• L’éducation comme éthique : Spinoza avec Vygotski
    Pascal Sévérac, Revue Skhole.fr
    http://skhole.fr/l-education-comme-ethique-spinoza-avec-vygotski-i-fondements-anthropologiques

    Que l’éducation soit affaire d’éthique signifie d’abord ceci : elle relève non pas tant de valeurs morales à enseigner, de principes de conduite à inculquer, que de réflexion sur ce que peut un esprit, en tant qu’il est en rapport avec d’autres esprits.

  • Tablettes : Des effets positifs au primaire selon une étude suisse
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/08/26082014Article635446381339812648.aspx

    L’étude souligne aussi la collaboration accrue entre les élèves et le développement de leurs compétences numériques (au rebours des affirmations de Prensky sur les Digital Natives). Il conclue comme Karsenty et Fievez : « ce ne sont ni les technologies ni les tablettes tactiles qui favoriseront la motivation ou la réussite des jeunes, mais bien les usages qui en seront faits, tant par les enseignants que par les élèves. »

    • Au fait, pas mal, le verbe concluer dans un texte qui s’inquiète de l’apprentissage à l’école.

      J’avais relevé aussi ... :-) Par contre « qu’on » est bien orthographié mais (si je puis me permettre) il serait plus correct de dire : ça dépend de ce qu’on en fait.
      Et sans arrière pensée, en ce qui concerne l’usage du français, on pourrait conclure en se persuadant que « nobody’s perfect » !

    • J’ai gardé ce texte à titre indicatif.

      Hier, ma fille a ramené des livres que sa maîtresse de CM2 lui avait prêté pour les vacances. Du coup, on a pu voir que la classe est équipé d’un tableau numérique et de tablettes pour les élèves, ce qui n’était pas le cas l’année dernière. Ma fille a reçu un super enseignement en primaire et je me demandais quelle sera la véritable valeur ajoutée éducative des tablettes. Le problème des tablettes, pour moi, c’est qu’elles ne répondent à aucun autre usage que ludique et passif. Pour la communication, les smartphones sont bien plus adaptés et polyvalents. Pour la lecture, les ebooks sont bien meilleurs, parce qu’ils évitent la distraction et la dispersion de l’attention. Pour la production (texte, image, etc.), la tablette est très peu adaptée, à moins de lui ajouter une interface de saisie, ce qui en fait un netbook, mais en moins puissant.

      Ma fille et les gens de sa génération sont déjà des gens très volatiles en termes d’attention et d’efforts. Je me demande donc quels seront les apports cognitifs de l’usage généralisé des tablettes... et dehors d’améliorer leur taux d’équipement dans les foyers.

    • Ma fille et les gens de sa génération sont déjà des gens très volatiles en termes d’attention et d’efforts.

      Ceci me semble être très familier... Problème commun à beaucoup de parents que nous sommes, souvent impuissants à trouver les bonnes méthodes pour ramener les enfants à « un peu » de concentration et à (re)trouver le goût de l’effort, non pas dans l’idée de souffrir pour progresser, mais dans l’idée qu’après l’effort - par essence toujours difficile - après c’est toujours bien parce qu’on fait les choses « mieux ».

      Chez nous, pour les trois enfants, c’est le problème principal le plus difficile à aborder. Et on n’a pas encore compris si les tablettes et les ordi, dans ce cas, ça aide ou ça aide pas...

