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  • JO 2024 : le futur complexe aquatique d’Aubervilliers menace les jardins ouvriers
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/03/07/le-complexe-aquatique-d-aubervilliers-menace-les-jardins-ouvriers_6072285_32

    L’implantation d’un solarium et les futurs travaux du #Grand_Paris_Express vont provoquer des #expulsions de #jardiniers, au moment même où la nécessité de lutter contre les îlots de chaleur et celle de produire « local » semblaient s’affirmer.

    Les premiers jardiniers, une vingtaine, devront avoir quitté les lieux d’ici à fin avril, avertit le courrier reçu cet hiver par l’association des #jardins_ouvriers d’#Aubervilliers, dite des « #Vertus ». Les travaux de la piscine, futur bassin d’entraînement des Jeux olympiques (#JO) de 2024, débutent en mai. Une fois les athlètes partis, quinze autres jardiniers devront laisser place aux grues du Grand Paris Express, le futur métro de la métropole.

    Et qu’importe l’attachement à ces parcelles centenaires du nord de la capitale, ou les promesses d’élus jurant qu’on n’y toucherait pas. Ces projets sont « d’intérêt public », rappelle le propriétaire, l’établissement public Grand Paris Aménagement.

    #gpii #urbanisation_toxique #paywall

  • La ZAD de Gonesse officiellement menacée par l’expulsion | Eva Fontenelle
    https://www.bondyblog.fr/reportages/la-zad-de-gonesse-officiellement-menacee-par-lexpulsion

    Alors que le tribunal de Pontoise vient d’ordonner l’expulsion des militants de la Zone à défendre de Gonesse, les défenseurs de cette zone agricole restent déterminés à l’idée d’empêcher la construction de la gare de la ligne 17 du Grand Paris Express. Reportage. Source : Bondy Blog

  • Juppé, mensonges et génocide : retour sur une séquence - Bondy Blog
    https://www.bondyblog.fr/opinions/billet-dhumeur/juppe-mensonges-et-genocide-retour-sur-une-sequence

    Je me rappelle, j’étais assez stressé, j’avais 15 ans à l’époque, bientôt 16. Puis je prends le micro : « Bonjour monsieur Juppé, il y a 21 années de cela vous avez été ministre des affaires étrangères sous le gouvernement Balladur. J’ai ici un livre de Patrick de Saint-Exupéry qui dit que l’opération Turquoise était biaisée dès le début, du fait que le pouvoir politique a envoyé notre armée dans un piège. Le pouvoir politique monsieur Juppé c’était vous à l’époque. Donc comment être sûr que votre politique internationale en tant que président de la République si vous le devenez sera différente de celle en tant que ministre des affaires étrangères ? »

    Alain Juppé répondit en disant : « C’est pour moi un sujet extrêmement sensible et douloureux. Il m’arrive rarement de perdre mon sang froid mais sur ce sujet là ça m’arrive parfois. Parce que je trouve que le procès qui est fait à la France, y compris par l’auteur que vous citez, est scandaleux. Je n’hésite pas à dire que c’est une falsification historique, l’idée que la France aurait été complice du génocide perpétré contre les Tutsi par les Hutu est une falsification historique. L’opération Turquoise a eu pour effet de sauver des centaines de milliers de vies, c’était une opération humanitaire qui ne visait pas à prendre partie d’un côté plutôt que de l’autre mais à protéger les populations. Ne simplifions pas l’histoire et ne faisons pas porter à la France un chapeau qui n’est pas le sien. »

  • Les assistantes sociales débordées dans les écoles de Seine-Saint-Denis | Hervé Hinopay
    https://www.bondyblog.fr/societe/education/les-assistantes-sociales-debordees-dans-les-ecoles-de-seine-saint-denis

    En Seine-Saint-Denis, alors que la crise sociale s’allie à l’épidémie de Covid-19, les assistants sociaux des établissements scolaires se retrouvent en sous-effectif face à un besoin croissant des familles. Beaucoup d’entre eux tirent la sonnette d’alarme. Source : Bondy Blog

  • Ils s’appelaient Artin, Armin et Anita | Céline Beaury
    https://www.bondyblog.fr/societe/migrations/ils-sappelaient-artin-armin-et-anita

