• Autoréduction à Paris ce samedi, via @Paroleerrante sur touiteur
    https://twitter.com/Paroleerrante/status/1355489979405893633

    Autoréduction réussie à Paris dans un carrefour [market]. Les caisses ont été bloquées le temps que la direction accepte de ne pas porter plainte, ce qui a permis de sortir le contenu de 25 caddies, des produits alimentaires et hygiéniques

    Deux vidéos (que je ne sais importer ici...)
    https://twitter.com/BMasques/status/1355453473995845632
    https://twitter.com/CerveauxNon/status/1355458779953963012

    Le #tract (qui n’avait pas prévu l’absence de confinement)

    Nous appelons chacun et chacune à continuer de s’organiser pour mener des actions solidaires.

    Nous n’en avons pas fini avec la crise sanitaire et sociale. #autoréduction une lecture recommandée : AUTO-RÉDUCTIONS ! Expériences d’auto-réductions dans le mouvement autonome italien des années 70 https://infokiosques.net/spip.php?article620

    À propos d’autoréductions, on peut également consulter un chapitre de La horde d’or : Des bancs publics aux centres sociaux http://ordadoro.info

    Des supermarchés de centre ville, on en trouve partout.
    Diverses revendications d’#autoréductions en utilisant un moteur de recherche : « autoréductions cip-idf » (ce site a un bug mais des document restent lisibles).

    1/ Note PRATIQUE : bloquer les caisses avec des caddies pleins aux heures de pointe fait perdre du fric à l’entreprise, ce qui donne du poids à une négociation qui a pour objectif que la direction ne porte pas plainte, ne sollicite pas une intervention policière

    2/ Sans demande du responsable de supermarché (pour tentative de vol ou autre), la police ne dispose pas dun cadre légal pour intervenir. On a vu des manifestants sortir avec des caddies entre deux haies de CRS et de civils, sans suite.

    3/ A contrario , sur ordre de la préfecture, les policiers peuvent faire pendant l’action pression pour que la direction requière une intervention. Parfois avec succès. Même si c’est pas le cas, cela rend la négociation plus difficile pour les manifestants.❞

    #Carrefour #grande_distribution #solidarité #luttes

    • Paris. Des militants obligent un Carrefour à les laisser partir avec des caddies remplis sans payer
      https://www.ouest-france.fr/economie/entreprises/carrefour/paris-des-militants-obligent-un-carrefour-a-les-laisser-partir-avec-des

      Après des négociations, le magasin les a laissées repartir avec des caddies remplis de produits alimentaires et hygiéniques, devant des policiers qui ont procédé à des [deux] contrôles d’identité.
      Le directeur du magasin, interrogé par l’AFP, a souligné des « moments de tension » et regretté la mise en danger de ses clients. « Carrefour étudie les suites à donner en matière judiciaire », a indiqué une porte-parole de l’enseigne.

    • Bonne nouvelle numéro deux : Relaxée après un vol chez Carrefour
      https://www.sudinfo.be/id318256/article/2021-01-27/une-maman-prise-en-flagrant-delit-de-vol-avec-sa-fille-au-carrefour-market

      Une mère de famille verviétoise a été pincée en flagrant délit de vol ce mardi après-midi, au Carrefour Market du centre-ville de Verviers. Elle était en compagnie de sa fille.

      L’auteur des faits est une Verviétoise de 31 ans accompagnée de sa fille en bas âge. Elle a dérobé de l’alimentation et du dentifrice.

      « Elle a été entendue sur les faits et relaxée », termine la police.

    • Un Carrefour cambriolé par un obscur groupuscule anti-précarité

      Dans la journée du 30 janvier, un magasin parisien du groupe Carrefour a été investi et cambriolé par un collectif inconnu de militants. Ce dernier prétendait « réquisitionner » les denrées du magasin au profit des « précaires ».

      Scène hallucinante dans les rayons d’un Carrefour parisien. Samedi 30 janvier, un groupuscule qui se revendique anti-précarité et anti-raciste s’est introduit dans le magasin, afin d’en « réquisitionner » certains produits alimentaires et hygiéniques. L’opération est intégralement filmée et diffusée sur Twitter, via le compte « Cerveaux non-disponibles » (près de 60 000 abonnés), qui relaie fréquemment les actions et mouvements sociaux. Munis d’un mégaphone, les activistes procèdent au pillage des rayons du magasin, remplissant plusieurs chariots entiers. Ils entreprennent ensuite de bloquer toutes les caisses, jusqu’à ce que la direction du site les autorise à sortir. L’opération est alors sobrement qualifiée… de « réquisition négociée » par le compte « Cerveaux non-disponibles ». Il affirme également que les activistes « ont obtenu gain de cause [et] sont sortis sans encombre [afin] de procéder à des distributions des victuailles, à des familles et personnes dans le besoin ».

      « Carrefour assassin, Carrefour raciste »

      Dans un communiqué diffusé sur ce même compte Twitter, le groupuscule d’activistes développe sa rhétorique, et explique son geste. Fait notable : le cambriolage n’est pas revendiqué par un groupe existant ou connu, mais par « des étudiant.es, des retraité.es, chômeur.ses, travailleur.ses et individus en lutte contre la précarité ». Ces derniers affirment que, face à l’explosion de la précarité, la distribution classique de biens de première nécessité par les banques alimentaires « ne suffit plus ». Surtout, les militants accusent le groupe Carrefour d’avoir fait trop de bénéfices en 2019, et de connaître des retards de paiement dans une prime de 1 000 euros promise aux employés pendant le premier confinement. Enfin, et pour conclure sa démonstration, le collectif accuse Carrefour d’être… un groupe assassin et raciste. En cause ? La mort d’un homme noir, tabassé par des vigiles d’un Carrefour de Porto Alegre… au Brésil. Un crime qui, selon le communiqué, « s’inscrit dans la polémique du Groupe Carrefour au Brésil, qui correspond au racisme systémique du pays ».

      Pour qui voudrait parcourir des commentaires souvent proches du ton de cet article
      https://twitter.com/CerveauxNon/status/1355458779953963012

    • Retour sur l’autoréduction de samedi à Paris et appel à démultiplier les actions
      https://paris-luttes.info/retour-sur-l-autoreduction-de-14719

      Concernant les pourparlers, ils ont essentiellement porté sur la nature et la qualité des produits. Selon la direction de Carrefour, le précaire doit manger des biens médiocres ou des invendus. Nous avons refusé leurs miettes pour récupérer les bonnes choses, celles auxquelles tout le monde devrait avoir accès. Sur la fin, la police a malheureusement fait deux contrôles d’identité avant que nous puissions tous.tes reprendre le métro.

      Nous redistribuerons les marchandises cédées gracieusement aux collectifs dans lesquels nous militons, pour les publics les plus touchés par la crise (exilés, précaires, mères isolées, familles en galère...). Nous ne voulons plus attendre la charité pour lutter contre la précarité.

      La crise économique liée à la crise sanitaire n’en est qu’à ses débuts et les rassemblements statiques ne suffiront plus ! Blocages de l’économie, grèves, réquisitions de logements, autoréductions dans les supermarchés, démultiplions les actions de solidarité !

