Recriweb

« … en deçà d’un monde qui ne sait plus nourrir que son propre cancer, retrouver les chances inconnues de la fureur » (André Breton)

  • La baisse du chômage, c’est juste un mensonge de plus.
    https://qg.media/2023/09/15/la-baisse-du-chomage-sous-macron-releve-du-mythe

    Contrairement aux annonces triomphales de Macron, le taux de chômage reste tout à fait stable en France. Pour l’économiste Dany Lang, la baisse historique annoncée par le gouvernement est largement factice, et relève d’une opération marketing. La transformation annoncée de Pôle emploi en « France travail » au 1er janvier 2024, dans la droite lignée de la vision néolibérale du chômeur oisif, vivant d’allocations et peu enclin à reprendre un emploi, ne fera que produire des effets délétères sur les demandeurs d’emploi, sans régler aucunement la question. Maître de conférences à l’université Sorbonne Paris Nord, il évoque les mesures qui seraient décisives pour lutter efficacement contre le chômage dans cet entretien exclusif accordé à QG.

    L’objectif du plein emploi, martelé depuis des mois par le gouvernement afin de justifier ses politiques touchant le monde du travail, risque de se fracturer bientôt sur le mur du réel. Le taux de chômage reste en France à un plancher légèrement supérieur à 7% de la population active. Ramener le taux de chômage sous la barre des 5 % d’ici à 2027, comme le souhaite le Président de la République, ne sera pas aisé. Et ce n’est sûrement pas en harcelant les allocataires du RSA que ce voeu sera exaucé. Les prévisions économiques pour les deux prochaines années sont au contraire bien sombres. L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) anticipe un rebond du chômage à 7,9 % fin 2024. La Banque de France s’attend quant à elle à un chômage de 8,1 % dès 2024. Pour QG, l’économiste Dany Lang, maître de conférences à l’Université Sorbonne Paris Nord, membre du collectif les Économistes Atterrés, souligne en effet combien les réformes passées et à venir, suivant une ligne néolibérale, sont vouées à ne rien changer voire à aggraver la situation. L’idée d’une garantie d’emploi, doublée de la rénovation des logements, la transition écologique étant un gisement d’emplois énorme, font selon lui partie des mesures prioritaires seules à même de faire baisser significativement le chômage. Entretien par Jonathan Baudoin

    • Un livre démonte la mécanique du contrôle contre les chômeurs
      https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/150923/un-livre-demonte-la-mecanique-du-controle-contre-les-chomeurs

      Rédigé par cinq chercheurs, « Chômeurs, vos papiers ! » décrypte l’histoire et le fonctionnement du #contrôle de la recherche d’emploi, témoignages de l’intérieur à l’appui. Objectif du livre : « armer les lectrices et lecteurs contre les fausses évidences de la croisade gouvernementale pour le plein emploi ».

      https://www.raisonsdagir-editions.org/catalogue/chomeurs-vos-papiers

      Plus les #chômeurs et #chômeuses sont nombreux·ses, plus ils et elles sont suspecté·es d’être la cause du #chômage. Tel pourrait être le paradoxe des politiques de l’emploi, en France comme ailleurs. Que celles-ci prennent les traits américains du workfare ou ceux plus européens de l’activation, l’objectif est le même : pousser les chômeurs·ses à travailler et, pour cela, conditionner les allocations à un contrôle de plus en plus strict de leur recherche d’emploi.

      En replaçant les évolutions du contrôle dans l’histoire longue du chômage, ce livre montre comment son intensification dans la période récente a été pensée, mise en œuvre et justifiée au nom de la « redynamisation » des chômeurs·ses, au point d’être désormais présenté comme une nouvelle forme d’accompagnement. Cette euphémisation tranche avec la virulence des discours politiques sur le sujet, tout autant qu’elle masque les effets délétères de ce traitement coercitif. Car si le contrôle vise à adapter les comportements des chômeur·es à des exigences institutionnelles, il s’agit aussi de satisfaire celles des entreprises. Mettre la pression sur les chômeurs·ses, c’est ainsi perpétuer l’ascendant des employeur·ses dans le rapport de force qui les oppose aux salarié·es en matière de revenu et de conditions de #travail. Aujourd’hui comme hier, la cause des chômeurs·ses est bien celle des travailleurs·ses.

    • A propos de l’auteur

      Claire Vivès est ingénieure de recherche au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), LISE et CEET. Elle a notamment signé « L’objectivité sous contrôle : analyse d’une évaluation randomisée de programmes d’accompagnement de demandeurs d’emploi », Revue française de sociologie, 2019, 60-1, p. 73-94.

      Luc Sigalo Santos est maître de conférences en science politique à Aix-Marseille, LEST. Il a écrit L’administration des vocations. Enquête sur le traitement public du chômage artistique en France (Dalloz, 2018).

      Jean-Marie Pillon est maître de conférences en sociologie à Paris-Dauphine, IRISSO. Il a écrit Pôle emploi : Gérer le chômage de masse (PUR, 2017).

      Vincent Dubois est professeur de sociologie et de science politique à Sciences Po Strasbourg, SAGE. Il a déjà publié deux livres chez Raisons d’agir : Contrôler les assistés : genèses et usages d’un mot d’ordre, (2021) et La culture comme vocation (2013).

      Hadrien Clouet est docteur en sociologie et député de Haute-Garonne. Il a écrit Rationner l’emploi  : la promotion du temps partiel par les services publics d’emploi allemand et français, (Éditions de la MSH, 2022).

    • La gauche met en scène ses divisions à la fête de « L’Huma »
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/09/17/la-gauche-met-en-scene-ses-divisions-a-la-fete-de-l-huma_6189812_823448.html

      Les « insoumis » François Ruffin et Clémentine Autain ont exprimé leurs divergences avec Jean-Luc Mélenchon. Lequel a fait huer son rival communiste, Fabien Roussel, lors d’un rassemblement où la reconquête des classes populaires était au centre des débats.

      [...]

      « Populaire », tout le monde a tenté de l’être, lors de cette fête organisée sur l’ancienne base aérienne de Brétigny (Essonne). Fabien Roussel en premier lieu, avec son discours de samedi tourné vers une certaine idée de la classe ouvrière, incomprise du gouvernement, selon lui, alors qu’« elle est belle, elle est grande et elle parle français ».

      (...) « Fabien, dans le monde où l’on vit, tout ce qui est populaire est proscrit », s’est désolée Mme Delga devant l’ex-candidat à la présidentielle, regrettant la fin des fêtes foraines, louant la chasse comme l’un des « derniers espaces de sociabilité en milieu rural ». « On parle la même langue, Carole a mille fois raison », a abondé M. Roussel.

      Sur place, ce n’est pas toujours ceux qui se revendiquaient des classes populaires qui étaient les plus acclamés. Au chef de file du PCF, la jeunesse a préféré d’autres stars ; Jean-Luc Mélenchon d’abord. Vendredi soir, le chef de file de La France insoumise (LFI) ne s’est pas privé de faire huer son rival communiste. « Il y a une personne qui s’en fiche de l’union, elle s’appelle Fabien Roussel », a-t-il lancé, goguenard, devant un public acquis à sa cause. Avant la marche du 23 septembre contre les violences policières, l’ancien candidat insoumis à la présidentielle a justifié d’avoir besoin de « faire du Poutou » pour se faire entendre, en disant « la police tue ». Comprendre : marquer les esprits avec des formules chocs. La salle entière semblait en convenir et scandait : « Tout le monde déteste la police. »

      #chauvin

  • Si les SUV étaient un pays, il serait le 6e plus pollueur du monde – polluant plus que l’Allemagne et le Royaume-Uni réunis ou autant qu’un pays comme le Japon...

    Il n’empêche : Les SUV sont désormais les véhicules les plus vendus en Europe
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/09/14/les-suv-sont-desormais-les-vehicules-les-plus-vendus-en-europe_6189359_3234.

    Qui sont ces gens qui achètent des SUV en dépit de la catastrophe ?
    Vous même, en fréquentez-vous ? Comment leur parler ? Peuvent-ils comprendre ?...

    • J’ai des potes qui sont nombreux quand ils voyagent, ils désespèrent de trouver une familiale GPL qui ne soit pas une SUV, mais y’en a pas parait-il :/

    • Le SUV n’est plus seulement la référence centrale du marché automobile ; il en est désormais la composante majoritaire. Avec 3,37 millions d’unités, ce type de carrosserie né aux Etats-Unis et apparu en Europe avec le Nissan Qashqai en 2007 a franchi un nouveau seuil au premier semestre, en totalisant pour la première fois 51 % du marché continental. Il ne dépassait pas 10 % des immatriculations en 2010.

    • Structurellement, un SUV est au moins 200 kilos plus lourd que la berline dont il est dérivé et sa surface frontale comme sa hauteur dégradent forcément ses performances aérodynamiques. Les données d’homologation recensées par T&E font état d’émissions de CO2 à l’échappement en moyenne supérieures de 9 % par rapport aux autres types de voitures, avec un écart susceptible d’atteindre 20 % pour les versions les plus imposantes. Les modèles électriques ne font pas de miracle car, pour afficher la même autonomie qu’une berline, un SUV doit embarquer davantage de batteries.

    • gated community mobile :

      « La clé du succès du SUV, c’est le sentiment rassurant que suscite, depuis l’avènement du monospace, le fait d’installer les occupants d’un véhicule en position haute, qui est devenue la norme », renchérit un porte-parole de Renault. On peut aussi percevoir, à travers la préférence du public pour une automobile cocon qui isole ses occupants de l’extérieur et réduit les surfaces vitrées, le reflet d’une recherche récurrente de protection.

    • Contre les SUV en ville, la contestation enfle Le Monde, 25/02/2023

      Elle n’attire pas le regard, cette petite troupe joviale qui arpente, à la nuit glaciale tombée, les rues du 9e arrondissement parisien. On la dirait sortie d’un dîner de copines. Tout en sang-froid et en dextérité, les quatre jeunes femmes dégonflent pourtant, sur leur passage, les pneus des SUV stationnés. En deux heures, près d’une trentaine de gros véhicules « désarmés », selon la rhétorique de ces vingtenaires, qui opèrent dans la capitale au moins deux fois par semaine. (...)

      Un prospectus est glissé sous les essuie-glaces, pour éviter l’accident. « Nous avons dégonflé un pneu de ce véhicule qui représente une atteinte à l’environnement. Nous regrettons de devoir en arriver à des actions touchant les particuliers. Mais pour tenter de protéger notre avenir et celui de nos enfants, nous n’avons plus d’autre choix que la résistance civile. »

      https://justpaste.it/ckao4

    • @touti : https://www.dacia.fr/gamme-gpl/sandero-bji-ph1-eco-g.html.

      Après, voir le marché de l’occasion. Mais rien en dessous de 10 000 €.
      Avec le GPL, tu as toujours besoin d’essence (double réservoir pour le démarrage à froid)) et tu consommes plus quand tu brûles du gaz. Donc plus de rejet CO2. Par contre tu n’as plus d’émission de particules fines.
      Savoir aussi qu’au bout de 8 ans d’utilisation (achat neuf), tu devras sûrement remplacer la cuve de gaz (corrosion) et c’est cher.
      Non, je n’ai aucun intérêt à leur faire de la pub. Lors de l’achat de ma dernière bagnole, c’est une solution que je privilégiais mais Madame préférait le diesel : /

    • merci @sombre c’est pas pour moi :) j’ai une 806 depuis longtemps, essence, et je la conserve aussi au max par écologie même si la carrosserie est un terrain vague.
      Pour les potes, ils avaient la FIAT 806 (CF l’histoire de 3 constructeurs d’un même modèle)
      La Sandero a l’aspect d’une SUV. Les potes ont payé cher leur choix et installation GPL au tout début mais ils n’en démordent pas. Ils ont dû accepter la prime qui allait leur passer sous le nez et se sont achetés des vélos électriques. Uhuh, vrai de vrai.

