• affordance.info: Quiétude Emmanuel Macron ?
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2019/03/quietude-emmanuel-macron-.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef0240a44adaa0200c-600wi

    par Olivier Ertzscheid

    Quiétude Emmanuel Macron ?

    Mais surtout, qui es-tu Emmanuel Macron ? Qui es-tu pour souhaiter la « quiétude » à la famille d’une femme de 73 ans violemment percutée par « les forces de l’ordre » et qui souffre aujourd’hui de plusieurs fractures au crâne sans que les médecins soient capables d’évaluer les séquelles à venir et après que son pronostic vital ait, un temps, été engagé ?

    Oui vraiment qui es-tu Emmanuel Macron ? Qui es-tu pour après plus de dix-neuf semaines de conflit, oser rajouter « mais pour avoir la quiétude il faut avoir un comportement responsable » ? L’irresponsabilité de cette femme de 73 ans, militante convaincue et essentiellement armée de convictions et d’un drapeau arc-en-ciel où était écrit « paix », son irresponsabilité fut donc de se trouver sur le lieu d’une manifestation non-déclarée ? Cela légitime-t-il quelque charge que ce soit ? De quelque force de « maintien de l’ordre » ? Contre une femme isolée de 73 ans ? Qui se trouvait de dos au moment de la charge ?

    Oui, vraiment qui es-tu Emmanuel Macron ? Qui es-tu, après lui avoir souhaité « un prompt rétablissement », pour oser rajouter, « et peut-être une forme de sagesse ? » Quelle ahurissante forme de mépris. Qui es-tu pour user d’une litote revenant à traiter cette femme de folle ?

    Qui es-tu Emmanuel Macron ? Comment peut-on oser à propos d’une femme qui vient d’être victime d’une charge de troupes supposées garantir le maintien de l’ordre, comment peut-on oser renverser la charge de la culpabilité sur celle qui est d’abord et avant tout victime en affirmant : « Quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci ». Mais Emmanuel Macron, quand on est fragile et qu’on peut se faire bousculer et que l’on se trouve, sans autre violence que celle de sa présence, dans un lieu que tu déclares interdit au nom du maintien de la répression plus qu’en celui de l’ordre, la république nous doit assistance et elle n’est pas supposée nous balancer la tête en avant contre un plot au risque de nous tuer. A 73 ans.

    Quelle sera la prochaine excuse Emmanuel Macron ? Quelle sera la prochaine menace ? Quel sera le prochain élément de langage Orwellien pour justifier l’injustifiable ? La guerre c’est la paix ? Manifester est un droit de rester chez soi ?

    #Gilets_jaunes #Violences_policières #Orwell

  • Pourquoi regarde-t-on la vidéo d’un homme qui en massacre d’autres ?
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2019/03/video-massacre.html

    La vidéo du massacre de Christchurch en Nouvelle-Zélande s’est produite le 15 mars. Elle était encore en ligne le 16 mars au matin à 8h30 sur Twitter. Le lendemain de l’attentat. Elle était même la première qui ressortait lorsque l’on cliquait sur le hashtag #Christchurch dans l’onglet vidéo. Facebook de son côté avait, au moins en surface, effectué un premier travail d’invisibilisation, d’obfuscation de la vidéo du massacre. Le gouvernement britannique a demandé aux réseaux sociaux mais également à des (...)

    #Facebook #algorithme #filtrage

    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef0240a49598c8200b-600wi

  • affordance.info : Fallait pas ... publier.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2019/03/fallait-pas-publier-.html

    Beaucoup de ces gens là ont simplement la trouille irraisonnée d’un média qu’ils ne comprennent pas et qu’ils vivent, parfois sincèrement et presque toujours hystériquement, comme une remise en cause de leur autorité et de leur légitimité. Ce sont ces fameuses aristocraties de la parole et de la publication qui ont peur du principe de réalité que Twitter leur assène quotidiennement comme autant de gifles au regard de la plupart de leurs pratiques discursives et de leur entre-soi habituel. C’est cette crainte là que je m’efforçais de remettre en perspective historique dans ce que je racontais à propos de la manière dont les Gilets Jaunes investissaient Facebook sous les invectives répétées d’une classe politico-médiatique incapable de voir ce qui s’y jouait :

    "A chaque étape de l’histoire de l’internet et du web, il y a toujours eu une aristocratie de la publication. Seuls certains, seuls les plus éduqués, seuls ceux disposant de suffisamment de temps libre, seuls ceux protégés par une institution ou une situation sociale stable se sont exprimés, d’abord sur leurs « forums IRC », puis sur leur « Homepage », puis sur leurs « blogs ». Et ainsi de suite. Et à chaque fois que l’on a essayé d’ouvrir l’espace discursif du web à un tiers-état de la parole, on lui a très rapidement claqué la porte au nez. On ne trouvait trop bruyant, trop bavard, trop indiscipliné, trop « troll »."

    L’autre excuse la plus souvent brandie par les éditocrates, journalistes et personnalités publiques prises en flagrant délit d’effacement ou d’effarement, c’est celle d’un second degré que l’on n’aurait pas compris. Là encore au-delà du (vieux) réflexe de l’entre-soi discursif, il faut rappeler, à Jean-Michel Apathie par exemple, que oui, le second degré est bien mort et enterré, sur Twitter en tout cas. Car « le second degré » ou « l’ironie, un peu méchante » invoquée par le même Jean-Michel Apathie lorsqu’il traite Michele Bachelet de « sous secrétaire désoeuvrée », suppose une connivence avec le destinataire qui est triplement impossible. Elle est impossible du fait de la posture d’autorité dont se prévaut la personnalité s’exprimant sur un compte public. D’autant que le compte public concerné comptabilise plus de 450 000 followers. Le second degré avec 450 000 personnes c’est compliqué (ou alors faut s’appeler Jean-Marie Bigard et faire le Stade de France mais même là un gros doute subsistera toujours ...) Elle est impossible du fait de ce que danah boyd appelle les « audiences invisibles » qui désignent l’impossibilité de (sa)voir si les gens à qui l’on s’adresse sont présents au moment où l’on s’adresse à eux. Et elle est impossible enfin dans l’architecture de ces agoras connectées dont l’architecture technique fabrique une polarisation qui se nourrit d’hystérisation (et réciproquement).