  • Mouvement lycéen : une cartographie inédite, Mattea Battaglia et Camille Stromboni
    https://www.lemonde.fr/education/article/2018/12/13/mouvement-lyceen-une-cartographie-inedite_5396741_1473685.html

    L’effervescence, partie de la province et des petites villes, ne se structure pas selon les schémas traditionnels de mobilisation de la #jeunesse. On parle d’un réveil des enfants des « #gilets_jaunes ».

    Les enseignants l’admettent volontiers : la mobilisation lycéenne qui s’est déployée dans le sillage des « gilets jaunes » les a pris de court. Pas seulement par la contagion rapide d’une académie à l’autre – jusqu’à 470 #lycées ont été perturbés sur 4 000 au total, dont 2 500 publics. Pas seulement par son installation dans la durée (deux semaines de #blocages) ou par ses excès de violence localisés [et ses #violences_policières généralisées, ndc] , d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) à Orléans (Loiret) en passant par Blagnac (Haute-Garonne) ou Mantes-la-Jolie (Yvelines).

    Ce qui interpelle les observateurs de ce mouvement de jeunesse, qu’ils soient sociologues, proviseurs ou chercheurs, c’est bien sa géographie, alors qu’une nouvelle journée de #mobilisation s’annonce ce vendredi. Quelques exemples suffisent à dessiner ses contours inédits. A Paris, les grands lycées de l’Est – ceux du cours de Vincennes dans le 20e arrondissement notamment – n’ont pas joué le rôle moteur qu’ils endossent habituellement, contre la loi travail, la loi Fillon, le lycée Darcos, le contrat première embauche (CPE)… A Rouen, les chemins empruntés par les lycéens sont eux aussi venus rebattre la carte habituelle des mobilisations : plutôt que des établissements « bourgeois » de la rive droite, les premiers défilés sont partis des lycées plus populaires, de la rive gauche.

    Les « enfants des “gilets jaunes” » ?

    Les autres exemples avancés se résument, souvent, aux noms de villes de taille moyenne qui, jour après jour, ont vu leur jeunesse faire les gros titres de la presse locale : à Digne-les-Bains, chef-lieu des Alpes-de-Haute-Provence, un millier de lycéens sont descendus dans la rue. A Cambrai (Nord), ils étaient 600 à manifester. A Dijon, en Côte-d’Or, on en a recensé 200 devant le rectorat…

    Est-ce une mobilisation des « enfants des “gilets jaunes” » ? Le réveil d’une frange de la jeunesse qui partage, avec ses parents, des fins de mois difficiles et un sentiment de déclassement ? C’est l’une des grilles d’analyse retenues. « Sur les ronds-points s’observe une cohésion intergénérationnelle, défend Michelle Zancarini-Fournel, historienne. On voit des #jeunes rejoindre des #retraités, c’est suffisamment rare pour être souligné. »

    Nous l’avons vérifié dans plusieurs académies – dont Lille, Montpellier et Marseille – en épluchant la presse quotidienne régionale, en sollicitant les rectorats, mais aussi, au cas par cas, les personnels des établissements bloqués.

    Dans l’académie de Lille, aux côtés des élèves lillois – ceux du lycée international Montebello, bloqué à répétition –, la jeunesse de Denain et de Liévin a, elle aussi, donné de la voix, parfois en endossant un gilet jaune, alors que le mouvement débutait à peine, le 30 novembre. Les lycéens de Cambrai, de Coudekerque-Branche, ou, dans le Pas-de-Calais, de Lens ou d’Oignies ont ensuite rejoint le mouvement, au fil de plusieurs journées de mobilisation nationale – lundi 3 décembre, jeudi 6, vendredi 7 ou encore le « mardi noir » du 11 décembre. « Se font entendre des territoires périurbains souvent très défavorisés, qui peinent à se relever de la crise de l’industrie, constate un universitaire lillois qui a souhaité garder l’anonymat [? ndc]. C’est relativement inédit. »

    « Deux logiques se superposent »

    On assiste à une possible « inversion des déclencheurs du mouvement », avance l’historien Claude Lelièvre : « L’effervescence n’est pas à Paris. Elle est en province et dans les petites #villes, ce qui ne veut pas dire qu’elle est périphérique », souligne-t-il.

    Autour de Montpellier, parmi les premiers établissements mobilisés, se sont illustrés un #lycée_d’enseignement_professionnel agricole à Frontignan (Hérault) et un centre de #formation des #apprentis à Rodilhan (Gard). Devant ce CFA, le 5 décembre, une quarantaine d’#élèves ont installé un « barrage filtrant » en soutien aux « gilets jaunes ». Dans la foulée, plusieurs établissements nîmois se sont mobilisés. Le 7, le mouvement s’étendait, dans l’Hérault, à Montpellier, Lodève, Lunel, Agde, Sète…

    Face aux débordements, la rectrice, Béatrice Gilles – anciennement en poste à Créteil – a appelé les #lycéens au calme. « Ce sont des zones très pauvres, très désocialisées que l’on voit s’animer, confirme l’universitaire montpelliérain Yann Bisiou. Pendant ce temps-là, certains grands lycées de Montpellier ne bougent pas. »

    Il y a, depuis Mai 68, une forme de régularité dans la construction des mouvements de jeunesse qui semble aujourd’hui s’infléchir, abonde l’enseignant-chercheur Vincent Troger. « Un mouvement se déclenche toujours soit contre une réforme éducative, soit pour rejoindre une contestation sociale, explique-t-il. Dans le cas présent, les deux logiques se superposent. L’originalité est aussi là. » A Nantes, où il enseigne, Vincent Troger a ainsi le sentiment que plusieurs « lycées de la périphérie », contrairement aux mobilisations antérieures, ont joué le rôle de « moteurs ».

    « L’étincelle est partie des #filières technologiques [cf. la lutte contre le contrat d’insertion professionnel (CIP) qui prévoyait en 1994 un salaire égal à 80 % du salaire de référence pour le spas insérés", jeunes, ndc] »

    A Béziers (Hérault), Bruno Modica, professeur d’histoire, constate que la « vague » s’est élancée des lycées professionnels et polyvalents avant de gagner le centre-ville. « Ce sont les enfants des villages périphériques de Béziers qui se font entendre, dit-il, et pas les jeunes politisés ou les casseurs professionnels. »

    Des casseurs, on a pu en voir à l’œuvre dans les académies de Créteil, Versailles et Toulouse notamment, là où l’institution a comptabilisé le plus de blocages ayant dégénéré. « Que les établissements de banlieue autour de moi se mobilisent, en soi, ça ne me surprend pas, confie un enseignant d’Aubervilliers, lui-même mobilisé. Mais à ce point-là, c’est du jamais-vu en éducation prioritaire depuis une dizaine d’années. »
    Au sein même des lycées, c’est sur le profil des jeunes engagés qu’insiste Stéphane Rio, enseignant d’histoire à Marseille. « L’étincelle est partie des filières technologiques, de manière rapide et éruptive », témoigne-t-il. Ce professeur dit avoir d’abord vu sur les blocus des jeunes peu politisés, parlant autant d’eux que de leurs parents. Des adolescents qui n’ont pas toujours les codes des « bons élèves », ne réclament pas d’« AG », ne veulent pas nécessairement rejoindre les défilés. « Ils prônent le blocage pur et simple, observe-t-il, pour tenir le lycée comme on tient un rond-point. »

    A la tête d’un lycée de Liévin (Pas-de-Calais), devant lequel une centaine de jeunes se sont relayés durant huit jours, ce proviseur ne dit pas autre chose : « Ce ne sont pas nos jeunes intellos qui sont en première ligne », lâche-t-il.