  • Une étude française relance le débat sur l’impact des écrans sur le développement de l’enfant
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/09/14/impact-des-ecrans-sur-le-developpement-de-l-enfant-une-etude-francaise-relan

    « Cette étude est intéressante, car elle confirme les effets directs et indirects des écrans sur le développement de l’enfant », explique-t-il d’abord. On sait que les écrans exposent l’enfant à une surstimulation sensorielle, notamment au bruit et aux images. « Ils altèrent ainsi son attention, son impulsivité et ses apprentissages », note le neuroscientifique.

    Mais, juge Michel Desmurget, les effets indirects des écrans, plus insidieux, « pèsent encore plus lourd ». Ainsi, parce que la durée d’une journée n’est pas extensible, les activités de l’enfant entrent en compétition les unes avec les autres. « Plus un enfant a le nez collé à l’écran – et ses parents aussi –, moins il interagit avec ses parents, moins il passe de temps à parler, à lire, à faire du sport et à dormir », liste le chercheur lyonnais. Or, les interactions précoces – dialogue avec les parents, lectures et jeux partagés – ont des effets massifs sur le développement du langage et le succès scolaire ; le sommeil et l’activité physique aussi. L’imagerie cérébrale, par ailleurs, a révélé les ravages des écrans sur la mise en place des réseaux cérébraux du langage.

    • Marrant comme on n’interroge pas l’impact de la pauvreté ou de la précarité grandissante des parents, ou le fait que de plus en plus de gosses ne bouffent pas à leur faim, ou que de plus en plus de familles ne sont plus logées décemment.
      Et qu’est-ce qui compte le plus : les écrans ou l’absence d’instit à la rentrée ? Ou l’absence de formation des nouveaux instits ? ou l’absence d’AESH ?

    • L’Organisation mondiale de la santé préconise ainsi de ne pas exposer les enfants de moins de 2 ans aux écrans, puis de limiter le temps à une heure par jour entre 2 et 5 ans. En France, Santé publique France et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail fixent la même limite, tandis que le Haut Conseil de la santé publique et l’Académie nationale de médecine recommandent, en l’absence d’un adulte, de ne pas exposer les enfants de moins de 3 ans aux écrans. L’Association française de pédiatrie ambulatoire, quant à elle, précise des temps à ne pas dépasser : vingt minutes entre 3 et 6 ans, trente minutes entre 6 et 8 ans, quarante-cinq minutes entre 8 et 10 ans, une heure après 10 ans… On en est bien loin.

      https://justpaste.it/9ok6q

      #écrans #enfants #acquisition_du_langage #développement

  • Chili : le coup d’État de Pinochet et ses leçons
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/09/13/chili-le-coup-detat-de-pinochet-et-ses-lecons_726532.html

    [...] Le 29 juin 1973, une première tentative de coup d’État échoua. Les travailleurs réagirent immédiatement, occupant les usines et constituant des brigades de surveillance. Mais, face à la menace qui demeurait, Allende continua à couvrir l’armée et à promettre qu’elle resterait loyale. Les dirigeants des partis de gauche canalisèrent la mobilisation populaire afin qu’elle reste dans la limite du soutien au gouvernement. Lorsque le 11 septembre les chars sortirent de nouveau dans les rues, les travailleurs se retrouvèrent ainsi sans plan, sans direction et sans armes.

    Salvador Allende lui-même mourut lors de l’attaque du palais présidentiel par l’armée. Le coup d’État signait l’échec d’une politique qui avait cru pouvoir faire accepter quelques réformes à la bourgeoisie, en lui garantissant que les revendications populaires seraient contenues et au besoin réprimées. La bourgeoisie chilienne et ses protecteurs impérialistes, eux, préféraient se fier à la manière forte et à la répression sanglante de l’armée. Le gouvernement d’Unité populaire, qui s’était bien gardé de s’attaquer à celle-ci et l’avait même cautionnée, avait désarmé d’avance les travailleurs et le peuple qui lui avaient fait confiance, et les avait livrés à leurs égorgeurs.

  • Maroc : une catastrophe naturelle aggravée par l’incurie et la misère | éditorial de Lutte Ouvrière
    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/maroc-une-catastrophe-naturelle-aggravee-par-lincurie-et-la-misere-7

    En dix secondes, le tremblement de terre qui a secoué le Haut-Atlas a plongé des dizaines de milliers de Marocains dans le drame et changé leur vie à jamais. Avec plus de 2100 morts, des milliers de maisons écroulées et des dizaines de villages entièrement détruits, beaucoup ont tout perdu et se retrouvent littéralement sans rien. 

    La plupart des victimes comptent parmi les pauvres, parce que ce ne sont pas les palais de la monarchie ni les paradis pour touristes qui se sont effondrés. Ce sont les maisons et les villages construits en pisé, parfois accrochés à flanc de montagne. Et eux n’avaient aucune chance de résister au séisme !

    Même à Marrakech, ce ne sont pas les quartiers riches qui ont connu les destructions importantes. Les riads de Strauss-Kahn ou de Bernard-Henri Levy n’ont pas été touchés, ce sont les immeubles les plus vétustes de la Médina qui se sont écroulés.

    Et comme toujours, les plus pauvres, surtout dans les régions les plus reculées, se sont retrouvés abandonnés avec leurs morts et leurs parents ensevelis. Deux jours durant, ils étaient bien souvent seuls à déblayer les gravats à mains nues pour retrouver des survivants. Encore aujourd’hui, beaucoup restent dans une détresse absolue, à dormir à même le sol avec une couverture pour seule protection, sans eau, sans nourriture et sans interlocuteur officiel.

    Et le destin, invoqué par certains, a bon dos ! Le risque sismique et la fragilité des maisons étaient connus. Le tremblement de terre d’Al Hoceima en 2004 avait déjà fait 600 morts dans la région du Rif. Il y a 60 ans, celui d’Agadir en avait fait 12 000…

    Mais le roi, qui possède un splendide hôtel particulier de 1 600 mètres carrés sur le Champ-de-Mars, au pied de la tour Eiffel, est sans doute plus intéressé par l’évolution de l’immobilier parisien que par un plan de prévention et de sécurisation des villages, des maisons et des infrastructures… 

    Exactement comme lors du séisme qui a frappé la Turquie, en février 2023, causant plus de 50 000 morts et celui de janvier 2010 en Haïti - 250 000 morts -, la population est non seulement victime d’une catastrophe naturelle, mais aussi et surtout de la misère et du sous-développement.

    Aujourd’hui, tous les chefs de gouvernement font assaut de bons sentiments pour venir en aide aux Marocains : la France, les États-Unis, le Qatar, le Royaume-Uni, l’Espagne, Israël… jusqu’à l’Algérie voisine, opposée au Maroc sur la question du Sahara occidental. Cet œcuménisme humanitaire est d’une hypocrisie sans nom !

    Hier, le président algérien et Mohamed VI s’invectivaient et brandissaient un nationalisme agressif visant à creuser un sentiment de haine entre Algériens et Marocains. Et aujourd’hui, Tebboune s’intéresserait au sort des paysans marocains !

    Il y a la même hypocrisie du côté de Macron. Il ne veut pas rater l’occasion de se montrer généreux, mais il refuse toujours d’accorder plus de visas pour les Marocains qui veulent venir ici ! La France fait partie des grandes puissances qui maintiennent les travailleurs marocains dans la misère.

    Même s’il y a de la friture sur la ligne entre Macron et le roi du Maroc parce que ce dernier a ordonné le piratage du téléphone de son homologue, la France est, depuis l’indépendance, un soutien de la monarchie. Et le grand patronat français s’accommode parfaitement de la dictature et de la répression politique et syndicale féroce que fait régner Mohamed VI pour exploiter les travailleurs au maximum.

    Alors, il faut prendre tout le tapage fait autour de l’aide internationale pour ce qu’il est : du cinéma !

    L’exemple d’Haïti ou de la Turquie montre d’ailleurs qu’il y a un fossé entre les promesses d’aide et ce qui parvient réellement sur le terrain. La seule aide qui n’échappera pas aux victimes et qui répondra réellement à leurs besoins viendra de la solidarité entre travailleurs.

    Celle-ci s’est mise spontanément en place, au Maroc, au travers des réseaux familiaux ou associatifs, où elle a souvent devancé la présence gouvernementale. Elle s’organise aussi, ici, à l’initiative des travailleurs d’origine marocaine, et c’est tant mieux, parce qu’elle donnera du courage aux sinistrés pour surmonter cette catastrophe et reconstruire.

    Mais pour reconstruire sur du solide, il faudra bâtir une société dans laquelle les exploités puissent jouir des richesses qu’ils créent. Dans ce but, il faudra s’unir pour renverser tous les régimes au service exclusif de la grande bourgeoisie, les monarchies répressives comme les soi-disant démocraties occidentales !

  • La famille d’un patron fait interdire un spectacle sur la mémoire ouvrière
    https://www.politis.fr/articles/2023/09/la-famille-dun-patron-fait-interdire-un-spectacle-sur-la-memoire-ouvriere

    À #Bretoncelles, petite commune de l’Orne, la programmation d’un spectacle sur les 50 ans d’une grève historique a provoqué l’ire des descendants du patron de l’époque. Après des menaces de mort, le maire l’a finalement interdit, avec l’approbation du préfet.

    C’est un spectacle qui aurait dû rester dans l’anonymat du Perche, ce territoire niché à une centaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale. Une œuvre vivante, amateur, pour faire sortir de l’oubli la grève de l’usine Piron, équipementier automobile, en 1974, dans la commune de Bretoncelles. Un mouvement social très important avait en effet secoué cette entreprise où les ouvriers, dans la poursuite de la lutte historique de LIP, avaient fini par licencier leurs patrons. « Cet événement a eu un retentissement national à une époque où on rêvait d’autogestion ouvrière. Piron a été un petit exemple de ce rêve-là », raconte à Politis Jean-Baptiste Evette, écrivain et un des trois réalisateurs du spectacle. En 1974, Le Monde était même venu couvrir cette lutte.

    Un spectacle en trois temps

    Mais voilà, cinquante ans plus tard, beaucoup ont oublié cette grande grève. Trois amis, à l’initiative de Patrick Schweizer, ancien ouvrier et syndicaliste, décident de faire revivre sa mémoire. Pendant plusieurs mois, ils se plongent dans les archives, et réalisent des entretiens avec des acteurs de l’époque, ouvriers, membres du comité de soutien, etc. De ce travail de recherche naît un spectacle, Bretoncelles, si un jour ça se passait ainsi, décomposé en trois temps.

    « Il commence par une reconstitution du piquet de grève dans l’usine pour raconter les discussions qu’avaient entre eux les ouvriers », explique Jean-Baptiste Evette. Ensuite, un défilé « carnavalesque » est prévu dans la ville avec une fanfare. Enfin, tout ce beau monde termine sa route dans la salle des fêtes de Bretoncelles, occupée à l’époque par les ouvriers de l’usine Piron, pour une rencontre-débat. Le tout devait se dérouler pour les journées européennes du patrimoine, le 17 septembre.

