• La crainte d’établir un précédent qui ferait date. Une bonne partie de la rédaction de France Télévisions oscille entre inquiétude et effarement depuis que la décision du directeur de l’information, Alexandre Kara, a été ébruitée en interne. Vendredi 19 janvier, les journalistes travaillant sur les magazines (« Complément d’enquête », « Envoyé spécial », « 13 h 15 ») du groupe audiovisuel public se sont vu demander de faire une pause dans leurs investigations concernant les portraits de responsables politiques d’ici aux élections européennes qui auront lieu le 9 juin en France‧https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/01/25/france-televisions-la-direction-restreint-la-place-des-portraits-de-personna
    France Télévisions : malaise après la décision de la direction de limiter les enquêtes sur les personnalités politiques
    Dans un souci d’équité de temps de parole et pour laisser la priorité aux émissions de débat, le groupe audiovisuel public demande aux magazines d’investigations de faire une pause sur ces formats. La rédaction désapprouve ce choix.
    #censure #élections

  • La vie politique du capital humain – Luttes du troisième type (2/2), Michel Feher
    https://justpaste.it/9ffka

    Revers de l’aspiration à se faire apprécier, le discrédit – davantage encore que l’exploitation et les discriminations – est la malédiction qui hante les assujettis au capitalisme financiarisé. Pour le contester, de nouveaux mouvements sociaux apparaissent qui n’hésitent pas à jouer le jeu de la spéculation : l’indexation de la dignité d’une personne sur l’appréciation de son capital humain leur apparaît moins comme un mal à conjurer que comme un défi à relever.

    Pendant deux bons siècles, l’accumulation du capital industriel dans les pays développés s’est conjointement nourrie de la marchandisation du travail constitutive du salariat et des différenciations que le genre et la race introduisent dans l’application des règles de droit. Si ces deux modes d’extraction de la plus-value demeurent d’actualité, le capitalisme financiarisé tel qu’il sévit aujourd’hui en privilégie un troisième, dans la mesure où le faible taux de croissance économique dont il peut se prévaloir procède avant tout de la prolifération et de l’appréciation des titres financiers. C’est en effet d’une titrisation généralisée des ressources naturelles mais aussi humaines que les investisseurs escomptent le maintien de leur prospérité.

    Envisager une personne comme un capital ouvert à la spéculation revient à assumer que, loin d’être inestimable, sa valeur dépend du cours des actifs qui composent son portefeuille. Parce qu’un tel système de notation n’offre rien moins qu’une manière de mesurer l’importance relative de chacun, sa mise en œuvre inflige un tort distinct de l’exploitation et des discriminations générées et légitimées par la condition libérale. Plus que la captation de ce que Marx appelle le surtravail – par les biais du contrat salarial mais aussi de l’extorsion sans contrepartie du labeur des femmes et des colonisés – elle favorise le désinvestissement des vies mal notées. En tant que revers de l’aspiration à se faire apprécier, le discrédit est donc bien la malédiction qui hante les assujettis au capitalisme financiarisé : quiconque se montre incapable de susciter un minimum de confiance dans les composantes de son portefeuille risque en effet de tomber sous le seuil de visibilité requise pour revendiquer ses droits et poursuivre librement ses intérêts.

    La peur de venir grossir les rangs des discrédités – ou, pour le dire comme Achille Mbembe, des « inexploitables » – permet sans doute aux employeurs d’inciter celles et ceux qui l’éprouvent à gager leur employabilité sur des dispositions appréciables telles que la disponibilité et la flexibilité. Reste que la précarité générée par la valorisation de ces deux vertus place aussitôt les gouvernants devant un redoutable dilemme : tributaires de l’attractivité de leur territoire aux yeux de leurs créanciers, il leur faut certes conjurer la détérioration de leurs comptes en sabrant dans les budgets sociaux mais tout en veillant à ne pas offrir le spectacle d’une population rendue potentiellement séditieuse par la négligence des édiles.

    Si les pouvoirs publics s’acquittent de leur obligation de responsabilité financière en durcissant sans cesse les conditions d’accès à leurs services, c’est avant tout en masquant les effets de leur sélectivité croissante qu’ils s’appliquent à projeter une image de paix sociale. Autrement dit, leur principal souci est de dissimuler les populations les plus affectées par leurs désinvestissements. D’aucuns vont donc être soustraits aux regards – tels les migrants enfermés dans des centres de rétention ou livrés à la noyade – tandis que d’autres seront seulement effacés des registres – tels les demandeurs d’emplois radiés ou encouragés à interrompre leurs efforts.

    [...]

    L’antiracisme et le féminisme ne sont pas les seuls terrains où la conjuration du discrédit passe par la spéculation. Celle-ci se retrouve également dans la mise en avant de la jeunesse de leurs membres par des mouvements tels que Fridays for Future, Sunrise et Extinction Rebellion Youth : car au-delà des propositions précises qu’elles ne manquent pas de formuler, sur la transition énergétique comme sur le maintien de la biodiversité, ces nouvelles associations écologistes attendent avant tout des gouvernements que leur action pour la justice climatique soit à la mesure de la valeur que les parents accordent à l’avenir de leurs enfants. Figure emblématique de cette attente, Greta Thunberg joue à elle seule le rôle d’une véritable agence de notation : son visage opère en effet comme un écran où l’engagement des responsables politiques en faveur de sa génération peut être jaugé à l’aune de leurs réactions à son impassible obstination.

    #capitalisme_financiarisé #évalutation #Act_Up #BlackLivesMatter #Ni_Una_Menos #MeToo #écologie #Michel_Feher

  • Des chercheurs français sur le paludisme accusés de biopiraterie - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/250116/des-chercheurs-francais-sur-le-paludisme-accuses-de-biopiraterie

    La molécule SkE se trouve dans un arbuste à fruit rouges, commun en Guyane et sur une partie du littoral latino-américain, #Quassia_amara. Cette plante au goût amer est utilisée depuis plusieurs siècles par les habitants de ces régions tropicales pour se soigner contre le #paludisme. Si bien que pour France Libertés, les chercheurs de l’IRD s’accaparent un savoir traditionnel en se prétendant propriétaires de l’usage de la molécule. Ses juristes s’opposent actuellement à ce brevet devant l’Office européen des #brevets (#OEB). Dans leur mémoire, ils accusent l’institut « d’une forme de racisme de l’intelligence » par leur « non-reconnaissance de la contribution des populations autochtones et locales et sa traduction sous forme de droits de #propriété_industrielle ». À leurs yeux, la recherche de l’IRD sur cette molécule relève de la #biopiraterie, c’est-à-dire de l’#appropriation illégitime de ressources biologiques et de connaissances traditionnelles de #peuples_autochtones.

    et #paywall hélas

  • Questions autour de la fermeture de la mosquée de Lagny-sur-Marne
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2015/12/07/a-la-mosquee-de-lagny-la-fermeture-passe-mal_4825864_1653578.html

    Le ministre de l’intérieur a voulu marquer les esprits. Lorsqu’il s’est exprimé, mercredi 2 décembre, sur les trois fermetures de mosquées intervenues depuis l’entrée en vigueur de l’état d’urgence, Bernard Cazeneuve a insisté : « De telles mesures de fermetures de mosquées pour motif de radicalisation n’avaient jamais été prises auparavant, par aucun gouvernement. » Pour donner de la force à son propos, il pouvait s’appuyer sur un exemple encore frais : le matin même, la mosquée de Lagny-sur-Marne, en Seine-et-Marne, était perquisitionnée. « Ont été découverts lors de perquisitions chez les dirigeants de la mosquée : un revolver 9 mm chez un individu, qui a été aussitôt placé en garde à vue ; une école coranique non déclarée ; un disque dur dissimulé ; divers documents sur le djihad et une assurance-vie souscrite en 2012… », listait le ministre.