    « Une crainte commune »

    Dans l’académie de Marseille, où les débordements ont poussé à la fermeture préventive d’au moins cinq établissements, la jeunesse s’est d’abord illustrée à Martigues avant de battre le pavé dans la cité phocéenne, Aix, Gardanne, etc.

    Ici comme ailleurs, disent les syndicalistes, il semble qu’un tournant ait été pris dans le sillage des interpellations de Mantes-la-Jolie (Yvelines) et des images des 151 jeunes agenouillés, les mains sur la tête, qui ont inondé les réseaux sociaux le 6 décembre.

    Depuis, à écouter les enseignants, le mot d’ordre « proprement lycéens » résonne plus haut. « Les jeunesses se sont unies, reprend Stéphane Rio, pour dire leur crainte commune : que les réformes en cours – celles du lycée, du bac, de Parcoursup – accroissent des inégalités dont ils seront les premières victimes. »
    « Le bac ne sera plus le même selon les établissements », martèlent-ils d’un blocage à l’autre. Et la sélection à l’entrée de l’université les laissera « sur le carreau ».

    Ça sent quand même ce 68 que j’ai pas vécu, la libération de la parole et la prise de parti, la découverte de ce que les singularités créent de collectif si la situation s’y prête. Ça rappelle ces belles manifs qui comme l’ouvrier marche d’atelier en atelier dans et contre l’usine lycéens et collégiens manifestaient d’un établissement scolaire à l’autre, du technique au général ; ça rappelle La horde d’or, ce moment de la fin des ’60 où ceux qui étaient confinés aux formations techniques et professionnelles ont été mêlés aux étudiants, entrainant un bordel général qui a mis en cause toutes les fonctions productives
    #scolarisés
    http://ordadoro.info/?q=content/«-un-poignard-dans-le-cœur-de-la-ville-capitaliste-»

    • Lycéens et étudiants rejoignent les « gilets jaunes » dans le rejet de la Macronie, Violaine Morin

      « Qui ne saute pas est macroniste ! » Sur le quai de la ligne 4, à la station de métro Châtelet à Paris, un groupe de lycéens survoltés bondit comme un seul homme. On croise quelques élèves de Charlemagne, un établissement du 4e arrondissement, souvent « en pointe » dans les contestations lycéennes. Direction la place Saint-Michel, où quelques groupes peignent des banderoles étalées sur le sol en attendant midi, l’heure du rassemblement à l’appel de trois syndicats, l’Union nationale lycéenne (UNL), la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL) et le Syndicat général des lycéens (SGL).

      La bouche de métro déverse, à intervalles réguliers, des grappes de jeunes gens qui viennent grossir les rangs. Dix jours après le début de la contestation, les lycéens seront 2 600, selon la Préfecture de police, à manifester, mardi 11 décembre, pour 450 lycées perturbés dans toute la France – parmi lesquels 60 sont bloqués sur plus de 2 500, selon un bilan du ministère de l’éducation nationale communiqué à la mi-journée. Dans une ambiance festive, les manifestants entonnent des slogans classiques. Pour rappeler des souvenirs aux lycéens de n’importe quelle génération, il suffit d’insérer le nom du ministre de leur jeunesse – François Fillon, Claude Allègre – devant les mots « si tu savais, ta réforme, ta réforme… »

      Mais ici, le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, a cédé la place à Emmanuel Macron, comme si la personne du président de la République cristallisait toutes les passions de ce mouvement qui tente de profiter de l’élan des « gilets jaunes ». « Ni les professeurs ni les étrangers, c’est Macron qu’il faut virer », scandent les jeunes, en alternant avec « Macron, t’es foutu, la jeunesse est dans la rue ». Le ministre, pourtant à la manœuvre de trois chantiers parmi ceux qui forment les points de crispation – la réforme du baccalauréat, Parcoursup et les suppressions de postes dans le second degré –, est le grand « absent » de la manifestation qui doit cheminer jusque sous ses fenêtres.

      Au-delà de ce rejet collectif, les lycéens tombent difficilement d’accord sur les mots d’ordre. « Les mouvements de jeunesse souffrent souvent de n’être pas assez clairs et pas assez unis », concède Tito, en 1re au lycée Fénelon. Pour pallier ce problème, deux assemblées générales ont été organisées dans son établissement afin de définir « pourquoi on manifeste ». L’ensemble des revendications tient donc en un slogan, répété tout l’après-midi : « Contre Parcoursup, allez allez, contre le nouveau bac, allez allez, contre le SNU [service national universel], allez allez. » Mais dans le détail, les préoccupations varient selon les profils et les âges.
      Les élèves de banlieue, venus souvent avec leurs enseignants, s’inquiètent d’un baccalauréat « dévalué » par rapport à celui des lycées de centre-ville. Younes, en 1re au lycée Angela-Davis de la Plaine Saint-Denis, craint que ses amis de 2de, qui seront les premiers à passer le nouveau bac – composé d’un contrôle continu et de quatre épreuves terminales –, n’obtiennent un diplôme au rabais. « Je viens d’un quartier défavorisé où on a la réputation de vouloir tout brûler, plaide-t-il. Notre bac ne vaudra pas la même chose que celui des beaux quartiers. »

      Chenoa, élève de 2de à Noisy-le-Grand, se sent un peu à l’abri de cette « dévaluation » dans son lycée international sélectif. Elle fera partie de la première génération du baccalauréat « nouvelle formule ». Pour elle, cette réforme est « bâclée ». La jeune fille ne « comprend même pas » comment devront s’organiser ses choix pour l’année prochaine, alors que la carte des spécialités disponibles dans chaque lycée doit être annoncée fin décembre – un calendrier accéléré, semble-t-il, pour apaiser les inquiétudes des lycéens.

      Les étudiants, eux, se sont joint au rassemblement des lycéens après une assemblée générale tenue dans la matinée sur la place de la Sorbonne. Salomé et ses camarades, inscrites en licence d’espagnol à Paris-IV, veulent « prêter main-forte » aux lycéens. Mais les étudiants tentent de mobiliser sur leurs propres dossiers, par exemple sur la hausse des frais de scolarité pour les étrangers. « On est contents que les lycéens se soient mobilisés, tempère Salomé. On ne veut pas faire passer nos revendications avant les leurs, aujourd’hui, on est là pour eux. »

      Mais pourquoi ne pas être descendus dans la rue avant ? Parcoursup a connu sa première saison cet été, la réforme du bac est sur les rails depuis le printemps… De toute évidence, l’occasion offerte par la contestation des « gilets jaunes » était trop belle pour ne pas tenter de s’en saisir, même si les manifestants se défendent de tout opportunisme. « Ils ont réussi à mobiliser et cela a créé de l’espoir », analyse Tito, le lycéen de Fénelon.
      Les plus militants s’en remettent aux précédents historiques de la convergence des luttes entre étudiants et travailleurs. « La force sociale des “gilets jaunes” est incontestable, il faut en profiter », juge Léo, étudiant en philosophie à Paris-I. Partout dans le cortège, on entend des accents communs avec les revendications des « gilets jaunes », sur ce gouvernement qui ne prête qu’aux riches, ce service public qui souffre, ces manifestants brimés.