    Jusqu’ici tout allait bien. Le patron actuel avait donné son accord pour que la première partie se déroule dans l’usine. Le maire, Daniel Chevée, le sien pour prêter la salle des fêtes et autoriser le défilé. Jusqu’à cet article paru en avril dans l’hebdomadaire local Le Perche titré « À Bretoncelles, un spectacle pour faire revivre la grève des ouvriers Piron en 1974 ». Dedans, les auteurs communiquent pour la première fois sur leur spectacle.

    La marionnette de la discorde

    Dans cette commune de moins de 1 500 âmes, cet article déclenche les hostilités. La famille Piron, encore présente sur place, apprend la réalisation de cette création artistique et n’en supporte pas l’idée. « Nous défendons la mémoire de notre père Michel et celle de notre grand-père Ferdinand qui est mort de chagrin suite à cette grève. Voilà notre seule motivation. Qui accepterait de voir une marionnette à l’effigie de son père et de son grand-père, tous deux décédés, déambuler dans les rues de son village ? », souligne Corinne Piron, fille de Michel Piron, qui assure que la famille « n’a jamais été sollicitée ni informée pour la réalisation de ce spectacle ».

    On raconte l’histoire de la grève du point de vue des ouvriers, donc forcément on parle des conditions de travail horribles, c’est normal, c’est l’histoire !

    Le conflit avec les réalisateurs devient ouvert. « À ce moment, on a organisé une réunion de conciliation à la mairie pour essayer de trouver un accord entre les deux parties. Mais ça n’a pas abouti, chacun est resté campé sur ses positions », raconte Daniel Chevée.

    La pression monte. La famille Piron fait des pieds et des mains pour que le spectacle n’ait pas lieu. Et cela fonctionne. Le patron actuel de l’usine, qui la vend fin septembre, retire son autorisation de jouer dans ses locaux. « Il m’a dit qu’il fallait négocier avec la famille Piron, et que tant qu’on n’aurait pas d’accord avec la famille, il ne voulait pas d’histoire », glisse Denis Robert[1], le troisième auteur de la création.

    Le maire fait de même. Il annule la partie dans la salle des fêtes – alors qu’un contrat était signé – et explique qu’il n’autorisera pas le défilé dans la ville. « Je pensais que leur spectacle parlait de l’histoire de l’usine. Là, c’est simplement une manifestation à charge sur comment licencier un patron qu’ils veulent faire », justifie-t-il.

    Un mauvais souvenir patronal

    Un argumentaire qui fait rire jaune Denis Robert : « C’est aberrant d’entendre ça. Je l’ai rencontré en septembre, c’était très clair qu’on parlait de la grève. Il patauge dans ses arguments. » Au téléphone, le maire reconnaît à demi-mots qu’il savait quand même que ce spectacle allait parler de la grève de 1974. « Mais pas que ! », se rattrape-t-il vite.

    « Les organisateurs n’ont très clairement pas compris que la grève dont ils se réjouissent est un mauvais souvenir non seulement pour notre famille, mais également pour Bretoncelles », argue de son côté la famille dans une ébauche de droit de réponse que nous avons pu consulter. « Madame Piron dit qu’on salit la mémoire de leur famille. Ce n’est pas vrai », rétorque Denis Robert. « On raconte l’histoire de la grève du point de vue des ouvriers, donc forcément on parle des conditions de travail horribles, des accidents du travail récurrents, mais c’est normal, c’est l’histoire ! On n’invente rien. »

    Coupure de presse de 1974 sur la grève à l’usine Piron.
    « Les Piron, père et fils, ne sont sans doute pas méchants, mais ils ont des idées qui datent de cinquante ans, lit-on sur cette coupure de presse de 1974. Les ouvriers en ont ras-le-bol. »
    Aujourd’hui, le maire de Bretoncelles justifie surtout sa décision par la crainte de voir ce spectacle créer des troubles à l’ordre public. Car, vite, cette histoire bascule dans les menaces et l’intimidation. Lorsque les auteurs comprennent que tout est en train de capoter, ils cherchent à joindre la famille Piron. C’est Denis Robert qui s’en charge. On est le 20 juillet au matin. Il propose, par message vocal, un rendez-vous à Corinne Piron, petite-fille et fille des patrons, père et fils, de l’époque.

    Menaces de mort

    Le même jour, un peu plus tard dans la journée, un homme se faisant appeler « Mickey Manouche » se rend devant le domicile de Denis Robert, qui n’est pas présent. « Il a commencé à mettre la terreur chez mes voisins, en disant qu’il allait me torturer, me casser la gueule, incendier mon domicile. Les gens étaient terrifiés. » Dans la foulée, il dépose plainte.

    Interdire des spectacles qui célèbrent la mémoire ouvrière, c’est une attitude d’extrême-droite.

    Dans celle-ci, que Politis a pu consulter, il accuse la famille Piron d’être à l’origine de ces menaces. « Je pense que cette personne a été envoyée par eux. Depuis la parution de l’article, on me fait part de rumeurs que des gens voudraient me casser la gueule. » Aujourd’hui, Denis Robert affirme que l’individu a été retrouvé par les forces de l’ordre et qu’il serait bien lié aux Piron. Dans une lettre ouverte au maire et au préfet, les auteurs accusent explicitement la famille Piron.

    « Face aux accusations diffusées, des plaintes pour diffamation ont été déposées. Notre famille n’est coupable ni de menaces, ni de pression, ni de censure. Nous condamnons d’ailleurs fermement toutes formes de violences », rétorquent les Piron.

    Confronté à cette situation, le maire préfère donc annuler toute représentation sur le domaine public. « J’ai peur que ça dérape, c’est tout. Il y a quand même quelqu’un qui s’est déplacé pour effectuer des menaces de mort. S’il se passe quelque chose de grave, ça me retombera dessus. Donc sur le domaine privé, ils font ce qu’ils veulent, mais sur le domaine public c’est non. Le préfet et le sous-préfet ont approuvé ma décision », assure-t-il ajoutant : « ce n’est pas un spectacle, c’est une manifestation ! ». Reprenant ainsi les éléments de langage de la famille qui parle « d’un spectacle à charge » qui « instrumentalise un drame familial et local à des fins idéologiques et politiques discutables ».

    Entraves à la liberté d’expression

    Le 17 septembre, date prévue pour le spectacle, la salle des fêtes sera même fermée à double tour, par crainte d’une intrusion « sauvage » des participants du spectacle. « J’ai peur que la manifestation ait lieu sans demande. Je n’ai pas envie que Bretoncelles devienne une zone de non-droit », poursuit le maire. Contactée, la préfecture de l’Orne n’a pas donné suite à nos sollicitations.

    Ces arguments indignent les auteurs de la pièce. « Ce n’est pas comme ça qu’on doit réagir en tant qu’élu, juge Jean-Baptise Evette. Nous ne sommes pas des perturbateurs. Notre spectacle est une célébration de la mémoire ouvrière. Nous sommes très choqués que des menaces puissent venir l’empêcher. C’est inadmissible ! »

    Son collègue, Denis Robert, va même plus loin : « Interdire des spectacles qui célèbrent la mémoire ouvrière, c’est une attitude d’extrême-droite. Malheureusement, ça résonne beaucoup avec ce qu’il se passe aujourd’hui. Lutter contre cela, c’est aussi notre combat. » Il assure ainsi que leur spectacle aura quand même lieu, sans plus de précision sur les lieux où il se déroulera.

    « Ces artistes, qui osent nous comparer à des terroristes, menacent dans la presse d’occuper le territoire public de force. À ce propos, vouloir imposer son idéologie, user de la propagande, n’est-ce pas là le début du terrorisme ? », leur répond la famille, dans une énième passe d’armes. Sans faire broncher les réalisateurs : « On ne reculera pas face aux intimidations ! »

    [1] Denis Robert est un homonyme du journaliste du même nom. Ils n’ont aucun lien de parenté.

    #Liberté d’expression #Luttes_sociales #lutte_de_classe

  • Pays-Bas : l’exemple à ne pas suivre d’une agriculture intensive destructrice | Comment le fumier a fait exploser les Pays-Bas
    https://up-magazine.info/planete/pollutions/119155-pays-bas-lexemple-a-ne-pas-suivre-dune-agriculture-intensive-de
    Les #Pays-Bas sont un exemple d’incurie gouvernementale laissant perdurer des pratiques désastreuses pour l’#environnement dont la remise en cause provoque une crise politique majeure. C’est l’un des plus petits pays d’Europe, mais aussi l’un de ses plus grands producteurs et exportateurs de denrées alimentaires, grâce à un secteur agricole intensif extrêmement performant, avec la plus forte densité de bétail d’Europe. Mais les Pays-Bas sont depuis des années au cœur d’une crise liée aux émissions d’azote provenant du fumier, qui, alertent les écologistes, détruisent les #écosystèmes du pays. Alors que la société néerlandaise s’éveille à la difficile réalité que son environnement ne peut plus survivre à son système alimentaire, la façon dont elle réagit est sans doute un avant-goût de ce qui se passera dans d’autres pays.

    OTTERLO, Pays-Bas – Par un bel après-midi de mai, Annemieke Visser-Winterink marchait dans les sous-bois hollandais, les feuilles mortes craquant sous ses bottes alors qu’elle s’approchait d’un arbre et le touchait doucement. « Ils sont tous malades« , soupire-t-elle, les rayons du soleil tombant du couvert forestier sur son uniforme de garde forestier. « Il n’y en a pas un seul dont je dirais qu’il est en pleine forme ou en pleine santé« .

    Les chênes qui l’entourent s’étirent vers le haut, leurs branches s’enroulant dans l’air vif du printemps. Les arbres attirent les foules dans le parc national De Hoge Veluwe, un refuge tentaculaire de 55 kilomètres carrés de prairies couvertes de fleurs sauvages, de dunes de sable arides et de bosquets romantiques. Le Hoge Veluwe est le plus grand parc national des Pays-Bas. À deux pas de la ville d’Arnhem, il attire des touristes de tout le pays, qui viennent observer ses 172 espèces d’oiseaux ou, s’ils ont un permis, chasser le cerf et le sanglier. Les chênes sont l’une des vedettes du parc. Certains sont relativement jeunes ; d’autres ont des centaines d’années, et aujourd’hui, ils sont en train de mourir.

    « Normalement, si vous avez un arbre en bonne santé, vous verrez toutes ses petites brindilles où les feuilles vont pousser« , explique Annemieke Visser-Winterink en fronçant les sourcils devant l’un des chênes. « Si vous regardez celui-ci, vous pouvez voir qu’il a encore des rameaux dans la partie inférieure, mais si vous regardez le sommet, il est mort. Il n’y a plus de branches ni rien d’autre« .

    Les chênes de la Veluwe – ainsi que nombre d’oiseaux, d’insectes et d’autres espèces indigènes – craquent sous le poids du système alimentaire industriel des Pays-Bas. Autour du parc, des fermes laitières avec leurs vaches Holstein-Friesian noires et blanches, emblématiques des Pays-Bas, parsèment le paysage, où elles produisent du lait, du fromage et du beurre pour les supermarchés de toute l’Europe.

