Covid-19 : une transmission par aérosols ?
▻https://www.afis.org/Covid-19-une-transmission-par-aerosols
excellente synthèse sur le sujet (03/21) ainsi que l’historique de l’évolution des connaissances et des recommandations
Trois Chanteurs, Adam de Coster (c.1586-1643)
La définition de mesures préventives efficaces – non pharmaceutiques – contre la Covid-19 nécessite une bonne compréhension des voies de transmission du virus SARSCoV-2. Les infections respiratoires sont réputées être potentiellement transmissibles selon trois modalités : le contact (soit direct, d’un individu à l’autre, soit indirect, par l’intermédiaire d’un objet contaminé) ; les gouttelettes, particules liquides d’une taille telle que, une fois émises, elles suivent une trajectoire de type balistique et retombent rapidement au sol, à proximité immédiate du lieu d’émission ; les aérosols, particules liquides (fines gouttelettes) ou solides suffisamment petites pour rester en suspension dans l’air pendant un temps plus long, permettant leur transport sur des distances plus grandes.
Mais l’importance relative de ces trois modes de transmission s’avère très difficile à quantifier expérimentalement, pour la Covid-19 comme pour les maladies de type respiratoire en général : si le mode aérosol est reconnu comme essentiel pour rougeole, tuberculose et varicelle, il fait encore l’objet de débats pour grippe, MERS (syndrome respiratoire du Moyen-Orient) et SARS (syndrome respiratoire aigu sévère). Par ailleurs, en ce qui concerne la distinction entre gouttelettes et aérosols, les différences d’approche constatées entre épidémiologistes et médecins, d’une part, et physiciens et chimistes des aérosols, d’autre part, n’ont pas aidé la communauté scientifique à converger rapidement vers une compréhension commune.
C’est ainsi que, depuis le début de la pandémie de Covid-19, la question des modes de propagation de ce virus particulièrement contagieux est largement débattue. Deux points en particulier ont fait l’objet de controverses : le rôle des aérosols, que beaucoup – dont l’OMS et les agences de santé – jugeaient négligeable devant celui des gouttelettes et du contact (voir l’encadré) ; l’impact de la pollution atmosphérique sur la pandémie, considérée par certaines équipes comme favorisant le transport du virus (voir plus loin). Ces débats, dont la scène médiatique s’est fait l’écho, ont pu retarder la reconnaissance par les agences de santé de faits scientifiquement avérés et contribuer à entretenir un certain flou dans leurs directives.
Dans ce contexte, cet article s’organise autour de quelques questions clés relatives aux modalités de transmission aérienne du virus : quelles tailles de particules (gouttelettes et aérosols) sont émises par les humains ? comment se propagent-elles dans l’air ? peuvent-elles transporter une charge virale ? cette charge peut-elle être infectieuse et pendant combien de temps ? quels facteurs, notamment environnementaux, conditionnent cette infectiosité ? comment un individu peut-il être infecté ? les particules de pollution peuvent elles contribuer à véhiculer le virus ?