    Un bilan à faire frémir. S’il n’avait de cesse d’être contesté depuis. Ainsi, contrairement à ce qu’a annoncé M. Cazeneuve, l’ensemble du butin n’a pas été retrouvé « chez les dirigeants de la mosquée ». Le revolver 9 mm, un pistolet à grenaille, a par exemple été saisi au domicile d’un « fidèle qui n’a rien à voir avec l’Association des musulmans de Lagny-sur-Marne », martèle son président, Mohamed Ramdane.

    http://justpaste.it/pilg

  • 24 novembre #Attentats #Paris #VosGuerresNosMorts :

    Le djihadisme est une révolte générationnelle et nihiliste
    Olivier Roy, Le Monde, le 24 novembre 2015
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/11/24/le-djihadisme-une-revolte-generationnelle-et-nihiliste_4815992_3232.html

    Dont le texte en entier est ici :
    http://justpaste.it/p7cv

    Et qui est bien complété par cette interview ici qui date pourtant d’il y a un an :
    http://www.franceinter.fr/emission-le-79-olivier-roy-les-jeunes-djihadistes-sont-fascines-par-la-v
    http://seenthis.net/messages/432241

    A qui sert leur guerre ?
    Ludivine Bantigny historienne, Emmanuel Barot philosophe, Jacques Bidet philosophe, Déborah Cohen historienne, François Cusset historien des idées, Laurence De Cock historienne, Christine Delphy sociologue, Cédric Durand économiste, Fanny Gallot historienne, Eric Hazan, Sabina Issehnane économiste, Razmig Keucheyan sociologue, Marius Loris historien, poète, Marwan Mohammed sociologue, Olivier Neveux historien de l’art, Willy Pelletier sociologue, Irène Pereira sociologue, Julien Théry-Astruc historien, Rémy Toulouse éditeur, Enzo Traverso historien, Libération, le 24 novembre 2015
    http://www.liberation.fr/planete/2015/11/24/a-qui-sert-leur-guerre_1415808

    Le 13 : http://seenthis.net/messages/428069
    Le 14 : http://seenthis.net/messages/428292
    Le 15 : http://seenthis.net/messages/428675
    Le 16 : http://seenthis.net/messages/428991
    Le 17 : http://seenthis.net/messages/429430
    divers : http://seenthis.net/messages/429826
    Le 18 : http://seenthis.net/messages/429828
    Le 19 : http://seenthis.net/messages/430393
    Le 20 : http://seenthis.net/messages/431269
    Les 22 et 23 : http://seenthis.net/messages/432070

    #recension

  • Le djihadisme est une révolte générationnelle et nihiliste

    La France en guerre ! Peut-être. Mais contre qui ou contre quoi ? Daech n’envoie pas des Syriens commettre des attentats en France pour dissuader le gouvernement français de le bombarder. Daech puise dans un réservoir de jeunes Français radicalisés qui, quoi qu’il arrive au Moyen-Orient, sont déjà entrés en dissidence et cherchent une cause, un label, un grand récit pour y apposer la signature sanglante de leur révolte personnelle. L’écrasement de Daech ne changera rien à cette révolte.

    Le ralliement de ces jeunes à Daech est opportuniste : hier, ils étaient avec Al-Qaida, avant-hier (1995), ils se faisaient sous-traitants du GIA algérien ou pratiquaient, de la Bosnie à l’Afghanistan en passant par la Tchétchénie, leur petit nomadisme du djihad individuel (comme le « gang de Roubaix »). Et demain, ils se battront sous une autre bannière, à moins que la mort en action, l’âge ou la désillusion ne vident leurs rangs comme ce fut le cas de l’ultragauche des années 1970.

    Il n’y a pas de troisième, quatrième ou énième génération de djihadistes. Depuis 1996, nous sommes confrontés à un phénomène très stable : la radicalisation de deux catégories de jeunes Français, à savoir des « deuxième génération » musulmans et des convertis « de souche ».

    Le problème essentiel pour la France n’est donc pas le califat du désert syrien, qui s’évaporera tôt ou tard comme un vieux mirage devenu cauchemar, le problème, c’est la révolte de ces jeunes. Et la vraie question est de savoir ce que représentent ces jeunes, s’ils sont l’avant-garde d’une guerre à venir ou au contraire les ratés d’un borborygme de l’Histoire.

    Quelques milliers sur plusieurs millions

    Deux lectures aujourd’hui dominent la scène et structurent les débats télévisés ou les pages opinions des journaux : en gros, l’explication culturaliste et l’explication tiers-mondiste. La première met en avant la récurrente et lancinante guerre des civilisations : la révolte de jeunes musulmans montre à quel point l’islam ne peut s’intégrer, du moins tant qu’une réforme théologique n’aura pas radié du Coran l’appel au djihad. La seconde évoque avec constance la souffrance postcoloniale, l’identification des jeunes à la cause palestinienne, leur rejet des interventions occidentales au Moyen-Orient et leur exclusion d’une société française raciste et islamophobe ; bref, la vieille antienne : tant qu’on n’aura pas résolu le conflit israélo-palestinien, nous connaîtrons la révolte.

    Mais les deux explications butent sur le même problème : si les causes de la radicalisation étaient structurelles, alors pourquoi ne touche-t-elle qu’une frange minime et très circonscrite de ceux qui peuvent se dire musulmans en France ? Quelques milliers sur plusieurs millions.

    [...]

    Islamisation de la radicalité

    Presque tous les djihadistes français appartiennent à deux catégories très précises : ils sont soit des « deuxième génération », nés ou venus enfants en France, soit des convertis (dont le nombre augmente avec le temps, mais qui constituaient déjà 25 % des radicaux à la fin des années 1990). Ce qui veut dire que, parmi les radicaux, il n’y a guère de « première génération » (même immigré récent), mais surtout pas de « troisième génération ». Or cette dernière catégorie existe et s’accroît : les immigrés marocains des années 1970 sont grands-pères et on ne trouve pas leurs petits-enfants parmi les terroristes. Et pourquoi des convertis qui n’ont jamais souffert du racisme veulent-ils brusquement venger l’humiliation subie par les musulmans ? Surtout que beaucoup de convertis viennent des campagnes françaises, comme Maxime Hauchard, et ont peu de raisons de s’identifier à une communauté musulmane qui n’a pour eux qu’une existence virtuelle. Bref, ce n’est pas la « révolte de l’islam » ou celle des « musulmans », mais un problème précis concernant deux catégories de jeunes, originaires de l’immigration en majorité, mais aussi Français « de souche ». Il ne s’agit pas de la radicalisation de l’islam, mais de l’islamisation de la radicalité.