    Une machine agricole stupéfiante
    Ces fermes, ainsi que d’autres semblables, représentent l’une des plus grandes réussites du XXe siècle dans le domaine de l’agriculture moderne. Après la Seconde Guerre mondiale, l’agriculture néerlandaise a subi une transformation radicale, passant de petites parcelles dispersées à une machine d’exportation d’une productivité stupéfiante. Aujourd’hui, les Pays-Bas comptent plus de 15 millions de porcs et de vaches, soit presque autant que la population humaine de ce petit pays. Les Pays-Bas ont la plus forte densité de bétail en Europe et, malgré leur taille, ils sont le premier exportateur de viande de l’Union européenne et le quatrième exportateur mondial de lait.

    La réputation des Pays-Bas en tant que puissance alimentaire est si forte qu’en 2017, le National Geographic a publié un article les qualifiant de « pays qui nourrit le monde ». En termes de valeur, les Pays-Bas sont les deuxièmes exportateurs de produits agricoles après les États-Unis. Le succès de l’industrie agricole néerlandaise a enrichi certains de ses plus grands agriculteurs, ainsi que les actionnaires des entreprises, des chaînes de supermarchés et des banques qui les entourent.

    Mais cette réussite flamboyante cache une catastrophe pour la nature.

    La « stikstofcrisis »
    Les émissions du bétail provenant des exploitations agricoles, comme celles situées près du Veluwe, sont le principal facteur contribuant à ce que les Néerlandais appellent la « stikstofcrisis« , la crise de l’azote. Ce qui peut sembler être une obscure préoccupation environnementale a, en fait, déchiré les Pays-Bas, interrompant les activités, provoquant des manifestations de rue explosives de la part des agriculteurs et réécrivant la politique du pays.

    Depuis quatre ans, la stikstofcrisis oppose les écologistes, armés de la réglementation européenne, aux groupes d’agriculteurs et à l’industrie agroalimentaire. Elle a alimenté les rancœurs qui couvaient depuis longtemps dans les campagnes néerlandaises, a provoqué des blocages au parlement et a déclenché l’ascension fulgurante d’un nouveau parti politique populiste qui a balayé les élections au début de l’année.

    Mais pendant ce temps, peu de progrès ont été réalisés dans la réduction des émissions d’azote provenant des exploitations agricoles. Et le sort d’habitats fragiles tels que le Veluwe semble aujourd’hui plus incertain que jamais.

    Au fil des décennies, les systèmes d’alimentation intensive sont devenus un moteur de destruction écologique qui ravage la biodiversité, de l’Europe à l’Amérique du Sud. La production de viande et de produits laitiers, au cœur de la crise alimentaire, est responsable à elle seule d’environ 15 % des émissions de carbone de l’humanité. Alors que les affrontements culturels et politiques sur la manière de nous nourrir sans détruire la planète s’intensifient, la nature lance un appel de détresse. Inévitablement, notre mode d’alimentation va devoir changer, en particulier dans les pays riches. Mais les Pays-Bas lancent un avertissement au monde entier : ce changement ne se fera pas sans heurts.

    En attendant, la Veluwe, ainsi que le reste des endroits calmes et sauvages de la planète, devront continuer à payer la note de ce qui se trouve dans nos assiettes.

    « Les forêts de chênes sont vraiment sur le point de s’effondrer à cause des dépôts d’ammoniac« , fait observer Bram van Liere, un militant du groupe environnemental néerlandais Milieudefensie. « Cela ne date pas d’aujourd’hui ou de l’année dernière, mais s’accumule dans l’environnement depuis des décennies. Il acidifie le sol, de sorte que les autres éléments nutritifs sont évacués jusqu’à ce qu’il n’en reste pratiquement plus rien. Et il ne s’agit pas de quelques oiseaux qui pourraient disparaître, mais d’un effondrement complet de la biodiversité. C’est toute une biodiversité qui s’effondre« .

    Un nuage qui tue les oiseaux
    L’écologiste Arnold van den Burg a découvert par hasard le rôle de la stikstofcrisis. Doté d’un rire profond et amoureux de la nature, Arnold van den Burg vit à la périphérie du Veluwe, où il étudie les oiseaux. Au début des années 2000, il a remarqué que les œufs de l’épervier d’Europe (Accipiter nisus) échouaient avant l’éclosion des poussins. Les tests qu’il a effectués ont indiqué que la cause était une carence en acides aminés chez les mères. « Cela m’a paru étrange« , raconte Arnold van den Burg, de la Biosphere Science Foundation. « En effet, les oiseaux de proie se nourrissent de protéines. Alors pourquoi manqueraient-ils de protéines ?« 

    Outre les œufs manquants, M. van den Burg a également observé des signes inquiétants chez d’autres espèces. Les poussins des oiseaux chanteurs se cassaient les jambes alors qu’ils étaient encore au nid, leurs os minuscules étant trop fragiles pour supporter leur poids. Il a découvert que les oiseaux chanteurs souffraient d’un manque de calcium. Il a commencé à soupçonner un coupable familier : la surcharge d’azote dans leur habitat.

    Le problème de l’azote aux Pays-Bas n’est pas nouveau, et sa cause n’est pas non plus un mystère. Les vaches et les porcs, qui constituent la base de l’industrie néerlandaise de la viande et des produits laitiers, consomment beaucoup d’aliments pour animaux, principalement des concentrés de soja importés de pays comme les États-Unis et le Brésil. Les agriculteurs qui cultivent ce soja utilisent des engrais synthétiques pour lui apporter de l’azote et du phosphore, les nutriments sur lesquels repose le système agricole mondial.

    Lorsque le bétail mange le soja, une partie de ces nutriments est absorbée par son organisme et donc par sa viande. Mais une plus grande partie encore est excrétée par le biais du fumier et de l’urine. Lorsque les deux se mélangent, que ce soit sur le sol des étables et des écuries ou dans les pâturages extérieurs, ils produisent de l’ammoniac, une forme gazeuse d’azote, qui s’évapore ensuite dans l’atmosphère. Dans les années 1980, la croissance constante du cheptel néerlandais a généré un nuage d’ammoniac dans tout le pays. Combiné aux émissions de dioxyde de soufre des usines, ce nuage a créé des pluies acides – l’un des premiers signes que le triomphe de l’agriculture intensive axée sur l’élevage présentait un inconvénient.

    « Vous pouvez sentir l’ammoniac, c’est un problème pour les gens« , affirme Roland Bobbink, un expert néerlandais de la science des dépôts d’azote à l’université de Radboud. « À la fin des années 80, les autorités ont donc lancé un programme de réduction des émissions d’ammoniac« .

    Surcharges d’azote
    Les mesures prises par le gouvernement comprenaient l’installation de meilleurs filtres sur les cheminées industrielles, ce qui a permis de réduire considérablement les émissions de dioxyde de soufre, ainsi que la mise en place d’une technologie aidant les éleveurs à séparer le fumier de l’urine. Grâce aux quotas laitiers imposés par l’Union européenne, le nombre de vaches laitières aux Pays-Bas a diminué de 600.000 au cours des 25 années suivantes, ce qui a permis de réduire de près de moitié les dépôts d’azote dans l’environnement. Cette baisse a suffi à stopper les pluies acides, mais pas à empêcher la surcharge en azote des écosystèmes voisins.

    « Au cours des 15 dernières années, la réduction des émissions a stagné« , observe Jeroen Candel, politologue à l’université et au centre de recherche de Wageningen. « Cela s’explique par une philosophie plus large selon laquelle le gouvernement ne devrait pas introduire de mesures coercitives, comme nous l’avons vu dans d’autres États membres de l’UE, mais plutôt s’en remettre au marché pour trouver des solutions. »

    L’ammoniac produit par l’élevage dérive dans l’air et finit par se déposer sur des surfaces situées dans un rayon de 20 à 30 km. Au fil du temps, il s’accumule, en particulier dans les sols. Certaines plantes adorent l’excès d’azote, s’en gavent et évincent les autres espèces. D’autres ne s’en sortent pas aussi bien. Finalement, le sol lui-même s’acidifie, drainant des nutriments vitaux et déséquilibrant les chaînes alimentaires. « On assiste alors à une augmentation de l’aluminium, qui est toxique pour les plantes et les animaux sensibles, ainsi qu’à une perte de calcium, de potassium et de magnésium dans le sol« , explique M. Bobbink.

    Comme le soupçonnait van den Burg, c’est ce qui a causé la souffrance des oiseaux. Au fil des siècles, les espèces vivant dans des écosystèmes tels que la Veluwe ont développé des méthodes complexes pour obtenir les nutriments dont elles ont besoin. Certains oiseaux du parc, par exemple, obtiennent leur calcium en mangeant des coquilles d’escargot. Mais l’acidification a réduit à néant la capacité des escargots à faire pousser leur coquille. « Ces changements entraînent une cascade de problèmes… dont les effets se font sentir sur les plantes, les insectes – qui meurent si on les pose sur les chênes -, les oiseaux chanteurs et les éperviers« , explique M. van den Burg.

    Lorsqu’il a publié ses recherches, celles-ci ont attiré l’attention des groupes de défense de l’environnement aux Pays-Bas, qui sonnaient l’alarme au sujet de l’excès d’azote depuis des décennies. Le problème est loin de se limiter à la seule région de la Veluwe. Selon une étude réalisée par Bobbink et publiée par Greenpeace, 118 des 161 zones protégées croulent sous le poids des dépôts d’azote et 14 seraient en passe de s’effondrer.

    Des cris et des flammes
    Lassés de supplier le gouvernement d’agir, ces groupes ont commencé à adopter une approche plus conflictuelle, se tournant vers les tribunaux des Pays-Bas et de l’UE pour obtenir ce que les politiciens pro-marché du pays ne voulaient pas. Les écologistes ont fait valoir devant la Cour européenne de justice et le Conseil d’État néerlandais, la plus haute juridiction du pays, que le gouvernement ne respectait pas les règles de l’UE qui imposent aux États membres de protéger la #biodiversité. M. Van den Burg était l’un de leurs témoins : « Dans les années 1980, alors qu’ils géraient très bien les dépôts d’acide sulfurique, ils auraient dû faire exactement la même chose avec les dépôts d’azote. Mais à cause du #lobby_des_agriculteurs, ils ne l’ont pas fait ». C’est aussi simple que cela. En mai 2019, le Conseil d’État a rendu son arrêt. La stikstofcrisis a commencé.

    L’arrêt s’est abattu sur les Pays-Bas comme un tombereau de fumier. Le tribunal a donné raison aux groupes de défense de l’environnement qui avaient porté l’affaire devant les tribunaux, ordonnant au gouvernement de cesser de délivrer des permis pour des projets émettant de l’azote jusqu’à ce qu’il présente un plan de réduction rapide des émissions. Du jour au lendemain, 18.000 projets de construction, dont des infrastructures essentielles et des logements, ont été mis en veilleuse jusqu’à ce qu’une nouvelle stratégie puisse être élaborée.

    L’économie étant menacée, un législateur néerlandais proche du cabinet du Premier ministre #Mark_Rutte a suggéré que la seule façon de résoudre le problème était de faire l’impensable : réduire considérablement le cheptel national. Les agriculteurs indignés, encouragés par les fabricants d’aliments pour animaux et d’autres acteurs de l’industrie agroalimentaire, se sont révoltés. Des milliers d’agriculteurs sont descendus dans la rue, bloquant les autoroutes avec leurs tracteurs et se rendant à La Haye, où ils ont organisé des manifestations devant les domiciles des législateurs.