    • Le problème de la concentration des enfants est récurrent depuis déjà plusieurs décennies. Dans mes classes, je constatais d’année en année que j’avais de plus en plus de problèmes de « discipline » (comme disent nos managers maison), à savoir éviter les bavardages, ramener le calme après une récréation, demander un effort d’attention un peu soutenu pendant une activité de travail écrit, solliciter l’attention des élèves pendant une activité de découverte. A quoi toute cette volatilité est-elle due, je n’ai pas de réponses toutes faites.
      Je pense que l’institution a voulu pallier à ces problèmes en remplaçant les « vieux » supports d’information (livres entre autre) par le multi-média beaucoup plus « moderne » (comprendre : dans-l’air-du-temps). Le lobbying des grandes firmes américaines a fait le reste. À noter que les cadres de ces mêmes firmes ont choisi de scolariser leurs progénitures dans des écoles « non-connectées ».
      Personnellement, quand j’ai à lire un article sur une page web assez long, je le télécharge sur ma liseuse et la lecture est plus efficace, moins de distraction pa rapport à la page web truffée de boutons et de liens par lesquels on peut zapper l’activité qu’on s’impose. Avec un collègue du réseau d’aide, on avait, il y a une quinzaine d’années, déterminé un profil de « zappeur » pour les élèves présentant un tel comportement volatil.

    • Non, @corinne2, on ne chouine pas contre la technologie, mais contre ses mal-utilisations.
      Comme @sombre, je trouve que les longs articles touffus sont plus faciles à lire sur liseuse que sur tablette ou ordi : à cause de la distraction inhérente au support. Ce qui sauve ma gosse par rapport à beaucoup de ses petits camarades, c’est précisément la quantité folle de bouquins qu’elle ingurgite (même s’il y a de sombres conneries dans le lot). Quand on la prive d’écran, elle se rabat sur les livres (liseuse ou papier), ou sur ses activités manuelles sur rebuts de recyclage. Cela ne vient pas de nous, mais elle cultive une vraie passion pour les créations d’objets zarbis. Je pense que le fait de faire des choses avec ses mains, plutôt que de faire des choses sur un écran câble son esprit autrement.

      Après, elle a un ordi depuis qu’elle a 3 ans (merci Edubuntu), elle créé des mondes dans Minecraft et des niveaux de jeu dans Little big planet, écrit un bouquin depuis plusieurs mois sur Draft et tente de prendre en main le dessin vecto sous Inkscape.
      Ça, c’est une question de culture numérique et quand je vois le contenu des cours de B2I qu’ils ont à l’école, je suis un peu inquiète sur la nature de la culture numérique scolaire.

      Donc, les écrans, ce n’est pas le mal, à condition qu’il y ait tout un environnement autour et d’autres sources de stimulation. Visiter une expo de peinture avec ses pieds, voir une pièce de théâtre, en faire, visiter des trucs, même pas loin de chez soi, bouger, faire des trucs avec d’autres...

    • @reka : nos commentaires se sont croisés.

      L’escalade, ça marche bien : pas de concentration, pas de grimpette efficace. Et en même temps, ça détend.
      Le théâtre, aussi... mais toutes ces activités dépendent du caractère du gosse.
      Lundi, on s’est fait une petite expédition dans les Pyrénées. Pas un truc très ambitieux : juste lui montrer le Pont d’Espagne. Bon, c’est affreux, on dirait un disneyland-parc naturel. Je n’étais pas venue depuis 13 ans. Mais on a quand même fait un truc ensemble, respiré un peu d’air en grimpant au-dessus de la marabunta de bagnoles, discuté, rigolé... et on a même rien fait.

      L’idéal étant quand même de trouver des temps où on s’emmerde un peu. Dans notre société de la distraction, on a oublié les vertus de l’ennui !

    • Ceci dit @corinne2 et @monolecte : OUI, pour tel ou tel point précis : c’était mieux avant. Il n’y a aucun problème à affirmer ça. Encore une énième fois : comme si l’histoire était un truc uniforme et linéaire, et comme si chaque époque était un tout indissociable… Ben non. Il est parfaitement possible (et souhaitable ! et urgent de le faire !) de dire que tel truc était mieux avant tandis que tel autre est mieux maintenant.