    Par Céline Beaury Le 18/01/2021 Le 27 octobre 2020, une embarcation chavire en plein milieu de la Manche. À son bord, 22 exilés qui viennent de quitter les côtes françaises, déterminés à rejoindre la Grande Bretagne avec l’espoir de meilleurs lendemains. Cinq d’entre eux ne seront pas repêchés à temps. Les quatre membres d’une même famille kurde iranienne, et un disparu, le dernier de la fratrie, un enfant de 15 mois. Une histoire de famille aussi funeste que le silence qui l’accompagne. Source : Bondy Blog

  • Ma préfecture va craquer, avec ou sans Covid | Arwa Barkallah
    https://www.bondyblog.fr/societe/ma-prefecture-va-craquer-avec-ou-sans-covid

    2 mois, 6 mois, 1 an, 2 ans d’attente... Avec la pandémie, les préfectures de police tardent à délivrer les titres de séjour laissant de nombreuses personnes livrées à elles-mêmes, dans une précarité administrative et sociale. Mais si la pandémie a aggravé la situation, les dysfonctionnements multifactoriels pré-existants perdurent depuis longtemps. Reportage. Source : Bondy Blog

  • [vidéo] Meeting contre les lois séparatisme et sécurité globale
    https://www.bondyblog.fr/opinions/tribune/meeting-en-live-contre-les-lois-separatisme-et-securite-globale

    Live animé par le collectif du 10 Novembre contre l’islamophobie pour évoquer les enjeux des lois contre le séparatisme et pour la sécurité globale. Avec : Me Guez Guez (avocat du CCIF), les représentantes de l’association Lallab, le chercheur Omar Slaouti, Youcef Brakni (membre du collectif Adama), et d’autres personnalités pour mieux comprendre ce qu’il se passe autour de ces deux projets de loi. Durée : 1h50. Source : Bondy Blog

  • « Ils l’ont arraché à nous, mais on se battra jusqu’au bout » | Margaux Dzuilka
    https://www.bondyblog.fr/societe/police-justice/ils-lont-arrache-a-nous-mais-on-se-battra-jusquau-bout

    Depuis la fin du mois d’octobre, les réseaux sociaux sont le terrain d’une nouvelle lutte, celle pour Olivio Gomes, ce jeune homme noir de 28 ans, tué de trois balles par un policier de la BAC à Poissy. Si l’agent est aujourd’hui mis en examen pour homicide volontaire, la famille Gomes se bat, en ligne, pour rétablir la vérité, raconter le jeune père de famille qu’était Olivio mais aussi pour tous les autres, morts lors d’interventions des forces de l’ordre. Source : Bondy Blog

  • Le récit glacant de Fatoumata, victime de violences gynécologiques | Eva Fontenelle
    https://www.bondyblog.fr/societe/sante/le-recit-glacant-de-fatoumata-victime-de-violences-gynecologiques

    Fatoumata, jeune mère de famille de 32 ans, était enceinte de cinq mois en septembre dernier. Victime d’une fausse couche, elle décide d’accoucher à l’hôpital Jean-Verdier de Bondy. Une épreuve déjà difficile qui va se transformer en cauchemar pour la patiente, choquée à vie par cette expérience traumatisante à l’hôpital. Pour éveiller les consciences autour des violences gynécologiques, elle a décidé de raconter ce qu’il s’est passé. Source : Bondy Blog

  • « On a plus peur de mourir de faim que du virus » chez les exilés de Saint-Denis | Kab Niang
    https://www.bondyblog.fr/reportages/on-a-plus-peur-de-mourir-de-faim-que-du-virus-chez-les-exiles-de-saint-den

    Il est presque 10h ce samedi matin, à Saint-Denis. Les rues sont désertes ou presque. Nous sommes au deuxième jour de ce nouveau confinement annoncé par Emmanuel Macron, et mis en place depuis le 29 octobre dernier. Sous le périphérique, à quelques pas du Stade de France, des centaines de personnes vivent dans un camp. Source : Bondy Blog