    Qu’y a-t-il de commun entre les « deuxième génération » et les convertis ? Il s’agit d’abord d’une révolte générationnelle : les deux rompent avec leurs parents, ou plus exactement avec ce que leurs parents représentent en termes de culture et de religion. Les « deuxième génération » n’adhèrent jamais à l’islam de leurs parents, ils ne représentent jamais une tradition qui se révolterait contre l’occidentalisation. Ils sont occidentalisés, ils parlent mieux le français que leurs parents. Tous ont partagé la culture « jeune » de leur génération, ils ont bu de l’alcool, fumé du shit, dragué les filles en boîte de nuit. Une grande partie d’entre eux a fait un passage en prison. Et puis un beau matin, ils se sont (re)convertis, en choisissant l’islam salafiste, c’est-à-dire un islam qui rejette le concept de culture, un islam de la norme qui leur permet de se reconstruire tout seuls. Car ils ne veulent ni de la culture de leurs parents ni d’une culture « occidentale », devenues symboles de leur haine de soi.

    La clé de la révolte, c’est d’abord l’absence de transmission d’une religion insérée culturellement. C’est un problème qui ne concerne ni les « première génération », porteurs de l’islam culturel du pays d’origine, mais qui n’ont pas su le transmettre, ni les « troisième génération », qui parlent français avec leurs parents et ont grâce à eux une familiarité avec les modes d’expression de l’islam dans la société française : même si cela peut être conflictuel, c’est « dicible ».

    [...]

    Des jeunes en rupture de ban

    Les jeunes convertis par définition adhèrent, quant à eux, à la « pure » religion, le compromis culturel ne les intéresse pas (rien à voir avec les générations antérieures qui se convertissaient au soufisme) ; ils retrouvent ici la deuxième génération dans l’adhésion à un « islam de rupture », rupture générationnelle, rupture culturelle, et enfin rupture politique. Bref, rien ne sert de leur offrir un « islam modéré », c’est la radicalité qui les attire par définition. Le salafisme n’est pas seulement une question de prédication financée par l’Arabie saoudite, c’est bien le produit qui convient à des jeunes en rupture de ban.

    [...]

    En rupture avec leur famille, les djihadistes sont aussi en marge des communautés musulmanes : ils n’ont presque jamais un passé de piété et de pratique religieuse, au contraire. Les articles des journalistes se ressemblent étonnamment : après chaque attentat, on va enquêter dans l’entourage du meurtrier, et partout c’est « l’effet surprise : « On ne comprend pas, c’était un gentil garçon (variante : “Un simple petit délinquant”), il ne pratiquait pas, il buvait, il fumait des joints, il fréquentait les filles… Ah oui, c’est vrai, il y a quelques mois il a bizarrement changé, il s’est laissé pousser la barbe et a commencé à nous saouler avec la religion. » Pour la version féminine, voir la pléthore d’articles concernant Hasna Aït Boulahcen, « Miss Djihad Frivole ».

    [...]

    La violence à laquelle ils adhèrent est une violence moderne, ils tuent comme les tueurs de masse le font en Amérique ou Breivik en Norvège, froidement et tranquillement. Nihilisme et orgueil sont ici profondément liés.

    Cet individualisme forcené se retrouve dans leur isolement par rapport aux communautés musulmanes. Peu d’entre eux fréquentaient une mosquée. Leurs éventuels imams sont souvent autoproclamés. Leur radicalisation se fait autour d’un imaginaire du héros, de la violence et de la mort, pas de la charia ou de l’utopie. En Syrie, ils ne font que la guerre : aucun ne s’intègre ou ne s’intéresse à la société civile. Et s’ils s’attribuent des esclaves sexuelles ou recrutent de jeunes femmes sur Internet pour en faire des épouses de futurs martyrs, c’est bien qu’ils n’ont aucune intégration sociale dans les sociétés musulmanes qu’ils prétendent défendre. Ils sont plus nihilistes qu’utopistes.

    Aucun ne s’intéresse à la théologie

    Si certains sont passés par le Tabligh (société de prédication fondamentaliste musulmane), aucun n’a fréquenté les Frères musulmans (Union des organistions islamiques de France), aucun n’a milité dans un mouvement politique, à commencer par les mouvements propalestiniens. Aucun n’a eu de pratiques « communautaires » : assurer des repas de fin de ramadan, prêcher dans les mosquées, dans la rue en faisant du porte-à-porte. Aucun n’a fait de sérieuses études religieuses. Aucun ne s’intéresse à la théologie, ni même à la nature du djihad ou à celle de l’Etat islamique.

    Ils se radicalisent autour d’un petit groupe de « copains » qui se sont rencontrés dans un lieu particulier (quartier, prison, club de sport) ; ils recréent une « famille », une fraternité. Il y a un schéma important que personne n’a étudié : la fraternité est souvent biologique. On trouve très régulièrement une paire de « frangins », qui passent à l’action ensemble (les frères Kouachi et Abdeslam, Abdelhamid Abaaoud qui « kidnappe » son petit frère, les frères Clain qui se sont convertis ensemble, sans parler des frères Tsarnaev, auteurs de l’attentat de Boston en avril 2013). Comme si radicaliser la fratrie (sœurs incluses) était un moyen de souligner la dimension générationnelle et la rupture avec les parents. La cellule s’efforce de créer des liens affectifs entre ses membres : on épouse souvent la sœur de son frère d’armes. [...]

    Les terroristes ne sont donc pas l’expression d’une radicalisation de la population musulmane, mais reflètent une révolte générationnelle qui touche une catégorie précise de jeunes.

    Pourquoi l’islam ? Pour la deuxième génération, c’est évident : ils reprennent à leur compte une identité que leurs parents ont, à leurs yeux, galvaudée : ils sont « plus musulmans que les musulmans » et en particulier que leurs parents. L’énergie qu’ils mettent à reconvertir leurs parents (en vain) est significative, mais montre à quel point ils sont sur une autre planète (tous les parents ont un récit à faire de ces échanges). Quant aux convertis, ils choisissent l’islam parce qu’il n’y a que ça sur le marché de la révolte radicale. Rejoindre Daech, c’est la certitude de terroriser.

    Olivier Roy

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/11/24/le-djihadisme-une-revolte-generationnelle-et-nihiliste_4815992_3232.html

    • Deux petites questions :

      1) « Daech n’envoie pas des Syriens commettre des attentats en France pour dissuader le gouvernement français de le bombarder ». Même si j’apprécie beaucoup le reste de l’article, je ne vois pas en quoi le fait que Daech envoie des Français plutôt que des Syriens rend cette hypothèse ("pour dissuader le gouvernement français de le bombarder") fausse ?