    • Ma contribution toute personnelle (et donc parcellaire) à la discussion. Notre fils n’a pas de difficulté à rester longtemps sur une activité contrairement à d’autres enfants de son âge dans notre voisinage. Tout au moins doit on reconnaître que nous n’avons pas à nous plaindre d’une incapacité à se concentrer. J’ai envie de lier cette capacité aux jeux de construction auxquels il a eu accès très tôt. Et son unique usage de la tablette est le téléchargement de plans pour ce jeu de construction, en PDF, pour construire des modèles qu’il n’a pas.

    • j’avais envie de modifier mon « c’était mieux » avant par un #c'était_mieux_avant_mais_maintenant_c'est_pas mal_non_plus :)
      Pour en revenir à la concentration des enfants et leur manque du gout de l’effort, je suis dubitative.
      Quand je vois le temps que passe mon môme (et hop, j’vous raconte ma vie^^) passe à chercher des solutions pour ses jeux vidéos, le nombre de forum qu’il consulte, les recherches sur Google traduct pour s’exprimer dans son anglais vacillant je me dis que la concentration, il l’a, le sens de l’effort aussi... après il ne les met pas (encore ?) forcément là où le collège voudrait qu’ils soient mais c’est un autre débat.
      Et je n’ai pas l’impression qu’il se fasse déstabiliser par les différentes icones qui s’offre à lui quand il lit un truc, ça me semble plus être un problème pour nous « les vieux ».

      quand j’étais à la fac (j’vous raconte ma vie 2ème épisode), j’avais commencé des recherches pour écrire un truc autour de la question de la « sociabilité et les forums/chat de MMORPG chez les ados dit desociabilisés » car j’étais déjà dubitative face au discours ambiant disant que les écrans tuaient la communication et la sociabilité. Hélas, je n’ai pas mené le truc jusqu’au bout (manquerai je de sens de l’effort ?^^)

      De plus, je me dis que dans la société actuelle, pas mal d’adulte que nous sommes avons pas mal de culot de reprocher à nos enfants d’être tout le temps devant des écrans quand on voit le temps que nous y passons nous même.

      Donc je vais conclure comme vous, tout est question d’utilisation :)
      et le « c’était mieux avant » c’était pour rire et non pour critiquer.

      sinon, l’escalade ça developpe la concentration ET le sens de l’effort...
      Il y a le tir à l’arc aussi pour la concentration.

    • Les tablettes ont justement été "créées" pour abolir tout problème d’usage et pour ne proposer qu’une expérience utilisateur qui laisse celui ci bien loin d’un exomil.

      "Quand la question économique prime sur la réponse éducative
      Nicholas Negroponte, le fondateur du Media Lab du MIT et le promoteur du programme OLPC allait récemment, dans une tribune pour la Technology Review jusqu’à défendre l’apprentissage sans école."
      http://www.internetactu.net/2012/10/17/linnovation-educative-une-question-economique

      Vers une culture numérique lettrée ?
      http://skhole.fr/vers-une-culture-numérique-lettrée

      "La politique d’introduction des « TIC » à l’école conduite jusqu’ici a d’une part consisté en un effort d’équipement matériel et logiciel des établissements scolaires, certes incontournable en tant que tel, mais qui a pris d’emblée la forme d’un certain assujettissement à l’offre existante des industriels du secteur : ce faisant, l’institution scolaire renonçait déjà en un sens à jouer un rôle actif dans l’informatisation de l’école, et se contentait d’adopter sans se poser de questions les standards de l’informatique grand public ; l’outil lui échappait ainsi, faute d’avoir correctement estimé ni même peut-être envisagé que son choix même pouvait avoir une dimension stratégique. Parallèlement, côté contenu, dans une démarche adossée à la nouvelle politique européenne des « autoroutes » puis de la « société de l’information », il s’est agi avant tout de dresser une liste de « compétences » techniques de base à acquérir – gestion des machines, administration minimale des systèmes, formation aux usages les plus courants : mail, web, traitement de texte, recherche, etc. Cet ensemble de compétences ou d’habiletés était énoncé comme devant désormais faire partie du bagage technico-cognitif minimal attendu d’un homme ou d’une femme de la nouvelle époque en train de se dessiner.