    Mais quelques mois seulement après le début de la crise, la pandémie de COVID-19 est apparue, mettant temporairement fin aux manifestations, les agriculteurs attendant que le gouvernement publie son plan. Entre-temps, les tensions liées aux confinements et aux vaccinations se sont envenimées, alimentant la méfiance et renforçant l’atmosphère de suspicion à l’égard du gouvernement.

    Lorsque le cabinet Rutte a publié son plan azote tant attendu en juin 2022, il s’agissait d’une allumette jetée sur du petit bois sec. Ce plan prévoyait une réduction de 50 % des dépôts d’azote d’ici à 2030. Dans les zones proches des sites Natura 2000 (zones protégées par les réglementations européennes et nationales, comme la Veluwe), cette réduction pourrait atteindre 70 %. Pour parvenir à des réductions aussi spectaculaires, certaines exploitations agricoles devraient être rachetées et fermées.

    L’annonce a mis le feu aux poudres dans la campagne, parfois au sens propre du terme. Les drapeaux néerlandais renversés, symboles du mouvement de protestation, ont été brandis comme une bannière de guerre depuis les maisons, les viaducs et les fermes. Des dizaines de milliers d’agriculteurs en convoi de tracteurs ont sillonné les autoroutes des zones rurales, s’arrêtant pour mettre le feu à des tas de fumier et de foin. À un moment donné, la police a tiré sur un tracteur qui, selon elle, tentait de lui foncer dessus.

    Collés à leur écran, la plupart des Néerlandais n’ont pu s’empêcher de sympathiser avec les manifestants, y compris de nombreux écologistes, qui estimaient que les agriculteurs devaient supporter le fardeau d’une crise que le gouvernement aurait dû régler il y a des années. « Ce n’est pas leur faute principale« , remarque M. van den Burg. « C’est un manque de bonne gouvernance qui se produit aujourd’hui. Pendant des décennies, les agriculteurs ont été incités à produire de plus en plus, quel que soit le coût pour l’environnement. »

    Cette réaction explosive a soulevé des questions difficiles pour le mouvement écologiste. Pour protéger la nature, les émissions d’#azote doivent baisser immédiatement. Mais les mesures que beaucoup jugent nécessaires risquent de mettre certains agriculteurs sur la paille. Alors que la protection de l’environnement se heurte de plein fouet aux moyens de subsistance de ces agriculteurs, les responsables politiques néerlandais seraient-ils en mesure de survivre à ces mesures ?

    Ici, à l’ombre des chênes de la #Veluwe, les événements de l’été 2022 semblent lointains, bien loin de la décomposition silencieuse et lente qui s’opère sous le sol et l’écorce. C’est un défi pour les écologistes : au milieu de l’éclosion pittoresque d’une nouvelle vie, il faut un œil expérimenté et réfléchi comme celui de Visser-Winterink pour voir ce qui risque d’être perdu. Comparée à la réaction énergique aux politiques destinées à l’inverser, la lenteur du déclin de la biodiversité aux Pays-Bas est facile à ignorer.

    Alors que la société néerlandaise s’éveille à la difficile réalité que son environnement ne peut plus survivre à son système alimentaire, la façon dont elle réagit pourrait être un avant-goût de ce qui se passera au-delà de ses frontières. « La polarisation au sein des groupes est une chose qui surprend tout le monde", soupire Mme Visser-Winterink. « La situation devient très dure, et les gens ne sont plus capables de se retrouver. Les agriculteurs ne pensent qu’à leurs intérêts et les défenseurs de la nature ne pensent qu’aux leurs. Ils ne trouvent pas de terrain d’entente. ».

  • "La classe ouvrière doit reconnaître un Allende ou un Mitterrand pour ce qu’ils sont : des ennemis de classe. [...] Allende ne prépare à la classe ouvrière que des désillusions s’il ne fait pas le lit de la dictature militaire."

    La Quatrième Internationale voit, au Chili, la bourgeoisie au pouvoir et la classe ouvrière au gouvernement
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-1972-1977-bilingue/article/la-quatrieme-internationale-voit
    #archiveLO (Lutte de classe n°10 - mai 1973)

  • À la veille du coup d’État du 11 septembre 1973 (#archiveLO 4 septembre 1973) #Chili #Allende) :

    « Allende, qui ne veut surtout pas s’appuyer sur la population laborieuse, ne peut que s’appuyer sur cette armée. On ne voit pas très bien en quoi le gouvernement d’Allende, qui réprime plus durement l’ext-gauche que la droite, est encore un gouvernement de gauche, pour autant que ce terme signifie quelque chose. »

    – Allende se raccroche à l’ombre de l’armée
    – Fajon dénonce les « erreurs » de l’Unité populaire : « Quand nous serons ministres... »

  • Chili, 4 septembre 1970 : la victoire de l’"Unité Populaire" n’est pas celle du peuple | #archiveLO (15 septembre 1970)

    "On parle d’un coup d’Etat possible et d’un putsch militaire. On cite même le nom du général qui pourrait en prendre la tête. [...] Allende multiplie les déclarations rassurantes sur son désir de jouer le jeu alors que la tâche la plus urgente du moment serait d’armer et moralement et matériellement le peuple chilien. Allende est en fait en train de désarmer le peuple chilien dans le moment ses pires ennemis fourbissent ouvertement leurs armes"

    [...] La bourgeoisie chilienne et l’Anaconda n’ont certainement pas le fétichisme de la légalité qui est celui de la gauche chilienne et qui fait le grand bonheur de l’Humanité. On parle d’un #coup_d'Etat possible et d’un putsch militaire. On cite même le nom du général qui pourrait en prendre la tête. Tout comme en Espagne, il y a plus trente ans, on pouvait voir se préparer quasi ouvertement la conspiration de la droite et de Franco après la victoire électorale du #Front_populaire.

    Et, tout comme en Espagne, la gauche, toute à ses préoccupations électorales, toute à son légalisme, n’a en rien préparé le peuple chilien, qui vient de lui accorder sa confiance, à faire face à la situation. Tout au contraire, dans l’espoir d’amadouer une droite qui est prête à étrangler la constitution pour défendre ses privilèges, Allende multiplie les déclarations rassurantes sur son désir de jouer le jeu alors que la tâche la plus urgente du moment serait d’armer et moralement et matériellement le peuple chilien. Allende est en fait en train de désarmer le peuple chilien dans le moment même où ses pires ennemis fourbissent ouvertement leurs armes. La #gauche chilienne n’a pas plus appris de l’histoire que la nôtre.

    Il est possible aussi, bien entendu, que les classes dirigeantes chiliennes et les grandes compagnies américaines laissent Allende s’installer tout de même dans le fauteuil présidentiel. Les premiers mouvements de la démocratie chrétienne semblent indiquer qu’une fraction au moins est favorable à cette politique. Après tout, le #Chili a déjà connu d’autres gouvernements de front populaire ou soutenus par les communistes en 1938 et même avec des ministres communistes en 1946. Cela n’a pas modifié considérablement ni le sort du peuple chilien ni celui des classes privilégiées ni même celui des grandes compagnies implantées dans le pays. Pourquoi #Allende serait-il d’une autre classe que ses prédécesseurs ?

    L’Anaconda et la bourgeoisie chilienne peuvent donc laisser Allende parvenir à la présidence, attendre et voir venir. D’autant plus qu’elles auront toujours à leur disposition et les députés démocrates chrétiens et l’extrême-droite, l’armée et la au cas où le président mine de remplir son contrat. L’hypothèse est-elle bien pour le peuple chilien ?

    Qu’est-ce qui enthousiasme donc les rédacteurs de l’Humanité ?

  • Surréalisme : mouvement superficiellement révolutionnaire et profondément réactionnaire, par Victor Serge (Carnets. 1936-1947, Éd. Agone, p. 156-159)

    2 janvier 1942. — Socialement conditionné à un degré désespérant. Une évasion (ou rébellion) entièrement manquée. (Les grandes évasions-rébellions qui ont donné des réussites : nihilisme russe des années 1860-1880, #marxisme, anarchisme ; découvertes intellectuelles fécondées par des fermentations de masses. Rôle du nombre, c’est-à-dire de l’ambiance sociale. L’évasion n’est possible que si se crée, en opposition avec la société, au sein de celle-ci, un milieu assez ample et vivant.)

    Définition : poésie et peinture de l’automatisme psychologique, afin de libérer les facultés d’expression de la raison et de toutes contraintes et de leur permettre d’atteindre ou de révéler ainsi une réalité plus profonde, plus vraie, plus originale que celle qui est organisée par la raison.

    Deux éléments en ceci : une révolte contre la raison abâtardie (bon sens, sens commun, sens bourgeois, abdication de l’effort intellectuel, conformismes) d’une époque de décadence, France saignée et enrichie du lendemain de la Première Guerre mondiale, bourgeoisie triomphante mais usée. En ce sens le mouvement peut être considéré comme révolutionnaire dans l’immédiat parce qu’il conduit à des prises de position contre ce qui règne (Henri Michaux : Je contre, très fort).

    Mais au-delà de la raison abâtardie du moment, sa critique vise l’intellect en soi (en soi, termes impropres, l’intellectuel est toujours socialement conditionné), plus exactement l’intelligence rationnelle qui a a bâti la science et la philosophie et prend l’essor avec la méthode expérimentale (Bacon, Descartes) à l’époque de la révolution industrielle, donc à partir de 1760. Vision objective du monde, irréligieuse ; formation d’une conscience claire qui se sent puissante, prodigieux levier révolutionnaire, puisque l’homme se découvre enfin lui-même, l’individualisme surmonté. Raideur, dureté, limites naturelles de la pensée claire à chaque moment de l’histoire de là ses retours sur elle-même, l’intérêt qu’elle porte à la pensée obscure, découverte du subconscient, intuition, religion, etc. ; ces retours féconds appuyés par les tendances sociales réactionnaires qui exploitent l’esprit religieux et la tradition l’inertie psychologique. Aspects révolutionnaires de la dialectique bergsonienne et sa tendance générale réactionnaire. Il reste que la conscience est essentiellement claire, d’autant plus riche peut-être qu’elle se nourrit mieux - avec maîtrise des éléments profonds de la vie, qui sont obscurs, plongeant au-delà, loin de la conscience.

    L’attitude négative des #surréalistes à l’égard de l’esprit scientifique rigoureux (ne peut être que rigoureux : objectivité incompatible avec complaisance), leur manque de culture scientifique (ignorance du marxisme, freudisme superficiel, André Breton ignore Pavlov, études de l’astrologie - A. B. et Pierre Mabille* sans connaissance de l’astronomie, intérêt pour la magie sans connaissance de la sociologie, de l’ethnologie et de l’histoire des religions) témoignent d’une débilité, recul devant l’effort sérieux, attrait de l’effet facile, plaisir de l’effervescence intellectuelle ; de là captivité intérieure… Bohème intellectuelle effervescente, relativement riche par rapport à la pensée académique sclérosée débile et inconsistante par rapport à la pensée révolutionnaire. De là, attrait de la pacotille : exploitation facile du bizarre, de la folie, du paradoxe (riches, certes, et révélateurs, mais qui requièrent plus d’attention réelle et de connaissance objective).

    Mouvement superficiellement révolutionnaire et profondément réactionnaire.

    Enrichissant dans la littérature et la peinture (ceci à considérer à part : crise des arts plastiques dans la décadence de la civilisation bourgeoise) par rapprochements nouveaux, audaces, appel à des moyens destructeurs de conventions, coups de sonde dans l’inconnu, rupture (beaucoup trop locale) avec l’inertie mentale.

