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  • Les médias confrontés à la saturation des abonnements en ligne

    A partir d’un sondage mené auprès de 75 000 personnes dans 38 pays, les chercheurs rattachés à l’université britannique d’Oxford pointent que les abonnements numériques ne progressent pas. « La plupart des gens ne sont pas prêts à payer pour de l’information en ligne aujourd’hui, et d’après les tendances actuelles ils ne le feront probablement pas à l’avenir », jugent les auteurs.

    Depuis six ans, la part des lecteurs disposés à payer pour s’informer sur Internet se maintient généralement à 11 %. Au point que plusieurs observateurs redoutent que le secteur ait heurté un plafond. Cette inquiétude est d’autant plus légitime que « peu de gens sont actuellement prêts à s’abonner à plus d’un média en ligne », souligne l’étude. C’est alors la « logique du gagnant rafle tout » qui prime : cet unique abonnement se porte sur les titres dominants, au détriment des journaux locaux ou spécialisés.

    https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2019/06/11/les-medias-confrontes-a-la-saturation-des-abonnements-en-ligne_5474820_3236.
    #medias #information #paywall #journalisme

    • Je n’ai pas encore les idées totalement claires à ce sujet, mais j’ai des débuts de réflexions/questionnements…

      – l’opposition très à la mode entre « le payant qui respecte la qualité de l’information » et « le gratuit qui vend les lecteurs aux annonceurs en les fichant », je pense que c’est du flan, parce qu’« avant l’internet », les revenus des journaux payants était largement constitué à la fois du revenu de la vente et de la publicité. Quand on achète un magazine ou un journal, on a à la fois à payer pour lire, et en même temps c’est gavé de publicité. (Et, il faudrait retrouver les chiffres : en plus de ces revenus « commerciaux », l’ensemble est généralement lourdement subventionné.)

      – par ailleurs, dans le revenu « par la vente », il me semble que l’intérêt central d’avoir des abonnements plutôt que des ventes au numéro, c’est (outre la régularité du revenu) de constituer des fichiers d’abonnés. Lesquels sont (étaient ? je me souviens de ces discussions dans les années 90) particulièrement destinées à être revendus.

      Je me souviens qu’un des aspects, c’était que les médias les plus puissants pouvaient gérer leurs abonnements en interne et ainsi, en plus, avoir le contrôle de leur fichier d’abonnés. Alors que les médias moins puissants déléguaient le service abonnement à une société externe, et l’un des gros écueils, dans ce cas, c’était justement de perdre ce fichier.

      Dans mon souvenir, l’insistance des médias passant sur le Web à constituer des abonnés à leur « mailing list », comme insistaient lourdement les spécialistes de la spécialité, non pas pour de simples question de fidélisation des lecteurs, mais bel et bien pour constituer un fichier que l’on pourrait revendre.

      Du coup :

      – L’idée que la publicité serait un mauvais moyen de financer les contenus, et le paywall une excellente façon, respectueuse et tout ça, je pense que c’est faux et que ça a toujours été un alibi. Dans le papier, on a toujours eu et on a toujours à la fois la vente, la publicité et les aides publiques (et/ou défiscalisations). Sur Web, on a désormais ce discours « moral » sur le respect des lecteurs et la façon « noble » de faire tourner les médias, mais je pense que c’est essentiellement dû au fait que les budgets pubs sur l’internet se déportent de plus en plus vers les réseaux sociaux fermés et la page du moteur de recherche lui-même, et de moins en moins sur « la longue traîne » que constituaient les sites éditoriaux. Donc c’est plus forcé et contraint qu’on prétend que c’est une bonne chose pour le lecteur de bloquer l’accès à l’information derrière un paywall.

      – Je n’ai aucun doute qu’un aspect non-dit du paywall-qui-respecte-la-privacy, en fait c’est la reproduction du vieux modèle : tu paies donc je te fiche moi-même en constituant un beau fichier-clients.

      Dit autrement : si tu visites le NYTimes sans paywall, avec des publicités Google, alors tu alimentes le fichier de Google ; si tu visites derrière un paywall, alors tu es dans le fichier du NYTimes.

      – Et donc les outils qui mutualiseraient les accès aux différents médias sur un abonnement, le gros blocage c’est : ces médias n’auront plus la valeur ajoutée de ce fichier client.

      – Aspect à voir : le paywall c’est bon mangez-en, peut-être aussi parce qu’une des façons de toucher des subventions publiques pour son média en ligne, c’est de dire que c’est pour mettre en place un paywall.

      – Les journaux/magazines sur papier ont à la fois les pubs et la vente payante. Je n’ai rigoureusement aucun doute que, quand ça va bien (ou mieux) pour eux, les médias en ligne te feront bouffer en même temps du paywall et de la publicité (ou de la publicité déguisée). Aucun doute là-dessus. Pour l’instant, on joue sur l’opposition : accès gratuit pourri par des popups qui rendent la lecture pénible et l’accès payant « débarrassé » de la pub. C’est-à-dire que la publicité n’est pas là uniquement pour le financement de l’accès gratuit, mais largement pour te faire chier avec des popups éprouvants, en repoussoir pour te convaincre que tu serais bien plus à l’aise en payant. Mais franchement, je vois pas pourquoi ça durerait.

      – Et enfin, le gros point d’intérêt du paywall : il réintroduit l’accès exclusif à un média pour chaque lecteur. C’est tout l’intérêt, et c’est pour cela que les médias les plus puissants sont passés à ça (NYTimes en tête). Une fois qu’il y a des paywalls, les lecteurs ne s’abonneront qu’à un seul journal, là où l’internet permettait de « butiner » différents journaux. Le but du paywall individuel, c’est de tuer la concurrence, de flinguer l’effet « longue traîne » et de revenir sur le gros problème central des journaux depuis les années 2000, la dilution de leur marque. Fin des années 90, les journaux deviennent des pôles capitalistiques énormes, sur la promesse d’être des « marques de référence » ; avec Rezo.net, Netvibes, puis Google News et Apple News, et désormais Twitter et Facebook, la notion de marque s’est déplacée sur les agrégateurs, au détriment des médias (encore une fois : qui étaient depuis le tournant des années 90/2000, d’énormes investissements capitalistiques) qui se rêvaient dans ce rôle. Le paywall n’a pas vocation simplement à « financer l’information et le travail des journalistes » : il a aussi (surtout ?) vocation à rétablir l’hégémonie des plus gros médias (le Monde en France, NYTimes et WaPo aux États-Unis). Une fois que tu paies le paywall du plus gros média (le NYTimes), tu ne vas en plus payer le paywall pour d’un Boston Globe ou d’un San Jose Mercury News. Et je ne crois pas que ce soit une conséquence imprévue, je pense que c’est une préoccupation centrale pour les gens joueurs. Au détriment, donc, de cet autre fondement de l’idéologie de la presse : la pluralité.

      – Bref, un gros blocage du paywall mutualisé, c’est que ceux qui ont déjà un paywall ne veulent pas perdre le contrôle de leur fichier de lecteurs-abonnés, et que pour les gros joueurs, c’est assez contreproductif de re-diluer l’imposition de leur marque et du quasi-monopole que leur paywall a mis sur l’info-en-ligne-derrière-paywall.

    • Moi non plus je n’ai pas d’idée trop préconçues là-dessus. Mais, franchement, je ne crois pas aux raisonnements machiavéliques des suppots du Grand Kapital. Ne fusse que parce qu’on a affaire à des gens qui ne maîtrisent rien, même s’ils tiennent à faire savoir qu’ils maitrisent (via les media, justement).
      Il y a une chose bien claire : les revenus publicitaires partent en sucette pour les media traditionnels, en partie parce qu’ils (les revenus) se retrouvent sur les agrégateurs et/ou les réseaux sociaux (il est nettement plus rentable de puber sur FB ou Youtube).
      A partir de ce moment là, il n’y a pas des masses d’options (parce qu’un media a quand même des couts fixes, il ne s’agit pas uniquement de verser du pognon aux actionnaires). On repasse au modèle payant. Au moins en partie. Et sur le fond, ça ne me dérange pas (l’idée selon laquelle l’info/le savoir devraient être gratuits est pour moi parmi les idées les plus nazes/démagos du monde).
      Ensuite, pour ce qui est des fichiers, soyons sérieux, n’importe quel site marchand (ou pas forcément marchand) en revend à la pelle, et c’est en quantités autrement plus importantes.
      Ensuite, le côté monopolistique est (ou sera) certes présent, mais sur le fond, c’était déjà le cas avant. Après tout, quel était le pourcentage de personnes abonnées à plus d’un journal papier ? Sur le fond, un media ne vend pas de l’ info/vérité mais du biais de confirmation. Lire plus d’un journal va à l’encontre de cette politique. Il est certain, par contre, que dans une économie du net où il paraît impensable de payer (parce que l’info doit être gratuite, patati patata), cela ne va que renforcer effectivement le monopole de certains media. Mais il faut aussi se demander avant tout quelle est la fonction d’un media (voir plus haut) et si ce fonctionnement en concentration croissante n’est pas « naturel » (non pas du fait de l’offre mais plutôt de la demande).
      Enfin, le paywall pourrait servir à toucher des subventions ? Pas faux. Mais c’est déjà le cas : Le Monde en touche déjà et je ne pense pas que ça augmente. Mais ça pourrait servir de pretexte aux pure-players, c’est vrai.

    • Oui, Lefayot, mais pour une large part, j’essayais d’apporter des arguments sur l’idée des paywalls mutualisés, suggérés par Aude et Monolecte, pas seulement sur l’opposition entre paywall et gratuit. Pour une bonne partie, les considérations sont sur l’opposition entre paywall « par média » (le NYTimes étant à la pointe du truc) et paywall « à plusieurs ».

      Sur le grand plan « machiavélique », je pense qu’il y a beaucoup de suivisme et d’effets de mode, mais justement c’est basé sur des habitudes et des intérêts largement partagés dans ce milieu (récupérer un fichier, ça peut sembler certes un peu risible, mais comme à chaque fois que je rencontre des professionnels du web marchand/startup/médias, ça revient très vite, l’idée que ça va « valoriser » ton business, même si on ne va pas trop savoir comment). Et largement tenter de reproduire ce qui a fonctionné une fois quelque part (de manière vaguement désespérée). Et là, le « plan » de transition du NYTimes vers le paywall – je l’avais un peu documenté par ici – la « vision » qui a mené à ça, et la façon de le faire, pour le coup ça a été fait de manière aussi intelligente que possible à une époque ou c’était réputé impossible (et donc, option précédente : maintenant tout le monde suit ce qu’a fait le NYTimes, en se disant qu’il suffit d’installer un paywall pour avoir la même puissance de frappe).

    • Ca fait deux jours que je me retiens de répondre tant la phrase

      « (l’idée selon laquelle l’info/le savoir devraient être gratuits est pour moi parmi les idées les plus nazes/démagos du monde) »

      me choque et, en cette période où le journalisme libre s’en prend de plus en plus plein la gueule, je dirai même qu’elle me violente.
      Et comme là, rien qu’en commençant à écrire, j’ai les têtes de Taha Bouhafs et Yannis Youlountas au bord des yeux, bah.. je vais encore attendre. Mais étant enfant de l’Educ Pop, vraiment, ... c’est super violent.
      Le savoir est la plus puissante des armes. Conditionner l’idée, l’immatériel, à une valeur marchande, c’est éloigner la masse du savoir et l’approcher du précipice de la guerre. Point. Et tant pis si tu me considères comme une démago-naze, @lefayot mais je t’invite quand même à te questionner sur ce qui est entendable (rentabiliser un support matériel, dédommager un travail intellectuel...) et ce qui est de l’ordre de l’aliénation (tout conditionner à la valeur marchande)...