      2) Quelles sont les différences fondamentales (autres que politiques ou religieuses bien sûr, plutôt du côté psychologique ou social entre autres) entre un jeune qui aujourd’hui s’engage dans Daech et un jeune qui dans les années 1970 s’engageait dans la bande à Baader ?

    • Quelles sont les différences fondamentales (autres que politiques ou religieuses bien sûr, plutôt du côté psychologique ou social entre autres) entre un jeune qui aujourd’hui s’engage dans Daech et un jeune qui dans les années 1970 s’engageait dans la bande à Baader ?

      Le niveau de décomposition de la synthèse sociale capitaliste.

      Au-delà et en-deçà des phénomènes « économiques » (chômage de masse, crise environnementale, démantèlement de l’état-providence...) la synthèse sociale capitaliste produit aussi une certaine forme de sujet qui lui est propre et dont les évolutions sont liées à sa décomposition.

      Historiquement, le capitalisme a d’abord forgé le sujet autoritaire, dans lequel des dimensions pré-capitalistes ont été reprises et re-déterminées par les nécessites de la valorisation du capital (c’est le capitalisme de caserne vécu, subi, mais aussi souvent promu aussi bien par l’État, les patrons que par les organisations ouvrières)

      Et puis, au tournant des années 1970, le capitalisme ne peut plus reproduire sa forme de vie sur ses propres base. Le travail productif, pfuitt, disparait à un rythme qui ne peut plus être contré par des tendances compensatrices. Sous les coups de butoir du capitalisme lui-même, sa course à la productivité le mine, contradiction interne qui l’anime et le condamne tout à la fois.

      Du coup, le noyau profond du sujet capitaliste émerge, raboté par l’éviction des dernières scories pré-capitalistes. C’est le règne explicite, au grand jour, du sujet narcissique, du sujet évidé, sans contenu propre (et par là bien conforme aux besoins du capitalisme qui a besoin de personnalités fluides, mais par là-même fragile, prête à s’effondrer à tout moment)

    • Peut-être aussi des parallèles à faire avec la politisation des skinheads dans les années 80... Lumpenproletariat flirtant avec la délinquance et embrigadé comme milice... Et plus loin on peut penser à une partie du vivier de recrutement des Sturmabteilungen.

    • Effectivement, il répond en partie... alors que cette interview date d’il y a un an !!! Merci ! (bon, sauf qu’à l’époque, Olivier Roy différencie Al Qaida de Daech, par le fait que Daech n’intervient pas en occident, tout en reconnaissant que ça peut encore dégénérer, ce en quoi il n’avait pas tort, et en donnant des pistes pour l’éviter, mais il n’a pas été écouté...)

      http://www.franceinter.fr/emission-le-79-olivier-roy-les-jeunes-djihadistes-sont-fascines-par-la-v

    • Effectivement, on ne peut pas mettre la R.A.F. et Daesh dans le même sac d’une « radicalité en soi », se fourvoyant ad nauseam dans une violence nihiliste et non interrogée. C’est la limite de l’analyse de Roy, de faire de la radicalité une catégorie stable à promener d’une époque à l’autre en la rhabillant avec les frusques du moment. Le sujet « radical » est ajusté à chacune des phases et, loin d’être un sujet inchangé dans le fond, qui ferait juste le choix opportuniste de telle ou telle « cause », il exprime l’état courant de la synthèse sociale. A ce titre, le terroriste du 13 novembre est plus proche d’un Andreas Lubitz que d’une Ulrike Meinhof

    • je plussoies sur l’intervention de @ktche
      et ajoute, oui, il y a islamisation, mais il n’y a aucune radicalité dans cette affaire, le soit disant retour aux soit disant racines de l’islam n’est pas une #radicalité, sauf pour les journalistes et autres pense mou, selon eux, ce qui est violent serait radical, voilà ce qui tient pour eux lieu de définition, comme si un #attentat_massacre se devait d’être radical, comme si une bastonnade de babas par la FNSEA était radicale, et les coups de matraques de gazeuses, de flash ball de la police sont-ils radicaux ? ah ben non, c’est les forces de l’odre. Au prie c’est un mauvais emploi de la force.
      ces tueurs ne prennent rien à la racine, ils retournent à la racine pour se chosifier et chosifier, le soit retour aux origines est pas radical, il est conservateur.

    • Des meurtres de masse, Alain Badiou
      http://la-bas.org/la-bas-magazine/textes-a-l-appui/alain-badiou-penser-les-meurtres-de-masse-du-13-novembre-version-texte#III-L

      Ces jeunes se voient donc à la marge à la fois du salariat, de la consommation et de l’avenir. Ce qu’alors leur propose la #fascisation (qu’on appelle stupidement, dans la propagande, une « radicalisation », alors que c’est une pure et simple régression) est un mélange d’héroïsme sacrificiel et criminel et de satisfaction « occidentale ». D’un côté, le jeune va devenir quelqu’un comme un mafieux fier de l’être, capable d’un héroïsme sacrificiel et criminel : tuer des occidentaux, vaincre les tueurs des autres bandes, pratiquer une cruauté spectaculaire, conquérir des territoires, etc Cela d’un côté, et de l’autre, des touches de « belle vie », des satisfactions diverses. Daech paye assez bien l’ensemble de ses hommes de main, beaucoup mieux que ce qu’ils pourraient gagner « normalement » dans les zones où ils vivent. Il y a un peu d’argent, il y a des femmes, il y a des voitures, etc. C’est donc un mélange de propositions héroïques mortifères et, en même temps, de corruption occidentale par les produits. (...) Disons que c’est la fascisation qui islamise, et non l’Islam qui fascine.

    • Réponse à Olivier Roy : les non-dits de « l’islamisation de la radicalité », François Burgat
      http://rue89.nouvelobs.com/2015/12/01/reponse-a-olivier-roy-les-non-dits-lislamisation-radicalite-262320

      Dans les rangs de Daech, après avoir annoncé par deux fois leur disparition, Roy ne pouvait donc logiquement plus accepter de voir des islamistes, ni même des acteurs politiques. Il botta donc en touche en déclarant n’y voir que des « fous » à qui il ne donna... « pas un an ».

      Aujourd’hui, j’ai pour ma part beaucoup de difficulté à ranger les frères Kouachi, fort construits dans l’expression de leurs motivations, dans la catégorie de simples paumés dépolitisés – et de reconnaître chez Coulibally (auteur de l’attaque contre l’Hyper Cacher) quelqu’un qui, entre autres, « ne s’intéresse[nt] pas aux luttes concrètes du monde musulman (Palestine) ».

      Disculper nos politiques étrangères

      Si une telle hypothèse permet à Roy de demeurer cohérent avec la ligne de ses fragiles prédictions passées, elle n’apporte en fait qu’une nouvelle pierre (celle de la pathologie sociale, voire mentale) à une construction qui reproduit le même biais que l’approche culturaliste qu’elle prétend dépasser : elle déconnecte d’une façon dangereusement volontariste les théâtres politiques européen et proche-oriental.