    Contrepartie écrasante : vu l’impossibilité d’une rupture réelle par ces moyens médiocres et dans ce milieu bohème, chutes dans le sexualisme facile, le procédé, le charlatanisme même, le révolutionnarisme qui n’est que recherche du scandale (snobisme). Rien de ceci n’exclut la sincérité d’hommes appartenant à à une société où la sincérité est superficielle. « L’écriture automatique » et ses trucs : l’écrivain trichant avec lui-même. Consiste souvent à donner les brouillons pour des œuvres ; laisser-aller, contentement de soi-même, impuissance créatrice. Manière d’écrire d’A.B. : travail acharné, armé de dictionnaires pour recherche de mots rares ou d’associations imprévues, effort très rationnel tendant à donner l’impression d’un automatisme et n’arrivant qu’à l’ésotérique.

    Truquages littéraires, Jacqueline me disant : « Vous avez ’La chanteuse chantait...’ Le mot propre n’est pas : la poésie, j’aurais mis : "La chanteuse dormait... »› Du gongorisme à la plus plate littérature ornementale, la ligne de la recherche a été celle-ci : orner la réalité, dédaigner l’expression directe de la réalité. Est-ce Voltaire : « Ne dites pas : "la lune", dites : "l’astre des nuits..." ?

    Mauvaise qualité de la rébellion surréaliste : I. Strictement littéraire, n’est pas sortie des cafés de Paris et des revues - 2. A recherché l’effet choquant scandale, publicité , non l’effet révolutionnaire utile, libérateur : 3. Ne visait qu’un public sélectionné souvent riche (peinture bien vendue), #NRF ; - 4. Nature indigente des prises de position intérieures : plus de volonté de mépriser pour se grandir soi-même que de comprendre et d’apprécier ; stylisation pour se maintenir en dépit d’une certaine incohérence.

    À propos de l’enquête surréaliste « Le suicide est-il une solution ? », j’avais bien raison d’écrire dans #Littérature_et_révolution (1930) que les prolétaires et les révolutionnaires pensent à conquérir le monde, à bien se battre et non à la solution du suicide, qui est celle de jeunes bourgeois ou petits-bourgeois inadaptés ou désespérés. (Tout autre chose, le suicide des révolutionnaires qui peut être une solution ; rien de commun entre #Jacques_Rigaut — lord Patchogue — et A.A. Joffé, Marie Joffé, Evguenia Bosch, Paul et Laura Lafargue - c’est la ligne de la vie qui définit la valeur du point final.)

    Disais à Marseille : « Une découverte intéressante, dans le domaine de l’art, faite dans les plus mauvaises conditions, dans les cafés de Paris et l’atmosphère déliquescente du lendemain de la Première Guerre mondiale. »

    #surréalisme #Victor_Serge #André_Breton #écriture_automatique

  • Volker Braun, “Grande pirogue en souffrance”, par Jean Renaud
    https://www.poesibao.fr/volker-braun-grande-pirogue-en-souffrance-lu-par-jean-renaud
    https://www.en-attendant-nadeau.fr/2023/08/03/braun-grande-pirogue-souffrance
    http://editionsbardane.org/livres/grande-pirogue-en-souffrance

    Mais ce que cite principalement ce livre, et qui le constitue, c’est la parole, authentique ou imaginée (difficile de savoir, d’être sûr) de ceux que l’entreprise coloniale a mis face à face. D’un côté, celle des colonisateurs, militaires ou commerçants, brutale, arrogante, atroce : “enfants / Qu’ils sont et qu’ils resteront” ; ils “poussent l’audace / Jusqu’à se défendre ! Cela m’a mis en rage” ; “Les habitants du lieu / Vivaient pour ainsi dire de leur oisiveté[…] Ils ne se souciaient que d’eux-mêmes. / Cet état de choses était déplorable.” De l’autre, celle des insulaires, à la fois fière et désespérée : “Nous écrivions à même le vent et sur le sable. / Nous allions tête haute” ; “Quand on m’eut fait violence / Derrière les latrines / Et àmes sœurs de même […] / Nous étions / Vouées à la mort.”

    On est tenté, et on vient de le faire, de garder de ce livre telles phrases fortes, dénonciations éclatantes de la violence coloniale. Mais ce qui retient le plus, ce sont sans doute, hors de ces formules, ces nombreux passages à l’écriture sèche, étroite, dépourvue d’émotion explicite, où l’on peut reconnaître la manière des objectivistes américains, en particulier celle de Reznikoff dans Testimony. Par exemple, côté allemand : “En onze jours 350 fusiliers marins / Ont éliminé sur env. six kilomètres carrés / Cinq villages et le bourg principal, avec tous les ustensiles / Et nasses, des canoés à n’en plus finir dont certains / De plus de 30 pieds de long, afin de leur ôter / Tous les moyens de fuir…” Ou, côté insulaires : “Les survivants avaient encore construit cet unique / Bateau, mais en raison du recul de la / Population n’avaient jamais pu lui trouver / D’équipage. Il n’a donc jamais été utilisé parce qu’on / N’en avait pas l’usage et que personne n’a réussi à le mettre à l’eau. A la suite de quoi il est / Resté sur la plage.

    Extrait :

    IV
    Nous fîmes route avec la canonnière
    HYENE et la corvette CAROLA pour punir
    Ces rebelles et de nos obus avons mis
    Leurs huttes en feu. Et tous ces messieurs s’étant
    Réfugiés dans la brousse, nous avons pris pied
    Sur la côte et avons fait du petit bois de leurs bateaux,
    Rien que grands canots tenant la mer, sculptés
    Et peints, ce qui nous étonna. Ils étaient aussi
    Nécessaires à leur vie que les plantations de palmiers
    Et arbres à pain que nous dévastâmes
    De semblable façon de telle sorte que ces
    Sauvages n’aient plus rien pour vivre. La moitié
    Estait déjà occise et les autres
    Furent poussés à la mer. Voilà ce que j’ai vu.
    (pages 15 et 17-18)

    #Allemagne #Papouasie #colonialisme #Luf

  • Coup d’État au #Gabon : Eramet, la filiale de TotalEnergies et Maurel & Prom plongent en Bourse

    Les investisseurs s’inquiètent des intérêts détenus par ces sociétés dans le pays d’Afrique centrale où un coup d’État est en cours. […]

    TotalEnergies Gabon, filiale de TotalEnergies dans le pays d’Afrique centrale, a, pour sa part, plongé de 26 %. […]

    La Première ministre française, Élisabeth Borne, a déclaré, ce mercredi matin, que la France suivait « avec la plus grande attention » les événements en cours au Gabon.

    https://www.aa.com.tr/fr/afrique/coup-d-%C3%A9tat-au-gabon-eramet-la-filiale-de-totalenergies-et-maurel-prom-plongent-en-bourse-/2979013

    #impérialisme

  • Gauche : marcher séparément, trahir ensemble | Le Journal Lutte Ouvrière
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/08/30/gauche-marcher-separement-trahir-ensemble_726279.html

    Les universités d’été des partis de gauche ont été dominées par la question qui préoccupe les états-majors, les élections européennes. Elles ne seront pourtant qu’une étape en vue de la préparation de l’échéance présidentielle de 2027.

    Se présenter séparément à ces élections, en juin 2024, comme le PCF et les Verts l’ont annoncé, permet d’exister en vue de négocier un éventuel ralliement à l’étape suivante. LFI, en ce moment le plus important électoralement, veut une liste commune des partis de gauche pour préparer une candidature unique, très probablement celle de Mélenchon, à la présidentielle de 2027. Ségolène Royal, ex-ministre et dirigeante PS, ex-candidate à la présidentielle, ex-représentante aux Pôles et on en oublie, a trouvé le moyen de faire parler d’elle en se déclarant « disponible » pour conduire une liste unique de la gauche. Les calculs de ces politiciens ne valent toutefois que s’ils trouvent des électeurs…

    Quels que soient leurs intérêts d’appareils ou de personne, quel que soit même leur programme politique, tous spéculent sur le sentiment, maintes fois entendu, qu’il faut que la gauche s’unisse pour se débarrasser de Macron et pour éviter l’arrivée au pouvoir de Le Pen. Mais c’est ce mirage d’un bon gouvernement de gauche, ses trahisons une fois au pouvoir, qui ont conduit à l’explosion de l’abstention politique dans la classe ouvrière, au déplacement général de l’opinion vers la droite, à la montée de Le Pen. Il n’y a pas de remède électoral à cette dégradation sociale et morale, il n’y a pas de combinaison politicienne ou d’unité miraculeuse. Il n’y a que l’activité patiente et quotidienne des militants de la classe ouvrière pour lui donner conscience de sa force et de sa capacité à renverser l’ordre social. C’est sur cette base-là seulement que l’unité des travailleurs peut constituer une perspective réelle.

  • De l’indépendance à nos jours… Le Gabon en quinze dates
    https://rfi.my/9tE2
    par Tirthankar Chanda

    Indépendant depuis 63 ans et sous le joug d’une dynastie kleptocrate depuis 1967, le Gabon vient d’entrer dans une nouvelle ère de turbulences. L’histoire du Gabon indépendant en quinze dates-clés.

    Alors que le régime d’Ali Bongo au #Gabon fait face à son tour à un coup d’Etat, dont on ignore encore l’issue, l’association Survie, spécialisée sur la #Françafrique, appelle la France à la plus stricte neutralité et en particulier à s’abstenir de tout interventionnisme militaire.
    https://survie.org/pays/gabon/article/au-gabon-la-france-doit-rester-en-retrait-et-ses-militaires-ne-doivent-pas

    au suivant ...
    https://survie.org/publications/videos/article/cameroun-40-ans-au-pouvoir-de-biya-40-ans-de-francafrique

    Au #Cameroun, Paul Biya a pris le pouvoir il y a 40 ans avec le soutien de la France de François Mitterrand, et ne l’a jamais lâché depuis. Alors que son régime incarne la Françafrique jusqu’à la caricature et que les violations des droits humains sont récurrentes sous son règne, #Emmanuel_Macron lui a rendu visite en juillet. La guerre que la France a menée contre les indépendantistes dans les années 1950 et 1960 a certes été évoquée, en annonçant la création d’une commission d’historiens à ce sujet, mais en escamotant une autre guerre, celle qui ravage les deux régions anglophones du pays depuis cinq ans - sans que Paris suspende pour autant sa coopération militaire étroite avec l’armée camerounaise.

    https://www.youtube.com/watch?v=AE2VdX-U55Y

  • Climat : quels moyens devant la catastrophe ?
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/08/30/climat-quels-moyens-devant-la-catastrophe_726301.html

    Devant l’accumulation des catastrophes climatiques, incendies géants au Canada, à Hawaï, en Grèce et dans tout le bassin méditerranéen, inondations terrifiantes de l’Asie à la Californie, pics de chaleur inédits un peu partout, l’évidence du changement climatique s’impose.

    Comme s’imposent l’évidence de sa cause principale, l’activité industrielle et commerciale incontrôlée, et la gravité de ses conséquences pour l’humanité tout entière.

    Les quelques centaines de grandes entreprises qui dominent l’industrie, l’agriculture, les transports et le commerce et les quelques milliers de familles qui les détiennent sont les premières responsables de cette catastrophe car elles sont les héritières et les bénéficiaires de l’organisation sociale qui en est la cause. Elles ne tolèrent pourtant que des changements marginaux dans leurs activités et encore, à condition que les frais en soient assumés par la collectivité et que cela conduise à une augmentation de leurs bénéfices.

