• « L’objectif de la loi plein-emploi est de mettre les chômeurs sous pression » | Claire Vivès, Sociologue, chercheure au Cnam
    https://www.alternatives-economiques.fr/lobjectif-de-loi-plein-emploi-de-mettre-chomeurs-pression/00108598

    Ramener le taux de chômage à 5 %, tel est l’objectif que s’est fixé le gouvernement pour le quinquennat. Pour l’atteindre, il compte sur les mesures de sa #loi_plein-emploi. Députés et sénateurs se sont entendus sur une version finale du texte qui doit être validée par les deux chambres du Parlement. Le Sénat l’a adoptée jeudi 9 novembre et l’Assemblée se prononcera le 14 novembre.

    Pour mémoire, cette loi prévoit notamment de renommer Pôle emploi en France Travail et de l’intégrer dans un « réseau pour l’emploi » aux côtés des missions locales et des Cap emploi. Surtout, elle contient l’article controversé qui impose des heures d’activités aux allocataires du #RSA.

    Cette loi s’inscrit dans les lignées des politiques de mise au travail, à l’image de celle du #contrôle des demandeurs d’emploi

    #Travail #mise_au_travail #Chômage #chômeurs #France_travail

    • Faire la guerre à France travail, résister à l’offensive anti-pauvres
      https://rebellyon.info/Faire-la-guerre-a-France-travail-resister-25429

      Il est grand temps de prendre au sérieux la lutte à mener contre la création par l’Etat du nouveau dispositif « France Travail ». Énième réforme du service public de l’emploi, la création de « France Travail » accélère la diminution constante des droits des chômeur.euses, attaque le droit au RSA, et baisse l’ensemble des allocations et minimas sociaux. C’est une pièce de plus dans l’énorme machinerie capitaliste construite par Macron à coups de réformes, de répression et de 49.3. A quand la contre-offensive ?

      Tout le monde est concerné par la création de « France Travail », parce que tout le monde (sauf les riches) va en supporter les coûts.

      La création de ce méga-dispositif s’inscrit dans la droite ligne des politiques néo-libérales qui visent à nous marteler la tronche au nom du « #plein_emploi », cette utopie des capitalistes pour nous obliger à charbonner coûte que coûte pour produire plus. On veut une fois de plus nous faire courber l’échine pour satisfaire les besoins des #entreprises.

      La création de « France Travail » se fait au nom de la même #idéologie que celle ayant présidé à toutes les #réformes qu’on se mange depuis 4 ans : allongement de l’âge de départ à la retraite à 64 ans, attaque de l’assurance chômage, réforme des lycées pros et chantage aux titres de séjour par l’emploi annoncé par la loi Darmanin. Avec, en ligne de mire, toujours le même objectif pour Macron : que n’importe qui devienne #employable tout le temps. Concrètement, ça veut dire pas de répit pour les pauvres, la création de nouvelles sanctions en cas de refus de ce nouveau « contrat d’engagement », une coercition accrue pour tout le monde.

      #guerre_aux_pauvres #société_punitive

  • Olivier Dussopt au comité de liaison de Pôle emploi (reçu par mel)
    https://vimeo.com/872343624

    Le 4 octobre, nous sommes entrés en groupe au comité de liaison de Pôle Emploi, pour protester contre la loi dite du "plein emploi"

    Nous nous réunissons tous les 15 jours en AG de précaires et chômeureuses contre cette loi. En PJ, notre tract.

    donnez nous des nouvelles de vos luttes !!

    AG de Grenoble

    L’assemblée générale des chômeur-euses et précaires se réunit et s’organise depuis plusieurs semaines contre la loi « pour le #plein_emploi ». Mercredi 4 octobre, à Meylan, un groupe émanant de l’assemblée a envahi le comité de liaison de #Pôle_emploi, une instance où ce dernier rencontre les représentant-es de ses usager-ères pour leur tenir des discours lénifiants.

    Et ça tombe bien, parce que ça a été l’occasion d’une irruption plus que nécessaire de la réalité vécue par les personnes aux minimas sociaux, venues protester fermement contre cette nouvelle loi qui, une fois de plus, considère les #précaires comme des problèmes pour la société, et non comme des personnes qui subissent l’injustice sociale. La loi (pas encore passée) prévoit que tout-e nouveau-elle allocataire du #RSA sera désormais automatiquement inscrit-e à Pôle emploi, ce qui donnera à celui-ci un pouvoir de #contrôle direct sur elles et eux ; sans compter que les #Conseils_départementaux pourront aussi déléguer la gestion des allocataires du RSA à Pôle emploi, qui est donc concerné au premier chef par cette loi anti-sociale.

    À Grenoble comme ailleurs, les précaires ne resteront pas passif-ves face aux attaques du gouvernement contre leurs #droits et leurs conditions de vie.

    https://seenthis.net/messages/1021293#message1021295

    #Droit_au_chômage #luttes

  • RSA sous condition : dans les départements tests, la logique de droits et devoirs déjà bien acceptée - Capital.fr
    https://www.capital.fr/votre-carriere/rsa-sous-condition-dans-les-departements-tests-la-logique-de-droits-et-devoi

    TÉMOIGNAGE - Le projet de loi pour le plein emploi, examiné à partir de ce lundi au Sénat, prévoit, entre autres, de conditionner le versement du #RSA à un minimum d’#activité. Cette réforme sera dans un premier temps testée dans 18 départements, jusqu’à fin 2024. Retour de terrain de deux territoires déjà lancés dans l’expérimentation.

    on nous présente des ravis de la bienveillante schlague

  • [Échauder les esprits.] Avec l’arrivée de France Travail, certains chômeurs, précaires et conseillers Pôle emploi craignent le renforcement de « la police des travailleurs »
    https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/pole-emploi/temoignages-avec-l-arrivee-de-france-travail-certains-chomeurs-precaire

    Une centaine de personnes ont défilé mardi à Paris contre la réforme de #Pôle_emploi contenue dans le projet de loi « plein emploi », qui doit être étudié en juillet à l’Assemblée. Mais le texte suscite souvent la crainte des premiers concernés.

    "On est là, on est là !" Ils sont une centaine, mardi 27 juin, à arpenter en chantant le kilomètre de bitume parisien qui sépare le ministère de l’Economie du siège de l’Unédic, l’organisme qui gère le régime d’assurance-chômage. Une fois arrivée au pied des locaux de l’institution, la petite foule – à majorité des adhérents de la CGT – installe sono et barbecue, pour demander au conseil d’administration de l’association, qui se tient quelques étages au-dessus, de revaloriser significativement le montant des #allocations_chômage.

    L’inflation importante ces derniers mois et la diminution d’un quart de la #durée_d'indemnisation des demandeurs d’emploi, en février, avaient déjà échaudé les esprits des syndicats et associations de #chômeurs. Mais la présentation en juin du projet de loi « #plein_emploi », qui acte notamment la transformation de Pôle emploi en #France_Travail, a fini d’inquiéter ces organisations. Celles-ci ont appelé à défiler mardi.

    En théorie, le texte du gouvernement a pourtant de quoi séduire : un #accompagnement_renforcé pour les demandeurs d’emploi qui ne sont pas autonomes, une meilleure coordination entre tous les acteurs de l’emploi et une meilleure insertion des personnes en situation de handicap ou avec des difficultés sociales. Avec un objectif : atteindre le plein-emploi (5% de chômage, contre 7% actuellement) d’ici à la fin du quinquennat.

    Mais plusieurs mesures du projet font craindre le pire à certains. Parmi elles, l’obligation pour les futurs inscrits de signer un « contrat d’engagement » avec, à la clé, 15 heures à 20 heures d’#activité_obligatoires (une durée qui ne devrait finalement pas figurer dans la loi) pour les bénéficiaires du #RSA, ou la création d’une nouvelle #sanction en cas de non-respect de cette obligation. "Les gens seront pris dans une machine qui précarise", avance ainsi Mirabelle Lemaire, secrétaire générale du SNU TefiI-FSU, qui regroupe notamment des agents de Pôle emploi. 

    "Nous ne sommes pas du tout dans une logique de travail gratuit ou de bénévolat obligatoire, mais de grande diversité et de personnalisation des activités dans le futur contrat d’engagement", a tenu à rassurer le ministre du Travail, Olivier Dussopt, dans une interview accordée aux Echos. Sans nécessairement réussir à calmer les inquiétudes. Alors que l’examen du texte doit débuter en juillet à l’Assemblée, franceinfo a interrogé cinq manifestants qui exposent leurs craintes.

    Roxanne, demandeuse d’emploi non indemnisée : "J’aurais besoin d’un véritable accompagnement"

    "J’ai été diplômée de la fac de droit de Nice il y a cinq mois. Depuis, je n’ai pas réussi à trouver de travail, d’autant plus que je suis en situation de handicap. Comme je n’ai jamais cotisé, je ne touche pas d’allocations chômage. Mais comment peut-on trouver un emploi si on finit à la rue ? Heureusement, mon père est en mesure de m’aider.

    J’aurais besoin d’un véritable accompagnement dans ma recherche, notamment pour déterminer quels sont les emplois qui sont adaptés à ma situation, et comment adapter ceux qui peuvent l’être. Mais aux yeux de Pôle emploi, on n’existe pas quand on n’est pas indemnisé. Je n’ai rencontré qu’une seule fois ma conseillère, à ma demande. Depuis, mon dossier est passé entre les mains de l’équipe chargée du handicap, mais je n’ai eu aucun retour. Malgré les promesses du gouvernement, je pense que ça sera pareil avec France Travail. A chaque réforme de Pôle emploi, on promet de mieux accompagner les chômeurs. Mais, à chaque fois, c’est un peu plus la #police_des_travailleurs."

    Mirabelle Lemaire, secrétaire générale du SNU Tefi-FSU : "On part des besoins des entreprises et non des gens"

    "Le projet France Travail est très flou. Au début, Pôle emploi devait être à la manœuvre de ce nouveau service de l’emploi, et maintenant, on ne nous parle plus que d’un rôle d’appui. Le risque, c’est que nous ne soyons plus que de simples exécutants, et que la politique de l’emploi soit décidée localement, par les présidents de région et les préfets.

    On voit bien qu’il y a un changement de logique : au lieu de partir des projets professionnels des gens pour les accompagner, on part des besoins des entreprises pour former de la main-d’œuvre, comme c’est le cas avec la réforme des lycées professionnels. Au lieu de former à des métiers, on ne forme qu’à des bouts de métiers, ou sur des outils précis, pour telle ou telle entreprise.

    Par exemple, quand la fibre est arrivée, on a formé à tour de bras des ’tireurs de câbles’ pour venir procéder aux installations chez les gens. Une fois que la fibre a été installée quasiment partout, ces gens ont de nouveau été au chômage. France Travail va accentuer ce phénomène : on nous dit qu’il faut remettre les gens au #travail, immédiatement. Mais accompagner un demandeur d’emploi, cela demande du temps !"

    Andrés, ex-cadre désormais au RSA activité : "Le sale boulot a déjà commencé"

    "En 2013, j’ai été licencié de mon emploi de cadre dirigeant à l’occasion de la vente de mon entreprise. Comme j’avais beaucoup contesté cette opération financière, je me suis grillé dans mon secteur et je n’ai pas réussi à retrouver d’emploi. J’ai été au #chômage, jusqu’à épuisement de mes droits. Désormais, je fais à peu près n’importe quoi comme boulot – agent d’entretien, saisonnier, préparateur de sandwiches, etc. Je touche aussi le RSA, et parfois la #prime_d'activité.

    Depuis que je ne suis plus cadre, j’ai découvert à quel point les travailleurs non-qualifiés sont mal traités : vous faites de l’#intérim, mais la paie arrive avec un mois de retard, amputée de plusieurs heures de travail pourtant effectuées. Du côté de Pôle emploi, j’ai déjà reçu un avertissement de #radiation car je ne m’étais pas rendu à une formation, alors que je leur avais envoyé un mail expliquant que j’avais un contrat ce jour-là ! Tous les dysfonctionnements du système sont mis au service de la radiation des demandeurs d’emploi. Je n’ai pas besoin d’attendre de voir ce que donnera France Travail : le sale boulot a déjà commencé."

    Gary*, conseiller Pôle emploi : "Il faut des embauches"

    "France Travail va continuer l’#externalisation du marché de l’accompagnement des demandeurs d’emploi, qui est déjà à l’œuvre. Entre 2020 et 2023, dans mon agence de Seine-Saint-Denis, nous sommes passés d’environ 250 demandeurs d’emploi avec un suivi actif par conseiller au double. Comme Pôle emploi ne peut pas répondre à toute la demande, il externalise une partie de l’activité à des prestataires privés. 

    En théorie, l’accompagnement renforcé voulu par le gouvernement, avec des portefeuilles de demandeurs d’emploi moins nombreux, c’est génial. Mais comme aucune hausse des moyens n’a été annoncée, en pratique, les collègues seront obligés d’externaliser l’accompagnement. On veut faire correctement notre métier, mais pour cela, il faut des embauches. En 2019, une étude de la CGT Pôle emploi Ile-de-France avait démontré que pour respecter les normes d’accompagnement édictées par Pôle emploi lui-même, il faudrait deux à trois fois plus de conseillers sur les six agences de l’ouest de la Seine-Saint-Denis !"

    Dominique, autoentrepreneuse au RSA : "Pôle emploi devrait indemniser 100% des chômeurs"

    "Je suis titulaire d’un bac +3 en histoire de l’art et archéologie. Malgré mes 58 ans, je n’ai jamais réussi à travailler suffisamment longtemps pour recharger durablement mes droits au chômage, alors je dépends majoritairement du RSA depuis la fin de mes études. J’ai fait plein de formations : photographie, graphisme, menuiserie… Les offres d’emploi auxquelles je postule ensuite restent les trois quarts du temps sans réponse. Et quand j’en reçois, on me dit le plus souvent que je ne suis pas assez formée, ou alors au contraire trop diplômée !

    Après ma dernière #formation, j’en ai eu marre et j’ai décidé de monter ma propre autoentreprise pour créer et réparer des meubles, monter des cuisines, etc. Mais la Chambre de commerce n’acceptait de me prêter de l’argent que si je décrochais un prêt bancaire. Je suis allée voir toutes les banques, mais elles ont refusé de me prêter de l’argent, en invoquant ma situation précaire. Ce n’est pas de France Travail dont j’ai besoin, mais que Pôle emploi indemnise 100% des chômeurs, c’est-à-dire des personnes privées d’emploi, qu’elles aient ou non suffisamment travaillé."

    Le plein emploi, c’est la loi. Chômer est un crime.