      La thèse qui disculpe nos politiques étrangères a donc tout pour séduire tant elle est agréable à entendre.

    • du même texte de Burgat :

      cette thèse de « l’islamisation de la radicalité » ne s’en prend pas principalement à la lecture culturaliste. Elle condamne surtout, avec dédain, en la qualifiant de « vieille antienne » « tiers-mondiste », une approche dont – sans en reprendre la désignation péjorative – nous sommes nombreux à considérer que, bien au contraire, elle constitue l’alpha et l’oméga de toute approche scientifique du phénomène djihadiste.

      Le discrédit du « tiers-mondisme » consiste ici ni plus ni moins qu’à refuser de corréler – si peu que ce soit – les conduites radicales émergentes en France ou ailleurs avec... selon les termes mêmes de Roy, « la souffrance post-coloniale, l’identification des jeunes à la cause palestinienne, leur rejet des interventions occidentales au Moyen-Orient et leur exclusion d’une France raciste et islamophobe ».

    • S’il faut mettre en lumière les corrélations, comme le propose Burgat, il faut aussi être en mesure d’expliquer les différences d’une façon qui soit ni contingente, ni déterministe.

      Si Burgat esquisse parfois un lien avec l’économie (L’islamisme à l’heure d’Al-Qaida , p.29), il n’y voit qu’un effet « adjuvant » (op. cit. p.83). Mais l’économie n’est pas une sphère juxtaposée à celles de la politique ou de la culture, c’est une forme sociale totale. La « troisième temporalité de l’islamisme » proposée par Burgat peut alors être aussi bien interprétée comme une réaction à la modernisation (une tentative de freiner ou de retourner en arrière) qu’une sorte d’accompagnement de la décomposition de la synthèse sociale capitaliste (sans perspective d’émancipation), avec des variations résultant des stades différenciés dans lesquels cette synthèse sociale s’est trouvée au moment où cette décomposition devient manifeste.

      http://seenthis.net/messages/328965

  • Dans le Val-d’Oise, récit d’une perquisition musclée
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2015/11/23/dans-le-val-d-oise-recit-d-une-perquisition-musclee_4815543_1653578.html
    Par Paul Barelli (Nice, correspondant), Richard Schittly (Lyon, correspondant) et Laurent Borredon

    Perquisitions au Pepper-Grill à Saint-Ouen-l’Aumône, le 21 novembre. (...)
    A 20 h 31, un homme tente péniblement d’ouvrir la porte intérieure du sas d’entrée, (...) casque, gilet pare-balles, bouclier antiémeute. (...)

    Sous le regard ébahi des clients, des dizaines de policiers en tenue d’intervention déboulent dans la grande salle du restaurant. Une perquisition administrative commence...

    Les clients se figent. Les fonctionnaires ordonnent à la dizaine de salariés présents en salle de se rassembler autour d’une table libre. « Ordre du préfet ! », répondent-ils lorsqu’on les interroge.

    Braqué avec un fusil

    Puis les policiers tentent d’ouvrir les portes avec un bélier. Ils en défoncent une première. Elle donne sur les cuisines, par ailleurs accessibles par une porte battante : il suffisait de s’avancer de quelques mètres dans le couloir.

    Ils partent ensuite à l’#assaut d’une deuxième porte, celle-là bien fermée. Le propriétaire du restaurant leur propose de l’ouvrir avec sa clé. Pas de réponse, la porte est cassée. (...) Une dernière porte est attaquée. Un coup, deux coups, puis le policier qui tient le bélier se rend compte qu’il suffisait en fait de tourner la poignée. Derrière, une salle de douche.

    Le propriétaire, Ivan Agac, 28 ans, (...) découvre qu’« il existe des raisons sérieuses de penser que se trouvent des personnes, armes ou objets liés à des activités à caractère terroriste » dans le restaurant qu’il a lancé il y a deux ans. Il est estomaqué. Pendant la discussion, un policier en uniforme farfouille sans conviction dans les armoires, jetant les dossiers à terre sans même faire mine d’en examiner le contenu.

    Pas un seul contrôle d’identité

    « Vous avez de la chance, on n’a rien trouvé, vous n’allez pas partir en garde à vue », conclut l’officier. Puis la troupe s’en va. Il est 21 h 01. Les policiers n’ont découvert ni « armes » ni « objets liés à des activités à caractère terroriste ». Quant aux « personnes », en trente minutes de perquisition, ils n’ont pas procédé à un seul contrôle d’identité, ni d’employés, ni de clients, donc ils ne risquaient pas d’en trouver… (...)

    Pourquoi, alors ? Le maire PS, Alain Richard, ancien ministre de la défense de Lionel Jospin (1997-2002), ne souhaite pas commenter une perquisition « qui pourrait avoir des suites judiciaires ». Une source policière explique qu’une « #salle_de_prière_clandestine » était recherchée. Sauf qu’une salle de prière, il y en a bien une, mais elle n’est pas particulièrement clandestine, il s’agit d’une petite pièce indiquée par un pictogramme, située à côté du bureau de M. Agac, et destinée aux clients qui le souhaitent.

    « On ne fait pas mouche à tous les coups, loin de là. Le principe de ces perquisitions, c’est de taper large, justifie le préfet, Yannick Blanc. (...)

    « C’est de la communication »

    Dans la région lyonnaise, les responsables policiers évoquent ainsi un bilan des saisies « plutôt positif » : lance-roquettes, fusil d’assaut AK47, fusil-mitrailleur MAT49, 1 kg d’héroïne, 1,2 kg de cannabis… « On a bénéficié d’un effet de surprise, ces perquisitions nous ont donné une #liberté_d’action efficace, estime le patron d’un service d’enquête spécialisé. Nous avons ciblé des gens que nous n’avions pas réussi à accrocher dans nos investigations, nous en entendions parler en marge de nos enquêtes sans avoir de billes, notre intuition était bonne ! »

    (...) « C’est de la communication », commente un haut responsable policier à Paris. Et le risque de dommages collatéraux n’est jamais très loin. A Nice, vendredi 20 novembre, une fillette de 6 ans a été légèrement blessée lors d’une perquisition administrative menée dans le centre. (...)

    Lundi 23 novembre, la police avait procédé à 1 072 perquisitions en application de l’article 11 de la loi de 1955 sur l’état d’urgence. Elles ont donné lieu à 139 #interpellations, qui ont débouché sur 117 #gardes_à_vue. Ce qui signifie que, dans environ 90 % des cas, les policiers ont fait chou blanc. Comme au Pepper-Grill.

    Au niveau national, le ministère de l’intérieur affiche la saisie de 201 armes. Dans 77 cas, de la drogue a été découverte.

