• Aux Etats-Unis, l’épidémie d’overdoses atteint un nouveau pic
    http://abonnes.lemonde.fr/planete/article/2017/12/29/aux-etats-unis-l-epidemie-d-overdoses-atteint-un-nouveau-pic_5235517

    Ainsi, en 2016, une personne est morte toutes les huit minutes d’une surdose de drogues. Sur les 63 600 victimes, plus de 42 000 ont succombé à une overdose d’opioïdes, en grande partie obtenus sur prescription médicale, ce qui représente une hausse de 28 % par rapport à l’année précédente.

    Et 2017 s’annonce tout aussi sombre. Au point que les autorités sanitaires américaines lient désormais ces décès à l’une des statistiques les plus préoccupantes de ces dernières décennies : l’espérance de vie des Américains a baissé pour la deuxième année consécutive, un phénomène inédit depuis le début des années 1960. Deux autres raisons contribuent à expliquer cette tendance : la maladie d’Alzheimer et les suicides.

    Cette évolution correspondrait à la consommation de plus en plus fréquente du puissant fentanyl (+ 88 % entre 2013 et 2016), une drogue de synthèse délivrée sur ordonnance, mais également accessible sur Internet ou dans la rue. Ses effets dévastateurs sont accentués par la mise sur le marché de cachets contrefaits, fabriqués en Chine ou au Mexique. Une nouvelle tendance que les autorités peinent à circonscrire, en dépit des promesses de Donald Trump de mettre fin à « l’inondation » du marché américain par le fentanyl venu de Chine.

    En attendant, le décompte macabre annuel a provoqué une prise de conscience dans l’opinion publique et chez les professionnels de santé. Aujourd’hui, aux Etats-Unis, tout le monde ou presque connaît de près ou de loin une personne dépendante aux antidouleurs.

    Selon les estimations officielles, 97 millions de personnes ont pris des opiacés en 2015. Parmi elles, 12 millions en ont consommé sans avis ni prescription d’un médecin. Et près de 2 millions souffrent de troubles qui y sont liés. Aussi, 76 % des Américains considèrent les prescriptions excessives d’antidouleur comme un problème de santé publique « grave ou très grave », selon le Pew Research Center ; ils étaient 63 % en 2013.

    #Opioides #USA

    • Addiction Inc. Marketing wizards and urine-testing millionaires: Inside the lucrative business of America’s opioid crisis.

      America’s Addiction Crisis ranks among the great epidemics of our age. Millions of people have fallen victim to painkiller abuse, alcoholism, the rise of meth and the revival of heroin. Sorrowful tales of death at a young age and of families torn apart have become a defining feature of the early 21st century American experience.


      https://www.nytimes.com/interactive/2017/12/27/business/addiction-inc.html
      #business #économie
      #paywall

    • La crise des opioïdes aux États-Unis. D’un abus de prescriptions à une épidémie aiguë

      La mortalité par abus de médicaments antidouleur (painkillers) constitue aujourd’hui une problématique majeure aux États-Unis. Depuis 2000, la consommation d’opioïdes – sous forme légale, détournée ou illégale – a causé plus de 300 000 décès par surdose, donnant lieu à une crise sanitaire sans précédent.

      La crise des opioïdes est responsable de plus des deux tiers des 72 000 décès par surdose aux États-Unis en 2017.

      L’épidémie a débuté dans les années 1990, lorsque la prescription des antidouleurs à base d’opioïdes, jusqu’alors réservés au traitement des cancers, a été élargie à tous les types de douleur chronique, ouvrant la voie aux stratégies commerciales des firmes pharmaceutiques productrices d’oxycodone. Au début de l’épidémie, les populations touchées sont celles qui ont les moyens de consulter un médecin : adultes de moins de 50 ans issus des classes moyennes, actifs, majoritairement blancs, résidant dans les Etats ruraux (notamment de la Rust Belt), hommes et femmes confondus. Puis, rapidement, l’effet d’accoutumance aux opioïdes a poussé ces patients à détourner l’usage des médicaments prescrits et à rechercher d’autres sources d’approvisionnement. Si les pouvoirs publics ont commencé à restreindre l’accès aux opioïdes légaux à partir de 2010, cela n’a pas empêché les usagers de se tourner vers des opioïdes illégaux : d’abord l’héroïne, vendue sur le marché noir par les cartels mexicains, puis, à partir de 2013, des opioïdes de synthèse plus puissants, notamment le fentanyl puis le carfentanyl, fabriqués par des laboratoires chinois et vendus sur internet. Le report sur ces autres produits a contribué à démultiplier le nombre de surdoses mortelles.

