person:jacques derrida

  • L’excentrique philosophe Avital Ronell suspendue de l’Université de New York - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2018/08/24/l-excentrique-philosophe-avital-ronell-suspendue-de-l-universite-de-new-y

    Un ancien étudiant de la féministe « queer » lui reproche des mails et des gestes déplacés. Des intellectuels, dont Judith Butler, l’ont défendue. Un comportement jugé masculin et corporatiste par de nombreux médias.

    « Mon adoré », « mon doux bébé câlin », « mon magnifique Nimrod ». Ou bien encore ce jeu de mots : « My cock-er spaniel », « mon cocker » (1). Mots doux ou preuves d’un long harcèlement sexuel ? La nouvelle a déclenché une tempête dans les milieux universitaires américains et au-delà. Avital Ronell, une intellectuelle internationalement réputée, professeure de littérature comparée à l’Université de New York, a été suspendue un an par sa fac pour avoir harcelé sexuellement un de ses anciens étudiants, Nimrod Reitman. Ce qu’elle dément.

    Avital Ronell, philosophe proche du courant de la French Theory et de Jacques Derrida, qu’elle rencontra en 1979, a écrit sur l’autorité, la surveillance, la figure de l’ennemi, mais aussi sur le sida, l’addiction ou le téléphone. Féministe, de gauche, Ronell est lesbienne et se définit comme queer. Nimrod Reitman, l’ex-étudiant qui l’accuse, est gay.

    Selon le New York Times, qui a sorti l’affaire mi-août, Nimrod Reitman, aujourd’hui âgé de 34 ans quand Ronell en a 66, lui reproche de lui avoir envoyé pendant trois ans des mails déplacés, mais aussi d’avoir eu des gestes à connotation sexuelle à plusieurs reprises. Reitman raconte ainsi une journée de 2012, à Paris, où la philosophe l’avait invité à l’accompagner. Elle lui aurait demandé de lui lire des poésies, dans sa chambre, pendant qu’elle faisait la sieste. Puis l’aurait invité dans son lit, lui aurait touché la poitrine, l’aurait embrassé. Reitman explique ne pas avoir osé réagir par peur de représailles sur son avenir universitaire. Dès le lendemain, il lui aurait pourtant dit son désaccord et sa gêne. Mais la situation se serait répétée à plusieurs reprises. Avital Ronell, elle, dément catégoriquement tout contact sexuel. Quant à ses mails : « Nos communications étaient entre deux adultes, un homme gay et une femme queer, qui partagent un héritage israélien, aussi bien qu’un penchant pour une communication imagée et familière, née de sensibilités et d’un contexte académique communs », a-t-elle déclaré au New York Times.

    Excentricité

    Au terme d’une enquête de onze mois, l’université a conclu que Ronell s’était bien livrée à du harcèlement sexuel et que son comportement avait été « suffisamment envahissant pour altérer les termes et les conditions de l’environnement d’apprentissage de M. Reitman ». Elle a en revanche rejeté les accusations d’agression sexuelle, estimant qu’elle n’avait pas de preuve.

    Au printemps, plusieurs dizaines d’intellectuels et de professeurs d’université avaient signé un texte de soutien, initié par Judith Butler, la grande figure des études de genre, destiné à l’Université de New York, pour plaider la cause de la philosophe lors de l’enquête interne de la fac. Le courrier confidentiel a fuité sur un blog - sans doute était-ce aussi l’occasion de porter un coup aux études de genre et au poststructuralisme. Très malhabile, le texte reprenait les arguments classiques de la défense des hommes harceleurs… Le procès médiatique d’Avital Ronell est devenu celui des intellectuelles féministes et queer. Sur le blog The Philosophical Salon, le philosophe slovène Slavoj Zizek a justifié son choix de signer la pétition de soutien à Ronell : « Pour être brutalement honnête, Avital et moi ne sommes pas membres du même "gang" théorique : […] elle est féministe alors que je suis très critique de la version prédominante du féminisme américain, commence le penseur marxiste. Dans sa manière d’être avec ses collègues et ses amis, Avital est un genre en soi : acerbe, ironique, se moquant des autres amicalement… Pour faire court, elle est une provocation vivante pour les membres du politiquement correct de notre monde académique, une bombe sur le point d’exploser. […] Ce qui me rend vraiment triste, c’est que la procédure contre Avital vise un certain type psychologique, un certain mode de comportement et d’expression pour lesquels il y a de moins en moins de place dans l’académie. » Dans ses livres aussi, la philosophe tient un langage hors-norme, mélange de concepts et de mots de la rue. Dans Loser Sons (2012), elle cite Hannah Arendt puis soudain se coupe et l’interpelle : « Ecoute-moi, Hannah, t’es sûre de ça ? » Le philosophe français Jean-Luc Nancy, qui a aussi signé la lettre de soutien à son amie, témoigne de son excentricité : « Avital a sans doute été imprudente, mais cette histoire est gonflée, assure-t-il à Libération. Je la connais depuis une trentaine d’années, et depuis trente ans elle m’envoie des mails avec des "I love you", "I adore you". C’est son style : des hyperboles toujours recommencées. »

    « Entre-soi très malvenu »

    Certains soutiens d’Avital Ronell estiment encore qu’après tout, Nimrod Reitman pouvait bien changer de directrice de thèse ou de faculté. « Une directrice de thèse a le pouvoir de faire et défaire l’avenir universitaire de ses élèves, rectifie la professeure en études de genre à l’Université de Lausanne Eléonore Lépinard. En fac de médecine, on ne s’y trompe pas : on parle des "patrons". Mais en sciences humaines, les universitaires ont du mal à assumer cette réalité car dans la relation entre professeur et élève s’imbriquent aussi une complicité intellectuelle, un tutorat, un accompagnement qui masquent le lien hiérarchique. » La chercheuse est sévère envers l’attitude des universitaires qui se sont empressés de soutenir l’une des leurs : « Cet entre-soi est très malvenu. C’est justement cette défense corporatiste qui rend possibles les abus de pouvoir. » Mais dans leur défense de Ronell, des universitaires américaines font aussi plus largement la critique de ce qu’elles considèrent comme des « dérives » du « Title IX » dans ce cas-ci. Pour ces dernières, l’outil juridique (lire aussi page 4) était pensé dès 1972 pour permettre aux femmes d’échapper à toute discrimination à l’université et n’aurait ainsi pas vocation à aider un homme à se retourner contre une femme.

    Le véritable « abus fait du Title IX » n’est pas là pour l’historienne Joan Scott, qui a signé elle aussi la lettre de soutien à Ronell : « Le Title IX est récemment devenu uniquement centré sur le harcèlement sexuel, a-t-elle expliqué dans un mail à Libération. Depuis 1972, les universités confrontées à une plainte dans le cadre du Title IX ont répondu de manière diverse au fil des ans : elles ont protégé leurs éminents universitaires, choisissant d’ignorer les plaintes d’étudiants ; elles ont protégé leurs athlètes et tous ceux qu’elles considéraient comme vitaux pour leurs programmes ; elles ont parfois puni les accusés après une prudente investigation. Mais plus récemment, la réponse la plus typique est de considérer une plainte comme prouvée, sans trop d’efforts pour examiner les faits afin d’agir vite et de punir l’accusé. […] Au lieu d’un jury composé de ses pairs, l’accusé fait face à des équipes d’avocats décidés à protéger l’université de coûteuses poursuites en justice ou de la perte de fonds fédéraux. […] C’est ce qui s’est passé dans le cas Ronell. » Ce qui ne suffira peut-être pas : Nimrod Reitman réfléchit à porter plainte, cette fois en justice, contre Avital Ronell et l’Université de New York.

    (1) Cock signifie « bite » en anglais.
    Sonya Faure

    Ces féministes universitaires dont l’intersectionnalité est le gagne-pain et qui n’ont aucun problème à utiliser leur pouvoir de domination sur qui se trouve sous leur coupe pfff ! Il serait bienvenu qu’elles relisent leurs classiques ou du moins qu’elles appliquent les principes qu’elles prônent dans leur théorie. Défendue par Butler en plus, quelle honte ! Avec des arguments dégueu !

    N.B. Je remets cet article parce que celui qui avait été posté ailleurs n’est pas en entier et les personnes qui ne savent pas débloquer le javascript sont limités en nombres d’articles lus sur Liberation.

    #Ronell #harcèlement #agression_sexuelle #Butler #domination #féminisme #queer

  • Formidable travail de numérisation de la bibliothèque personnelle de Jacques Derrida en cours

    Derrida’s Margins ‖ Derrida’s Margins
    https://derridas-margins.princeton.edu

    Inside the personal library of Jacques Derrida
    “And yet did we not know that... only in the book, coming back to it unceasingly, drawing all our resources from it, could we indefinitely designate the writing beyond the book?”

    – Jacques Derrida

    For Jacques Derrida (1930-2004), reading was an active process: he read texts by thinkers like Rousseau, Heidegger, Lévi-Strauss, Hegel, and Husserl with a writing utensil in hand. As Derrida affirmed in a late interview, the books in his personal library bear the “traces of the violence of pencil strokes, exclamation points, arrows, and underlining.”

    Derrida’s Margins invites scholars to investigate these markings while unpacking the library contained within each of Derrida’s published works, beginning with the landmark 1967 text De la grammatologie (Of Grammatology). Additional Derrida works will be added as the project continues.

    The website catalogues each reference (quotation, citation, footnote, etc.) in De la grammatologie and allows users to explore Derrida’s personal copies of the texts he cites. Due to copyright restrictions, only annotated pages corresponding to references in De la grammatologie are shown here; users may also view external images of each book as well as images of the numerous insertions (post-it notes, bookmarks, calendar pages, index cards, correspondence, notes, etc.) Derrida tipped in to his books.

    The website includes the following sections, accessible via the links in the four corners of this page: Derrida’s Library, where users may browse or search Derrida’s copies of the books referenced in De la grammatologie; Reference List, where users may browse or search the nearly one thousand references to other texts found in the pages of De la grammatologie; Interventions, where users may browse or search Derrida’s annotations, marginalia, and markings that correspond to the references in De la grammatologie; and Visualization, which provides users with alternative ways of exploring the references in De la grammatologie. Users may search a particular section or the entire site at any time by using the search field at the top of every page.

    The Library of Jacques Derrida is housed at Princeton University Library’s Rare Books and Special Collections.

  • Quand on réécrit l’histoire du féminisme avec Antoinette Fouque
    http://annette.blogs.liberation.fr/2018/03/08/quand-reecrit-lhistoire-du-feminisme-avec-antoinette-fouque

    Il y aura une rue Antoinette Fouque à Paris dans le XXème arrondissement ! Un choc. Je republie donc aujourd’hui la "contre-nécro" que j’avais écrite à sa mort, dans Libération le 22 février 2014, pour rétablir un peu de vérité historique dans la légende du personnage. Replay .

    Quelle étrangeté que d’entendre, ce samedi 22 février 2014, les grandiloquents hommages à Antoinette Fouque, disparue jeudi à l’âge de 77 ans. Sans elle, si l’on croit ce qu’on nous répète en boucle, les Françaises ne seraient ni libérées, ni indépendantes. Horreur, sans Antoinette Fouque nous serions encore, malheureuses, toujours sans le droit à la contraception, à l’avortement, à la parité, harcelées dans les ascenseurs ...? Ainsi de la ministre des Droits des femmes qui a donné le ton : « Sa contribution à l’émancipation d’une génération de Françaises est immense », affirme sans hésiter et sans modération Najat Vallaud-Belkacem, qui a l’excuse d’être née dix ans après le début d’un mouvement de femmes en France. Et c’est de ma génération qu’elle parle.

    « Merci ! Merci ! » tweetent les unes après les autres, les ministres femmes qui semblent dire qu’elles lui doivent leurs postes dans le gouvernement socialiste. Et même Valérie Trierweiller qui nous confie, dans un tweet aussi, qu’Antoinette Fouque est, pour elle, un « modèle d’indépendance pour nous toutes ». Et vice-versa ?