    #perquisitions_administratives #état_d'urgence

  • #Inégalités de #salaire femme/homme : le mystère des 10 % | AlterEco+ Alterecoplus
    http://www.alterecoplus.fr/societe/inegalites-de-salaire-femmehomme-le-mystere-des-10-201511131502-0000251
    http://www.alterecoplus.fr/sites/default/files/public/styles/for_social_networks/public/field/image/inegalites_salaires2.jpg?itok=k_zrmA8h

    Une fois écartés les effets du temps de travail, de la ségrégation professionnelle, des effets de structure, il reste donc « toutes choses égales par ailleurs » un écart de 10,5 % entre les rémunérations des hommes et des femmes, écart que la Dares qualifie d’« inexpliqué », et qui s’apparente donc à de la discrimination pure.

  • Pour les experts européens, le #glyphosate est sans danger
    http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/11/13/feu-vert-des-experts-europeens-pour-le-glyphosate_4808681_3244.html

    L’avis de l’EFSA a été accueilli dans la colère par un grand nombre d’organisations non gouvernementales (ONG). « La loi européenne dispose qu’un lien “présumé” avec le cancer signifie qu’un pesticide ne peut pas être utilisé, sauf si l’exposition humaine est démontrablement “négligeable”, déclare Greenpeace dans un communiqué. Or, le glyphosate est tant utilisé que l’exposition humaine est inévitable. Il est retrouvé fréquemment dans l’air, l’eau, dans les jardins publics, sur les terres agricoles et dans la nourriture. »

    #seenthis_paywall

    • ... « Autant la deuxième gauche m’a inspiré sur le social, autant je considère que son rapport à l’État reste très complexé. Je me suis interrogé sur le rôle de l’État, et c’est pour cette raison que je me tourne, plus jeune, vers Jean-Pierre Chevènement », confie l’intéressé à Marianne, qui publie cette semaine les bonnes feuilles de l’ouvrage.
      Une proximité idéologique entretenue pendant deux ans
      Emmanuel Macron, qui aurait voté pour l’ancien ministre de l’Intérieur au premier tour de la présidentielle de 2002, dresse-t-il un portrait pour le moins élogieux du fondateur du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), qui prône désormais l’émergence d’un « mouvement d’idées » allant de Mélenchon à Dupont-Aignan : (...).

    • On avait eu « Emmanuel Macron fait fantasmer les françaises »
      http://www.closermag.fr/people/politique/emmanuel-macron-fait-fantasmer-les-francaises-494692

      Aujourd’hui c’est le titre de une et la double page centrale du Monde qui érotise le personnage par un papier évidemment sous #paywall puisqu’il est fort bien documenté : la #banque comme preuve de l’aptitude à #gouverner l’incertain, la #Ville_de_Paris comme stage probatoire à l’intégration des plus hauts rouages de l’état central, #patronat progressiste et #deuxième-gauche, ou comment -à l’instar de ce que fut le rôle du CERES dans l’intégration du productivisme PCF au « programme commun » - même dans l’État, c’est depuis des marges que de nouvelles centralités émergent, etc.
      Le fantasme Macron
      http://www.lemonde.fr/politique/article/2015/11/12/le-fantasme-macron_4807749_823448.html

      À l’occasion des régionales, Valls vient de lancer publiquement une version prototypique de la #grande_coalition qui viendra sauver la démocratie et l’état républicain (à "l’autorité [...] par définition émancipatrice, libératrice" , Valls) - du FN et du chaos. Ce papier du Monde sur Macron montre que le PS reste disponible pour prendre en charge la défense du capitalisme et sa gestion. Ce qu’il a su faire depuis 1981, avec un brio que la droite de droite ne peut que lui envier.
      Il s’agit pour incarner cette politique de fabriquer une figure individuelle. Ça se bouscule au portillon, et rien n’est joué, le sort pourrait y compris favoriser un quelconque éléphant (Aubry ou autre), mais la carte de la nouveauté, jouée avec Montebourg comme elle le fut avec Tapie durant les 80’, se doit d’être utilisée.
      Quelques extraits de de ce papier ci-dessous. Si vous trouvez un fichier en ligne, ça vaut le coup, c’est bien un #article_de_référence, à la hauteur de la tradition de ce #journal_officiel_de_tous_les_pouvoirs...

      Le banquier Peyrelevade :

      Si Marine Le Pen arrive au second tour, le nouveau président de la République, qu’il soit de droite ou de gauche, devra « ouvrir ». Emmanuel pourrait alors devenir une des personnalistés de la recomposition."

      L’ex-pédégé de Saint-Gobain, Jean-Louis Beffa :

      « une coalition rassemblant la gauche de la droite et la droite de la gauche avec Juppé à l’Élysée et Macron à Matignon » ?

      Henri Beffot, banquier :

      Il est celui dont #Le_Siècle a toujours rêvé, homme de gauche faisant une politique de droite, jeune rassurant pour les vieux." [Et le Monde d’assurer la promo :] « il possède les codes de la jeunesse mondialisée »

      Selon Cambadélis

      «une start-up», [ il] «incarne la gauche post-historique, pro-business et sociétale».

      Le Monde

      "Sa tactique est rodée : à intervalles réguliers comme pour "installer une petite musique" , il touche à l’un des tabous de la #gauche. Puis fait silence devant l’émoi qu’il suscite, mais ne se dédit jamais."

  • Migrants dans les Balkans : un sommet « opérationnel » pour une situation exceptionnelle

    L’agence européenne de surveillance des frontières Frontex est désormais au cœur du dispositif de la #politique_d’asile : elle doit organiser la difficile procédure d’#enregistrement des demandeurs mais aussi participer plus activement à la #politique_de_retour. Le tout avec des moyens qui ont été promis mais se font encore attendre.

    http://justpaste.it/ojoq
    #summit #Balkans #asile #migrations #réfugiés #politique_migratoire #Frontex #militarisation_des_frontières #renvoi #retour

    v. sur la page du Monde :
    http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/10/25/migrants-dans-les-balkans-un-sommet-operationnel-pour-une-situation-exceptio
    signalé par @fil

    • Pourparlers sur les flux migratoires à Sofia

      Serbie, Bulgarie, Roumanie ont examiné samedi à Sofia les possibilités d’améliorer la coordination des flux migratoires entre pays des Balkans. Ces pays en discuteront dimanche à Bruxelles lors d’un mini-sommet avec des représentants de l’UE.


      http://www.bluewin.ch/fr/infos/international/2015/10/24/trois-pays-des-balkans-veulent-mieux-organiser-les.html

    • Réfugiés : Berlin et les dirigeants des Balkans s’accordent à l’arraché sur un #plan_d’urgence

      Ce n’est pas ce nouveau rendez-vous bruxellois qui allait résoudre la crise des migrants qui menace de déstabiliser l’Europe. Mais le « mini-sommet » bruxellois de dimanche, consacré à la route des Balkans occidentaux qu’empruntent des milliers de réfugiés syriens, irakiens ou afghans, a eu au moins le mérite de mettre tous les dirigeants concernés autour de la table.

      http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/10/26/refugies-berlin-et-les-dirigeants-des-balkans-s-accordent-a-l-arrache-sur-un

    • Meeting on the Western Balkans Migration Route: Leaders Agree on 17-point plan of action

      The past weeks have shown that the challenges currently faced along the Western Balkans migration route will not be solved through national actions. Only a collective, cross-border approach based on cooperation can succeed. This is why President Juncker convened the leaders of the countries concerned and most affected by the emergency situation along the Western Balkans route.

