Du confinement des uns et des autres

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    C’est dans le désordre, c’est sûrement pas assez travaillé, mais tant pis, c’est ainsi. Peut-être que j’ai juste envie de passer à autre chose, comme beaucoup de gens.

    Je ne mets plus le mot confinement entre guillemets, et j’écris au passé. Même si, dans mon cas personnel, comme pour pas mal de monde encore, le confinement n’est pas vraiment terminé.

    Alors que pour certains il n’a jamais vraiment commencé.

    Tout le monde n’a pas vécu la même chose.

    Vraiment pas.

    Cette période aura illustré une fois de plus la futilité de l’unanimisme de pacotille. La fabrique du nous aura tourné à plein régime. « Les Français », « Nous », « Nous tous », bla, bla, bla.

    C’est imbécile. Nous n’avons pas vécu les mêmes choses. Et comment prétendre qu’un confinement aurait rapproché les habitants d’un pays ?

    Nous n’avons pas fait les mêmes gestes.

    Nous n’avons pas vécu les mêmes choses.

    Nous avons certes tous subi les mêmes injonctions, les mêmes propagandes, les mêmes formulaires idiots ; mais nous n’avons pas vécu les mêmes choses.

    • Les gens ! Je voudrais revoir des visages familiers. Des habitués du même train, du même wagon, de la même heure que moi. La grosse dame qui se précipite toujours pour essayer d’avoir une place assise, que je suis toujours ravi de lui céder, c’est pas la peine de me faire la gueule. Le type sans âge comme moi qui se laisse passer devant parce que lui aussi visiblement il s’en fiche d’être debout. Le vendeur de journaux de l’autre gare. Les collègues. Les gens de la cantine. Les dames des boulangeries. Les pompiers de service. Les Libanais du libanais. Les adolescents entassés au soleil au square. Les gens. Les êtres humains. Mes semblables.

      Les collègues ! Surtout les collègues avec lesquels je ne travaille pas directement. Ceux que je croise juste de temps en temps. Ceux à qui je ne fais que dire bonjour le matin. Ceux dont je n’ai pas directement besoin, et qui n’ont pas directement besoin de moi. Ceux qui sont de ma génération, et puis ceux qui sont d’autres générations. Ceux avec qui je ne fais que bavarder de temps en temps. Ceux dont parfois je ne connais que le prénom. L’autre jour, j’ai discuté par Teams (la messagerie instantanée d’entreprise selon Microsoft) avec une collègue, juste pour prendre des nouvelles. Pendant des mois j’avais mené une réunion dans la pièce adjacente à son bureau tous les matins à 8h30, ça crée un lien, mais j’ai eu un doute sur son nom de famille, j’ai dû aller vérifier dans un vieux mail. Bref, je lui ai dit bonjour. Elle allait bien. Elle m’a raconté comment se passait le confinement de son côté. Et puis, au bout d’un moment, elle me demande : « Au fait, tu voulais quoi ? » Rien. Je ne voulais rien du tout. Je voulais juste causer. Savoir comment elle allait. Mais avec Teams comme avec tous les machins informatiques équivalents, on finit par ne plus parler que si c’est nécessaire dans le cadre du travail, pour une tâche ou un sujet précis. Tout le reste a disparu. Et au fond c’était peut-être le plus important.