    #droit_au_chômage

    • Négocier le poids des chaines : Emmanuel Macron : pour discuter des questions liées au travail, « je suis à la disposition de l’intersyndicale »
      https://www.lemonde.fr/politique/live/2023/03/24/retraites-en-direct-je-suis-a-la-disposition-de-l-intersyndicale-pour-discut

      Le chef de l’Etat a assuré, lors d’une conférence de presse en marge du sommet européen, qu’il était prêt à échanger avec les syndicats sur les questions liées au travail, sans mentionner les pensions. Usure au travail, fins de carrière, reconversion professionnelle, évolution de carrière, conditions de travail, rémunérations dans certaines branches : « Je suis à la disposition de l’intersyndicale si elle souhaite venir me rencontrer sur ces sujets », a-t-il dit, sans inclure la question des retraites.

      Quant à la réforme qui a fédéré contre elle de nombreux Français, « il y a un chemin démocratique qui doit se poursuivre » avec l’avis attendu du Conseil constitutionnel, a déclaré le président.

      Le chef de l’Etat a mis l’accent sur la suite de son agenda, évoquant les pénuries d’eau, la réforme du marché du travail, l’amélioration de la sécurité ou encore la loi de programmation militaire. « Nous continuons à avancer, le pays ne peut pas rester à l’arrêt », a-t-il fait valoir.

      Quant aux troubles de jeudi, M. Macron a dit condamner les violences. « Nous aurons la plus grande fermeté » contre leurs auteurs, a-t-il prévenu. Quant aux images de policiers s’en prenant à des manifestants, « c’est toujours une difficulté quand il y a des moments de très fortes tensions », a-t-il ajouté, précisant que des « messages très clairs » ont été passés en matière de « respect de la déontologie ».

      « J’ai surtout vu des scènes où beaucoup de nos policiers, de nos gendarmes étaient l’objet d’agressions totalement disproportionnées de la part de militants extraordinairement violents et équipés », a-t-il ajouté, précisant : « Nous ne céderons rien à la violence. »

  • Le nombre de radiations à Pôle emploi bat des records en novembre | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/281222/le-nombre-de-radiations-pole-emploi-bat-des-records-en-novembre

    Ne nous y trompons pas : le volume des radiations n’explique pas, à lui seul, cette baisse dans la catégorie A. Chaque mois, des demandeuses et demandeurs d’emploi basculent en effet dans les catégories B et C, regroupant les personnes dites « en activité réduite » et donc en emploi précaire. Un effet de vases communicants classique, qui s’observe d’ailleurs encore en novembre puisque le nombre d’inscrit·es en activité réduite est en hausse.

    Hausse des sanctions pour insuffisance de recherche d’emploi

    Quant aux radiations, les observer sur le long terme permet de tirer de premières conclusions. L’année 2022 marque une hausse incontestable. En moyenne, 50 500 personnes ont été radiées chaque mois [sur onze mois, car les chiffres de décembre ne sont pas connus – ndlr], contre 44 000 en 2019. C’est l’année de comparaison la plus pertinente, les radiations ayant été, en 2020 et 2021, suspendues puis assouplies en raison des conditions sanitaires et des confinements.

    Autre indice de cette augmentation, les signalements d’agressions liées à des radiations ont augmenté de plus de 63 % au 1er semestre 2022 par rapport au 1er semestre 2019, si l’on en croit le syndicat Force ouvrière.

    Selon des chiffres « bruts » [et donc provisoires, car non corrigés selon les variations saisonnières – ndlr] que Mediapart a pu consulter, la majorité (68 %) des radiations de 2022 ont été prononcées en raison d’une absence à une convocation. Manquer un seul rendez-vous à Pôle emploi conduit à une privation d’un mois d’allocation [pour qui en a une...]. Ce motif de radiation a toujours été le premier de la liste.

    #radiations #pôle_emploi

  • #Assurance-chômage : pendant les fêtes, l’Élysée ne fait pas de cadeaux

    Un projet de #décret transmis aux partenaires sociaux la veille du réveillon de Noël prévoit, à la surprise générale, de durcir davantage les règles de l’assurance-chômage en réduisant de 40 % la durée d’indemnisation si le taux de chômage passe sous les 6 %. Une stratégie visant à préparer les esprits à un énième tour de vis, sur fond de désaccords au sommet de l’État.

    DeDe la tactique pure, bien emballée pour indigner sur le fond et la forme. En adressant son projet de décret le 23 décembre aux partenaires sociaux, et en y ajoutant une mesure aussi dure qu’inattendue, le ministère du travail a déclenché la fureur des syndicats et de l’opposition. Et a sans doute obtenu l’effet recherché : abondamment commentée, l’idée de réduire encore plus drastiquement les droits des chômeuses et chômeurs va désormais infuser dans l’opinion publique.

    Selon les informations de Mediapart, c’était bien le but de la manœuvre. Car depuis des semaines, le ministère du travail et l’Élysée seraient en désaccord sur le « coefficient réducteur » à appliquer à la durée d’indemnisation. Le second souhaitant cogner plus fort que le premier.

    Introduire cette « mesure surprise » dans le projet de décret permettrait de faire consensus. Le ministère du travail préserve, pour début 2023, une baisse des droits sévère mais « contenue » à 25 % quand l’Élysée envoie son ballon d’essai dans les médias, préparant les esprits à un avenir encore plus rude pour les chômeuses et les chômeurs.

    Le texte, transmis vendredi dernier aux partenaires sociaux et dévoilé par l’agence de presse AEF, prévoit en effet une disposition consistant à baisser de 40 % la durée d’indemnisation si le taux de chômage, actuellement à 7,3 %, passe sous la barre des 6 %. Cela reviendrait à indemniser quatorze mois, au lieu de vingt-quatre, une personne ayant droit à la durée maximum de versements. Soit dix mois en moins, au motif que la conjoncture économique est bonne.

    C’est le fameux principe de modulation des allocations, permis par la Loi travail 2, définitivement adoptée le 17 novembre 2022 par le Parlement. Quelques jours plus tard, à l’issue d’un simulacre de concertation avec les partenaires sociaux, le ministre du travail avait présenté le contenu du futur décret. Et acté une baisse de 25 % de la durée d’indemnisation pour l’ensemble des inscrit·es à Pôle emploi à compter du 1er février 2023 et tant que le taux de chômage reste sous la barre des 9 %.

    Les syndicats représentant les salarié·es sont formels et unanimes, il n’a jamais été question d’aller plus loin et d’inscrire dans le texte une baisse de 40 % en cas de chômage plus bas. « Ce n’est pas acceptable de faire une annonce le 23 décembre sans concertation. C’est vraiment de très mauvais goût », a ainsi critiqué la CFTC, tandis que la CFDT dénonce « de la pure déloyauté ».
    Des jeux de pouvoir très secrets

    Muet pendant 48 heures, le ministère du travail a fini par réagir ce lundi 26 décembre face aux demandes insistantes des journalistes. « Pas de déclaration et de réaction particulière de notre côté », indique le cabinet d’Olivier Dussopt, assurant que « le ministre avait évoqué qu’il y aurait un cran supplémentaire de modulation lors de la réunion multilatérale [avec les partenaires sociaux – ndlr] et de la conférence de presse qui a suivi ».

    Ce jour-là, Olivier Dussopt avait effectivement avancé la piste d’un « coefficient réducteur » entraînant une baisse de 40 % mais l’avait conditionné à un taux de chômage à 5 % et non à 6 %, « ce qui n’est pas tout à fait la même chose ! », s’indigne Denis Gravouil de la CGT. Selon lui, le ministre « n’a jamais dit que ce serait inscrit dans le décret, mais il avait renvoyé cette piste aux futures discussions sur l’assurance-chômage, fin 2023 ». Enfin, selon le négociateur CGT, la baisse de 40 % inscrite dans le projet de décret « ne passera pas le Conseil d’État ».

    Dans le texte transmis la veille du réveillon de Noël, le ministère précise en effet que « les conditions d’application de cette disposition sont renvoyées à un décret en Conseil d’État pris après concertation avec les organisations professionnelles d’employeurs et de salariés ».

    Or plusieurs sources indiquent à Mediapart que renvoyer la mesure « à un futur décret » entraînera sans doute sa suppression par le Conseil d’État, qui ne se penche pas sur de simples annonces. « Au ministère du travail, ils ont conscience que c’est un peu léger et que ça ne passera sans doute pas », souffle l’une de ces sources, persuadée qu’il s’agit d’une stratégie pour lancer le sujet des 40 % de baisse et « mieux faire passer la pilule de la réduction de 25 % en 2023 », tout en donnant satisfaction au président de la République qui souhaiterait aller vite et plus fort.

    « Le massacre de l’assurance-chômage vient du château », souffle encore cette source évoquant « des jeux de pouvoir qui restent très secrets », entre l’Élysée et le ministère du travail. Toujours selon nos informations, le président aurait d’ailleurs pris de court Olivier Dussopt dès l’été dernier, en annonçant le 14 juillet la mise en œuvre rapide de la modulation des allocations-chômage.
    Le soupçon à l’égard des demandeurs d’emploi progresse 

    L’exécutif n’en est pas à son premier passage en force pour s’attaquer aux droits des chômeuses et chômeurs. Déjà en 2018, un décret paru le 30 décembre avait durci le contrôle et les sanctions, en allant beaucoup plus loin que prévu. En 2021, soucieux de faire passer au plus vite sa réforme de l’assurance-chômage, le gouvernement avait également publié un décret à la dernière minute, pour s’assurer que les syndicats ne l’attaquent pas immédiatement.

    Chaque fois, opposition et syndicats réagissent vertement. Mais jamais, l’opinion publique ne s’élève franchement contre cette destruction, pierre par pierre, des droits à l’assurance-chômage. Le bilan de la réforme entrée en vigueur en octobre 2021, enfin rendu public le 22 décembre 2022, révèle pourtant des effets désastreux.

    Les allocations ont baissé de 16 % en moyenne et la part des inscrit·es à Pôle emploi touchant une indemnisation n’a jamais été aussi faible : seulement 36,6 % de l’ensemble des inscrit·es en juin 2022, contre 40,4 % en décembre 2021.

    Pourtant, à en croire le dernier baromètre « sur la perception du chômage et de l’emploi », publié par l’Unédic, « le soupçon à l’égard des demandeurs d’emploi progresse ». La moitié (49 %) des personnes interrogées affirment ainsi « que la plupart des chômeurs ne cherchent pas vraiment à retrouver un emploi ». Près des deux tiers considèrent même que « les chômeurs ne veulent pas risquer de perdre leur allocation-chômage ».

    Comme les mesures de l’exécutif, les idées reçues et les discours anti-chômeurs passent toujours en force.

    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/261222/assurance-chomage-pendant-les-fetes-l-elysee-ne-fait-pas-de-cadeaux
    #chômage #durcissement #durée_d’indemnisation #indemnisations #modulation_des_allocations #taux_de_chômage # coefficient_réducteur #allocations

  • Réforme de l’assurance-chômage : vers un nouveau durcissement des règles
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/12/24/reforme-de-l-assurance-chomage-vers-un-nouveau-durcissement-des-regles_61555

    Le ministère du travail a transmis vendredi aux partenaires sociaux le projet de décret sur la réduction de la durée d’indemnisation des demandeurs d’emploi. Il introduit un scénario prévoyant de diminuer de 40 % (et non plus de 25 %) le nombre de jours pendant lequel une personne est couverte.

    #chômage #droit_au_chômage

  • Assurance chômage : un rapport religieux à l’emploi |Mathieu Grégoire
    https://www.alternatives-economiques.fr/mathieu-gregoire/assurance-chomage-un-rapport-religieux-a-lemploi/00105161

    « Nous venons d’adopter définitivement la loi réformant l’assurance chômage et le marché du travail à l’Assemblée. Le plein-emploi est accessible ! », s’est réjoui Marc Ferracci sur Twitter.

    Prenons l’exemple d’un salarié qui perd son emploi, rémunéré à hauteur de 2 000 euros brut, et qui se trouve en position de chômage durant 24 mois avant de retrouver un emploi à la rémunération équivalente. Avant la réforme, il aurait bénéficié de 24 mois d’indemnisation à hauteur de 1 140 euros brut mensuels environ.

    Que gagne-t-il avec la réforme ? Si l’on admet les projections de Marc Ferracci, il devrait en moyenne retrouver un emploi entre 18 et 72 jours plus tôt, ce qui représente entre 1 200 et 4 800 euros de salaire.

    Que perd-il avec la réforme ? Six mois d’indemnisation qui représentent 6 840 euros d’allocation. Au final, dans l’hypothèse la plus pessimiste retenue par le rapporteur de la loi lui-même, supprimer six mois d’indemnisation aura donc pour effet de réduire de 18 jours la durée de chômage de ce salarié, de le mettre en situation de chômage non indemnisé pendant 5 mois et 12 jours et de lui faire perdre ainsi 5 640 euros.

    Faire perdre près de 6 000 euros à un salarié pour l’inciter à retrouver un emploi 18 jours plus tôt, voilà donc l’ambition avouée du gouvernement.

    On mesure ainsi la disproportion du prix que le gouvernement, dans un rapport religieux à un plein-emploi devenu totem, est prêt à faire payer aux salariés pour faire baisser le taux de chômage de quelques dixièmes.

    https://seenthis.net/messages/980615

    #chômage #emploi #plein_emploi #chômage_non_indemnisé #chômeurs #droit_au_chômage

    • Intégralité :

      Opinion
      Assurance chômage : un rapport religieux à l’emploi
      Le 22/11/2022
      7 min
      Mathieu Grégoire Sociologue, enseignant-chercheur à l’université Paris-Nanterre (IDHES)

      Le contenu de la nouvelle réforme de l’assurance chômage se précise. La loi, adoptée le 17 novembre par le Parlement, prévoit de donner un blanc-seing de plus d’un an au gouvernement afin qu’il puisse se substituer aux partenaires sociaux pour fixer de nouvelles règles d’indemnisation.

      Il s’agirait, selon les députés de l’opposition, en donnant toute latitude au gouvernement d’instituer de nouvelles règles par décret, d’empêcher un vrai débat à l’Assemblée nationale. Sans leur faire offense, ce sont d’abord les acteurs du paritarisme qui sont mis sur la touche par cette loi. Et on peut penser que c’est contre un autre contre-pouvoir que le gouvernement tente de se prémunir : celui du Conseil d’Etat qui, suite aux recours des confédérations syndicales, a fait de la précédente réforme un calvaire pour Mesdames Pénicaud et Borne qui ont dû gérer le dossier tour à tour de 2018 à 2021 au ministère du Travail.

      On en connaissait le principe général, voilà désormais le détail des changements de règles que le gouvernement entend prendre par décret : moduler la durée d’indemnisation des allocataires en fonction de la conjoncture. Le ministre du Travail a annoncé lundi aux syndicats qu’en deçà de 9 % de taux de chômage, la durée d’indemnisation serait abaissée de 25 %.
      Modulation selon la conjoncture

      Le principe de cette modulation a suscité légitimement beaucoup de critiques. On peut d’abord s’étonner du reniement de la parole donnée que constitue ce choix de diminuer la durée d’indemnisation. Alors ministre du Travail, Elisabeth Borne n’avait eu de cesse d’expliquer que les « allocations ne baissaient pas » car la durée d’indemnisation augmentait pour ceux dont le montant de l’allocation baissait1.