  • Marwan Mohammed : « C’est une chasse débridée et violente qui s’est ouverte »
    https://www.bondyblog.fr/politique/marwan-mohamed-cest-une-chasse-debridee-et-violente-qui-sest-ouverte

    Avec le sociologue du CNRS Marwan Mohammed, le Bondy Blog revient sur l’emballement médiatique et politique après l’assassinat de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie et d’éducation morale et civique, le 16 octobre à Conflans Sainte Honorine, visé par un attentat meurtrier pour avoir enseigné la liberté d’expression en montrant dans son cours les caricatures reprises par Charlie Hebdo. Entretien. Source : Bondy Blog

  • David Dufresne : Face aux violences policières « Je n’ai pas le temps pour le découragement » - Bondy Blog
    https://www.bondyblog.fr/culture/david-dufresne-face-aux-violences-policieres-je-nai-pas-le-temps-pour-le-d

    C’était un film très attendu. « Un pays qui se tient sage » est en salles, et il fait déjà beaucoup de bruit. Le documentaire du journaliste David Dufresne questionne « la violence légitime de l’État » au regard notamment de la brutalité policière subie par les gilets jaunes en 2018 et 2019. Au cours d’un entretien fleuve, Anissa Rami a notamment abordé avec lui la question des quartiers populaires dans le film. Interview.

    @davduf je n’ai pas encore vu ton film mais je le soutien les yeux fermés tant qu’il m’en reste deux et de le voir avant d’être borgne !

  • « Notre corps, nous mêmes » : le livre qu’il nous manquait - Bondy Blog
    https://www.bondyblog.fr/culture/notre-corps-nous-memes-le-livre-quil-nous-manquait

    C’était peut-être le livre qu’il manquait. En même temps qu’elle porte un héritage des luttes historique pour les droits des femmes, cette édition réactualisée du livre Our Bodies, Ourselves, publié en 1973 aux États-Unis (et traduit en français en 1977 sous le titre Notre corps, nous-mêmes), s’inscrit dans les enjeux actuels de notre société traversée par un renouveau du mouvement féministe.

    Cet ouvrage collectif retrace avec minutie les problématiques multiples auxquelles les femmes sont confrontées tout au long de leur vie (des normes de genre à la sexualité, en passant par le travail salarié et domestique, les violences sexuelles ou le rapport à l’institution médicale). Dans cette quête de vérités, le manuel recoupe plus de quatre cents témoignages de femmes, cis, trans, et personnes non-binaires. Et sans doute que cette rentrée scolaire est une bonne occasion de mettre à disposition ce manuel de santé féministe dans les CDI et de toutes les médiathèques.

  • Une victoire pour la famille de Lamine Dieng, un espoir pour les familles de victimes | Ilyes Ramdani
    https://www.bondyblog.fr/societe/police-justice/une-victoire-pour-la-famille-de-lamine-dieng-un-espoir-pour-les-familles-d

    Sur la place de la République, la treizième commémoration de la mort de Lamine Dieng vient marquer une victoire après treize ans de lutte pour la justice et la vérité de sa famille : un accord à l’amiable de 145 000 euros a été trouvé avec l’État français. Une avancée qui donne de l’espoir aux familles des victimes. Reportage. Source : Bondy Blog

  • Aucune lutte ne réussit dans l’humiliation - Bondy Blog
    https://www.bondyblog.fr/opinions/aucune-lutte-ne-resiste-dans-lhumiliation

    Psychologues, chercheurs∙ses et études sont venu∙es confirmer l’impact des vidéos montrant des violences policières contre nos corps Noirs sur notre psyché : anxiété, dépression, peur de sortir, troubles du sommeil et de l’appétit, sentiment de peur démultiplié lorsqu’en contact avec la police… c’est-à-dire des troubles du stress post-traumatique.

    Alors que beaucoup d’entre nous se retrouvent dans un état de trauma renouvelé, nos collègues de travail n’ont eux, la plupart du temps pas vécu ces meurtres comme des actes de terreur les visant indirectement. Ils n’ont pas été traumatisés. Si ce n’avait pas été pour les propriétés qui ont brûlé, beaucoup en Europe ne savaient en réalité pas ce qu’il se passait et ne s’en seraient pas souvenu. Cela nous pousse soit à internaliser nos peines, soit à nous exposer aux sanctions et aux contrôles lorsque nous parlons. Nous sommes alors jugés peu professionnel∙les.