      L’interpellation musclée des lycéens de Mantes-la-Jolie (Yvelines), alignés à genoux sur le sol, le 6 décembre, est évoquée plusieurs fois. La vidéo, qui a fait le tour des réseaux sociaux, a choqué la communauté éducative. « On ne peut pas laisser faire ça », enrage un enseignant d’Aubervilliers. A plusieurs reprises, les manifestants se mettront à genoux sur la chaussée, mains sur la tête. Julien, un élève de 1re ES de la Plaine Saint-Denis à qui l’on demande s’il n’a pas peur devant de telles images, répond que lui et ses camarades s’efforcent de maintenir un blocus pacifique. « Bien sûr que j’ai peur que ça devienne violent, ajoute-t-il après un temps de réflexion. Et en même temps, si je ne fais rien, qui va le faire pour moi ? »

  • Sébastien Louis : « Les ultras sont les syndicalistes d’un football populaire » - Damien Dole, Libération
    http://www.liberation.fr/sports/2017/12/26/sebastien-louis-les-ultras-sont-les-syndicalistes-d-un-football-populaire

    Sébastien Louis, qui publie un essai sur le sujet, revient sur l’émergence du mouvement né à la fin des années 60 en Italie. Associé à tort à l’apparition de la violence dans les stades, ce supportérisme à l’extrême se mêle d’abord à l’histoire politique.

    Fin octobre, des supporteurs marqués à l’extrême droite de la Lazio Rome affublaient une photo d’Anne Frank, symbole du martyr juif, d’un maillot de l’AS Roma, adversaire honni : le genre de scandale auquel on réduit depuis des lustres le phénomène des supporteurs italiens ultras autrement complexe et profond, puisant ses racines dans la nuit des temps du foot et se nourrissant de tout le reste. En 2004, par exemple, le Cri, le tableau d’Edvard Munch, est volé en Suède. Trois semaines après se déroule le derby entre le Milan AC et l’Inter. La Fossa dei Leoni, groupe ultra des rouge et noir, reproduit le tableau dans une scénographie spectaculaire. Où l’homme qui crie porte un maillot de l’Inter. En dessous, est écrit : « Interiste, tu vas devenir fou. »

    Inculte, le fan de foot ? Agité ? Extrémiste ? Les ultras fascinent autant qu’ils effraient. Contrairement aux hooligans, ces fans sont des acteurs à part entière des stades, participant au soutien de l’équipe, luttant contre le foot business et offrant un motif de fierté à certaines villes abandonnées. Historien à l’université du Luxembourg, Sébastien Louis vient de publier Ultras, les autres protagonistes du football (Editions Mare & Martin), une « bible » sur le phénomène en Italie, berceau de cette culture. Au fil des pages, on découvre que le mouvement ultra dit autant du football que de la société italienne, de la jeunesse et des évolutions politiques, sociales et culturelles du pays.

    Vous dites que le mot « ultra » est d’abord utilisé en Italie pour désigner les militants luttant contre l’armée française dans la guerre d’Algérie…
    Oui, et dans un autre contexte, quelques journalistes sportifs l’utilisent au cours des années 60 pour désigner les supporteurs excessifs, après des débordements ou des manifestations de leur passion. Cependant, dans la presse, les « ultras » désignent avant tout des extrémistes qui ont des objectifs politiques. Lors de la saison 1970-1971, une bande de jeunes supporteurs de la Sampdoria de Gênes se cherche un nouveau nom. Ils considèrent que les tribunes sont trop calmes et vont donc adopter le mot « ultras », qui correspond à ce qu’ils veulent être, c’est-à-dire des extrémistes de l’équipe génoise.

    Quand naît le mouvement ultra ?
    Entre 1967 et 1972. Il n’y a pas de date précise car les premiers ultras n’ont pas conscience qu’ils sont en train de créer une nouvelle manière de concevoir le supportérisme, en mettant des banderoles avec des termes belliqueux comme « commando », une iconographie contestataire avec des têtes de mort par exemple. Cela démontre qu’une culture émerge dans les tribunes et qu’elle est liée à une génération, celle de 1968. Les enfants du baby-boom remettent en cause les structures traditionnelles des clubs de tifosi, qui dominent jusqu’alors dans les tribunes italiennes. Ils se créent leurs propres espaces.

    Quelles sont les premières inspirations des ultras ?
    Il s’agit d’abord de l’Angleterre, patrie des sous-cultures juvéniles. A partir de la saison 1966-1967, les hooligans émergent outre-Manche. A la même époque, les pratiques des fans se transforment. Les équipes anglaises dominent l’Europe dans les années 70 et viennent souvent en Italie. La télé filme leurs supporteurs, et les jeunes Italiens voient une marée d’écharpes, entendent le kop de Liverpool reprendre des chansons des Beatles - avant les ultras, il n’y a pas d’ambiance dans les stades en Italie. Des jeunes vont se demander pourquoi les anciens groupes de fans leur enjoignent de rester calmes et de ne pas se lever pendant le match. Certains s’en détachent, prennent d’autres noms et vont s’émanciper. Les pionniers ultras adoptent souvent des anglicismes : Boys de l’Inter, Teddy Boys de l’Udinese. De plus, l’agressivité caractérisant les hooligans séduit particulièrement les ultras.

    Le deuxième modèle, ce sont les extrémistes politiques ?
    Oui. Le contexte politique de la péninsule est alors extrêmement agité. La contestation étudiante est à peine terminée que les premiers attentats secouent le pays. Les tensions et le conflit s’emparent des places publiques, où les militants s’affrontent violemment. Parmi les deux fondateurs des Brigate Gialloblu de l’Hellas Vérone, en 1971, l’un est sur des positions d’extrême gauche. Ce n’est pas un militant politique, mais il est jeune et fasciné par les Brigades rouges qui émergent, même si ce qui compte, c’est d’aller voir Vérone, de défendre sa ville. Il dit : « Nous, on va être comme les brigadisti, on va défendre une cause jusqu’au bout, jusqu’à la mort, mais on sera les brigades jaune et bleu. »

    Plus au sud, en 1972, un groupe de l’AS Rome se baptise les Fedayin, du nom des francs-tireurs palestiniens. Les pionniers ultras sont fascinés par ces militants politiques, notamment ceux qui prennent les armes. Comme l’extrême gauche est la plus forte à cette époque, elle va imposer en partie ses codes dans les tribunes : les vêtements (parkas militaires, passe-montagne), les emblèmes (l’étoile rouge, la clé anglaise, le poing fermé) ou des pratiques, par exemple le fait d’aller en cortège au stade comme dans les manifs, avec leurs banderoles, les slogans aussi. A Vicence par exemple, à la fin des années 70, les ultras locaux chantent contre les spectateurs de la tribune présidentielle : « Vicence rouge, rouge, rouge, Vicence rouge. Bâtards de bourgeois, vous finirez comme Aldo Moro », le chef de la Démocratie chrétienne enlevé et tué par les Brigades rouges.❞

    #ultras #football #politique #culture_populaire #foot_business Teddy_Boys_en_Italie