    L’histoire n’est pas aussi rose que « La belle et grande voix du féminisme » que salut Najat Vallaut-Belkacem, qui n’imagine pas, bien sûr, que Fouque détestait le mot « féminisme ». Encore sur France-Info, dans sa dernière interview en février, elle voyait dans le féminisme « la servitude volontaire que font certaines pour s’adapter au journal ELLE ou à d’autres ». Féminisme, Beauvoir ... aux poubelles de l’histoire vue par Fouque.

    En France, on n’a pas eu de chance. On avait un mouvement joyeux, bordélique, excessif, multiple, périssable et impérissable, un mouvement, et non une organisation politique, ou un parti, et surtout pas une marque privée, « MLF » qui fut un jour déposée légalement, dans le secret, par Antoinette Fouque et ses deux amies, pour leur usage politique et commercial. Une « captation d’héritage », c’était bien ça.

    Quarante-quatre ans après qu’une dizaine de copines - sans elle - a fait l’acte fondateur de mettre une gerbe de fleurs sous l’Arc de Triomphe à la mémoire de « La femme encore plus inconnue du soldat inconnu », la vie d’Antoinette Fouque est une success-story : elle s’est construit sa propre légende.

    Au commencement, donc, dans la vague de mai 68, et inspiré par le Women’s Lib américain, les Françaises ont, elles-aussi, voulu parler de leur libération. Et ce fut l’année 1970, appelée assez maladroitement si l’on y pense, « Année zéro du mouvement de libération des femmes. » Rappelons que nous étions filles et petites filles naturelles de celle qui fut, elle, la véritable inspiratrice de l’émancipation des femmes, en France, et dans le monde : Simone de Beauvoir, qui avait déja écrit Le Deuxième Sexe en 1949...

    Antoinette Fouque, enseignante devenue psychanalyste, entreprend sa marche vers le pouvoir en créant son propre groupe « Psychanalyse et Politique ». Moderne, elle comprend la force du transfert freudien et n’hésite pas à prendre en analyse les jeunes militantes qui la rejoignent. Parmi elle, Sylvina Boissonnas, héritière d’une grosse fortune. Antoinette Fouque vivra dorénavant comme une milliardaire, de l’hôtel particulier du VIIe arrondissement aux magnifiques demeures en France et aux Etats-Unis, elle pourra financer sa maison d’édition Des Femmes et ses librairies.

    De drames en psychodrames, le MLF devenue propriété commerciale, se réduira à une petite secte mais le sigle et les éditions serviront à l’ascension sociale et politique de la cheftaine dont nous racontions déjà le culte hystérique dans un article de Libération (« Visite au mausolée du MLF », 9 mars 1983) : « Sortant de cette exposition sur l’histoire du MLF on a l’impression d’avoir fait un court voyage dans la Corée du Nord de Kim-Il-Sung. »

    Antoinette Fouque fera une carrière politique en se faisant élire députée européenne sur la liste de Bernard Tapie sans qu’on voit très bien le lien entre cet homme d’affaires et l’émancipation des femmes. Elle deviendra ainsi vice-présidente de la commission des femmes à Strasbourg. Elle conseille les ministres spécialisées ès-femmes, elle parle partout au nom du MLF.

    Et maintenant, si on écoute les hommages qui répètent « A Antoinette Fouque, les Françaises reconnaissantes » on risquerait d’en oublier la vraie histoire, le courageux « Manifeste des 343 salopes » - du « star-system » dira une méprisante Fouque - la loi Veil sur l’avortement, les formidables travaux d’historiennes telles que Michelle Perrot, qui a reçu le prix Simone de Beauvoir, justement. Et toutes les lois sur la parité et l’égalité. Un oubli passager.

    Annette Lévy-Willard

    #historicisation #histoire #légende #grand_homme et là #grande_femme vu le contexte
    #psychépo #privatisation #mlf

    • Le mouvement féministe de la deuxième vague au sein du MLF est divisé en trois tendances principales. Le féminisme « lutte des classes », qui constitue l’une d’elles, est issu du marxisme. Il y a un féminisme marxiste qui trouve sa source d’inspiration dans l’ouvrage d’Engels, L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat. Selon ce dernier, l’inégalité sociale entre hommes et femmes prend son origine dans l’avènement de la propriété privée. Les femmes ne doivent donc pas lutter prioritairement pour leur émancipation, mais pour celle du prolétariat dans son ensemble. Une fois la révolution réalisée, les femmes également seront de fait libérées.

      Le second courant théorique qui travers le féminisme des années 1970 est le féminisme radical et, en particulier, radical matérialiste. Pour les féministes radicales, les femmes doivent chercher à lutter et à s’allier principalement entre femmes, qu’elles soient bourgeoises ou ouvrières, plutôt que sur la base d’une classe économique où elles se retrouveraient avec des hommes qui ne tiendraient pas compte de leurs problèmes spécifiques. Les féministes radicales matérialistes considèrent plus particulièrement que les femmes sont victimes d’une exploitation de leur travail dans les tâches ménagères et l’éducation des enfants : ce sont des tâches qu’elles effectuent gratuitement. Parmi les théoriciennes de ce courant, on peut citer Christine Delphy.

      Le troisième courant est aussi un courant féministe radical, mais différentialiste. Ce courant insiste sur la différence naturelle qui existerait entre les hommes et les femmes. Pour ces féministes, les femmes doivent revendiquer la reconnaissance de leur spécificité. Ce courant est porté en particulier dans les années 1970 par Antoinette Fouque sous le nom de Psychanalyse et politique (abrégé : psyché-po). Dans les années 1980, ce courant, influencé par la psychanalyse et le travail de Jacques Derrida, devient dominant aussi bien en France qu’aux Etats-Unis sous le nom de French feminism. Des personnalités telles que Julia Kristeva, Helene Cixous ou Sylviane Agazinski peuvent, dans des registres différents, y être rattachées.

      C’est contre le différentialisme de la French feminism qu’un courant théorique qui a eu une importance non négligeable sur la troisième vague (actuelle) du féminisme se constitue à la fin des années 1980. Il s’agit de la théorie queer. Sa représentante la plus connue est Judith Butler dont l’ouvrage Trouble dans le genre est publié aux Etats Unis en 1990. La théorie queer critique la thèse de l’identité féminine du courant différentialiste. En distinguant le sexe biologique et le genre, construction sociale, les théoriciennes du queer défendent la thèse selon laquelle les identités ne sont pas naturelles, mais sont des constructions sociales qui peuvent être déconstruites par les individus, en les jouant dans des « performances ». D’où l’importance dans la théorie queer de la figure du travestissement : l’identité biologique et l’identité sociale d’un individu peuvent ne pas coïncider. Certaines femmes sont considérées comme masculines, certains hommes comme efféminés, certaines personnes sont homosexuelles ou bisexuelles. Les identités de femmes ou d’hommes sont plus complexes dans les faits que ce qu’entendent nous imposer les normes sociales.

      https://iresmo.jimdo.com/2011/12/11/histoire-th%C3%A9ories-et-actualit%C3%A9-du-mouvement-f%C3%A9ministe

    • peut etre d’autres infos là dessus ici :
      Controverses et anathèmes au sein du féminisme français des années 1970
      https://www.cairn.info/revue-cahiers-du-genre-2005-2-page-13.html
      mais je l’ai pas encore lu

      –--------

      Marcel Duchamp et Elsa von Freytag-Loringhoven

      Ca serait Elsa von Freytag-Loringhoven qui a fait l’urinoir faussement attribué à Duchamp. Duchamp qui se déguisait en femme (Rrose Selavy) pour montrer que les femmes sont favorisées dans le milieu artistique... Et qu’on présente parfois comme un artiste féministe... Je pense que DSK sera probablement présenté un jour comme un économiste féministe.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Elsa_von_Freytag-Loringhoven

      La controverse de l’œuvre "Fountain" (1917)

      Certaines sources tendent à démontrer que la baronne serait l’auteure de l’oeuvre d’art "Fountain", attribuée à Marcel Duchamp2,3.

      Duchamp a toujours maintenu qu’il avait acheté l’urinoir du magasin J. L. Mott à New-York. Or, ce magasin ne vendait pas ce modèle particulier d’urinoir. En outre, le 11 avril 1917, soit deux jours après le rejet de l’œuvre, Duchamp écrivit à sa sœur Suzanne Duchamp, à l’époque infirmière de guerre à Paris, que l’une de ses amies avait envoyé un urinoir en guise de sculpture et sous le nom de R. Mutt :

      Raconte ce détail à la famille : les indépendants sont ouverts ici avec gros succès. Une de mes amies sous un pseudonyme masculin, Richard Mutt, avait envoyé une pissotière en porcelaine comme sculpture. Ce n’était pas du tout indécent, aucune raison pour la refuser. Le comité a décidé de refuser d’exposer cette chose. J’ai donné ma démission et c’est un potin qui aura sa valeur dans New York. J’avais envie de faire une exposition spéciale des refusés aux Indépendants. Mais ce serait un pléonasme ! Et la pissotière aurait été « lonely ». à bientôt affect. Marcel4

      Marcel Duchamp n’avait aucune raison de faire référence à une "amie" s’il avait été l’auteur de l’oeuvre. Par ailleurs, le fait que Duchamp parle de sculpture est déjà en soi révélateur, puisque depuis 1913, Duchamp avait cessé de produire de l’art sous l’impulsion du travail de Raymond Roussel, mais produisait déjà des "readymade", destinés à être lus, et non pas vus. Le contenu explosif de cette lettre ne fut rendu public qu’en 1983 lors de sa publication dans la revue "Archives of American art journal"5.

      Elsa aurait explosé de fureur lorsque les États-Unis déclarèrent la guerre à l’Allemagne, son pays natal. Sa cible de revanche aurait été la Société des Artistes Indépendants dont les représentants l’avaient toujours considérée avec froideur. Julian Spalding et Glyn Thompson pensent qu’Elsa aurait soumis un urinoir mis à l’envers et signé de "R. Mutt" dans une écriture que l’artiste utilisait souvent pour ses poèmes.

      La signature "R. Mutt" aurait alors été pour l’artiste un jeu de mots : en allemand, ce nom pouvait se lire comme le terme "armut", pauvreté, ou pauvreté intellectuelle dans certains contextes. La submission d’Elsa fut donc une double attaque : d’un côté elle démontrait l’inhabilité de la Société des artistes indépendants de distinguer un objet quotidien d’une œuvre d’art s’ils acceptaient l’œuvre, mais d’un autre côté, s’ils la refusaient, ils auraient renié leur définition de l’art qui, selon eux, devait être laissée à l’appréciation de l’artiste.

      voire aussi :
      https://www.independent.co.uk/arts-entertainment/art/features/was-marcel-duchamps-fountain-actually-created-by-a-long-forgotten-pio

      et aussi
      https://www.artsy.net/article/artsy-editorial-elsa-von-freytag-loringhoven-dada-baroness-invented-readymade