    Pourtant, dès qu’il s’agit de dénoncer la violence raciale infligée à des personnes Noires, nous nous retrouvons avec des images humiliantes qui circulent (en mer Méditerranée qualifié∙es de migrant∙es, en Libye qualifié∙es d’esclaves, dans les vidéos de violences policières bientôt qualifié∙es de criminel∙les). Son caractère systématique en montre la fonction raciale.
    L’humiliation comme outil de domination raciale

    Les images de lynchages étaient des cartes postales, les images de nos corps de femmes colonisées s’échangeaient entre les colons et en Europe, les films de propagandes coloniaux, les zoos humains, ont largement servi à justifier aux yeux du monde se définissant comme blanc la mission civilisatrice mise en branle. La duplicité de l’ordre racial, qui se réclame d’une supériorité des valeurs morales (humanisme, universalisme, civilisationisme, humanitarisme, féminisme etc.) pour justifier son usage monopolistique de la violence, est construite en grande partie par l’image. Montrer nos corps humiliés fait de nous des corps humiliables.

    Depuis 10 ans, filmer la police dans sa violence est l’un des outils que beaucoup d’entre nous ont utilisé comme protection dans beaucoup de situations. La mort de George Floyd a été filmé par une jeune femme Noire de 19 ans. La mort de Breonna Taylor n’a pas été filmée alors qu’elle se faisait tuer par la police, de plusieurs balles, dans son lit, chez elle, alors qu’elle dormait. Beaucoup de familles de victimes en France aimeraient pouvoir appuyer leur réclamation de justice de vidéos (celles de Lamine Dieng, Zineb Redouane, Wissam El Yamni, Babacar Gueye, Gaye Camara, Ibrahima Bah, Adama Traoré et trop d’autres). Nous savons que ce qui est filmé n’est qu’une portion congrue de la violence qui est exercée contre nos corps et lorsque nous parlons d’instruments de lutte contre les violences policières, nous conseillons toujours de filmer. Filmer est devenu un nouvel instrument nous permettant de rendre visible ce qui avant été caché, avec l’espoir que ces violences étaient perpétuées parce que cachées.

    Puisque nous savons que les images de meurtres par des policiers de personnes Noires sont traumatisantes, il nous faut nous demander : en quoi cela sert-il la lutte ? Et plus centralement, pour celles et ceux d’entre nous, comme moi, qui refusent d’utiliser des instruments nous traumatisant comme stratégies de lutte : comment continuons-nous à nous battre pour la justice et la liberté sans mobiliser des techniques qui nous retraumatisent ? Comment répondons-nous aux actes de terreur à notre encontre ?

    Il nous faut refuser, à la suite d’Audre Lorde, d’utiliser les outils de maître, pour lutter contre les actes de terreurs perpétrés à notre encontre. Alors que pouvons-nous faire ?
    Contrôler l’usage que nous faisons des images de nos corps

    Se préparer à faire le deuil

    Diminuer la présence de la police dans nos vies

    Penser un avenir sans police, ni prison

    Laurence MEYER

    #police #violence #corps_noirs #personnes_racisées #racisme

  • « Ça nous dépasse et c’est ce qu’on veut » : comment le comité Adama a réussi une mobilisation surprise contre les violences policières, Abel Mestre et Louise Couvelaire
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/06/08/justice-pour-adama-histoire-d-une-mobilisation_6042118_3224.html


    Assa Traore, la sœur d’Adama Traore, lors de la manifestation du 2 juin devant le tribunal judiciaire de Paris. Michel Euler / AP

    Le 2 juin, au moins 20 000 personnes manifestaient à Paris, à l’appel du comité La Vérité pour Adama Traoré, mort en 2016 après une interpellation par les gendarmes. Jeunes des quartiers, « gilets jaunes », lycéens : l’ampleur du rassemblement a pris tout le monde de court.