      Manifestement, ce prétendu « marqueur de gauche » de la réforme précédente a fait long feu. Sur le principe, cette modulation soulève d’importantes interrogations en matière de justice sociale. La durée d’indemnisation de celles et ceux qui n’ont pas réussi à trouver un emploi est rabotée au prétexte que d’autres y sont parvenus… En quoi le fait que les chômeurs soient moins nombreux justifie-t-il de diminuer leurs droits ?

      En quoi le fait que les chômeurs soient moins nombreux justifie-t-il de diminuer leurs droits ?

      Autre critique intéressante, certains s’inquiètent à juste titre du caractère automatique de la modulation : le remplacement de la démocratie sociale, et plus largement de l’idée même de délibération démocratique, par un algorithme pose question. Faut-il se priver de délibérer des paramètres de l’indemnisation en fonction du contexte comme nous le faisons depuis l’origine du dispositif ?

      Le débat mérite d’autant plus d’être abordé qu’historiquement, ce sont les moments de mauvaise conjoncture et non d’embellie économique qui ont justifié de baisser les dépenses d’indemnisation. A l’image de ce que permettaient les systèmes de retraite par points de type suédois dont les pensions évoluent automatiquement à la baisse quand l’espérance de vie augmente, il s’agit de gouverner de façon automatique sans qu’il soit besoin, comme chez nous, de débattre ou de risquer un conflit social à chaque fois qu’on touche à un paramètre du dispositif.
      Calculs de coin de table

      Enfin, dernier argument mis en avant par certains économistes de gauche, il y aurait derrière cette réforme une intention cachée : celle de mettre la pression sur les salariés – de « réduire leur pouvoir de négociation » – afin qu’ils révisent à la baisse leur prétention en matière de salaire, de conditions d’emploi ou de travail.

      En réalité, malgré la qualité et la justesse de ces critiques, c’est encore en écoutant ses promoteurs que l’on mesure à quel point cette réforme est délétère, mais aussi à quel point le raisonnement qui la sous-tend révèle surtout un rapport totémique à l’emploi.

      Son principal défenseur est le rapporteur de la loi à l’Assemblée nationale, Marc Ferracci, un professeur d’économie orthodoxe, intime du président de la République, ancien conseiller spécial de Muriel Pénicaud qui s’est lancé en politique en devenant député des Français de Suisse et du Lichtenstein. Monsieur Ferracci ne craint pas d’ailleurs, malgré les déboires qu’elle a valus à son camp, de revendiquer d’avoir été « la cheville ouvrière » de la précédente réforme qui en 2019 prévoyait notamment de diviser par quatre – selon une logique que le Conseil d’Etat a jugée aléatoire – le salaire de référence de certains salariés à l’emploi discontinu.

      Il faut donc bien écouter Marc Ferracci. Selon lui, baisser la durée de l’indemnisation n’a pas d’effet sur le pouvoir de négociation des salariés, mais les incite seulement à reprendre un emploi plus tôt :

      « De nombreuses études démontrent un lien entre le taux de retour à l’emploi et les règles d’indemnisation. Par exemple, si on augmente d’une semaine la durée durant laquelle vous touchez votre allocation, vous resterez au chômage entre 0,1 et 0,4 semaine », déclare-t-il ainsi dans Le Journal du Dimanche.

      Faire perdre près de 6 000 euros à un salarié pour l’inciter à retrouver un emploi dix-huit jours plus tôt, voilà le prix que le gouvernement est prêt à faire payer aux salariés pour faire baisser le taux de chômage de quelques dixièmes

      Il y aurait beaucoup à dire d’un point de vue scientifique sur un tel calcul de coin de table. Mais il suffit de s’y pencher attentivement pour en mesurer l’inanité d’un point de vue politique. La disproportion entre les sacrifices opérés et le résultat attendu est patente.

      Prenons l’exemple d’un salarié qui perd son emploi, rémunéré à hauteur de 2 000 euros brut, et qui se trouve en position de chômage durant 24 mois avant de retrouver un emploi à la rémunération équivalente. Avant la réforme, il aurait bénéficié de 24 mois d’indemnisation à hauteur de 1 140 euros brut mensuels environ.

      Que gagne-t-il avec la réforme ? Si l’on admet les projections de Marc Ferracci, il devrait en moyenne retrouver un emploi entre 18 et 72 jours plus tôt, ce qui représente entre 1 200 et 4 800 euros de salaire.

      Que perd-il avec la réforme ? Six mois d’indemnisation qui représentent 6 840 euros d’allocation. Au final, dans l’hypothèse la plus pessimiste retenue par le rapporteur de la loi lui-même, supprimer six mois d’indemnisation aura donc pour effet de réduire de 18 jours la durée de chômage de ce salarié, de le mettre en situation de chômage non indemnisé pendant 5 mois et 12 jours et de lui faire perdre ainsi 5 640 euros.

      Faire perdre près de 6 000 euros à un salarié pour l’inciter à retrouver un emploi 18 jours plus tôt, voilà donc l’ambition avouée du gouvernement.

      « Nous venons d’adopter définitivement la loi réformant l’assurance chômage et le marché du travail à l’Assemblée. Le plein-emploi est accessible ! », s’est réjoui Marc Ferracci sur Twitter.

      On mesure ainsi la disproportion du prix que le gouvernement, dans un rapport religieux à un plein-emploi devenu totem, est prêt à faire payer aux salariés pour faire baisser le taux de chômage de quelques dixièmes.

      1.
      Avec le nouveau calcul du salaire journalier de référence, les allocataires en contrats courts qui percevaient une indemnisation plus forte sur une période plus courte, touchent désormais une allocation plus faible mais sur une période plus longue.

  • gauchemolle . Dominique Méda, ministre imaginaire : « L’exécutif a une conception obsolète des politiques d’emploi »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/10/15/dominique-meda-l-executif-a-une-conception-obsolete-des-politiques-d-emploi_


    vignette photo où L’éMonde a donné du relief à Olivier Dussopt et sa tronche d’officier para à casseroles judiciaires devant des personnes en gilets jaunes qui... ne le maravent pas (suspens insoutenable)

    La sociologue regrette, dans sa chronique, que les réformes de l’assurance-chômage, du RSA ou des retraites s’inscrivent encore dans une logique qui ignore la nécessaire reconversion des emplois vers une économie décarbonée.Publié aujourd’hui à 05h00, mis à jour à 05h00
    Conformément aux annonces du candidat Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle en 2022, les trois réformes sociales à l’agenda du second quinquennat (assurance-chômage, RSA et retraites) sont lancées. La première entrera sans doute en vigueur fin 2022, la seconde fera l’objet d’une expérimentation dès janvier 2023, la troisième est en phase de concertation. Mais, alors qu’elles sont censées moderniser et dynamiser l’emploi et le marché du travail, on peut légitimement se demander si ces mesures, en particulier les deux premières, ne relèvent pas d’une conception obsolète des politiques d’emploi.

    Les réformes de l’assurance-chômage et du RSA sont toutes deux guidées par l’idée que les allocataires sont, sinon des fraudeurs – les sources administratives montrent qu’il s’agit d’un phénomène très minoritaire –, du moins des calculateurs qu’il faudrait « inciter » à prendre des emplois en réduisant le montant et/ou la durée de leurs allocations ou en exigeant d’eux des contreparties. Ce raisonnement est peu convaincant. De nombreux bénéficiaires potentiels ne réclament pas les prestations auxquelles ils sont éligibles, le nombre des chômeurs indemnisés est en forte diminution, les emplois vacants sont trop peu nombreux pour satisfaire toutes les demandes, et les difficultés de recrutement concernent en partie des postes dont les conditions de travail et d’emploi ne sont pas de bonne qualité.
    De surcroît, nous avons aujourd’hui un recul suffisant pour voir que ces politiques, à la mode au tournant des années 2000 et mises en œuvre par Tony Blair au Royaume-Uni ou par Gerhard Schröder en Allemagne, ont certes donné des résultats spectaculaires en matière de taux de chômage mais se sont accompagnées d’une extension de la pauvreté (y compris des seniors) et d’une forte dégradation de la qualité de l’emploi. En Allemagne, les lois Hartz, qui ont organisé la réduction de la couverture chômage et fusionné l’indemnité chômage et l’allocation d’assistance pour obliger les chômeurs de longue durée à prendre des emplois à bas salaire, ont donné des résultats très mitigés.

    Gigantesque gâchis

    Est-ce vraiment la politique de l’emploi dont nous avons besoin et qui convient à notre temps ? Sans doute pas. D’abord, parce qu’elle fait porter le poids des choix publics et privés français – celui des délocalisations et de l’insuffisance d’investissement dans les compétences – sur des salariés transformés dans un premier temps en chômeurs, ensuite en demandeurs d’aide sociale et peu à peu stigmatisés ou désignés comme « assistés ». Ensuite, parce que ce malheur et cette injustice, vécus majoritairement par les classes populaires, provoquent ressentiment et vote pour les extrêmes. Enfin, et surtout, parce que cette politique constitue un gigantesque gâchis de compétences, compétences dont nous avons pourtant besoin pour la reconstruction de notre économie.

    Pour atteindre la neutralité carbone et réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre, nous avons besoin de nombreux emplois – de tous niveaux de qualification – dans le bâtiment, l’agriculture, les énergies, les transports… mais aussi dans la santé, l’éducation, l’enseignement supérieur, la recherche. Nous avons besoin de former, de reconvertir et d’orienter les forces vives de la nation vers les emplois qui nous permettront d’accélérer la transition écologique. Ceux-ci avaient commencé d’être listés par le Plan de programmation des emplois et des compétences, malheureusement resté sans lendemain. La nature, le nombre et la répartition sur le territoire de ces emplois devraient pourtant constituer un volet essentiel de l’exercice de planification engagé par le gouvernement.

    La responsabilité de l’Etat est ici majeure : au lieu de pousser les chômeurs vers des emplois de piètre qualité et d’accorder des aides et des exonérations aux entreprises qui mettent sur le marché des biens et des services défavorables à la transition écologique (alors que « la France est à l’euro près », selon Bruno Le Maire), il lui revient d’orienter la production en ciblant les aides sur les entreprises respectueuses de l’environnement et en améliorant la qualité des emplois dont l’utilité sociale est avérée.

    Plein-emploi de qualité

    Dans l’un des récents numéros de la revue Sociologie du travail, intitulé « Travail et reconnaissance au prisme de l’utilité sociale », plusieurs auteurs, dont l’économiste Robert Boyer, invitent ainsi à recenser les activités contribuant à l’utilité sociale – prendre soin de la santé, de la cohésion sociale et de l’habitabilité de la Terre – et à fonder désormais les rémunérations sur celle-ci.

    Nous avons donc une occasion majeure de renouer avec un plein-emploi de qualité. Cela suppose de rompre avec la politique de compétitivité en vogue en France depuis les années 1980, mais, plus généralement, avec la centralité du consommateur, comme le suggère le politiste Benjamin Brice, auteur de La Sobriété gagnante (Librinova, 374 pages, 19,90 euros). Il rappelle qu’en cherchant à obtenir les prix les plus bas nous avons en même temps ouvert tout grand nos frontières, augmenté de façon inconsidérée nos importations, accru notre empreinte carbone et perdu nos emplois.

    Il démontre que c’est la logique inverse qu’il nous faut désormais adopter : relocaliser la plus grande partie de la production de biens et de services ; faire le tri parmi les aides de l’Etat pour supprimer celles qui sont défavorables à l’écologie et concentrer les aides sur les productions socialement et environnementalement décentes grâce à la labellisation des produits ; accepter une hausse des prix – à laquelle les consommateurs sont prêts si elle est équitable – en même temps qu’une diminution de notre empreinte carbone et un retour de l’emploi de qualité. Une telle politique, capable de mettre au centre la qualité d’emplois socialement et écologiquement utiles, serait de nature à satisfaire les immenses attentes de sens au travail des jeunes… et des moins jeunes.

    #RSA #emploi #droit_au_chômage #Plein_emploi_dont_nous_avons_besoin (alors que grève et chômage sont plus écologique)

  • Fabien Roussel : les raisons d’une dérive idéologique au PCF
    par Mathieu Dejean

    https://www.mediapart.fr/journal/france/140922/fabien-roussel-les-raisons-d-une-derive-ideologique-au-pcf

    En 2021, investi par le Parti communiste (PCF) pour l’élection présidentielle de 2022, Fabien Roussel se plaignait de partir « avec le handicap du manque de notoriété ». Depuis, en dépit des 2,28 % de suffrages exprimés en sa faveur, il a percé médiatiquement à grand renfort de polémiques savamment calculées pour se distinguer, notamment en prenant le contre-pied de ses rivaux à gauche, au premier rang desquels Jean-Luc Mélenchon.

    Malgré la fin de la séquence électorale, il persiste et signe, quand bien même le PCF s’est allié à La France insoumise (LFI) pour former la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (Nupes). En substance, LFI a mené une campagne trop « Terra Nova » à son goût (du nom du think tank proche du PS qui conseillait à la gauche de se focaliser sur les classes moyennes en 2012), alors que lui s’échinerait à rendre son lustre à une « gauche authentique et populaire ».

    Ses récents propos à la Fête de L’Humanité, opposant la « gauche des allocs » à la « gauche du travail », s’inscrivent dans cette continuité, en montant encore en gamme. D’un côté, il a fait l’unanimité contre lui de la part des responsables de la Nupes, qui lui reprochent d’aller contre l’histoire de son propre parti et de faire sienne la rhétorique droitière de « l’assistanat ». De l’autre, il a reçu le soutien de François Hollande et fait l’objet d’éloges de la part d’éditorialistes de droite.

    Un discours « en décalage » avec l’histoire du PCF

    Le 14 septembre, le député du Nord a maintenu ses déclarations, dénonçant les attaques de « ceux qui défendent le droit à la paresse » (titre d’un livre de Paul Lafargue, gendre de Karl Marx) : « La gauche a entretenu ce système de revenu de substitution à vie pour certaines familles », dit-il, en aspirant à ce que le pays « garantisse à chacun de trouver sa place dans la société par le travail ».

    Déjà, dans son livre publié en 2021, Ma France , il critiquait « une société à deux vitesses, dans laquelle les uns, toujours les mêmes, pourraient travailler, se former à l’étranger, dans de confortables conditions, tandis que les autres seraient assistés, contraints d’accepter une allocation en forme d’aumône ».

    Cette exaltation de la « France du travail » par opposition à celle des « assistés » est « en décalage par rapport à l’histoire du PCF », affirme le sociologue Julian Mischi, auteur du livre Le Parti des communistes (2020), alors qu’« il y a toujours eu une intégration des chômeurs et des exclus de l’emploi dans la classe ouvrière » dans le discours des communistes. Et il n’est pas le seul à s’en étonner : plusieurs responsables communistes, comme les députés Elsa Faucillon et Stéphane Peu, ainsi que le cinéaste proche du parti Robert Guédiguian, ont manifesté leur désaccord. François Ruffin s’est pour sa part défendu de partager le même combat.