      On a regular day, Baroness Elsa von Freytag-Loringhoven
      wore brightly colored makeup, postage stamps on each cheek, and a shaved head shellacked in various hues. Her accoutrements also included live birds, packs of dogs, a tomato-can bra, arms full of bangles, and flashing lights. Her unconventionally forthright poetry and rugged found-object sculptures—often incorporated into her outfits—erased unsettling social hierarchy and accepted gender norms, and distinctions between art and life. The Baroness was a dynamo in New York’s literary and art scene at the turn of the century, part of the Arensberg Salon group that included Marcel Duchamp
      , Man Ray
      , Beatrice Wood
      , Francis Picabia
      , Mina Loy, and many others. She combined sculpture, fashion, poetry, and performance to embody an anti-bourgeois lifestyle driven by passion and an emotional reactivity to her surroundings.
      Born Else Hildegard Plötz in Germany in 1874, she ran away to the vaudeville theaters of Berlin as a teenager, and before long, she was part of the inner circle of Munich’s Art Nouveau
      movement. Following several sexual flings that took her across Italy, she helped her second husband fake his own death and start a new life on a Kentucky farm. After they parted ways, she traveled through Virginia and Ohio before arriving in New York, where she briefly married an impoverished Baron and took on his title. The Baroness became a downtown Manhattan legend, known as much for her dazzling costumes and aggressive seduction techniques as for her visceral sculptures and witty poetry. Most importantly, she invented the readymade—a sculpture pulled directly from the materials of daily life, radical in its implications that art can be anything.
      The Baroness’s sculptures were more than banal objects—they indicated the artist as an invigorating force of otherwise overlooked material. The painter George Biddle
      wrote of a visit to her 14th Street studio: “It was crowded and reeking with strange relics, which she had purloined over a period of years from the New York gutters. Old bits of ironware, automobile tires, gilded vegetables, a dozen starved dogs, celluloid paintings, ash cans, every conceivable horror, which to her tortured yet highly sensitized perception, became objects of formal beauty.”
      Fountain
      Marcel Duchamp
      Fountain, 1917/1964
      San Francisco Museum of Modern Art (SFMOMA)
      Sometimes worn or affixed to garments, the Baroness’s object-sculptures were always resourceful, full of character, and totally absurd. In a letter to artist Sarah Freedman McPherson, Freytag-Loringhoven wrote: “Sarah, if you find a tin can on the street stand by it until a truck runs over it. Then bring it to me.” Her first readymade work was a heavily rusted metal ring, Enduring Ornament (1913), named as a work of art a year before Duchamp created his first readymade, Bottle Rack (1914), though he coined the now-famous term.
      The most scandalous theory that surrounds the Baroness is that she is an uncredited collaborator with Duchamp on his famous Fountain (1917), a urinal signed “R. Mutt” that was first exhibited at the 1917 Society of Independent Artists’ Salon in New York. Irene Gammel puts forth a convincing argument of the Baroness’s influence on Duchamp’s artwork in her outstanding 2002 biography Baroness Elsa. Duchamp must have conspired with others to be able to contribute Fountain to the salon anonymously, and the Baroness was close friends with him, though he had refused her advances.
      A 1917 letter from Marcel to his sister, the painter Suzanne Duchamp
      , reads: “One of my female friends under a masculine pseudonym Richard Mutt sent in a porcelain urinal as a sculpture. It was not at all indecent—no reason for refusing it. The committee has decided to refuse to show this thing.” An account from Alfred Stieglitz
      corroborates that it was a woman who was responsible for bringing a large porcelain urinal on a pedestal to the salon. Stieglitz may have been referring to Duchamp’s female alter ego Rrose Sélavy; even so, she was likely modeled after the Baroness.
      The urinal is consistent with the Baroness’s choice of sexual, bawdy, or otherwise “unseemly” subject matter in her other works. Contemporary newspaper accounts reported that Richard Mutt was from Philadelphia, where the Baroness was living in 1917. Although Duchamp stated that he purchased the urinal from J.L. Mott Iron Works, a plumbing store on 5th Avenue, the specific model has never been found in its catalogues from that time period. The sculpture itself disappeared shortly after the exhibition, and the first reproduction of Fountain wasn’t created until 1950, long after the Baroness’s death in 1927.
      Baroness Elsa von Freytag-Loringhoven, Affectionate (Wheels are Growing), 1921-22. Courtesy of Francis M. Naumann Fine Art, New York.

      Baroness Elsa von Freytag-Loringhoven, Affectionate (Wheels are Growing), 1921-22. Courtesy of Francis M. Naumann Fine Art, New York.
      Yet she never claimed authorship of Fountain, and she was not known for holding back, especially near the end of her life. In bitter destitution, Freytag-Loringhoven begged and threatened her more successful colleagues, publicly thrashing those she felt had wronged her. She caricatured “Marcel Dushit,” among others, in the poem “Graveyard Surrounding Nunnery,” accompanied by a drawing of intertwined phalluses among the tombstones.
      The lasting body of her work is her poetry, published by Margaret Anderson and Jane Heap in The Little Review. The Baroness was the perfect figurehead for the literary magazine’s slogan: “Making No Compromise with the Public Taste.” Her audacious writing broke new ground formally; its fractured punctuation and cantatory sound elements rival the sound poem “Karawane” (1916), a landmark Dada
      work by Hugo Ball. Although her vocabulary is sometimes nonsensical, Freytag-Loringhoven’s work is also steeped in lyricism. In a proto-Beat style, she wrote about sex, death, machinery, and America.
      Her poems appeared side-by-side with James Joyce’s Ulysses, which was serialized in The Little Review. The May 1919 issue included his chapter “Scylla and Charybdis” and her poem “King Adam,” the latter of which offers a thinly veiled invocation of cunnilingus: “Kiss me…upon the gleaming hill.” An asterisk cheekily adds: “donated to the censor.” A 1921 obscenity trial banned the distribution of Joyce’s work in the United States. Few in New York’s avant-garde echoed the Baroness’s vocal defense of his work, yet her edgy texts seemed to intensify the call for censorship against them both.
      Claude McRay (i.e., McKay) and Baroness von Freytag-Loringhoven, before 1928. Courtesy of the Library of Congress.

      Claude McRay (i.e., McKay) and Baroness von Freytag-Loringhoven, before 1928. Courtesy of the Library of Congress.
      Baroness Elsa von Freytag-Loringhoven, Facing, 1924. Courtesy of Francis M. Naumann Fine Art, New York.

      Baroness Elsa von Freytag-Loringhoven, Facing, 1924. Courtesy of Francis M. Naumann Fine Art, New York.
      Elsa von Freytag-Loringhoven lived to defy the law. Because she never monetized her art, she lived her entire life in extreme poverty, and was arrested frequently for shoplifting. Although Anderson observed in her autobiography that she “leaped from patrol wagons with such agility that policemen let her go in admiration,” she did numerous stints in jail for stealing—and for wearing men’s clothing in public—among other charges.
      Ever the renegade, her lack of financial success and canonization is in part due to her disregard for finalizing her objects as art. She worked against this binary to infuse art into daily life, often in collaboration with those around her. Sadly, it seems that much of the Baroness’s non-written work was not documented or preserved due to her financial straits, and when it was, others sometimes took credit. Her most famous readymade sculpture, a twisting piece of rusted plumbing attached to a miter box, entitled GOD (1917), was long misattributed to Morton Livingston Schamberg
      , who had photographed it.
      On a broader level, Freytag-Loringhoven’s work could precipitate a feminist re-reading of Dada, the readymade, and the history of Conceptual art
      as we know it. In the 2000s, her work resurfaced with several international shows, Gammel’s biography, and a major anthology of her poetry, published in 2011. As Gammel writes, the Baroness’s erotic and embodied approach to art in everyday life was vital, chaotic, and fundamentally perishable. She was the living consequence of challenging the nature of art in society.
      In Apropos of Readymades, Duchamp’s 1961 statement about his sculpture, he writes: “The choice was based on a reaction of visual indifference with at the same time a total absence of good or bad taste…in fact a complete anaesthesia.” Freytag-Loringhoven’s definition of the readymade is the opposite: Where Marcel’s work is thoughtful, yet dry as a bone, Elsa’s is confident and deeply felt. In her readymade, there’s undeniable joy.
      Vanessa Thill

  • Terreur de Jacques Derrida
    http://www.dedefensa.org/article/terreur-de-jacques-derrida

    La déconstruction du déconstructeur

    31 décembre 2017 – Nous avons consacré hier 30 décembre 2017 un F&C à partir d’un texte de James Edward Kunstler sur la situation crisique extraordinaire où est emportée l’Amérique. Kunstler parle d’une situation d’“irréalité” (terme qui rencontre certains de nos concepts) et cite deux “opérationnalisation de [cette] irréalité” qui, à notre avis, se complètent pour donner toute sa puissance à l’épisode crisique fondamental et décisif actuel aux USA. Nous nous attachons ici à l’explication de la deuxième “opérationnalisation de l’irréalité”, celle qui a est développée par le progressisme-sociétal. Nous citons le passage décrivant cet évènement

    « ... La seconde est ainsi synthétisée par Kunstler, à propos des différentes facettes du progressisme-sociétal tel qu’il s’est développé (...)

  • Fanon mutilé

    Nul n’est propriétaire de la parole d’un auteur. Qui s’arroge le droit de décréter du sens vrai d’un texte ou d’un propos se condamne au mensonge et à la brutalité. Pour autant, peut-on faire dire n’importe quoi à un écrit ? Lui donner n’importe quel sens ? Cette question fut l’une de celles qui hantèrent le philosophe Jacques Derrida. Il parle en ces termes de l’usage que, parfois, d’autres ont fait de son propre travail : « Je ne me fais aucune illusion sur la possibilité pour moi de contrôler ou de m’approprier ce que je dis ou ce que je suis, mais je voudrais bien – c’est le sens de tout combat, de toute pulsion dans ce domaine –, je souhaite au moins que ce que je dis et ce que je fais ne soit pas immédiatement et clairement utilisé à des fins auxquelles je crois devoir m’opposer. Je ne veux pas me réapproprier mon produit, mais, pour cette raison même, je ne veux pas que d’autres le fassent à des fins que je crois devoir combattre [4]. » Gilles Clavreul mobilise la parole de Fanon au service de tout ce qu’il a passé sa vie à combattre : l’arrogance européenne, la pensée d’État, l’impérialisme, la sophistique et, surtout, le maintien du privilège blanc. Il y a là une trahison éhontée à laquelle il importe de donner son vrai nom.

    Voilà le passage tel que le cite Clavreul : « Je suis un homme, et c’est tout le passé du monde que j’ai à reprendre. En aucune façon je ne dois tirer du passé des peuples de couleur ma vocation originelle. Ce n’est pas le monde noir qui me dicte ma conduite. Ma peau noire n’est pas dépositaire de valeurs spécifiques. […] Je n’ai pas le droit, moi homme de couleur, de souhaiter la cristallisation chez le Blanc d’une culpabilité envers le passé de ma race. Je n’ai pas le droit, moi homme de couleur, de me préoccuper des moyens qui me permettraient de piétiner la fierté de l’ancien maître. Je n’ai pas le droit ni le devoir d’exiger réparation pour mes ancêtres domestiqués. Il n’y a pas de mission nègre ; il n’y a pas de fardeau blanc [5]. » Cette citation et l’usage qui en est fait appellent quatre remarques.

    Première remarque : ce texte de Fanon, extrait de la conclusion de son premier livre, Peau noire, masques blancs, a été caviardé bien plus largement que la citation de Clavreul ne le laisse à penser. En réalité, la première partie de cette citation est un véritable patchwork de passages mis bout à bout, au mépris de la cohérence de l’original. Entre la première et la deuxième phrase, plusieurs lignes ont été amputées, dont ce passage : « Chaque fois qu’un homme a fait triompher la dignité de l’esprit, chaque fois qu’un homme a dit non à une tentative d’asservissement de son semblable, je me suis senti solidaire de son acte [6]. » Que le préfet Clavreul ait dissimulé cette mutilation du texte suggère qu’il entendait évacuer de la pensée de Fanon, et surtout de son propre discours, toute critique de l’asservissement et de la domination. C’est là que réside l’absurdité fondamentale de son pseudo-antiracisme : il prétend combattre le racisme sans combattre en même temps l’asservissement et la domination. Pourquoi ? Pour pouvoir qualifier de racistes des populations non blanches qui ne disposent pas des moyens matériels de dominer et d’asservir leur prochain. Ainsi, on ne s’étonnera pas de constater que Clavreul a retiré un fort long passage où Fanon fait l’apologie du Vietminh et de la lutte d’indépendance indochinoise, qu’il conclut ainsi : « Si, à un moment, la question s’est posée pour moi d’être effectivement solidaire d’un passé déterminé, c’est dans la mesure où je me suis engagé envers moi-même et envers mon prochain à combattre de toute mon existence, de toute ma force pour que plus jamais il n’y ait, sur terre, de peuples asservis [7].. ». Une fois de plus, la critique fanonienne de l’asservissement, son apologie du combat et de l’engagement radical sont passées sous silence : Clavreul ne conserve que les quelques passages épars où Fanon tâche de se prémunir contre la haine du Blanc. Il évacue délibérément les longs développements critiques et anticoloniaux, bricolant un Fanon timoré et pro-occidental qui n’a jamais existé. Le premier élément à retenir est donc le suivant : cette citation est un montage et le préfet Clavreul a fait œuvre de faussaire pour escamoter la critique fanonienne de l’asservissement.
    Deuxième remarque : Fanon, dans la conclusion de Peau noire, masques blancs, sonde son état d’esprit – ou plus justement de l’état de son esprit. Celui d’un homme qui a connu les affres du racisme, des injustices innombrables, mais n’abandonne pas le projet de tendre vers la sagesse ; un homme qui cherche à se prémunir des « passions tristes ». Évidemment, la haine du Blanc en est une. De quel droit Clavreul oppose-t-il aux organisatrices et aux participants du camp d’été décolonial le « je » de Fanon ? En l’insérant dans son article, Clavreul transforme cette confession éthique, rédigée à la première personne, en une injonction policière, en l’interpellation autoritaire d’un « Tu dois ! ». Fanon tient pour nécessaire de se débarrasser de tout ressentiment lié à un passé révolu, mais pour mieux concentrer l’énergie de sa révolte sur les injustices du présent. Un tel programme intellectuel et politique rejoint largement celui de l’antiracisme politique actuel. Au contraire, le travail de Clavreul, comme l’a montré notre première remarque, consiste à cacher aux non-Blancs les injustices dont ils sont victimes et même à nier l’existence de l’asservissement dont ils sont l’objet. Le préfet ignore absolument la remise en cause fanonienne de la suprématie blanche ; il refuse de la voir. La façon qu’a Clavreul de s’approprier la parole de Fanon illustre, par contraste, l’une des raisons pour lesquelles la non-mixité défendue par les organisatrices du camp d’été décolonial est importante. Entre les mains d’un suppôt de l’État et/ou d’un individu acquis à la défense du privilège blanc, la parole d’un penseur noir a tôt fait d’être réappropriée, maquillée et retournée contre ses propres sœurs et frères de luttes. C’est pourquoi il est parfois plus sûr de choisir son auditoire. Second point à retenir, donc : Clavreul mésinterprète la parole de Fanon en l’utilisant contre des activistes qui sont les héritières et les héritiers de ses combats.