    Les jeunes des quartiers « qui ne se mobilisent jamais », des personnalités « qu’on avait jamais vues avant », des « gilets jaunes » « qui n’imaginaient pas avoir des points communs avec cette lutte », des lycéens militants du climat « qui veulent que le monde change », des Blancs plus aisés aussi « qui commencent à comprendre qu’ils ont leur part dans ce combat ». Ils étaient tous là, le mardi 2 juin, devant le tribunal judiciaire de Paris, pour faire entendre leur voix et leur colère face aux violences policières, à l’appel du comité La Vérité pour Adama, ce jeune homme de 24 ans mort sur le sol de la caserne de Persan (Val-d’Oise) en juillet 2016, après une interpellation musclée par les gendarmes. 20 000, selon la Préfecture de police, au moins 60 000, selon les organisateurs.

    Sa sœur, Assa Traoré, ne s’y attendait pas. Ni les militants aguerris qui l’entourent. « Cette mobilisation marque une rupture générationnelle, analyse Almamy Kanouté, du comité Adama. Ils sont jeunes, voire très jeunes. » Personne n’avait vu venir l’ampleur de la mobilisation, qui s’est poursuivie ce week-end dans plusieurs villes de France. Un peu plus de 23 000 personnes au total se sont rassemblées à Paris, Lyon, Marseille, Lille, Bordeaux…

    « Conscientisation accélérée »

    Dans les rangs des militants, on parle d’une conjonction d’événements participant à une « conscientisation accélérée » sur le sujet d’une génération – celle qui marche aussi pour le climat – qui ne craint pas de renverser les normes, d’une « coïncidence parfaite » après des décennies de lutte contre le racisme et quatre années de combat du comité Adama, une machine de guerre qui ne s’essouffle pas, bien au contraire.

    Sans QG ni financements pérennes, mis à part la vente de tee-shirts, c’est dans le Val-de-Marne, dans le salon d’Assa Traoré, que tout se passe et se pense, autour d’un grand canapé en cuir noir qui mange la moitié de la pièce.
    « Justice pour Adama », c’est avant tout un combat pour la vérité sur la mort d’Adama Traoré ; c’est une procédure judiciaire à rebondissements, jalonnée d’expertises et de contre-expertises médicales ; c’est un visage, celui d’Assa Traoré, la grande sœur charismatique, figure de proue de la lutte contre les violences policières ; c’est, en coulisses, un comité qui œuvre pour multiplier ses actions dans les quartiers populaires, faire tourner sa propre plate-forme d’informations sur les réseaux sociaux et construire des alliances stratégiques avec des organisations de la gauche extra-parlementaire.

    Depuis le 2 juin, c’est un slogan, un cri de colère et de ralliement, la version française du mouvement de protestations planétaire né aux Etats-Unis le 25 mai, jour de la mort – filmée – de George Floyd, afro-américain de 46 ans, lors de son interpellation par un policier blanc. « Justice pour Adama », c’est la traduction de ses derniers mots, « I can’t breathe » (« Je ne peux pas respirer »), qui s’affichent dans toutes les manifestations. « Ce sont aussi ceux que mon frère a prononcés avant de mourir », martèle Assa Traoré. L’onde de choc mondiale provoquée par les images de la mort de George Floyd et la vague Black Lives Matter « a mis une claque à la planète » , dit-elle. Et trouvé un écho en France.

    « Adama » est partout

    Le confinement et la succession d’histoires de violences policières pendant cette période ont « créé une indignation qui s’est propagée sur les réseaux sociaux pendant des semaines », a observé Massy Badji, 37 ans, entrepreneur social à Châtillon (Hauts-de-Seine) et professeur dans un lycée pro. « Après tout ça, je ne pouvais plus rester derrière mon écran d’ordinateur sans rien faire », raconte Saly, la vingtaine, gestionnaire dans une entreprise des Hauts-de-Seine. Le 2 juin, elle est allée manifester pour la première fois de sa vie. Pour George Floyd et pour Adama Traoré, dont elle connaissait « évidemment ! » l’histoire.