    Sur la viande, l’islam radical, la sécurité, le gouvernement d’« union nationale » avec Emmanuel Macron (auquel il ne fermait pas la porte) et désormais la « gauche des allocs », Fabien Roussel continue donc de jouer une petite musique dissonante à gauche, quitte à ce qu’au sein de son propre parti, certains se demandent s’il n’a pas perdu sa boussole idéologique.

    D’après les spécialistes du PCF que nous avons interrogés, cette stratégie n’est pourtant pas totalement inédite, ni surprenante compte tenu des dernières évolutions du parti. Élu secrétaire national du PCF en 2018, alors que pour la première fois le texte de la direction sortante de Pierre Laurent, qui avait travaillé à l’ouverture, n’était pas majoritaire, Fabien Roussel incarne un pôle identitaire.

    Le retour de Georges Marchais

    C’est le sens de ses références à l’héritage de Georges Marchais, l’ancien secrétaire général jusqu’en 1994 qui, à ses yeux, avait fait du PCF le « parti du monde du travail ». « Je souhaite que le Parti communiste français redevienne celui-là », écrit-il dans Ma France.

    Cette inscription dans la lignée du dirigeant communiste, lui aussi connu pour ses saillies médiatiques, fait sens avec la trajectoire biographique de Fabien Roussel. « Roussel entre dans l’arène politique et dans l’engagement militant à partir de 1985, c’est-à-dire le moment où le PC se clive après les élections européennes de 1984, qui ont été un camouflet », explique l’historien du communisme Roger Martelli, auteur d’un livre à ce sujet, L’Occasion manquée. Été 1984, quand le PCF se referme (2014).

    Après une série de reculs électoraux successifs, le PCF s’engage à cette époque dans un mouvement de rétraction interne, qui plonge le parti dans une crise profonde : « C’est l’ère des dissidences, et le moment où Marchais, l’homme qui a participé à la signature du programme commun, s’arc-boute sur de prétendus “fondamentaux” après l’échec de 1984. Fabien Roussel s’inscrit dans cette période-là », note l’historien.

    Non seulement Fabien Roussel fait partie de cette génération militante qui veut réaffirmer l’identité communiste (son slogan lors de sa première campagne, les cantonales de 2004, en témoigne : « Je vote communiste et je t’emmerde »), mais en plus il fait ses classes dans la fédération du Nord, une des plus enracinées dans le monde ouvrier et qui a toujours défendu « l’identité » du PCF contre les « liquidateurs » qui voulaient le réformer.

    Sans jamais entrer en dissidence, la fédération du Nord, longtemps dirigée par Alain Bocquet, que Fabien Roussel considère comme son mentor politique, a ainsi été critique vis-à-vis du tournant de Robert Hue en 1994, de même qu’à l’égard de la candidature de Marie-George Buffet à la présidentielle de 2007, avec des « comités antilibéraux » largement ouverts. Ce contexte historique et géographique n’est donc pas anodin dans l’orientation prise par Fabien Roussel à la tête du PCF.

    Le secrétaire national s’inscrit aussi dans les pas de Georges Marchais en matière de stratégie médiatique. « Georges Marchais était plus combatif que les autres, complètement intégré à l’univers médiatique », a dit de lui Alain Duhamel, qui l’a maintes fois interviewé. Selon le sociologue Bernard Pudal, auteur de Un monde défait. Les communistes français de 1956 à nos jours (2009), la connaissance de l’univers médiatique par Fabien Roussel n’est pas pour rien dans son ascension jusqu’au sommet du parti.

    Effets pervers d’une envolée médiatique

    Le nordiste est fils d’un journaliste à L’Humanité, et a lui-même été journaliste, à France 3 notamment. De même, lorsqu’il a travaillé au cabinet de Michelle Demessine, secrétaire d’État au tourisme sous Jospin, il était chargé de communication.

    « Sa particularité, c’est sa connaissance, son implication, son intégration au monde des médias, remarque Bernard Pudal. Mon hypothèse, c’est que ce qui a joué dans son élection, c’est la perception au sein du PC d’une sorte d’inadéquation entre la représentation du PCF à travers Pierre Laurent [l’ancien secrétaire national, dont on a parfois raillé le manque de charisme – ndlr] dans un champ politique qui fonctionne de plus en plus aux logiques médiatiques. »

    Mais la stratégie de la personnalisation et de l’agitation médiatique, si elle permet de faire parler de soi, a ses travers. À la fin de l’année 1980 et au début de l’année 1981, à l’approche de la présidentielle, alors que le PCF était fortement concurrencé par le Parti socialiste (PS), Georges Marchais avait investi cet espace.

    Dans une logique électoraliste, alors que le PS était irrigué par les courants de pensée de 68, il avait pris un tournant conservateur, en tenant un discours anti-immigrés. La destruction au bulldozer d’un foyer de travailleurs maliens à Vitry-sur-Seine et la campagne calomnieuse contre un travailleur marocain et sa famille à Montigny-lès-Cormeilles avaient marqué cette inflexion.

    « C’est un antécédent historique où il y a eu un jeu avec les médias de la part de la direction du PCF, alors que ce discours ne reflétait pas ce qui mobilisait les militants, estime l’historien Julian Mischi. Ce tournant conservateur était lié à la compétition électorale. De la même manière, pour se démarquer d’une France insoumise en dynamique, Fabien Roussel met en avant des thématiques comme l’assistanat, la sécurité, l’immigration dans une logique électoraliste et médiatique. »

    Pour Julian Mischi, il s’agit d’une « dérive idéologique », car « ce ne sont pas les orientations décidées par le dernier congrès ». Cette relative autonomie du premier dirigeant communiste vis-à-vis du collectif s’était déjà manifestée à l’époque de Georges Marchais. Les militants avaient appris par voie de presse que le PCF abandonnait la référence à la dictature du prolétariat, en 1976.

    Roussel incarne un versant de l’histoire communiste, qui n’est pas le plus propulsif dans l’histoire du communisme français.

    En 2021, les communistes ont peut-être ressenti une surprise comparable en apprenant la participation de Fabien Roussel à la manifestation des policiers devant l’Assemblée nationale – ce dont il avait dû s’expliquer dans L’Humanité, face au tollé. L’ami d’Olivier Marchais, fils du secrétaire général qu’il a connu au lycée à Champigny-sur-Marne, et qui est devenu son directeur de campagne, sait donc à quoi s’en tenir.

    De plus en plus, les sorties médiatiques du chef du PCF semblent pourtant dicter la ligne, preuve, selon Roger Martelli, que « l’organisation a perdu la main », au détriment d’une culture politique. Dans Ma France, Fabien Roussel confesse d’ailleurs avoir lu tardivement le Manifeste du Parti communiste de Marx et Engels. « Roussel commence à militer dans les années 1990, quand les écoles du PCF déclinent. On est alors formé en interne, par sa propre famille ou la mairie, et non plus seulement par l’organisation. C’est possible que ce soit le reflet d’un éclatement idéologique chez les nouveaux dirigeants », affirme Julian Mischi.

    Une chose est sûre : le parti est à un tournant de son histoire, où l’équilibre interne entre la défense farouche de l’identité communiste et l’ouverture à la gauche anticapitaliste est brisé. « Je ne peux pas dire qu’il n’incarne pas l’histoire communiste. Il en incarne un versant, qui n’est pas le plus propulsif dans l’histoire du communisme français », conclut Roger Martelli.

    Ni ses oscillations à droite ni la surface médiatique importante acquise par Fabien Roussel durant la campagne n’ont en effet compensé l’absence d’un corps militant mobilisé.

    • Fabien Roussel suscite la polémique en déplorant l’absence de Michel Sardou à la Fête de l’Huma. #legorafi
      https://www.legorafi.fr/2022/09/15/fabien-roussel-suscite-la-polemique-en-deplorant-labsence-de-michel-sardou-

      À gauche, une polémique en chasse l’autre. Quelques jours seulement après avoir fustigé « la gauche des allocs » lors de sa prise de parole pendant un débat tenu à la Fête de l’Huma, Fabien Roussel fait de nouveau parler de lui. Plusieurs témoins rapportent des propos dans lesquels il joue la carte de la provocation en s’épanchant sur son regret de ne pas voir Michel Sardou dans la programmation.

      Pire, selon plusieurs personnes présentes dans le public, le secrétaire national du PCF aurait même profité d’un intermède entre deux concerts pour s’inviter discrètement sur la scène principale. Fabien Roussel aurait alors entonné plusieurs chansons de Michel Sardou, dont Les Ricains et Le Temps des colonies avant de lancer un « ça, c’est de la vraie musique de bonhomme » devant une foule partagée entre mécontentement et consternation.

      Évacué de force par la sécurité, Fabien Roussel aurait finalement quitté la scène en qualifiant l’événement de « rassemblement de gauchiasses et de bons à rien ». L’organisation de la Fête de l’Huma, qui fustige dans un communiqué l’intervention de Fabien Roussel, affirme avoir réussi à « éviter le pire » et à ramener le calme en diffusant instantanément des chansons de Tiken Jah Fakoly pour contenir la foule en colère.

    • « Entre le travail et les allocations, il y a la République sociale »

      Hadrien Clouet, député de la France insoumise, membre de la commission des Affaires sociales, répond à Fabien Roussel, qui assumait de « défendre le parti de travail » et défend les allocations.

      Voici sa tribune : « Juste avant la Fête de l’Humanité, la gauche avait imposé deux sujets dans le débat public : les surprofits scandaleux des grands monopoles privés et les vols d’affaire des ultrariches. Retournement de situation, avec la décision du secrétaire général du PCF, Fabien Roussel, d’incriminer le versement de minima sociaux par “la gauche des allocations” défenseuse d’un “droit à la paresse”, et l’opposer à l’occupation d’un emploi par “la gauche qui défend le travail”. Loin de se cantonner à cette opposition, il a mordu la ligne la plus réactionnaire en pointant un “système qui nourrit le chômage par les allocations-chômage”. Le plein-emploi dépendrait-il donc, logiquement, de la suppression des allocations-chômage ?

      Soit Fabien Roussel n’a pas anticipé comment évoluerait le débat public, et c’est une erreur lourde. Soit il l’a anticipé, et il s’agit d’un propos politique indigne. Dans les deux cas, voilà l’extrême-droite en selle à partir d’âneries. Le rôle de chaque responsable politique est désormais de combattre le poison qu’il a diffusé, excitant absolument toutes les officines hostiles à la République sociale.

      Car depuis la Révolution française, notre pays a rompu avec l’idée d’un ordre divin inéluctable qui châtierait les pauvres, oisifs donc responsables de leur sort. La pauvreté dépend des politiques qui sont menées en matière de travail, d’emploi, de logement… Donc, le sort des plus pauvres est un choix politique. Donc, la pauvreté n’est pas une malédiction à subir : elle est un crime organisé à abolir. Elle n’est pas une peine individuelle méritée : elle est la condamnation collective de toute une famille, enfants compris, à la privation. Cette rupture fondamentale conduit les Révolutionnaires à créer dès 1793 une Caisse nationale de prévoyance, afin d’administrer les premiers versements aux femmes enceintes, aux familles, aux vieillards, soigner les pauvres ou protéger les enfants abandonnés. Et ce, parce qu’il n’y a pas de démocratie possible lorsqu’une partie de la population est tenue éloignée de la discussion publique, faute de temps, de repos et de tranquillité d’esprit pour s’y consacrer.

      Les propos incriminés sont d’autant plus effrayants qu’ils tournent le dos au drapeau tricolore et au drapeau rouge

      Les propos incriminés sont d’autant plus effrayants qu’ils tournent le dos au drapeau tricolore et au drapeau rouge. Ils abandonnent les principes fondamentaux du Parti communiste français, créateur de notre Sécurité sociale… avec l’idée d’abolir toute opposition entre salaire et allocations ! Les allocations familiales, par exemple, ne sont pas de la “solidarité nationale” mais bien un sursalaire. Lorsqu’il obtient en 1946 un vote unanime de l’Assemblée nationale en faveur de leur création, le ministre communiste Ambroise Croizat y voit “un moyen de transformer un salaire mesuré uniquement à l’importance des tâches fournies en un salaire social tenant compte des besoins de chacun”.

      Si l’opposition entre travail et allocs n’a pas de sens, c’est qu’une même personne passe régulièrement de l’un à l’autre. En effet, une partie conséquente des “allocs” en France… découle du travail ! On les appelle “contributives”, dans le sens où elles sont ouvertes à des individus qui ont préalablement cotisé, donc qui ont exercé un emploi. Pension de retraite, de réversion, d’invalidité, indemnisation du chômage, indemnités journalières pour maternité, maladie ou exploitants agricoles : toutes ne sont ouvertes qu’au titre de travailleur. Il est dès lors absurde d’opposer allocations et emploi, puisqu’il faut par exemple 6 mois de cotisation pour être éligible à une allocation-chômage. Le travail conduit donc aux allocations, en ce qu’il ouvre des droits sociaux. D’ailleurs, aujourd’hui, 13 millions de ménages (presque la moitié) perçoivent des allocations logement, des allocations familiales, des minima sociaux ou la prime d’activité !

      L’inverse est tout aussi exact : l’emploi est souvent au bout de l’allocation, d’où l’importance de les défendre avec acharnement, au nom du travail. C’est ce que montrent toutes les études sur la reprise d’activité et le parcours des allocataires. Une allocation suffisante permet de se rendre aux entretiens d’embauche, payer les transports, assurer la facture téléphonique… et donc rechercher un emploi dans de bonnes conditions. Les baisses d’allocation contrarient l’accès aux offres, car elles imposent de se concentrer sur la survie quotidienne au détriment de la poursuite de son projet personnel.

      En réalité, qui paie quoi dans notre pays ? Ce sont les pauvres et les classes moyennes qui subventionnent l’oligarchie

      En réalité, qui paie quoi dans notre pays ? Ce sont les pauvres et les classes moyennes qui subventionnent l’oligarchie. On l’oublie souvent, les 10 % les plus modestes s’acquittent de la contribution maximale : ils versent les deux-tiers de leur revenu primaire en cotisations sociales (22 %), impôts (6 %) et taxes (39 %). À l’inverse, les 10 % les plus riches ne mettent en commun que la moitié de leurs gains personnels. Personne ne fait plus d’effort que les pauvres ; personne n’en fait moins que les riches.

      Finalement, l’opposition entre allocation et travail rencontre une dernière limite essentielle : accéder aux allocations peut constituer un vrai travail, qui prend plusieurs heures par semaine ! C’est bien pour cette raison que le non-recours aux droits, c’est-à-dire le renoncement à une allocation alors qu’on y est éligible, est si fort dans notre pays. Prétendre qu’un allocataire du RSA représente le “camp de la paresse” est moralement indigne et pratiquement absurde – que Fabien Roussel tente de remplir un formulaire RSA afin de s’en rendre compte !