    Par exemple, les armateurs veulent bien être aidés pour changer de carburant, mais personne, et surtout pas eux, ne se pose la question de l’utilité sociale de transporter autour de la terre des centaines de millions de conteneurs. De même, les capitalistes de l’automobile acceptent d’être payés pour passer à l’électrique, sans aucune garantie sur le climat d’ailleurs, alors que c’est évidemment l’idée même du transport individuel généralisé qui est aberrante. Quant aux groupes pétroliers et gaziers, ils acceptent d’une main les subventions aux énergies renouvelables en continuant de l’autre à forer partout où ils sentent l’odeur du dollar.

    Après 28 COP (Conférence internationale de lutte contre le dérèglement climatique) ayant accouché de 28 souriceaux mort-nés, la prétendue communauté internationale a montré son incapacité totale à combattre le changement climatique. Quant aux gouvernements, aux appareils d’État des pays riches, quelle que soit leur nuance politique, ils ne font et ne feront rien contre les intérêts de firmes capitalistes avec lesquelles, chacun dans son pays, ils sont étroitement liés.

    De Biden à Macron, la défense de la planète consiste en un catalogue de mesures ridicules, d’impôts supplémentaires pour les travailleurs et de subventions nouvelles pour le patronat. Ce n’est pas par incapacité politique, car ils sont tout à fait capables de volonté lorsqu’il s’agit de trouver des centaines de milliards pour les budgets militaires, de faire la guerre ou d’imposer leurs lois aux pauvres. C’est par incapacité sociale, car tenter d’enrayer la crise climatique ne peut se faire que contre le capital, contre son organisation sociale et donc contre la classe dominante, en chair et en os

  • Peter Sloterdijk considère la seconde bataille d’Ypres, en avril-mai 1915, comme l’ouverture d’un temps (qui ne s’est plus refermé) de guerre atmosphérique, un temps qui fait du climat l’objet des principaux conflits. Car la cible n’est plus directement le corps des soldats, mais leur environnement : les conditions qui permettent à l’organisme de se maintenir en vie, chacun devenant potentiellement « victime de son seul besoin de respirer ». La recherche s’est vite penchée sur le perfectionnement des appareils de protection respiratoire, parfois inspirés de ceux des mines. À la suite de quoi s’est développée toute une climatologie guerrière, jusqu’au paroxysme avec le Zyklon B des chambres à gaz et la bombe atomique.

    (Marielle Macé, Respire, août 2023)

    La pollution de l’air, première menace pour la santé humaine https://www.liberation.fr/environnement/pollution/la-pollution-de-lair-premiere-menace-pour-la-sante-humaine-20230829_XYQI4

  • L’Ultra-trail du Mont-Blanc asphyxie la vallée de Chamonix
    https://reporterre.net/L-Ultra-trail-du-Mont-Blanc-asphyxie-la-vallee-de-Chamonix

    Le rendez-vous mondial du trail, l’UTMB Mont-Blanc, se tient à Chamonix. Dans la vallée, déjà asphyxiée par le tourisme de masse, on s’élève contre cette « course au pognon ». Certains coureurs s’indignent eux aussi.

    Des tonnelles se dressent en centre-ville, des banderoles à l’effigie de marques de sport flottent dans la vallée et des maillots floqués « UTMB » habillent de nombreux badauds. Chamonix accueille la vingtième édition de l’Ultra-trail du Mont-Blanc jusqu’au 3 septembre [1]. Un évènement titanesque qui rassemble plus de 100 000 personnes dont environ 10 000 coureurs et 20 000 accompagnants.

    L’évènement débute lundi 28 août avec huit courses étalées sur la semaine mais l’épreuve reine, l’UTMB 100M, s’élancera le 1er septembre depuis Chamonix. 171 kilomètres, 10 000 mètres de dénivelé positifs, un tour du Mont-Blanc avec trois pays traversés et des points de vue à couper le souffle. Les quelque 2 300 coureurs tirés au sort ou sélectionnés pour cette course réalisent un rêve. « C’est le trail le plus important du monde et le plus médiatisé. C’est là qu’il faut être performant », dit Andy Symonds, un coureur anglais qui est arrivé onzième de l’UTMB l’an passé. « C’est une course emblématique », confirme le coureur français Xavier Thévenard qui a remporté trois fois l’UTMB, « les glaciers, la diversité des paysages, le Mont-Blanc, tout est incroyable ».

    « Nous ne sommes pas des partisans de la décroissance »

    Cette renommée vaut à l’UTMB le statut de finale mondiale du trail avec 118 nationalités représentées. Des coureurs et des spectateurs du monde entier se bousculent pour venir dans la vallée de Chamonix durant l’évènement impliquant de nombreux déplacements. En 2019, l’organisation de la course avait mandaté WWF pour réaliser un bilan carbone de la semaine. En prenant en compte uniquement les coureurs et leurs accompagnants, WWF a estimé que l’empreinte carbone s’élevait à 11 610 tonnes équivalent CO2 pour l’édition 2019. Un chiffre catastrophique, principalement dû aux déplacements en avion et qui équivalent au bilan d’un Grand Prix de Formule 1.

  • Rentrée : Macron prépare les prochains coups de bâton | éditorial de Lutte Ouvrière
    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/rentree-macron-prepare-les-prochains-coups-de-baton-726236.html

    Alors que la période des vacances se termine, marquée par les épisodes de canicule, les urgences fermées, la flambée des prix et les menaces de guerre, le gouvernement se met en ordre de bataille pour la rentrée.

    Fier d’avoir imposé sa réforme en nous volant deux années de retraite, Macron prépare les prochains coups de bâton. Ils viseront tout le monde parmi les classes populaires.

    Sous prétexte que la dette de l’État atteint les 3000 milliards d’euros, le gouvernement s’apprête à tailler dans les dépenses dites sociales, RSA, Sécurité sociale ou indemnités chômage.

    Mais cette dette n’est pas la nôtre. Si l’État a emprunté 700 milliards d’euros supplémentaires en cinq ans, ce n’est pas pour protéger la population. C’est pour permettre aux groupes de l’énergie de vendre l’électricité ou l’essence au prix fort. C’est pour permettre aux Dassault, Thalès et autres marchands d’armes de s’enrichir avec la guerre en Ukraine. C’est pour garantir les intérêts des capitalistes français face à leurs concurrents américains ou chinois.

    Il n’y a pas à accepter que les malades payent 50 centimes supplémentaires sur chaque boite de médicaments, que les arrêts maladie soient traqués et les chômeurs moins indemnisés pour que les banquiers, les industriels de la pharmacie, de l’énergie ou de l’armement continuent à se gaver !

    Bruno Le Maire se vante d’avoir baissé les impôts de production des entreprises de 10 milliards d’euros et s’engage à les supprimer d’ici 2027. Mais les industriels en réclament toujours plus ! Et comme toujours, c’est à nous de payer la facture. Ainsi les communes, coincées entre la hausse des coûts et le baisse de leurs dotations, augmentent la taxe foncière. Et d’autres taxes sont en préparation.

    Elles s’ajouteront à la hausse des prix de l’alimentaire et de l’énergie. Ministres et économistes promettaient une baisse de l’inflation dans l’été. Maintenant, ils l’annoncent pour l’automne... Non seulement ils n’en savent rien, mais ils cherchent à camoufler que les industriels et la grande distribution font monter les prix pour s’assurer des profits toujours plus grands. Cette inflation est une forme d’impôt prélevé par la bourgeoisie sur l’ensemble des classes populaires.

    Depuis le 1er août, s’applique la dernière réforme de l’assurance-chômage. Elle réduit de 25 % la durée de l’indemnisation et durcit les conditions pour obtenir des droits au chômage. Elle est conçue pour obliger les chômeurs à accepter n’importe quel emploi à n’importe quel salaire. Mais Macron veut en rajouter une couche et reparle d’une réforme du marché du travail « pour produire plus en travaillant davantage » !

    Les jeunes des classes populaires sont les premiers visés. Tous les prétextes sont bons pour les pousser à travailler de plus en plus tôt. L’apprentissage a explosé avec plus de 800 000 jeunes dont le maigre salaire est entièrement pris en charge par l’État. La réforme des lycées professionnels vise à augmenter les temps de stages en entreprise au détriment de la culture générale et à adapter « l’offre à la demande », c’est-à-dire les métiers enseignés aux besoins immédiats des entreprises.

    Si Macron prétend faire de l’Éducation son domaine réservé, ce n’est pas pour offrir une éducation de qualité à la jeunesse des quartiers pauvres. C’est pour la mettre au pas ! Pour l’embrigader derrière les valeurs militaires, il a déjà instauré le Service national universel. En déplorant que 20 % d’enfants ne sachent pas lire ou écrire en sixième ou qu’il y ait trop d’échecs à l’université, il prépare le terrain pour envoyer ces jeunes-là à l’armée ou se faire exploiter au plus vite à l’usine.

    En annonçant « la restauration de l’autorité à l’école », en sommant les enseignants d’être « les gardiens des valeurs républicaines », de contrôler les idées et même les vêtements des élèves, il drague avant tout les électeurs d’extrême droite. Ses coups de menton ne rajoutent aucun moyen, aucun personnel à l’école et sont bien incapables de proposer un avenir digne à la jeunesse ouvrière.

    Le gouvernement ne se prépare pas seulement à nous faire trimer plus, à réduire notre accès aux soins, à nous priver de l’essentiel avec des salaires qui ne suivent pas la hausse des prix. Il prépare de plus en plus ouvertement la guerre générale que la crise de l’économie capitaliste et les rivalités entre les grandes puissances rendent inéluctable. C’est l’un des objectifs de la mise au pas des travailleurs et de la jeunesse. Cet engrenage dépasse la petite personne de Macron ou de ses concurrents qui s’agitent sur la scène. La seule voie pour l’enrayer est que les travailleurs renversent ce système capitaliste dément.

  • J’ai testé l’appli Exodus Privacy
    Je ne sais pas ce qui m’a pris, j’avais envie de savoir ce qu’il en était.

    A comme Arte ou ATInternet

    Le scan effectué sur mon téléphone par Exodus retourne ses résultats par ordre alphabétique. Ainsi, j’ai en premier lieu découvert que l’appli d’Arte (le média franco-allemand de service public) contenait six traqueurs différents. Parmi eux, celui émis par une grosse firme appelée Nielsen, qui promet de « révéler le sentiment du consommateur face à sa situation financière, d’en explorer le comportement et l’impact sur les dépenses, et son évolution dans le temps » (traduit de l’anglais).

    #surveillance #marketing #arte #vie_privee #privacy #services_publics #tracking

  • Les migrants et les vacanciers à la montagne

    Médecin à #Montgenèvre (05), j’assure la #permanence_médicale, pour les locaux, les #touristes de passage, mais également pour les #urgences_vitales. L’’hôpital est à 25 minutes (Briançon). J’assiste depuis quelques quelques années aux tentatives de passages de migrants de l’#Italie vers la #France, prêts à prendre tous les risques pour essayer de rejoindre des proches dans un pays européen.