    Cela fait quatre ans que la grande sœur d’Adama scande et impose le prénom de son petit frère, « partout où il y a de l’injustice, de l’inégalité et de la répression », explique Assa Traoré, qui refuse de parler de « convergence des luttes ». « Chacun garde sa spécificité, mais on peut faire alliance, être là les uns pour les autres quand il faut. » « Adama » est partout.

    On l’a vu se battre aux côtés des agents de nettoyage des gares ; défiler avec des cheminots du syndicat SUD-Rail pendant les manifestations des « gilets jaunes » en décembre 2018 ; rejoindre les jeunes de Youth for Climate en septembre 2019 ; occuper un centre commercial avec les écologistes du mouvement Extinction Rebellion (XR) un mois plus tard et apporter son soutien au collectif contre l’enfouissement des déchets nucléaires de Bure (Meuse).
    Le comité est surtout, de toutes les manifestations et marches blanches contre les violences policières. Et, plus discrètement, dans les quartiers populaires de France. Cela fait trois ans que, avec les membres du comité Adama, Assa Traoré arpente les cités du pays pour « discuter avec les jeunes ».

    « La voix des quartiers »

    Symbole le plus connu en France de la lutte contre les violences policières, « Justice pour Adama » devient aussi celui d’un combat, « la voix des quartiers » contre « le racisme, les discriminations et les inégalités », et occupe le vide laissé par les organisations antiracistes traditionnelles des années 1980 [Pas bravo Le Monde : SOS race a été crée par le PS pour faire le vide là où de nombreuses formes d’auto-organisation des premiers concernés se développaient...] Aussi bien SOS-Racisme que le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) sont en perte de vitesse depuis plusieurs années. « Le comité Adama est devenu un point d’accroche pour la communauté noire, pour les Arabes aussi, pour tous ceux qui n’avaient plus d’organisation ou de figure à laquelle se raccrocher », commente Assa Traoré.

    Conscient d’avoir un rôle politique à jouer pour construire un mouvement populaire large, il n’est pas question pour autant pour le comité d’être sous la tutelle d’un parti comme le furent à leur époque SOS-Racisme (Parti socialiste) et le MRAP (Parti communiste), malgré l’appui de plusieurs d’entre eux, comme notamment le Nouveau Parti anticapitaliste, La France insoumise et Europe Ecologie-Les Verts, ou le Parti communiste. « Personne ne pourra nous récupérer, on a appris des erreurs de nos aînés , lance Youcef Brakni, du comité Adama. Nous sommes politisés et politiques, mais au sens noble du terme. »

    Le comité accepte néanmoins le soutien d’élus à titre individuel, comme celui des députés « insoumis » Eric Coquerel et Clémentine Autain (Seine-Saint-Denis), ou la sénatrice Verte de Paris Esther Benbassa. « Eux étaient bienvenus mardi. En revanche, François Ruffin aurait été reçu autrement… », souligne Madjid Messaoudene, élu municipal sur le départ à Saint-Denis et soutien actif de longue date du comité Adama. Le député de [l’IGPN de] la Somme avait, en effet, déclaré en septembre 2017 lors d’un meeting qu’il voulait « mener l’enquête d’abord » avant de « se positionner ». Des propos qui lui sont encore reprochés aujourd’hui.

    « Le comité Adama dénonce un système, comme nous, les anticapitalistes, et comme beaucoup d’autres », explique Anasse Kazib, cheminot syndicaliste SUD-Rail, présent à toutes les marches pour Adama, organisées chaque été à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise), où habitait le jeune homme.

    Soutien aux « gilets jaunes »

    C’est le cas de l’Action antifasciste Paris-banlieue (AFA). Ses militants étaient tous là mardi soir, il était même prévu qu’ils interviennent – un texte avait été écrit – mais ils ont « finalement fait la sécu ». Camille, l’un de ces antifascistes, raconte : « On est en lien avec eux depuis juillet 2016. Les ex du Mouvement de l’immigration et des banlieues [MIB] qui sont proches de nous ont joué un rôle. Et notre composition sociale et raciale fait que les choses se font naturellement. C’est une génération des quartiers populaires qui lutte avec des petits Blancs. » Les antifascistes de l’AFA estiment que ce que subissent les militants radicaux depuis les manifestations contre la loi travail en 2016 est la reproduction de ce qu’il se passe depuis des décennies dans les quartiers populaires contre « les Noirs et les Arabes ».

