Rémi Gendarme – Éditions FLBLB

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  • Offrir aux hommes handicapés de recourir à la #prostitution, une idée ancrée dans la #misogynie et le #validisme
    http://sisyphe.org/spip.php?article5159
    Surtout que les femmes handicapées… comment dire ? Rien à branler de leurs « besoins »… Mais voilà, les femmes n’ont pas de « besoins » que des « devoirs » pour satisfaire ceux — irrépressibles — des hommes

    Quand j’entends des personnes non handicapées présenter l’utilisation des femmes en prostitution par des hommes handicapés comme un enjeu de droits humains ou de l’expression sexuelle, mon sang ne fait qu’un tour.

    Cet argument recouvre trois faussetés implicites.

    La première serait que les personnes handicapées sont si sexuellement désagréables que personne n’accepterait d’avoir avec elles des relations sexuelles non tarifées.

    La seconde que les préférences sexuelles constituent un droit fondamental.

    Et la troisième que l’appétit sexuel des hommes handicapés devrait avoir priorité sur le progrès des femmes vers l’égalité. Examinons ces postulats un par un.

    #handicap #sexisme #patriarcat

    • Je reconnais cependant que le système social doit être amélioré afin de rendre le sexe plus accessible et appréciable pour les personnes handicapées. Mais je n’envisage pas la prostitution comme un facteur de ce progrès. En fait, elle en est l’antithèse. Nous devons plutôt nous tourner vers les technologies de communication, les avancées en mécanique et l’éducation populaire.

      Mes frères ont le plus grand respect pour les femmes, à titre de membres de leur famille, amies, personnel de soutien et soignantes. Ils n’utilisent pas de femmes prostituées et n’ont aucun besoin de notre pitié. Toute société qui offre aux personnes handicapées la prostitution comme substitut à des relations sexuelles mutuellement gratifiantes et non tarifées est vraiment une société très régressive.

      Cette fin est tellement équilibrée que c’en est même beau. Pour ma part j’irai jusqu’à dire que le recours à la prostitution pour les personnes handicapées est en plus une insulte à leur handicap puisque c’est leur réserver la forme sans doute la plus inaboutie de vie sexuelle. Ce qui me semble être un non-dit de plus.

      Ce non-dit peut aller jusqu’à préférer une sexualité aussi peu partagée et exhaltante que la prostitution plutôt que celle entre deux personnes partageant un handicap, sous prétexte de défaut possible de contraception, ce qui en soi est un autre non-dit : ce qui est redouté par dessus tout ce serait la procréation entre deux personnes handicapées (ce qui d’ailleurs n’est pas sans poser de difficutlés conceptuelles).

      La difficulté sur le sujet est précisément de vaincre ces cascades de non-dits et d’impensés, le mérite de ce texte est d’en dégommer quelques-uns en peu de phrases.

    • Pardonnez moi @aude_v @monolecte, je ne partage pas du tout votre avis sur le film The Session et je vais tenter de vous dire pourquoi.
      Je ne remets pas du tout en question que ce film vous ai plu. C’est justement toute la problématique du cinéma. A n’en point douter, ce film fonctionne, il est bien. Les acteurs et actrices sont bons et le propos est plutôt fin. Lorsque je me retrouve à parler d’un film, j’insiste toujours pour séparer les propos liés aux affects ("Ce film m’a touché") des propos analytiques. Si le film est bon c’est bien dans une perspective d’affects. C’est pareil avec mon amour inconditionnel pour le film Total Recall, je l’ai vu à 11 ans, et pour ça je l’aimerai toujours même si ce n’est qu’une vulgaire série Z.
      Maintenant, sur un plan analytique, j’ai tendance à penser le plus grand mal de The Session, et précisément parce qu’il tente de séparer une sorte de prostitution, bien connue et habituelle, d’une autre, plus spécialisée. On aurait donc la seconde qui se hisserait au rang de soins absolument légitimes et bénéfiques.
      Beaucoup de ce que je reproche à ce film est de faire croire aux spectateurs ou à la spectatrice à sa dimension documentaire. Dans ce film il se passe ça : une relation épanouie dans laquelle les deux protagonistes s’impliquent, et on a vite fait de prendre cette fiction comme un exemple qui serait appliqué systématiquement dans ce nouveau travail.
      Mais une chose n’est pas tout à fait claire dans le film. Les deux personnes ont bien en tête que leur rencontre aurait un caractère ponctuel et qu’il n’y aurait pas d’engagement sentimental. Ils sont très clairs tous les deux.
      Certes, mais à un moment donné du film, les deux personnages se rendent compte qu’ils sont amoureux. Le professionnel l’emporte lorsqu’ils décident de ne plus se voir.
      Une question : ce film aurait-il été encore un film, au sens d’un film que l’on va voir au cinéma et que l’on trouve beau, si le héros handicapé et l’héroïne n’avaient pas flirté avec une relation sentimentale. Ce que je veux dire c’est que, dans la réalité il ne se passe pas du tout ça. Dans la réalité l’handi garde ses sentiments pour lui et, au mieux négocie avec lui-même sur le caractère faux de cette rencontre. Il a découvert l’amour par pénétration, il peut le marquer sur son CV, et voilà.
      En revanche, pour ce film, je trouve que ça en dit long sur l’inéluctabilité de la relation sentimentale si cette rencontre se passe bien. Je veux dire que l’aspect sentimental est toujours un enjeu quelque soit son terme. Il est hypocrite de penser que les enjeux pour la personne handi peuvent être ailleurs et le film le montre bien puisqu’il est obligé de hollywooder sa fin.
      Question : avez-vous vu le film Indésirable ? Et avez-vous lu mon petit bouquin ?

    • @aude_v Indésirable d’@unvalide est un film pas un livre, Aude. Si mes souvenris sont bons il est accessible sur le site de Rémi. En tout il l’avait signalé dans un de ses posts.

      Et sur ton commentaire en réponse au mien, j’entendais ta phrase comme un constat de déficit du collectif. Et au contraire de l’avénement d’une chose qui me terrifie et qui correspond peu ou prou, moi je pense ceci et cela et donc cela doit être dans ce seul éclairage que j’entends le monde, la société, mais aussi la justice et l’injustice etc... Et qui finalement finit par se manifester par un j’assume qui dit précisément le contraire, par retournement du sens, puisque c’est justement se soustraire à sa responsabilité collective.

    • @aude_v

      http://flblb.com/auteur/remi-gendarme

      Le texte est agrandi et clarifié par rapport à celui que l’on trouve sur rue89 et il y a aussi des petits dessins cochons fait par otto T. Je fais ma pub, on peu le trouver à 5euros sur amazon et plutôt en le commandant en librairie. Excuse moi de ne pas tout à fait saisir ton post.
      Ce que je reproche à ce film c’est bien de sous entendre que l’activité de l’héroïne peut-être considéré comme un soin avec tout le paradigme symbolique qui en découle. Pour le témoignage suisse c’est encore une autre question, celle de la masturbation et de la compensation matériel. La question est : la masturbation ne devient-elle pas une relation à partir du moment où elle implique la présence de deux personnes. J’explique dans ce bouquin que la masturbation, outre le plaisir physique à deux intérêts et presque deux conditions : la solitude et le secret. Pour le secret, chacun s’arrange comme il peut. Mais pour la solitude, c’est une absolue nécessité, sinon c’est une relation sexuelle.