      Cette démarche a minima, sans grande ambition ni apparemment sans grand danger, s’est accompagnée d’un discours, en France, en Europe et dans le Monde, sur la nécessité de favoriser l’ « intégration » des jeunes générations en leur donnant de quoi répondre aux « besoins » de cette nouvelle « société de l’information », autrement dit, mais sans le dire, de leur faire acquérir les habitudes d’usage réclamées par elle ; elle consistait donc en réalité essentiellement en une adaptation à la demande, aux critères et aux produits des industries qui dominent entièrement le secteur, et visait à parachever ainsi l’intégration de cette « société de l’information » elle-même, son informatisation intégrale. Comme l’a bien montré Alexandre Serres[1], cette logique adaptative, à fondement comportementaliste et à visée principalement économique, est manifeste dans un grand nombre de textes internationaux, notamment politiques, qui posent la nécessité d’enseigner cette « maîtrise » ou « culture de l’information » (Information Literacy) aux jeunes générations. Ainsi par exemple, en France, la « Loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école » de 2005 intègre désormais au « socle commun » de connaissances et de compétences la « maîtrise des techniques usuelles de l’information et de la communication »"

    • Le fait que des cadres de la Silicon Valley choisissent de scolariser leurs enfants dans des écoles déconnectées où les enseignants sont adeptes de la pédagogie « Waldorf-Steiner » doit nous interpeler :

      Il est à ce titre significatif, au delà de l’anecdote, qu’au moment même où M. Serres célèbre l’émancipation nouvelle de Petite Poucette grâce aux vertus de ses multiples prothèses numériques, les dirigeants des « Big Four » choisissent d’envoyer leurs propres enfants dans des écoles déconnectées…

      Cette éduca­tion « décon­nec­tée », à l’ancienne, n’est pour­tant pas don­née. Il faut en effet comp­ter 17.750 dol­lars (13.200 euros) par an de la mater­nelle au col­lège, et 24.400 dol­lars (18.150 euros) par année de lycée. Thierry Klein, pré­sident de Speechi (société qui déve­loppe des logi­ciels de for­ma­tion en ligne), ana­lyse sur son blog les rai­sons qui poussent ces parents high-tech à dépen­ser une petite for­tune pour pri­ver leurs enfants des gad­gets modernes :

      « Il y a bien sûr la convic­tion, étayée main­te­nant par de nom­breuses études, que la tech­no­lo­gie n’améliore pas, ou pas beau­coup, le niveau des élèves. Mais le fac­teur clé [...] est la convic­tion qu’ont les parents que [la tech­no­lo­gie] diver­tit les élèves, les détourne du savoir. Celui qui va sur Internet [...] a toutes les chances de se retrou­ver à faire autre chose que de la recherche (lire la bourse, les résul­tats spor­tifs, chat­ter sur MSN...). Les concep­teurs des machines que sont Google, l’iPad ou encore eBay sont par­fai­te­ment conscients du phé­no­mène d’addiction qu’ils créent et veulent en pré­ser­ver leurs enfants. C’est d’un cynisme génial. »

      Ces deux extraits se trouvent respectivement sur :
      http://skhole.fr/petite-poucette-la-douteuse-fable-de-michel-serres#_ftnref14
      http://www.vousnousils.fr/2012/02/28/pas-dordi-a-lecole-pour-les-enfants-des-cadres-de-google-ou-debay-522349

      D’autres lectures pour se documenter sur le sujet :

      http://www.icem-freinet.net/~idem68//309_19.pdf
      un interview de Pierre-Gilles De Gennes (prix Nobel de physique) diffusé par « Fenêtre sur cour » périodique syndicale du SNUipp (FSU), juillet-août 1999.

      http://www.cemea.asso.fr/IMG/UEN2003ouverture.pdf
      discours d’ouverture de l’Université d’été de l’Éducation Nouvelle (août 2003) qui reprend quelques citations de l’interview précédente pour illustrer un propos plus politique sur leurs missions. Et quand j’ai relu ce texte de 2003, j’ai trouvé qu’il était terriblement clairvoyant sur ce qu’il risquait d’advenir concernant l’évolution de nos sociétés.

