Sur l’#Université Virtuelle Sénégalaise | Hady Ba’s weblog
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L’UVS en effet, quoique à certains points de vue unique au monde, s’inscrit dans un mouvement global de #virtualisation de l’#enseignement supérieur. Depuis le début des années 2000, avec la mise en ligne intégrale des cours du MIT, l’idée de démocratiser à peu de frais, grâce à #internet, l’enseignement supérieur le meilleur au monde a fait son chemin. Les #MOOC (acronyme anglais pour cours en ligne ouvert et massif) sont l’aboutissement de cette œuvre pionnière et l’UVS est une forme, certes particulièrement sommaire, de MOOC. Il existe donc une histoire des MOOC et surtout il existe maintenant des études scientifiques qui nous apprennent exactement dans quelle mesure les MOOC sont utiles et à quelles fins on devrait les utiliser. La décision de mettre en place l’Université Virtuelle Sénégalaise semble malheureusement avoir été prise en ignorant totalement ces études. Or que nous apprennent-elles ?
La plus célèbre de ces études est celle effectuée sur les étudiants de l’Université d’État de San José aux États Unis. Menée par Sebastian Thrun, le fondateur d’Udacity, une des premières plateformes de cours en ligne, elle a montré que, pour la grande majorité des étudiants, les cours à distance sur internet sont beaucoup moins efficaces que les cours en présentiel. Le taux de rétention est très bas et pour ceux qui arrivent à compléter les cours et qui passent les examens, les taux d’échecs sont plus importants que pour des enseignements en présentiel. Le résultat principal de cette étude, qui reviendra constamment dans tous les travaux ultérieurs sur les MOOC, est qu’il y a une petite minorité d’environ 5% –les étudiants qui ont la double caractéristique d’être déjà bien formés et d’être extrêmement motivés– pour lesquels cet enseignement à distance est approprié. Pour tous les autres, l’échec est massif et beaucoup plus important que dans une formation classique. L’autre étude de référence menée par l’Université de Pennsylvanie souligne ce caractère élitiste des cours massifs en ligne puisque 80% des inscrits sur leur plateforme sont déjà titulaires d’un diplôme universitaire. Quant au rapport sur l’éducation en ligne des professeurs Hollands et Tirthali du Teachers College de l’université de Columbia, il montre que d’une part, ainsi qu’on l’a déjà dit, ce type d’enseignement est inadapté à un public non expérimenté ; mais surtout, d’autre part, que le développement d’un enseignement en ligne de qualité est couteux à la fois en ressources humaines et en ressources financières.
Que nous apprennent ces études une fois rapportées à la situation sénégalaise ? Essentiellement que la virtualisation est un miroir aux alouettes incapable de résoudre les problèmes auxquels le Ministère en charge de l’enseignement supérieur a à faire face. Notre problème en effet est d’avoir un trop plein de bacheliers et une #pénurie de #ressources financières à consacrer à leur éducation. Créer une université virtuelle pour y orienter ces bacheliers n’est pas une solution à nos difficultés financières si l’on sait que la mise en place d’un enseignement à distance de qualité est un processus coûteux. Rien que cette semaine, l’État du Sénégal a emprunté 3,5 milliards de nos francs pour développer la plateforme de l’Université Virtuelle. Il y a fort à parier qu’entre la construction des Espaces Numériques Ouverts disséminés dans tous le pays, la production des cours par des enseignants, la subvention des ordinateurs des étudiants orientés à l’UVS, etc., l’État se retrouvera à payer plus cher pour un étudiant orienté à l’UVS que pour un étudiant orienté à l’UCAD.