[...] il suppose que l’idéologie vient du logiciel. Cela dépolitise le débat, je trouve.
Si l’on prend le terme idéologie dans le sens (faible) d’opinion, bien évidemment que le logiciel n’a pas d’idéologie car ce sont bien les êtres humains qui se forment une opinion. Mais le terme d’idéologie est loin d’être synonyme d’opinion. Il désigne plutôt le cadre de pensée a priori, les catégories abstraites qui semblent pourtant avoir une existence bien réelles pour les membres d’une société donnée, à tel point qu’elles sont vécues comme des contraintes « naturelles », et non pas issues de leur propre agir inconscient.
Penser que le logiciel ne fait que véhiculer les opinions de ses concepteurs et qu’à ce titre il suffit de les dénoncer pour désamorcer son potentiel de domination, de nuisance ou d’aliénation, c’est justement écarter tout un pan du questionnement critique (et donc politique) que l’on doit porter sur les techniques numériques.