      En fait, je venais ajouter cette recension à la note initiale et demander si quelqu’un-e avait lu Ces cons de journalistes ! d’Olivier Goujon : https://www.acrimed.org/Lire-Ces-cons-de-journalistes-d-Olivier-Goujon

      En mêlant témoignages de journalistes et description des évolutions du métier (en se penchant sur de nombreux cas, non abordés ici, comme, par exemple, les voyages de presse ou la loi sur les fake news), Olivier Goujon dresse un panorama des nombreuses logiques qui pèsent sur le travail quotidien des journalistes. Avec un bilan amer, mais lucide : les journalistes sont de plus en plus précaires et l’information sacrifiée, dans la presse magazine en particulier, tandis que « les relations publiques et la publicité ont pris le pas sur le journalisme pour imposer un modèle de communication basé sur le divertissement au détriment de l’information. »

    • +1, @val_k
      On oublie un peu facilement qu’il existait une sorte de ratio qui était le nombre de lecteurs par exemplaire vendu . Ainsi, il y avait ceux qui payaient un journal et ceux qui y accédaient. Donc, si tu n’avais pas l’argent pour l’abonnement, tu pouvais aller au bistrot le lire ou chez un voisin, ami, frangin, voir sur un banc public, la bibliothèque, etc.

      La presse en ligne a deux conséquences très différentes :
      1. elle a appris aux lecteurs à comparer l’info, ce qui ne se faisait pas avant. En gros, les gens ont découvert que s’informer avec un seul journal comme cela était la tradition, ce n’est pas une bonne idée. On a découvert, par exemple, que la PQR est vraiment très partisane. Et cela a changé les habitudes de lectures des gens qui, comme moi, préfèrent à présent avoir plusieurs angles sur la même histoire pour tenter d’y démêler les faits de la propagande.
      2. on ne peut plus se passer le journal. Sauf quand les gens abonnés copient l’article et le partagent en loucedé, tout en sachant qu’ils n’ont pas le droit de le faire. Personne ne pensait à ce genre de chose avec les exemplaires papier. Je crois qu’il y a UN canard à paywall qui autorise d’envoyer un nombre limité d’articles à un ami. Donc le numérique a — contrairement à ce que l’on nous assène en permanence — réduit le périmètre du partage et de la gratuité.

    • Ah je suis content de voir arriver cette discussion.

      La remarque de Lefayot est proche d’une petite phrase de @hlc il y a quelques temps, réagissant au hashtag #paywall qu’on utilise sur Seenthis, du style « ça ne me choque pas qu’on fasse payer pour financer l’information », qui m’avait fait tiquer, mais je n’avais pas relevé.

      Et personnellement, ces phrases qui semblent relever de l’évidence, hé ben justement, je trouve que pas du tout.

      Je n’ai pas trop le temps à l’instant, mais je serais vraiment heureux qu’il y ait des échanges là-dessus.

      Le côté évident de la remarque, qui en plus introduit une considération morale (et ici avec le principe de paywall, que je ne trouve pas du tout moralement transparent), ça me semble très proche de la tournure tout aussi « évidente » (c’est-à-dire apparemment de bon sens) au milieu des années 2000, selon laquelle « c’est normal de payer pour financer la musique », avec l’idée qu’il n’y aurait que le paiement et micro-paiement pour écouter de la musique. Phrase qui revenait systématiquement quand on évoquait l’idée de « licence globale » à l’époque.

      Résultat la licence globale on l’a, sauf que c’est le streaming géré/organisé par des grandes entreprises américaines et que les conditions de rémunération des artistes (« la création ») n’en sont pas améliorées (oh…). Et qu’il y a même moyen d’écouter de la musique gratuitement sans abonnement en allant sur Youtube (ce que font beaucoup de gens). Et avec en plus une usine à gaz institutionnelle et technique qui coûte des millions pour prétendument lutter contre le téléchargement « illégal ».

      Du coup, répondre à la problématique du paywall par une remarque évidente qu’il faut bien financer l’information, ça me pose problème : parce que l’équation n’est pas évidente pour moi, et parce que la posture morale (en ce qu’elle évacue d’autres questions tout aussi défendables moralement, dont par exemple la remarque d’Agnès) n’est pas plus tenable.

    • L’information est financée dans ce pays : abonnements, vente au n°, pubs, subventions, aménagements fiscaux.
      Mais comme le fait remarquer justement @arno, comme dans pratiquement tous les secteurs d’activité actuellement, l’argent est capté par les intermédiaires et ne ruissèle pratiquement plus jusqu’au créateurs/producteurs.

      On pourrait presque produire une sorte d’équation de l’exploitation des créateurs : plus tu produis une part importante de la matière première d’une filière, moins tu reçois ta part de la valeur ajoutée extraite de la vente au consommateur final.

      Pour revenir à la presse, les journalistes sont de plus en plus mal payés, mais c’est surtout qu’à l’intérieur même de la profession, les inégalités de rémunérations se creusent, en plus des discriminations habituelles : l’éditorialiste ramasse le pactole pour une part de travail insignifiante, mais à la hauteur de sa réputation, pendant que le stagiaire ou le localier fournit l’essentiel de ce qui va remplir les pages pour pratiquement des miettes de rémunération, avec, au milieu de cette pyramide de l’exploitation et du mépris, les pigistes qui voient le prix du feuillet suivre une courbe inversement proportionnelle à celle du cout de la vie et les AE, grandes gueules externalisées et maintenant rémunérées avec des miettes, sans aucun droit lié à la profession ou au statut !

    • À propos du journalisme, du vrai, du payé, cet article qui date d’il y a 3 ans (juin 2016) est en train de refaire le tour du ouaib pour dénier à Taha Bouhafs (et d’autres) la reconnaissance professionnelle.
      Pour en finir avec le « tous photographes, tous journalistes ».
      https://philipperochot.com/2016/06/07/pour-en-finir-avec-le-tous-photographes-tous-journalistes-philippe-r
      L’auteur, Philippe Rochot, est un journaliste ex-otage et conditionne le professionnalisme à des études et une culturel politique permettant de toujours connaître tous les angles d’un sujet. Il semble pourtant méconnaître beaucoup de choses, à commencer par exemple par la technique du gonzo.
      Journalisme gonzo — Wikipédia - https://fr.wikipedia.org/wiki/Journalisme_gonzo

    • Lire aussi :
      En France, on ne fait vraiment plus confiance aux médias

      Le rapport annuel du Reuters Institute est sans appel : la confiance se dégrade un peu partout dans le monde. Mais surtout en France, notamment après la crise des #GiletsJaunes.

      « la polarisation politique encourage la croissance de projets partisans, qui, associés à des articles racoleurs et plusieurs formes de désinformations contribuent à décrédibiliser les médias, analyse le rapport. Ce qui soulève plusieurs questions sur la manière de délivrer des informations équilibrées et justes à l’ère du numérique. »

      https://www.lexpress.fr/actualite/medias/en-france-on-ne-fait-vraiment-plus-confiance-aux-medias_2084056.html
      Trouvé sur l’oiseau bleu de @gjpvernant

    • Puisque @arno m’y incite, je dis quelques mots :

      – dans ce débat, je trouve de bon arguments chez tout le monde, et souvent, je ne comprends pas pourquoi ces arguments créent du dissensus. Car en réalité, ils ne s’adressent pas au même problème, donc se côtoient plus qu’ils ne s’opposent.

      – j’ai dit et je répète : la création (d’information, de culture ou de connaissance) mérite un paiement. Ça ne dit rien de la manière dont ce paiement se réalise. Pour la BBC, le NPR ou France-Info, c’est pas le biais de service public. Pour la majeure partie de ce que j’ai déposé sur le web (mon travail d’universitaire) c’est encore un service public qui l’a financé... donc c’est offert gratuitement au lecteur (mais en fait, c’est un paiement différé, car il/elle a payé des impôts qui ont financé la production).

      – On pourrait continuer : la « licence légale » pour laquelle nous nous sommes battue était une forme de financement de la création musicale. Elle reposait sur une plateforme publique (proposition Dutoit à l’Assemblée) et sur un modèle statistique d’évaluation des usages répartis (voir Philippe Aigrain pour des calcul précis). Donc deux possibilités (centralisée ou répartie P2P), mais au final un financement des créateurs (et de l’industrie des intermédiaires, musiciens de studio, preneurs de son, producteurs, médias,... n’oublions pas qu’on ne crée jamais tout seul, et que la vision romantique de l’auteur isolée a été depuis longtemps battue en brèche - cf. Du bon usage de la piraterie de Florent Latrive).

      – La question est donc comment on finance. Pour le producteur d’information, le paywall a des avantages (soulignés par plusieurs ici) : centralisation du paiement, captation d’audience et fidélisation sur un ou deux titres. La gratuité en a d’autres (captation des données par les agrégateurs - d’accès genre FB et G. ou de publicité comme Doubleclick). Le financement à la source (public, ou privé via le crowdfunding, ou encore participation à un projet collectif comme le travail associatif) en a encore d’autres.

      – Oui, ce serait vachement mieux si tout était gratuit, si nous étions toutes des soeurs et si tous les gars du monde voulaient bien se donner la main... Mais va falloir se bouger le cul de devant son ordi pour y parvenir ;-)

      – Reste l’idée intermédiaire d’un accès payant à un système qui verserait ensuite pour nous aux producteurs en fonction de nos usages (tiens, on retrouve la licence légale sous une autre forme). Elle semble la meilleure solution pour la lecteurice. Mais elle pose des problèmes aux producteurs (la fidélisation est une garantie d’avenir). On touche d’ailleurs là un point important dans le débat : il est souvent vu du point de vue de l’usager... alors que la question du financement est posée pour le producteur.

      Certes, dit comme ça, c’est un peu poser la quadrature du cercle, car on ne voit pas émerger LA bonne solution. Trop facile @hlc ;-)

      Pour le reste, les arguments « moraux » ou la mise en doute de la qualité même du journalisme, fut-il payé pour ça... c’est un autre débat, et mélanger les deux (financement et qualité) ne nous fera pas avancer. J’ai des idées sur ce deuxième débat, mais pas ici car ce serait du brouillage sur ce qui me semble être le cœur : comment on finance la production d’information, de culture et de connaissances.

      Et de mon expérience (entre créateur d’un journal de contre-info dans ma folle jeunesse, bibliothécaire, enseignant payé par la puissance publique et maintenant éditeur privé), je crois que je n’ai jamais vraiment pu trouver une « bonne » solution. Juste un ensemble de bricolages, d’arrangements, de tentatives, d’avancées (ouvertures) et de reculs (paywall si vous tenez au terme). Sauf à considérer tel ou tel domaine (par exemple le logiciel libre, ou les ressources éducatives libres, ou... ) les généralisations risquent d’être contre-productives.

      Mes deux sous qui ne sont pas près d’épuiser la question...

    • A propos de #paywall & #piraterie on avait déjà commencé le débat ici https://seenthis.net/messages/784160 quand je m’offusquais qu’un article sur la communauté du #Libre soit uniquement accessible en payant.
      Et si je relie « qualité » (morale, sociale) et finance (paiement, salaire...) c’est parce que sur mon chemin de #photographe, il m’a toujours été renvoyé que si je n’étais pas payée, ou que si je ne cherchais pas à commercialiser [mon travail / mes créations] c’est donc que je n’étais pas professionnelle, donc pas photographe. Je me suis fait avoir longtemps par cet argument fallacieux (plus fréquemment sorti aux femmes, qui, c’est bien connu, ne sont ni créatrices ni professionnelles, mais ont le plus souvent des loisirs, j’en parle un peu par là https://seenthis.net/messages/737513...) mais désolée, selon moi tout est lié et tout est (choix) politique.
      Ainsi entre les #automedias où tout à chacun-e peut être journaliste (ou pas) en dilettante et ne s’inflige généralement pas d’auto-censure (quoi que, mais c’est un autre sujet) et les #medias_libres type @bastamag ou #Reporterre qui font le choix d’un paiement solidaire, et Le Monde ou autres, il y en a bien plus d’un, monde, et des castes, et des classes. Mais au demeurant, on ne m’ôtera pas de l’idée qu’inféoder le savoir à la capacité individuelle de le payer est une vision politique élitiste tandis qu’inciter à donner l’accès libre à la connaissance et questionner la notion de « vrai #travail » peut, tout au plus passer pour de l’utopie mais ne mérite certainement pas ni déni ni insulte !
      Sur l’accès libre au savoir, je crois qu’il faut aussi renvoyer aux sciences et aux conséquences de la privatisation, et que beaucoup de chemin a été parcouru autour du suicide de #Aaron_Swartz...