    Troisième remarque : dans son billet, Clavreul s’émeut que, dans l’antiracisme politique, « le manichéisme avec lequel sont présentées les turpitudes des uns et la dignité des autres laisse flotter un parfum de supériorité morale du racisé sur le blanc ». Si le flair de l’auteur de ce discours goûte la fragrance de la conclusion de Peau noire, masques blancs (a fortiori si elle a été mutilée et mésinterprétée), il se trouvera sans doute incommodé par les effluves puissants de celle des Damnés de la terre : « Voici des siècles que l’Europe a stoppé la progression des autres hommes et les a asservis à ses desseins et à sa gloire ; des siècles qu’au nom d’une prétendue “aventure spirituelle” elle étouffe la quasi-totalité de l’humanité. Regardez-la aujourd’hui basculer entre la désintégration atomique et la désintégration spirituelle. Et pourtant, chez elle, sur le plan des réalisations on peut dire qu’elle a tout réussi. L’Europe a pris la direction du monde avec ardeur, cynisme et violence. Et voyez combien l’ombre de ses mouvements s’étend et se multiplie. Chaque mouvement de l’Europe a fait craquer les limites de l’espace et celle de la pensée. L’Europe s’est refusée à toute humilité, à toute modestie, mais aussi à toute sollicitude, à toute tendresse. Elle ne s’est montrée parcimonieuse qu’avec l’homme, mesquine, carnassière homicide qu’avec l’homme [8]. » Il ne s’agit pas d’insister sur la « supériorité » morale des racisés (c’est-à-dire de la vaste majorité du genre humain), mais bien de faire admettre une bonne fois pour toutes l’historique abjection morale de cette petite portion de l’espace-temps qu’est l’Europe moderne. Celle-là même qui, comme l’a dit Walter Benjamin, « a transformé le monde nouvellement conquis en une salle de torture [9]. » ; ce continent qui a fait, comme l’écrivait W.E.B. DuBois, de la répétition des massacres l’« âme vraie de la culture blanche [10] » ; cette Europe « moralement, spirituellement indéfendable » dont parlait Césaire [11]. Sa cruauté transcendantale est telle que les efforts de l’État islamique, ou d’autres organisations criminelles, pour se hisser à son niveau d’indifférente sauvagerie se condamnent au grotesque : à une parodie macabre qui, déjà, lasse le Vieux Continent davantage qu’elle ne l’émeut. D’où le troisième point : Fanon, comme tout intellectuel décolonial, tenait la fondamentale mesquinerie européenne pour moralement indéfendable.

    Quatrième remarque : la propagande n’est pas la seule attribution du préfet Clavreul en sa qualité de DILCRA. Lui échoit également la tâche de fureter sur les réseaux sociaux en quête de propos contrevenant à l’idéologie d’État. Et il n’est pas rare qu’il menace publiquement de trainer leurs auteurs devant les tribunaux. Parfois, il passe à l’acte. C’est ainsi que, pour un tweet favorable à la résistance armée palestinienne, la militante du Parti des indigènes de la République Aya Ramadan a récemment été attaquée [12]. C’est le délit d’apologie du terrorisme, cette laïcisation du délit de blasphème, qui rend possible un tel procès politique. Fanon – faut-il le rappeler ? – était un militant anticolonialiste intransigeant qui avait à cœur de distinguer la résistance armée légitime du « terrorisme » inconsistant. La Palestine d’aujourd’hui, comme hier l’Algérie, est victime d’une colonisation de peuplement inhumaine, légitimée par une idéologie véritablement raciste, le sionisme, que la DILCRA se garde bien de remettre en cause. Lisons ces quelques lignes de L’An V de la révolution algérienne que Fanon consacre à la figure du moudjahid : « Le “terroriste”, dès qu’il accepte une mission, laisse entrer la mort dans son âme. C’est avec la mort qu’il a désormais rendez-vous. Le fidaï, lui, a rendez-vous avec la vie de la Révolution, et sa propre vie. Le fidaï n’est pas un sacrifié. Certes, il ne recule pas devant la possibilité́ de perdre sa vie pour l’indépendance de la patrie, mais à aucun moment il ne choisit la mort. Si la décision est prise de tuer tel commissaire de police tortionnaire ou tel chef de file colonialiste, c’est que ces hommes constituent un obstacle à la progression de la Révolution [13]. » Le quatrième et dernier élément à retenir est donc le suivant : si Frantz Fanon était encore en vie, le préfet Clavreul serait probablement plus occupé à lui intenter des procès pour apologie du terrorisme qu’à le citer favorablement.

    http://frantzfanonfoundation-fondationfrantzfanon.com/article2358.html?var_mode=calcul#nb1

    #fanon
    #racisme
    #Dilcra

    • Le président François Hollande veut définir un « état de guerre » adapté à la situation. Que pensez-vous de cette discussion ? Croyez-vous plus généralement qu’une modification de la Constitution soit une réponse adaptée aux attentats du 13 novembre ?

      Jürgen Habermas .- Il me semble sensé d’adapter à la situation actuelle les deux dispositions de la Constitution française relatives à l’état d’urgence. Si cette question est désormais à l’ordre du jour, c’est parce que le président a proclamé l’état d’urgence à la suite des événements choquants de la nuit du 13 au 14 novembre, et entend le prolonger trois mois durant. Je peux difficilement juger de la nécessité de cette politique et de ses raisons. Je ne suis en rien un expert des questions de sécurité.

      Mais, envisagée à distance, cette décision ressemble à un acte symbolique permettant au gouvernement de réagir – vraisemblablement de la manière qui convient – au climat régnant dans le pays. En Allemagne, la rhétorique guerrière du président français, guidée semble-t-il par des considérations de politique intérieure, suscite plutôt des réserves.

      Le président Hollande a aussi décidé d’accroître son niveau d’intervention en Syrie, notamment en bombardant Rakka, la « capitale » de l’Etat islamique, et en se rapprochant de la Russie. Que pensez-vous de l’interventionnisme en général ?

      Il ne s’agit pas d’une décision politique inédite mais seulement de l’intensification de l’engagement de l’aviation française, qui est en action depuis déjà un certain temps. Certes, les experts se montrent d’accord pour dire qu’un phénomène aussi déconcertant que l’Etat islamique – ce mélange de « califat » n’ayant pas encore trouvé son territoire définitif et de commandos de tueurs essaimant à l’échelle du globe – ne peut être vaincu uniquement par les armes aériennes.

      Mais l’intervention au sol de troupes américaines et européennes n’est pas seulement irréaliste, elle serait avant tout d’une grande imprudence. Il ne sert à rien d’agir en court-circuitant les pouvoirs locaux. Obama a appris des interventions de ses prédécesseurs et de leurs échecs, et a insisté sur un point important lors du dernier sommet du G20 qui s’est déroulé il y a peu en Turquie. Il a souligné que des troupes étrangères ne peuvent garantir très longtemps, après leur retrait, le résultat de leurs succès militaires.

      Du reste, on ne peut prendre à la gorge l’Etat islamique en recourant aux seuls moyens militaires. Les experts se montrent également d’accord sur ce point. Nous pouvons considérer ces barbares comme des ennemis, et nous devons lutter contre eux, inconditionnellement ; mais, si nous voulons vaincre cette barbarie sur le long terme, nous ne devons pas nous leurrer quant à ses raisons, qui sont complexes.

      Ce n’est sans doute pas le moment pour une nation française profondément blessée, pour une Europe bouleversée et une civilisation occidentale ébranlée, de se souvenir de l’origine de ce potentiel de conflit explosif et momentanément non maîtrisé du Proche-Orient – de l’Afghanistan et de l’Iran jusqu’à l’Arabie saoudite, l’Egypte et le Soudan.

      Que l’on se remémore seulement ce qui s’est passé dans cette région depuis la crise de Suez de 1956. Une politique des Etats-Unis, de l’Europe et de la Russie déterminée presque exclusivement par des intérêts géopolitiques et économiques s’est, dans cette fragile région du monde, heurtée à un héritage de l’époque coloniale à la fois artificiel et fait de déchirements ; et cette politique a tiré profit des conflits locaux sans stabiliser quoi que ce soit.

      Comme chacun sait, les conflits opposant les sunnites et les chiites, dont le fondamentalisme de l’Etat islamique tire aujourd’hui en premier lieu ses énergies, se sont à l’évidence déchaînés à la suite de l’intervention américaine en Irak décidée par George W. Bush, qui a bafoué les règles du droit international.

      Le coup d’arrêt au processus de modernisation de ces sociétés s’explique également par certains aspects spécifiques de la très fière culture arabe. Mais l’absence de perspective et d’espoir en l’avenir qui afflige les jeunes générations de ces pays, avides de mener une vie meilleure, avides aussi de reconnaissance, est en partie le fait de la politique occidentale.
      Ces jeunes générations, lorsque échouent toutes les tentatives politiques, se radicalisent afin de regagner leur amour-propre. Tel est le mécanisme de cette pathologie sociale. Une dynamique psychologique semblablement désespérée, qui trouve là encore son origine dans ce défaut de
      reconnaissance, semble aussi faire de petits criminels isolés, issus des populations immigrées européennes, les héros pervers de commandos de tueurs téléguidés. Les premières enquêtes journalistiques consacrées au milieu et aux itinéraires respectifs des terroristes du 13 novembre le laissent en tout cas supposer. A côté de la chaîne de causalité qui conduit en Syrie, il en existe une autre, qui attire l’attention sur les destins ratés de l’intégration dans les foyers sociaux de nos grandes villes.

      Lors des attentats du 11 septembre 2001, des intellectuels, dont le philosophe Jacques Derrida et vous-même, s’étaient inquiétés du recul des libertés démocratiques que risquaient de provoquer la pression de la lutte contre le terrorisme et le recours à des notions comme la « guerre des civilisations » ou « les Etats voyous ». Le diagnostic a été largement vérifié par l’usage de la torture, les contrôles de la NSA, les détentions arbitraires de Guantanamo, etc. Une lutte contre le terrorisme qui maintiendrait l’espace public démocratique intact est-elle, selon vous, possible ou pensable ? Et à quelles conditions ?

      Un regard rétrospectif sur le 11-Septembre ne peut que nous conduire à constater, comme nombre de nos amis américains, que la « guerre à la terreur » de Bush, Cheney et Rumsfeld a abîmé la constitution politique et mentale de la société américaine. Le Patriot Act adopté à l’époque par le Congrès, encore en vigueur aujourd’hui, porte atteinte aux droits fondamentaux des citoyens, et touche à la substance même de la Constitution américaine.

