les descendants de Staline : la loi stipule qu’une marque portant le nom ou le pseudonyme d’une personne célèbre ne peut être enregistrée qu’avec l’accord des descendants de celle-ci.

      Le Stalin Vape Shop est le seul projet encore en activité portant le nom du dirigeant de l’URSS (si l’on excepte les magasins de souvenirs vendant des bustes, des photographies, du vin, etc.). L’image de Poutine jouit ainsi d’une plus grande popularité dans le monde des affaires, aujourd’hui, que celle de ses prédécesseurs.

  • Stakhanov chez Volkswagen, par Pierre Rimbert (décembre 2015)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/12/RIMBERT/54374

    Joseph Staline était méchant. Cette affirmation intrépide, que nul ou presque n’a osé formuler ces quarante dernières années, est au cœur du documentaire Apocalypse : Staline, réalisé par Isabelle Clarke et Daniel Costelle (France 2, 3 novembre 2015). Les images colorisées s’accompagnent d’un commentaire étincelant de finesse sur le dirigeant soviétique : « Chacun peut redouter ses méthodes derrière ses petits yeux qui se plissent quand il esquisse un sourire. » [#st]

    http://zinc.mondediplo.net/messages/12612 via Le Monde diplomatique

  • Stalin portraits emerge in heart of Ukraine’s rebel-held territory | World news | The Guardian

    http://www.theguardian.com/world/2015/oct/19/stalin-portraits-ukraine-rebel-territory

    Three portraits of the former Soviet dictator Joseph Stalin are on display in the centre of Donetsk, the rebel capital of eastern Ukraine, as the separatist authorities fuel a mood of Soviet nostalgia.

    The Stalin portraits have been placed in the main square and feature a quote from the wartime leader: “Our cause is just. The enemy will be routed. We will claim victory.”

    #ukraine #donbass #staline #images #soviétisme

  • Obama, Putin to meet at a defining moment – Indian Punchline
    By M K Bhadrakumar – September 24, 2015
    http://blogs.rediff.com/mkbhadrakumar/2015/09/24/obama-putin-to-meet-at-a-defining-moment

    The Russian state agency TASS is not given to speculating on the Kremlin leader’s activities. It is a ground rule set by Joseph Stalin when the agency was created in 1925. Therefore, we must accept as ‘breaking news’ the TASS’ Washington dateline report quoting ‘an informed source’ to the effect that a meeting between Russian president Vladimir Putin and US resident Barack Obama will take place next week on the sidelines of the United Nations General Assembly session.

    Putin is taking to the podium in New York after a gap of a decade when he addresses the GA session on Monday. This is brilliant news. The time is overdue for the American and Russian leaderships to candidly discuss the issues of international security, especially the fight against the Islamic State and the conflict in Syria. There is good reason to believe that the gap between the US and Russian thinking on Syria is dramatically narrowing.

    If, in the process, Obama and Putin agree to explore the new frontiers of a Russian-American reset, that will be a bonus, too. For Obama, most certainly, this fortnight will be incomplete without a meeting with Putin. The conversation with Pope Francis on Wednesday would have reminded Obama what a hopelessly disjointed moral landscape surrounds us all – poignantly symbolized by the dead body of 3-year old Aylan washed ashore unnoticed on a desolate Turkish beach – and, indeed, it has ultimately come to be Obama’s own presidential legacy — and he can’t easily escape from it.

    Equally, his summit on Friday with the visiting Chinese President Xi Jinping will alert Obama that Washington can optimally cope with China’s rise only through a far-sighted strategy that provides for the underpinning of a durable, predictable partnership with Moscow in the Asia-Pacific. (By the way, isn’t it a delightful coincidence that TASS let the cat out of the bag on the eve of Xi’s touchdown on the White House lawns?)
    (...)

  • Comment devient-on fasciste ?, par Laurent Kestel
    http://www.monde-diplomatique.fr/2014/12/KESTEL/51049

    Ouvrier métallurgiste et ancien dirigeant communiste, Jacques Doriot fonde en juin 1936 le Parti populaire français. Affirmant combattre tant le communisme que le capitalisme, tant Joseph Staline qu’Adolf Hitler, il finit parmi les ultras de la collaboration. Cette dérive d’un fasciste à la française passe néanmoins par quelques chemins inattendus.

  • Stalingrad name may return to city in wave of second world war patriotism | World | The Guardian
    http://www.theguardian.com/world/2014/jun/08/stalingrad-name-may-return-to-russian-city

    For more than 300 years, the Russian city of Volgograd was known as Tsaritsyn. It was dubbed Stalingrad in honour of Soviet leader Joseph Stalin for a mere 26 years, but then his successor Nikita Khrushchev dropped that name as part of his campaign to dismantle the personality cult of the former dictator.