    • on ne m’ôtera pas de l’idée qu’inféoder le savoir à la capacité individuelle de le payer est une vision politique élitiste

      Je suppose qu’à peu près tout le monde est d’accord avec ça, reste la question de savoir comment on peut vivre de son activité journalistique (si toutefois on souhaite en vivre). Dans le cadre capitaliste actuel, je crains qu’aucune solution vraiment viable n’existe (par viable, j’entends sans faire payer individuellement pour donner accès aux infos). Je pense au Média qui a choisi un financement par des « socios » en laissant le contenu accessible à tout le monde et dont les finances semblent aller de mal en pis... Médiapart, assez régulièrement, donne accès à tout son contenu pendant 1 jour ou 2, c’est peu mais la démarche est intéressante.
      Reste les solutions de contournement, comme l’évoque Agnès on pouvait se passer le journal avant, eh bien généralement rien n’empêche de se passer les identifiants de nos abonnements aux journaux en ligne (mais j’ai l’impression que ça se fait moins que pour des trucs comme Netflix).

    • Le point n’est pas la contribution des consommateurs à la rémunération de la création, mais bien où passe le putain de fric brassé par le secteur qui n’arrive jamais jusqu’au créateur.

      Tu pourrais faire banquer 200€ l’article (ce qui tout de même limiterait vachement le lectorat) que ce serait quand même en bout de chaine un semi-bénévole qui cravacherait pour produire le contenu.

  • Le Monde : la fracture éditoriale
    Comment le journalisme militant met en péril le contrat de confiance avec les lecteurs

    https://www.france-medias.fr/images/pdf/LeMonde-LaFactureEditoriale.pdf

    Une (violente) attaque de la dérive «  radicale  » du Monde sur une ligne éditoriale anti-macroniste. Étude menée par France-Médias, https://www.france-medias.fr/informations site publié par La station Web https://www.societe.com/societe/la-station-web-454011107.html

    Le travail d’investigation mené pour cette étude a duré environ 10 semaines et cible les périodes du 1er juillet 2018 au 20 février 2019, a consisté à étudier près de 190 Unes du site lemonde.fr, notamment via le site waybackmachine.org, à observer les choix éditoriaux et rédactionnels mis en oeuvre, à (re)lire 220 articles par le moteur de recherche multimédia du site lemonde.fr, à analyser près de 400 photos, à identifier les outils et moyens de communication utilisés pour diffuser l’information, à répertorier et analyser 3.500 commentaires d’abonné(e)s et de lecteurs du Monde.

    Organisée en 6 parties, l’étude consacre les 3 premières à des événements marquants de l’actualité puis les 3 suivantes à une réflexion plus large sur la ligne éditoriale du Monde, aux malaises observés dans le lectorat puis, finalement, aux solutions envisageables pour restaurer une confiance durable. Notons que les pistes de réflexion et solutions proposées, même si elles se destinent au Monde en premier lieu, peuvent être éventuellement valables auprès d’autres médias de presse écrite.

    En outre, nous mentionnerons que malgré nos demandes, ni le directeur du Monde (Monsieur Fenoglio) ni le directeur de la publication (Mr Bronner) n’ont souhaité répondre aux questions, interrogations et constats soulevés par cette étude.

    Notons enfin que celle-ci a été réalisée de manière entièrement bénévole, sans subvention ni publicité et n’est liée à aucune institution, entreprise, parti politique ou groupe de pression. Elle se veut citoyenne dans son orientation et dans ses finalité(s).

    le sommaire

    I. L’affaire Benalla
    II. La crise des gilets jaunes
    III. La Une du magazine « M »
    IV. La ligne éditoriale en question(s) V. Un lectorat déboussolé
    VI. Les solutions envisageables

    • Le traitement [de l’affaire Benalla] du monde.fr en chiffres
      L’analyse des Unes et des surfaces de visibilité (au dessus de la ligne de regard dite « ligne de flottaison »), du site lemonde.fr, a de quoi impressionner. Du 18 juillet 2018 au 30 août 2018, l’affaire occupe 85% des Unes et 88% de l’espace majeur de visibilité.

      A titre de comparaison, cela représente environ 2,5 fois la couverture dédiée aux attentats terroristes de Paris en novembre 2015 (perpétrées notamment au Bataclan) ou encore 2 fois plus que l’affaire DSK, à périmètres équivalents (durée du traitement et intensité de la visibilité). Cette intensité médiatique est également supérieure au total de tous les candidats à la présidentielle de 2017 réunis, sur une période comparable (de 6 semaines).

      Jamais aucun événement géopolitique, politique ou économique n’aura disposé d’une telle surface de visibilité médiatique depuis le lancement du site lemonde.fr en 1996.
      « L’affaire Bennalla a disposé de 2,5 fois plus de visibilité que la couverture dédiée aux attentats de Paris en novembre 2015 »

      Sur les éléments à notre disposition, on peut également affirmer qu’aucun des grands sites d’information en ligne européen (El Pais en Espagne, le Frankfurter allgemeine en Allemagne ou Le Times en Angleterre) n’a jamais consacré une place aussi importante au traitement d’une seule information au cours des 10 dernières années.

      La couverture du Brexit, à titre d’exemple, par le site Internet du Times (thetimes.co.uk), a représenté une visibilité inférieure de 40% à celle de l’affaire Benalla par lemonde.fr (à temps et périmètre équivalents).

    • à propos du traitement des GJ

      Le poids des photos : mouvement d’ampleur et violences policières
      Les photos mises en ligne sur lemonde.fr relèvent bien évidemment de la ligne éditoriale et traduisent, le plus souvent, la volonté du journaliste et ou de la rédaction de mettre l’accent sur un phénomène.

      Sur environ 400 photos étudiées (photos principales d’article et photos insérées à l’intérieur des contenus), 2 orientations dominent : l’impression d’un mouvement d’ampleur d’une part et des violences policières omniprésentes d’autre part.
      […]
      La police (beaucoup) plus blâmée que les manifestants violents
      D’une façon générale, les articles du monde.fr ont relaté à la fois les violences des manifestants mais aussi celles de certains policiers. A plusieurs reprises néanmoins, le choix de la rédaction du Monde a été de plutôt de mettre en avant les dérapages policiers et plus rarement les violences des manifestants.

    • 2 histoires, 2 identités et un mélange explosif
      Pour de nombreux lecteurs, l’objectif d’une partie des articles du Monde n’est pas de les informer de façon neutre et objective mais plutôt de leur présenter une vision orientée et idéologique ; une finalité spécieuse éloignée des règles déontologiques dont se prévaut la direction du journal.

      On doit déjà se rappeler que l’identité des 2 éditions du Monde est fondamentalement différente. Pendant plus de 10 ans, les 2 rédactions (« papier » et numérique) ont cohabité sans se côtoyer, chacune à un étage différent, avec des organisations très différentes.

      La première était constituée des journalistes les plus aguerris, des « signatures » du Monde et des moyens les plus importants (correspondants dans le monde entier, relecteurs...). Elle véhiculait une approche rigoureuse et factuelle de l’information, une vision d’un journalisme ambitieux et fiable.

      La seconde rédaction (numérique) s’est formée à la fin des années 90, presque en opposition avec sa grande sœur. Essentiellement constituée de jeunes journalistes et disposant de moyens limités, il lui fallait exister et se singulariser en explorant des voies qui n’étaient pas celles du journal papier « traditionnel ».
      […]
      Sur les articles étudiés issus de publications sur lemonde.fr, on peut considérer que moins de la moitié des contenus est suffisamment « équilibrée » et neutre. Cela signifie qu’une légère majorité des publications du Monde peut être considérée comme partisane, parti-pris ou orientée sur le plan idéologique.

      Cette réalité pourrait être acceptable dans un journal d’opinion tel que Le Figaro ou Libération mais semble choquante pour un média qui se veut une « référence » en matière de qualité et de neutralité de l’information.

      Le tournant de l’été 2018
      En 2003, dans le livre « La face cachée du Monde : du contre-pouvoir aux abus de pouvoir », la radicalité voire l’autoritarisme d’Edwy Plenel, alors directeur de la rédaction, est décrite et dénoncée par les 2 auteurs, Pierre Péan et Philippe Cohen.

      On retrouve curieusement, ces derniers mois, dans les colonnes du Monde, quelque chose de cette radicalité et des attaques implacables contre les gouvernants dont l’actuel directeur de Médiapart s’est fait l’expert incontesté. Une sorte de fièvre parait s’être emparée d’une partie de la rédaction qui, visiblement dépassée (ou aveuglée) par les enjeux, en a oublié ses règles éthiques et déontologiques les plus rudimentaires.
      […]
      Il semblerait néanmoins qu’elle se heurte à une réalité journalistique nettement moins nuancée. Sur 60 articles publiés dans le Monde qui illustrent des opinions (tribunes, interviews, points de vus...) entre le 15 juillet 2018 et le 16 janvier 2019, 48 peuvent être considérées comme des critiques négatives des actions de l’Etat et ou du gouvernement.

      Cela signifie que 80% des articles d’opinions, publiés par Le Monde sur cette période, renvoient une image négative voire très négative des actions de l’Etat. On peut qualifier les 20% restant de « plutôt neutres » ou « équilibrés ».
      […]
      Rapprochement idéologique avec Mediapart ?
      « L’affaire Benalla » semble avoir révélé, au fil des investigations des 2 médias, une forme nouvelle de rapprochement autour de valeurs communes.

      Il n’est probablement pas anodin que, lors de plusieurs épisodes de l‘affaire, notamment après le licenciement d’Alexandre Benalla par l’Elysée, différentes questions ou polémiques (passeports et déplacements en Afrique, contrat avec un oligarque russe, seconde audition auprès de la commission du Sénat, perquisition refusée au siège de Mediapart), les 2 éditions en ligne (mediapart.fr et lemonde.fr) ont semblé e*n parfaite synchronisation* pour relayer les découvertes de l’un tandis que l’autre valorisait les révélations de l’autre.

      En outre, on retrouve, dans l’orientation et l’écriture journalistique des 2 journaux en ligne, un certain nombre de traits communs : un même goût pour les révélations tonitruantes qui touchent l’Etat et la présidence, un sens certain de la mise en scène de l’information pour mieux en accentuer la portée (titres et photos en très grands formats, alertes en gras et rouges sur les fils d’information..), l’utilisation d’effets de dramatisation (dans le choix des titres en particulier et dans la mise en page) ainsi qu’une propension aux révélations « feuilletonnées » dans le but de tenir le lecteur en haleine...

    • J’ai pensé à toi @reka :)
      Et à y réfléchir, aucune étude ne pourra absoudre par le chiffre une ligne éditoriale qui est le plus souvent dans le déni et la censure. Certes cette étude donne la preuve d’un dysfonctionnement, le titre de sa présentation fait peur, vraiment, accuser le journalisme militant infiltré au monde de mettre en péril la crédibilité de la presse écrite est assez osé.
      Pour appuyer ma réflexion, une étude pourrait aussi accuser le logiciel libre de mettre en péril Apple ou Microsoft parce qu’ils intègrent l’un et l’autre du code libre.

    • Je ne connais pas le parcours politique et les motivations de Denis Morineau* qui signe cet article, non plus que la ligne de france-medias.
      Mais quand je lis les solutions proposées, comité d’éthique et de surveillance de la presse écrite, intervention du ministère de la culture, proposition de contribution de psychanalystes ou le simple fait d’évoquer la sauvegarde de l’identité et l’âme d’un journal (c’est quoi ?), cela m’inquiète pour la #liberté_de_la_presse, pas vous ?