    Un peu avant :

    On a appellé Teddy boys en Italie des groupes de jeunes gens apparus brièvement en 1960-61 dans plusieurs villes du Nord de l’Italie. Provenant pour la plupart des quartiers périphériques, ils reprenaient dans leur tenue vestimentaire certains éléments (blouson de cuir noir, jeans, foulard) du film L’Équipée sauvage [The Wild One, de László Benedek sorti en Italie en 1954 sous le titre Il selvaggio]. Curieusement, leur nom est emprunté à une bande de jeunes anglais qui pratiquait au contraire une élégance de type classique-edwardien

    http://ordadoro.info/?q=content/1-au-commencement-il-y-avait-les-villes-les-jeunes-les-ouvriers#footnote2

  • La Horde d’or (Italie 1968-1977), une note de lecture littéraire et « existentielle » , Stéphanie Eligert
    http://laviemanifeste.com/archives/11593

    La parution en février 2017 de la première traduction française de la Horde d’or – livre en constante réimpression depuis sa première édition en Italie, en 1988 – est un événement considérable, et cela à tout point de vue : politique, existentiel, théorique, textuel, narratif, documentaire, stratégique, etc.

    Pourquoi ? On a l’habitude d’entendre les 70’s italiennes qualifiées d’« années de plomb », ledit plomb étant supposé évoquer ce mélange à vocation terrifiante d’attentats et de lutte armée que n’aurait porté qu’une petite marge déviante, voire manipulée, d’« individus » issus des mouvements contestataires de 1968. Or dès les premières pages du livre – constituées des différentes préfaces et notes aux éditions de La Horde d’or en Italie, en 1988 et 1997 -, l’on comprend tout de suite que l’expression « les années de plomb », en réalité, a exactement la même fonction dans l’ordre du langage que les grenades lacrymogènes dans l’ordre policier : on les lance sur n’importe quel mouvement animé par un désir révolutionnaire afin d’enfumer, faire écran et produire de l’irrespirable là où justement, de l’espace était en train d’être rendu à l’air libre.
    Ainsi de ce bref et percutant extrait de l’avant-propos à l’édition de 1988 : Années de plomb, services secrets, massacres d’état, complot, répression, terrorisme, état d’urgence …. Ou bien, au contraire : les plus belles années de notre vie, transformation radicale de la vie quotidienne, utopie, besoin de communisme, révolution sexuelle, lutte armée, etc .
    (...)

    Tout est donc parti « des besoins concrets et matériels », les pratiques théoriques comme les pratiques ouvrières – l’inventivité de l’une s’est nourrie de l’autre, sans domination ou vision douteuse d’une avant-garde de « cadres » venus éclairer une masse de salariés supposée inapte à se libérer seule. C’est donc cette influence mutuelle, source de construction d’un « savoir sans intermédiaire », « immédiat » édifié « contre le pouvoir du capital » et sur la base de situations précises, ici et maintenant, qui a permis de libérer une inventivité demeurant aujourd’hui encore proprement magnifique. Ainsi, par exemple de la grève appelée du beau nom d’« à la chat sauvage », mise en pratique dans les milieu des années 60, dans les usines automobiles du Nord :

    La grève à « la chat sauvage » procède par arrêts imprévisibles aux points nodaux du cycle de production. Ces interruptions sont « spontanément » décrétées par les ouvriers, c’est à dire minutieusement préparées par une intelligence ouvrière qui sait utiliser à ses propres fins l’articulation productive de la coopération capitaliste. La grève « à la chat sauvage » est tout le contraire d’une simple lutte protestataire, éventuellement puissante, mais désorganisée. Elle requiert un très haut degré de cohésion et des formes actives d’organisation autonome. Celle du 15 octobre 1963 est historique parce qu’elle montre l’émergence à la FIAT d’une organisation ouvrière capable de mener une grève complètement en dehors du cadre des organisations officielles du mouvement ouvrier. Elle dément la vieille idée selon laquelle seul un petit groupe déterminé, détenteur de la conscience antagoniste ouvrière, serait en mesure d’organiser la lutte dans l’usine.
    (...)

    Livre-foule

    Le camarade du mouvement cité a également souligné autre chose d’essentiel : « Il est compliqué de parler de 77 » – je dirais : comme d’écrire à son sujet et sur tout le livre de la Horde d’or. Ainsi, depuis le début de ce texte, j’ai beau estimé nécessaire d’avoir fait des zooms précis, successifs sur les Quaderni rossi, le CUB Pirelli, les Circoli, etc. -, je ne me départis pas de l’impression, du coup, d’avoir forcé au silence tous les autres mouvements, groupes, tendances, etc., en ne les nommant pas … C’est que pour bien faire et rendre exactement compte de ce qui se passe, en termes d’impressions brutes de lecture, il faudrait sans cesse ajouter à un article sur ce livre des incises qui insufflent partout de la profondeur de champ, une multiplicité d’actions et d’acteurs (« tandis que », « en parallèle », etc.), des grondements d’usines avec 25 000 ouvriers en grève, les climats de Milan, Turin, une vaste atmosphère bienveillante, de la foule, etc.

    Et cette impression n’est pas un hasard. C’est en plus d’être un chef d’œuvre documentaire et historique, la Horde d’or est aussi une merveille formelle. Cet effet-foule, il ne me semble pas que la littérature et la poésie (expérimentale ou non) l’aient une seule fois produit – jamais, en tout cas, avec un dispositif d’une telle intensité. Ainsi, chaque zoom sur un aspect du mouvement ne semble jamais isolé des autres et de ce point de vue, la Horde d’or fonctionne comme l’anti-catalogue par excellence ; elle ne présente pas des « produits », des groupes successifs ayant pour seul étant leur fiche d’identité, mais elle tresse leurs influences dans une sorte de grande ondulation croissante. Et comme chaque composante du mouvement est toujours décrite alors qu’elle est prise dans une situation concrète, avec toutes les analyses et perceptions plurielles qui en découlent, etc., le tout, au fil de la lecture, accumule son foisonnement de détails et crée une sensation de rumeurs illimitées, d’horizons toujours plus vastes peuplant le hors cadre de la page. Comment ce livre réussit-il cela ? Tout s’est joué, semble-t-il, dans le processus d’écriture, que Nanni Balestrini (également romancier et poète – détail d’importance) décrit ainsi :
    Au fur et à mesure que nous avancions, une méthode a commencé à se dégager et tous les éléments ont trouvé leur place, petit à petit, chapitre après chapitre. Cela s’est fait de manière assez improvisée, dans un même élan, et c’est peut-être ce contexte d’écriture qui a permis que le livre soit vivant et donne cette impression d’exhaustivité. Nous avions bien sûr une idée générale, mais ce n’était pas un travail systématique, comme on l’aurait fait pour écrire un livre d’histoire. Nous avons plutôt choisi de donner une série de coups de projecteurs sur différentes situations, et c’est bizarrement cela qui donne l’impression d’un tout homogène.