    Now the city may become Stalingrad once again after president Vladimir Putin proposed holding a referendum to change the name amid a wave of second world war patriotism over eastern Ukraine. When asked by a Soviet veteran during D-day commemorations in Normandy on Friday, Putin promised to help the city’s residents vote on bringing back the Stalingrad name. “It wasn’t me who canceled that,” Putin told the veterans.

  • V. V. Poutine signe la réhabilitation des peuples de Crimée : Tatars, mais aussi Allemands, Arméniens, Bulgares et Grecs.
    Le Tatar devient la troisième langue officielle de la République autonome.

    Putin signs decree to rehabilitate Crimean Tatars — RT News
    http://rt.com/news/crimea-tatars-rehabilitation-putin-856

    Russian President Vladimir Putin has signed a decree officially rehabilitating the Crimean Tatars and other ethnic minorities on the peninsula, who were deported en masse in 1944 by Joseph Stalin for alleged collaboration with Nazi invaders.
    (…)
    When he first mooted the rehabilitation decree last month, Putin also proposed that Tatar becomes the third official language in the autonomy, alongside Russian and Ukrainian.

    The decree also rehabilitates four other less numerous minorities – Armenians, Bulgarians, Germans and Greeks – who also suffered from Joseph Stalin’s repressions during and after World War II.

    • Le chef local, Sergueï Axionov premier ministre de la République de Crimée, a un peu plus de mal avec les Tatars :

      Crimea Tatar Officials Say Office Attacked Before Putin’s Pardon - WSJ.com
      http://online.wsj.com/article/BT-CO-20140421-706112.html

      But earlier in the day, a busload of unidentified men wearing camouflage uniforms and berets marched into the Mejlis—the ethnic group’s executive council offices—and pulled down a Ukrainian flag that flew outside, replacing it with a Crimean flag. After the men left, the flag was removed and replaced by a Crimean Tatar flag.

      A statement on the Mejlis website said the Ukrainian flag had only just gone up over the building, following the return of the ethnic group’s outspoken leader, Mustafa Dzhemilev, who had come back to the peninsula from mainland Ukraine on Sunday. He and other Crimean Tatar leaders say they were briefly detained while trying to enter in a motorcade of 50 cars bearing Crimean Tatar and Ukrainian flags.

      On Sunday, the acting head of the region, Sergei Aksyonov, accused the Crimean Tatar leadership of “provoking ethnic strife,” and that he considered them extremists. Crimean Tatars make up about 12% of the region’s population of 2 million people.

      “The Mejlis hangs a Ukrainian flag over their building,” he wrote on his Twitter feed. “I am more and more convinced that they are provocateurs. 97% voted for Russia [in the referendum]. If you do not like it, leave!

    • Et bien d’ailleurs, certains n’ont même pas à se poser la question…

      Le leader des Tatars banni de Crimée
      http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/04/22/le-leaders-des-tatars-banni-de-crimee_4405263_3214.html

      Le leader historique des Tatars de Crimée, Moustafa Djemilev, a été interdit d’accès pour cinq ans sur ce territoire ukrainien rattaché en mars à la Russie, a annoncé mardi 22 avril la Medjlis, l’assemblée des Tatars de Crimée.
      En quittant la Crimée pour Kiev, M. Djemilev s’est vu remettre par les gardes-frontières un document lui interdisant d’entrer dans la Fédération de Russie jusqu’au 19 avril 2019, a précisé à l’AFP Lilia Mouslimova. « Cette décision montre à quel Etat “civilisé” on a affaire », a réagi M. Djemilev sur le site d’information en ligne ZN.ua.

      Moustafa Djemilev — Wikipédia
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Moustafa_Djemilev

      Moustafa Djemilev, né le 13 novembre 1943 à Ay-Serez en Crimée (alors RSFS de Russie à l’époque), est l’ancien président du Majlis du peuple tatar de Crimée (succédé par Refat Choubarov) et un membre du Parlement ukrainien depuis 1998. Il est un chef de file reconnu du Mouvement national des Tatars de Crimée et un ancien dissident soviétique admiré pour son principe de non-violence.
      (…)
      En mai 1989, il est élu à la tête du Mouvement national des Tatars de Crimée nouvellement fondé. La même année, il retourne en Crimée avec sa famille, un mouvement qui sera suivi par le retour des 250 000 Tatars criméens de Russie.

      Adhérent au Mouvement populaire d’Ukraine, il annonce au début du mois de novembre 2011 de se retirer de la vie politique du pays mais rejoint l’Union panukrainienne « Patrie » [de Ioulia Tymochenko] pendant les élections législatives ukrainiennes de 2012.