      Il en va de la restauration d’un climat de confiance entre la rédaction et les lecteurs, largement mis à mal depuis une année. Il en va également de la nécessité pour Le Monde de continuer à être considéré, en France comme à l’étranger, comme un média suffisamment indépendant et qualitatif pour témoigner des mouvements de la société sans y perdre son identité et son âme. Nous avons compilé les principales mesures, dont certaines sont dores et déjà à l’étude au Ministère de la Culture, qui peuvent contribuer à cette évolution positive...

      Il convient, pour contribuer à rétablir cette confiance perdue, de mettre en place un comité d’éthique et de surveillance de la presse écrite. Cette instance doit pouvoir regrouper les directeurs de journaux, des directeurs de rédaction mais également des journalistes et bien évidemment, et en nombre significatif, des lecteurs et lectrices. En outre, des intellectuels, des sociologues, des sémiologiques voire des psychanalystes doivent également pouvoir apporter leurs contributions et leurs regards croisés et complémentaires (au delà des convictions politiques et ou idéologiques).

      * https://www.france-medias.fr/informations/#tab-1
      Dans la présentation de l’équipe (un seul et ex journaliste qui vient de la presse régionale groupe « Le Messager ») on trouve Denis Morineau

      Denis Morineau | Directeur de la publication et auteur
      Parcours & profil

      Diplômé de Neoma Business school de Rouen et d’HEC Montréal, Denis travaille très tôt dans l’univers du web (dès 1999) autour de projets européens basés à Paris. Il se lance ensuite dans l’édition web en créant des projets et concepts numériques. A l’origine de « Sortir en ville » (réseau social de sorties) ou encore de « Psychologie.fr ». Il déploie aussi son expression créative dans l’univers de l’architecture et du design en réalisant des espaces contemporains.
      Ses univers de prédilection

      Société et politique, géo-politique, médias, Histoire, sciences humaines (sociologie et psychanalyse), économie et Culture (théâtre et cinéma en particulier).
      Pourquoi France médias ?

      "Je souhaite que France médias permette au plus grand nombre de mieux comprendre et utiliser les médias. J’aimerais également que le site devienne une référence qualitative en termes de critique, d’évaluation et de décodage des médias."

  • Khrys’presso du lundi 8 octobre
    https://framablog.org/2018/10/08/khryspresso-du-lundi-08-octobre

    Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière. Brave New World Les Occidentaux se coordonnent pour accuser la Russie de cyberattaques (lemonde.fr) La Chine espionnerait les entreprises … Lire la suite­­

    #Claviers_invités #Internet_et_société #Libr'en_Vrac #Libre_Veille #DRM #espionnage #Facebook #GAFAM #Internet #Revue_de_web #Surveillance #veille #webrevue
    https://media.radio-libertaire.org/backup/2018-40/vendredi/RL_2018-10-05_21-00.mp3

  • Khrys’presso du lundi 10 septembre
    https://framablog.org/2018/09/10/khryspresso-du-lundi-10-septembre

    Brave New World – Le Bénin : dernière nation africaine en date à avoir décidé de taxer #Internet (qz.com – en anglais) Yahoo ! persiste à vouloir analyser les courriels de ses utilisateurs à des fins publicitaires (lemonde.fr) Twitter a finalement banni … Lire la suite­­

    #Claviers_invités #Internet_et_société #Libr'en_Vrac #Libre_Veille #DRM #espionnage #Facebook #GAFAM #Revue_de_web #Surveillance #veille #webrevue

  • Khrys’presso du lundi 27 août
    https://framablog.org/2018/08/27/khryspresso-du-lundi-27-aout

    Brave New World En Chine, les musulmans premières victimes de la #Surveillance de masse (usbeketrica.com) Activiste ou utilisateur « lambda » : de plus en plus d’internautes finissent en prison en Russie (lemonde.fr) La base de données biométriques indienne est en train de … Lire la suite­­

    #Claviers_invités #Internet_et_société #Libr'en_Vrac #Libre_Veille #DRM #espionnage #Facebook #GAFAM #Internet #Revue_de_web #veille #webrevue

  • « Je ne veux pas m’inquiéter toute ma vie pour une autre personne » : elles ont décidé de ne pas avoir d’enfants et l’assument
    Gaëlle Dupont, Le Monde, le 24 février 2018
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/02/24/elles-ont-decide-de-ne-pas-avoir-d-enfant-et-l-assument_5261898_3224.html

    Non, elles ne sont pas malheureuses ; non, elles ne changeront pas d’avis ; non, elles n’ont pas peur de se retrouver seules quand elles seront vieilles. Mais oui, elles aimeraient que la société change de regard sur elles, les femmes qui ont choisi de ne pas avoir d’enfants. « Je ne suis pas un monstre », lance Cyrielle, 30 ans, une jeune femme sans enfants qui entend bien le rester, en réponse à un appel à témoignages lancé sur Lemonde.fr. Le dernier bilan démographique de l’Insee l’a montré : si la natalité reste élevée en France par rapport aux autres pays européens, les Françaises, en particulier celles âgées de 25 à 34 ans, font de moins en moins d’enfants (1) . L’indicateur de fécondité s’établit à 1,88 enfant par femme (contre 2 en 2012).

    Quelle est la part, dans cette évolution, de celles et ceux qui ont choisi de ne pas engendrer ? « On ne peut pas leur attribuer cette baisse, analyse la sociologue Anne Gotman. Mais ils y participent. » La part des personnes définitivement sans enfants augmente depuis les années 1970. Selon les derniers chiffres publiés par l’Institut national d’études démographiques, aujourd’hui en France 6,3 % des hommes et 4,3 % des femmes de 15 à 49 ans déclarent ne pas avoir d’enfants et ne pas en vouloir.

    « Depuis toujours, je sens au fond de moi que la maternité, ce n’est pas pour moi, et de plus en plus de personnes de ma génération remettent en cause l’ordre naturel des choses », confirme Virginie, 28 ans. Les réseaux sociaux, les forums et groupes Facebook rendent visible le phénomène et permettent d’échanger. « Grâce à eux, je me sens moins isolée », témoigne Cécile, 22 ans. Certains flairent même le filon commercial : des voyagistes proposent désormais des hôtels et restaurants sans enfants – une offre qui reste très rare en France.

    Signe d’une libération de la parole, de très nombreuses femmes de tous âges ont répondu à l’appel lancé sur Lemonde.fr. Elles sont issues de milieux sociaux divers et, contrairement aux idées reçues, la plupart sont ou ont été en couple. Elles ont un point commun : la colère. Parce que leur choix suscite au mieux l’incrédulité, au pire la réprobation. « C’est universel, poursuit Cécile. Les gens me demandent pourquoi, me disent : “Tu changeras d’avis quand tu rencontreras la bonne personne.” C’est très infantilisant. »

    Les questions sur leurs motivations les agacent. « Quelqu’un qui veut des enfants n’a pas à s’expliquer, contrairement à quelqu’un qui n’en veut pas », relève Matilda, 22 ans. « Je n’ai jamais eu le désir d’enfant, tout simplement, résume Audrey, 37 ans. Pas besoin de chercher telle ou telle cause. » La crainte des « douleurs de l’accouchement », des « signes indélébiles » de la grossesse est parfois évoquée. Certaines affirment sans détour ne pas aimer les enfants, ces êtres bruyants autour desquels le monde des autres adultes semble tourner. « Je ne les supporte pas s’ils sont un tant soit peu turbulents », lance Charlotte, 28 ans. « Je n’ai jamais été attirée par les bébés, affirme Carla, 31 ans. Ils me font peur, je ne les trouve pas mignons. »

    Mais ce sentiment n’est pas forcément partagé. Aurélie, 35 ans, se dit « complètement gaga de [s]es neveux et nièces ». « Avec mon conjoint, nous sommes instituteurs, nous avons une très bonne relation avec les enfants », témoigne également Anne, 60 ans. Nombreuses sont celles qui apprécient les enfants... des autres. Car un point fait l’unanimité : un enfant, c’est une « charge », un « poids », un « fil à la patte », bref, un gêneur. « Je ne supporterais pas qu’une tierce personne vienne désaxer mon couple », témoigne Julie, 29 ans. « Je ne veux pas m’inquiéter toute ma vie pour une autre personne », affirme de son côté Alexandra, 32 ans. Pour elles, faire un enfant est une décision irréversible dans un monde angoissant.

    Séverine, 31 ans, au chômage, redoute l’instabilité qui l’entoure. « Le CDI est en voie de disparition, relate-t-elle. Plus rien n’est sûr. Si j’ai un enfant, comment savoir qu’il ne manquera de rien ? Je peux perdre mon emploi, mon mari peut me quitter. Je le vois autour de moi. Moi, ça m’angoisse, je n’ai pas le cran. » Beaucoup de « sans enfants » voient encore plus loin, s’inquiètent de la violence du monde, et surtout de la dégradation de l’environnement, qu’elles associent à la surpopulation. On leur reproche leur égoïsme ? Elles retournent l’argument. « C’est l’envie d’enfants qui me paraît égoïste et irraisonnée : dans un monde pareil, sérieusement ? », s’étrangle Déborah, 29 ans. « Je m’inquiète beaucoup plus pour les générations futures que ceux qui font des enfants sans réfléchir », renchérit Sabine, 65 ans.

    Au contraire, être sans enfants présente de nombreux avantages : avoir du temps pour soi, pour les autres, pour sa carrière... « Nous avons beaucoup de projets professionnels et personnels, pratiquons de nombreux loisirs, voyageons beaucoup, aimons inviter nos amis pour des soirées arrosées à refaire le monde, allons au spectacle, aimons lire... bref vivre », écrit une femme de 35 ans. « J’ai préféré passer mes nuits à discuter, écrire, lire ou danser, plutôt qu’à changer des couches », renchérit Michèle, 67 ans. Ne pas avoir d’enfants, c’est aussi faire durer sa jeunesse. « Nous menons une vie d’adolescents à la retraite », résume Anne.

    Pour plusieurs de ces femmes, leur propre mère est un contre-modèle. « La femme qui court toute la journée, qui travaille avec trois enfants, aux petits soins pour tout le monde, première partie, dernière rentrée, poursuit Anne. Je ne pouvais pas vivre ça, l’idée m’était insupportable. » Beaucoup rejettent la « charge mentale » qui pèse sur les femmes, et à travers elle la norme qui veut qu’en France il faut travailler et avoir des enfants (si possible deux). De nombreuses femmes ralentissent leur carrière, voire s’arrêtent de travailler pour élever leurs enfants. Les « childfree » (« libres d’enfants », le néologisme vient des Etats-Unis) choisissent un autre chemin pour vivre comme elles l’entendent.

    Un choix renforcé par ce qu’elles perçoivent de la vie des parents. « Je ne vois pas d’avantage à avoir des enfants, relève Edith, 27 ans. En revanche, une journée passée à entendre mes collègues me suffit à dresser une longue liste d’inconvénients (nuits blanches, contraintes horaires, dépenses, angoisses). »

    Les propos des femmes « childfree » prennent souvent des accents féministes. Car la pression sociale pèse particulièrement sur elles. « Mes frères ne veulent pas d’enfants, ça passe, témoigne Virginie. Moi, ça ne passe pas du tout. » « Dans l’esprit de la plupart des gens, une femme doit avoir des enfants, résume Séverine. Elle ne peut pas être heureuse autrement. » Celles qui dérogent à cette norme ont le sentiment de passer pour « une demi-femme », « une femme sans cœur ». D’autres évoquent un « défaut inavouable », une « hérésie », un « tabou ». Elles doivent faire face en particulier à l’incompréhension de leurs parents. Même au travail, la disponibilité des « childfree » est bienvenue, mais leurs absences et leur fatigue moins bien tolérées, car non justifiées par la présence d’enfants.