  • Educations à…. Ya basta !, par Alain Beitone | Revue Skhole.fr
    http://skhole.fr/educations-a-ya-basta-par-alain-beitone

    Les « éducations à » sont à la mode : nombreux textes officiels qui recommandent la mise en place de telles démarches, articles dans des revues de sciences de l’éducation, colloques et assises, ouvrages, formations universitaires[1], etc. Même le syndicalisme de l’éducation y va de sa contribution[2]. Le Conseil de l’Europe est aussi très actif dans la promotion de ces « éducations à » et le Conseil Economique Social et Environnemental a consacré récemment un rapport à l’éducation à l’environnement et au développement durable (Bougrain-Dubourg et Dulin, 2013)[3].

    Il n’est pas douteux que certains des promoteurs de ce type de pratiques et la plupart des enseignants qui les mettent en œuvre sont animés des meilleures intentions du monde. Il s’agit d’ouvrir l’école sur des problèmes importants : la santé, le développement durable, la citoyenneté, la sexualité[4], etc. Les promoteurs des « éducations à » souhaitent aussi motiver les élèves, renouveler les pratiques pédagogiques… Qui pourrait s’y opposer ? D’autant que ces défenseurs des « éducations à » se présentent volontiers comme progressistes et critiques : « c’est dans le courant de l’approche critique sociale, que nous situons nos propres travaux » (Lange et Victor, 2006).

    Nous voudrions montrer dans ce qui suit qu’au-delà de cette première approche « sympathique » se dissimule un projet de transformation de l’école qui remet globalement en cause à la fois les savoirs et les apprentissages sur fond d’exaltation de la post-modernité et du relativisme[5]. Plus grave encore peut-être, cette logique, qui relève clairement de la pédagogie invisible, est de nature à créer des malentendus source d’inégalité dans les apprentissages.

  • Petite Poucette : la douteuse fable de Michel Serres (Revue Skhole.fr)
    http://skhole.fr/petite-poucette-la-douteuse-fable-de-michel-serres

    Nous nous contenterons dans cet article de discuter le livre de M. Serres sur deux points distincts mais pour partie reliés. D’une part sur sa conception de la technique et de l’histoire humaine comme « extériorisation », qui nous paraît globalement juste mais incomplète et quelque peu schématique ; ces insuffisances théoriques se traduisant en particulier, dans l’ouvrage, par un profond aveuglement politique, qui confine au déni, à l’égard des conditions socio-économiques en général, et surtout de celles dans lesquelles se développent de fait aujourd’hui les technologies numériques. D’autre part, c’est la partie du livre consacrée à l’école et à l’éducation qui fera l’objet d’un examen critique approfondi, dans la mesure où les enjeux éducatifs et scolaires y sont réduits par Serres à la seule question de l’accès au(x) savoir(s) voire à l’information. Ces insuffisances ont selon nous pour effet d’appauvrir dramatiquement ce que pourrait être une pensée philosophique, digne de ce nom, de l’éducation à l’ère du numérique. Pour le dire brutalement et d’un mot, passé l’effet de séduction immédiate, l’opuscule de M. Serres ne nous paraît vraiment pas à la hauteur des enjeux ni même de certaines de ses propres intuitions. De ce point de vue, il se révèle au mieux d’un faible intérêt, au pire dangereusement ambivalent.