    C’est le « contexte d’écriture » et donc une nouvelle fois, une situation précise, un certain agencement des subjectivités qui a précipité la mise en forme de la Horde d’or. Dans le même entretien, Balestrini explique d’ailleurs que les auteurs s’étaient retrouvés dans un appartement de Rome, travaillant au milieu d’une pièce où étaient progressivement ramenés, par grosses valises, tous les livres, tracts, documents imprimés durant les deux décennies révolutionnaires. En termes d’ambiance (et de la masse de souvenirs qui a dû « se lever » de ces textes, du grain du papier, des particularités d’impression, etc. – comme les fleurs de papier japonaises de la Recherche), il est évident que les auteurs ne pouvaient qu’opter pour un travail non systématique, qui se laisse absorber par l’acuité successive des « coups de projecteurs sur différentes situations ». C’est que le mouvement de la Horde d’or a été si fondamentalement existentiel (dans ses causes politiques, ses expressions, ses expérimentations théoriques, ses stratégies, etc.) qu’un livre en racontant l’histoire ne pouvait pas trouver d’autre matrice formelle que le récit. De fait, Bianchi, toujours dans le même entretien, précise que lors de la composition du livre, c’est Balestrini qui a « transposé son art du montage du roman à l’essai », et il ajoute que :

    La spécificité du livre tient au fait qu’il met en présence des matériaux très divers. Il y a bien sûr des textes théoriques, mais la structure de fond reste celle du récit. Les luttes avaient produit une telle richesse qu’il n’était pas nécessaire d’adopter un point de vue surplombant comme l’aurait fait une démarche universitaire. Le simple récit des faits était déjà porteur d’énormément de sens.

    La spécificité de la Horde d’or, c’est d’abord sa « structure de fond de récit », et non sa description théorique de l’autonomie ; « le simple récit des faits » a été suffisant – nul besoin de « surplomb », et donc de dénivelé hiérarchisant, dominant entre narration et faits narrés, et qui aurait eu, en plus, pour conséquence de séparer l’interprétation des expériences vécues. Or ces expériences ont été d’« une telle richesse » qu’elles ont formulé, à même leur réalisation concrète, « déjà énormément de sens ». La théorie était pratique – et en cela, il était inévitable que l’autonomie, dans son constant « processus de singularisation », trouve sa plus juste forme discursive dans le récit ou disons, pour faire large (et débarrasser tout de suite ce point de l’analyse de la question de la fiction) : la description subjective, la libre analyse à hauteur de « je » et de « nous ».

    Certes, tous les livres traitant un moment d’histoire révolutionnaire comportent des récits, mais la particularité radicale de la Horde d’or, c’est que les fragments subjectifs n’y sont pas utilisés comme des accessoires figuratifs, mis en position d’illustrer l’affirmation centrale des historiens, etc. Le schéma de la Horde d’or est totalement autre : les récits y forment le cœur même des chapitres ou de toute partie destinée à re-présenter une tension théorique et pratique ponctuelle dans l’histoire du mouvement. Précisons qu’il s’agit de récits de manifestation bien sûr, mais aussi de comptes-rendus d’actions dans les villes, d’exposés stratégiques ou de divergences, de tracts, de chansons, etc.

    En plus, même les passages théoriques sont des récits puisqu’à la lecture, ils n’apparaissent jamais sous l’allure de concepts en train de dérouler leur logique ; au contraire, dans presque tous les textes choisis, les auteurs / collectifs racontent comment des concepts se sont directement articulés à des configurations existentielles réelles (telle grève, telle réaction à telle occupation, etc.). Même, et surtout, les textes de Primo Moroni et Nanni Balestrini – introductifs ou conclusifs, montant les différents documents entre eux – se construisent comme des récits où l’essentiel d’une situation politique est planté « sous les yeux » avec une efficacité toujours admirable (en trois ou quatre paragraphes, tout est là : les grandes données socioéconomiques d’une ville à tel moment, son climat, les enjeux théoriques précis qui la traversent, etc.).

    En fait, il n’y a quasiment pas de théorie « pure » dans la Horde d’or, ou de théorie hors sol (si ce n’est le chapitre sur le marxisme-léninisme !). Il n’y a pas même, je crois, de pire contresens pour la Horde d’or que l’idée d’une « théorie hors sol ». C’est que l’émergence de la « vague révolutionnaire » italienne, comme sa durée, n’ont été possibles, on l’a dit, que parce que la théorie avait su, à un moment donné, devenir creativa, immanente, articulée à même l’existentiel, comme les grèves à la chat sauvage. Et là où cela intéresse pleinement la littérature et la théorie du texte, c’est qu’en procédant ainsi, par « coups de projecteurs » successifs, le montage de la Horde d’or invente une nouvelle forme de livre, elle aussi autonome. En effet, est-ce que ce « tout homogène » qui réussit à être créé alors qu’il n’y a « bizarrement » aucune unification des multiples matériaux cités, cela ne rappelle pas exactement l’atmosphère et le degré de maturité hallucinant auquel était parvenu le mouvement en 77, dans les couloirs de l’université de Bologne ? Que ce soit sur un plan structurel ou dans le détail des textes, l’homologie est complète entre la forme-foule de la Horde d’or et celles inventées pendant deux décennies par le mouvement.
    (...)

    La Horde d’or maintenant

    Quels sont-ils, ces raccords dans l’axe ? Il faudrait un long texte pour déployer dans le détail toutes les résonances (théoriques, affectives, stratégiques) qui se bousculent à la lecture de la Horde d’or. Mais pour le dire vite, disons que l’aire des autonomies, comme on l’a surnommée, vient nous montrer la manière dont combler les blancs, ou les fondus au noir, de la tradition insurrectionnaliste française, et cela donc grâce à :

    – Une proximité sensible fondamentale et incontournable avec les lieux d’exploitation (cf. les enquêtes ouvrières des Quaderni rossi et le désir de connaître précisément « la vie dans l’usine », « l’organisation du commandement » dans les ateliers ou dans les entreprises, les open space, etc. – en transformant les paroles recueillies en corecherche et « savoir immédiat, direct » d’une lutte) ;

    – Une attention maximale portée à la dimension existentielle et subtile de situations diffuses de révolte, où qu’elles surgissent (sur le marché du travail, dans les universités, les zones rurales, etc.) ;

    – Une mise en phrase simple et anti-idéologique de ces révoltes existentielles (cf. les passages cités d’Elvio Fachinelli, du CUB Pirelli et du Gruppo Gramci), propre à susciter chez n’importe quel lecteur une reconnaissance concrète de ses propres sensations, et donc une bascule possible dans la lutte ;

    – Le choix du récit ou de toutes formes textuelles susceptibles de mettre en forme l’autonomie in situ ou « dans le temps » comme disait Proust.

    Car c’est peut-être cela l’essentiel de la Horde d’or, cette richesse merveilleuse, ce contre-capital qu’elle donne en partage au fil de ses 660 pages et laisse en souvenir : l’autonomie en acte – c’est à dire l’autonomie en tant qu’elle réussit à être « l’immanence : une vie » ou « réappropriation de la vie » comme disaient les Circoli. Et avec cet héritage d’actions directes, situées, sensibles, immanentes, nous – aujourd’hui – savons aussi comment transformer « le plomb » en or.