    Alors certaines, comme Corinne, 54 ans, revendiquent haut et fort de ne pas être « un utérus sur pattes ». D’autres manient l’humour, d’autres encore prétendent qu’elles sont stériles. Alors, on les plaint. Le regard du corps médical est jugé particulièrement infantilisant. Beaucoup de jeunes femmes ont fait des démarches en vue d’une stérilisation, sans succès. « J’aimerais juste qu’on me laisse tranquille avec ça et qu’on arrête de se mêler des affaires de mon corps », lâche Laureline, 37 ans. Selon les « sans enfants », leurs contradicteurs essaient surtout de se rassurer sur leurs propres choix. « Les gens ont peur de ce qui sort de la norme », tranche Carla.

    (1) Baisse de la natalité : il faut redonner du sens à la politique familiale
    Editorial, Le Monde, le 16 janvier 2018
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/01/16/redonner-du-sens-a-la-politique-familiale_5242418_3232.html

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    «  Le mouvement “childfree” contient l’idée d’un vrai choix  »
    Gaëlle Dupont, Le Monde, le 24 février 2018
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/02/24/le-mouvement-childfree-contient-l-idee-d-un-vrai-choix_5261967_3224.html

    #Anne_Gotman est sociologue, directrice de recherche émérite au CNRS-Centre de recherche sur les liens sociaux. Elle a publié Pas d’enfant, la volonté de ne pas engendrer, en 2017 (Editions de la Fondation Maison des sciences de l’homme).

    Sur les réseaux sociaux, de plus en plus de personnes se revendiquent « childfree », ce phénomène est-il nouveau ?

    La volonté de ne pas engendrer a toujours existé dans l’histoire, mais au niveau individuel. Ce qui est nouveau, c’est la naissance d’un mouvement collectif de personnes qui s’identifient comme « childfree », c’est-à-dire « libre d’enfants ». Elles étaient auparavant appelées « childless », sans enfants, un terme qui avait une dimension jugée trop négative. « Childfree » contient l’idée d’un choix. Il correspond à une prise de conscience. Ce mouvement identifiable aujourd’hui sur les réseaux sociaux est né à la fin du XX e siècle dans des associations américaines. Aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, certains militent même pour disposer de « childfree zones » (zones sans enfants), être déchargés de tous les impôts liés à la scolarisation des enfants... Cela témoigne d’une forme de fragmentation de ces sociétés.

    Sont-elles de plus en plus nombreuses ?

    Les personnes sans enfants ont été plus nombreuses dans le passé. En France, au tournant du XX e siècle, près de 25 % des femmes n’avaient pas d’enfants. Le taux d’infécondité a connu un minimum dans les années 1940. Parmi les femmes nées à cette époque, seule une sur dix n’a pas eu d’enfants. Il remonte depuis les années 1970 dans de nombreux pays de l’OCDE. Aujourd’hui, l’infécondité définitive atteint en France 21 % des hommes nés entre 1961 et 1965, et 13,5 % des femmes nées à la même époque.

    Ces personnes n’ont pas toutes choisi de ne pas avoir d’enfants...

    Non, on estime à 3 % la part due à l’infertilité médicale. Les autres se divisent en deux catégories : les early articulators, qui savent très jeunes qu’ils n’auront pas d’enfants, des femmes le plus souvent, et les postponers, ceux qui remettent à plus tard : ils ont envie à un moment de leur vie mais n’ont pas l’occasion, puis ont de moins en moins envie.

    Quel regard est porté sur ces personnes en France ?

    Il est passé d’une condamnation virulente à une vision interrogatrice, voire réprobatrice, mais plus embarrassée qu’accusatrice. Si une personne dit qu’elle n’a pas d’enfants, la conversation s’arrête, le plus souvent l’interlocuteur n’ose pas demander pourquoi, c’est quelque chose de gênant. Les personnes sans enfants en France le vivent très mal et réagissent de façon virulente. C’est une nouveauté. Elles ne veulent plus rester dans la marge et veulent elles aussi faire partie de la norme. En Allemagne, par exemple, où 25 % des femmes nées en 1968 sont sans enfants, les choses sont différentes. Il y a là-bas une véritable culture des familles sans enfants.

    Ce regard a-t-il changé au cours de l’histoire ?

    Il était infiniment plus négatif par le passé. Dans l’Antiquité, le « célibat », qui était alors la condition pour ne pas avoir d’enfants, était très violemment condamné. Les philosophes des Lumières, les révolutionnaires ont été féroces à l’égard des célibataires, considérées comme « homicides d’eux-mêmes et de leur postérité ». C’était aussi une attaque contre l’Eglise. Car celle-ci est ambivalente. Elle prescrit le mariage pour les êtres imparfaits et interdit toute relation sexuelle sans procréation, mais exige le célibat, donc l’absence d’engendrement, pour les prêtres.

    Qui sont les « childfree » ?

    Selon une idée reçue, il s’agirait de personnes très diplômées appartenant à des catégories socioprofessionnelles élevées. C’est en partie vrai. En Grande-Bretagne, 50 % des femmes qui œuvrent à des postes à responsabilité n’ont pas d’enfants. La première ministre, Theresa May, comme d’autres hauts responsables européens (Angela Merkel, Emmanuel Macron, Jean-Claude Juncker), en est un exemple. Mais en valeur absolue, les « childfree » demeurent beaucoup plus nombreux dans les classes moyennes et inférieures. Il s’agit aussi d’un phénomène populaire.

    Quelles sont leurs raisons ?

    Un mélange de causes intimes et sociétales. Au niveau personnel, le fait de ne pas vouloir d’enfants a, selon moi, plus à voir avec le passé qu’avec le futur. Cela ne veut pas dire que ces personnes ont forcément eu une enfance malheureuse, mais elles veulent se situer à part dans la généalogie familiale. Il y a dans le refus de transmettre un refus de recevoir (ne rien devoir à autrui) et un refus de la dépendance. Simultanément, il y a une peur d’y laisser une partie de soi. Parmi les « childfree », l’enfant est vu comme menaçant, voire dévorant.

    La volonté de ne pas donner naissance dans un monde menacé par l’effondrement écologique est souvent citée...

    C’est une raison qui vient couronner le choix mais qui n’est pas motrice. De nombreuses évolutions sociétales peuvent expliquer le phénomène. L’évolution des couples, par exemple, et leur instabilité. Dans le même temps, vous avez des personnes qui veulent vivre une relation « pure », sans risquer de l’abîmer avec l’arrivée d’une tierce personne. L’évolution du marché du travail, qui offre des opportunités quasiment équivalentes aux hommes et aux femmes, joue également un rôle. Cela pose des questions sur la compatibilité entre travail domestique et carrière. La place de l’enfant, enfin, a changé. L’accès à la contraception fait que, quand il arrive, l’enfant a été désiré. Pour les parents, il doit naître et grandir dans de bonnes conditions, ce qui représente des coûts croissants d’éducation et de consommation. Un coût humain aussi, car s’occuper d’enfants n’est aujourd’hui pas forcément vu comme une activité épanouissante.

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    #Baleines noires : aucun #baleineau observé jusqu’ici cette saison
    Radio Canada, le 26 février 2018
    http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1085894/baleines-noires-atlantique-nord-naissances-baleineaux-petits-filets

    #childfree #no_kids #nullipare

  • Ehpad : le système de soins en accusation / Les maisons de retraite, " machines à broyer " Le Monde (mel transmis)

    Sept syndicats appellent à la grève mardi 30 janvier dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (#Ehpad)

    Ce mouvement de protestation est soutenu par l’association des directeurs d’établissement, qui réclament eux aussi davantage de moyens

    Aides-soignants, infirmiers, cadres de santé : les personnels déplorent une dégradation de leurs conditions de travail dans le privé et dans le public

    " Je ne souhaite à personne d’être brusqué comme on brusque les résidents ", témoigne une ex-salariée d’une maison de retraite de l’Ardèche

    " Nous devons effectuer douze à quinze toilettes par matinée ", raconte une aide-soignante, dénonçant des cadences intenables

    Les maisons de retraite, " machines à broyer "

    Confrontés à des conditions de travail éprouvantes, les salariés des Ehpad sont appelés à la grève, mardi

    LES CHIFFRES
    728 000
    C’était le nombre de résidents accueillis dans des -établis-sements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) fin 2016.

    85 ans
    La moyenne d’âge à l’entrée en établissement.

    6 pour 10
    C’est le taux moyen d’encadrement. Les directeurs d’Ehpad en réclament 8 pour 10, les syndicats de salariés 10 pour 10. Les mieux dotés sont les établissements -publics rattachés à un hôpital.

    Les chambres étaient neuves, les murs peints de couleurs vives. On avait mis des tablettes numériques et même un aquarium dans le " lieu de vie " de cette maison de retraite de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Stéphanie Crouzet, aide-soignante de 40 ans, espérait avoir trouvé enfin " un lieu où on me laisserait le temps de faire convenablement mon travail ". Un mois plus tard, les poissons étaient morts. On les avait laissés au fond du bocal, faute d’entretien.Un soir, au moment du coucher, une résidente avait confié avoir vécu " un grand luxe, parce qu’elle avait eu le droit à une douche ". C’était sa sixième en six mois.

    " L’ascenseur parlait plus souvent aux résidents que le personnel de soin ", résume l’aide-soignante,qui a préféré arrêter les remplacements dans cet établissement privé, où la chambre coûte au moins 3 000 euros par mois à un résident. Une situation extrême, de l’aveu de Stéphanie Crouzet, mais qui reflète la malaise grandissant du personnel soignant des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).

    Aide-soignants, infirmiers, cadres de santé : ils sont nombreux à déplorer la dégradation de leurs conditions de travail en maison de retraite, dans le privé comme dans le public. A partager ce sentiment que " tout est fait pour inciter à la maltraitance ", constate Stéphanie Crouzet, du haut de ses onze ans d’expérience.

    " Tête, mains, cul "
    Mardi 30 janvier, tous sont appelés à une grève nationale intersyndicale inédite pour dénoncer " l’insuffisance des effectifs et des moyens ", dans ce secteur où les taux d’accidents du travail et d’absentéisme sont trois fois supérieurs à la moyenne.Un appel à la mobilisation maintenu malgré l’annonce par la ministre de la santé, Agnès Buzyn, du déblocage de 50 millions d’euros, en plus des 100 millions d’euros déjà accordés fin décembre. Un " pansement pour une jambe de bois ", selon les syndicats.

    Dans un appel à témoignages publié sur LeMonde.fr, nombre d’entre eux, particulièrement éreintés et en colère, nous ont fait remonter leurs conditions de travail, comme ils le font depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux sous le hashtag #BalanceTonEhpad. Certains ont préféré l’anonymat, d’autres ont choisi de publier leur nom, pour ne plus cacher leur malaise.

    Car travailler dans un Ehpad, c’est pratiquer une gymnastique comptable de tous les instants. Jessica Colson, 34 ans, a fait et refait ses calculs. Soixante-trois résidents dans son établissement privé de Moselle. Quatre aides-soignantes le matin, deux l’après-midi. Ce qui laisse quatre minutes par patient pour lever, faire sa toilette matinale, changer et habiller ; trois minutes et vingt secondes pour déshabiller, changer, soigner, et coucher.

    Pour tenir le rythme, " on expédie en priant pour qu’il y ait le moins d’imprévus, de demandes des patients qu’on devra faire semblant de ne pas entendre ", dit Olga C., 36 ans, qui travaille dans un établissement en Bretagne. Pour la toilette, c’est la " méthode #TMC ", pour " tête, mains, cul ". Une situation qui ne fait qu’empirer avec le départ de deux de ses collègues, embauchées en contrats aidés. Depuis, Olga C. dit attendre le jour où " on mettra tous les résidents sous la même douche avec un jet pour aller plus vite ".

    Sans cesse, on tire, on saisit sans précautions, parce qu’on n’a pas le temps. Les bleus apparaissent parfois sur les bras de ces résidents à la peau qui marque si facilement. " On dit qu’ils sont tombés ", raconte Olga C.

