les Roms et « nous » De Roswitha Scholz

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  • Question d’hier et de demain : Homo sacer et les Tziganes
    De Roswitha Scholz
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    Suite de : “ Les Roms et "nous" ” : http://seenthis.net/messages/107327

    C’est à travers les réactions aux krachs massifs du capitalisme en crise que l’on discerne les caractéristiques structurelles communes au vif antitziganisme qui sévit dans différents pays occidentaux. A la menace de déchéance que connaissent les classes moyennes, est venue s’ajouter entretemps une inflation galopante qui fait s’envoler les prix des denrées alimentaires et de l’énergie. En outre, et tout cela est lié, on voit se diffuser les idéologies racistes aussi bien dans les couches « supérieures » qu’« inférieures ». Ce qui se passe actuellement en Italie l’illustre parfaitement.
    Pour désigner cette barbarisation des classes moyennes en déclin, le spécialiste italien de la culture Claudio Magris a proposé le terme de « lumpenbourgeoisie », et ce avant même la flambée d’attaques contre les Roms. Les recommandations de l’UE visant à mettre un terme à cette « politique tzigane » resteront probablement lettre morte, puisqu’en dernière instance ce sont les Etats membres qui sont compétents ; or, presque tous doivent affronter le « crépuscule des classes moyennes », et l’on sait qu’une alliance entre « masses et élite » (Hannah Arendt) n’est absolument pas exclue. Sur la question de savoir jusqu’où la gauche serait prête à aller en matière de critique du syndrome anti-Roms, il vaut mieux également renoncer à toute illusion. Qu’on songe simplement aux tirades d’Oskar Lafontaine à propos des travailleurs étrangers : à tout moment elles peuvent se charger d’antitziganisme. Toute la presse nous répète à l’envi que l’actuelle idéologie anti-Roms en Italie se rencontre tout spécialement dans les quartiers fortement « ancrés à gauche ». Cela a beaucoup à voir avec le traditionnel centrage de la gauche sur le brave et honnête salarié, avec ses préjugés contre un soi-disant lumpenprolétariat considéré comme la lie de la société, et donc a fortiori contre des « Tziganes » que l’idéologie raciste place encore plus bas que les lumpenprolétaires « autochtones ». Cette tradition demeure bien vivante dans le contexte actuel de fragilisation des classes moyennes, et sûrement pas uniquement en Allemagne et en Italie.

    #romophobie