    Autre point de convergence : le mouvement des « gilets jaunes ». Le comité Adama a soutenu les manifestants et les antifascistes ont été de tous les « actes », participant à certains points de blocage, comme au Marché international de Rungis. « Tous les “gilets jaunes” de Rungis étaient là mardi soir », assure Camille. Pour lui, il y a un point commun entre le comité Adama, les « gilets jaunes », les zadistes ou encore le cortège de tête dans les manifestations syndicales : « Assumer l’antagonisme avec la police. » Edouard (un prénom d’emprunt), militant autonome et également « gilet jaune », abonde : « On voit que la lutte contre les violences policières et la lutte contre le gouvernement est un tout, presque une continuité. »

    En arrière-plan, c’est la lutte contre un système « de domination » qui se joue, avec des messages venus d’outre-Atlantique fondés sur le « privilège blanc ». Ils ont inondé les réseaux sociaux et particulièrement Instagram depuis la mort de George Floyd : « Muted, listen and educate yourself » (« Taisez-vous, écoutez et éduquez-vous »), pouvait-on lire sur de multiples comptes, très relayés dans les milieux artistiques et de la mode.

    « On s’inscrit complètement dans cette logique en dénonçant le racisme systémique dans la police », acquiesce Assa Traoré. « On a longtemps été parasités par le Parti des indigènes de la République qui ne représente rien et qui n’a fait que créer des polémiques, explique Youcef Brakni. Aujourd’hui, il y a un changement de paradigme, une digue est en train de sauter. »

    « Je dois être là »

    Ces événements marquent le début « d’une prise de conscience, en tant que Blanche », abonde Cloé, 31 ans, réalisatrice de fictions et de films publicitaires, à Paris. « Je croyais être très au clair sur mon antiracisme, j’avais tout faux. Le 2 juin, je me suis dit : c’est le moment, je ne dois pas parler pour eux, mais je dois être là. » Pour les militants de l’antiracisme décolonial ou politique, Cloé est une « alliée ». « L’antiracisme des alliés est une transformation radicale, analyse la sociologue Nacira Guénif, proche des milieux décoloniaux. Ils sont en train de comprendre qu’il ne faut pas faire à notre place, mais avec nous. »

    « La jeune génération a moins de réticences à se remettre en question, à questionner la norme, à utiliser des mots qui font peur aux générations précédentes, affirme Dawud, militante afro-féministe parisienne de 28 ans. Pour eux, parler de “blanc” ne pose aucun problème. »

    Comme Gabriel, lycéen parisien de 16 ans, venu manifester samedi 6 juin place de la Concorde, à Paris, qui ne veut « plus de ce monde-là », ne veut « plus laisser passer ça ». « Ça », c’est « la violence de la police » envers les minorités ; « ça », c’est « la planète qu’on saccage » ; « ce monde-là », c’est aussi « la couleur de ma peau, blanche, qui, de fait, me confère une position dominante dans la société ». « Tout ça, c’est le même combat », conclut-il.

    « Même sans nous, le mouvement continue constate, satisfait, Youcef Brakni. Le comité Adama n’était à l’origine d’aucun des appels à manifester ce week-end. « Ça ne nous appartient plus, ça nous dépasse, et c’est ce qu’on veut. A chacun de prendre part au combat. »

    Face à l’événement. La classe dominante a le droit d’être informée de ce qui la menace. On en vient à ne pas dire (trop) n’importe quoi.

    #confinement #Irruption #police #racisme #justice #violences_policières #Morts_aux_mains_de_la_police #Adama_Traoré #Recomposition_politique #Manifestation_du_2_juin_2020 #Luttes #Faire_alliance #politisation #antiracisme #Vérité_pour_Adama_Traoré #cortège_de_tête #Gilets_jaunes #antifascistes #quartiers_populaires #lycéens #banlieues #cités

    • Le comité Adama appelle à un rassemblement national massif ce samedi à Paris
      https://twitter.com/laveritepradama/status/1270074397290835976

      Notre avocat a été contacté aujourd’hui par le cabinet de Madame Nicole Belloubet, ministre de la justice, garde sceaux.