      Loin de ne concerner que les bénéficiaires, les allocations sociales protègent le pays tout entier. Chaque crise économique nous le rappelle amèrement. Lorsque les salaires reculent ou que le chômage augmente, ce sont les allocations qui maintiennent ouverts les magasins. Le fleuriste, la boulangère, ont besoin des allocataires en vue de conserver une clientèle et, donc, leur boutique ouverte ! Contrairement à celui des riches, l’argent les allocataires sociaux repart immédiatement vers les secteurs de l’économie les plus dynamiques. Puisque les allocataires n’ont pas les moyens de mettre beaucoup d’argent de côté, tout ce que l’on leur distribue alimente la demande auprès des entreprises.

      L’allocation de quelques-uns est le bouclier du plus grand nombre, qui force le patronat à des concessions

      Mais les allocations protègent aussi les salariés du pays. Pourquoi ? Car dès lors que l’on assure un filet de sécurité à une personne, celle-ci peut survivre sans exercer une multiplicité de petits boulots précaires. Elle peut refuser de travailler gratuitement, de conduire une demi-journée afin d’exercer un petit boulot ou d’enchaîner 15h par jour. Et ce qui est bon pour elle est bon pour tous, puisque les salariés en poste ne risquent pas d’être remplacés par des miséreux, prêts à faire la même chose en échange d’un salaire deux fois plus bas. L’allocation de quelques-uns est le bouclier du plus grand nombre, qui force le patronat à des concessions. Face à des chômeurs mieux indemnisés, donc forts d’un pouvoir de négociation et capables de comparer les emplois les uns aux autres pendant quelques semaines, les employeurs sont bien obligés de faire monter les enchères !

      Voilà notre histoire, voici la tâche toujours renouvelée de notre époque. Pour l’atteindre, il faut à la fois des emplois bien payés et la garantie que nul ne vive sous le seuil de pauvreté. Les deux vont de pair.

      La politique consiste à choisir les conflits que l’on entretient. Elle implique de distinguer ses alliés de ses adversaires. Fabien Roussel met son audience et son temps de parole au service d’un affrontement contre “la gauche”, “la paresse » et “les allocs” d’un même mouvement. Ce faisant, et en conséquence, il n’affronte pas la droite, les profiteurs de crise et les actionnaires. Pire, il reprend leurs mots et leur donne du grain à moudre. Chacun ses priorités. »

      https://www.lejdd.fr/Politique/tribune-entre-le-travail-et-les-allocations-il-y-a-la-republique-sociale-41355

  • #Assurance-chômage : #guerre_aux_chômeurs, paix au capital

    En résumé :

    L’enjeu est de faire accepter aux travailleurs les offres d’emploi dans les conditions satisfaisantes pour le capital. Autrement dit, c’est une réforme qui vient renforcer la position des employeurs dans un rapport de force qui menace de devenir favorable aux salariés.

    Et l’article complet

    Le gouvernement défend sa réforme accélérée de l’assurance-chômage au nom du #plein-emploi. Mais ce qui se joue ici n’est rien d’autre qu’un renforcement de la #répression des travailleurs pour satisfaire un #système_économique en crise.

    Faire le bonheur des travailleurs, malgré eux : ce pourrait être la doctrine affichée par le ministre du travail #Olivier_Dussopt et la première ministre #Elisabeth_Borne, qui ont décidé en cette rentrée d’accélérer sur leur nouvelle #réforme de l’assurance-chômage. L’ambition affichée de la réforme, c’est de parvenir au « plein-emploi », lequel est considéré, après cinq décennies de #chômage_de_masse, comme une forme de graal permettant de renverser une nouvelle corne d’abondance sur le pays.

    Ce concept est devenu, depuis quelques semaines, le mantra du gouvernement que tous les membres, ainsi même que le président de la République, ne cessent de marteler à chaque prise de parole. Ce plein-emploi serait « à portée de main », répète inlassablement Emmanuel Macron, mais il ne serait possible que si l’on en passe par cette réforme qui réduit singulièrement les #droits des #demandeurs_d’emploi.

    Si l’on devait résumer la vision gouvernementale (et patronale, car les #Rencontres_des entreprises_de_France fin août ont mis en lumière une parfaite identité de vue entre le #Medef et l’exécutif sur le sujet), on pourrait le dire ainsi : le système économique est capable de fournir un #emploi à tous, mais une partie de la #force_de_travail refuse cette opportunité.

    Ce faisant, ces inconscients refusent tous les délices du plein-emploi effectif : une augmentation des revenus, un rapport de force favorable aux salariés et une forme d’accomplissement individuel et social. Aux universités d’été de La France insoumise (LFI) fin août, la ministre déléguée Olivia Grégoire, par ailleurs économiste, a même pu se prévaloir de Marx pour défendre la réforme gouvernementale et assurer le plein-emploi. Il est donc urgent de contraindre ces brebis égarées par le faux bonheur de l’#oisiveté au bonheur qu’ils s’obstinent à refuser. Et pour cela, l’usage du bâton est indispensable.

    Dans cette vision angélique, l’#indemnité_chômage serait si généreuse qu’elle troublerait leur raison et les empêcherait d’accéder à ce bonheur qu’est le plein-emploi. Mais ce n’est là qu’une hypothèse et cette hypothèse même est une contradiction dans les termes. Le récit gouvernemental ne résiste guère à l’analyse. Dans un régime de plein-emploi, le rapport de force s’inverse en faveur des salariés. Si ce dernier était authentiquement atteignable, l’assurance-chômage ne saurait être trop élevée.

    Les salaires augmenteraient, les #conditions_de_travail s’amélioreraient pour rendre son pseudo-avantage compétitif caduc. Cela est d’autant plus vrai que, puisque 60 % des demandeurs d’emploi ne sont pas indemnisés, ces derniers devraient se jeter sur les offres disponibles, faire ainsi monter les salaires et rendre l’indemnisation moins intéressante. Pour peu évidemment que lesdits emplois soient attractifs et adaptés.

    En d’autres termes, si un véritable plein-emploi était à « portée de main », l’indemnisation chômage ne serait pas un problème. L’enjeu de cette nouvelle réforme de l’assurance-chômage n’est donc pas de parvenir au plein-emploi, mais bien plutôt de faire accepter aux demandeurs d’emploi les offres existantes, sans s’interroger sur leur contenu, les #conditions_de_travail et les #rémunérations.

    Les derniers chiffres de la Dares montrent que si les tensions sur le #marché_du_travail sont élevées, elles le sont en grande partie en raison de conditions de travail et de #déficit_de_formation que les entreprises refusent de prendre en charge. Bref, le nœud du problème, comme toujours en régime capitaliste, c’est bien le #coût.

    L’enjeu est de faire accepter aux travailleurs les offres d’emploi dans les conditions satisfaisantes pour le #capital. Autrement dit, c’est une réforme qui vient renforcer la position des employeurs dans un rapport de force qui menace de devenir favorable aux salariés. Loin de favoriser le plein-emploi, il s’agit surtout de contourner les vraies conséquences du plein-emploi pour le capital.

    Des emplois abondants et repoussants

    Le récit gouvernemental et patronal est donc un leurre qui s’appuie sur un plein-emploi fétichisé mais vidé de sa fonction. Il fait miroiter un pouvoir accru des salariés alors qu’il désarme précisément la capacité des salariés de choisir leur emploi. Réduire les droits des chômeurs indemnisés, conditionner d’une manière ou d’une autre l’accès au #RSA, c’est affaiblir la position des salariés face aux employeurs. C’est faire en sorte que, contraints par la nécessité, les demandeurs d’emploi acceptent non pas un travail adapté à leurs envies, à leurs formations et à leurs besoins, mais un emploi répondant à la nécessité de la #production_de_valeur. C’est bien pour cette raison qu’il refuse toute réflexion sur la qualité – au sens large allant du salaire à sa fonction sociale – des emplois proposés.

    Derrière ces réformes proposées avec un discours quasi humanitaire, il y a donc le renforcement de l’emprise la plus classique de la #domination_capitaliste. Le travail abstrait, quantifiable mais désincarné, vecteur de la loi de la valeur dont le capital a impérieusement besoin, impose sa loi au travail concret, fruit d’une activité humaine spécifique.

    Le travailleur doit, sous cette #pression, cesser d’exister en tant qu’individu, il n’est que le rouage de cette production de valeur. Il lui faut alors accepter n’importe quel travail pour pouvoir subsister. Dans ces conditions, tout emploi qui apparaît est bon, et tout ce qui est bon apparaît comme emploi. Le refus de l’emploi devient donc insupportable pour le système économique.

    Les #protections_salariales n’ont jamais fait disparaître totalement cette logique. Mais la situation actuelle des économies occidentales et de l’#économie française en particulier rend le renforcement de ce mode de #domination plus urgent et nécessaire que jamais pour le capital. Les emplois créés ne sont abondants que parce qu’ils sont peu productifs. L’embellie actuelle de l’emploi, alors même que la croissance reste faible, est l’illustration même de ce phénomène.

    Le problème, alors, est que ces emplois ne sont tenables que s’ils sont bon marché ou soumis à des conditions de travail dégradées, précisément parce qu’ils sont peu productifs. Créer de la valeur dans un régime de faible #productivité suppose mécaniquement une plus forte #exploitation du travail. Et c’est en saisissant cette réalité que l’on peut comprendre le paradoxe de l’époque : les emplois peuvent être à la fois abondants et repoussants et le plein-emploi peut avoir une fonction répressive pour le travail.

    Cette fonction se constate à longueur de page et d’émission dans les leçons de morale données aux travailleurs qui seraient trop exigeants ou trop oisifs. La récente polémique sur les #arrêts_maladie jugés trop fréquents des salariés est venue illustrer cette situation. Cette pression augmente avec l’approche du plein-emploi, car plus le travail est censé être abondant, plus il faut accepter ses conditions de travail dégradées, intensifier la production et allonger le temps de travail.

    C’est bien pour cette raison que ce plein-emploi peut être désormais fétichisé par le patronat : parce qu’il ne produit plus les effets négatifs pour le capital. À condition, bien sûr, que l’État assure la soumission du monde du travail par des contre-réformes. La réforme française, comme d’autres, n’est donc pas urgente parce qu’elle permettrait d’apporter le bonheur et l’abondance dans le pays, elle est urgente parce qu’elle est un passage obligé dans le mode de gestion d’un capitalisme de bas régime qui est le nôtre.

    Face à la faiblesse des gains de productivité, la réponse du capital est celle de chercher des assurances, ce que l’économiste anglo-roumaine #Daniela_Gabor appelle le « #de-risking », ou la #réduction_du_risque. Les recherches de cette dernière se sont concentrées sur la finance, mais ce mouvement semble beaucoup plus large. Les réformes du marché du travail et de l’assurance-chômage visent ainsi à maintenir une pression constante sur les travailleurs, quelle que soit la situation de l’emploi. La baisse vertigineuse actuelle des salaires réels dans les pays qui, comme le Royaume-Uni, l’Allemagne ou les États-Unis, sont officiellement en plein-emploi vient confirmer ce mouvement.

    Les déclarations de l’exécutif ne doivent donc pas tromper. La #répression_sociale comprise par ces réformes est la solution de facilité pour le système économique actuel. Tout renversement réel du rapport de force l’amènerait en effet face à des questions qu’il veut à tout prix éviter : que produit-il ? dans quel but ? dans quelles conditions ? Dès lors, le leurre d’un plein-emploi à portée de main et d’un discours moralisateur sur des chômeurs oisifs est la dernière ligne de défense de l’économie. Celle qui permet de renforcer son hégémonie au cœur même de sa crise.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/090922/assurance-chomage-guerre-aux-chomeurs-paix-au-capital
    #chômage #guerre_aux_pauvres #capitalisme #plein_emploi

  • La fonction répressive du plein emploi
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/120822/la-fonction-repressive-du-plein-emploi

    De l’emploi, mais des revenus en berne et une activité au ralenti. La situation est complexe. Pour essayer de la comprendre, Mediapart propose une série de deux articles. Aujourd’hui : pourquoi le nouveau plein emploi n’est pas le paradis des travailleurs.

    #L'étrange_plein-emploi #croissance,_plein_emploi,_chômage,_conjoncture,_Inflation,_productivité

    • La fonction répressive du plein emploi, Romaric Godin
      De l’emploi, mais des revenus en berne et une activité au ralenti. La situation est complexe. Pour essayer de la comprendre, Mediapart propose une série de deux articles.

      Aujourd’hui : pourquoi le nouveau plein emploi n’est pas le paradis des travailleurs.

      Pourquoi la croissance de l’#emploi ne parvient-elle pas à renforcer la position des salariés et à conduire à des augmentations de #salaire ? Pour tenter de trouver une réponse, il faut comprendre en quoi l’explication la plus évidente n’est pas pertinente. Car la croissance à elle seule ne suffit pas à expliquer l’évolution de l’emploi. Autrement dit, les économies actuelles créent plus d’emplois qu’elles ne créent de « richesses », ces jobs sont donc le fruit d’une réduction globale de la productivité du travail.

      Les chiffres, de ce point de vue, sont sans équivoque. En France, par exemple, le PIB du deuxième trimestre 2022 est supérieur de 0,9 % à celui du dernier trimestre 2019, alors que l’emploi est supérieur de 3,5 %. On a donc produit un peu plus avec beaucoup plus d’employés. Aux États-Unis, la productivité du travail dans le secteur non agricole calculée par le bureau fédéral du travail a reculé de 4,6 % au deuxième trimestre et de 7,7 % au premier trimestre.

      Ces chiffres expliquent en grande partie l’incapacité de la courbe de Phillips (lire le premier volet de la série : Le Lien brisé entre emplois et inflation) à fonctionner aujourd’hui. Si les emplois créés le sont dans un contexte d’activité faible, la condition même d’existence de ces emplois est de ne pas coûter trop cher.

      Pour le dire autrement : la croissance des salaires est largement déterminée par la croissance de la productivité. Lorsqu’une unité de travail permet de produire plus, le profit est plus grand, et, en théorie, une partie de ce profit peut être rendu au travail. Dans ce cas, la progression du salaire réel est possible puisque le #capital peut se rémunérer sur les gains de productivité.

      Mais lorsque ces gains sont faibles ou n’existent pas, voire, comme actuellement, lorsque la #productivité se réduit, la profitabilité des entreprises dépend nécessairement de la compression des salaires et, lorsque cela est possible, de la hausse des prix. C’est ainsi que l’on peut se trouver dans une situation comme la nôtre : de l’emploi, mais pas de hausse des salaires réels.

      La vraie question se déplace alors. Pendant deux siècles, les gains de productivité ont été la condition sine qua non de la croissance, des créations d’emplois et de l’amélioration des salaires réels. Certes, les luttes sociales et les réglementations étaient nécessaires pour arracher des concessions dans le partage de la valeur ajoutée, mais ces concessions étaient possibles et même largement souhaitables pour le développement de la consommation et donc de nouveaux marchés.