      Et il est permis d’en dire de même de l’extension fatale de la notion de combattant ennemi, qui a légitimé Guantanamo et d’autres crimes, et qui n’a été écartée que par l’administration Obama. Cette réaction irréfléchie aux attentats du 11-Septembre, qui avaient été jusqu’alors inconcevables, explique en bonne part la propagation d’une mentalité incarnée aujourd’hui par une personnalité aussi innommable que Donald Trump, candidat aux primaires républicaines. Ce n’est en rien une réponse à votre question. Mais ne pouvons-nous pas, comme les Norvégiens en 2011, après l’effroyable attentat commis sur l’île d’Utoya, résister au premier réflexe du repli sur soi face à l’inconnu incompréhensible et de l’agression contre l’« ennemi intérieur » ?

      J’ai bon espoir que la nation française donne au monde un exemple à suivre, comme elle l’a fait après l’attentat ayant visé Charlie Hebdo. Il n’est pas besoin pour cela de riposter à un péril fictif tel que l’« asservissement » à une culture étrangère qui, soi-disant, menacerait. Le danger est bien plus tangible. La société civile doit se garder de sacrifier sur l’autel de la sécurité toutes ces vertus démocratiques d’une société ouverte que sont la liberté de l’individu, la tolérance vis-à-vis de la diversité des formes de vie et la bonne disposition à adopter la perspective d’autrui. En face d’un Front national qui se renforce, cela est plus facile à dire qu’à faire.

      Mais il existe de bonnes raisons de réagir ainsi, qui ont peu à voir avec des incantations. La plus importante est évidente : le préjugé, la méfiance et le rejet de l’islam, la peur de l’islam, et la lutte préventive contre lui, doivent beaucoup à une pure et simple projection.

      En effet, le fondamentalisme djihadiste a certes recours dans ses manières de s’exprimer à tout un code religieux ; mais il n’est en rien une religion. Il pourrait recourir, à la place du langage religieux qu’il utilise, à n’importe quel autre langage religieux, et même à n’importe quelle idéologie promettant une justice rédemptrice.

      Les grands monothéismes ont des origines qui remontent très loin dans le temps. Le djihadisme, en revanche, est une forme absolument moderne de réaction à des conditions de vie caractérisées par le déracinement. Attirer l’attention, dans un but préventif, sur une intégration sociale en panne ou sur une modernisation sociale défaillante, ce n’est naturellement pas exempter les auteurs de ces méfaits de leur responsabilité personnelle.

      L’attitude de l’Allemagne face à l’afflux des réfugiés a surpris
      positivement, malgré les reculs récents. Pensez-vous que la vague terroriste puisse modifier cet état d’esprit - puisque certains islamistes ont cherché à s’infiltrer dans le flot des réfugiés ?

      J’espère que non. Nous sommes tous dans le même bateau. Le terrorisme comme la crise des réfugiés constituent des défis dramatiques, peut-être ultimes, et exigent une coopération étroitement solidaire à laquelle les nations européennes ne se sont jusqu’à présent pas encore résolues, y compris dans le cadre de l’union monétaire.

      (Traduit de l’allemand par Frédéric Joly).

      Jürgen Habermas est né en 1929. Son nom est associé à l’école de Francfort. Il développe dans son œuvre une philosophie de l’espace public démocratique

      paywall = lecture zen + imprimer la page et afficher PDF ...

    • En fait de communicant :
      http://www.lcp.fr/actualites/politique/177066--terreau-du-jihadisme-la-societe-francaise-a-une-part-de-responsabilite-m

      Le ministre de l’Economie Emmanuel Macron a affirmé samedi que la société française devait assumer une « part de responsabilité » dans le « terreau » sur lequel le jihadisme a pu prospérer, en évoquant une disparition de l’idéal républicain de mobilité sociale.

  • BALLAST Bérengère Kolly : « La #fraternité exclut les #femmes »
    http://www.revue-ballast.fr/berengere-kolly-la-fraternite

    Pendant mes études, j’ai d’abord travaillé sur la fraternité et les frères politiques. J’étais très confiante, pensant que la fraternité était nécessairement l’universel, l’inclusion, et le lien #politique à défendre. Ma première prise de conscience a été la lecture de Politiques de l’amitié de Jacques Derrida, paru en 1994. Derrida montre d’abord que la fraternité ne parvient pas à se détacher de la problématique de la race et du sang, et qu’elle est un paradigme de l’amitié politique. Il montre ensuite (les deux sont liés) que la fraternité, dans les textes, n’existe que sans les sœurs, et sans les femmes. Puis j’ai rencontré le travail des historiennes et des philosophes qui avaient montré, avant Derrida, et à l’épreuve de l’histoire des femmes, donc du réel, que la fraternité était une notion masculine (je songe à Joan B. Landes, Geneviève Fraisse, Lynn Hunt, Françoise Gaspard, Carole Pateman). J’ai donc décidé d’aller voir du côté de cette histoire que l’on ne disait jamais : les sœurs existaient-elles, avaient-elles quelque chose à dire, à revendiquer ? Pouvait-on, du côté des sœurs, trouver le modèle d’un autre lien politique ? Lorsque j’ai commencé ma thèse, je me suis rendu compte de deux phénomènes : soit les sœurs étaient absentes (la #sororité ne semblait pas exister, sinon comme notion miroir, pas très intéressante, de la fraternité — une sorte de « fraternité au féminin », comme disent parfois les dictionnaires —) ; soit la sororité était investie par avance d’un contenu (la solidarité entre toutes les femmes), et il semblait qu’il n’y avait pas grand-chose de plus à dire. J’ai donc choisi de faire une recherche ascendante, en allant chercher les textes où le mot de « sœur » était présent, et avait une signification politique. À partir de ces textes, j’ai essayé de faire émerger une définition. Je me suis alors rendu compte qu’il n’y avait pas de symétrie entre fraternité et sororité, pour deux raisons au moins. La première, c’est que les femmes ont longtemps été exclues du lien politique, puis discriminées : lorsque les sœurs se pensent, c’est dans une situation d’#exclusion, donc aussi de résistance aux frères.

    • Lorsque Ségolène Royal parle de sororité en 2007, les journalistes ont pensé qu’elle inventait un nouveau mot, comme avec la « bravitude » !

      Je me souviens que j’avais profité d’un effet de visibilité sur mon site grâce à Mme Royal. Dans mes liens j’ai une rubrique « Liberté, égalité, sororité » qui n’a pas changé depuis 2007 d’ailleurs http://www.madmeg.org/base/friandises/liens/feminisme.html et comme c’était une des rares occurrences de ce mot sur le web francophone de l’époque mes statistiques avaient explosé avec ce mot clé sur gogol.

    • La fraternité se pense initialement dans un contexte où les femmes sont exclues de la vie politique. La fraternité dit donc ce qu’il se passe : un lien entre des citoyens masculins. Cela énoncé, on pourrait en déduire qu’une fois les femmes incluses dans la vie politique, il n’y aurait plus de problème. Mais c’est un peu plus compliqué que cela. La fraternité ne fait pas qu’énoncer un lien politique masculin, elle le construit : elle est donc un instrument d’exclusion des femmes.

      Par mon père j’ai connu pas mal de trucs sur la franc-maçonnerie, un gros morceau de la « fraternité » en action. Il était à la Glnf qui refusait les femmes (je sais pas si ca à changé mais à l’époque c’etait non-mixte). Son ami (le même que l’histoire raconté ici http://seenthis.net/messages/420077#message420153 ) était aussi là dedans et disait qu’il aimait bien être « entre couilles ». L’exclusion des femmes était pour eux la base du truc, leur motivation profonde etait là.
      J’avais demandé un jour à mon père pourquoi il n’y avait pas de femmes dans leur club et il m’a répondu d’un air outré « Mais c’est impossible ! Il faut être torse nu pour le rituel d’intronisation, ça serait ridicule et déplacé avec des femmes. »
      Comme je connais pas mal de détails sur leurs rituels écossais rectifié niveau ridicule c’est pas quelques mamelles qui vont changer la donne.

      Par contre cette fraternité de maçonnerie à des effets directes contre les femmes. Pour trouver du travail ce réseau est utile, pour obtenir des crédits, des aides diverses, des plan pour un logements etc. En politique ca compte beaucoup et c’est un des gros lieu de rencontre entre grand banditisme, industrie et politique. J’ai l’impression d’enfoncer des portes ouverte en disant ca, mais mon vecu colle avec les rumeurs sur ces fraternités et ca montre bien ce qu’est vraiment une fraternité : un complot des hommes entre eux pour se garder le pouvoir et profiter de la mise en prostitution des femmes. Cf DSK et son « matériel », ou comment les contrats se négocient au bordel chez Vinci...

    • La sororité ne dure pas dans le temps car les divergences de classes et d’intérêts entre femmes sont réelles.

      Là je me demande pourquoi les fraternitées dépasseraient ce clivage de classes et d’interets contradictoire et pas le sororitées.
      Pour revenir à la maçonnerie, un exemple de fraternité bien nocif et toujours en place, je pense que le clivage de classe est présent. Par rapport à la GLNF mon père me disait qu’il fallait être théiste, sois disant ils acceptaient les juifs et les musulmans. Alors je veux bien croire qu’il y en ai des juifs et des musulmans mais un peu comme le copain alibi de service. Les rituels et symboles maçonniques sont bien fortement imprégné d’inspiration chrétienne alors ca a forcement de l’impacte sur la clientèle de ce genre de club. Par rapport aux classes sociales c’est plutot des bourgeois et pour y être invité il vaut mieu être « fils d’un maçon » ca limite le brassage comme ca. Il me reviens que le rituel d’intronisation pour les « fils de » est plus light que pour les nouveaux venus. Pour la maçonnerie il y a en tout cas un tri assez fin pour éloigné les hommes qui ne sont pas déjà assez haut dans l’échelle de la domination. C’est aussi un truc hiérarchique, ils s’appellent avec plein de titres comme dans le sado-masochisme ou l’armée ou l’église ...

      Bon comme le féminisme c’est pas être aussi moche que le masculinisme/patriarcat, l’intention des sororités n’est pas de discriminé comme le font les fraternités. Alors ne croyez pas que je parle de ma maçonnerie pour que les sororités s’en inspire !!!

    • La fraternité recouvre des questions de solidarité concrète, d’entre-soi et de connivence. Parler de fraternité, c’est mettre le doigt sur cet entre-soi, sur des formes de cooptations qui s’effectuent de manière non-mixte. On n’est donc pas seulement dans les liens publics, conventionnels entre citoyens, on est aussi ici dans l’intime et dans la relation. Interroger la fraternité, c’est également aborder ces aspects : le rôle de l’amitié, de l’entre-soi dans les partis politiques, de ses conséquences — y compris dans les prises de décisions. La sororité, pour sa part, ne parle pas seulement de solidarité entre femmes : elle dit aussi que le lien entre femmes est mouvant, pluriel. Le premier mouvement collectif féministe, en France, se constitue dans les années 1830, ce sont les saint-simoniennes, que l’on a déjà évoquées. Pour elles, dire « Nous sommes toutes sœurs » signifie : nous avons toutes un objectif, une flamme commune, mais nos modalités d’y parvenir peuvent être différentes, à la fois individuellement et collectivement. Concrètement parlant, les saint-simoniennes écrivent un journal, autofinancé, indépendant de toute tutelle intellectuelle, et choisissent de réfléchir collectivement au statut des femmes. Elles sont ouvrières, lingères, couturières. Elles décident de prendre en main leur propre sort et de réfléchir ensemble (la maternité philosophique est très présente) aux voies d’émancipation qui sont possibles pour elles. Elles écrivent des articles, proposent à leurs lectrices d’en écrire, ouvrent leurs colonnes à des femmes venant d’autres pays. Ces articles sont parfois contradictoires, et elles en discutent. Le titre de la revue change tout le temps. Leur union est donc mouvante, pratiquement parlant.

      #historicisation #histoire #saint-simoniennes

      ... les saint-simoniennes sont pour une forme de liberté sexuelle et disent en même temps que l’on ne peut pas imposer la liberté sexuelle. Chacune, en fonction de sa classe, de son histoire, de son vécu se débrouille avec ce qu’elle est et avec les objectifs d’égalité et de liberté.