      Il lui a été proposé d’organiser une rencontre entre le garde des sceaux et la famille d’Adama Traore.

      Contrairement à ce qu’affirme certains médias, sans avoir attendu la réponse de la famille Traoré, celle-ci refuse de rencontrer la garde des sceaux pour échanger.

      Elle demande depuis quatre ans que les gendarmes entre les mains desquels est mort Adama Traoré soient convoqués devant la justice, interrogés et mis en examen.

      La famille d’Adama Traoré rappelle qu’elle attend des avancées judiciaires, et non des invitations à la discussion qui n’auraient aucune finalité procédurale.

      C’est la raison pour laquelle le comité Adama appelle à un rassemblement nationale massif ce samedi au départ de la Place de la République à 14h30.

      La conférence de presse se déroulera demain 9 juin à 12h00 49bis Rue Louis Blanc, 75010 Paris.

      Bien joué ! Accepter un tel rendez-vous c’était devenir des justiciables plus égaux d’autres hors de tout cadre juridique, rendre service au gouvernement.
      C’est exceptionnel que le leurre si terriblement efficace de la reconnaissance institutionnelle ne fonctionne pas.

    • « Il ne faut pas perdre la jeunesse » : l’Elysée craint un vent de révolte
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/06/10/il-ne-faut-pas-perdre-la-jeunesse-l-elysee-craint-un-vent-de-revolte_6042430

      Emmanuel Macron prononcera dimanche une allocution depuis l’Elysée. L’occasion pour le chef de l’Etat d’apparaître en père de la nation, alors que les manifestations se multiplient.

      [...] « On a fait vivre à la jeunesse quelque chose de terrible à travers le confinement : on a interrompu leurs études, ils ont des angoisses sur leurs examens, leurs diplômes et leur entrée dans l’emploi. Il est normal qu’ils trouvent dans la lutte contre le racisme un idéal, un universalisme » , répète [le père de la nation] à ses interlocuteurs.

      Maxime du dentifrice

      Pour [le p. de la nation], le confinement a été pénalisant avant tout pour les jeunes, alors qu’il a d’abord été décidé pour protéger les plus âgés, davantage exposés au coronavirus. Un paradoxe qui, si l’on n’y prend garde, pourrait déboucher sur un « conflit de générations », craint M.

      [Le p.] partage les analyses de ceux qui estiment que la génération de #Mai_68 est responsable d’un certain nombre de maux du pays mais aussi du monde, notamment en matière d’écologie.

      [...] la menace sécessionniste est réelle au sein du pays, affirme-t-on au sein de l’exécutif. Pour le chef de l’Etat, l’affaire George Floyd entre en résonance avec un passé colonial non encore digéré. « La guerre d’Algérie reste un impensé » , aime répéter le locataire de l’Elysée, qui a tenté à plusieurs reprises de faire évoluer les mentalités sur ce sujet depuis le début de son quinquennat mais dit se heurter à l’absence d’interlocuteurs. « Il y a tout un travail à faire avec les historiens, mais cela prend du temps » , explique-t-on au cabinet [du p. de la nation].

      [...] « Le monde universitaire a été coupable. Il a encouragé l’ethnicisation de la question sociale en pensant que c’était un bon filon. Or, le débouché ne peut être que sécessionniste [le p. de la plantation Uber Frichti Amazon raconte sa vie, ndc]. Cela revient à casser la République en deux », estime en privé le chef de l’Etat, qui souligne notamment les ambivalences des discours racisés [sic] ou sur l’intersectionnalité [et qui] dit ne pas craindre une « FNisation » de la police. « Ce sont des citoyens comme les autres »_ , répète-t-il.

      #laquestionsociale #lajeunesse

    • Aujourd’hui, le toujours prêt Pelloux a voulu rendre service au gouvernement en ce jour de manif santé en déclarant sur BFN que place des Invalides des « tshirts Adama ont brûlé deux voitures »...

      Il y n’a pas eu de voitures brulées, pas plus que d’attaque par les manifestants du Premier mai 2019 de la Pitié-Salpétrière.