    #éducation #TICE #PetitePoucette #NTIC #apprentissage

  • Petite Poucette : la douteuse fable de Michel Serres | Revue Skhole.fr
    http://skhole.fr/petite-poucette-la-douteuse-fable-de-michel-serres

    C’est bien une sorte de conte, une histoire fabuleuse, comme le suggère le titre du livre, que Michel Serres nous propose, et c’est ce qui rend tout d’abord ce petit livre sympathique et enthousiasmant, et explique sans doute son succès : on aimerait y croire, alors que tant d’autres essais et débats ne cessent de nous annoncer au contraire le déclin, la catastrophe, la crise, etc. Mais cet ouvrage relève aussi, nous semble-t-il, d’un dangereux fantasme, dangereux en ce qu’il fait systématiquement l’impasse sur tous les aspects négatifs ou ambivalents des évolutions en question, produisant ainsi une sorte d’illusion idéologique conduisant à justifier l’état des choses en toute bonne conscience.

    Mais d’autre part, les enjeux de l’éducation et de l’apprentissage, en particulier scolaires, ne peuvent être résumés à la seule « transmission du savoir », même bien comprise. « Apprendre », pour un enfant, ce n’est pas seulement acquérir des connaissances - apprendre que – mais aussi, indissociablement et souvent d’abord, développer des capacités et des savoirs-faire déterminés – apprendre à – et même adopter des lignes de conduites, acquérir certaines dispositions générales, intellectuelles et pratiques, changer de perspective, bref grandir en s’éduquant.

    Et c’est pourquoi la perspective « illitchienne » de M. Serres d’une société où règneraient les processus d’« auto-éducation » et d’ « inter-éducation » entre pairs, et où auraient disparu maîtres, disciplines et écoles - voire éducateurs et parents[29] - ne saurait être autre chose qu’une abstraite utopie. Car s’il y a des maîtres - ainsi que des parents - ce n’est pas parce que ceux-ci seraient essentiellement des autorités cherchant à maintenir leur pouvoir sur les jeunes générations, à perpétuer un monde ancien (le leur) en empêchant que la nouveauté advienne[30], et dont on pourrait désormais faire l’économie en s’en libérant enfin : c’est parce que dans toute société humaine, il y a des générations d’âge différents qui cohabitent, entre lesquelles il est nécessaire et utile d’assurer des passages, une continuité dynamique qui n’est pas obstacle mais condition du développement à venir.

    Mais tout occupé à célébrer ainsi l’agonie des sociétés disciplinaires, Serres feint d’ignorer ce qui se dessine pour leur succéder, et que Gilles Deleuze ou Antonio Negri ont pourtant commencé à penser, dès les années 90, sous le nom de « sociétés de contrôle » : un nouveau régime de domination ayant substitué à la logique visible et centralisée de l’enfermement disciplinaire, celle du contrôle instantané et continu, disséminé et réticulaire, d’une multitude d’individus atomisés, tel qu’il est rendu possible et particulièrement efficient par le développement de l’informatique en réseau dans toutes les sphères de l’existence

    • Je vais vous étonner mais je suis assez d’accord avec la critique de Julien Gautier... et avec le bouquin de Serres. Pour moi, Gautier, qui prétend démolir l’opuscule de Serres, le complète utilement. Le livre de Serres est court, très court. On ne peut pas exiger de son auteur qu’il couvre tous les cas et toutes les nuances. Aujourd’hui, dans la sphère médiatique (les autorités, ceux que Serres appelle les semi-conducteurs car leur discours ne va que dans un seul sens, celui du danger de l’Internet, de l’informatique, des nouvelles technologies, qu’il faudrait absolument civiliser). Il est donc tout à fait justifié de frapper fort en sens inverse, comme le fait Serres. Son livre est un manifeste. Reproche t-on à Marx que son Manifeste du Parti Communiste était tellement court et virant souvent au schématique et au caricatural ? Le but d’un manifeste est de réveiller. Serres proclame que les technologies de l’information et de la communication ne sont pas forcément négatives et que les inquiétudes des semi-conducteurs sont avant tout dues à leurs peurs d’être dépossédés de leur pouvoir (un aspect très concret des « conditions concrètes dominantes dans lesquelles se développent aujourd’hui les technologies numériques » dont Gautier oublie complètement de parler).