      A mettre en perspective avec ceci ; http://seenthis.net/messages/420872
      et se rendre compte à quel point on n’avance pas d’un iota...

    • L’égalité des sexes semble alors devenir une forme de consensus mou, ou de vernis posé sur la pensée politique. Au contraire : si on remet l’égalité des sexes au cœur des préoccupations politiques, on verra que les clivages ne sont pas si brouillés que cela.

    • @mad meg

      Là je me demande pourquoi les fraternitées dépasseraient ce clivage de classes et d’interets contradictoire et pas le sororitées.

      Je risque d’enfoncer une porte ouverte, de dire en moins bien quelque chose qui a déjà été énoncé, mais tant pis si je me fiche par terre tout seul, j’essaie. (je n’ai pu lire l’article de ballast, « site suspendu »)

      Il me semble pour aller vite, que fraternité et sororité ne relèvent pas de la même chose. Pour la simple raison que la fraternité est une alliance sinon purement entre dominants, du moins dans leur langue . Liés ainsi par la défense d’un privilège, commun. Contre les femmes. Qu’elle relève et participe donc pleinement de l’intériorisation des privilèges masculins en patriarcat.
      Et qu’en ce sens, les fraternités ne sont certainement pas confrontées à la même nécessité que peuvent l’être des sororités de « dépasser » des clivages de classes et d’intérêts. Je ne sais quel mot employer - mais en un sens, elles les précèdent, ou plutôt, ces clivages ne peuvent jamais les menacer que jusqu’à un « certain point », voir fonctionnent en les renforçant (recours à la féminisation/dévirilisation des hommes dominés, qui ne sont dans cette mesure plus concernés par une fraternité dont ils ne relèvent plus essentiellement).
      Face à ce quasi-donné, à cette construction qui dispose de l’appui de l’ensemble de la structure patriarcale, toute sororité me semble devoir elle être conquise au prix d’une lutte permanente, d’un effort de conscience toujours soutenu et rencontrant plus d’une forme de résistance et d’hostilité.

      J’espère ne pas avoir été inopportun.

    • Tu n’est pas du tout inopportun @martin5 tes remarques, et réflexions sont les bienvenues.
      Pour la question auquel tu répond, l’article dit aussi la même chose. C’était une question que je m’étais posé au fil de ma lecture et j’avais fini par y répondre aussi mais tu fait bien de développer ce point qui est très important. J’espère que tu pourra lire l’article car il est très riche et interessant et qu’on pourra en discuter :)
      Bonne journée

    • Mince j’avais besoin de relire ce texte pour un dessin en cours, mais Ballast fait sa maintenance. Du coup j’ai été voire #wikipédia et comme d’hab c’est le règne du révisionnisme masculiniste ;

      La fraternité ou l’amitié fraternelle est, au sens populaire du terme, l’expression du lien affectif et moral qui unit une fratrie. « Fraternité » vient du latin « frater » qui désignait tout membre de l’espèce humaine. Pour spécifier un lien de descendance, il fallait accoler l’adjectif « germain » évoquant le « germen », la graine


      https://fr.wikipedia.org/wiki/Fraternit%C3%A9

      La partie sur la révolution française ne mentionne même pas que les femmes et les personnes racisées n’étaient ni libres, ni égales, et que la notion de fraternité n’avais strictement rien d’universel à l’époque puisqu’elle ne s’appliquait pas à ces groupes et ne s’y applique d’ailleurs toujours pas. Les femmes n’étaient pas citoyennes, elles n’avaient pas le droit de vote, et il n’y a pas de mention du fait que les esclaves non plus ne votaient pas.

    • La fraternité à l’épreuve des femmes.

      Conférence donnée par Pierre Pasquini dans le cadre des rencontres de Philo Sorgues.
      http://www.philosorgues.fr/index.php/43-la-fraternite

      Mais la fraternité est une forme masculine, ce sur quoi s’interroge Derrida. « Le frère, fut-il orphelin, est un fils et donc un homme. Si on veut y inclure par exemple la femme ou la fille, il faut peut-être changer de mot (Le toucher, p36).

      3.La fraternité à l’épreuve des femmes.

      La Révolution française est révélatrice à cet égard. La notion de fraternité la parcourt de part en part, orchestre la période qui va de 1789 aux premiers mois de l’an II. Elle est inclusive au départ, puisqu’elle peut se comprendre comme l’union des frères et des sœurs. Mais elle peut aussi fonctionner de façon exclusive. L’ajout du mot de sœur après celui de frère ne suffit pas, en effet, à faire fonctionner l’ensemble, car la métaphore familiale ne se réduit pas à la relation frère/sœur. Elle concerne également, du côté féminin, le rôle et l’image de la mère, en confrontation à celle du père. Or ces deux images (mère/sœur) et ces deux réalités vont interférer de façon conflictuelle dans le thème –et la revendication- de fraternité. Quelques décennies après, l’historien Michelet l’exprimera de façon très claire, bien que sans doute involontaire. « J’espère une société pure, libre, forte, où la table de la fraternité reçoive à sa première place l’épouse, la mère, la vierge » (L’amour, la femme). Comme on le voit, les femmes reçues à cette table ne sont pas celles qui peuvent prendre place à la même table, de la même manière, de façon égale : les sœurs.

      Comment les sœurs ont-elles disparu de l’énumération, et cela a-t-il une signification relativement à la fraternité et au statut des femmes ? Bérengère Kolly montre que, de 1789 à l’interdiction des clubs féminins en 1793, les femmes se sont emparées de cette question de la fraternité politique. Elle part d’une hypothèse liée à la question centrale de l’égalité des sexes, liée à la figure de la mère : « La Révolution française n’a pas pensé les sœurs politiques. Par contre elle a pensé les mères républicaines qui, de mon point de vue, entravent la venue des sœurs politiques. L’exclusion des sœurs de la fraternité n’est donc pas fortuite, elle est le signe d’une division des sphères domestiques et politique, elle-même guidée par une différenciation des rôles entre hommes et femmes » (La fraternité à l’épreuve des femmes, Genre et histoire, 2008).

      On peut reprendre à cet égard les grandes étapes du combat des femmes révolutionnaires pour la reconnaissance et des résistances à ce combat. Par exemple le discours prononcé en 1791 au cercle social, et reproduit dans le journal La bouche de fer : « Le trône d’une femme est au milieu de sa famille, sa gloire est dans la gloire des enfants qu’elle a élevés pour l’Etat ». Rappeler en particulier le rôle d’Olympe de Gouges (1748-1793), ainsi que les demandes faites par les femmes de pouvoir porter les armes, de former des associations.

      Celles qui le demandent ne sont pas des femmes assez familiales pour être admises au sein de la République. Ce sont des femmes publiques, opposées aux bonnes mères de famille. Et quand, le 21 septembre 1893, la cocarde tricolore est instaurée pour les deux sexes, le décret sème la panique : ressort le fantasme des cheveux courts, du port des armes et du renversement des rôles. Un mois plus tard, le 30 octobre 1793, l’interdiction des clubs féminins, puis la condamnation d’Olympe de Gouges (guillotinée le 3 novembre) sont accompagnées de mises en garde contre les « femmes-hommes » qui voudraient être hommes d’Etat. C’est un coup d’arrêt fatal au mouvement révolutionnaire des femmes et à leurs revendications. La femme est refusée à l’amitié comme à la fraternité. Elle est seulement amour, débordement maternel et amoureux qui ne peut, du coup, satisfaire aux exigences éthiques et politiques de la philia : la fraternité, en ce sens, exclut la mixité.
      4.Le mouvement complexe de la fraternité.

      La fraternité qui ne se vit que du côté masculin « active les rouages de l’égalité, de l’amitié et de la rivalité », comme le dit B. Kolly. L’élément essentiel en est la mère éducatrice, soutien nécessaire et contrepoids impératif d’une sœur toujours subversive, même en puissance. La fraternité politique ouvre le débat sur l’égalité politique et l’entrée des femmes dans l’espace public. Elle est donc partie prenante de l’histoire du féminisme. Mais ce débat en apprend aussi beaucoup sur ce que l’on pourrait appeler le mouvement originaire et complexe –sinon contradictoire- de la fraternité. En arrachant le lien entre les personnes à son origine familiale tout en le nommant comme s’il en faisait effectivement partie, la fraternité pose une exigence de reconnaissance mutuelle des frères, qui implique plus qu’un rapport de droit, un lien d’amitié. Ce lien d’amitié ne saurait toutefois recouvrir les tensions, rivalités et conflits qui peuvent exister entre les amis, qui gardent leur propre personnalité. Peut-on assumer une amitié qui garde en elle ce secret de la possibilité de la différence, du conflit ? C’est l’enjeu de la fraternité exprimé parfois de façon violent à travers la question de la place des femmes. C’est pourquoi on peut dire que les revendications féminines éprouvent la fraternité.

      Elles permettent de comprendre les réticences avec lesquelles celle-ci a pu être envisagée.

      « En comparaison avec les idées de liberté et d’égalité, l’idée de fraternité a moins de place dans la théorie de la démocratie. Beaucoup voient en la fraternité un concept moins précisément politique, qui ne définirait aucun des droits démocratique » (Rawls, Théorie de la justice, p171).

    • http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/affart.exe?19;s=3325650840;?b=0 ;

      Étymol. et Hist. Ca 1140 fraternited « lien existant entre personnes ayant des relations fraternelles » (G. GAIMAR, Hist. des anglais, éd. A. Bell, 4335). Emprunté au latin fraternitas « confraternité ; relations entre frères ».

      L’étymologie marque bien le masculin, mais la définition de ATILF fait comme si ce n’était pas le cas et efface cette spécificité. J’imagine que les définitions de ATILF sont dictées pas les 40 masculinistes de l’académie française.

      –---
      LA FRATERNITÉ MAÇONNIQUE :

      RÉALITÉ OU UTOPIE ?

      SYNTHÈSE DES CONTRIBUTIONS ECRITES DES DIVERS ATELIERS AUX 14e REHFRAM

      Lomé, les 3, 4 et 5 février 2006
      http://sog2.free.fr/802/Documents.Rituels/Afrique.Rehfram206Lome.Synthese.htm

      Par ailleurs, d’aucuns définissent la « fraternité » comme le lien de solidarité et d’amitié devant exister entre les membres d’une société. Mais la fraternité n’est pas la solidarité, bien que les deux termes soient souvent synonymes et puissent être employés l’un pour l’autre. La solidarité implique une communauté d’intérêts ou, plus exactement, de but et d’action, une obligation d’entraide dans l’accomplissement d’un même destin. Tous les combattants d’une même armée par exemple sont solidaires dans la défaite ou la victoire. Ils ne se sentent pas nécessairement frères. La fraternité n’est non plus l’amitié. Assurément, une amitié peut devenir fraternelle, mais la fraternité n’est jamais amicale. L’amitié est essentiellement élective. On choisit ses amis, on ne choisit pas ses frères, pas plus dans le noyau familial que dans un groupement religieux ou maçonnique. Aimer un ami comme un frère signifie bien que les liens de la fraternité viennent s’ajouter à ceux de l’amitié élective et les renforcer.

      #solidarité #amitié

    • #merci
      Je note en vrac qq idées qui me viennent
      – des lieux de fraternité exclusifs comme le sport construits sur des valeurs masculines qui s’opposent à celles édictées pour les femmes (beauté, douceur, compréhension) avec l’interdit homosexuel en fond
      – les clubs de geeks logiciel libre avec 92% d’hommes, avec la théorie sur le pourquoi de l’informatique (exclure la matrice féminine)
      – la construction hiérarchique des rapports intra familiaux dictée par l’Histoire, avec l’ainé héritier masculin, cf la loi salique http://www.elianeviennot.fr/FFP-loi-salique.html

    • Merci @touti
      Les bordels et lieux de prostitution sont aussi des lieux exemplaire de fraternité. C’est d’ailleur aussi en lien avec la fraternité sportive couvert par l’expression « 3 eme mi-temps ».
      L’initiation à la domination sexuelle des femmes par les jeunes hommes passe la plus part du temps par la prostitution et la pornographie (qui est de la prostitution filmée). Le « frère » âgée emmène le jeune homme se « déniaisé » au bordel et les frères qui se refilaient hier les revues porno, aujourd’hui s’échangent les adresses internet les plus trashs.
      Les forum de prostitueurs sont aussi des lieux dans lesquels les hommes fraternisent en classant et sanctionnant les prostituees.