    Durant cette saison estivale, il est étrange de voir cohabiter des touristes randonneurs/vététistes etc. et de plus en plus de migrants cherchant leur salut en fuyant leur pays, certainement pas par plaisir, mais pour de multiples raisons que vous connaissez mieux que moi.
    Lors de mes déplacements, je rencontre donc des touristes en balade et des migrants cherchant leur salut loin de chez eux.
    Cohabitation étrange, anachronique, et de plus en plus fréquente...
    La période est propice, les températures sont clémentes, le nombre de tentatives de passages est donc conséquent.
    Je rencontre également des gens en uniforme, PAF ou gendarmerie, en véhicules 4x4 l’été, en quad l’hiver, cherchant probablement à les intercepter.
    Ces migrants en quête d’un refuge se heurtent (après certainement beaucoup plus de déboires lors de leur long périple, sans cesse renouvelé) à cette #traque qui me choque, devant ces personnes potentiellement en danger.
    La présence des gendarmes incitent les migrants à s’éloigner du parcours le plus simple et à s’égarer vers les crêtes de la station ou dans la forêt avec un risque majoré.

    Début août, j’ai été appelé par le centre 15 pour les premiers soins auprès d’une femme migrante prête à accoucher durant sa marche trans-frontalière, nous avons pu nous en occuper, entourés par l’équipe du Samu arrivée en renfort, et des gendarmes sur les lieux... avant le Samu...
    Début août, un jeune migrant a été retrouvé décédé en haut des pistes de VTT/SKI.

    Comme lors des hivers précédents, ces personnes sont davantage mises en danger et se blessent voire se tuent (il y a des précédents les dernières années), en essayant de passer malgré tout.

    Je vous passe les détails des conditions de passage de nos cols en hiver, et de l’état dans lequel ils sont recueillis au Refuge à Briançon, -Association Refuges Solidaires, située à Briançon (Hautes-Alpes - créé par des bénévoles et du mécénat, afin de ne plus laisser dehors des hommes, femmes et enfants qui arrivent d’Italie et traversent nos cols).
    Ce fameux Refuge, rare lieu d’accueil ou toutes les nationalités, tous les âges, familles et enfants voire bébés parfois, se retrouvent accueillis, abrités, réchauffés et nourris.
    Avant de pouvoir être assistés pour organiser la suite de leur voyage, une fois reposés, et soignés, grâce à la #PASS - #Permanence_d'Accès_aux_soins - service mis en place par l’hôpital et en accord avec l’#ARS, afin d’apporter des #soins médicaux grâce à du personnel de l’hôpital.
    Ce #refuge_solidaire peut accueillir à ma connaissance entre 65 et 80 personnes en danger ou abîmées, dans de bonnes conditions.
    Il est actuellement plein à craquer, dépasse ses capacités d’accueil avec + de 200 migrants actuellement hébergés.
    Seules 2/3 personnes salariées œuvrent au mieux pour coordonner cet accueil.
    Et des dizaines de bénévoles s’épuisent à aider pour les repas, organiser l’hébergement, soulager, réconforter, etc.
    La #promiscuité du fait du surnombre mène à l’épuisement et au « burn out » des meilleures volontés.
    La situation devient extrêmement tendue, avec une cohabitation de plusieurs nationalités qui devient très difficile.

    A côté de cela, je ne vois de la part des pouvoirs publics que de l’entêtement à vouloir bloquer le passage à la frontière, ce qui est peine perdue pour des gens en détresse qui ré-essaieront sans cesse (regardons ce qui se passe sur nos côtes, et le nombres de vies déjà perdues).
    Entêtement de ceux qui nous gouvernent à mettre des moyens démesurés pour contrôler, en mettant en place des centaines de gendarmes (avec la logistique et le coût que cela représente..)

    A l’échelle de la petite ville de Briançon, c’est inédit, et cette situation commence à perdurer, faute d’une vision et réorganisation globale de l’accueil, au niveau français et européen.
    L’hôpital souffre d’un défaut de moyens (surtout en personnel), et l’on voit débarquer des dizaines de cars de gendarmes arrivant en renfort, très (trop) régulièrement...
    Des dépenses démesurées, des moyens inadaptés, pour une situation qui ne va qu’empirer, faute de choix responsables, qui ne peuvent être endossés par nos bénévoles et ceux qui essaient d’apporter un peu d’humanité à ce que l’on vit actuellement.
    Je ne suis missionné par personne, je n’ai aucun conflit d’intérêt.
    Juste choqué et heurté en tant que citoyen et médecin par notre manière d’apporter assistance...
    Avec l’envie de témoigner.
    Pierre-Michel Depinoy
    Médecin généraliste
    Montgenèvre

    https://blogs.mediapart.fr/pierre-michel-depinoy/blog/170823/les-migrants-et-les-vacanciers-la-montagne
    #cohabitation #tourisme #migrations #asile #réfugiés #frontière #santé #blessures #témoignage #médecin #mise_en_danger

  • Pendant ce temps-là, en 2022, le G20 a versé plus de 1400 milliards de dollars de subventions aux combustibles fossiles
    https://up-magazine.info/planete/transition-energetique/118683-le-g20-a-verse-plus-de-1400-milliards-de-dollars-en-subventions

    L’argent public continue d’affluer à gros bouillons dans l’industrie des énergies fossiles. Les pays du G20 déversent des niveaux record de subventions et d’investissements dans le pétrole, le charbon et le gaz, s’asseyant allègrement sur l’accord pris à la Cop26 de Glasgow, il y a deux ans, les engageant à les éliminer progressivement. Le montant des fonds publics alloués aux énergies fossiles dans 20 des plus grandes économies du monde a atteint un record de 1400 milliards de dollars en 2022. L’addiction aux énergies fossiles et l’appât du profit rendent aveugle aux effets dévastateurs d’un climat déréglé et d’une biodiversité en cours d’effondrement...

  • Les forces du bullshit sont inépuisables. Preuve en est la dernière bouse de l’historien Roger Martelli intitulée « Pourquoi la gauche a perdu. Et comment elle peut gagner ».

    L’idéologue de la gauche de la gauche gouvernementale y clame son espoir de voir ses amis (ex ou apprentis ministres) (re)venir au gouvernement de la bourgeoisie et appelle ceux-ci, de tout son coeur, à renoncer une bonne pour toutes à ces luttes dont « la succession [...] ne semble servir en rien l’avancée de la gauche » et à se consacrer sans modération à « nourrir les alternatives » et construire « sans délai un pôle d’émancipation à vocation majoritaire ». Comprendre : faire preuve d’esprit de collaboration s’ils veulent avoir une chance d’être, au terme du prochain cirque électoral, consacrés domestiques en chef du capital français.

    La gauche a les intellectuels qu’elle mérite. Dans un des pires moments de son histoire, alors qu’elle semble avoir désormais renoncé à tout sauf à farcir les consciences de ses vieilles chimères débiles, qui mieux que Roger Martelli pouvait en exprimer la petitesse ?

    https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/08/23/l-historien-roger-martelli-appelle-les-gauches-a-construire-autrement_618628

  • Contre le capitalisme, fauteur de crises et de guerres | Édito LO
    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/contre-le-capitalisme-fauteur-de-crises-et-de-guerres-726115.html

    L’été et les vacances n’effacent pas les problèmes qui s’accumulent au-dessus de nos têtes. Climat, crise, guerre : où que le regard se tourne, on a l’impression d’être dans un scénario de film catastrophe.

    Les drames s’enchaînent, des canicules aux incendies géants, qui ont fait des dizaines de victimes à Hawaï, un État du pays le plus riche du monde, les États-Unis. Au Canada comme en Espagne, des dizaines de milliers de personnes ont tout perdu et doivent fuir l’avancée des flammes. Ces catastrophes, qui se répètent et s’aggravent, illustrent l’impasse du capitalisme, incapable de résoudre les problèmes générés par l’anarchie destructrice de cette économie orientée par le profit privé.

    S’ajoutent les tensions guerrières qui montent partout dans le monde. Tout près de nous, la guerre en Ukraine, commencée il y a un an et demi, aurait fait au moins un demi-million de victimes. Aux exactions de Poutine répond la tentative de contre-offensive de Zelensky, qui prévient qu’elle durera sans doute des mois. Franchissant un nouveau pas dans l’intensification de la guerre, les puissances occidentales lui promettent des avions de combat. Pour elles, la guerre peut bien s’enliser et les morts s’additionner, tant que cela leur permet d’affronter Poutine sans payer elles-mêmes le prix du sang, tout en testant leur arsenal sur le terrain.

    En Afrique, dans la région du Sahel, où la population subit déjà les exactions des bandes armées djihadistes, la crise menace de s’aggraver après le putsch des généraux au Niger. Les dirigeants français et américains s’abritent derrière la CEDEAO, coalition d’États africains voisins, pour menacer d’une intervention militaire. Ces deux puissances sont prêtes à tout pour défendre les intérêts de leurs capitalistes, chacune avec son calendrier et en fonction de leurs rivalités.

    Macron prétend restaurer « l’État de droit au Niger ». Quel mensonge ! Ce qu’il ne supporte pas, c’est que les putschistes – sortis du même moule que le gouvernement corrompu qu’ils remplacent – fassent mine de lui tenir tête. Ces putschistes, qui aujourd’hui dénoncent l’impérialisme français, trouveront peut-être demain un accord avec lui ou avec son rival américain. Mais quels que soient les calculs et les intérêts des uns et des autres, la population nigérienne paie le prix fort. Elle est frappée par les sanctions économiques, qui entraînent flambée des prix et pénurie de nourriture et de médicaments. Pour la population de ce pays, parmi les plus pauvres du monde, c’est déjà une condamnation à mort.

    Partout, les puissances impérialistes tentent de mettre le monde en ordre de bataille derrière elles. Le 18 août, Biden a réuni les dirigeants du Japon et de la Corée du Sud pour annoncer le renforcement de leur coopération militaire et affirmer que les trois pays formeront un bloc uni pour « la sécurité dans la région » face à la Chine et à la Corée du Nord. Les forces armées des États-Unis sont déjà présentes dans la zone, mais ces derniers rappellent ainsi aux populations du Japon et de la Corée du Sud qu’elles doivent se ranger derrière eux.

    En montrant ainsi leurs muscles, les impérialistes, États-Unis en tête, préparent le monde à une guerre générale pour mieux assurer leur domination sur la planète et endiguer la montée en puissance de la Chine. Le maintien de leur ordre mondial est à ce prix, la guerre économique débouchant sur la guerre tout court.

    C’est au nom de la défense de la liberté et des valeurs démocratiques qu’ils prétendent enrôler leurs populations, futures chairs à canon d’une guerre pour leurs intérêts. Ne marchons pas dans leurs mensonges !

    C’est ainsi que Macron justifie les 413 milliards de budget militaire. Le pays n’est pas sous les bombes, mais la facture est déjà présentée aux classes populaires. Pendant que les rois de l’économie de guerre, les Dassault, Thales et autres grands groupes, se frottent les mains et enregistrent des profits records, l’essentiel manque pour les quartiers populaires. Pas un sou ne doit servir à la sale guerre qu’ils préparent ! Réquisition des milliards des marchands de mort, pour répondre aux besoins de la population !

    Cet argent serait nécessaire, par exemple, pour le logement. L’incendie qui a fait trois morts dans une tour HLM de l’Ile-Saint-Denis, en banlieue parisienne, l’a cruellement rappelé. Sous le contrôle des travailleurs et des habitants, l’argent des profiteurs de guerre irait à la construction de millions de logements décents et abordables, pour éviter que d’autres familles meurent du mal logement.

    Nos intérêts de travailleurs sont à l’opposé de ceux de nos exploiteurs. Pour empêcher le monde de sombrer dans la barbarie, c’est contre leur domination qu’il faut partir en guerre !