      À la différence de l’épidémie de crack dans les années 1980, dont les victimes issues des minorités ont fait l’objet de réponses jugées répressives, celles de l’épidémie d’opioïdes ont d’emblée été présentées comme des victimes auxquelles l’État doit apporter une réponse thérapeutique. Ainsi l’état d’urgence sanitaire a-t-il été proclamé en octobre 2017 par le président Trump. Un budget de six milliards de dollars a été dégagé pour permettre une prévention renforcée ainsi qu’un meilleur accès aux traitements de substitution et à la Naloxone, un antidote efficace en cas de surdose. Si certains laboratoires pharmaceutiques ont été lourdement condamnés, cette judiciarisation s’est accompagnée d’un effort de sensibilisation des médecins, incités à ne plus prescrire aussi facilement les opioïdes.

      L’épidémie, qui s’est élargie à toutes les catégories sociales, ne donnait pas de signes de ralentissement en 2017. Les estimations tablent sur au moins 500 000 décès de plus dans les années à venir.

      https://www.ifri.org/fr/publications/notes-de-lifri/potomac-papers/crise-opioides-aux-etats-unis-dun-abus-de-prescriptions

  • Des médecins se mobilisent contre les opioïdes, nouveau fléau de la société américaine
    http://abonnes.lemonde.fr/planete/article/2017/12/20/des-medecins-se-mobilisent-contre-les-opioides-nouveau-fleau-de-la-s

    En 2016, selon des statistiques officielles, 64 000 Américains sont morts d’une overdose ; 20 000 morts sont imputables à l’analgésique Fentanyl, 14 000 à des opioïdes obtenus sur prescription médicale.

    Globalement, il est admis que plus de 11 millions de personnes font un mauvais usage des opiacés et que près de 2 millions souffrent de troubles qui y sont liés. Aussi, environ 80 % des personnes dépendantes à l’héroïne ont commencé avec des opioïdes obtenus sur prescription. Aujourd’hui, 76 % des Américains estiment que les surprescriptions d’antidouleur sont un problème de santé publique « grave ou très grave », selon Pew Research Center ; ils étaient 63 % en 2013.
    Des causes multiples

    Comme tous les experts qui ont travaillé sur le sujet, le docteur Meisenberg sait que les causes de cette épidémie sont multiples. Et il ne veut blâmer personne en particulier. Ni les entreprises pharmaceutiques, qui poussent à la consommation sans toujours prévenir des dangers – plusieurs d’entre elles sont actuellement poursuivies devant la justice américaine. Ni les patients, qui demandent à être soulagés à tout prix et qui ont pris l’habitude de noter leur médecin en fonction de leur degré de satisfaction. Ni les compagnies d’assurance qui remboursent mieux les antidouleurs puissants et addictifs. Ni les associations professionnelles de médecins qui, durant des années, ont défendu l’idée que la douleur des patients était sous-traitée.

    « Mais, au final, qui prescrit les opioïdes ?, demande M. Meisenberg. Ce sont les médecins. Les prescriptions excessives sont donc notre problème. » Fort de cette conviction, il a lancé une offensive auprès de plusieurs services de son hôpital – urgences et chirurgie orthopédique notamment – pour inciter les médecins à s’interroger sur leurs pratiques. « On leur a demandé le compte exact de ce qu’ils prescrivaient et pour quelles raisons. Certains ont été surpris de découvrir qu’ils prescrivaient autant d’opioïdes. »

    Barry Meisenberg reconnaît que cette enquête a bousculé la culture d’un milieu où les professionnels de santé n’apprécient guère d’être comparés à leurs confrères. « Mais dans leur entourage même, il y a des cas de personnes dépendantes. Face à un tel fléau, tout le monde a compris qu’il fallait faire quelque chose. »

    Et les résultats sont spectaculaires. Sur son ordinateur, le cancérologue montre des courbes descendantes. Entre janvier et juillet, le nombre d’opioïdes commandés a baissé de 29 % ; au service des urgences, les prescriptions ont diminué de 50 % ; la fréquence des rendez-vous qui ont débouché sur une prescription a connu une chute de 25 %.

    Une seule courbe est à la hausse et le médecin s’en réjouit : il s’agit du degré de satisfaction des patients dans le traitement de la douleur. En juillet 2016, 46 % estimaient qu’elle avait été bien gérée ; ils étaient 63 % un an plus tard, malgré une consommation revue à la baisse. Ces résultats vont à l’encontre des critiques craignant qu’une telle politique ne soit néfaste à la prise en charge des patients. « On aura toujours 1 % de gens mécontents, reconnaît M. Meisenberg, en précisant qu’il n’est pas question d’élargir cette expérimentation au département d’oncologie ni aux unités de soins palliatifs. Pour ces patients, pas question de limiter le nombre de pilules. »

    #Opioides