      Today, leaders representing Albania, Austria, Bulgaria, Croatia, the former Yugoslav Republic of Macedonia, Germany, Greece, Hungary, Romania, Serbia and Slovenia met in Brussels at the Commission’s Berlaymont Headquarters and agreed to improve cooperation and step up consultation between the countries along the route and decided on pragmatic operational measures that can be implemented as of tomorrow to tackle the refugee crisis in the region.

      European Commission President Jean-Claude Juncker said: “Countries affected should not only talk about and at each other but also with each other. Neighbours should work together not against each other. Refugees need to be treated in a humane manner along the length of the Western Balkans route to avoid a humanitarian tragedy in Europe. I am therefore pleased that today we were able to jointly agree on a 17-point plan of pragmatic and operational measures to ensure people are not left to fend for themselves in the rain and cold.”

      http://europa.eu/rapid/press-release_IP-15-5904_en.htm

    • Résumé de Laurence Pillant (reçu via la mailing-list Migreurop) :

      Pour prendre le pouls grec dans la presse nationale après le "mini-sommet" européen, voici un extrait de la revue de presse de l’ambassade française (http://www.ambafrance-gr.org/Les-dernieres-revues-diffusees-en-ligne) en Grèce sur le contrôle migratoire :

      Sous le titre « Berlin a fait passer son programme sur la question des réfugiés » et affirmant « la satisfaction de Berlin à l’égard d’Athènes », le quotidien économique Imerissia fait état de dures négociations lors du mini-sommet sur la crise des réfugiés. Le PM grec, M. Tsipras se serait félicité du rejet de trois propositions qu’il a lui-même qualifié d’« absurdes », comme il les a qualifiées, avaient été rejetées. Il s’agit de : a) la création d’une ville de 50.000 personnes, qui s’ajouterait aux engagements déjà pris par Athènes sur la création de centres d’accueil pour 7.000 réfugiés dans les îles et pour 20.000 personnes en Attique et dans le Nord de la Grèce, d’ici la fin de l’année. La partie grecque a accepté finalement d’accueillir 20.000 réfugiés supplémentaires, pour lesquels une subvention de leurs loyers serait prévue sur financements européens pendant la durée de leur séjour en Grèce ; b) la possibilité pour un pays de ne pas autoriser le passage sur son territoire de réfugiés venant d’un autre pays. Cette éventualité risquait d’aggraver la situation de la Grèce. Il a donc été convenu d’informer le pays de passage en question au sujet du nombre des réfugiés qui le concernera ; c) une nouvelle opération de FRONTEX à la frontière Nord de la Grèce,
      destinée à empêcher les flux migratoires en direction de l’ARYM.

      Le PM grec a en outre souligné qu’il avait été constaté « à l’unanimité » que la Turquie jouait un rôle primordial en ce qui concerne les flux des migrants et reconnu la nécessité d’une coopération étroite entre les deux services des garde-côtes. Imerissia relève que les dirigeants des pays ayant participé à ce mini-sommet ont exprimé par une déclaration commune leur satisfaction au sujet de l’intention de la Grèce d’augmenter sa capacité d’accueil de réfugiés. Plusieurs journaux relèvent que ce développement a été salué par le porte-parole de la chancellerie allemande, M. Seibert, comme étant « particulièrement important ». Selon Kathimérini, l’ambiance au début du sommet était très lourde vis-à-vis de la Grèce et le Premier ministre grec aurait essuyé les tirs de ses
      homologues hongrois, M. Orban, et croate, M. Milanovic. M. Tsipras aurait toutefois reçu le soutien du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M.Antonio Guterres. Selon une source diplomatique, le PM grec a fait preuve de sang-froid, reconnu le retard de la partie grecque dans l’ouverture des « hotspots » et affirmé que ces centres seraient prêts dans un mois et demi. Kathimérini publie un article sur « la question des réfugiés (qui) menace l’Europe » soulignant que l’euroscepticisme et la xénophobie minent les valeurs de l’U.E. et renforcent les partis nationalistes et extrémistes. De son côté, Ta Néa, souligne que, si la Grèce a pris des engagements, ce n’est pas le cas pour les autres pays ayant participé au mini-sommet. L’article attire l’attention sur l’absence de cette réunion informelle tant de la France que de la Turquie. Ce reportage déplore l’incertitude du « plan en 17 points » adopté, qui ne fait allusion qu’à l’augmentation de la capacité d’accueil de 50.000 places le long du « couloir
      balkanique », sans que les pays de transit (l’Albanie, la Bulgarie, la Croatie, l’ARYM, la Hongrie, la Roumanie, la Serbie et la Slovénie) se soient engagés sur un nombre précis de réfugiés à accueillir sur leur propre territoire. Selon le journal des rédacteurs, le ministre délégué à la politique migratoire, M. Mouzalas, a salué le programme de logement sur financement européen décidé dimanche dernier. Le quotidien rappelle que, selon un communiqué de la Commission européenne, la Grèce toucherait 5,9 millions d’euros du « Fonds asile, migration et intégration » pour la création des « hotspots » et des structures d’accueil. Ta Néa note que, selon le plan approuvé, 3.000 réfugiés seront logés dans des structures provisoires dans Athènes. Le ministre compétent, M. Mouzalas, a évoqué la création, avec l’ONU, de deux structures d’accueil en Attique et dans le Nord de la Grèce, susceptibles d’accueillir 10.000 réfugiés chacune, sans exclure la possibilité de subdiviser ces structures en unités plus petites. Le ministre a rappelé un accord récent avec le ministère de la défense, qui accepterait la création d’un centre d’accueil dans un camp militaire désaffecté, à Phyli en Attique. Le projet de mise en place d’un centre dans les installations de la PYRKAL à Lavrio en Attique s’est heurté à la forte réaction du conseil municipal local. Dans le Nord, le gouvernement examinerait la mise à profit d’un ancien bâtiment dans la zone industrielle de Sindos, près de Thessalonique. Les partis politiques ont critiqué les résultats du mini-sommet. Ainsi, la ND a parlé de la
      transformation de la Grèce en un « dépôt d’âmes » et reproché au Premier ministre d’avoir observé le silence sur deux questions cruciales, à savoir sur la mise en oeuvre immédiate des procédures de réadmission du côté de la Turquie et sur le refoulement des migrants qui pénètrent illégalement sur le territoire grec sans être des réfugiés. Dans un communiqué, le PASOK reproche au gouvernement son manque de préparation avant le sommet et son ambivalence entre la rhétorique des droits des réfugiés et sa réaction phobique face aux réfugiés eux-mêmes et à leurs problèmes. Réaffirmant sa volonté d’aider les efforts nationaux de gestion des flux migratoires, ce parti réclame une information complète et continue au sein de l’Assemblée nationale. Un communiqué du parti communiste KKE qualifie les dernières décisions de douloureuses et de dangereuses tant pour les réfugiés que pour le peuple grec et invite le peuple grec à réagir de manière massive et déterminée. Pour le dirigeant de l’Unité populaire (LAE), M. Lafazanis, le résultat du mini-sommet a été « un fiasco assourdissant ». « La Grèce doit devenir une force de renversement progressiste en Europe », a-t-il soutenu, reprochant « aux gouvernements grecs de céder
      continuellement devant les exigences inextricables de l’Europe allemande ».