    #luttes #autonomie #Italie #histoire #récit #toctoc ? #Nanni_Balestrini #Primo_Moroni #Sergio_Bianchi #La_Horde_d'or

  • Femmes sans abri : pourquoi elles se masculinisent - Belgique - LeVif.be
    http://www.levif.be/actualite/belgique/femmes-sans-abri-pourquoi-elles-se-masculinisent/article-opinion-625219.html

    8 mars, un jour par an pour rendre compte des avancées en matière de droits des femmes, mais surtout pour pointer du doigt et dénoncer les trop nombreuses inégalités et injustices qui persistent de par le monde, en ce compris en Belgique.

    On a pour habitude, à cette occasion, de mettre à l’honneur des #femmes qui se sont distinguées dans de nombreux domaines et métiers, en particulier ceux dits « masculins ». Plus rarement, on s’attarde sur les #non-droits de celles vivant dans l’extrême précarité. Car on le sait, la #pauvreté touche plus gravement les femmes que les hommes, les chiffres sont là pour l’attester et ils ne s’améliorent guère. Ces quelques dernières années, les données genrées indiquent même une aggravation de la précarisation des femmes. Et pour celles qui ont tout perdu, jusqu’à la sécurité d’un toit, être une femme veut souvent dire renoncer à être femme.

    L’espace public est masculin, et de ce fait, à l’inverse de ce devenir homme évoqué par cet article, le chômage et le retrait de l’espace public qu’il détermine dans bien des cas (faute d’argent et de réponse au « que fais-tu dans la vie ? »), distille un « devenir femme » du chômeur, pour partie confiné à l’espace « privé ».

    @chezsoi

    #Précarisation

    • Disponibilité des chômeurs : fort recul des sanctions en 2016
      http://www.7sur7.be/7s7/fr/1502/Belgique/article/detail/3100793/2017/03/09/Disponibilite-des-chomeurs-fort-recul-des-sanctions-en-2016.dhtml

      Le nombre de sanctions infligées dans le cadre du contrôle de la disponibilité des chômeurs a nettement diminué entre 2015 et 2016, ressort-il de statistiques publiées jeudi par l’Office national de l’emploi (Onem).

      #contrôle #disponibilité

    • distille un « devenir femme » du chômeur, pour partie confiné à l’espace « privé ».

      Les hommes au chomage ne « deviennent pas femme ». Ils n’en profitent pas pour s’occupé de leurs enfants, de leur foyer ou de participé à des assos de quartier et ils ne se cantonne pas au « privé » il va au bistrot, sur le cours de pétanque, jouer au foot de quartier et profité de l’espace publique. Et même si vous connaissez des chomeurs qui s’occupent de leurs gosses, les statistiques indiquent que les hommes au chomage n’en font pas plus à leur domicile que les autres, si c’est pas pire parceque ces hommes ont besoin d’oppresser leurs compagne pour se refaire une stature de dominant.
      « Devenir femme » et « devenir homme » appliqué à ce contexte je trouve ca super violent, misogyne et essentialiste. Sans dire que c’est parfaitement insultant pour les femmes, qui sont associé à une déchance pour les hommes au chomage. Les femmes SDF se virilisent ce qui n’est aucunement devenir homme et les hommes au chomage ne se féminisent pas, ils ne font que descendre un peu sur l’échelle de la virilité.

      #sexisme #misogynie #essentialisme #déni #mensonge #renversionite #inversion_patriarcale #malealphisme

      Les hommes au chomage ne se féminisent pas du tout ( à part si on pense comme Zemmour ou Marine Lepen)

      Un homme au chômage va donc encore moins participer aux tâches ménagères car il est perdu.

      http://www.mieux-vivre-autrement.com/le-partage-des-taches-menageres-regresse-seule-lillusion-prog

      Les hommes qui gagnent moins que leur femme participent moins aux tâches ménagères…

      http://www.atlantico.fr/decryptage/hommes-qui-gagnent-moins-que-femme-participent-moins-aux-taches-menageres-

    • Être semi enfermé à la maison sans même avoir la légitimité sociale de l’utilité reconnue (et non payée) du travail domestique parait insignifiant, compris et su d’avance. Tant pis. Que parmi ces hommes au devenir femme il y ait des réflexes de réassurance masculiniste (ne pas toucher, et moins encore qu’avant au « domestique ») n’est guère surprenant. Et bien sûr, on peut se contrefoutre de ce que les mutations du travail et de l’un de ses moments, le chômage, empêchent, permettent, modifient.

      Une chanson italienne raconte que le chômeur n’a pas de travail, pas d’argent, pas de facilité à se loger, pas de ceci et de cela, et qu’il n’a même pas un premier Mai.

      Sinon, à propos d’essentialisme, la lecture des textes féministes italiens des 70’ rassemblés dans La horde d’or permet de constater que la polarité féminisme matérialiste / féminisme essentialiste n’a rien dune évidence
      http://ordadoro.info/?q=content/9-la-révolution-du-féminisme

      #travail « #espace_public » "#espace_privé"

    • Mais les hommes au chomage ne sont pas enfermé au foyer (ni semi !). Les hommes au chomage ne particpent pas aux taches domestique,ils le font encore moins que les hommes en situation d’emploi. Et ils ne deviennent pas femmes à part aux yeux des misogynes à la Zemmour. Alors ne peu pas faire comme si ils y participaient et faire comme si la situation des femmes SDF était symétrique à celle des hommes au chomage.

      Tu prétend que les hommes au chomage sont enfermé au foyer mais c’est faux.
      Tu prétend que les hommes au chomage participent au tâches domestiques, mais c’est faux.
      Tu prétend que la situation des hommes au chomage les féminisent. Mais qu’entend tu par « féminisation » ?
      Est-ce qu’ils subissent des violences sexuelles ? NON
      Est-ce qu’ils subissent les violences de leurs conjointes ? NON
      Est-ce qu’ils deviennent plus soigneux de leur apparence ? NON
      Est-ce qu’ils portent du rouge à lévre comme Baupin ? NON
      Est-ce qu’ils se mettent au care, vont dans des asso pour aider ? NON
      Est-ce qu’ils se mettent à pleuré devant des films romantiques ? NON
      Qu’est ce que tu veux dire concrètement derrière ce mot de féminisation des hommes chomeurs ? et pourquoi sur un article qui parle des femmes SDF et des violences sexuelles qu’elles subissent et du lien entre violence par conjoint et mise à la rue, ton commentaire se porte uniquement sur les hommes chomeurs qui soit disant se féminiseraient ?

      C’est pas le problème de la mutation de la société que je ne voudrais pas voire, le problème c’est la misogynie de ton commentaire.

      #invisibilisation_des_femmes #macho_de_gauche #mansplanning

    • Mais les hommes au chomage ne sont pas enfermé au foyer (ni semi !). Les hommes au chomage ne particpent pas aux taches domestique,ils le font encore moins que les hommes en situation d’emploi. Et ils ne deviennent pas femmes à part aux yeux des misogynes à la Zemmour.

      Merci pour la comparaison. C’est absurde. Et puisque l’on perd plus aux procès par contumace, je rétorque : sans fric, sans statut social, oui, il y a une tendance à s’enfermer, à se couper de l’espace public. C’est d’ailleurs comme ça que fleurissent les descriptions de chômeurs accros à la vidéo bière maison. L’ignorance étant la première des libertés, on peut refuser de le savoir.

      Alors ne peu pas faire comme si ils y participaient et faire comme si la situation des femmes SDF était symétrique à celle des hommes au chômage.

