chalut, et dislocation ►https://seenthis.net/messages/995203
pour l’instant le principal souci est en amont de la justice, rafler, ça marche, cogner sans même arrêter, ça va, mais ficeler un minimum les dossiers qui permettraient condamnations fait moins kiffer les condés, ils baclent. ils baclent, eux aussi n’aiment de leur travail que ce qui leur permet de vivre le plus libres possible (on veut bien faire du chiffre, à condition d’éclater de la gauchiasse, du rouge et et du cassos), alors que les alternatives économiques habituelles sont disponibles (par exemple mettre en cause pour rébellion ne serait-ce que 5 à 10% des manifestants qu’on aura préalablement cognés). là aussi la fascisation est à l’oeuvre : ça parie que la crise de régime débouchera sur une politique toujours plus sécuritaire (pestilent promet de nous sauver du chaos), ou, mieux encore, sur une version plus explicitement néofasciste, coalition avec du RN dedans, ou RN et quelques satellisés. Toutes les composantes de la société jouent leurs cartes dans la partie en cours (on a même vu hier la CGT spectacle intervenir en nombre au théâtre de la Ville).
« J’ai l’impression que mon arrestation est politique » : au tribunal de Paris, une barricade en feu, un dossier vide, une relaxe
▻https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/03/23/j-ai-l-impression-que-mon-arrestation-est-politique-au-tribunal-de-paris-une
Six prévenus pour 234 interpellés : traduction en chiffres de ce qu’une avocate impliquée dans ces dossiers, pour définir la stratégie des forces de l’ordre les soirs de contestation, a qualifié de « pêche au chalut ».
A leur demande, ou faute de temps, cinq des six prévenus ont vu leur procès pour « dégradation ou détérioration du bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes » renvoyé à fin avril, et ont été relâchés, après quarante-huit heures de garde à vue. Seul Clément Q., dans son jogging rouge à bandes blanches, a comparu. Ce Chambérien de 25 ans, qui suit une formation de couvreur, est accusé d’avoir confectionné une barricade à l’aide des déchets qui s’amoncellent sur les trottoirs parisiens en raison de la grève des éboueurs, et d’y avoir mis le feu. Il a été interpellé quelques hectomètres plus loin, place de la Bastille, alors qu’il rentrait chez lui. Le policier qui l’a arrêté affirme l’avoir reconnu grâce à son jogging.
Voilà les faits exposés par la présidente du tribunal en trente secondes chrono – « Ça va être extrêmement rapide, j’ai dit tout ce que j’avais comme éléments ». Le garçon nie. La présidente, visiblement perplexe devant la maigreur du dossier, n’insiste pas. La procureure évoque avec autant de conviction que possible une fiche d’interpellation « précise » et une infraction « parfaitement caractérisée », puis requiert huit mois avec sursis, « une peine d’avertissement », car « même si c’est pour manifester ses idées, la société ne peut tolérer qu’on mette en danger des personnes » [poubelles].
« Ici, c’est un tribunal, pas une tribune politique »
L’avocate du prévenu plaide sur du velours contre un dossier « largement insuffisant » et des éléments à charge « infiniment faibles, voire honteux ». Elle confesse avoir imaginé, en découvrant le jogging rouge vif de son client en garde à vue, que la vidéosurveillance lui serait fatale, puis lit le procès-verbal d’exploitation vidéo : « Constatons la présence de plusieurs individus en train de construire une barricade. Ne constatons pas la présence du mis en cause concernant la présente procédure. » On n’a retrouvé sur le jeune homme ni gant, ni casque, ni cagoule, ni trace de brûlure. Tout juste un briquet. « Monsieur, comme beaucoup de Français, fume », dit l’avocate.
« Pourquoi deux jours de garde à vue et une comparution pour quelque chose d’aussi fragile ?, demande-t-elle. On a du mal à comprendre. » Son propos devient alors politique, elle dénonce « l’instrumentalisation des interpellations par l’exécutif, qui ne s’en cache pas », appelle le tribunal, « garant des libertés fondamentales », à y « mettre un stop », et cite l’avocat et écrivain François Sureau : « Il ne reste rien de la liberté de manifester si le gouvernement peut choisir ses opposants. »
« Voulez-vous ajouter quelque chose pour votre défense ?, demande la présidente.
– On continuera à se mobiliser contre cette réforme et contre le gouvernement, malgré la répression, répond, placide, le prévenu.
– Ici, c’est un tribunal correctionnel qui juge des délits, ce n’est pas une tribune politique.
– J’ai l’impression que mon arrestation est politique, donc je tenais à le préciser. »
Clément Q. a été relaxé. Il n’existe, a lu la présidente, toujours aussi expéditive, « pas suffisamment d’éléments pour prouver qu’il a mis le feu à la barricade ».
ben oui, c’est compliqué de prélever ce qui permet d’entrer en voie de condamnation dans une telle masse de comportements politiquement prohibés (cf. Darmanin déclarant faussement que ce serait un délit de participer à une manifestation non déclarée). et puis bon, le continuum des illégalismes est si vaste, si peuplé - de qui marche dans la rue, fuit la police, allume un feu de poubelle peut-on déjà faire un exemple quand des centaines, des dizaines de milliers de personnes se comportent de la sorte ? et comment y arriver lorsque comme hier des ouvriers commettent bien plus de dégâts que des manifestants qui si ils sabotent l’aspect et la réputation de villes entreprises cassent en réalité au mieux quelques dizaines de vitrines ?
on a tort de dire que de Lallement à Nunez il n’y a pas eu de changement, la doctrine aller au contact reste, mais tactiquement elle est fortement démilitarisée (« On a été entraînés pour la “percussion” » ►https://seenthis.net/messages/995267), ça a rendu le tri des judiciarisables moins facile. nul doute que la répression doit changer de pied, la prédation policière se renforcer. prévenir, faire peur, terroriser, ça commence par ne plus se priver d’un organe policier vital, la justice. c’est dès aujourd’hui, et plus probablement ce soir, qu’on va découvrir de quels moyens ils se dotent pour ferrer le poisson. on le verra dès demain dans comparutions immédiates des TGI
#justice #police #maintien_de_l'ordre #fascisation