Je ne serai pas libre tant que toutes les femmes ne le seront pas

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  • Je ne serai pas libre tant que toutes les femmes ne le seront pas
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2015/03/05/je-ne-serai-pas-libre-tant-que-toutes-les-femm

    Edito : Nos petites folies vers la libération

    « Libérons nos corps et nos territoires ! » : c’est le cri de ralliement de femmes du monde entier, à nouveau réunies en 2015 pour marcher, défendre leurs droits, tisser des liens entre elles, rencontrer de nouvelles complices de lutte, faire connaître leurs rêves, les alternatives qu’elles mettent en place, chacune et toutes ensemble.

    À axelle, nous nous sommes emparées de ce cri pour façonner notre édition de mars. À leur manière, les femmes que vous découvrirez dans nos pages ont toutes quelque chose d’essentiel à nous faire connaître sur le territoire occupé que constituent les femmes dans notre société sexiste, raciste et capitaliste.

    Les femmes expérimentent dans leur corps les inégalités qui les frappent. C’est le cas du personnage principal du film Melody : pour sortir de la précarité, elle s’engage dans l’aventure d’une gestation pour une autre femme. Notre liberté, si difficile à conquérir, de disposer de notre propre corps, doit-elle aller jusqu’à offrir à d’autres celle d’en user à leur propre profit ?

    « Les mères n’ont plus d’espace mental pour penser, les corps se vident », nous raconte Sarah Moon Howe, réalisatrice d’un documentaire sur la situation des mères d’enfants handicapés. « J’avais envie de filmer des corps. Avoir un enfant handicapé, c’est faire l’expérience d’un corps à corps sans frontières », explique-t-elle.

    Les frontières, ce sont aussi celles qui, physiques et économiques, gravent les inégalités dans la limitation de la circulation, inscrivent les injustices dans les murs hérissés entre les pays. « J’ai décidé de traverser les frontières comme quelqu’un qui a le privilège de le faire, dans le but de créer des liens avec des femmes dont les vies ont été touchées d’une manière ou d’une autre suite à une traversée, un exil », nous confie Milena Abrahamyan. Dans le sillon de la Marche Mondiale des Femmes, elle prendra la route le 8 mars – Journée internationale des droits des femmes – avec une Caravane féministe, du Kurdistan irakien au Portugal en passant par la Belgique.

    Enfin, être femme, partout sur la Terre, c’est déjà être en exil dans un monde dominé par les hommes. Comment repenser ensemble des contrées où les femmes prennent toute leur place ? « Le continent féminin exige-t-il un territoire […], une « mère patrie » dont la contradiction éclate dans les termes ? Ou bien ne faut-il pas tout au contraire le penser comme une déterritorialisation ? », interrogeait la philosophe Françoise Collin1. À cette si belle question, mille réponses naissent de nos rencontres, de nos (dé)marches pour nous libérer de ce qui entrave notre corps individuel et celui que nous formons ensemble, pour émanciper nos « territoires » qu’ils soient géographiques, économiques, juridiques, ou poétiques.

    À son échelle, ce mois-ci, axelle aussi se « déterritorialise » : « Emportez-moi », s’écrie ce numéro, « faites-moi lire ailleurs, faites-moi découvrir, faites-moi voyager, faites-moi traverser les frontières, passer les portes, investir des espaces nouveaux ! » C’est une folie ? Oui : elle est nécessaire. Car, comme l’écrit le Mozambicain Mia Couto, « seules les petites folies peuvent nous sauver des grandes folies. »

    Sabine Panet

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