      Je n’ai pas dit cela, il est évident, et c’est ce que montre sans le dire l’article cité, que pour une femme être coupée des tâches domestiques (sans foyer) en fait une moins que rien, une moins que femme, car c’est bien encore cette utilité sociale là qui rend moins méprisable la femme « sans emploi » que l’homme dans le même cas.

      Tu prétend que les hommes au chomage sont enfermé au foyer mais c’est faux.
      Tu prétend que les hommes au chomage participent au tâches domestiques, mais c’est faux.

      Je n’ai nulle part dit que les hommes au chômage effectuaient des tâches domestiques. Ta réponse est purement idéologique : une grille de lecture schématique destinée à s’appliquer en toute situation, en toute indifférence aux faits ou aux dires.

      Tu prétend que la situation des hommes au chomage les féminisent. Mais qu’entend tu par « féminisation » ?
      Est-ce qu’ils subissent des violences sexuelles ? NON
      Est-ce qu’ils subissent les violences de leurs conjointes ? NON
      Est-ce qu’ils deviennent plus soigneux de leur apparence ? NON
      Est-ce qu’ils portent du rouge à lévre comme Baupin ? NON
      Est-ce qu’ils se mettent au care, vont dans des asso pour aider ? NON
      Est-ce qu’ils se mettent à pleuré devant des films romantiques ? NON
      Qu’est ce que tu veux dire concrètement derrière ce mot de féminisation des hommes chomeurs ? et pourquoi sur un article qui parle des femmes SDF et des violences sexuelles qu’elles subissent et du lien entre violence par conjoint et mise à la rue, ton commentaire se porte uniquement sur les hommes chomeurs qui soit disant se féminiseraient ?

      Enfin des questions, certes bizarres, mais tes injures m’ont ôté toute envie d’y répondre. D’autant que, sauf erreur, je n’ai vu personne, même ici, endroit vachement féministe n’est-il point ? relever que le 8 mars aura été marqué cette année par l’arrestations de dizaines de jeunes femmes (lycée Suger, Saint-Denis) dont une majorité de mineures dont la GàV aura été prolongée au delà de 24h.

    • Ça commence à bien faire. je n’ai pas dit il faut être à telle ou telle manif, j’ai dit voilà qui davantage que bien des poncifs dit la situation des femmes (le lycée Suger et ses arrestations en nombre), je n’ai pas dit vous devez mais avez-vous vu ? et comment ne peut-on ne pas faire le rapport ? pourquoi faut il en rester à toutes les figures convenues et pas voir ce qui advient ?

      Lorsque la vie est mise au travail, ce n’est pas seulement le chômage qui contribue au devenir femme des chômeurs (pas parlé de féminisation, contrairement à la presse qui parle de masculinisation pour ces sans foyers), il y a bien une tendance au devenir femme y compris du travail (ce qui ne suffit pas à interdire le maintien du machisme, ni le développement des formes renouvelées du patriarcat capitaliste, ça se saurait). Lorsque des capacités affectives (qui ne sont pas par essence celles des femmes), sensibles, des aptitudes à la polyvalence sont requises par bien des activités productives, il est temps que les analyses féministes de ces situations, de ce type d’exploitation ne reste pas cantonnée à « la question des femmes ».

    • Merci @aude_v
      L’idée que les hommes se féminise ca me fait pensé à cette citation de Ukeles

      l’artiste entreprit en effet de serrer la main des huit mille cinq cent employés (éboueurs, balayeurs, personnel administratif, etc.) en les remerciant de « garder New York en vie ». Un an et demi auront été nécessaires entre 1978 et 1980 pour mener à bien Touch Sanitation, à raison d’horaires décalés, de tournées de collectes d’ordures interminables sur les cinq subdivisions de l’agglomération new-yorkaise. Faire corps avec cette profession permettait de démontrer combien le ramassage d’ordure et le nettoyage étaient des postes clef ; ces hommes détenaient un pouvoir crucial masqué par l’infamie de leur tâche. Sans ramassage d’ordures quotidien, la ville s’asphyxie et le désordre social s’avère inéluctable, des exemples contemporains en attestent. Ukeles choisit de photographier et de filmer ce travail ingrat avec la ferme conviction de célébrer les hommes les plus importants de la ville alors même que ces derniers étaient assimilés dans l’esprit du quidam au contenu de leurs camions.

      « En tant que femme, j’ai eu le sentiment, et particulièrement lorsque je suis devenue mère, que je faisais mon entrée dans la classe millénaire des femmes d’entretien. Le problème c’est qu’on ne m’a pas demandé d’y entrer. J’ai choisi consciemment ces éboueurs parce qu’ils effectuaient une tâche de genre féminin pour la ville, une tâche semblable à celle des femmes au foyer. Et ces hommes me disaient : « Vous savez pourquoi les gens nous détestent ? Parce qu’ils nous prennent pour leur mère, leur bonne ». Et moi je leur répondais : « Est-ce que vous vous rendez compte à qui vous dites cela !? » Pour moi, cela signifiait qu’en tant que femme, il est normal de me détester parce qu’on dépend de moi. » confie Ukeles.

      https://seenthis.net/messages/99780

      @colporteur Ca te coute quoi de dire que c’est pas une comparaison judicieuse et qu’on revienne au sujet de l’article ? Un sujet tout de même un peu plus important que l’ego des chômeurs non SDF et misogynes. J’hallucine toujours face aux hommes comme toi qui se croient 100% à l’abri de dire ou faire du sexisme.
      Si les hommes devenaient moins viriles pendant qu’ils sont au chômage (ou en emploi ou à la retraite ou dans n’importe quel configuration), ca serait un bienfait pour eux, pour leurs compagnes, pour leurs enfants, pour l’humanité et même pour les non-humains et la planète.

    • l’égo ça parle de qui ? des millions de chômeurs et chômeuses ou des artistes (et c’est souvent les mêmes) ? d’une condition sociale massivement vécue ? réalisez-vous, puisque c’est la norme, impossible, mais ne faites pas croire que pour le chômeurs mêmes « hommes » ce soit pas un PROBLÈME.

  • La horde d’or. Italie 1968-1977 | Editions de l’éclat
    http://www.lyber-eclat.net/livres/la-horde-dor

    Livre d’histoires et d’analyses politiques, compilation de documents, tracts, chansons, articles de revues ou manifestes, témoignages à la première personne et au jour le jour d’une révolte, devenue « transformation radicale de la vie quotidienne, utopie, besoin de communisme, révolution sexuelle, lutte armée, etc. », La horde d’or est un ouvrage de grande ampleur qui parcourt l’histoire politique italienne, depuis les prémisses des années 60 jusqu’à la fin des années 70, qui verront s’exténuer les espérances et les jubilations d’une génération « outrageusement » enthousiaste. Ouvrage transgenre ou transversal, La horde d’or permet de combler un « manque d’histoire » de la fin du XXe siècle, et apporte une information de première main et de première importance sur dix années qui ébranlèrent non seulement l’Italie, mais également l’Europe, et dont l’actualité resurgit, près d’un demi-siècle plus tard, dans les mouvements et les luttes du jeune XXIe siècle, pour signifier l’inanité des réponses institutionnelles qui ont été apportées à la crise « créative, politique et existentielle » à laquelle nous sommes confrontés.