      Ce moteur semblant très largement éteint ou réduit, le système économique se mue progressivement en un régime différent où il faut plus de main-d’œuvre, parce que la croissance du chiffre d’affaires dépend plus directement du travail (on doit travailler plus pour produire plus et non plus travailler moins pour produire plus), mais où il faut aussi de la main-d’œuvre meilleur marché.

      Ce phénomène n’est pas nouveau, le ralentissement des gains de productivité a commencé voici cinq décennies. Et c’est dans ce contexte qu’il faut comprendre l’essentiel des réformes néolibérales visant à affaiblir le travail et à « libéraliser » l’emploi. Mais ce phénomène structurel s’est encore accéléré après les crises de 2008 et 2020.

      La nature des emplois créés

      Dans un contexte où il faut vendre plus et produire moins cher, sans gains de productivité, la solution réside dans l’élargissement du domaine du marché à des activités gérées jusqu’ici par la puissance publique ou la sphère domestique (services à la personne, transports, énergie, etc.) et dans l’élargissement des sources d’approvisionnement vers des pays à faible coût de main-d’œuvre. Et cela modifie profondément la structure de l’emploi et son rapport général macroéconomique.
      Jusque dans les années 1970-80, les emplois détruits par les gains de productivité étaient remplacés par d’autres emplois industriels, fruit du réinvestissement des profits et des perspectives de demande alimentées par la hausse des salaires. Mais dans ce « nouveau monde », cette logique ne prévaut plus. Les emplois grignotés par les maigres gains de productivité industrielle se retrouvent dans les secteurs de services, ce qui abaisse la productivité globale. Dans un premier temps, cela crée du chômage massif qui, par ailleurs, aide à discipliner le monde du #travail.

      Puis, progressivement, le nouveau système économique se met en place. La marchandisation de la vie quotidienne s’accélère et avec elle les activités de services à la personne. Parallèlement, comme l’a indiqué l’économiste Jason E. Smith dans un ouvrage traduit récemment en français (et présenté ici), les besoins de l’économie se concentrent sur le développement massif de deux domaines principaux. D’une part, celui chargé de contrôler et de rendre plus efficaces les travaux de services où l’on doit gagner le peu de productivité qu’il est possible de réaliser. D’autre part, tous ceux chargés de renforcer la circulation de la production.

      Toutes ces activités se résument à deux grands secteurs d’emplois : les services à la personne (livraison, santé, assistance à l’enfance ou à la vieillesse, etc.) et les services aux entreprises (encadrement, sécurité, informatique, marketing, publicité, etc.). En fin de processus, lorsque la marchandisation et la mondialisation ont atteint un niveau très élevé, ces emplois occupent tout l’espace économique. Les chiffres récents viennent confirmer cette hypothèse.

      En France, les services marchands représentent 72,6 % des créations d’emplois entre le dernier trimestre 2019 et le deuxième de 2022, soit plus de 547 000 emplois. L’industrie, sur la même période, a détruit 12 000 emplois. Et si l’on s’en tient au premier trimestre, pour lequel nous disposons du détail des créations d’emplois, on constate que la plus forte hausse en pourcentage depuis fin 2019 est le secteur « information-communication » (+ 7,2 %), tandis que la plus forte hausse en valeur absolue revient aux « services aux entreprises » (188 400 emplois, soit 29 % du total du secteur privé).

      Mais la France n’est pas isolée. Aux États-Unis, le même phénomène se constate également. Dans le dernier rapport sur l’emploi de juillet, le secteur qui produit le plus d’emplois est celui des services aux entreprises avec, entre février 2020 et juillet 2022, pas moins de 986 000 emplois créés, soit davantage que l’ensemble du secteur privé sur la même période (+ 629 000).

      Gérer les contradictions

      Le problème, c’est que ces emplois sont par nature peu productifs. Ils sont donc nécessaires au fonctionnement de l’économie, mais font peser un risque sur la rentabilité future des entreprises. En régime capitaliste, la productivité est la mesure avancée de la croissance à long terme.

      Mais à présent, la situation est délicate : pour tenter de renforcer la rentabilité de l’économie, seuls les services du type de ceux que l’on a décrits peuvent se développer et doivent ainsi augmenter leur chiffre d’affaires, donc embaucher. Mais ces embauches, en raison de leur faible productivité intrinsèque, pèsent de plus en plus sur la rentabilité. C’est une fuite en avant et une contradiction interne majeure qui ne peut se résoudre que par des moyens de contournement.

      Depuis 2008, l’argent facile assuré par les banques centrales pour les entreprises permettait d’assurer un moyen de dépasser temporairement cette contradiction. C’est ce qui a donné lieu au phénomène bien connu d’entreprises « zombies », entreprises peu productives, voire peu rentables, qui survivaient grâce aux crédits ou au soutien d’actionnaires réalisant sur les marchés de confortables plus-values par ailleurs.

      À cela s’ajoutait une pression sur les gouvernements pour baisser les impôts sur les entreprises ou renforcer les subventions. En France, on se souvient évidemment du CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), pérennisé en 2019 sous forme de baisses de cotisations, mais on pourrait aussi évoquer la baisse des impôts de production ou de l’impôt sur les sociétés et les diverses exonérations de cotisations sociales. Tout cela permet de maintenir la rentabilité d’entreprises peu profitables mais riches en emplois.

      Avec la crise sanitaire, ce phénomène s’est généralisé et amplifié via de généreuses aides publiques qui ont formé une forme de « sécurité sociale des entreprises ». Et sans doute cette générosité publique n’est-elle pas pour rien dans la reprise de l’emploi. Les zombies sont plus vivants que jamais.

      Mais cette situation n’améliore pas pour autant celle des salariées et salariés, en lutte constante pour leur survie, dans ces entreprises qui exercent une pression sur les rémunérations et les conditions de travail. Ce n’est pas pour rien que les problèmes liés à l’intensification du travail sont de plus en plus fréquents dans les sociétés occidentales. Il faut gagner là où cela est possible de plus en plus de productivité, mais si ces gains sont minimes voire nuls, la pression sur le personnel est immense.
      Lorsque survient l’inflation importée par un choc externe, la pression sur ces entreprises et leurs salariés se fait encore plus forte. Une partie des entreprises peuvent augmenter leurs prix, mais sans gains de productivité, cette augmentation n’est pas redistribuée au personnel mais utilisée pour redistribuer aux actionnaires ou investir dans les activités de contrôle et de circulation.

      On a la preuve de ce phénomène en regardant la nature de l’investissement au premier semestre en France. Sur les six premiers mois de l’année, l’acquis de croissance de l’investissement en biens manufacturés du secteur privé non financier, autrement dit l’investissement productif, est de - 2,2 %, le même acquis pour l’investissement en services marchands est de + 5,4 %. Et les postes « services aux entreprises » et « information-communication » mènent la hausse.

      Le plein emploi répressif

      Dès lors, les créations d’emplois s’expliquent, mais aussi l’incapacité de ces créations à tirer les salaires vers le haut. Car la situation de contradiction interne sur les salariés se poursuit plus que jamais. Se met alors en place un système où le salarié est piégé : inflation ou pas, il est toujours trop cher (comme l’est la protection sociale).

      On semble donc assister à une nouvelle forme de « plein emploi ». Jusqu’ici, le #plein_emploi était la terreur des classes dirigeantes. En 1943, dans un texte célèbre, Aspects politiques du plein emploi, l’économiste Michał Kalecki estimait que les classes dominantes ne pouvaient accepter le plein emploi, qui renversait le rapport de force naturel au sein du capitalisme. La crise des années 1970 est venue confirmer cette analyse qui, au reste, était traduite sur le plan économique par la courbe de Phillips.
      Qu’en est-il aujourd’hui ? Cette crainte du plein emploi est toujours d’actualité, on l’a vu, et les banques centrales mènent une politique de lutte contre l’inflation en tentant de faire remonter le chômage. Mais le plein emploi a pris aujourd’hui une nouvelle forme et cela change tout.
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      Par la nature des emplois créés et la situation d’un capitalisme de bas régime, le plein emploi actuel prend une forme particulière. Il ne renforce pas le pouvoir des salariés, mais au contraire les maintient dans des logiques de faibles rémunérations et de conditions de travail dégradées.

      Certes, ceci conduit à des formes de rébellion qui peuvent entraîner des pénuries de main-d’œuvre dans certains secteurs. Mais ces pénuries n’amènent pas pour autant de vrai changement en termes de situation des travailleurs parce que le tissu économique, soumis à la pression de la faible productivité, ne le supporte pas.

      Aussi voit-on émerger une situation nouvelle : le plein emploi dans le capitalisme de bas régime est un plein emploi répressif qui permet de justifier des politiques antisociales et n’est pas synonyme d’améliorations salariales. Pour contraindre les travailleurs à accepter les emplois mis sur le marché sans broncher dans les conditions dictées par le capital, l’État renforce alors les contraintes sur le monde du travail.

      La politique de l’actuel gouvernement français en est l’illustration parfaite : les créations d’emplois le conduisent à proclamer la nécessité de « travailler plus » et lui permettent de justifier une réforme répressive de l’#assurance-chômage et du #RSA.

      En réalité, on peut même imaginer que les deux réalités se chevauchent : pour imposer ce plein emploi répressif, une poussée de chômage n’est pas inutile. Elle permet de discipliner à nouveau le monde du travail et de l’amener à se contenter de ce que lui donne le capital. Ceci doit sans doute inciter à modifier la réflexion de Kalecki : ce que les classes dominantes refuseront toujours politiquement, c’est un plein emploi qui remet en cause leur pouvoir. Mais l’émergence d’un plein emploi qui le renforce est désormais un fait nouveau à prendre en considération.

      #chômeurs #chômage

  • Roussel manifestant avec la police, c’était le Printemps républicain. Hier soir, le PCF organisait un hommage à Charlie. Parmi les invités à la tribune, place du Colonel Fabien : Fourest, Gorce et Aram.
    Source, Elsa Faucillon, Députée des Hauts-de-Seine (Gennevilliers, Colombes, Villeneuve), PCF
    .https://twitter.com/ElsaFaucillon/status/1479160731350319108

    Le Colonel Fabien était un résistant de la première heure, dès 1939, peu après la signature du pacte germano soviétique.

    #PCF #Printemps_républicain #honte

  • La garantie d’emploi, un outil au potentiel révolutionnaire | Romaric Godin
    http://www.contretemps.eu/chomage-economie-garantie-emploi-depassement-capitalisme

    L’ouvrage de Pavlina Tcherneva qui inaugure la collection « Économie politique » avance une proposition qui peut paraître a priori insensée : fournir à tous les citoyens qui le souhaitent un travail rémunéré, permettant de vivre décemment. Tout l’intérêt de son propos est de montrer que, précisément, cette proposition n’a rien d’insensé, mais qu’elle est parfaitement réalisable pour peu que l’on se libère de certaines certitudes qui ne sont que des constructions politiques. L’idée que le chômage soit le mode d’ajustement « normal » de l’économie est déjà un choix politique remarquablement déconstruit par l’autrice. Source : (...)

  • Usbek & Rica - « Le premier des bullshit jobs, c’est d’être au chômage ! »
    https://usbeketrica.com/fr/le-premier-des-bullshit-jobs-c-est-d-etre-au-chomage

    Usbek & Rica : Dans votre livre, on découvre une théorie aussi contestable que celle du « ruissellement » (Trickle down) mais beaucoup moins connue : le NAIRU, acronyme de « Non accelerating inflation rate of unemployement ». Des décideurs économiques pensent-ils sincèrement qu’un peu de chômage est bon pour lutter contre l’inflation et s’interdisent, pour cette même raison, d’oser vraiment le plein emploi  ?

    Pavlina Tcherneva : Cette théorie fumeuse est peu portée par les décideurs politiques durant les campagnes électorales, mais elle est très prégnante dans les milieux économiques, y compris les administrations fédérales, où l’on pense réellement qu’il y a un chômage positif. Leur postulat est si flou que le chiffre varie souvent – parfois c’est 3 %, à d’autres moments 5 % – mais l’idée est toujours que si le chômage descend en dessous de cette barre, l’inflation s’envole et la situation devient catastrophique. Cette barrière bouge beaucoup en fonction des contextes locaux. Le NAIRU existe aussi en Europe, où il est plutôt à 10 %, c’est de la folie  !

    En réalité, en créant des emplois décents en masse, on peut tout à fait lutter contre l’inflation. Ensuite, les personnes qui mesurent le chômage aux États-Unis et se permettent de parler de plein emploi quand nous avons 3 millions de chômeurs se trompent lourdement. En réalité, depuis la crise de 2008, nombre de personnes sont tellement éloignées de l’emploi qu’elles ne font même plus les démarches d’inscription. Ce très grand nombre de personnes sans emploi permet à des employeurs de proposer des jobs indignes, soit très mal payés à l’heure, soit avec un nombre d’heures insuffisant pour pouvoir bénéficier d’un revenu décent. Le NAIRU est une absurdité qui permet de maintenir beaucoup de travailleurs précaires sous tension pour survivre.

  • Comme si la réforme des #retraites et les annonces autour de la #LPPR n’étaient pas suffisants... voilà que sort du chapeau ministeriel le #pacte_productif

    LPPR : le Pacte de productivité, jumeau maléfique de la Loi de programmation pluri-annuelle de la recherche ?

    « Il y aura des textes forts politiquement, des textes qui viendront avec le « Pacte Productif », par exemple sur la réforme de la recherche et de l’#enseignement_supérieur » – Emmanuel #Macron, Président de la république,11 février 2020 (https://twitter.com/ebothorel/status/1227334119132143617)

    Annoncé en avril 2019, le Pacte productif ambitionne de construire « un nouveau modèle français respectueux de l’environnement pour atteindre le #plein_emploi ». Pour ce faire, il s’intéresse de près au #financement de la #recherche mais aussi à l’#enseignement.

    L’orientation des moyens de la #recherche_publique vers un #développement_industriel précis

    « La loi de programmation de la recherche devrait être l’occasion de réfléchir à une augmentation des moyens consacrés à des #programmes_de_recherche publique en #contrepartie de leur orientation vers un développement industriel précis. » – Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, 15 octobre 2019 (https://www.economie.gouv.fr/pacte-productif/discours-de-bruno-le-maire-ministre-de-leconomie-et-des-finances)

    L’idée est donc de concentrer les moyens de la recherche sur des « #chaînes_de_valeur_stratégiques » définies par « la qualité de la #base_industrielle en #France, la situation du #marché et les #performances de notre recherche ». En clair, il s’agit de concentrer les moyens sur l’#innovation à certains secteurs rentables décidés par le haut, au détriment de la recherche en général dont les thématiques sont décidées par le bas.

    L’inquiétante disparition de la recherche

    La consultation sur le Pacte productif 2025 (Synthèse des contributions, France Stratégie : https://www.economie.gouv.fr/files/files/ESPACE-EVENEMENTIEL/Pacte_Productif/Pacte_Productif_Synth%C3%A8se_des_Contributions.pdf) s’est articulée en 6 thématiques. La thématique portée par Mme Vidal est celle de l’innovation, et la recherche n’apparaît pas malgré sa pertinence dans le sujet, ne manquant pas de faire écho à la suppression initiale.