    A table, le rythme n’est pas moins intense. Justine L., 29 ans, dont dix ans comme aide-soignante, raconte ces repas avec " quinze personnes à faire manger en une heure – ça fait quatre minutes par tête ". Alors parfois, certaines abdiquent. C’est une assiette où l’entrée, le plat chaud et le fromage sont mélangés pour réduire la durée des repas. Une " bouillie qu’on ne servirait pas à un chien ", regrette Justine L., qui désespère de " voir certains résidents se laisser mourir de faim ". " A un moment, la société s’est dit : “Ce n’est plus l’humain qui est important” ", analyse l’aide-soignante, dont la mère faisait le même métier, " mais pas dans les mêmes conditions ".

    Les traitements médicaux n’échappent pas à cette course effrénée. " Je bâcle et agis comme un robot ", raconte Mathilde Basset, infirmière de 25 ans, seule en poste pour 99 résidents répartis sur les trois étages de son Ehpad de l’Ardèche, sis au sein même de l’hôpital. " Je ne souhaite à personne d’être brusqué comme on brusque les résidents ", dit celle qui a préféré quitter fin 2017 cette " usine d’abattage qui broie l’humanité des vies qu’elle abrite, en pyjama ou en blouse blanche ", comme elle l’a expliqué dans un post Facebook partagé plus de 20 000 fois.

    Bien sûr, la situation n’est pas aussi dégradée dans tous les Ehpad de France. Nombre de soignants rappellent combien " les choix de la direction peuvent limiter la casse " ou que " des manageurs parviennent à rendre l’environnement de travail respirable ". Tous pourtant déplorent un rythme de travail devenu infernal au fil des ans.

    Car la pression n’est pas seulement sur les cadences. Chaque dépense est scrutée. Pascal N. a travaillé pendant trois ans comme cadre de santé dans un établissement public du Vaucluse. " Il fallait toujours faire avec, ou plutôt sans ", résume-t-il. Economies sur les pansements, sur les séances de kiné, les activités.

    Dans certains établissements, une règle tacite est imposée : trois " protections " par jour par résident, pas plus – souvent, les stocks sont mis sous clé. Les culottes que les résidents peuvent baisser eux-mêmes sont dix centimes plus chères ? " Qu’ils fassent dans leur couche, on viendra les changer ", donne-t-on pour consigne à Pascal N. Tant pis si cela les rend incontinents, et plus dépendants encore d’une équipe en sous-effectif chronique. " Le fric, c’était la seule logique ", dit celui qui est reparti travailler en psychiatrie, " où il n’y a pas de pression de rendement ".

    " Burn-out "
    Quelle place dans ce contre-la-montre quotidien pour les discussions, les suivis personnalisés ? Stéphanie Crouzet continue de se battre pour grapiller ces instants. Comme avec cette résidente atteinte de Parkinson qu’elle a tenté de faire marcher quelques minutes chaque jour. Jusqu’à ce que sa direction lui rétorque que " cette dame est entrée sous conditions que son état ne s’améliore pas ". " Il ne fallait pas qu’elle repose le pied par terre ", raconte l’aide-soignante. Sa collègue, elle, reçoit pour consigne d’arrêter de sourire : " Vous respirez le bonheur, ça vous rend pas crédible auprès des résidents. "

    " C’est à celle qui s’en fout le plus, et quand on s’en fout pas, on devient fou ", résume Mélanie L., aide-soignante dans le Nord de la France. Elle s’attriste de voir des personnels arrivés là seulement parce que ça embauchait, sans " vocation ni envie de prendre soin ". Les difficultés de recrutement sont immenses pour les directions : même les écoles d’aide-soignants ne font plus le plein.

    A l’inverse, Mélanie L. dit avoir toujours eu " le goût des vieux ". De leurs cheveux fins et de leurs rides qui font " comme des cartes d’un pays étranger ". Toucher leur peau, la laver, en prendre soin, " c’est un peu comme si je partais en voyage ", dit-elle souvent à ses proches. Depuis deux mois pourtant, cette femme de 46 ans, dont vingt-six dans des maisons de retraite, a pris de la distance. " Burn-out ", a répondu son médecin, quand elle lui a raconté ses insomnies, ses tendinites à répétition, ses douleurs de dos, sa " boule de nerfs au ventre ", ses infections urinaires sans fin. " Le corps qui sort le drapeau blanc ", dit-elle pudiquement pour résumer une bataille qui durait pourtant depuis plusieurs années déjà.

    Pour Jessica Colson, la " machine à broyer " est en place. L’aide-soignante dit avoir " souvent envie de tout lâcher ". Quand elle en parle, elle ne dit plus " si je craque ", mais " quand je craquerai ".

    Charlotte Chabas

    Personnels et directeurs unis pour une mobilisation inédite

    L’octroi, jeudi 25 janvier, d’une nouvelle enveloppe de 50 millions d’euros par le gouvernement n’a pas convaincu

    C’est une première. Mardi 30 janvier, les personnels des maisons de retraite sont appelés à la grève par sept syndicats (CGT, CFDT, FO, UNSA, CFTC, CFE-CGC et SUD) avec le soutien de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA). Des débrayages dans les établissements et des rassemblements sont prévus dans toute la France, dont un devant le ministère de la santé, à Paris. Il n’est pas prévu que les représentants syndicaux y soient reçus.

    " Il est inadmissible de ne pas prendre en compte la souffrance au quotidien que subissent professionnel, et par là même personnes âgées et familles ", commentent les organisations syndicales dans un communiqué publié dimanche 28 janvier.

    Voici plusieurs mois qu’elles sonnent l’alarme sur la détérioration des conditions de travail dans les Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), et par conséquent la dégradation de l’accompagnement des résidents. Ces derniers arrivent en établissement de plus en plus âgés, atteints de handicaps physiques et de troubles psychiques de plus en plus importants. Le personnel n’est pas assez nombreux ni assez préparé.

    " Nous devons effectuer douze à quinze toilettes par matinée, a témoigné Sandrine Ossart, aide-soignante dans un Ehpad de Nantes et militante CGT, le premier syndicat du secteur, jeudi, lors d’une conférence de presse. Pour le lever, l’habillage et la mise au fauteuil, nous avons dix minutes. A l’école, il nous en fallait quarante. On sert les aliments mixés parce que ça va plus vite. Les résidents ne sortent plus. Ils font leurs besoins dans leurs protections parce qu’on n’a pas le temps de les accompagner aux toilettes. "

    " On arrive au bout "
    " Cela fait des années que cette mobilisation sociale couve. Le système ne tient plus que sur les bonnes volontés des salariés, on arrive au bout, commente Claude Jarry, de la Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées. Je me réjouis que les salariés lancent ces revendications et j’espère que les familles vont aussi faire les mêmes demandes. "

    La première réclamation du mouvement est l’augmentation du taux d’encadrement en Ehpad. Variable selon les établissements, il est aujourd’hui en moyenne de 6 soignants pour 10 résidents. Les syndicats réclament le " un pour un " (ou 10 soignants pour 10 résidents). Aujourd’hui, un tiers des établissements n’ont pas de médecin coordinateur. " C’est tout simplement illégal ! ", relève Jean-Paul Zerbib, au nom de la CFE-CGC.

    La réforme du financement des établissements, votée sous le précédent quinquennat et mise en œuvre par le gouvernement, est en outre dans le viseur. " Cela consiste à prendre aux moins pauvres, qui ont un ratio d’encadrement de 7 pour 10, pour donner aux plus pauvres, qui sont à 5,5 ", s’insurge Pascal Champvert, président de l’AD-PA. Les syndicats demandent également un renforcement de l’attractivité des métiers du secteur, qui peine à recruter.

    La ministre de la santé, #Agnès_Buzyn, tente depuis plusieurs jours d’éteindre l’incendie. Elle s’est élevée, vendredi, lors d’une visite dans un établissement relativement bien doté de Chevreuse (Yvelines), contre un " “Ehpad bashing” qui pointe des dysfonctionnements ". " Je ne veux pas les nier, mais ce ne sont pas des généralités ", a-t-elle affirmé, annonçant le lancement d’une enquête de satisfaction en Ehpad, comme il en existe à l’hôpital.

    Mme Buzyn s’est en outre engagée à ce que la réforme de la tarification n’aboutisse à " aucune réduction de postes ". Un médiateur sera nommé afin de suivre sa mise œuvre. La ministre a rappelé que les moyens alloués aux Ehpad ont été augmentés de 100 millions d’euros dans le budget 2018 de la Sécurité sociale, dont 72 millions d’euros pour créer des postes de soignants, et 28 millions pour les établissements en difficulté. Une enveloppe supplémentaire de 50 millions d’euros a été annoncée pour ces derniers, jeudi. En vain, l’appel à la mobilisation a été maintenu.

    Ces mesures sont qualifiées par les syndicats de " broutilles " et de " provocation " au regard des besoins. " Il ne s’agit pas d’un problème qui concerne seulement quelques établissements en difficulté, mais du sort que veut réserver la nation à ses aînés ", affirme Jean-Claude Stutz, secrétaire national adjoint de l’UNSA Santé-sociaux. Une réforme globale du financement du secteur, réclamée par les syndicats, a été annoncée par plusieurs gouvernements, mais n’a jamais été réalisée.

    Ch. C. et Gaëlle Dupont

    #santé #retraités #cadences #Burn-out #aides_soignantes #infirmières #vieux #broutilles #gouvernement

  • L’unanimisme feutré de l’#Académie_Française se fracture contre l’#écriture_inclusive
    https://www.franceculture.fr/societe/lecriture-inclusive-divise-les-immortels-a-lacademie-francaise

    Dès la mi-novembre, soit quinze jours plus tard, dans une interview accordée à Libération, Dominique Bona enjoignait pourtant l’Académie Française à « rouvrir le débat sur la place du #féminin dans la #langue_française ». Un débat plus houleux fracturerait donc l’unanimisme derrière les portes opaques du quai Conti ? Un article publié sur lemonde.fr ce mercredi 13 décembre 2017, confirme les dissensions qui émergent dans le cénacle feutré sur l’écriture inclusive :

    Derrière la bannière de leur secrétaire perpétuel, Hélène Carrère d’Encausse – qui refuse de féminiser son titre (et d’en parler avec Le Monde) –, les sages du quai de Conti ne sont pas unanimes sur tous les aspects d’une hypothétique réforme. Certains profitent aussi de l’occasion pour faire souffler un petit vent de contestation sur le fonctionnement de l’Académie.

    Des séances hebdomadaires ont ainsi démarré depuis ce mois de décembre pour réfléchir à la question. Si le point median est unanimement rejeté, en revanche, d’autres sujets - tels que la #féminisation des noms de métiers ou encore l’#accord_de_proximité - divisent ouvertement les Immortels.

  • Stop ! (Ralentissons Internet)
    http://www.precisement.org/blog/Stop-Ralentissons-Internet.html

    Le 5 mai 2017, LeMonde.fr publiait une tribune de Corentin Lamy, Eloge de la lenteur sur le Web : « En vingt ans, l’accès à Internet est devenu meilleur marché, plus rapide et indissociable de notre quotidien. Jusqu’à devenir obsédant. Tout y est accessible, rapide, urgent. Et parce que tout est urgent, tout est devenu futile. Le philosophe italien Maurizio Ferraris, auteur de Mobilisation totale (PUF, 2016), compare l’état de mobilisation permanente induit par Internet à (...)

  • Réactions, mode d’emploi (LeMonde.fr)
    http://lemonde.fr/m-perso/article/2017/03/03/les-commentateurs-du-web-a-confesse_5088871_4497916.html

    La règle

    – Trois réactions pas plus

    Le Monde autorise trois réactions de 500 signes par compte d’abonné derrière chaque article. Cette limitation a été choisie notamment pour bien distinguer les réactions d’une agora philosophique ou d’un bistrot des sports. C’est un espace pour réagir à un article, non pour ouvrir un interminable débat sur un sujet.