      Les banques et places financière sont aussi des lieux de fraternité. La bourse, c’est chasse gardée masculine. Les révélations des Panama Paper ont dévoilé de nombreux produits banquaires spécifiquement concu pour éviter aux hommes divorcés de payer des pensions à leur ex compagne. Les paradis fiscaux sont des lieux fraternels. De plus en ne payant pas d’impôts ces hommes millionnaires appauvrissent avant tout les femmes puisque ce sont elles les plus touchés par la pauvreté suceptibles de profiter des aides sociales distribuées par l’état.

      Les religions sont aussi fraternels, le clergés est masculin (a 100% quand on monte en hiérarchie) et s’organise pour opprimer les femmes. Les croyants s’appellent d’ailleurs volontiers « mon frere » entre eux.

      Ah et j’oublie l’armée et ses freres d’armes !

    • Ballast est toujours en maintenance. Reviens Ballast tu me manque ! J’ai besoin de ton texte sur la fraternité et je sais même pas dans quel numéro il est pour le prendre en librairie.

      edit - C’est pas dans le #1, #2 ni le #3 selon ce lien ;
      https://adeneditions.com/category/revue-ballast
      vu les dates ca devrais être dans le #4. Je voie que la librairie que j’aime bien a coté de chez moi diffuse la revue, chouette. http://www.aden.be/uploads/Ballast4enlib.pdf
      Y a plus de problème, Ballast peu rester en maintenance ^^
      Désolé pour ce message totalement inutile.

  • Gaston Bachelard on the Meditative Magic of Housework and How It Increases the Human Dignity of Everyday Objects - Brain Pickings
    http://www.brainpickings.org/2015/06/01/gaston-bachelard-the-poetics-of-space-housework

    C’est vrai que j’aurais aussi pu citer Bachelard sur le ménage...

    When faced with a poetic image, writes the French philosopher Gaston Bachelard (June 27, 1884–October 19, 1962) in his 1957 classic The Poetics of Space (public library), “we are in the presence of a minuscule phenomenon of the shimmering consciousness.” Bachelard is himself the proprietor of a shimmering consciousness, but although he is one of the most wonderful — in the literal sense of “full of wonder” — minds of the twentieth century and a major influence for such luminaries as Michel Foucault and Jacques Derrida, he remains thoroughly underappreciated.

    Trained as a philosopher of science, Bachelard is palpably drawn to the Eastern spiritual traditions, his mind seemingly the self-contained scene of Einstein and Tagore’s famous conversation. There is a meditative quality to his writing, reflecting a deeply meditative mind. In his 1957 masterwork, he extends an invitation to embodied presence, triply timely amid our disembodied digital culture, and beckons the attention not by screaming but by seduction — nowhere more so than in the passages celebrating the enchantment of housework.

    #habitat #ménage

  • La révélation de Jacques Derrida
    http://www.dedefensa.org/article-la_r_v_lation_de_jacques_derrida_27_04_2015.html

    • Nous nous attachons à un document original (DVD sur l’internet), sorte de “confession” du philosophe Jacques Derrida datant de 2002 sur son processus de réflexion et de création, dont nous restituons le texte. • Derrida, philosophe de la déconstruction, fait partie du mouvement dit-French Theory qui eut une influence d’une très grande puissance aux USA dans les années 1970. • Nous développons l’idée que cette influence, directement liée au Système, a transmuté la psychologie américaniste et offre une hypothèse intéressante pour expliquer l’actuelle “politique-Système”.

  • « Complètement inintelligible » : le commentaire d’un prof sur une dissertation de Jacques Derrida | Slate.fr

    http://www.slate.fr/story/100429/completement-inintelligible-commentaire-prof-khagne-dissertation-derrida

    et enseignant avait mis le doigt sur un point crucial de la carrière du philosophe (apparemment déjà perceptible en khâgne) : son stylé alambiqué.

    L’université de Californie a organisé une exposition sur les penseurs de la théorie critique, et on peut y voir plusieurs textes manuscrits tirés des archives. L’un d’eux est déjà devenu célèbre sur Reddit : il s’agit d’une dissertation écrite par Jacques Derrida pour un cours d’anglais en khâgne à Louis-le-Grand. Pour cette analyse de l’idée de royauté chez Shakespeare, le jeune Derrida avait obtenu 10/20. Au stylo rouge, le professeur avait noté (en anglais) :

    #philosophie

  • Spectres de Marx / Jacques Derrida « Le silence qui parle
    http://lesilencequiparle.unblog.fr/2015/01/16/spectres-de-marx-jacques-derrida

    Ce sera toujours une faute de ne pas lire et relire et discuter Marx. C’est-à-dire aussi quelques autres – et au-delà de la « lecture » ou de la « discussion » d’école. Ce sera de plus en plus une faute, un manquement à la responsabilité théorique, philosophique, #politique.  Dès lors que la machine à dogmes et les appareils idéologiques « marxistes » (États, partis, cellules, syndicats et autres lieux de production doctrinale) sont en cours de disparition, nous n’avons plus d’excuse, seulement des alibis, pour nous détourner de cette responsabilité. Il n’y aura pas d’avenir sans cela. Pas sans Marx, pas d’avenir sans Marx. Sans la mémoire et sans l’héritage de Marx : en tout cas d’un certain Marx, de son génie, de l’un au moins de ses esprits. Car ce sera notre hypothèse ou plutôt notre parti pris il y en a plus d’un, il doit y en avoir plus d’un.
    Pourtant, parmi toutes les tentations auxquelles je devrai résister aujourd’hui, il y aurait celle de la mémoire : raconter ce qu’a été pour moi, et pour ceux de ma génération qui l’ont partagée toute une vie durant, l’expérience du marxisme, la figure quasiment paternelle de Marx, sa dispute en nous avec d’autres filiations, la lecture des textes et l’interprétation d’un monde dans lequel l’héritage marxiste était – il le reste encore, et donc il le restera – absolument et de part en part déterminant. Il n’est pas nécessaire d’être marxiste ou communiste pour se rendre à cette évidence. Nous habitons tous un monde, certains diraient une culture, qui garde, de façon directement visible ou non, à une profondeur incalculable, la marque de cet héritage.
    #Jacques_Derrida
    Spectres de #Marx / 1993

    #livre_en_ligne

  • Philippe Boula de Mareüil : « Les #accents participent à la richesse de notre #langue »
    http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/12/24/les-accents-participent-a-la-richesse-de-notre-langue_4545939_3246.html

    L’accent de #banlieue est l’un des plus stigmatisés, d’où le développement d’entreprises de « coaching » pour effacer une prononciation particulière que l’on relève chez certains jeunes de milieux défavorisés, vivant dans des cités de banlieues populaires. L’expression « accent de banlieue » vise une classe d’âge et une catégorie sociale précises. #Alain_Finkielkraut a récemment déploré cette façon de parler en ces termes : « Mes parents avaient un très fort accent, mais pas moi. Ce n’était pas possible que j’en aie un puisque j’étais né en #France. » Je m’inscris en faux par rapport à ce #raccourci simplificateur, qui ­concentre trop de #préjugés. »

  • Le Collège International de Philosophie en danger :
    suite à un non renouvellement de subvention, il se pourrait que le Collège dépose le bilan en novembre.
    Pour ceux qui l’ignoreraient, c’est une institution à but non lucratif, accessible gratuitement à tous, et d’une très haute qualité philosophique.
    On peut signer la pétition pour le sauver ici :
    http://www.change.org/p/sauvons-le-coll%C3%A8ge-international-de-philosophie-pour-le-droit-%C3%A0-la
    Signez, c’est bête comme n’importe quelle pétition, mais comme on ne peut pas envoyer les chars pour sauver des colloques de philo...

    Voici le texte explicatif :

    Association à but non lucratif, reconnue d’intérêt général, le Collège international de philosophie est né en 1983 de la conjugaison d’une volonté politique de l’État français et d’une exigence inconditionnelle de pensée, portée par des intellectuels et des philosophes : parmi eux figuraient François Châtelet, Jacques Derrida, Jean-Pierre Faye et Dominique Lecourt. À côté des institutions d’enseignement supérieur et de recherche, le Collège a toujours tenu ses engagements. Il ne défend aucune philosophie officielle. Il développe ses activités avec des moyens dérisoires, si on les rapporte au nombre et à la qualité de ses productions ainsi qu’à leur impact dans la vie intellectuelle, la philosophie et les sciences humaines. Sans autre condition que l’exigence de penser, il favorise des échanges entre des philosophes, des intellectuels, des écrivains, des scientifiques, des artistes, et avec la société civile. Il participe à la construction d’un espace public où la pensée critique s’exerce et se renouvelle en toute liberté, surmontant les frontières nationales, linguistiques et disciplinaires.

    L’année dernière, il a offert 720 heures de séminaires publics et gratuits. Il a organisé des colloques, des journées d’études, des débats sur des livres avec leurs auteurs. Avec quatre livraisons par an, sa revue Rue Descartes, entièrement en ligne et en libre accès, voit ses taux de fréquentation grimper.

    Le Collège est désormais membre associé de l’Université Paris Lumières, composée des Universités Paris 8 et Paris Ouest Nanterre, le CNRS et d’autres institutions. La dotation de 240.000 euros promise par le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, via l’Université Paris Lumières n’a finalement pas été versée, sans justification, ce qui place le Collège au bord du dépôt de bilan. Le Collège a instamment besoin de cette somme pour payer quatre salariés de la cellule administrative qui, sans cela, se retrouveront au chômage. Il en a besoin pour son fonctionnement minimal, afin d’appuyer les activités en France et à l’étranger de 50 directeurs de programme non rémunérés.

    En novembre 2014, si une décision du pouvoir d’État n’intervient pas, le Collège international de philosophie fermera ses portes après 30 ans d’activité et de création au sein de réseaux internationaux solides. Un espace d’expérience, de recherches novatrices et de formation originale disparaîtra. Or existe-il aujourd’hui en France une volonté politique claire, prête à s’engager pour la défense d’une recherche libre et ambitieuse ? Nous demandons le maintien du financement « Recherche » de 240 000 euros par an, qui permet au Collège de fonctionner. Au nom du droit à la philosophie pour toutes et tous, dans une société démocratique, nous demandons aussi la pérennisation des conditions de vie du Collège. Notre souhait est que le Collège, pour de nombreuses années encore, accueille d’autres générations de penseurs, venus du monde entier, œuvrant à la production d’une pensée critique et libre, ouverte à tous.