  • « Les sciences sociales ne jouent plus leur rôle de contre-pouvoir »
    http://www.lemonde.fr/festival/article/2015/09/03/les-sciences-sociales-ne-jouent-plus-leur-role-de-contre-pouvoir_4745227_441

    Si Facebook était un pays, il serait, avec 1,4 milliard de membres, plus peuplé que la Chine. L’entreprise annonce ne plus vouloir seulement «  connecter  » la planète, mais aussi «  comprendre le monde  ». Un chercheur doit-il aller chez Facebook pour étudier la société  ?

    Pour analyser les données qu’elles collectent, les plates-formes de type Google, Facebook ou LinkedIn embauchent massivement des personnes aux formations diverses (communication, économie, sciences politiques et même anthropologie). On assiste à une véritable absorption de cerveaux, de nombreux jeunes rêvant d’aller dans ces entreprises. Cependant, ce n’est ni la société ni l’opinion qu’ils analysent, mais les traces numériques que laissent des comptes tenus par des individus  : tweets, «   likes   », commentaires… Ils cherchent ensuite des corrélations. Nul besoin d’hypothèses théoriques pour faire tourner les machines. Puis ces entreprises vendent ces analyses, ou leur valorisation, en suggérant à leurs clients de placer une publicité à un endroit plutôt qu’à un autre.

    le reste derrière #paywall et pas de lecture zen :-(

    • Le paywall a été supprimé.

      Il arrive aux #sociologues ce qui déjà est arrivé aux linguistes et aux géographes. Ces dernières décennies, les informaticiens ont pris la main sur le #traitement_automatique de la langue, puis sur la géomatique [l’ensemble des outils et méthodes permettant d’analyser des données géographiques]. Désormais, ce sont les statisticiens, les informaticiens et les mathématiciens qui traitent et interrogent les données sur la #société récoltées sur Internet.

      Comment expliquer ce décrochage   ?

      Le #big_data, qui consiste à récolter, stocker et traiter ces données de façon massive, propose de nouvelles méthodes de travail fondées sur le volume, la variété et la vélocité. Le défi pour les sciences sociales est de traiter cette vitesse, qui était inaccessible jusqu’ici. Cela change la perspective temporelle des sciences sociales. (...)

      Peu de chercheurs en sciences sociales semblent se rendre compte que d’autres acteurs, déjà, donnent par ces corrélations leur analyse sur l’état de la société. Ils restent centrés sur les demandes de l’Etat, sur ce qui est défini comme #social dans ce cadre. Je regrette leur tendance à centrer leurs études uniquement sur le long terme. Alors qu’il faudrait donner leur place à l’étude des «  vibrations  », ces phénomènes de #propagation_sociale, et aux technologies qui les favorisent.
      Je plaide pour des sciences sociales de troisième génération, qui s’emparent de ces nouveaux phénomènes pour les requalifier  : il faut inventer des concepts, des outils et limites de validité sur ces nouvelles données, ces traces auxquelles nous n’avions pas accès. Ce que nous vivons a déjà été pensé par Gabriel Tarde en 1890. Dans Les Lois de l’imitation, ce juriste, sociologue et philosophe théorise la propagation des pensées par une multitude de petites transmissions. Il avait d’ailleurs proposé d’inventer le «  gloriomètre  », l’équivalent de la mesure du buzz. Mais à l’époque il n’avait pas les outils pour mesurer ce phénomène. Désormais, nous les avons.

      A quel projet pensez-vous, concrètement  ?
      Je milite pour la création d’une nouvelle discipline, les social data sciences, avec un diplôme à Sciences Po

      #temporalité

  • Pollution : #Total représente la France à l’#ONU | Mediapart
    http://www.mediapart.fr/journal/france/200815/pollution-total-represente-la-france-l-onu

    Dans une agence des Nations unies chargée d’étudier la mise en place de carburants maritimes moins polluants, la France a choisi de se faire représenter par un employé de Total, qui produit ces mêmes carburants... La découverte de ce mélange des genres met Paris dans l’embarras.

    Très peu contraint par les politiques climatiques alors qu’il est un émetteur massif de CO2 dans le monde, le #transport_maritime fait l’objet de discussions difficiles pour en réduire la #pollution. Elles se déroulent dans le cadre opaque de l’Organisation maritime internationale (#OMI), une agence spécialisée des Nations unies basée à Londres. Les États y siègent, mais les industries y trouvent les portes grandes ouvertes à leurs jeux d’influence.

    #paywall #grr

  • EXCLUSIF. Comment la France écoute (aussi) le monde
    http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20150625.OBS1569/exclusif-comment-la-france-ecoute-aussi-le-monde.html

    "Révélations sur un vaste plan de la DGSE pour intercepter les communications internationales passant par les câbles sous-marins : lancé en secret par Nicolas Sarkozy, il vient d’être légalisé par François Hollande en toute discrétion."

    Lien vers l’article complet : http://justpaste.it/m368(Permalink)

  • Cette semaine sur reddit/r/nddl/
    (Semaine du 19 juillet au 26 juillet)

    Une sélection parmi les liens postés :
    [#Reporterre] A Nantes, la justice reconnait enfin l’inanité des poursuites contre les militants anti-aéroport
    http://www.reporterre.net/spip.php?article6162
    [#Citizen-Nantes] "N’ayons pas peur de résister" - Lettre de prison d’Enguerrand
    http://www.citizen-nantes.com/article-n-ayons-pas-peur-de-resister-lettre-de-prison-d-enguerrand-1
    [#Echos-Judiciaires] Le groupe Vinci imagine sa ville idéale
    http://www.echos-judiciaires.com/economie/le-groupe-vinci-imagine-sa-ville-ideale-a10757.html
    [#OBSLAB] Plusieurs enquêtes approfondies sur la police et la justice nantaise dans la presse parisienne
    http://obslab.blogspot.fr/2014/07/plusieurs-enquetes-approfondies-sur-la.html
    [#BellaCiao] Manifestation du 22 février à Nantes : les « dossiers à trous » de la justice
    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article142090

    L’intégralité des liens postés cette semaine : http://www.reddit.com/r/nddl

    Pourquoi ce sub-reddit ?
    Une explication ici : http://seenthis.net/messages/275446
    Pour des infos en temps réel, suivez le HT #NDDL sur twitter
    Flux RSS : http://www.reddit.com/r/nddl/.rss


    http://justpaste.it/Semainedu19juilau26juil

    #ZAD #NDDL