    – Pas de propos injurieux

    La charte du Monde interdit les propos injurieux et les réactions sont donc relues par une équipe spécialisée. « Les modérateurs suppriment les messages qu’ils jugent hors sujet, diffamants, insultants, ou s’attaquant de manière violente et injustifiée au travail de notre rédaction ou à d’autres membres », précise la charte. Sur les 657 693 commentaires traités en 2016 sur lemonde.fr, 85 112 (12,9 %) ont été rejetés. Sur la page Facebook principale du Monde, 3 165 386 messages ont été gérés et 592 190 (18,7 %) refusés.

    La pratique

    – Le morcellement

    Certains habitués font de la stratégie. Ils attendent le moment où la discussion est la plus active pour intervenir. Les écureuils gardent toujours une réaction en réserve, pour être certain d’avoir le dernier mot… D’autres, frustrés des 500 signes impartis, morcellent leur réponse dans deux ou trois messages à suivre.

    Il y a une faille dans le système : un bug informatique difficile à régler permet aux contributeurs inscrits avant 2012 de réagir aux réactions des autres, et ce de manière quasi infinie. De nombreux habitués usent et abusent de ce biais du système, créant ainsi des conversations parallèles à l’intérieur d’une réaction dite « racine ». S’ensuivent parfois des échanges à deux interminables et fastidieux entre vieux de la vieille. Ils encombrent l’espace et finissent par agacer les autres, frustrés de n’avoir que leur trois munitions en soute. Jusqu’à ce qu’un modérateur coupe court.

    – L’édulcorant

    Les contributeurs ont en commun d’estimer qu’on laisse dire n’importe quoi… aux autres. Seuls eux sont censurés injustement tandis que le laxisme règne partout. Leur remarquable contribution est stoppée quand ailleurs c’est la cour d’école. L’abonné débouté envoie alors un courriel hurlant aux ciseaux d’Anastasie, au déni démocratique. Il a une haute idée de sa liberté. Les habitués réessayent en édulcorant la première version ou en la postant à une autre heure, espérant que la vigilance sera moindre. Parfois un mail refusé peut être repêché : le contributeur proteste alors que sa réaction est en fait en ligne. Quand la modération tarde, le contributeur impatient renvoie sa réaction qui peut ainsi apparaître deux fois.

    #modération #commentaires #cm

  • Le psychanalyste tunisien Fethi Benslama appelle à l’anonymat des auteurs d’attentats
    http://www.huffpostmaghreb.com/2016/07/22/attentats_n_11130574.html

    « Peut-être qu’il est temps...qu’il y ait entre les médias un pacte pour ne plus publier les noms et les images des auteurs de ces actes-là parce que c’est un ressort très important par rapport à ce qu’ils font pour être connu de toute la planète, alors même que leurs victimes sont anonymes et le resteront ».

    Selon lui, cette « glorification », incite d’autres personnes à en faire autant : « Eux ils vont avoir une gloire aux yeux de leurs commanditaires, de leurs amis(...) ça incite d’autres à y recourir », a-t-il indiqué avant d’ajouter : « Ils laissent leur cartes d’identités, ils veulent très vite être connus ».

    Yalla, enfin une bonne idée dans ce marmasme... #culture_du_psychopathe

  • L’Allemagne bouleverse sa définition du viol
    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2016/07/07/97001-20160707FILWWW00015-l-allemagne-bouleverse-sa-definition-du-viol.php

    L’Allemagne va bouleverser jeudi sa définition du viol, jusqu’alors plus restrictive qu’ailleurs, lors d’un vote au Parlement faisant suite à un âpre débat ravivé par les agressions du Nouvel an à Cologne et le procès d’une vedette de la téléréalité. Tout acte sexuel commis « contre la volonté identifiable d’une autre personne » devrait devenir une infraction pénale, selon un accord trouvé début juin entre conservateurs et sociaux-démocrates qui sera soumis aux députés du Bundestag à partir de 10H45.

    Ces quelques mots constituent, en apparence, un renversement de perspective en Allemagne, et vont plus loin que le projet de loi présenté mi-mars par le ministre de la Justice, Heiko Maas, débordé par une campagne de presse et par le travail des députés.

    #viol #droit #Allemagne #loi

    Le « pelotage » en « groupe » est désormais une infraction spécifique

    Je relève le choix du Figaro pour le mot « pelotage » qui est un vocabulaire d’agresseur sexuel et une euphémisation des violences sexuelles. Il aurais fallu dire « attouchements » ou « agression sexuelle » qui sont des expression que rendent compte de la violence.
    #vocabulaire #euphémisme #guillemets #LMSI

    edit : Il y a le même texte avec le même choix pour le mot « pelotage » sur le site lemonde.fr
    http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/07/07/l-allemagne-bouleverse-sa-definition-legale-du-viol_4965165_3214.html
    Pareil chez l’Expresse ; https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwiosoOvsOHN
    Le nouvel obs : https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=6&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwiosoOvsOHN

    Et ca semble venir d’un copié collé de la dépeche AFP : http://fr.euronews.com/depeches/3216983-non-cest-non-lallemagne-bouleverse-sa-definition-du-viol

    • Même sujet chez le Nouvelles News qui sera bientot sous #paywall
      http://www.lesnouvellesnews.fr/non-cest-non-allemagne-redefinit-agressions-sexuelles

      Sept mois après (les agressions sexuelles de Cologne), c’est donc chose faite. La nouvelle version de la loi répond au principe du « Non, c’est non » – « Nein heißt Nein ». Selon un accord trouvé fin juin par les différents partis, une agression sexuelle est désormais définie par l’absence de consentement, et plus seulement par la contrainte : tout auteur d’un acte sexuel « contre la volonté identifiable d’une autre personne » pourra être puni d’un emprisonnement de six mois à cinq ans, selon le nouveau texte.

      Le projet ajoute par ailleurs au code pénal la notion de harcèlement sexuel, qui correspond à des attouchements, ainsi qu’une infraction spécifique quand ces faits sont commis en groupe. Ces infractions seront passibles d’une peine allant jusqu’à deux ans de prison.

      Pour le BFF, centre allemand de soutien aux femmes victimes de violences, cette nouvelle loi constitue « une nouvelle étape historique dans la lutte contre la violence sexuelle ». En 2014, le BFF avait documenté 107 cas d’agressions sexuelles pour lesquels les charges avaient été abandonnées en raison des zones d’ombres du Code pénal.

      Un point du texte, toutefois, ne fait pas consensus : il prévoit l’expulsion des étrangers condamnés pour agression sexuelle. Une mesure populiste, dénoncent les Verts. C’est aussi l’avis du collectif anti-raciste et féministe #ausnahmslos (« aucune excuse »), qui s’était engagé dans le débat après les agressions de Cologne. Tout en saluant la prise en compte du « Nein heißt nein », Le collectif juge que, dans un contexte de montée de l’extrême droite, cette mesure qui « établit un lien entre les crimes sexuels et la question de l’immigration », est tout simplement « scandaleuse ».

      Chez les NN pas de « pelotage »

  • Les social Impact Bond : Quand le social finance les banques et les multinationales-Nebuleuses
    http://nebuleuses.info/penser-le-travail/article/les-social-impact-bond-quand-le-social-finance-les-banques-et-les

    @Ad Nauseam - Le gouvernement s’apprête à introduire en France les « investissements à impact social », avec, pour fer de lance, la création de « Social Impact Bonds » (SIB) Un modèle prestataire, une escroquerie financière, des usagers-marchandise, une mécanique néolibérale. Article paru sur LeMonde.fr Quand le (...)

    #Nebuleuses / #Mediarezo

  • Recycler nos déchets avec de l’eau à 500 degrés
    https://lejournal.cnrs.fr/videos/recycler-nos-dechets-avec-de-leau-a-500-degres

    Nos déchets électroniques valent de l’or ! Mais isoler les métaux précieux imbriqués les uns dans les autres n’est pas simple. Découvrez dans cette vidéo, proposée avec LeMonde.fr, comment des chercheurs ont relevé le défi en misant sur les propriétés étonnantes de l’eau lorsqu’elle se trouve dans un état extrême dit supercritique.

  • La #dématérialisation, facteur d’exclusion ? - Le Monde.fr
    http://alireailleurs.tumblr.com/post/142502818862

    Une tribune lancée par Emmaüs Connect publiée sur LeMonde.fr (et également chez Emmaüs) et signée de nombreuses organisations et personnalités de l’internet revient sur le développement de la dématérialisation de nombreux #services_publics. Le problème, souligne Emmaüs, est que cette modernisation des services publics, nécessaire et attendue, se fait d’une manière parfois exclusive. Pour nombre de services publics essentiels à chacun (inscription à Pôle emploi, prime d’activité, déclaration de revenus… auxquels on pourrait ajouter par exemple les déclarations d’Urssaf qui touche des entrepreneurs qui ne sont pas tous à l’aise avec le numérique), ce passage qui à tendance à devenir de plus en plus obligé, devient une double peine pour nombre de citoyens. “Pour les plus de cinq millions de citoyens qui cumulent (...)

    #inégalités #e-inclusion

  • B0unty Factory – Je vous dis tout sur le Projet X que j’ai annoncé la semaine dernière « korben
    http://korben.info/b0unty-factory.html

    vous savez comme moi que toutes les entreprises américaines sont soumises au Patriot Act. Cela signifie que si une entreprise européenne confie son programme de Bug Bounty à une plateforme américaine, il se peut que les failles et les exploits envoyés par les chercheurs en sécurité du monde entier, intéressent de près des organisations comme la #NSA. Cela est donc un exercice périlleux pour la société située en Europe.

    Il était donc indispensable de proposer une plateforme de bug bounty qui soit Européenne et qui permette à toutes les sociétés d’améliorer leur sécurité, peu importe les pays où elles se trouvent. Pour résumer, B0unty Factory fait office d’intermédiaire technique, financier et législatif entre les pentesteurs et les sociétés qui souhaitent lancer leurs Bug Bounties. Si le sujet vous intéresse, je vous invite à lire notre FAQ.

    Ce que nous allons proposer au sein de Yes We Hack, c’est un cercle vertueux entre les compétences des experts en sécurité qui recherchent du travail / des missions et les besoins en recrutement des entreprises.

    #hacking #silicon_army à la française #cybersécurité

  • Observons l’état d’urgence | Vu de l’intérieur [sic], Laurent Borredon
    http://delinquance.blog.lemonde.fr/2015/11/23/observons-letat-durgence

    Dix jours, déjà, depuis les attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis. Le Monde, comme tous ses confrères, a couvert, de son mieux, les avancées de l’enquête, la douleur des victimes et de leurs familles, le contexte national et international, et va continuer à la faire. Depuis le vote de la prorogation de l’#état_d'urgence pour trois mois, vendredi 20 novembre, la France s’installe pour une longue période dans un régime dérogatoire aux #libertés_publiques. Le #pouvoir_administratif prend le pas sur le judiciaire. Nous avons donc décidé d’expérimenter sur ce blog un « #Observatoire de l’état d’urgence » (nous aurions préféré un intitulé plus modeste, mais rien de mieux ne nous est venu à l’esprit).

    Il s’agit pas ici de s’interroger par avance [sic] sur l’opportunité de ces mesures - le journal et son site offrent d’autres espaces pour cela -, mais simplement de documenter leur application sur la vie des Français, tant que les députés socialistes nous y autorisent encore. De ne pas se tenir aux chiffres communiqués par le ministère de l’intérieur. Les derniers, datés du lundi 23 novembre :

    Qui sont les 933 perquisitionnés sans résultat (un chiffre minimal, puisqu’il est possible qu’une seule perquisition ait donné lieu à plusieurs interpellations) ? Qui sont ces 253 assignés à résidence ? Quelles sont les #manifestations interdites par les préfets, et pour quelles raisons ? Notre objectif est simplement de rassembler en un seul lieu sur LeMonde.fr ces histoires, sous la forme de récits rédigés spécifiquement pour ce blog, dans la mesure du possible, mais également de liens vers nos articles et ceux de nos confrères.