    Plusieurs propositions sont faites dans la thématique innovation, toutes allant dans le sens d’un contrôle accru du #secteur_privé sur le secteur public, telles que :

    « le doublement de l’assiette qui existe pour la #R&D sous-traitée aux #organismes_publics_agréés » pour le #crédit_d’impôt_en_faveur_de_la_recherche (#CIR) : c’est-à-dire l’augmentation du contrôle des #entreprises sur le #financement_public de la recherche publique ; ou
    « encourager les chercheurs du public à s’investir dans le monde de l’entreprise ou en #partenariat avec lui, notamment en majorant la pondération des activités de #création_d’entreprise, de #consultance ou de dépôt de #brevets d’invention, dans l’ensemble des critères retenus pour la #progression_de_carrière » : c’est-à-dire affaiblir les #libertés_académiques en incitant les chercheurs publics à un rapprochement avec le privé.

    Autre témoin inquiétant : alors que les rapports de la LPPR prennent la peine de traiter le cas des Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines et Sociales (LLASHS) à part puisqu’ils n’entrent pas dans le plan global, le Pacte productivité ne prend pas cette peine et les ignore complètement.

    MESRI vs. Bercy : un arbitrage perdu qui pourrait avoir de lourdes conséquences

    Globalement, il ressort de l’idée générale du Pacte productif de financer l’innovation, et donc essentiellement le secteur privé, avec les moyens de la recherche publique, y compris de la « #recherche_d’excellence ». Cela traduirait d’un arbitrage perdu entre le Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de le l’innovation de Mme Vidal et le Ministère de l’économie et des finances de M. Le Maire, qui pourrait bien représenter une #menace réelle et critique sur l’appareil de recherche public français.

    Si la LPPR est « une loi financière » comme l’annonce Mme Vidal, alors un arbitrage perdu avec Bercy pourrait avoir des conséquences beaucoup plus profondes que simplement budgétaires.

    http://blog.educpros.fr/julien-gossa/2020/02/20/lppr-le-pacte-de-productivite-jumeau-malefique-de-la-loi-de-programmat

    #pacte_productivité #ESR #liberté_académique

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    Sur les réformes dans l’ESR en France :
    https://seenthis.net/messages/820330

    • Discours de Bruno #Le_Maire , ministre de l’Economie et des Finances

      Mesdames et Messieurs les ministres,
      Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs,

      Il nous faut bâtir un agenda des transitions à horizon 2025 pour donner une visibilité à chacun.
      Nous avons besoin d’une stratégie collective pour la nation, un pacte productif permettant d’atteindre le plein emploi en 2025"

      Voilà la commande qui a été passée par le président de la République aux membres du Gouvernement en avril à l’occasion de la restitution du Grand débat national.

      Depuis 6 mois, nous travaillons, avec les membres du Gouvernement, les fédérations professionnelles, les organisations syndicales, les chambres de commerce et les chambres de métiers, pour bâtir ce pacte productif.

      Je tiens à remercier tous ceux qui, depuis 6 mois, ont participé à ce travail : mes collègues ministres, les responsables syndicaux, les 2 000 chefs d’entreprises qui se sont exprimés grâce aux consultations des chambres de commerce et des chambres de métiers, les 74 organisations professionnelles et collectivités qui ont participé. Grâce à eux, nous avons pu faire un diagnostic précis de la situation économique de la France et en tirer des orientations pour les années à venir, avec un objectif : concilier puissance économique et protection de la planète, pour que la France reste une grande puissance au 21è siècle.

      1. Il est d’autant plus nécessaire de donner de la lisibilité à nos choix économiques que nous sommes confrontés à une double révolution technologique et environnementale.

      1ère révolution : la révolution technologique

      L’intelligence artificielle est la rupture technologique du 21è siècle. Elle va transformer tous les métiers et tous les secteurs.

      Elle peut apporter le meilleur : créer des centaines de milliers d’emplois ou combattre des maladies incurables.

      Comme elle peut apporter le pire : détruire des milliers d’emplois ou aliéner nos libertés.

      Une seule certitude, cette révolution technologique changera l’ordre des puissances. La Chine est déjà le premier investisseur mondial en matière d’intelligence artificielle. L’atelier du monde est en train de devenir le cerveau de la planète.

      2è révolution : la révolution environnementale

      Nous prenons conscience que notre planète peut devenir invivable pour l’homme. Nous réalisons que le progrès mal maîtrisé peut être une régression.

      Le politique doit désormais réconcilier progrès technologiques et protection de notre planète. Le pacte productif doit être un pacte environnemental. Un pacte passé avec les salariés, avec les entrepreneurs mais aussi un pacte passé avec notre planète.

      2. Face à cette double révolution, comment la France se positionne-t-elle ?

      Elle a des atouts considérables. Elle a des laboratoires de recherche exceptionnels : le CNRS, l’INRIA, le CEA. Elle a des infrastructures de grande qualité. Elle a des services publics irréprochables. Elle a une énergie nucléaire qui est un atout majeur pour faire face à la lutte contre le réchauffement climatique et à la réduction des émissions de CO2.

      Elle réussit dans une conjoncture internationale difficile. La croissance française s’établira à 1,4 % en 2019 et 1,3 % en 2020. Ce sont des niveaux de croissance supérieurs à la moyenne de la zone euro.

      Mais nous avons toujours trois faiblesses structurelles majeures.

      notre fiscalité de production reste trop élevée par rapport à nos partenaires européens. Elle est

      7 fois plus élevée qu’en Allemagne et 2 fois plus élevée que la moyenne de la zone euro ;

      notre spécialisation sur des produits et des services de moyenne gamme est mauvaise. Elle ne crée pas suffisamment de valeur pour les industriels et pour les producteurs agricoles. Elle nous ferme des marchés ;
      Le nombre d’heures travaillées est plus faible que chez nos partenaires européens. Si bien que nous nous sommes appauvris relativement aux États du G7 au cours des dernières années. Notre PIB a augmenté mais la richesse par habitant a augmenté moins vite que dans les autres grandes nations industrialisées du G7.

      3. Ces faiblesses structurelles expliquent en grande partie la désindustrialisation de la France depuis 10 ans. Elles nous menacent de déclassement économique.

      La part de l’industrie dans le PIB est passée de 17 % à 12 % en France en 20 ans. Elle s’est maintenue à 23 % en Allemagne, à près de 18 % en Italie et à 14 % en Espagne. 100 usines par an ont été fermées depuis 10 ans, 1 million d’emplois industriels ont été supprimés. Ces chiffres sont sans appel.

      Nous nous en sortons dans trois secteurs : l’aéronautique, le luxe, les vins et spiritueux. Mais on ne bâtit pas une force industrielle sur trois secteurs, qui plus est, trois secteurs qui sont les mêmes depuis 20 ans.

      Certains secteurs se sont fragilisés : je pense à l’agroalimentaire ou à l’industrie pharmaceutique. Enfin, d’autres secteurs n’ont trouvé leur salut qu’en délocalisant leur production. Je pense, par exemple, à l’industrie automobile. La production automobile française est passée d’un excédent commercial de 13 milliards d’euros en 2004 à un déficit de 12 milliards d’euros en 2018. Dans le même temps, l’excédent commercial allemand a progressé de 70 à 122 milliards d’euros.

      En résumé : la France a fait le choix de la consommation plutôt que le choix de la production. Elle a fait le choix de la redistribution plutôt que de la création de richesses. Elle a accepté les délocalisations plutôt que de valoriser nos technologies, nos savoir-faire et notre intelligence collective.

      Les conséquences de ces choix économiques, nous les connaissons : le chômage reste élevé, des centaines de milliers d’emplois restent non pourvus, les inégalités territoriales menacent l’unité de la nation française.

      4. Pourtant, les résultats que nous avons obtenus depuis plus de deux ans montrent que ce risque de déclassement n’est pas une fatalité. Nous pouvons inverser la tendance. Nous avons commencé à le faire. Le Pacte productif doit permettre d’aller plus loin dans la transformation économique du pays et d’ouvrir le deuxième temps de la transformation économique du quinquennat.

      Cela suppose de faire les choix politiques clairs devant et avec nos compatriotes.

      1er choix : rester une nation de production. C’est un choix qui ne va pas de soi. Nous pourrions très bien faire le choix d’une économie de services : devenir la plateforme financière

      et le pays des services en Europe. C’est le choix qu’ont fait les Britanniques avec Margaret Thatcher dans les années 1980 en libéralisant les marchés financiers et la bourse londonienne. Ce n’est pas le choix que nous faisons. La France ne serait pas la France sans production industrielle et sans production agricole. Elle ne serait pas davantage la France si nous abandonnions certains territoires et si nous concentrions la production de richesses dans les seules métropoles. Le pacte productif doit aussi être un pacte territorial.

      2è choix : réussir dans les échanges internationaux. Je ne crois pas au repli sur soi. Je crois dans les vertus du libre-échange sur la base du principe de réciprocité. L’économie française sera plus forte si nos entreprises exportent davantage.
      3è choix : rester une des nations technologiquement les plus avancées. Nous voulons préserver notre indépendance technologique par rapport à la Chine et aux des États-Unis en matière d’intelligence artificielle ou de stockage d’énergie. Nous voulons rester dans la course à l’innovation pour maîtriser les innovations futures et préserver notre souveraineté politique. Il n’y aura plus au 21è siècle de souveraineté politique sans souveraineté technologique.

      Sur la base de ces choix, nous vous présentons 5 orientations stratégiques pour la production française dans les années à venir.
      1ère orientation : atteindre une économie zéro carbone en 2050

      Nous nous sommes fixés comme objectif dans le Plan climat zéro émission nette de CO2 en 2050. Cet objectif est accessible mais il implique d’être cohérent.

      La cohérence est de ne pas augmenter notre empreinte carbone, c’est-à-dire les biens et les services carbonés que nous consommons, quand nous baissons nos propres émissions de CO2.

      C’est pourtant la situation actuelle. Nos émissions nationales ont baissé de près 20 % en 20 ans tandis que nos émissions liées à nos importations ont doublé. Au final, notre empreinte carbone globale a augmenté de 10 %.

      Nous fixons des contraintes environnementales à notre industrie, elle perd en compétitivité, elle délocalise sa production. Et nous continuons à consommer ailleurs les mêmes produits carbonés. C’est inefficace pour notre économie et ce n’est pas cohérent avec nos objectifs environnementaux.

      Nous devons gagner en cohérence et faire que toutes les politiques publiques décarbonent notre production et notre consommation.

      Cela suppose de mettre en place le plus rapidement possible des réponses européennes : une taxe carbone aux frontières de l’Union européenne est nécessaire. Sans elle, toutes les politiques publiques européennes seront dépourvues d’efficacité.

      Cela suppose également de mettre en place une taxation européenne des moyens de transport les plus polluants. Il est incompréhensible que des objectifs d’émissions carbone aient été fixés pour nos voitures et qu’aucun objectif n’ait été fixé pour les avions ou les bateaux. Nous proposons de travailler à une taxation européenne du carburant des avions et des bateaux.

      Cela suppose aussi de dégager les financements nécessaires. La Banque européenne d’investissement pourrait devenir une banque verte, avec au moins la moitié des encours dédiée à la transition énergétique

      Cela suppose, enfin, de montrer la voie en matière de finance verte en créant une taxonomie européenne qui permette de distinguer en toute transparence les investissements verts des autres investissements. Le nucléaire doit être maintenu dans cette taxonomie européenne et être considéré comme une énergie indispensable à la lutte contre le réchauffement climatique. Nous en débattrons avec nos partenaires allemands, mais le GIEC et de nombreux scientifiques sont formels sur la nécessité de recourir au nucléaire pour lutter contre le réchauffement climatique.

      La puissance publique nationale doit aussi s’engager pour atteindre cette économie zéro carbone en 2050.

      Nous avons déjà établi, avec Gérald Darmanin, un budget vert pour l’Etat. 20 milliards d’investissement sont dédiés à la transition écologique au cours du quinquennat. L’enveloppe dédiée au bonus automobile et à la prime à la conversion augmentera de 50 % cette année. Le crédit d’impôt pour la transition écologique sera transformé en aide directe et concentré pour aider les ménages les plus modestes.

      Cette politique publique nationale exige également, comme l’a indiqué le président de la République à l’Assemblée générale des Nations Unies, que l’État cesse de financer des projets qui contribuent à la croissance des émissions de CO2 en dehors de nos frontières. Nous engagerons donc une revue globale précise des garanties du trésor à l’exportation. Nous communiquerons les résultats de cette revue au premier trimestre 2020. Nous en tirerons les conséquences avec un objectif : réduire l’empreinte carbone des garanties du trésor. Nous engageons déjà cette politique dans le PLF 2020 en interdisant toute garantie du trésor pour les projets charbon.

      2è orientation : anticiper les besoins de compétences et former pour 2025.

      La France n’a pas connu le plein emploi depuis 50 ans. Nous n’avons pas réussi à atteindre le plein emploi pour deux raisons : nous avons mal formé et nous avons un coût du travail trop élevé. Nous avons réduit ce coût du travail grâce aux allègements de charges, nous ne reviendrons pas dessus.

      Mais le prix du plein emploi ne peut pas être et ne sera pas le dumping salarial. Nous voulons élever les compétences plutôt que baisser les salaires. En cela, nous nous inscrivons en rupture claire avec les politiques de minijobs ou de contrat « zéro heure » qui ne correspondent pas à notre vision du capitalisme responsable.

      Nous voulons mettre en place une gestion prévisionnelle des compétences à l’échelle nationale pour la première fois en France : comprendre nos besoins et notre offre de compétences en France et région par région.

      Cette gestion prévisionnelle nous permettra de concevoir les formations initiales en secondaire et en universitaire et de fixer des objectifs pour 2025. 80 000 emplois sont aujourd’hui vacants dans le secteur du numérique et ce nombre va aller croissant si nous n’agissons pas. Nous devons augmenter massivement le nombre de techniciens, d’ingénieurs, de docteurs formés pour demain. Nous avons pour objectif de doubler le nombre d’étudiants formés en IA.

      Cette gestion permettra aussi de créer les formations continues et les accompagnements pour requalifier les emplois menacés par la robotisation ou la numérisation de notre économie.

      Cette politique doit nous amener à diviser par deux le nombre d’emplois non pourvus en le ramenant de 200 000 à 100 000. Elle pourra être complétée, comme le Premier ministre l’a indiqué à la représentation nationale, par une immigration de travail choisie pouvant inclure des quotas par branche professionnelle.

      Nous sommes prêts à ouvrir ces travaux avec les organisations syndicales et les représentants des salariés et des entreprises.