    Et j’ajoute puisque visiblement le monde entier s’en fout, qu’on en parle quand même ici : http://blogs.mediapart.fr/blog/gwenael-glatre/191014/college-international-de-philosophie-la-pensee-francaise-ne-peut-pas

    #philosophie

  • Must read - Qu’est-ce que le terrorisme ? Par Jacques Derrida - Le Monde diplomatique (février 2004) @mdiplo

    http://www.monde-diplomatique.fr/2004/02/DERRIDA/11005

    Bush parle de « guerre », mais il est bien incapable de déterminer l’ennemi auquel il déclare qu’il a déclaré la guerre. L’Afghanistan, sa population civile et ses armées ne sont pas les ennemis des Américains, et on n’a même jamais cessé de le répéter.
    (…)
    Les Etats-Unis et l’Europe, Londres et Berlin sont aussi des sanctuaires, des lieux de formation et d’information pour tous les « terroristes » du monde. Aucune géographie, aucune assignation « territoriale » n’est donc plus pertinente, depuis longtemps, pour localiser l’assise de ces nouvelles technologies de transmission ou d’agression.
    (…)
    La terreur organisée, provoquée, instrumentalisée, en quoi diffère-t-elle de cette peur que toute une tradition, de Hobbes à Schmitt et même à Benjamin, tient pour la condition de l’autorité de la loi et de l’exercice souverain du pouvoir, pour la condition du politique même et de l’Etat ?
    (…)
    Le rapport entre la terre, le territoire et la terreur a changé, et il faut savoir que cela tient au savoir, c’est-à-dire à la techno-science. C’est la techno-science qui brouille la distinction entre guerre et terrorisme.
    (…)
    Au contraire, plus un concept est confus, plus il est docile à son appropriation opportuniste. C’est d’ailleurs à la suite de ces décisions précipitées, sans débat philosophique au sujet du « terrorisme international » et de sa condamnation, que l’ONU a autorisé les Etats-Unis à utiliser tous les moyens jugés opportuns et appropriés par l’administration américaine pour se protéger devant ledit « terrorisme international ».
    (…)
    Personne ne peut nier qu’il y a eu terrorisme d’Etat dans la répression française en Algérie, entre 1954 et 1962. Puis le terrorisme pratiqué par la rébellion algérienne fut longtemps considéré comme un phénomène domestique tant que l’Algérie était censée faire partie intégrante du territoire national français, tout comme le terrorisme français d’alors (exercé par l’Etat) se présentait comme une opération de police et de sécurité intérieure.
    (…)
    A partir de quel moment un terrorisme cesse-t-il d’être dénoncé comme tel pour être salué comme la seule ressource d’un combat légitime ? Ou inversement ? Où faire passer la limite entre le national et l’international, la police et l’armée, l’intervention de « maintien de la paix » et la guerre, le terrorisme et la guerre, le civil et le militaire sur un territoire et dans les structures qui assurent le potentiel défensif ou offensif d’une « société » ?

  • 7月12日のツイート
    http://twilog.org/ChikuwaQ/date-140712

    Female Protagonists in Shojo Manga, by Jennifer L. Brown : goo.gl/TY5Jfk posted at 20:00:05

    Judith Butler reviews ‘The Death Penalty’ by Jacques Derrida, translated by Peggy Kamuf · LRB www.lrb.co.uk/v36/n14/judith… posted at 19:30:08

    JLG + JLG (Jean-Luc Godard & Brigitte Bardot on the set of Le...) jlgplusjlg.tumblr.com/post/894440778… posted at 19:16:27

    RT @bobbirok @kristinem5: A bientôt pic.twitter.com/cAITdSi7Gn posted at 19:00:54

    “Thru Spray Colored Glasses” by Dino, Desi & Billy : tmblr.co/ZWXySyp3_yBX posted at 19:00:14

    Top story: Find who Unfollowed me on Twitter and Instagram | Unfollowers.com unfollowers.com, see more tweetedtimes.com/ChikuwaQ posted at 18:00:23

    PC cat pc.watch.impress.co.jp/docs/column/ca… posted at 17:20:46

    Top story: Twitter / Teknosciences: Le son de (...)

  • 3月17日のツイート
    http://twilog.org/ChikuwaQ/date-140317

    ボクと教授の20年 puratto.homesha.jp/e/p.php?tag=vi… posted at 13:59:11

    RT @jesvalme @CoquiBared: “@Lawyer_KOREA: [명화산책] 클림트, 아테네의 병사 Pallas Athena, 1898 - Gustav Klimt pic.twitter.com/fbr92sCTmX” posted at 13:25:09

    My Tweeted Times tweetedtimes.com/ChikuwaQ - top stories by jppastor, JeanCletMartin, Kitri1 posted at 12:00:09

    @ChikuwaQ 貧乏臭くね。 posted at 11:26:22

    ニーチェに心酔して、産経の保守論客、ってなにそれ。 posted at 10:57:27

    Top story: Jacques Derrida Marrane solitaire | Humanite www.humanite.fr/tribunes/jacqu…, see more tweetedtimes.com/ChikuwaQ posted at 10:28:16

    アシュトンより安西マリアの訃報のほうが、ショックだった。 posted at 09:37:06

    Papier is out! paper.li/ChikuwaQ/13277… Stories via @ChronCulture @Louizeline @Cine_maniac posted at 09:18:22

    RT @neoneo_mag: アテネフランセ文化センターで4/26(土)から毎月一回CINEMA塾開催! 監督と共に、目一杯ドキュメンタリーを観る、聞く、語る! ゲストには、河瀬直美、砂田麻美、ヤン・ヨンヒ、関口祐加、森達也、松江哲明、平野勝之、庵野秀明、他。bit.ly/1eIyqfs (...)

  • Fabula, la recherche en littérature
    http://www.fabula.org

    AUTOUR DE WALTER BENJAMIN

    Un philosophe-traducteur, un historien, un archiviste et une chercheuse en lettres se sont réunis pour discuter de l’enfance selon Walter Benjamin : que les textes du recueil Sens unique soient rendus à l’océan de tous les livres, c’est-à-dire à toute la littérature (c’est ce que Jacques Derrida — grand lecteur de Benjamin en son temps — désirait pour la philosophie). Pour tous les etudiants qui préparent l’agrégation de Lettres modernes, et pour tous ceux que la pensée de Benjamin continue d’inspirer, nous sommes heureux de publier la journée d’étude « Enfance. Autour de Walter Benjamin » dans les pages colloques en ligne de Fabula.

    (par DD, alias Arthemis Johnson)

    #colloque
    #Benjamin

  • Noam Chomsky Slams Žižek and Lacan: Empty ‘Posturing’ | Open Culture
    http://www.openculture.com/2013/06/noam_chomsky_slams_zizek_and_lacan_empty_posturing.html

    Noam Chomsky’s well-known political views have tended to overshadow his groundbreaking work as a linguist and analytic philosopher. As a result, people sometimes assume that because Chomsky is a leftist, he would find common intellectual ground with the postmodernist philosophers of the European Left.

    Big mistake.

    In this brief excerpt from a December, 2012 interview with Veterans Unplugged, Chomsky is asked about the ideas of Slavoj Žižek, Jacques Lacan and Jacques Derrida. The M.I.T. scholar, who elsewhere has described some of those figures and their followers as “cults,” doesn’t mince words:

    What you’re referring to is what’s called “theory.” And when I said I’m not interested in theory, what I meant is, I’m not interested in posturing–using fancy terms like polysyllables and pretending you have a theory when you have no theory whatsoever. So there’s no theory in any of this stuff, not in the sense of theory that anyone is familiar with in the sciences or any other serious field. Try to find in all of the work you mentioned some principles from which you can deduce conclusions, empirically testable propositions where it all goes beyond the level of something you can explain in five minutes to a twelve-year-old. See if you can find that when the fancy words are decoded. I can’t. So I’m not interested in that kind of posturing. Žižek is an extreme example of it. I don’t see anything to what he’s saying. Jacques Lacan I actually knew. I kind of liked him. We had meetings every once in awhile. But quite frankly I thought he was a total charlatan. He was just posturing for the television cameras in the way many Paris intellectuals do. Why this is influential, I haven’t the slightest idea. I don’t see anything there that should be influential .

  • Jacques Derrida : « toute prise de parole est un acte pédagogique »
    http://www.jacquesderrida.com.ar/frances/lire.htm

    Les philosophes sont souvent difficiles. Mais, avec vous, le genre de difficultés que rencontre le lecteur est-il encore de même nature qu’avec Aristote ou Kant ?

    Jacques Derrida. Le discours philosophique est souvent difficile. Mais on ne s’étonne pas qu’un mathématicien ou un physicien parle dans une langue inaccessible à la plupart. Il y a là un préjugé qu’il faut analyser. Que peut répondre un philosophe quand il prend au sérieux cette inquiétude ? Qu’il fait tout pour être aussi largement et aussi facilement intelligible que possible. C’est un devoir. Mais il faut éviter un écueil qui consisterait à faire semblant de croire qu’il y a, en général, une langue immédiatement intelligible : c’est faux. Même les professionnels du « parler à tout le monde, tous les jours » parlent un langage codé. Quand on me dit : « Faites des réponses faciles ! votre langage ne passera pas », on se règle sur le fantasme - c’est un fantasme ! - du lecteur vierge, dont on connaît l’attente, la capacité de lecture. Or, quand on s’adresse à quelqu’un, on doit certes tout faire pour être compris, mais l’on doit aussi former pédagogiquement des capacités de lecture et d’intelligence. Toute prise de parole est aussi un acte pédagogique. De plus, la philosophie a une histoire riche et sédimentée. Chaque question que nous croyons posée à partir de rien a une mémoire stratifiée. La difficulté du discours philosophique tient à ce que cette mémoire est potentialisée, formalisée, traduite dans des formes économiques...

    #Derrida #Philosophie #Pédagogie #Déconstruction #Engagement

  • La langue de l’étranger, par Jacques Derrida (Le Monde diplomatique)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2002/01/DERRIDA/16038

    Discours prononcé lors de la remise du prix Adorno à Francfort en septembre 2001 - Texte splendide et programmatique, dommage qu’il ne soit pas dispo en ligne :( @mdiplo #théorie_critique

    La langue sera d’ailleurs mon sujet : la langue de l’autre, la langue de l’hôte, la langue de l’étranger, voire de l’immigrant, de l’émigré ou de l’exilé. Qu’est-ce qu’une politique responsable fera du pluriel et du singulier, à commencer par les différences entre les langues dans l’Europe de demain et, à l’exemple de l’Europe, dans la mondialisation en cours ? Dans ce qu’on appelle de façon de plus en plus douteuse la mondialisation, nous nous trouvons en effet au bord de guerres qui sont moins que jamais, depuis le 11 septembre, sûres de leur langue, de leur sens et de leur nom.

    je vous en livre quand même la fin, en tant qu’heureux possesseur du cd-rom des archives jusqu’à 2008 :

    Nous ne saurons jamais, nous, sur quel fichu Web un Weber à venir entendra signer ou enseigner notre histoire.

    Nul métalangage historique pour en témoigner dans l’élément transparent de quelque savoir absolu.

    Celan : « Niemand zeugt für den Zeugen » [Nul ne témoigne pour les témoins]

  • « Les rapports entre les hommes et les #animaux devront changer », par Jacques Derrida (Prolégomènes 3)
    http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article1573

    D’autre part, même si depuis toujours une grande violence s’est exercée contre les animaux — on en trouve déjà la trace dans des textes bibliques que j’ai étudiés ailleurs de ce point de vue —, j’essaie de montrer la spécificité moderne de cette violence, et l’axiome — ou le symptôme — « philosophique » du discours qui la soutient et tente de la légitimer. Cette violence industrielle, scientifique, technique ne saurait être encore trop longtemps supportée, en fait ou en droit. Elle se trouvera de plus en plus discréditée. Les rapports entre les hommes et les animaux devront changer. Ils le devront, au double sens de ce terme, au sens de la nécessité « ontologique » et du devoir « éthique ». Je tiens ces mots entre guillemets car ce changement devra affecter le sens et la valeur mêmes de ces concepts (l’ontologique et l’éthique). Aussi, même si leur discours me paraît souvent mal articulé ou philosophiquement inconséquent, j’ai une sympathie de principe pour ceux qui ont, me semble-t-il, raison, et de bonnes raisons, de s’élever contre la façon dont les animaux sont traités : dans l’élevage industriel, dans l’abattage, dans la consommation, dans l’expérimentation.

    • Je crois que le spectacle que l’homme se donne à lui-même dans le traitement des animaux lui deviendra insupportable. Tous ces débats dont nous parlons en sont le signe annonciateur. Ce n’est plus supportable. Si vraiment on vous mettait tous les jours devant les yeux le spectacle de cet abattage industriel, que feriez-vous ? (...) Si tous les jours passait sous vos yeux, lentement, sans vous laisser le temps de la distraction, un camion rempli de veaux sortant de l’étable pour aller à l’abattage, pourriez-vous encore, pendant longtemps, manger du veau ?...

      Je crois qu’on s’habituerait, comme les petits paysans s’habituent à ce que l’on retire le pyjama à Jeannot Lapin après avoir commencé par beaucoup pleurer.
      La répétition insensibilise, surtout celle du malheur et de la souffrance.

      C’est donc plus une quête intérieure, la nécessité de cesser nous-mêmes d’être de stupides prédateurs (et commencer à œuvrer à la survie de notre espèce au-delà de l’horizon boursier) que viendra le nécessaire respect de la vie, dans toutes ses formes.