    Pour l’heure, beaucoup moins de références qu’ici. Pas un mot, par exemple, sur les menaces de #poursuites à l’encontre de manifestants d’hier à Paris.
    http://seenthis.net/messages/430889#message431718

    #perquisitions administratives #assignations_à_résidence

  • En France, les enceintes sportives sont prises d’assaut par le « naming »
    http://www.lemonde.fr/sport/article/2015/10/29/au-nom-du-fric_4799516_3242.html

    Certains amateurs de tennis s’imaginent peut-être qu’ils vont assister au Tournoi de Bercy, du samedi 31 octobre au dimanche 8 novembre. Tout faux. C’est devant le spectacle du BNP Paribas Masters, et dans les gradins de l’AccorHotels Arena, qu’ils s’apprêtent à vibrer : officiellement, le tournoi parisien s’appelle comme ceci depuis 2002, et le Palais omnisports de Paris-Bercy (POPB) comme cela depuis la mi-octobre.

    [...]

    Le Parti communiste et le Front de gauche à Paris proposaient d’honorer la mémoire d’Alain Mimoun en donnant à la salle du 12e arrondissement le nom du champion olympique du marathon, en 1956, à Melbourne, mort en 2013. Les socialistes ont préféré opter pour les millions d’euros d’AccorHotels – un peu plus de trois par an, pendant au moins dix ans – qui permettent d’alléger un peu la facture de la ­rénovation (135 millions d’euros).

    Le nouveau nom a choqué de nombreux ­Parisiens, il a choqué Laurence Parisot – « Tout s’achète peut-être, mais tout ne doit pas être mis en vente ! », a twitté l’ancienne présidente du Medef –, mais il ne choque pas Jean-François Martins, adjoint chargé des sports et du tourisme à la mairie de Paris : « Il ne faut pas être naïf sur la présence des marques dans notre ­société, qui est une société de consommation. Je préfère faire partie des gens lucides qui savent que ça fait partie du jeu. Le groupe AccorHotels achète simplement un espace publicitaire, comme il pourrait acheter une page dans Le Monde ou une bannière sur LeMonde.fr. »

    #Parti_socialiste

  • Dessiner librement, mais en tout respect
    http://contre-attaques.org/l-oeil-de/article/dessiner

    A l’occasion du colloque international sur la liberté d’expression organisé par Cartooning for Peace, Régis Debray rappelle, dans le quotidien Lemonde.fr daté du 21 septembre, que le droit à l’ironie et à l’irrévérence ne consiste pas à dire n’importe quoi. Nous sommes mal placés pour donner des leçons à la terre entière, nous, les enfants de Rabelais, de Voltaire et de Wolinski. Les compagnons de Cartooning for Peace [l’association de dessinateurs présidée par Plantu] sont nos frères en résistance, face à (...)

    #L'œil_de_Contre-Attaques

    / #Ailleurs_sur_le_Web, #Presse, #carousel

    « http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2015/09/21/rire-en-respectant-les-convictions-d-autrui_4765104_3232.html?xtmc=r »

  • Mallettes
    http://survie.org/billets-d-afrique/2015/248-juillet-aout-2015/article/mallettes-4989

    Dans une série d’articles consacrés à « L’après Sassou », LeMonde.fr (16/06) dresse le portrait de Jean­-Dominique Okemba, « l’homme de l’ombre » du dictateur congolais : « Décoré de la légion d’honneur, en 2011, sur demande Nicolas Sarkozy, le contre­-amiral est un habitué du palais présidentiel français. Surtout du bureau du secrétaire général. De Dominique de Villepin à Claude Guéant, ils ont été quelques­-uns à fréquenter cet homme à la grande silhouette d’ascète. Chef des services de renseignements, (...)

    #248_juillet-août_2015

    / #Congo_Brazzaville, #Partis_politiques_francais, #Brèves_d'Afrique_et_d'ailleurs, Jean-Dominique (...)

    #Jean-Dominique_Okemba

  • Ados : le partage du rien sur Internet - LeMonde.fr
    http://alireailleurs.tumblr.com/post/118591162152

    Guillemette Faure pour M, le mag du Monde, revient sur le concept de “borecore” émis par Jenna Wortham dans le New York Times Magazine, c’est-à-dire ce flot d’ennui que s’échangent notamment les ados sur les réseaux sociaux. “L’abondance de borecore, du rien produit et partagé dans l’indifférence générale, est le problème d’une époque où on a presque toujours sous la main un téléphone équipé d’une caméra mais pas forcément un chaton qui joue du piano à filmer.”Pour la sociologue Joëlle Menrath : “Allumer son ordinateur est un geste désormais équivalent à allumer la lumière de sa chambre. L’ambiance est modifiée, mais la lampe n’occupe pas pour autant le centre de l’attention.” A compléter par le dernier numéro de la revue Communiquer, où l’on trouve (notamment) une très bonne synthèse réalisée par la sociologue (...)

    #jeunes #ennui

  • Depuis quelques jours, j’avais des problèmes sur lemonde.fr. Grâce à linuxfr.org, j’ai quelques éléments d’explication :
    Nan mais stop l’obfuscation du Web
    http://linuxfr.org/users/benoar/journaux/nan-mais-stop-l-obfuscation-du-web

    c’est le ponpon : lemonde.fr, qui se met à mettre les liens pour ses articles dans des attributs data-* de span, encodés en base64  ! Du coup sans javascript, ça passe pas du tout. Et c’est complètement débile.

    #accessibilité

    • Je vous parie que c’est pour du pseudo SEO ou du tracking. On avait ce genre de truc chez un client (suite à des recos fumeuses d’une agence SEO), on a réussi à le dégager... personne ne s’en est aperçu, même pas google ^^ (qui devait de toute façon décoder le truc).

  • Du traitement médiatique de la grève du 9 avril
    http://larotative.info/du-traitement-mediatique-de-la-950.html

    Le 9 avril, à Paris et dans des dizaines de villes en France, plus de 300 000 personnes étaient en grève et manifestaient à l’appel de plusieurs organisations syndicales, entonnant notamment des slogans contre la loi Macron (« C’est la loi des patrons »).

    La mobilisation parisienne était assez impressionnante. Le cortège s’étirait de la place d’Italie aux Invalides, réunissant des grévistes venu-es en cars de toute la France : dockers de Dunkerque, cheminot-es de Tours, salarié-es d’Airbus à Nantes, travailleurs du bâtiment de Toulouse, etc. A Tours, malgré le départ de cinq cars du département pour rejoindre la manifestation parisienne, 2 000 personnes manifestaient ce jeudi matin.

    On aurait pu imaginer que les médias français s’intéresseraient à cet événement. Ouais, on aurait pu, même si l’absence d’équipes de télévision sur le parcours de la manifestation parisienne laissait présager le pire. Voici donc quelles étaient les Unes des principaux sites d’information français au soir du 9 avril :

    L’événement n’était pas trop mal placé sur lemonde.fr, mais faisait seulement l’objet d’une note de blog. Il était absent des titres égrainés par David Pujadas en ouverture du journal de France 2 au soir de de la manifestation. Et ce matin, 10 avril, l’invité de France Inter était Philippe Val...

    Mention spéciale à Libération, qui titrait aujourd’hui en page 12 « Les manifs ne courent plus les rues », alors que le journal n’avait absolument pas fait mention auparavant de la mobilisation construite par les organisations syndicales depuis de longues semaines. Les journalistes font mine de déplorer que les syndicats « peinent à élargir [la mobilisation] au-delà du cercle militant », mais comment le faire quand les médias n’accordent aucune place aux luttes sociales et syndicales ?

    Ce mouvement de grèves et de manifestations n’aura existé que pour ceux et celles qui l’ont vécu. Et faute de couverture médiatique, les membres du gouvernement ne seront certainement pas interpellés sur l’expression des travailleurs contre leur politique — on préférera recueillir leur avis sur la guerre des chefs au sein du FN [1]. Une fois de plus, ces médias ont démontré qu’en matière d’information sur les luttes sociales, on ne pouvait compter que sur nous-mêmes.

    #9avril #médias #LePen2017 #syndicalisme

    • @monolecte c’est clairement un problème. que certain-es tentent de poser dans leurs syndicats. la dernière fois qu’un mouvement social a eu gain de cause, c’était avec le CPE et l’émergence d’une contestation extrêmement bordélique et chiante pour le pouvoir.

    • Enfin là, c’était essentiellement une manif où la CGT devait prouver que malgré ses turpitudes internes, elle était encore en mesure de (se faire) compter... Il s’agissait par ailleurs de dire « non à la loi Macron » mais ce « non » n’a rien d’évident à imposer. Bureaucratie syndicale ou pas, nul ne sait ce qui pourrait imposer une bifurcation à la gauche de droite (sauf un blocage généralisé de la production et de la circulation que rien ne parait annoncer ou permettre).

      Le CPE est un mauvais exemple puisque ne s’agissait en rien d’un épisode du feuilleton de la #représentation légitime, mais bien d’une mobilisation réelle dans laquelle bien des gens n’ayant aucun rapport au militantisme de gauche pou au syndicat étaient impliqués.

      De plus, il se trouve que depuis plus de 30 ans la plupart des mobilisations effectives et d’ampleur « nationale » (il faut entendre par là, interpro et sur des territoires divers) ont eu lieu sur la base du refus d’un projet de « réforme » (si on excepte la lutte des sans pap en 1996). Et que cela ne s’est jamais produit contre le PS, la gauche plurielle, à l’exception du mouvement des chômeurs et précaires de 1997/98...

      Comme dans le cas de la Grèce aujourd’hui, le schéma de 36 en France, où un poussée populaire contraint les représentants, le pouvoir, au moment même où celui-ci est « le moins éloigné du peuple » ne guère connu de nouveau développement. (cf. les années 80 ici, après l’"alternance").

      1936 est une expérience dont la gauche institutionnelle à tiré des leçons. Pour eux, qui viennent désormais au pouvoir sur le reflux de la politisation (celle de 68 et ses suites, par exemple, pour le PS) il est toujours question de prévenir toute autonomie des luttes, de la désamorcer préventivement (cf, l’exemple de la création de SOS Race contre l’autonomie des collectif de « jeunes issus de l’immigration » mais pas que), de réduire l’espace disponible en l’occupant (#police_préventive).

      Reste une chose plutôt surprenante ce 9 avril : le traditionnel chauvinisme d’orga qui interdit aux manifestants venus à l’appel de la cégété d’accepter tout texte ou tract qui n’est pas siglé par l’orga légitime était beaucoup moins de mise... Crise de la direction du syndicat, consensus républicain post massacre charlie/casher, expérience répétée du « pouvoir de gauche » (et cette fois sans même l’illusion que le PCF serait là pour veiller au grain) permettent peut-être que des interrogations nouvelles, un ouverture, se manifestent...

      Si de tels cloisonnements tombaient ; le darwinisme social, al concurrence et le fatalisme en prendraient plein la gueule. C’est pas fait...

    • On a manqué gagner en 2010 contre le sabotage des retraites. Plus le mouvement durait, plus les orgas syndicales perdaient du terrain et plus les citoyens organisaient de vraies actions qui faisaient chier.
      Là où les dominants ont commencé à flipper, c’est quand des collectifs ont commencé à bloquer l’arrivée aux plateformes logistiques des hypermarchés, parce qu’on tapait dans le talon d’Achille du système de flux des marchandises avec la contrainte de l’approvisionnement permanent des villes. Et ça sentait la défaite pour eux quand les raffineries se sont mises en grève : sans le flux des ressources, le seul flux qui compte, celui du pognon, s’arrête. Et là, ils savaient qu’ils auraient dû céder.

      Ils ont donc cassé la dynamique en négociant séparément avec les bloqueurs dangereux : les raffineries et les routiers.

      Sans leur soutien, c’était mort.

      Donc, on a tous perdu.

      Et vous avez vu ce qui est arrivé aux routiers et aux travailleurs des raffineries ensuite.