Se promettre de se retrouver dans la rue masqué au moment du déconfinement, c’est appeler à ruser avec la légalité qui proscrit de se dissimuler le visage dans l’espace public à un moment ou le manque de masques est su de tous, ressenti par un grand nombre de gens. C’est revendiquer de se jouer de la loi à partir d’une situation qui autorise un tel jeu. Un appel à un illégalisme bien éloigné de l’optimisation fiscale ou d’autres pratiques du genre mieux tolérées par l’État. Là est la violence dont il est question pour la police. Rien d’étonnant alors à ce qu’une perspective de maintien de l’ordre considère qu’une telle violence peut en appeler d’autres et que ce soit l’ensemble de ces violences qui doivent être prévenues et réprimées, car sinon comment en limiter la puissance ?
En plus des méthodes les plus connues (face aux manifs, aux occupations, aux grèves, aux actions), on peut s’attendre à toute sorte de coups tordus répressifs (compter sur des rivalités entre oppositionnels et les développer, par exemple, comme le fit le FBI contre les Black Panthers).
Par ailleurs, je trouverais pas mal de pas coller du nazi partout. Ça banalise. Et on risque de ne plus distinguer bien les modalités diverses de la délation, des abus de pouvoir, des pratiques policières, de punition, de lois d’exception, d’autoritarisme d’État. Il me semble que fascisme est plus plastique, variable historiquement. Et qu’à propos de la police, la qualifier de fascisante est bien suffisant.
Pour prévenir et réprimer le désordre qu’occasionnerait un grand nombre de manifestants masqués, les civils, les caméras de surveillance, les drones, et les salles de contrôle préfectorales auraient sans doute à être suppléées comme à Baltimore de moyens d’"enquête aérienne", comme à Baltimore, avec ses « trois avions équipés de caméras haute résolution au-dessus de la ville [dont] les systèmes d’imagerie peuvent photographier jusqu’à 32 miles carrés par seconde, permettant la reconstruction au ralenti de pratiquement tous les mouvements extérieurs. »
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Restera plus pour dérouter la police qu’à passer comme l’armée israélienne à travers les immeubles ? Rien de marrant, et c’est pas près d’arriver, même si les passages par les toits surveillés par hélicoptère lors d’affrontations en banlieue y invite, mais pas grand chose de nazi non plus.
Pour ce qui est des manifs sous le confinement, il y eu celle des soignants de l’hosto de je ne sais plus où dans le Nord (restée sur la parking de l’hosto), celles des travailleurs des Baras à Montreuil. J’ai pas connaissance d’autre exemple.
Pour ce qui est des affrontements avec la police, il y en a sporadiquement dans divers quartiers en ce moment aussi. Après trois morts lors d’opération de police (Béziers, Angoulème, Bruxelles) liées au confinement, on a affaire à Bruxelles à une des rares villes ou la banlieue est dans la ville (comme à Marseille), le populaire non trié en coeur de ville. C’est pas fréquent du tout, sauf de manière dispersée, diffuse, y compris à Paris même, ou comme petites enclaves, dans plein de villes, ce qui permet de cantonner et réprimer aisément les manifestations d’hostilité. On a plutôt des villes policées et des quartiers que l’on dit relégués où si des ripostes à la présence et à l’action de la police ont lieu, elles sont le plus souvent vouées à rester locales voire invisibles (contre exemple novembre 2005), sauf à faire l’objet de campagnes politiques (collectifs des blessés par la police Comité vérité pour Adama Traoré).
@tintin, la police (et le journal) dit « vous allez voir, on va essayer de gérer un truc qui risque d’être gros », ils sont pas dans le rabâché « les extrêmes se rejoignent » mais alertent sur une contestation qui a deux visages, celui de la gauche extraparlementaire (si on peut encore parler comme ça...) étant présenté comme potentiellement plus composite et donc susceptible d’être ingérable, et celui de l’extrême droite activiste. Par là il désignent un adversaire principal qui n’est pas de droite. Pas étonnant les flics sont plutôt fachos et le l’État-patron en redemande.
Quand la fascisation répond plus à une poussée révolutionnaire (cf Lazzarato), elle s’invente des menaces (cf @sombre : le risque est faible, cf @arno : avec son « camp », Lallement se pignole), entre intox et auto-intox.
#ennemi_intérieur #lejourd'après