      3è orientation : devenir une économie de rupture technologique

      La France est une économie de l’innovation : nous avons les chercheurs, les ingénieurs, un écosystème de start-up. Mais la France n’est pas une économie de rupture technologique. Nous suivons les innovations américaines ou chinoises plutôt que de montrer la voie. Pour inverser la tendance, nous devons travailler dans trois directions : les financements, la recherche et les chaînes de valeur technologiques.

      Nous avons besoin de plus de financements. Sur les 100 plus grandes entreprises numériques cotées en 2018, 49 sont américaines, 14 sont chinoises et 2 entreprises seulement sont françaises. Ce n’est pas une question de talent ou de créativité, c’est une question de manque de financement.

      Le PIA III arrive à son terme, c’est l’occasion de lancer une nouvelle vague d’investissement d’avenir, une vague plus ambitieuse. Comment faire ? Quelle enveloppe dédier ? Quel véhicule utiliser ? Pourquoi ne pas utiliser le fonds d’innovation de rupture ?

      La structure est en place. Elle garantit un financement sûr et régulier de l’innovation. Nous pourrions rassembler dans le même fonds un possible nouveau PIA et le fonds pour l’innovation de rupture, pour disposer d’un rendement sûr et plus élevé chaque année.

      Par ailleurs, nos pépites technologiques ne trouvent pas les financements nécessaires pour devenir des géants mondiaux. Elles lèvent 5, 10, 15 millions d’euros mais ne trouvent pas des tickets de 50 ou 100 millions.

      Résultat : elles se font racheter par des entreprises américaines qui récupèrent le siège, les emplois et la propriété intellectuelle. Le contribuable français n’a pas vocation à financer des startup qui finissent ensuite dans les mains de grandes entreprises américaines.

      Nous avons fait une première étape pour augmenter les financements sur le marché français : des investisseurs institutionnels se sont engagés à investir 5 milliards. Nous pourrions maintenant nous fixer cet objectif : 20 milliards d’euros de levées de fonds publics et privés pour le financement des entreprises innovantes à échéance 2025.

      Enfin, nous avons besoin de plus de protections. Nos start-up se font racheter parce qu’elles manquent de financement, mais aussi parfois parce qu’elles manquent de protection. C’est pourquoi nous avons renforcé les décrets IEF dans la loi PACTE.

      Nous proposons de renforcer encore ces protections : le seuil de prise de participation dans une entreprise stratégique déclenchant le contrôle pourrait être abaissé de 33,3 % à 25 %. Le champ des secteurs protégés pourrait être élargi aux médias et à la sécurité alimentaire.

      Sur la politique de recherche

      Nous avons une recherche publique d’excellence et une industrie de haute technologie. Mais recherche et industrie ne travaillent pas ensemble. Il existe encore un mur entre la recherche publique et son développement industriel. Nous devons casser ce mur. Nous avons commencé à le faire dans PACTE, nous devons aller plus loin.

      La loi de programmation de la recherche devrait être l’occasion de réfléchir à une augmentation des moyens consacrés à des programmes de recherche publique en contrepartie de leur orientation vers un développement industriel précis.

      Enfin, nous devons développer une stratégie claire de chaînes de valeur technologiques.

      Nous l’avons fait pour la nanoélectronique. C’est un succès. STMicroelectronics ou SOITEC maintiennent en France et en Europe une production de semi-conducteurs qui auraient été totalement délocalisée en Asie si l’Etat n’était pas intervenu.

      Nous le faisons aussi sur les batteries électriques. Nous produirons dès 2022 des batteries électriques en France et Allemagne car nos deux Etats sont intervenus pour conserver une industrie automobile européenne puissante et souveraine.

      Mais dans quelles chaînes de valeurs investir ? Quelles technologies assureront notre croissance et notre souveraineté ? Et comment les choisir ?

      Nous devons croiser trois critères : la qualité de la base industrielle en France, la situation du marché et les performances de notre recherche. Sur la base de ces critères, nous avons identifié des chaînes de valeur qui pourraient être immédiatement renforcées pour 2025 et considérées comme des chaînes de valeur stratégiques.

      Je pense par exemple aux nouvelles thérapies et à la médecine personnalisée, à la chaîne de traction électrique, au-delà des batteries, ou encore aux technologies avancées de recyclage, qui permettent de fabriquer des matières premières recyclées aussi qualitatives que des matières vierges.

      D’autres chaînes de valeur moins matures aujourd’hui seront absolument incontournables à horizon 2030. Là aussi, nous devons développer une stratégie complète pour préparer l’avenir. Je pense par exemple à l’hydrogène pour la mobilité, à l’internet des objets industriels ou encore à de nouveaux agro-équipements, permettant de réduire massivement l’usage de pesticides

      Nous ne décrétons pas que ce sont les seules chaînes de valeur stratégiques, nous lançons le débat. Nous devons maintenant utiliser les mois qui viennent pour les confronter à des experts, des scientifiques, des économistes et des industriels.

      4è orientation : être compétitif pour produire en France

      Si nous voulons rapatrier les capacités de production en France, nous devons retrouver une compétitivité fiscale.

      L’enjeu des impôts de production n’est pas de faire un cadeau aux entrepreneurs, c’est de rapatrier la production dans nos territoires. Pour cela, nous avons besoin d’une baisse massive, régulière et définitive.

      Cela implique de faire un choix politique collectif : avec les présidents de Régions, de départements, avec les maires, avec les industriels et avec l’ensemble des Français.

      Cela suppose de prendre le temps de débattre ensemble pour répondre aux vraies questions : quel impôt baisser ? A quelle vitesse les baisser ? Comment les baisser suffisamment pour relancer la production sans couper les ressources des collectivités ?

      Nous pouvons être audacieux et imaginer des solutions nouvelles :

      une priorité à la suppression de la C3S ;
      une trajectoire de baisse claire sur plusieurs années ;
      une possibilité pour les régions de faire de baisser la CVAE comme le propose le Premier ministre ;
      une déduction fiscale pour les entreprises qui investiraient dans la transition énergétique et digitale.

      Autant de pistes de réflexion que je livre au débat. Je propose de les étudier avec les partenaires sociaux, avec l’Association des maires de France et dans le cadre du conseil Etat-Régions. Donnons-nous 6 mois pour aboutir.

      5è orientation : engager un nouvel acte de décentralisation en matière de développement économique

      Un pas a déjà été fait sur la politique d’innovation lors de la phase IV des pôles de compétitivité. La gestion des pôles sera transférée aux régions et les appels à projets seront désormais gérés par les régions.

      Nous pouvons aller plus loin en matière fiscale. Les régions pourraient définir des stratégies de compétitivité territoriale avec de nouvelles compétences fiscales et sociales.

      En matière industrielle : un conseil Etat-région pourrait être mis en place pour partager les orientations des politiques industrielles nationales et régionales.

      Voilà nos 5 orientations, elles ne sont pas inscrites dans le marbre. Elles ont vocation à être débattues. Nous devons maintenant concerter, consulter et évaluer. C’est la méthode du pacte productif.

      La concertation est ouverte avec les collectivités, avec les maires de France, avec les responsables syndicaux et les chefs d’entreprise.
      Une consultation publique est lancée ce matin. Chaque Français pourra réagir à ces orientations sur un site internet dédié au pacte productif.
      Enfin, une évaluation des chaînes de valeurs stratégiques sera demandée au conseil de l’innovation. Pour faire cette évaluation, il sera renforcé par des économistes, des chefs d’entreprise, des associations, des scientifiques, des syndicats.

      Cette méthode permettra au président de la République de présenter aux Français la stratégie collective dont nous avons besoin pour atteindre le plein emploi en 2025.

      Elle pourra conduire si nécessaire à une loi PACTE 2 à l’automne 2020 et des dispositions fiscales dans le PLF 2021.

      Je vous remercie.

      https://www.economie.gouv.fr/pacte-productif/discours-de-bruno-le-maire-ministre-de-leconomie-et-des-finances

  • La thèse de Daniel (1) une préhistoire de la monnaie européenne _ Librairie Tropique - 6 Mai 2019 *
    http://www.librairie-tropiques.fr/2019/05/la-these-de-daniel-1-une-prehistoire-de-la-monnaie-europeenne.ht

    Historique de la budgétaire de la France, de la fin des trentes glorieuses, de la lutte contre l’inflation, de l’inflation des actifs financiers, du logements, de la stagnation et la baisse des salaires, de l’amélioration de la qualification des travailleurs, de leurs productivités et la mise en concurrence artificielle avec les travailleurs d’autres pays.

    https://www.youtube.com/watch?v=Dc4pCPhJrqQ

    Daniel est autiste asperger.
    Il a été diagnostiqué tardivement.
     
    Né de père fils d’immigré polonais et de mère alsacienne, il a grandi dans un environnement social d’ouvriers catholiques provinciaux, de jeunesses ouvrières chrétiennes, de CFTC devenue CFDT.
     
    C’était également un milieu d’élection pour la démocratie chrétienne refoulée qui fut se consola un temps au MRP, celui de Jacques Delors, de certains gaullistes dits « sociaux » puis du socialisme mitterandien en même temps que de pas mal de gauchistes « vieillissants »
    Après une enfance troublée, une adolescence chaotique et une socialisation d’adulte problématique, une fois fixé sur son handicap, Daniel a su s’extraire de cette couche sociale et idéologique. Il a repris à 40 ans passés, à ses frais, des études en cours du soir au CNAM.
     
    Après avoir obtenu un master 2 il a décidé de s’engager dans une thèse de doctoratpour laquelle il a lu et assimilé une masse exceptionnelle de documents, ouvrages,informations et entretiens avec des témoins et personnalités de premier plan.
     
    En attendant la soutenance de cette thèse, nous vous livrons son « making of » sous forme de feuilleton d’éducation populaire... européenne, sociale, économique et politique.

    #jacques_delors, #daniel_machlik, #économie_politique, #histoire, #union_européenne, #franc #euro, #SME #ue #monnaie #François_Bloch_Lainé #Poincarré #Charles_De_Gaulle #Raymond_Poincaré #Banque_de_France #traité_de_rome #Bretton_Woods #Robert_Marjolin #Jean_Monnet #Jacques_Rueff #plein_emploi #croissance #inflation #Jean-Marcel_Jeanneney

  • Allemagne : le chômage à son plus bas depuis la Réunification
    https://www.lesechos.fr/monde/europe/0600816595965-pourquoi-la-baisse-du-chomage-devient-un-souci-pour-lallemagn

    Le pays a enregistré une baisse de 21.000 #chômeurs en février mais le nombre de postes vacants a dans le même temps progressé de 3,4 % sur un mois à 784.000. Le manque de main-d’oeuvre qualifiée touche de plus en plus de secteurs.

    C’est une bonne nouvelle qui augure cependant des lendemains plus difficiles pour l’économie allemande. Le marché du travail n’a jamais été aussi dynamique depuis la Réunification : le nombre de demandeurs d’emploi a diminué de 21.000 personnes entre les mois de janvier et de février, ce qui fait un total de 2,236 millions de chômeurs en données corrigées des variations saisonnières (CVS), a annoncé vendredi l’Office fédéral du travail. Sur un an, le nombre de demandeurs d’emploi a reculé de 173.000 personnes, permettant à l’Allemagne de maintenir son taux de chômage à son niveau plancher de 5 %.

    Malgré le ralentissement économique qui s’est enclenché ces derniers mois, cette forte baisse confirme la solidité de l’économie domestique allemande. L’accroissement du nombre d’actifs devrait en outre nourrir le moteur de la consommation, seul à tourner actuellement tandis que celui des exportations souffre des tensions internationales . Mais la progression simultanée du nombre de postes non pourvus (+26.300) inquiète les entreprises.

    La pénurie de main-d’oeuvre menace

    Atteignant un total de 784.000 en février, « le nombre record de postes vacants est un signal d’alarme pour l’Allemagne. La pénurie de main-d’oeuvre qualifiée devient un frein à la croissance », prévient Steffen Kampeter, directeur général de la fédération des employeurs allemands (BDA). Il dénonce les méfaits de l’abaissement de l’âge de départ à la retraite de 67 à 63 ans pour certaines professions alors même que la population vieillit : « Au cours des deux dernières années, environ un quart de million de travailleurs qualifiés ont pris leur retraite prématurément chaque année. C’est beaucoup plus que ce que le gouvernement allemand avait prévu à l’origine », regrette-t-il.

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    Pour l’heure, cette tension accrue sur le marché du travail est en faveur des actifs puisqu’elle pousse les salaires vers le haut (+3,2 % en 2018 et + 4,8 % attendus par le gouvernement allemand en 2019). Bien que mesurée, la hausse de 0,5 % à 1,7 % de l’inflation en février n’est pas sans lien avec

    #plein_emploi_précaire

  • Où la baisse du chômage et celle du #salaire marchent de concert : Au Royaume-Uni, un travailleur sur huit sous le seuil de pauvreté
    https://www.lesechos.fr/monde/europe/0600271769787-au-royaume-uni-un-travailleur-sur-huit-sous-le-seuil-de-pauvr

    Derrière les bons chiffres, la #paupérisation. Alors que le Royaume-Uni connaît une situation de quasi- #plein_emploi avec un taux de chômage de 4,1 % pour la période de juillet à septembre, selon l’Office des statistiques nationales, la fondation Joseph Rowntree alerte sur l’inquiétante augmentation du nombre de travailleurs à vivre sous le seuil de pauvreté.

    « Il y a un sérieux problème lorsque le nombre de travailleurs à vivre sous le seuil de pauvreté croît plus vite que le nombre d’actifs », observe Margaret Greenwood, membre du parti travailliste et secrétaire d’Etat à l’emploi du « shadow cabinet », citée par le « Guardian » .

    #chômage #travailleurs_pauvres #pauvreté

  • Baisse de l’espérance de vie au Royaume-Uni et aux Etats-unis : quand la redistribution ne fonctionne plus
    https://information.tv5monde.com/info/baisse-de-l-esperance-de-vie-au-royaume-uni-et-aux-etats-unis-

    Interrogé par Le Monde, un chercheur de l’université d’Oxford, Danny Dorling résume la situation : « Si plus de gens vivent sous le seuil de pauvreté, qu’on réduit les aides aux personnes âgées, que le budget du système de santé ne progresse pas, qu’il y a plus de sans-abri, peut-être qu’on ne devrait pas être surpris des conséquences ».

  • #Etats-Unis : malgré la #croissance, la #pauvreté s’incruste dans le pays - RFI
    http://www.rfi.fr/ameriques/20180913-etats-unis-croissance-pauvrete-riches-inegalites-pays

    Aux Etats-Unis, les inégalités sont toujours très grandes, selon le Bureau américain des statistiques. Et cela malgré une croissance au beau fixe à 4%, et un taux de chômage officiel très bas, moins de 4%, pratiquement le #plein_emploi. La pauvreté frappe de nombreux Américains, elle a reculé de seulement 0,4%.

    « Si c’est ça le mieux que l’un des pays les plus riches du monde parvient à faire à une époque de grande #prospérité, c’est #honteux », a déclaré le rapporteur de l’#ONU.