      Alors, bien sûr, c’est plus compliqué que cela, Serres est trop unilatéral, etc. C’est pour cela que j’apprécie qu’on complète et nuance sa pensée. Mais Serres a raison sur le point principal : les vieilles institutions craquent de partout et nous avons une occasion de les changer.

      Enfin, sur l’éducation, Gautier est aussi caricatural que Serres. Serres laisse en effet entendre que l’éducation peut se faire juste en laissant Petite Poucette et sa tablette devant le Web. Mais Gautier, en critiquant cette vision, défend une vision tout aussi unilatérale (et franchement corporatiste), un monde merveilleux où tous les enseignants seraient parfaits, passionnants et auraient tous à cœur le progrès de leurs élèves, vers l’état de bon citoyen heureux. Que l’école puisse servir à l’endoctrinement, à l’abrutissement, à l’apprentissage de la haine (l’école de Jules Ferry tournée vers la ligne bleue des Vosges) est complètement oublié.

      (J’ajoute que, si l’article de Gautier est bien écrit et argumenté, la grande majorité des commentaires sont ahurissants de nullité, tendance « vieux con », à faire passer Finkielkraut pour un fana d’Internet et Topaze pour un pédagogue. Involontairement, ces commentaires participent bien à la démonstration de Serres comme quoi les semi-conducteurs ont peur de la remise en cause de leur position.)

  • De la « désaffection » pour les études scientifiques, par Pierre Arnoux

    http://skhole.fr/de-la-d%C3%A9saffection-pour-les-%C3%A9tudes-scientifiques-par-pierre-arnoux

    En 1995, le nombre d’étudiants qui s’inscrivaient pour la première fois en université scientifique était de 63720. En 2005, au terme d’une décennie de chute ininterrompue, ce nombre était tombé à 38200, soit une chute de 40% en dix ans ; en 2011, on en était à 33154.

    Une analyse parmi d’autres, pas forcément convaincante (notamment vis-à-vis du rôle du premier cycle universitaire dans cette désafection).

  • Qui veut encore devenir professeur ? ou la crise de la vocation enseignante, par Marian Balastre | Revue Skhole.fr
    http://skhole.fr/qui-veut-encore-devenir-professeur-ou-la-crise-de-la-vocation-enseignante-par

    Qui veut encore devenir professeur ? Bientôt plus personne, indiquent les statistiques. Cette année 2012, à nouveau, les jurys des concours de recrutement au professorat secondaire n’ont pas pourvu tous les postes offerts, très certainement à cause du niveau insuffisant des candidats et de leur raréfaction.

    Ces deux phénomènes ne sont pas surgis de nulle part : les candidats, faibles en quantité comme en qualité, sont le résultat d’une baisse du niveau scolaire (et de l’intérêt scolaire) des élèves, elle-même causée par la destruction de l’enseignement des contenus disciplinaires depuis plusieurs décennies.

  • http://skhole.fr/paul-val%C3%A9ry-sur-le-temps-libre

    Mais je dis que le loisir intérieur, qui est tout autre chose que le loisir chronométrique, se perd. Nous perdons cette paix essentielle des profondeurs de l’être, cette absence sans prix, pendant laquelle les éléments les plus délicats de la vie se rafraîchissent et se réconfortent, pendant laquelle l’être, en quelque sorte, se lave du passé et du futur, de la conscience présente, des obligations suspendues et des attentes embusquées... Point de souci, point de lendemain, point de pression intérieure ; mais une sorte de repos dans l’absence, une vacance bienfaisante, qui rend l’esprit à sa liberté propre. Il ne s’occupe alors que de soi-même. II est délié de ses devoirs envers la connaissance pratique et déchargé du soin des choses prochaines : il peut produire des formations pures comme des cristaux.

    #paul-valery